Souvenir de fête

20 minutes de lecture

Cef

Mes doigts tournent consciencieusement les pages. En vitesse, mes yeux parcourent l’écriture imprimée. De temps à autre, des photos viennent ponctuer le dossier. Je les scrute attentivement avant de reprendre ma lecture.

– Cef, je m’ennuie, déclare une voix féminine derrière moi.

Sans me retourner, je lui réponds.

– Tu faisais quoi jusque-là ?

– Je lisais un magazine.

– Tu n’as qu’à continuer !

Elle pousse un soupir à fendre l’âme pour bien me faire comprendre la puissance de son désespoir.

– Je l’ai terminé.

La rouquine quitte le lit sur lequel elle était avachie. Au bruit de pas, j’entends qu’elle s’approche de moi. Ses bras m’enlacent avant que je ne puisse dire le moindre mot.

– Cef…

Son menton se pose contre mon épaule.

– Si on s’amusait…

Ses doigts caressent mon cou.

– Je suis occupé ! Après !

Myrtha recule. J’imagine sans peine sa mine boudeuse. Dès qu’on lui dit « non », elle l’adopte. On croirait une gosse de quatre ans à qui on refuse un jouet. Sans un mot, la jeune fille va sur le balcon. En bas, la musique assourdissante d’une fête résonne. Preuve que l’été et les vacanciers sont présents. Sauf que je suis là pour le boulot pas pour me faire bronzer au soleil. Miri non plus. De toute façon, elle crame si elle reste trop longtemps dehors en cette saison.

Je reprends ma lecture, en profitant de l’accalmie. Cela ne dure pas, pour mon plus grand malheur.

– J’ai envie d’aller à la fête, grogne la jeune femme.

– Et tu vas y aller en sous-vêtement ? Commence par t’habiller !

D’un air très digne, elle se rend jusqu’à la porte coulissante du placard. Je l’ai occupé pour une demi-heure. Ça me laisse le temps de finir de prendre connaissance du dossier.

– Tu préfères la verte ou la prune ?

J’ignore de quoi elle me parle. Sûrement de vêtement… Un coup d’œil m’apprend qu’elle tient deux robes sur cintre dans ses mains. Une vert bouteille à la jupe évasée et au décolleté plongeant. L’autre violette, beaucoup plus courte avec un dos nu. Je serais tenté de dire la première voir si elle suit, mais comme je risque de provoquer sa mauvaise humeur, je réponds avec sincérité.

– Tu sais bien laquelle je préfère.

Elle continue à fixer ses tenues avec intérêt.

– C’était juste pour t’inclure dans la conversation.

Moi qui rêve justement d’en être exclu.

Par chance, elle se dirige vers la salle de bain. Ai-je gagné un moment de répit ?

Juste le temps de déchiffrer une nouvelle page qu’elle ressort sourire aux lèvres. La robe lui va comme un gant. Normal, elle a un corps de mannequin. D’ailleurs sa pub pour les paréos où elle fait la conne près d’une piscine, j’en ai entendu parler. Après, j’avoue que le rendu est plaisant à regarder. En plus, la photo a le mérite de se taire.

– Tu crois que je mets quoi comme chaussure ?

– Tu n’as qu’à mettre tes sandales à talons aiguilles.

C’est celle qu’elle portait ce midi lorsque nous sommes arrivés dans cet hôtel. Ça explique que je m’en souvienne avec précision. Ses autres pompes, j’ai aucune idée de la tête qu’elles ont.

– Tu les aimes bien ?

Mais qu’est-ce que j’en ai à foutre, très franchement ?

– Non, je les déteste. D’ailleurs, j’ai envie que tu sois le plus moche possible.

Un sifflement lui échappe.

– Tu es lourd !

Dit la fille qui m’interrompt toutes les trente secondes. J’ai l’impression d’avoir lu dix fois la même phrase sans aller jusqu’au bout de mon paragraphe.

Pendant quelques instants, je l’entends qui s’agite derrière moi. Il faut dire que je me suis installé face au mur crème, sur le bureau disposé là à l’attention des clients. Je suis donc dos au lit sur lequel elle patientait jusque-là.

– Je suis prête !

– Moi pas !

Son pied tapote le sol de manière répétitive. L’agacement me gagne. Si elle me fichait la paix, j’aurais déjà terminé ma lecture depuis longtemps.

– Tu n’as qu’à y aller toute seule, je te rejoindrais quand j’aurais terminé !

– Mais c’est nul si tu n’es pas là !

Je me lève pour venir me positionner devant elle, bras croisés.

– Soit tu attends, soit tu descends, mais tant que je n’aurais pas fini de lire le dossier, je ne bougerai pas.

Ses lèvres se pincent. Malgré la grimace, j’arrive à la trouver mignonne.

– Tu ne peux pas le faire demain ?

– Non !

Ma voix est ferme.

– Arrête de faire la gamine capricieuse ! Je ne changerai pas d’avis.

Myrtha relève le menton d’un air hautain.

– Très bien, j’y vais toute seule. Mais si tu ne me retrouves pas, ne fait pas la tête.

Un sourire moqueur se dessine sur mon visage.

– Si on t’enlève, c’est à moi que les kidnappeurs verseront la rançon pour que je te récupère.

Elle tourne les talons avec un mouvement d’humeur. La porte s’ouvre puis se ferme sur son passage. Je patiente quelques secondes, des fois qu’elle est oubliée quelque chose. Cela ne paraît pas être le cas. Du coup, je retourne au bureau. Miri peut-être vraiment insupportable quand elle s’y met.

***

Myrtha

D’un pas déterminée, je quitte le couloir pour me glisser dans l’ascenseur. Rien ne m’énerve plus que lorsque Cef met trois plombes à lire ses dossiers. Je suis certaine qu’il pourrait aller beaucoup plus vite, en sautant les informations inutiles. Mais non, il lit tout avec attention. Si c’était moi, je l’aurais expédié depuis longtemps.

Je profite du miroir disposé sur le mur pour vérifier ma coiffure. Ma main passe dans mes boucles rousses. Un sourire se dessine sur mon visage. Je suis jolie et je le sais. En plus, la robe met particulièrement en valeur mes courbes ainsi que mes longues jambes.

Après tout, je n’ai pas besoin d’un homme qui tire la tronche pour m’amuser. Je peux très bien le faire sans lui. Mieux, je passerai une meilleure soirée en dehors de sa compagnie.

L’image de son air agacé me revient en mémoire. En particulier, la façon dont il contracte sa mâchoire. Cela me fait sourire.

J’arrive en bas, les portes s’ouvrent. Aussitôt, je me dirige vers la piscine. Le son de la musique y est plus fort. Les gens se massent sur la terrasse. Certains dansent alors que résonne de l’électro. D’autres discutent dans un coin. Je peux entrevoir des tentatives de rapprochements.

Le bar à la droite de la piscine est décoré dans une ambiance polynésienne. Paille sur le toit, faux palmiers en plastique, guirlandes lumineuses et fleurs dans une coupelle sur le comptoir, on s’y croirait pour peu qu’on ne s’y soit jamais rendu, ce qui est mon cas.

Comme toujours dans cette situation, des hommes alcoolisés gardent le lieu. Des fois que l’apéro décide de se faire la malle. Au vu des conversations que j’entends sur mon passage, je plains le barman.

Des tables accompagnées de leurs chaises, on était sortie pour l’occasion. Ceux qui s’y sont installés dégustent des cocktails accompagnés de tapas ou de brochette de fruit frais. Trois personnes en uniforme de l’hôtel font des allées-retours entre les clients et le bar.

Moi, je me dirige instinctivement vers la musique. C’est pour ça que je suis là : danser. Enfin pas totalement, je suis aussi descendue pour embêter Cef. Ça lui apprendra à me délaisser.

Sans perdre de temps, je me jette dans le flot de ceux qui se déhanchent sur la piste. Alors que je me laisse envahir par les vibrations de la musique, j’en profite pour observer du coin de l’œil, les personnes présentes. Beaucoup de couples sont présents. Je ne saurais dire s’ils se sont formés ce soir, ou si c’était d’avant.

Un groupe d’hommes attire mon attention, en particulier un blond aux tempes rasées. L’air de rien, je me rapproche. Ils continuent leur discussion, mais je sens un regard sur moi. Un sourire se dessine sur mon visage. C’est presque trop facile. Cef ferait bien de se dépêcher de lire son dossier sinon je vais faire une bêtise.

La musique change. Mon corps s’adapte au rythme. Je sens une présence à mes côtés, pourtant je continue à m’agiter sans faire attention. Si quelqu’un veut me parler, il faudra qu’il en trouve le courage. Les mecs trop lâches ne m’intéressent pas.

Alors que l’inconnu se rapproche de moi, je dis pas un mot. C’est une tentative d’approche comme une autre. Pendant quelques minutes, il continue sa danse sans m’adresser la parole. Du coin de l’œil, je le surveille. Finalement, il se penche sur moi.

– Excuse-moi, mais je t’ai remarqué dès que tu es arrivée. Tu es seule ?

Je manque de rire des banalités qu’il me sert.

– Pour le moment, je suis seule…

À comprendre que ce n’est normalement pas le cas. Mais cette partie de la question, le type paraît l’éluder. Il s’agit d’un des amis du blond. A peine plus grand que moi, il possède de belles boucles qui descende jusqu’en dessous de ses oreilles, ainsi qu’une barbe de trois jours. Tente-t-il de vieillir son visage ? Il n’est pourtant pas si mal que ça. Surtout si l’on prend les critères généraux.

– Ça te dirait de boire un verre ?

J’adopte un air idiot.

– Tu m’offres un cocktail de fruit ? Il paraît qu’ils sont divins.

– Avec un peu d’alcool ou tu n’as pas l’âge ? me demande-t-il, soucieux.

Le sous-entendu est facilement déchiffrable. Il n’a pas envie de draguer une mineure.

– Je commence doucement. L’alcool me fait faire n’importe quoi… Je ne veux pas perdre pied.

Sa bouche s’approche de mon oreille.

– Tu es sûr de ne pas le vouloir ?

Je ricane en sentant son souffle sur moi. Sa main se saisit de la mienne pour m’attirer un peu plus près de lui.

– Une danse et un cocktail, me chuchote-t-il. À moins que tu préfères dans l’autre sens ?

– Faire connaissance ou s’amuser… J’adore m’amuser !

Je lui fais un petit clin d’œil. Il le prend pour une invitation à se rapprocher de moi. Ses bras passent dans mon dos. Nous nous laissons porter par la musique. J’attends un peu avant de l’enlacer. Hors de question qu’il croit qu’il a gagné.

– Mais tu veux peut-être connaître mon prénom ?

Une formation qui pourrait m’aider.

– Je m’appelle Steve.

À mon tour, je m’approche de son oreille.

– Appelle-moi, Miri !

– Miri ? C’est tellement mignon !

Mes mains passent autour de son cou, alors que nous continuons à nous laisser porter par le rythme.

Cef

Enfin un peu de calme ! L’espace d’un instant, j’écoute le silence. C’est reposant.

Après une grande respiration, je poursuis ma tâche. Sans être interrompu tout le temps, je viens beaucoup plus vite à bout du texte. Une fois terminé, je balance le dossier dans la valise, avant de m’étirer.

Une pensée me traverse l’esprit : que peut faire Myrtha ? Étrangement, elle me saoule lorsqu’elle est présente, mais sans elle cela fait un vide. Je me lève pour faire un peu de rangement. Avant de descendre la récupérer, je préfère remettre la chambre en ordre, au cas où on devrait partir rapidement. Ou si l’on rentrait sans allumer la lumière… Ça serait mieux d’éviter de se prendre les pieds dans quelque chose.

Lorsque cela me paraît suffisant. Je claque la porte puis fait disparaître la clé dans ma poche. Dans l’ascenseur, je ne peux m’empêcher de me demander ce que me réserve Miri. Avec elle, je m’attends à tout.

La musique gueule sur la terrasse. Je me suis toujours demandé ce que ça pouvait avoir d’attirant sans jamais le comprendre. D’une démarche détendue, je m’avance. Du regard, je scrute la foule à la recherche de la rouquine. Il ne faut pas longtemps avant que mes yeux ne la repèrent. Pendant l’espace de quelques instants, je la fixe alors qu’elle danse contre un inconnu. Le spectacle m’énerve plus qu’il ne le devrait. Mon poing se referme instinctivement.

J’hésite sur la conduite à tenir. Si je m’écoutais, je crois que j’irais la récupérer. Avec peut-être en plus, des cris et des coups de poings. Avant toute chose, je prends une bonne respiration. Autant rester discret.

Du coup, je me rapproche du bar pour commander.

– Monsieur, qu’est-ce que je vous sers ?

– Un whisky-coca dans deux verres séparés !

– Donc un whisky et un coca ?

Je hoche la tête.

– C’est ça.

Avant qu’il me donne le prix, je sors quelques billets que je le tends.

– Gardez la monnaie !

Il me remercie chaudement et mes boissons arrivent avec la rapidité de l’éclair. Je les récupère pour m’installer à une table. De là, je fixe Miri en buvant l’alcool. Si elle bouge son cul, elle aura son soda. Mes doigts tapotent le bois. Une façon comme une autre d’évacuer mon stress. Ma mâchoire est crispée.

La rouquine finit par me remarquer. J’ai enfin son attention. Nos yeux se croisent. Un petit sourire se dessine sur son visage. Je suis certain qu’elle est heureuse de son effet.

Agacé, je descends le restant de whisky cul sec. Du doigt, je lui fais signe de me rejoindre en désignant son verre. Enfin celui que j’ai pris pour elle. L’air de rien, elle touche son poignet comme si elle portait une montre fictive. Ensuite, elle se tourne à nouveau vers son compagnon de danse qui la prend par la main pour l’entraîner un peu plus loin.

Une gorgée de soda m’agresse le palet. Les bulles me font plus d’effet que l’alcool. Ça devient grave. Je tire mon portable de ma poche. Après avoir tapé le numéro de Miri, je remplis un SMS à son attention.

« Viens ici, tout de suite ! Tu as un très mauvais comportement, j’ai bien envie de te punir pour ça ».

Une fois envoyé, je range le téléphone. Je lui laisse quelques minutes pour prendre connaissance du message. Ensuite, je remontrais dans la chambre. Si elle n’est pas là, je fermerai la porte à clé, histoire de sévir.

Au moment où je me lève, je la vois discuter avec son nouvel ami. Un sourire se dessine sur mon visage. Ce n’est plus qu’une question de temps avant qu’elle ne déboule. Autant appeler l’ascenseur.

Lorsque les portes s’ouvrent, elle passe devant moi pour rentrer. Je la laisse faire. Une fois dedans, j’appuie sur le numéro de notre étage. La cabine se met en mouvement délicatement.

Myrtha se tient dans un coin. Je m’approche.

– Tu t’es bien amusée ?

– Tu n’étais pas là… Je m’ennuyais !

Elle adopte encore sa moue boudeuse.

– Pauvre Miri, je vais pleurer pour toi.

Son visage se tourne vers le sol. Sa mine est contrariée. Je lui attrape le menton pour l’obliger à me regarder. L’insolence dans ses yeux me donne envie de sourire.

– J’aurais peut-être dû te laisser avec ton nouvel ami. Vu comment il te regardait, il avait clairement envie de te sauter.

– Je m’en fous de lui. Je n’aime pas…

Ma main se déploie pour la saisir par le cou.

– Ferme-là, je n’ai plus envie de t’entendre.

Je la serre si bien que mes doigts impriment une marque sur sa peau. Pendant tout ce temps, elle me fixe. Sa bouche s’entrouvre de désir, mais je ne lui ferais pas la faveur de l’embrasser. Son petit jeu m’a lassé.

Un son nous apprend que nous sommes arrivés au bon étage. Je relâche mon étreinte. Les portes s’ouvrent. D’une pression sur l’épaule de Miri, je lui fais comprendre qu’elle doit passer devant. Sans un mot, elle coopère. De toute façon, je tiens par le poignet. Pour plus de sécurité, je lui tords le bras dans le dos. Un petit cri lui échappe.

– Avance !

Sur notre route, nous ne croisons personne. Tant mieux, je n’ai pas envie que les gens se posent des questions. Miri se fait déjà assez remarquer avec son corps fin, ses longues jambes et sa robe à ras-du-cul.

En vitesse, je passe la carte magnétique devant la poignée pour déverrouiller la porte. Le voyant passe au vert et nous entrons. Une fois à l’intérieur, je pousse le battant d’un coup de pied. Il se referme.

Sans un mot, je dirige la rouquine vers le lit avant de l’y laisser tomber la tête la première. Sa robe courte remonte, me dévoilant la naissance de ses fesses. Charmant spectacle que voilà, de quoi à réveiller mes ardeurs si seulement elles s’étaient endormies. Sourire aux lèvres, je m’installe de chaque côté de son corps. Mes mains se saisissent de ses deux bras que je rabats violemment vers l’arrière pour les nouer dans son dos avec un lien en plastique pour accrocher le grillage. Elle aura du mal à s’en défaire sans le couper. Tout ce qu’elle risque, c’est de se blesser si elle se débat trop.

Miri ne dit rien, elle se contente de relever la tête pour ne pas s’étouffer dans la couette. Ça se serait bête. On ne fait que commencer.

J’attrape sa jambe et l’oblige à plier le genou pour la débarrasser de ses sandales qui tombe lourdement sur le sol. Ensuite, je défais le nœud qui retient sa robe autour de son cou, le tissu glisse pour découvrir la naissance de sa poitrine. Si je tirais sur la jupe, je pourrais la lui retirer intégralement. Au lieu de ça, je laisse mes mains errer sur ses cuisses pour remonter en direction de ses fesses. Je caresse sa peau laiteuse jusqu’à ce que mes doigts disparaissent sous le tissu. J’y trouve ce que je cherche. Avec un sourire victorieux, je retire sa lingerie en dentelle.

Son corps s’agite sous le mien lorsqu’elle sent l’air sur son intimité mise à nu. Je me penche sur elle, jusqu’à venir toucher son oreille avec mes lèvres. Son souffle s’accélère du fait de ma proximité.

– Je devrais peut-être inviter ton ami. Je suis certain qu’il aimerait le spectacle…

Miri relève la tête pour tenter de me regarder dans les yeux.

– Tu crois que ça serait une bonne punition ?

– Cef…, lâche-t-elle dans un murmure.

– Tu n’aimes pas mon idée ?

Main sur sa gorge, je la force à mettre la tête en arrière.

– Tu préfères que ce soit moi qui m’en occupe ?

– S’il te plait…

Étrange de se dire qu’elle me supplie pour que je lui fasse du mal.

– Tu n’as qu’à le demander gentiment !

Mes lèvres sont sur son cou que j’effleure avec délectation.

– Cef, s’il te plait… Je veux que ce soit toi…

– Moi qui fasse quoi ?

Avec plaisir, je m’amuse à lui faire sentir la présence de mes dents sur sa nuque.

– La punition…

C’est si simple.

– Je n’ai pas compris.

Un baiser se pose à la naissance de ses cheveux.

– Punis-moi, s’il te plait, Cef !

– Pourquoi ?

J’aime jouer avec ses nerfs. Je sais bien qu’elle ne rêve que d’une chose et ce, depuis l’instant où nous avons franchi le seuil de la porte.

– J’ai été méchante avec toi. En plus, je l’ai fait exprès.

Incroyable, je ne me serais pas douté.

Abandonnant son cou, je me redresse. Sans un mot, je l’enjambe pour quitter le lit. Si j’étais vraiment mauvais, je l’attacherai dans une position impossible à tenir juste pour rire. Enfin, la connaissant elle risquerait d’aimer.

– Cef ?

Elle se met à genoux sur le matelas. Le haut de sa robe glisse jusqu’à sa taille, dévoilant au passage sa poitrine, moulée dans un soutien-gorge bandeau. Je devrais peut-être le retirer pour la rendre encore plus désirable.

– Quoi ?

Mon corps se fige alors que j’allais faire mine de m’éloigner.

– Je ferais tout ce que tu voudras.

L’espace d’un instant, elle paraît tellement pathétique avec son visage triste, ses mains attachées dans son dos, et sa tenue débraillée que j’ai envie de rire. Miri vient se coller au bord du lit pour laisser son corps aller contre le mien.

– Vas-y ! Fait quelque chose ! Surprends-moi !

Il ne fait pas lui dire deux fois. Elle entreprend de remonter ma chemise en frottant son visage dessus, ainsi qu’avec l’aide de ses dents. Le spectacle est plaisant à regarder. La voir se débattre contre moi pour me combler ne peut que faire grossir mon envie. L’air de rien, je déboutonne ma chemise pour la retirer. Aussitôt que mon torse est nue, elle l’embrasse avec tendresse. Je sens ses dents mordillaient ma peau, suivit par sa langue qui me caresse.

Ses lèvres s’approchent de la ceinture de mon pantalon. Je sais que si elle avait ses mains, Miri l’aurait déjà fait glisser. Du coup, je l’aide en enlevant le bouton. Aussitôt, elle se précipite pour agir. Grace à d’adroit mouvement de bouche, elle finit avec ma fermeture éclair entre ses dents. À croire qu’elle a fait ça toute sa vie. Du regard, je la suis alors que je me sens peu à peu libérer de l’entrave que représentait mon jean. Avant même que je n’ai le temps de le retirer ses lèvres se collent à la bosse bien visible sur mon caleçon. La caresse humide et chaude ne fait qu’augmenter encore mon désir pour elle. Les regards langoureux qu’elle me jette n’y sont pas pour rien. Il faut dire que je sais qu’elle est douée avec sa bouche.

Ses dents se referment sur l’élastique de mon sous-vêtement pour tenter de me le retirer. Ce coup-ci, je ne résiste pas et l’aide. Nu devant elle, je la fixe alors qu’elle se met en action.

Sa langue court sur mon entre-jambe, y laissant des traces mouillées. Miri fait de son mieux pour se débrouiller sans les mains. J’avoue avoir envie de rire. Seulement entêtée comme l’est, elle parvient à ses fins. J’ai le plaisir de voir mon membre disparaître dans sa bouche avide. Les pressions qu’elle se plait à exercer contre son palais sont délices. Le jeu se poursuit ainsi pendant une ou deux minutes. Ses œillades sensuelles ne me laissent pas insensible.

– Tu aimes ? murmure-t-elle.

Difficile de dire le contraire. Pour ne pas répondre, je caresse son visage.

– Prends-moi entièrement en bouche.

La jeune femme m’obéit. En vitesse, elle engloutie mon membre. La main sur sa nuque, je l’oblige à rester dans cette position qui me tire un soupir d’aise. Au bout de quelques secondes, je la libère. Pourtant après avoir repris son souffle, Miri fait son maximum pour me satisfaire. Chose à laquelle elle parvient par ses jeux de langue et ses aspirations.

Après quelques minutes, je la repousse pour me calmer. Il ne faudrait pas craquer trop vite. Je veux encore m’amuser avec elle.

Un mince filet de bave dégouline le long de sa bouche alors que je me retire. Contrairement à toute attente, je la trouve d’une sensualité déconcertante. À mon tour, je viens lèche le fluide sur ses lèvres avant de les mordiller. Si je voulais vraiment lui plaire, il faudrait que j’y aille plus fort. Sauf que j’aimerais autant éviter de la défigurer.

– Sur le ventre !

Avec des gestes malhabiles, elle se tortille sur le matelas pour réaliser ma demande sans pour autant se retrouver avec le nez dans la couette. Je la rejoins sur le lit. Sans un mot, j’écarte ses cuisses pour découvrir son intimité luisante d’envie. Mes doigts caressent cette fente humide avant que l’un d’entre eux ne s’y enfonce. Sous le coup de cette intrusion, le corps de Miri s’agite. Je sais qu’elle aimerait que je vienne plus profondément en elle.

– Tu as envie de moi ?

– Oui !

Au moins, elle sait ce qu’elle veut. Ma main quitte son entre-jambe. À nouveau, je viens lui souffler à l’oreille juste pour le plaisir de l’entendre me répondre.

– Peut-être que je devrais t’abandonner ainsi. Ce serait une bonne punition, qu’en penses-tu ?

– Cef !

Sa détresse est perceptible au ton de sa voix. Elle a du mal à contenir son désir.

– Quoi ? Tu veux quelque chose ?

Un instant d’hésitation puis elle me répond.

– Toi !

– Qu’est-ce que tu veux que je fasse ?

– Prends-moi ! Cef, prends-moi, s’il te plait.

Le message est enfin clair, je ne peux pas passer à côté. Ma bouche se pose sur son épaule sur laquelle mes dents se referment. Un petit cri sort de sa bouche. Douleur mêlée à du plaisir.

Sans lui laisser de répits, j’attrape ses hanches pour la tenir avec fermeté alors que je m’enfonce en elle. Ma pénétration brutale lui tire un gémissement. À chaque fois que je réitère l’expérience, une exclamation lui échappe. De même son corps s’agite pour suivre mon rythme.

Ma main agrippe ses cheveux.

– Prends une grande respiration, Miri !

Comme à son habitude, elle m’obéit sans poser de question. Dès que ses poumons sont gonflés d’air, je lui enfonce la tête dans la couette. Au début, elle ne bouge pas, mais au bout d’une minute, son corps s’agite. Je la sens désireuse de retrouver sa respiration. Malgré tout, je ne la lâche pas. La voir se débattre alors que je continue à lui donner de violent coup de rein renforce mon excitation.

Au bout d’un temps qui me paraît légitime, je lui fais redresser la tête. Sa bouche s’ouvre désireuse de trouver l’oxygène qui lui nécessaire. Dès qu’elle me paraît en meilleure forme, je lui plonge à nouveau le visage dans les draps.

Nous jouons ainsi, jusqu’au moment où l’envie devient trop forte, presque brûlante. Je me contente de mouvements rapides qui la font gémir de désir. Elle ne sera pas longue à se laisser aller. Déjà son intimité se contracte autour de mon membre gonflé. Des tremblements agitent son corps alors qu’elle crie mon prénom. Au moment où je la sens se relâcher, je laisse l’orgasme m’emporter, le sexe au plus profond de son intimité.

Nos deux cœurs battent la chamade, lorsque je me redresse. Sans lui adresser un mot, je l’abandonne dans le lit, les mains toujours nouées dans le dos. Après avec passé mon caleçon, je récupère mon briquet ainsi qu’une cigarette dans ma poche. Installé devant la porte-fenêtre du balcon, je l’allume.

La musique de la fête monte jusqu’à mes oreilles. Un rappel au coup de sang qui m’a pris lorsque je l’ai vu danser avec ce connard. J’aspire la fumée. Même si je donne le change en jouant les détacher, je sais que l’énervement m’a pris. Ce n’est pas pour rien que je me suis jeté sur elle. Une façon de marquer son territoire ? Après tout, c’est la marque de mes dents qui orne son épaule.

Dire que je devais m’occuper du dossier. Penser au plaisir avant le boulot n’est pas la meilleure des idées. Mais il m’est difficile de revenir en arrière. Tout comme il l’est de regretter un moment pareil. Miri sait me faire perdre la tête comme aucune autre. J’écrase le restant de ma cigarette dans le cendrier qui traîne sur le bureau.

L’amusement, c’est fini. Il est temps de passer aux choses sérieuses. Mes mains fouillent les poches de mon jean pour en sortir un couteau. Je déploie la lame brillante puis la contemple quelques instants. Elle brille dans la lumière.

Sur le matelas, la jeune femme m’attend, son corps allongé sur le côté. Je m’approche avant de l’embrasser à pleine bouche. Notre baiser est passionné. Nos langues se caressent et s’apprivoisent. Nos lèvres refusent de se décoller les unes des autres. Il arrive pourtant un moment où nous devons nous séparer.

Je pose la pointe du couteau sur sa joue, avant de la descendre en douceur vers sa gorge. Si je voulais la tuer, je n’aurais qu’un mouvement à faire pour lui trancher la carotide. Cependant je poursuis mon chemin, en laissant glisser la lame entre ses seins toujours moulés dans le bandeau en dentelle. Lorsque j’arrive sur son ventre, je la sens trembler.

Brutalement, je la retourne sur le ventre et utilise mon arme. Avec une facilité déconcertante, elle tranche le lien plastique qui retenait les mains de Miri. Des marques rouges sont visibles sur ses poignets. Un souvenir du moment où elle s’est débattue. Je dépose un baiser dessus avant de refermer le couteau.

– Va te laver ! Tu es dégoulinante de transpiration !

Je ne suis pas dans un meilleur état. Il faut dire que l’air de la chambre n’est pas le plus frais. La seule chose qui nous rafraîchit est le vent délicat de la nuit qui passe par la porte-fenêtre.

Miri se redresse. Je la saisis pour dégrafer son soutien-gorge qui tombe au sol.

– C’est mieux ainsi !

Je ne peux empêcher mes yeux de détailler son corps nu. Elle est magnifique. Pas étonnant que d’autres mecs bavent sur elle.

– Cef ?

D’une petite voix, la jeune femme m’interpelle. D’un regard, je l’interroge.

– Ma punition est terminée ?

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