Blog : Le Journal (pas) intime de Max. Post n° 15 : La fin

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Jake a disparu. Il est reparti dans son monde. Et maintenant ?

Ca s’est passé si vite… On était là, en train de discuter. On était bien. Tout allait bien. Pourquoi a-t-il fallu qu’il reparte ? Il n’en avait même pas envie. Un trou énorme s’est formé dans mon salon, a avalé mon ami et s’est refermé sur lui… J’aurai voulu le suivre… Vivre dans son monde… Mais ce n’est pas possible.

Peut-être est-ce mieux ainsi. Peut-être que s’il était resté ici, il aurait fini par en souffrir. C’est ce que je me dis depuis qu’il n’est plus là. Il est plus heureux dans son monde. Chacun à sa place, comme on dit.

Quand il est parti, je suis d’abord resté planté là, un bon moment, sans bouger… Plus aucune trace de Jake. Plus rien. Je me suis couché dans le canapé, j’ai fermé les yeux… J’ai repensé à tout ce qu’on avait vécu et j’ai fini par m’endormir.

Là, je viens de me réveiller. La vie à repris dehors, comme si rien de tout ça n’était arrivé. Il y a de gros nuages noirs dans le ciel. La journée promet d’être morose.

Mais ca va aller. Jake ne voudrait pas que je me laisse aller comme ça. Je vais remonter la pente. Je vais inviter Mary au cinéma. Je vais vivre ma vie de mon côté. Pour ce qui est de ce blog, je pense que je vais le clôturer ici. C’était une belle histoire, mais il faut avancer.

Et pourtant, quelque chose me dit que tout est fini. Adieu chers lecteurs. Merci de m’avoir lu.

***

Max referma son ordinateur portable. Le silence dans la pièce était assourdissant. Il se senti seul. Si seul. Dehors, le ciel s'assombrit encore. Et soudain, les bâtiments commencèrent à s'effriter. Dans le salon de Max, le tapis commença doucement à se décoller des murs. De la moisissure apparut dans un coin de la pièce… Que se passait-t-il ? Pourquoi tout semblait s'assécher, se racornir, disparaître… ?

C’est alors que Penelope fit retentir sa voix.

“-Tout va bien, Max ?

- Non… Je… Jake est parti…

- Je comprends. Il a rempli son rôle. Sa présence n’était plus nécessaire ici…

- Mais de quoi tu parles ? Jake est mon ami ! Je… J’ai besoin de lui !

- N’as-tu pas compris, Max ?

- Compris quoi ?

- Jake… Jake fait partie de toi. Tu as pu le créer à partir de fragments de toi. Il représente le père que tu n’as jamais eu, l’homme que tu voudrais devenir, mais surtout, il fait partie de ta personnalité profonde. Jake n’aurait jamais été le Jake que tu as connu sans toutes ces petites nuances enfouies au plus profond de toi.”

Dans la rue, le bâtiment d’en face s’est écroulé. De la cendre envahissait l’air. Les gens dans la rue, immobiles, commencent à disparaître.

“-Mais qu’est ce qui se passe ?

- C’est la fin, Max… C’est le cas depuis l’accident du métro…

- Quoi ? Mais de quoi tu parles ? Je m’en suis bien sorti de cet accident. Bon, j’ai eu une commotion, mais ça va maintenant…

- Tu ne te souviens pas ? Laisse-moi te montrer quelque chose…” Un écran se matérialisa devant Max, un logo “Play” au centre. Max appuya sur la flèche et une vidéo se lança devant lui.

Une chambre d’hôpital, vue du dessus, comme prise par une caméra de sécurité. Dans un lit, un jeune homme, intubé, avec en fond sonore les battements d’un moniteur cardiaque… bip…bip…bip… Max se rappela tous ces rêves bizarres, devenus peu à peu des cauchemars… C’était donc ça…

“ Que… mais… je ne comprends pas, balbutia Max.

- Max, trésor, tu es en train de voir la réalité… Tu ne te souviens vraiment pas ?

- Je… l’accident… mais… Et Jake…

- La vérité… c’est que tu ne t’es pas réveillé de cet accident. Tu es dans le coma depuis tout ce temps. Là, sur la vidéo… C’est toi, Max… Et Jake… Jake était là pour te soutenir. Et aussi pour te donner ce dont tu avais besoin avant de partir.

- Je… tout ça est un rêve ? Et que veux-tu dire… avant de partir…?

- Ton corps, quelque part, a toujours su que tu ne t’en sortirais pas. Mais il ne voulait pas partir avec toutes les souffrances que tu traînes derrière toi depuis tant d’années. Alors tu as appelé Jake dans ton sommeil, pour qu’il soigne tes blessures. Que tu cesses enfin de te sentir si mal, de penser que tu ne vaux rien. Il a réussi à te faire te sentir bien, il t’a aidé à te sentir aimé, parce que tu comptais pour lui.”.

Les murs commencèrent à se fissurer. La moisissure envahit le plancher, strillant les lattes de veines pourries. Max regarda autour de lui, effrayé…

“Tu n’es pas obligé de partir comme ça, Max, déclara Penelope. C’est ton rêve. Tu peux en faire ce que tu veux… Ce monde s’écroule car il reflète l’état de ton esprit… Allons, trésor, tu peux faire mieux non ? Ton voyage peut se conclure d’une façon bien plus belle…

- Comment dois-je faire ?

- Tu n’as qu’à imaginer l’ endroit, le souvenir où tu veux être. C’est à toi de choisir. Tu ne vas pas partir avec cette vision cauchemardesque, n’est-ce pas ? Alors, que décides-tu ?

Max respira à fond. Il essaya de se calmer. Tout ça n’est qu’un rêve. Il ferma les yeux.

- Ok… J’ai bien une idée… Tu n’as qu'à lire dans ma tête.”.

L’air se fit soudain plus sain, le calme s’installa. Le son du chaos et de la destruction se tut peu à peu, jusqu'à devenir moins perceptible qu’un chuchotement. Une chanson parvint aux oreilles du jeune homme, d’abord très faiblement, puis plus distinctement. Max la reconnut, c’était une de ses chansons préférées. “The night we met” par Lord Huron. Il ouvrit les yeux. Il était dans son salon, seulement éclairé par une petite lampe dans le coin et une bougie sur la table. Un léger parfum de cire fondue flottait dans l’air.

And then I can tell myself… What the hell I'm supposed to do… And then I can tell myself… Not to ride along with you”.

Dehors, la nuit était paisible. Deux bières étaient sur la table basse. Des chips, des olives, des cacahuètes…

I don't know what I'm supposed to do… Haunted by the ghost of you…”.

Et dans le vieux divan en cuir, Jake le regardait, un léger sourire sur les lèvres.

Take me back to the night we met…

Il était revenu à cette nuit où Jake et lui avaient appris à se connaître. Max éclata en sanglot instantanément. Jake se leva lentement et il le prit dans ses bras, tendrement, comme un homme qui veut rassurer son petit frère, comme un père console son fils.

“N’aie pas peur, chuchota Jake. Ça va aller. Je suis là. Je ne te laisse pas”.

“Oh, take me back to the night we met…”

Max serra de plus belle son ami dans les bras, les larmes roulant sur ses joues.

“Je suis là, Max… Tout va bien… Tout va bien…”.

Il ferma les yeux…

Un grand calme l'envahit…

Il n’avait plus peur…

Il se sentait bien.

Il…

***

Scène post générique.

Venice Beach, Los Angeles. Un homme, assis sur la plage, les pieds enfouis dans le sable, regarde le soleil se coucher. Une planche de surf est plantée dans le sol à côté de lui. Son tatouage représentant un serpent enroulant son bras est presque totalement effacé. L’homme se lève. Il prend sa planche sous son bras et s’apprête à rentrer chez lui. Il s’arrête, se retourne pour regarder une dernière fois la mer de feu qui s’entend devant lui. “Adieu, mec… Je ne t’oublierai jamais.”.

FIN

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