14-Juillet au 4ème dragons

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Depuis des mois qu’il vivait à Paris, Kévin avait décidé d’aller voir le défilé du 14-Juillet.

Non qu’il eût plus que ça l’envie de se mêler à la foule des autres citoyens qui se presseraient sur les Champs-Élysées, décidés à applaudir ses soldats, qui font la gloire de notre belle patrie ! Mais…

Il était tout frémissant, ce garçon de vingt-trois ans… d’autant qu’il y allait surtout dans l’espoir de voir et de photographier un engagé au 4ème dragons, le fils de sa concierge, le splendide Rodolphe, qui devait défiler.

Il ne le connaissait guère, ayant juste un peu copiné avec lui dans l’escalier, et partagé quelques bières belges par-ci, par-là… Mais ce serait peu de dire qu’il épatait le Kévin, ce dragon-là !

Grand, bien découplé, velu comme ses ancêtres lusitaniens, et doté d’un regard bleu et d’un sourire à faire périr les soviets les plus acariâtres !

Rodolphe était donc dans le viseur de Kévin, qui espérait bien en capter le minois pendant le défilé — espoir bien illusoire, au demeurant —, fins auxquelles il avait apporté son appareil photo muni d’un zoom à faire rêver les midinettes les moins dévergondées !

Il arriva tôt et se trouva une place juste à côté d’un des soldats qui ponctuaient l’avenue.

Lequel le regarda en souriant. Où Kévin eut un petit coup au cœur : le mec, un blondinet élancé était une réelle beauté, tout à l’opposé des noirceurs viriles du beau Rodolphe… mais non moins troublant. Un genre d’elfe scandinave, pas moins.

— Si c’est pour me photographier, pas besoin de zoom ! fit le mec, rigouillard.

— Euh… Non, non !... bafouilla Kévin, sentant le sang lui monter aux joues.

— Ah ! Dommage… Je défile pas moi, et personne va me prendre pour son album !

— Si, si, moi je peux ! fit Kévin en dévissant fébrilement son zoom. Justement, vu qu’y a encore personne, c’est mieux ! Vous voulez ?

— Un peu, mon n’veu !

Le mec, à n’en pas douter, avait raté de peu sa carrière de mannequin, à voir comme il se prêta aux exigences de Kévin… de l’autre côté de la barrière.

On échangea ses coordonnées dans la foulée, évidemment, et l’on parla, aussi. Où Kévin avoua la vraie raison de sa présence ici.

— Il est de quel régiment, ton pote ? demanda le beau blond.

— 4ème dragons.

— Ah oui ? Et c’est quoi, son nom ?

— Rodolphe.

— Rodolphe ! Ben ça m’étonne pas que t’aies envie de le photographier !

— Hein ? sursauta Kévin.

— Je suis aussi du 4ème, alors je le connais, le Rodolphe ! Et même… je pense que tu préférerais le prendre sous la douche qu’en uniforme ! Enfin, si j’me trompe pas…

— Ha ! fit Kévin, sidéré.

— Mais j’vois pas comment faire… Il est super sexy, tu sais ? Pour ceux qu’aiment les poils, évidemment ! T’aimes, toi ?

— Ben oui… mais pas que ça ! fit Kévin conscient soudain que le beau blond était peut-être une proie possible pour sa vibrante libido.

— Moi, j’en ai pas mal… mais ils sont fins et blonds, alors on les voit pas trop.

— Mais on peut les sentir, sous les doigts, ou… la langue, sans doute ? hasarda Kévin.

— Oh ! fit le militaire en plantant ses yeux bleus en ceux, noisette, de Kévin, tu… T’es gentil, tu sais ?

On se regarda bizarrement, soudain, et le garçon, François, murmura :

— J’aimerais bien te voir, après le défilé. On a quartier libre, et on repart chez nous, à Nevers, que dans trois jours, alors…

— Euh… Ben… Ben… Oui, oui ! Je reste là jusqu’à la fin.

— Merci Kévin, t’es… T’es beau.

Kévin frissonna. Car le mec qui venait de le complimenter n’était pas le tout venant, oh non !

À ce moment précis retentit un ordre, et François rectifia la position. Kévin était sous le choc de cette frêle déclaration : ce superbe et gentil dragon ?

On commença à entendre les haut-parleurs raconter leurs histoires, mais ceci n’empêcha pas ces jeunes gens d’échanger des regards complices… et peut-être émus.

Défilé, donc : Kévin ne vit point le beau Rodolphe, alors que François lui avait signalé les dragons, reconnaissables à leur fier étendard.

— Rien vu, dit Kévin.

— Moi non plus : il était de l’autre côté. Tu… m’attends toujours ?

— Oui, fit Kévin, le cœur battant soudain.

Kévin fit semblant de prendre des photos des régiments qui lui passaient sous le nez, mais… le cœur n’y était pas.

Il prit aussi le joli profil de François…

Le supplice prit enfin fin. Et le soldat lui déclara tout de go :

— Je passerais bien le reste de la journée avec toi !

— Mais…

— Sauf si tu veux que je te branche sur Rodolphe… qui a à Paris tellement de compagnes qu’il n’aurait pas assez de bras pour les égorger, s’il lui prenait envie de s’en libérer !

Kévin fit d’abord grise mine, mais… l’étincelante beauté de son dragon à lui, lui rendit quelque espoir.

Il accepta la proposition… sans se forcer, compte tenu de l’éclat du susmentionné militaire.

Dès que son beau dragon fut libéré, il le promena en quelques endroits touristiques du bord de la Seine, avant que le soldat lui murmurât à l’oreille :

— Je t’offre un sandwich grec, ou tu m’invites chez toi… pour papoter ?

— Euh… Oui, oui… Viens.

On fendit donc des bataillons de touristes, et l’on parvint rapidement chez Kévin, qui tremblait cependant un peu : certes, François n’affichait point de féroces allures ; au reste, il avait dû déposer ses armes devant sa hiérarchie avant de prendre ses aises.

— Tu sais, fit ce délicat garçon, je veux te forcer en rien : c’est déjà adorable de m’avoir invité chez toi, alors que tu me connais pas…

— J’en sais assez pour avoir confiance… et ne pas te voir comme un cosaque en fin de campagne et tentant de planter son poignard encore sanglant dans le ventre d’un pauvre moujik !

— Oh ! Si j’avais une arme à utiliser, ce ne serait pas pour t’éventrer, Kévin ! répondit doucement le blond garçon, avec un sourire qui fit chavirer Kévin.

Il y eut un petit silence, forcément. On baissa les yeux, mais Kévin avait sorti de son frigo une bouteille de vodka neuve… aussi sirota-t-on (!) en silence. Le dragon reprit :

— C’est chaleureux, chez toi, Kévin. Pas trop bien rangé, juste ce qu’il faut pour qu’on se sente à l’aise.

— T’y es chez toi, M’sieur le dragon !

— Alors… puis-je te demander l’autorisation… de prendre une douche ? Depuis ce matin…

— Tu es chez toi ! Et puis, je te l’aurais proposée aussi, parce que moi aussi, depuis ce matin…

Kévin disposait d’une petite douche à l’italienne qui pouvait bien accueillir deux soldats ensemble… Mais il parut que l’un ni l’autre de ces garçons n’osait proposer ce dont on avait pourtant envie…

On se regarda bêtement, avant que François déclarât :

— Dans l’armée, on fait pas de manières, alors on peut se doucher à deux, ou je te laisse la place, patron !

— Non… À deux, oui, fit Kévin d’une petite voix.

On vira donc tout, et Kévin sut qu’il aurait du mal à rester calme, quand il découvrit la superbe et musclée plastique de son dragon… effectivement délicatement couverte de fins poils blonds. Mais le mec déclara gaiement :

— Hep ! Toi aussi t’en as, des poils ! Et jolis, d’ailleurs !

Le garçon tendit alors la main vers la poitrine de Kévin, qui était recouverte d’une fine et sombre poilure. Mais il s’arrêta à un centimètre…

— Euh… Non, excuse-moi !

— Là aussi, t’es chez toi… fit Kévin d’une petite voix étranglée, et le cœur battant au plus fort.

Le dragon osa alors poser le bout des doigts sur la plate poitrine de Kévin, qui eut un immense frémissement. Il n’était pas puceau, non, mais… là, c’était autre chose : il était ému. Ô tyrannie de la beauté !

Comme son dragon, il banda sans façon. Mais pour l’instant, on n’en était qu’aux caresses pectorales… car François lui prit la main pour se la poser sur un de ses jolis tétons, vitement érigé.

Enfin… Enfin ! On se regarda dans les yeux. Nouveau frémissement de Kévin. Soudain, François le saisit en ses bras pour lui prendre aussi la bouche, fiévreusement.

Au moment de respirer, Kévin osa tout de même :

— On doit se laver, non ?

— J’aime te sentir… T’es si doux !

On se rembrassa donc, et longtemps. Autant vous dire que le contact rapproché de ces deux quéquettes leur fit de l’effet !

Mais on alla quand même sous la douche. Kévin avait connu de petites histoires, mignonnes, mais sans conséquences ; là il était devant le… possible.

Pas de faux-pas, surtout !

Il lui parut vite que le dragon était bien dans sa tête. Et il avait si forte envie de lui faire confiance ! Il s’abandonna sans réserve aux caresses, censées le savonner, de son nouvel ami, et… il fut prié de lui en donner autant.

On était en bel état, j’vous prie d’croire ! D’où advint qu’on ne perdit pas trop de temps à s’essuyer…

Vite sur le lit de Kévin, ces jeunes gens entreprirent de se connaître… vraiment.

Kévin trouvait François absolument magnifique, et François lui déclara carrément qu’il le jugeait sublime : fermez le ban !

La suite vous est devinable ; il parut cependant que François en savait un peu plus, côté technique, que le joli Kévin. Qui fut des apprentis le meilleur du monde !

Le matin fut tendre. François demanda, à mi-voix, si l’on pourrait se revoir…

— La garnison de Nevers n’est pas située en Sibérie, je crois ? répondit Kévin, enfin sûr de lui. Et les fils de France qui y vont servir ne sont sans doute pas perdus pour le pays, je pense ?

— Oh ! fit le beau François, stupéfait, je… Oh ! Je…

Étreinte émue, alors, vous pensez !

On passa alors aux choses sérieuses, entre grandes personnes. Enfin, Kévin eut sous le nez le plus joli des sillons, délicatement bordé de soie blonde, comme vous l’imaginez. Et comme vous le pensez aussi, il eut à cœur de l’explorer, par tous les moyens modernes… Sa langue, pour commencer.

Le moment fut d’une extrême douceur, et il m’est délicat de vous décrire ces instants… quoique.

Lors d’un moment… particulier, François déclara : « Je boute avant ».

— C’est quoi, ça ?

— La devise du 4ème dragons.[1]

— Alors boute, s’tu veux.

— Tu veux, toi ?

— J’te veux.

— Sûr ?

— Boute avant !

Ainsi fut fait. Kévin était puceau, qui aima drôlement ne plus l’être. Oh même qu’il en fut heureux !

Oubliés, les poils sombres de son espéré Lusitanien ! Les blondes douceurs de ce dragon-là lui ouvraient le ciel, pas moins !

Le bonheur acquis, on se posa. On causa doucement, bien sûr.

— Tu voudrais… suggéra François.

— J’espère.

— Nous… Nous deux ?

— Nous seulement deux, oui.

On se regarda de travers… mais François osa pourtant :

— Et Rodolphe ?

— Tu sais s’il est gay ?

— Je pense vraiment pas, non !

— Il te fait peur ?

— Il est tellement beau, lui !

— Mais, François ! Toi, tu… Enfin, tu… tu crains rien de lui, tu sais ? Toi, t’es… tellement plus…

— Oh…

Kévin hésita un instant, et proposa :

— On passe tout ton temps libre ensemble, tu veux ?

— Oh oui !

On fit l’amour tout le temps, comme bien vous pensez ; et le jeune Kévin, qui ne savait trop rien de la vie en découvrit soudain le côté le plus agréable…

***

Mais il eut la surprise de croiser le beau Rodolphe dès le lendemain, alors qu’il descendait chercher son courrier. Saisi, il bredouilla quelques mots incompréhensibles, à quoi Rodolphe répondit :

— Et si on prenait un pot, tous les deux ? Pas chez ma mère, évidemment, mais… t’accepterais que je t’invite chez toi ?

— Ou… Ou… Oui ! fit Kévin, figé.

— Je monte à midi pile !

Kévin remonta à toute vitesse et se saisit du fin François, qui était nu, depuis qu’il avait changé de quartier (avec l’autorisation de ses chefs, bien sûr).

— Pas grave ! Il doit bien savoir que je suis gay, même si on n’en a jamais parlé. Et c’est mon meilleur pote du 4ème, alors y va pas me casser la gueule ! Et puis… j’aimerais bien voir celle qu’il fera en me voyant ! On le reçoit à poil ?

— Euh… On va p'têt' pas en faire trop, dans un premier temps !

Après négociations, on convint de recevoir en débardeur… et boxer. Et François en eut pour son argent quand il vit la bouille effarée de son pote entrant dans le salon !

— Oh putain ! Mais qu’est-ce que tu fais là, toi ?

— J’t’avais dit que je dormais en ville… Eh ben c’est là !

— Mais… Tu… Oh !... Kévin ?

— On s’est rencontrés au défilé, et on a copiné.

— Ha ! fit un Rodolphe complétement dépassé… alors qu’il n’avait rien de la mauviette, ça non !

— Bon, j’vois que t’as apporté des munitions ! fit joyeusement François.

De fait, Rodolphe n’avait pas moins de deux bouteilles de crémant sous le bras.

— Tu peux virer le maximum, fais comme nous ! Vu le temps, t’attraperas pas une fluxion de poitrine ! goguenarda François, décidément content de la situation.

— J’ai rien en-dessous… avoua le beau Lusitanien, retrouvant le sourire.

— Nous non plus ! fit François en se déloquant… suivi dans la seconde par Kévin.

Et Rodolphe dut en faire autant, tandis que François faisait un clin d’œil discret à un Kévin sidéré par la rapidité de l’action. Ah ! Son dragon méritait bien le bâton de maréchal… qu’il possédait d’ailleurs déjà !

Il était magnifique, le Rodolphe ! Largement poilu, comme il le supposait, il disposait aussi d’un équipement que Kévin jugea… professionnel.

— Donc vous… fit Rodolphe, avachi les cuisses écartées dans l’unique fauteuil, tandis que François ouvrait l’une des bouteilles et servait dans les verres tendus par Kévin.

— On est en période d’essai, répondit François, en posant une main sur la fesse de Kévin.

— P’tain, j’y crois pas ! J’me doutais bien pour toi… mais pas pour Kévin !

— T’as tout le dossier sous les yeux, fit François en saisissant la quéquette de Kévin pour la décalotter doucement.

Kévin frissonna : qu’avait-il en tête, ce démon de dragon-là ? Sous le regard de Rodolphe, qu’il jugea égrillard, il se sentit croître doucettement. Tandis que chacun sirotait les bulles de Loire… comme de vieilles marquises faussement indifférentes.

Et il fut gêné de bander tout à fait sous les yeux du superbe Rodolphe, Kévin ! Mais François continuait la conversation, comme si de rien n’était :

— Tu me croyais pas en pension chez une poule de la commune, tout d’même ?

— C’est vrai que j’étais étonné… mais de là à te retrouver sous le même toit que ma mère ! Et avec un pote !

On aligna alors une belle tapée de phrases sans plus d’intérêt que ça… tandis que les trois quéquettes, dont deux armes de service, étaient sans peine arrivées au maximum de leurs possibilités mondaines.

François prit la main de Kévin pour se la mettre au meilleur endroit, tandis que le beau poilu se tripotait, l’air de rien.

— J’me suis longtemps demandé comment tu faisais, quand tu baisais, dit-il enfin… après qu’une belle lampée de bulle l’eut fait émettre un rot sonore (on pouffa).

— Tu sais maintenant que je bouffe pas de la chatte, pour commencer !

— Et après ? fit Rodolphe, l’air vraiment vicelard.

— Tu veux une démonstration ? Mais j’te préviens, y aura une participation aux frais !

— Et quoi ?

— Un p’tit truc en liquide…

— Bingo ! fit la belle bête en exhibant un des plus beaux engins que Kévin eût vus, même en zonant des nuits entières sur Internet.

Le ton était donné. Sauf que Kévin se voyait mal baiser devant le fils de sa concierge : on a dit qu’il ne le connaissait pas plus que ça, en fait. Mais pas moyen de reculer, d’autant que François venait de lui saisir la nuque aux fins de l’embrasser le plus bavouilleusement du monde…

La suite fut à la fois surréaliste et tellement humaine ! Les figures s’enchaînèrent comme au concours complet d’équitation — n’était cependant la taille des membres y engagés.

— Tu mouilles, soldat ! fit soudain François à Rodolphe.

— Mais je ne tremble pas !

— Sus ! cria François à Kévin… qui se méprit sur l’orthographe de l’ordre donné… et alla se jeter sur le chibre de Rodolphe… qui émit un long barrissement.

De fait, l’orthographe n’avait rien à faire en cette occurrence. Le rêve absolu : téter le beau Rodolphe ! Cependant que le grand blond allait pour une fois rester à l’arrière… le sien, qu’il traita de fort humide façon.

Or donc, la deuxième partie de la bataille s’engageait sous les meilleurs auspices, et les deux parties avaient tout lieu de s’en féliciter…

In fine, le rude et brun dragon pénétra les lignes adverses — mais non ennemies —, comprend qui peut !

Et ce fut sur le champ de bataille qu’on termina en fraternisant, et en attaquant… la deuxième bouteille, chaudement entremêlés sur le sofa.

— Désolé pour cet épisode de… harcèlement, fit François.

— Y a pas d’mal, dragon ! Qu’en pense le pékin ?[2]

Ah ! Que j’aime les militaires, j’aime les militaires ! chanta alors Kévin, à la stupéfaction des deux autres. C’est d’une opérette d’Offenbach ![3]

Caresses, alors. Rodolphe précisa :

— Longtemps que je voulais me faire un p’tit cul de pé… de gay, et… sympa, vraiment ! Mais je reste hétéro.

— Les hétéros ont le droit de prendre des vacances !

— On n’y manquera pas ! Et vous ?

— Ben, fit Kévin, on se connaît pas encore…

— …mais il nous reste deux jours de stage intensif, compléta François.

— Où je ne vous dérangerai donc pas, les mecs. Merci, en tout cas et… bonne chance !

***

— C’est mieux qu’une bague de fiançailles, ce que tu viens de m’offrir, François ! dit Kévin après le départ de Rodolphe.

— Et si c’était une alliance ?

C’en fut une, réellement.

Certes, François dut repartir à Nevers à l’heure dite… mais dès la fin de semaine suivante, il était dans un petit hôtel du centre ancien… où Kévin refusa même de visiter la splendide cathédrale, lui qui adorait pourtant l’architecture : on resta deux jours au lit, pour tout vous dire.

Et l’on craqua : on décida d’inviter Rodolphe à l’apéro… à condition qu’il apporte ce qu’il fallait… Comprend qui peut !

Mais Rodolphe saisit parfaitement la prescription, et ce fut là un instant charmant. Heureusement, le dragon avait eu l’idée d’enrouler la bouteille de bulles dans une couverture, afin qu’elle ne réchauffât point avant qu’on eût l’occasion de la vider… attendu qu’on vida d’abord d’autres choses, par priorité !

— P’tite affaire qui marche, non, les minets ? fit le beau poilu en partant.

— Oui, et… indirectement grâce à toi, fit Kévin : si j’étais pas venu au défilé pour te voir…

Là eut lieu un moment fort inattendu : cette belle bête de Rodolphe prit successivement la nuque de chacun des garçons et leur roula un patin des plus mouillés.

— J’vous aime, les mecs ! Et vot’ petit cul aussi !

C’est tout juste si l’on ne pleura pas sur le quai de la gare le dimanche soir… Mais des choses furent dites, qui semblèrent définitives.

On pouffa alentour, quand Kévin annonça qu’il était fiancé à un dragon… mais on ferma sa gueule quand on vit celle dudit militaire !

Aux dernières nouvelles, l’affaire a pris son rythme de croisière… et le seul iceberg qui se permette d’ébrécher ces jeunes gens… reste le beau sabre de Rodolphe.

« Je boute avant ! » s’écrie-t-il avant de le faire…

Louklouk 21. VII. 2020

[1]. Authentique. Le 4ème dragons a existé de 1667 à 2014. Sa dernière garnison fut à Marseille. Nevers est une invention de l'auteur.

[2]. Pékin : un civil, en argot militaire.

[3]. La Grande-duchesse de Gérolstein (1867).

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