Homme à terre

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Il a beau y mettre toutes ses forces, impossible de soulever le rocher sous lequel son bras est bloqué et vraisemblablement en piteux état... Il crie à l'aide de toutes ses forces, mais personne ne peut venir à son secours. Comment ses camarades le pourraient-ils ? Dans les tranchées, c'est l'agitation et la cacophonie pure. Les balles et les obus pleuvent, et on peut entendre des cris d'ordres allemands à une cinquantaine de mètres. Tous les soldats de son régiment font ce qu'ils peuvent pour faire taire ses hurlements pas si lointains ainsi que les tirs ennemis. Les balles fusent des deux côtés, et elle n'ont jamais fait autant de vacarme. Tous le monde est débordé.

Et ce n'est qu'une question de temps avant qu'ils soient dépassés.

Il regarde tous ces soldats sortir des tranchées pour aller cueillir  leurs opposants, mais  des hurlements lui font vite comprendre que certains d'entre eux meurent à à peine cinq pas en dehors de leur camp.

Il redouble d'efforts pour se débarrasser de ce satané caillou, mais rien à faire. Et l'hystérie collective titanesque empêche toujours quiconque de venir l'aider.

L'un de ses amis qu'il apperçoit à sa droite charge un obus dans un canon, un autre à sa gauche et au sol, raide et immobile, le rond de la mort sur son crâne coulant d'un sang rouge vif. Il n'en revient pas. En plus d'une tristesse encore enfouie par les évènements, ce qu'il ressent est un énorme mélange de stress et de détermination. Détermination à  dégager cette roche qui l'empêche de faire quoi que se soit de productif en cette heure sombre. Il est persuadé qu'aujourd'hui est le jour de sa mort. Et il refuse que cette dernière journée se finisse avec cet énorme rocher sur le bras.

Son lieutenant arrive près de lui et fait tout ce qu'il peut pour l'aider. Il s'apprête à lui hurler quelque chose, sans doute un ordre, mais à la place il grimaçe, hurle et s'écroule. Il vient de recevoir trois balles tout droit sorties d'un fusil Gewehr 98. Des soldats vêtus d'uniformes verts penchant vers le grisâtre et de casques à pointe ont pénétré dans les tranchées. L'ennemi est là, il n'a jamais été aussi proche.

Un vieil homme, marqué par le temps et l'histoire, ouvre les yeux, tout en sueur. Il sort d'un sommeil particulièrement pénible. Il se redresse tant bien que mal sous les bruit des ressorts de son lit et regarde le moignon de son bras gauche.

Il ne peut s'empêcher de pleurer un bon coup.

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