Résurrection

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Épilogue
« Vert... »

Les planches calcinées avaient disparu pour la plupart, mais certaines avaient su résister et se tenaient là, droites face au vent, bien que noircies par les flammes. Les ruines du hameau dans lequel Edwige s’était tant investie avaient triste mine… du moins, tel était le cas encore quelques heures plus tôt. En effet, elle n’avait jamais vraiment cessé de s’y investir : preuve en était les multiples bourgeons du lierre venu étreindre la seule paroi encore debout.

D’un bond agile, porté par ses ailes légères, le finil vint se poster au sommet du reste d’édifice, et contempla l’horizon. Les premiers brins d’herbe du printemps, si verdoyants qu’ils en paraissaient lumineux, s’étendaient à perte de vue sous les rayons généreux de l’Anari. L’hiver touchait à sa fin, et le cycle de la vie allait enfin revenir à la normale : la végétation de Sagittari n’était, en théorie, pas supposée s’étioler lors des saisons froides, bien que ce fût le cas ces dernières années. Cette fois, au moins, nul humain ne viendrait souiller celle-ci ni mettre en péril un monde qui n’avait rien demandé à personne.

Après s’être envolé de son perchoir, le finil décrivit une trajectoire circulaire tout autour de celui-ci. Derrière lui, une traînée de poussière lumineuse tomba lentement au sol. En quelques secondes, de très fines tiges vert tendre sortirent de terre là où les particules immatérielles s’étaient déposées.

Le petit être stoppa sa course un instant, en suspension dans l’air grâce à ses ailes brunes, et contempla son travail. Cet endroit serait bientôt aussi luxuriant qu’il l’était dix ans plus tôt. Il aurait pu être fier de lui, mais ne l’était pas tant que ça en réalité : lui n’était que le jardinier, celui qui manipulait la vie et la dessinait, mais il n’en était pas à l’origine. Non, ce miracle était plutôt l’œuvre de son unique amie, celle à laquelle il était maintenant lié pour l’éternité.

Ainsi, Edwige avait finalement atteint le Berceau, qu’elle avait cherché en vain de son vivant, et était même devenue l’âme de cette planète, l’essence de la vie de Sagittari. Sa quête était accomplie : elle avait bel et bien trouvé la vie éternelle ; simplement celle-ci n’était pas destinée aux humains.

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