15 - la découverte

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Nous venions de terminer une partie, assommés de fatigue. Le coup tomba sans que je l’attende. D’une voix enjouée, Arthur lança, faisant arrêter mon cœur :

— Et vos petits jeux ?

Je ne compris pas s’il voulait demander à William de se modérer à mon égard, s’il voulait en voir un, ou même y participer, dans un rôle ou un autre. Je poussai un long soupir de désespoir. Aussitôt, William se releva.

— Quels petits jeux ?

— Ceux où vous faites autre chose que l’amour…

— Ça en fait partie !

— Qu’est-ce que vous vous faites ?

— Quelle curiosité !

— Vous me montrez ?

— Tu veux nous voir jouer ?

— Oui, si…

— Jérôme, qu’est-ce ce que tu proposes ?

Le pire est que j’en avais envie ! J’avais besoin de me réfugier dans l’oubli, dans la douleur. Je murmurai :

— La poulie ?

— Super !

Je pris les bracelets, puis me tournant vers Arthur :

— Tu me les mets, s’il te plait.

Le simple geste de me les passer l’excita. William était en train de passer la corde, puis il me lia les pieds, attacha la corde. Je refusais la boule, voulant respecter ma parole de ne rien exprimer. La dernière séance était récente, les déchirures fraiches me lancèrent aussitôt. Je me concentrais sur mon visage. La douleur dépassait ce que je pouvais encaisser, mais demander l’arrêt, c’était reconnaitre la violence de William, chose impossible devant Arthur. Puis, comme la fois précédente, la douleur s’atténua. Ce n’était que la première période qui était insupportable. La béatitude revenait. Ils me regardaient. La nudité de William me montrait son excitation. Arthur n’avait rien à lui envier. Qu’ils partageassent leur état était naturel. Contempler leurs ébats dans ma souffrance fut un tel mélange de plaisir que je sentis ma jouissance couler le long de mes jambes. Malgré la cage, pour la première fois, j’avais éjaculé.

Ils me descendirent doucement, me couvrirent de soins et de caresses. Je revenais de loin et c’est dans un demi-évanouissement que j’entendis :

— Tu veux essayer ?

Je n’avais pas la force de stopper l’horreur qui se préparait.

— Ça a l’air terrible. Jérôme est fou d’accepter ça.

Je soufflais, rassuré.

— Mais s’il le supporte, je dois pouvoir le faire aussi !

Les paroles que je redoutais !

William me retira les bracelets pour les poser à Arthur.

— Je te laisse les pieds libres ou je te les attache ? Plus tu remues, plus ça te fera mal !

— Attache, comme Jérôme !

Tout en attachant Arthur, William le fixait :

— Arthur, il y a un code : vert, c’est OK pour toi ; orange : on relâche la pression ; rouge : on arrête immédiatement. OK ?

— Vert !

J’étais sur le côté de la pièce, encore incapable de me redresser. La corde se tendit. Le magnifique corps d’Arthur se grandit. C’est vrai que cela le magnifiait. Ses traits reflétaient la douleur qui montait, alors qu’il répétait :

— Vert, vert, vert.

Quand il fut sur la pointe des pieds, son visage se crispa.

Je criais :

— Orange !

Mais il renchérit :

— Vert !

Ses pieds quittèrent le sol. Comme moi la première fois, il haletait. William lança :

— Couleur ?

Dans un cri rauque, nous entendîmes ;

— Vert !

— William, descend le, c’est assez.

— Non ! Vert, vert, vert.

Sa voix faiblissait. Il se serait laissé mourir plutôt que de tenir moins longtemps que moi.

William le redescendit. Je me glissai près de lui.

— Arthur, Arthur, revient !

Il secoua la tête en grognant :

— Ça va ! J’ai pas dit orange, t’es pas réglo, William !

— C’est moi qui décide !

Arthur grogna.

William l’emporta dans la chambre. Après m’être levé péniblement, je les rejoignis. Arthur était allongé sur le ventre et William, le chevauchant, lui massait les épaules. Une vague de jalousie me prit. Il n’avait pas eu tant de prévenances pour moi ! Avant de me rappeler toutes les fois où il avait débordé de gentillesse avec moi. À le regarder prendre soin d'Arthur, je compris qu’il ne lui ferait jamais vraiment mal. Avec moi, je n’en étais pas sûr, le pensant pouvant aller très loin. Peut-être jusqu’au bout ! Un frisson me parcourut, sans que je sache si c’était la peur ou le bonheur qui l’avait déclenché.

— Ça va ! Ce n’est pas si terrible ! Pas besoin d’être dorloté !

Arthur se défit, se mettant debout sur le lit, devant William, encore à genoux. Leur position ne pouvait que déclencher la suite. Je les regardais faire, encore incapable de bouger et donc de participer. J’aimais ces deux hommes, j’étais fou de leurs corps. Les voir ainsi se donner du plaisir était magnifique. La crainte d’être écartée revint, me gâchant le plaisir.

Ils étaient étendus, encore haletants. William avait accepté les assauts d’Arthur, offrande si rare pour moi et à jamais interdite. J’avais sa tête juste devant moi et je l’ai vu s’abandonner au bonheur. Pourquoi se refusait-il ce plaisir, ne se l'octroyant que si rarement ? Pourquoi m’avait-il donné l’impression d’avoir peur de moi dans cette position ? Quel danger représentai-je alors ? Celui d’être son égal, de détenir une parcelle de pouvoir sur lui ?

William , mon amant, mon époux, qui es-tu vraiment ?

Un long moment d’apaisement nous calma. J’avais pu les rejoindre sur le lit et j’avais été pris en sandwich dans leur chaleur et leur parfum, mêlé des relents de sueur et de sperme : l’odeur de la jouissance.

— Arthur, je ne sais pas si Jérôme te l’a dit, mais je dois partir. Un service que j’ai promis à un copain. Je vais vous laisser.

J’étais aussi désappointé qu'Arthur. J’ignorais tout de ce rendez-vous.

— Pour te dire adieu, je te propose un dernier petit tourment.

Arthur cria : « Vert ! » en même temps je hurlai : « Non ! ».

Mon avis fut ignoré. Je fus expulsé du lit.

William ligota Arthur, après le lui avoir proposé. Je comprenais le plaisir de William à voir ainsi ces victimes, ces corps étirés, à sa merci, dans toute leur splendeur.

Il prit un long lacet de corde et vint se positionner sur les jambes d’Arthur.

— Couleur ?

— Vert !

Il fit un nœud coulant et vint serrer les bourses d’Arthur, juste sous son phallus, le serrant très fortement.

— Vert !

Comme William, Arthur avait des testicules imposants, descendant bas. Tout le contraire de moi, déçu depuis toujours de cette conformation que je trouvais peu virile. J’avais apprécié cette particularité chez eux.

William entreprit de faire des tours, descendant chaque fois les deux glandes. À chaque progression, un : « Vert ! » retentissait. Après une dizaine de tours, son scrotum tendu paraissait prêt à se rompre. J’imaginais sa douleur, mais surtout le risque insensé : si un accident se produisait, Arthur serait castré !

Pourtant, William arrêta son travail en finissant par un nœud. La couleur des testicules bleuissait. Le sang ne passait plus ! J’ignorais combien de temps cela pouvait durer sans dommage irréversible.

William saisit une cravache et vint tapoter la peau tendue à l’extrême. La douleur devait être phénoménale, car le petit jeune hurlait à chaque frappe, s'entêtant, une fois son souffle reprit, à cracher :

— Vert !

Le jeu cessa quand une éjaculation apparemment insupportable l’emporta. William défit le lacet, massant avec délicatesse les parties endolories, avant de détacher Arthur, qui se releva en grimaçant.

— Tu en as beaucoup, des comme ça ?

— Infiniment ! Dis-moi ce que tu redoutes et je t’y emmènerai.

Ils se collèrent l’un contre l’autre dans une longue étreinte d'au revoir, sans la moindre parole. Quand ils s’écartèrent, leurs désirs réciproques éclatèrent. Ils avaient encore des choses à partager ! J'en étais heureux !

Avant de partir, William alla chercher une bouteille de son parfum, la pose cérémonieusement dans la main d'Arthur, avant de filer dans la chambre, d’en revenir les mains chargées de ses sous-vêtements, qu’il fit tomber sur Arthur.

— Tu prends ceux que tu veux ! Tu peux prendre aussi n’importe quoi ici, tout est à toi.

Il me regarda.

— Sauf Jérôme ! Mais je veux bien le partager avec toi !

Les larmes qui dévalèrent mon visage m’empêchèrent de réagir ; il avait déjà claqué la porte.

J’étais sous le choc de cette déclaration.

— Jérôme, comment j’ai pu me tromper comme ça ?

— De quoi tu parles ?

— Avec ce que je voyais sur toi et ce que tu me racontais, je me suis fait tout un cinéma sur lui ! Il est génial ! Toi aussi ! Quelle chance de t’avoir rencontré, puis lui !

— Arthur, tu es jeune…

— Arrête de me renvoyer ça en permanence !

— OK. Mais nous avons un peu plus d’expériences que toi ! Ce que je veux dire, c’est que tu m’as fait confiance et tu as pu surmonter, en partie, ton viol.

— Ma première fois !

— Si tu veux. Notre relation avec William est très particulière. Tu sais, il y a très peu d'homosexuels. Et parmi eux, encore moins qui sont adeptes de ces pratiques. Que cela te questionne, je comprends !Mais que tu sois comme nous, je ne le crois pas. Tu as voulu voir, essayer. C’est très bien. Mais passe à autre chose ! Tu m’as parlé d’un camarade qui s’est plus ou moins ouvert à toi. À mon avis, c’était pour te sonder. Maintenant, tu peux lui répondre !

— Pour trois mois, six au plus ? Et après ? C’est ici que je vais vivre !

— Une belle expérience est toujours bonne à prendre !

Mouais. Tu as peut-être raison. En plus, je dois apprendre à draguer des mecs !

Nous étions toujours entièrement nus. Nous n’avions pas quitté cette tenue depuis deux jours. Je lui proposais une douche. Elle dura longtemps, occupée par de doux massages réciproques.

Nous avions une journée entière devant nous, puisque le lundi était férié. Quelle belle perspective !

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