Chapitre premier - FIN

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Son oreille frétilla lorsqu'il entendit la porte de la boulangerie se refermer. Il leva la tête encore endormi et cligna lentement des yeux. Elle était rentrée. Il devait l'accueillir.

Après quelques secondes de réflexion, il s'étira, puis sauta du confortable coussin rose où il était installé. D'un pas leste, il se plaça au-dessus de la vieille trappe où il gratta le bois de sa griffe.
Il ne dut pas attendre longtemps avant qu'une jeune fille à la chevelure noir de jais apparaisse, un sourire au visage.

«Enfin, tu es là !» miaula-t-il tout en sachant qu'elle ne pouvait pas le comprendre.

Elle le souleva, les deux mains posées sous ses pattes avant, et colla son nez contre sa truffe.
Aussitôt, il ronronna tandis que la jeune fille laissait échapper une exclamation attendrie.
Malheureusement, elle le reposa aussi vite sur le sol, non sans une légère étreinte.

Et mes caresses ? voulu-t-il réclamer.

Il suivit sa maîtresse jusqu'à sa chaise de bureau et se mit debout sur les pattes arrières afin d'attirer son attention.

«Je n'ai pas attendu toute la journée que tu reviennes pour rien !» lui adressa-t-il en remuant les oreilles.

Voyant qu'elle ne lui accordait toujours pas d'attention, il dirigea son regard vers ses mains, occupées à écrire sur un "cahier", selon son souvenir. C'était une chose que les humains faisaient souvent pour se rappeler de leurs paroles ou pour inventer.

Comprenant que Marinette était visiblement trop concentrée sur sa tâche pour s'occuper de lui, il entreprit de grimper sur son meuble et en un bond, il se retrouva devant elle, affalé sur le papier griffonné.

« J'espère que tu écris que tu dois me donner à manger. fit-il en ignorant la pointe de l'objet d'écriture qui lui rentrait dans le flan.

- Chat Roux ! pesta-t-elle mi-amusée, mi agacée. Je dois m'entraîner à faire mes exercices de science ! Adrien vient me donner un cours demain et si il voit mon niveau, je n'ose même pas imaginer ce qu'il pensera de moi ! finit-elle dramatiquement.

- Rassure-moi, tu sais qu'il ne peut pas te répondre ? »

Aussitôt, le félin aux yeux jaunes tourna la tête vers l'espèce de boule rouge volante qui venait de parler.
Sentant son poil s'hérisser, il cracha en sa direction et fila en un éclair se réfugier sous le lit, sous le regard rieur de sa maîtresse.

S'il y avait bien une chose qu'il supportait encore moins que le manque d'attention, c'était bien cet étrange animal qui en plus d'être doté du langage humain, suivait la jeune fille partout.
Un jour, je t'aurais... mais pas maintenant. décréta-t-il en se tassant encore plus.

Marinette ne pouvait s'empêcher de rire face à la scène qui se déroulait devant elle. Cela faisait deux jours qu'elle avait recueilli ce petit chat perdu et dire qu'il n'appréciait pas Tikki était un doux euphémisme.
Cette dernière ne s'en formalisait pas, bien qu'elle avait pourtant recommandé à sa porteuse d'éloigner le félin, de peur qu'il ne trahisse leur secret. Ce que la jeune fille n'avait pas fait d'ailleurs. Malgré toute sa volonté, elle ne pouvait se résoudre à le laisser au salon, c'est pourquoi elle lui avait arrangée un petit nid, juste à côté de son balcon.

Par ailleurs, ce n'était pas le seul écart qu'elle avait commis à l'égard des conseils de son Kwami. En effet, elle était censée lui donner un nom qui ne devait avoir aucun rapport à la vie de héros, mais elle n'avait pu résister à l'envie de le nommer en l'honneur de son partenaire. C'est ainsi que cette petite boule de poils blanche constellée de tâches rousses s'était vu attribuer la simple dénomination de Chat Roux, même si aux yeux de ses parents, elle sonnait plutôt comme un manque d'inspiration.

Enfin, la brune ne devait guère s'attarder sur la relation conflictuelle qu'entretenaient Tikki et son félin si elle voulait ne pas passer pour une inculte au regard de son cher Adrien.
Avec un soupir résigné, elle reprit sa feuille d'exercices tandis que son amie revint vers elle avec un cookie.

« Marinette, je ne comprends pas l'intérêt d'apprendre par cœur tes leçons maintenant si Adrien vient exprès pour t'aider. lâcha-t-elle entre deux bouchées.

- Je sais Tikki, c'est pour ça que je ne dois pas trop en faire non plus, mais suffisamment pour pas qu'il pense que je ne fais pas d'effort !

- Je crois que je vais renoncer à comprendre...» soupira-t-elle en se retirant.

Depuis le début du trajet du collège jusqu'à la boulangerie, Marinette n'avait pas lâché du regard son camarade, qui s'il s'en était aperçu, n'en laissait rien paraître.
Il lui expliquait la nouvelle mise à jour de leur jeu vidéo favori, mais honnêtement, elle avait beaucoup de mal à se concentrer sur les paroles du blond et préférait se perdre dans ses yeux verts électriques.

Finalement, ils arrivèrent enfin chez la jeune fille et se dépêchèrent de filer à l'étage avant que Sabine et Tom ne viennent exprimer leur affection pour le couple "d'amis" qu'ils formaient.
Seulement, quelle ne fut pas la surprise d'Adrien lorsqu'une masse de fourrure blanche et rousse lui atterri dans les bras, à la seconde où il demeura dans la chambre rose bonbon.

« Chat Roux ! réprimanda Marinette plus qu'embarrassée.

- Chat Roux ? répéta-t-il amusé, tandis qu'il examinait le regard scrutateur ambré du félin qui ronronnait à n'en plus pouvoir.

- Serais-tu fan de Chat Noir en plus d'Adrien Agreste ? lui demanda-t-il avec un clin d'œil.

- Quoi ? hurla-t-elle avant de se reprendre. Non ! Je n'aime pas Chat Noir ! Enfin si, mais non ! Je ne suis pas fan. De lui, hein... Pas de toi. Je ne dis pas que je suis fan de toi ! Je-, je... me suis juste inspirée ? »

Devant ce flot de paroles incompréhensibles, il éclata de rire. S'il ne savait pas que sa camarade l'aimait bien, il la prendrait certainement pour une folle. Quoiqu'une folle plutôt mignonne et très maladroite. pensa-t-il en s'empourprant.

Finalement, elle se joignit à lui, puis après quelques minutes, ils décidèrent de se mettre au travail. Mais c'était sans compter l'avis de Chat Roux qui refusait catégoriquement de se décoller du garçon, malgré toutes les tentatives pour qu'il s'éloigne.
Même si il assurait que cela ne le dérangeait pas et qu'il aimait bien les chats, elle trouvait ce comportement très étrange, le matou étant habituellement timide avec les étrangers.

Enfin, elle n'y réfléchit plus, considérant que peut-être, avait-il reconnu ce visage placardé partout dans sa chambre.
La suite de la soirée se passa sans problème et presque sans intrusions de ses parents, qui à les entendre, étaient prêts à leur apporter toutes les viennoiseries de la boulangerie.

À présent qu'ils avaient revu les trois-quarts du chapitre quatre de sciences, ils étaient confortablement installés devant un film de super-héros.
Enfin, confortablement installés était beaucoup dire, en vérité, ils étaient tassés pratiquement l'un sur l'autre pour arriver à voir le petit écran de l'ordinateur et il fallait noter que le blond ne pouvait pas vraiment en profiter, son champ de vision étant entravé par deux lueurs dorées qui ne le lâchaient pas.
Même si ce détail le mettait plutôt mal à l'aise, il ne voulait pas risquer de vexer Marinette en lui faisant la remarque, c'est pourquoi il se contentait de la simple compagnie de cette dernière.

Après leur séance qui s'éternisa jusqu'à 20 h 35, vint finalement le moment où Adrien dû repartir, au grand désarroi de la jeune fille. Et apparemment de Chat Roux aussi.
Il restait définitivement et littéralement accroché au jeune garçon. En effet, ses griffes restaient agrippées au jean de son pantalon, son propriétaire grimaçant légèrement lorsque ces dernières perçaient jusqu'à sa peau.

La brune, à la fois ravie que cela retarde le départ de son grand amour et embêtée que son compagnon ne se résigne à le laisser partir, chercha parmi ses affaires pour trouver un stratagème dans l'espoir de le faire fuir lorsqu'elle eut une idée. Une idée risquée, certes, mais une idée tout de même.

« Euh, Adrien ?

- Oui ? fit-il en essayant de déloger délicatement le matou.

- Est-ce que tu peux te retourner s'il te plaît ?» interrogea-t-elle d'une petite voix.

Le blond, bien qu'il eut une expression surprise, ne posa pas plus de questions et s'exécuta.
Aussitôt, elle entreprit de faire de discrets signes à son Kwami, qui si d'abord se montra réticente à ce plan, finit par accepter de s'approcher en prenant peur que l'invité ne s'impatiente et ne se retourne.
Lorsque le félin aperçut Tikki, il fit un bond en arrière, libérant le jeune garçon et fila par le balcon. Elle repartit se cacher de justesse avant qu'Adrien ne pivote vers sa camarade.

«Comment tu as fait ? s'enquit-il en se massant la jambe.

- C'est une méthode top secrète, répondit-elle après une hésitation.

- Et en quoi elle consiste ?

- Oh, mais si je te le disais, ça ne serait plus un secret... répliqua-t-elle malicieusement avec une légère impression de déjà vu.

- Je vois...»

Il lui sourit avant de descendre l'escalier, d'adresser un au revoir au père et à la mère de la jeune fille, refusa à contre-cœur leur invitation pour rester dîner, avant de disparaître dans son véhicule, suivit de son aimable garde du corps.

Aux anges, la jeune fille mangea en vitesse toujours dans l'optique d'éviter certaines questions embarrassantes puis entreprit de passer le reste de la soirée allongée dans son lit, non sans oublier de discourir à propos des multiples qualités de son camarade, un sourire rêveur aux lèvres.
Tikki, qui l'écoutait d'une oreille distraite, songeait sérieusement à en créer un ouvrage, son amie les lui répétant tant et si bien qu'elle finirai par les connaître par cœur.

Finalement, lorsque Marinette eu fini de disserter sur son sujet préféré, elle se leva, quelque peu engourdi, descendit de sa mezzanine et versa des croquettes dans la petite gamelle verte du matou.
Se rendant subitement compte que depuis le départ d'Adrien elle ne l'avait pas revu, elle fut prise d'un léger sentiment d'inquiétude.

Se hâtant, elle se rendit juste là où le chat avait disparu et se mit à l'appeler. Cela dura quelques minutes, la jeune fille usant tantôt du bruit des croquettes dans le bol que de surnoms plus ridicules les uns que les autres. Si des passants l'entendaient, ils devaient certainement la prendre pour une dérangée.
Enfin, elle dut se résoudre à abandonner pour ce soir. C'est avec un début d'angoisse qu'elle referma d'un geste lent la porte menant à son balcon et qu'elle partît reposer la gamelle sous son bureau.

« Ne t'inquiète pas Marinette, la rassura Tikki, il a l'habitude de la rue, tu verras que demain matin, il sera revenu en quête de nourriture et de caresses.»

Elle gratifia son amie d'un regard et soupira tristement :

«Je l'espère Tikki, ça ne fait pas longtemps que nous l'avons recueilli, mais je me suis déjà attaché à lui...»

C'est donc prise de certains remords qu'elle s'endormit, espérant de tout cœur retrouver son compagnon à son réveil.

Le lendemain, c'est un appel lointain de Sabine qui la tira dans son sommeil.

« Marinette ! »

Mécontente d'être contrainte à se lever, elle marmonna un «Quoi ?» en resserrant un peu plus son coussin contre elle.
Entendant que sa mère réitérait son cri, elle comprit qu'elle n'avait apparement pas parlé assez fort. Puisant dans ses maigres forces, elle se donna toute la volonté du monde pour demander d'une voix qu'elle espérait clair :

«Qu'est-ce qu'il y a maman ?

-Il y a quelqu'un pour toi à la porte !» lui apprit-elle.

Marinette fit abstraction du fait qu'il était assez étrange de recevoir quelqu'un si tôt un samedi matin. Finalement, elle se décida un ouvrir un œil, puis un deuxième, qui papillonnèrent dans une synchronisation parfaite tandis qu'un bâillement lui échappait.

«Qui est-ce ? lança-t-elle un peu moins endormi.

-Adrien.»

Elle hocha la tête, ne réalisant que peu ce qu'avait dit Sabine, avant de blêmir et d'écarquiller lentement les yeux. Adrien ? Elle avait dit Adrien !

Tout d'un coup, comme si son lit l'avait brûlé, elle descendit pratiquement en un bond son échelle — tout en ne manquant pas de se réceptionner avec la grâce d'un éléphant, ventre sur le sol, avant de reprendre sa folle course vers son placard à vêtement. Lorsqu'elle l'ouvrit, la pression lui fit oublier ce qu'elle devait porter prenant et jetant des tee-shirt et autre robes aux quatre coins de sa chambre.

Elle ne pu compter que sur Tikki pour l'aider à mettre de l'ordre dans ses idées ainsi que dans sa garde-robe.

« Merci, lui adressa-t-elle en coup de vent, Adrien m'a déjà vu une fois en pyjama cela suffit amplement.

-De rien Marinette mais respire.

-Mais je respire ! » lui assura-t-elle hors d'haleine avant de dévaler l'escalier aussi vite qu'elle ne l'avait jamais fait.

Passant en trombe dans toutes les pièces, elle ralentit soigneusement devant ses parents pour finalement arriver devant la porte d'entrée où patientait Adrien.

Cependant, il n'était pas tout à fait seul.

En effet, dans ses bras demeurait un petit être blanc moucheté de roux.

Elle n'eut même pas le temps d'exprimer sa surprise que le garçon lui sourit, gêné.

« Bonjour Marinette, commença-t-il avant de lui tendre son chat, je crois que ceci est à toi. »

Elle acquiesça silencieusement, tandis qu'elle prit le matou dans ses bras qui cette fois se laissait faire, bien qu'il gardait sur le blond un regard si intense qu'en cet instant il était semblable à sa maîtresse.
Voyant qu'elle ne réagissait pas, Adrien continua ses explications.

«En fait, je l'ai trouvé dans ma chambre ce matin, il a dû passer par la fenêtre, je la laisse ouverte pour dormir lorsqu'il fait chaud...»

Comme retrouvant l'usage de sa langue, la jeune fille bafouilla sa gratitude pour ensuite sermonner gentiment l'animal qui ronronnait à nouveau.
Le garçon s'amusa de cette scène, puis se rendant compte avec morosité que l'heure de sa séance photo approchait, il s'excusa auprès de sa camarade avant de s'en aller.

Marinette resta un instant pantoise devant la porte qui venait de se refermer. Elle peinait à réaliser que Chat Roux s'était introduit dans le domicile d'Adrien. De plus, elle ne comprenait pas pourquoi il s'obstinait à s'accrocher à lui la veille au point de le suivre dans la rue alors que cette fois, il l'avait quitté sans plus d'effusions.
Se résignant à ne pouvoir en savoir plus, elle rangea cette histoire dans un coin de sa tête.

La journée se passa sans plus d'accros.

Lorsque vint la nuit tombée, Marinette se prépara pour aller dormir.
Elle attacha ses cheveux en un chignon relevé et se dirigea vers son lit en mezzanine avant de stopper sa démarche. Une fois encore, il lui semblait que sa chambre était bien vide.

« Chat Roux ? » appela-t-elle, craignant qu'il est encore disparu.

Elle répéta exactement le même manège que la veille, bruit sec des croquettes, surnoms ridicules, mais cela ne fut guère plus concluant.
Résignée, elle soupira d'un air las avant de s'étaler sur son matelas.

«Tu crois qu'il est encore chez Adrien ?

-Ça m'étonnerai que sa fenêtre ne soit pas verrouillé à présent, objecta Tikki en virevoltant vers elle.

-Qu'est-ce qu'il lui arrive...»

Elle marmonna encore quelques paroles mais son sommeil commençait à prendre le dessus et ses paupières devenaient de plus en lourdes jusqu'à se fermer totalement.

Seulement, son repos fut de courte durée lorsque trois coups furent portés à sa fenêtre.
Marinette sursauta, surprise par le bruit et posa sa main sur son cœur qui battait à mille à l'heure. Elle tourna la tête vers l'œil de bœuf. Une ombre se découpait sur la vitre, une ombre qui semblait posséder deux émeraudes luisantes la fixant avec insistance.

« Chat Noir ? » hoqueta-t-elle en se relevant tout d'un coup.

La masse sombre bougea, et la jeune fille se rapprocha de la fenêtre afin de lui ouvrir.

«Désolée de venir en pleine nuit ma princesse, mais je me devais de te rendre ceci, expliqua-t-il en lui désignant un Chat Roux visiblement agité.

-Où est-ce que tu l'as trouvé ?

-Pendant ma patrouille, babultia-t-il avec une hésitation palpable, il semblait perdu et désorienté alors je te l'ai ramené.»

La jeune femme hocha la tête, très peu déconcertée par l'attitude de son camarade, mais alors que Chat Roux sautait déjà de la mezzanine pour rejoindre sa gamelle, un léger détail la frappa.

« Comment tu as su que c'était mon chat ? »

Touché. Le garçon d'abord surpris par la question, se dandina d'un pied sur l'autre avant de répliquer sans conviction :

«Euh, il me semblait t'avoir vu avec une fois...»

Ce n'était guère suffisant aux yeux de Marinette, d'autant plus qu'elle ne possédait le matou que depuis peu.
Mais, décidant qu'il était tard, elle lui accorda un sourire chaleureux, le remercia et il pu prendre congé.
C'est donc le cerveau en ébullition qu'elle retourna se coucher. Décidément, son partenaire était assez étrange...

Malheureusement pour elle, le Papillon n'avait pas décidé de lui rendre la vie plus facile.
En effet, à peine levée, elle du faire appel à Tikki afin de sauver Paris des nageoires de Sharkine, une poissonnière qui avait perdu son travail à cause d'un chat lui ayant volé du poisson.
Pourtant, l'ennemi n'était pas coriace et en à peine quelques jeu de mots et autre ruses, les deux héros arrivèrent à bout de la super-vilaine.

«Bye, bye petit papillon. Miraculous Ladybug !»

Aussitôt une nuée de coccinelle enveloppa la ville, et la victime retrouva ses esprits.
Après quelques paroles rassurantes envers cette dernières, les deux coéquipiers se dirigèrent vers une ruelle déserte afin de se saluer. Une fois ceci fait, ils s'apprêtèrent à se séparer avec un dernier sourire.

Soudainement, Ladybug entendit un miaulement à sa gauche. Elle tourna brusquement la tête et s'aperçut qu'une boule de poils rousse et blanche courait vers elle.

«Chat Roux ! Qu'est-ce que tu fais là ?» laissa-t-elle échapper avant de plaquer ses deux mains sur sa bouche en se rendant compte de sa bévue.

Son partenaire qui avait bien entendu son cri, affichait une mine stupéfaite.

«Tu connais ce chat ? s'étonna-t-il.

-Euh... Oui ! je l'ai déjà vu lorsque je sauvais sa maîtresse pendant un combat.»

Aussitôt, le matou aux yeux jaunes effectua un gracieux bond et se retrouva sur les épaules de la jeune fille qui le réceptionna comme elle pu, de plus en plus embarrassée, tandis qu'il ronronnait tout son saoul.

«Et, il est très reconnaissant apparement...
- Je vois.»

Elle remarqua que le teint de son coéquipier blêmit, et que ses pupilles, dilatées, semblaient ne plus capter aucune information.

«Ça va Chat Noir ?» demanda-t-elle avec un soupçon d'inquiétude.

Ce dernier resta muet, continuant de la fixer, pantois.
Cela provoqua un léger malaise chez elle, et n'étant pas sûre de vouloir connaître la raison d'un tel hébétement, elle opta pour la fuite.

«Je vais rendre son chat à Marinette, à la prochaine Chaton !»

Elle se retourna, amorçant un pas vers sa maison lorsqu'elle entendit un son bien familier.

«Chat Noir, tu viens de te détransformer ?» demanda-t-elle prudemment.

Il y eut un silence pendant lequel Ladybug cru mourir. Son cœur battait à mille à l'heure tandis qu'elle sentait une sueur froide couler le long de son dos.
Elle déglutit et inquiète de ne pas entendre le garçon, elle tenta un coup d'œil derrière son épaule avant de se reprendre précipitamment.

«Oui.», répondit-il finalement.

Elle soupira.

«Mais va vite te cacher enfin ! Quelqu'un risque de te voir !

-Il n'y a personne à part nous ici.»

Elle reconnut qu'il avait raison mais son comportement était de plus en plus étrange.

«Je dois rendre visite à quelqu'un, annonça-t-il inopinément, à la prochaine.»

Elle l'entendit s'éloigner rapidement. Elle ne su pas si elle était soulagée ou effrayée de le voir partir dans cet état.

Enfin, elle ne se posa pas plus de questions, mais alors qu'elle s'apprêtait à rentrer chez elle, Chat Roux se débattit soudainement et s'échappa de son emprise pour filer à l'endroit où elle se tenait plus tôt.
Par réflexe, elle se retourna précipitamment et le regretta aussitôt lorsqu'elle se souvint de son partenaire.
Seulement, le mal était fait.

La jeune fille cru que son cœur s'était arrêté. Elle se crispa. Son souffle se suspendu. Peut-être même était-elle en train de basculer en arrière. Elle ne savait pas. Elle ne savait plus. Elle était incapable de réfléchir. Bouche bée, yeux écarquillés, elle ne pouvait que constater la chevelure d'or de son ami concorder avec sa fameuse veste blanche ainsi que ses yeux vert électrique se démarquer de son haut noir.

Devant elle, Adrien caressait le menton de Chat Roux, comme si il n'avait pas remarqué l'erreur de sa Lady.
Lorsque son regard se posa sur elle, son expression ne changea pas et elle comprit qu'il l'avait bien vu se retourner. Il murmura quelques mots au félin et ce dernier vint se placer en un saut devant sa maîtresse en miaulant gaiement.
Une poignée de secondes plus tard, son camarade suivit.

«A-, Adrien ? murmura-t-elle d'une voix blanche après avoir effectué une série de glapissements pour le moins étrange.

-Je crois que ton faible pour les félins te colle à la peau ma princesse.», chuchota-t-il en lui remettant le chat dans les bras.

Elle ne fit même pas attention au surnom qu'il venait de lui donner. Elle n'était plus capable d'aligner deux pensées cohérentes. Pourtant, le jeune homme semblait attendre une réaction, alors ne sachant que dire elle fit un mouvement de tête vers le matou et interrogea :

«Qu'est-ce que tu lui as dit ?»

C'était une question idiote. Très idiote. Mais la situation dans laquelle elle se trouvait était idiote. Elle-même était idiote.
Pourtant, il hocha la tête comme si c'était exactement la phrase qu'il attendait.

«Tout simplement, "Va voir Marinette.".», répondit-il avec un brin de malice.

La jeune fille se sentit encore plus mal en comprenant ce que qu'il disait, n'entendant même pas le bruit de son Miraculous indiquant sa détransformation. Il l'avait aussi reconnu, c'est tout ce qui comptait. Forcément, c'était tellement évident. Ils ressemblaient tellement à leur alter-ego en y repensant. La voix. Le physique. Les mêmes expressions.

Subitement, un souvenir inconvenant dans un moment pareil lui revint de plein fouet. Le baiser. Elle avait embrassé Adrien. Voilà pourquoi le charme s'était brisé. Lui aimait Ladybug et elle l'aimait en retour. Cette pensée lui fit l'effet d'un choc électrique.

«Mais alors, tu m'aimes !» réalisèrent-ils en même temps.

Aussitôt, leurs joues se colorèrent furieusement de rouge.
Elle reposa son compagnon sur le sol et invita son coéquipier à s'asseoir avec elle sur le sol, ce qu'il accepta volontiers.
Ils restèrent ainsi, ne sachant quoi se dire. Quoi faire. A s'observer. A fuir timidement le regard de l'autre lorsque l'un se faisait surprendre. Chat Roux quant à lui était patiemment allongé entre les deux adolescents, les pattes repliées sous lui et ne perdait pas une miette de leur échange muet.

Finalement, ce fut Adrien qui brisa le silence.

«Tu sais, j'ai quelque chose à te dire, confia-t-il en essayant vainement de se donner un air assuré, tu sais que j'aime Ladybug et que... que je la trouve merveilleuse...»

Il s'arrêta prit d'une légère toux tandis que la jeune fille avait cessé de respirer, suspendu à ses lèvres.

«Enfin, ce que je veux dire c'est que, je ne voyais qu'elle. Parce qu'elle existait. Parce qu'elle était là et qu'elle m'apportait une partie de mon bonheur. Cependant, il y avait une autre personne qui égayait au-delà des mots mes journées. Devines-tu de qui il s'agit ?»

Elle secoua la tête négativement bien qu'elle se doutait tout de même de la réponse.

«Marinette. La première qui m'a pardonné. Ma première amie. Celle qui me soutenait et m'aidait alors que je n'avais d'yeux que pour sa forme héroïque. Je te dois tellement.»

Il marqua à nouveau une pause et plongea son regard dans le sien.

«Sache que si je n'avais jamais connu Ladybug, c'est à toi que j'aurai porté toute cette attention.»

Marinette était ébahie devant la si belle déclaration du jeune homme. Ses mots la touchaient littéralement en plein cœur et elle sentit ses yeux la picoter, tandis que sa vue se brouillait.

«Moi aussi, j'ai quelque chose à te dire, annonça-t-elle à son tour la voix brisée, et beaucoup d'excuses à te faire. Crois-moi, j'aime Adrien. Non, aimer n'ai pas un terme suffisant. Je l'adore. Je le trouve si gentil, si bon, si généreux. Et pourtant si peu récompensé.
Si je suis tombée amoureuse de lui, c'est grâce à sa sincérité qui m'a tant touchée. Une personne si honnête...»

Elle détourna la tête, les yeux dans le vagues.

«Ce que je n'ai pas vu chez Chat Noir. Non pas parce qu'il ne possédait pas ces qualités, loin de là, simplement parce que je suis aveugle. Et parce que j'éprouvais une grande loyauté envers Adrien, si bien que les fois où je m'autorisais à ne serait-ce que voir ce fanfaron de matou sous un autre angle que celui d'ami, je me sermonnais sévèrement. Peut-être parce que j'avais peur aussi, de l'aimer plus que mon cher et tendre. Il m'aura fallu découvrir ta véritable identité pour comprendre que j'étais égoïste. J'en suis désolée.»

Hésitante, elle redirigea son attention vers l'expression de son interlocuteur qui semblait attendrie. Rassurée, elle poursuivit.

«Je voudrais que tu saches également, que si Adrien n'était jamais venu étudier dans ce collège, c'est Chat Noir qui aurait fait chavirer mon cœur.»

Elle poussa un soupir, elle voulu se détourner encore une fois mais s'en empêcha en voyant son partenaire rayonner d'un franc sourire. Une douce chaleur s'empara d'elle. Comme hypnotisés par la beauté de l'instant, ils se penchèrent l'un vers l'autre, leurs lèvres s'effleurant pour s'allier en un tendre baiser.

Fronçant la truffe à l'odeur âcre du bâtiment, Chat Roux trottait d'un air satisfait sur la moquette des couloirs. Lorsqu'il arriva devant une grande porte en chêne, il sortit ses griffes et la gratta en miaulant bruyamment.

Au bout d'un moment elle s'ouvrit délicatement sur pièce éclairée et il se faufila à l'intérieur. Devant lui, un vieil homme méditait sur un tapis, sans lui accorder aucune attention.

«Bonjour Maître.», ronronna-t-il en s'avançant vers lui.

Aussitôt, le sage ouvrit les yeux et les tourna vers le matou.

«Ah, Soleil Couchant, fit-il avec un soupir de soulagement, où étais-tu ? Wayzz et moi nous sommes faits du souci.

-Cette boule verte ? Ça m'etonnerai ! Enfin pour vous répondre, j'étais simplement là où avais besoin de moi.»

Il s'allongea sur un coussin rouge bordeaux demeurant juste à côté de la fenêtre.

«Allons, tu m'effrais, tu n'as pas fait de bêtises au moins ?» s'enquit son maître.

Le félin s'étira de tout son long et tourna la tête vers le ciel pour contempler longuement les nuages.

«Oh que non, c'est si je n'étais pas intervenu que cette histoire serait devenue une véritable bêtise.»

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