Construction III
Je retourne sur mes pas. Qu'importe si je suis assoiffé comme jamais, je fais marche arrière. Sous ce soleil de plomb, je sais que c'est dangereux. Mais ma peur, ma tristesse et mon désarroi se sont transformés en une ardente colère. Si je meurs, je m'en fiche. On postera des avis de recherches et lorsqu'on trouvera mon cadavre, ils verront la situation dans laquelle nous sommes. Je m'arrête cependant pour écrire mes dernières pensées dans le guide de poche que j'avais emmenée : "Ne croyez pas que je suis morte parce que je n'avais pas assez d'eau sur moi. Si je suis morte, c'est parce que le point d'eau n'existe plus. Plus on avance, plus nos actions sur cette terre ont des conséquences graves. Pensez un peu à la planète au lieu de prendre soin de vos ongles et de votre situation sociale." Laissant le guide dans ma main et rangeant le stylo, je continue de marcher et si je survis, eh bien je n'ai qu'à dire haut et fort ce que je pense devant tout le monde. Mais les humains sont si sourds... Pour que cela ait un vrai impact, il faudrait que je meurs mais même en mourant, je suis certaine que cela entrera par une oreille et sortira par l'autre. Ce n'est vraiment plus le moment de ne penser qu'à sa petite personne... L'humanité est en jeu et peu de gens le remarque.
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