Par delà ces terres gelées, nous attendons la fin

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Au delà de mes frontières, le vent se lève. C’est un vent froid, glacial, porteur de neige sur mes terres stériles. Nous ne résisteront pas à l’hiver, je le sais. Nous ne tiendront peut-être même pas jusqu’à ce que ce vent arrive.

Le dernier dragon est tombé. Il a succombé à la folie des Hommes. Cette bête immense ne réchauffera plus nos membres gours et nos âmes gelées. Il s’en est allé avec nos dernières bribes de foi, nos dernières lueurs d’espoir. Pourtant certains s’accrochent encore aux rêves passés. Je fais partie de ceux-là, mais même le plus doux des rêves ne peut atténuer l’implacable réalité. Ils se rapprochent toujours plus.

 

Au delà de mes frontières, le vent se lève. Oui, il s’est bien levé. Les armées qui le suivent font résonner leurs armures. Ils les frappent de leurs armes et les cris métalliques résonnent sur tout notre territoire. Leur rage et leurs voix rauques réclament notre sang s’entendent sur des lieux à la ronde. Bientôt nous ne seront plus. Il n’y a plus d’espoir de retraite, plus de possibilité de fuite.

Qu’avons-nous fait sinon vivre ? Naître est-il donc un crime si terrible pour que les Dieux maudissent jusqu’à la terre que nous foulons ? Oui, sans doute. Nous le savons tous maintenant. Les enfants sont déjà endormis, leurs mères serrent leurs corps froids contre leurs seins mais aucun de s’est encore réveillé.

Je suis leur Amrä, leur maître. Je devrais leur apporter une réponse, je devrais les rassurer. Mais même mon rêve s’étiole à mesure que les rafales se rapprochent de mes terres. Combien succomberont avant qu’elles ne soient là ? Une grande partie sûrement. Les sols ne produisent plus rien, le bétail est mort. Survivre maintenant me semble bien vain.

 

Au delà de mes frontières, le vent se lève. Il sera bientôt là et les miens ne sont plus qu’une poignée de corps désarticulés. Je vois le désespoir dans leurs yeux, la haine dans leurs cœurs. Ils me tiennent pour responsable. Ils ont surement raison. Ma foi m’a abandonné depuis longtemps, depuis qu’ils sont morts. Mais leurs yeux vides me fixent toujours.

Le vent s’est levé. Il a parcouru toutes nos terres jusqu’à nous trouver. Ses bourrasques nous ont apporté l’hiver. Nous n’avons pas tenus jusqu’à ce que le vent arrive. Les Hommes ont suivis peu après, faisant craquer le sol sous leur poids. Ils ont fouillés mes terres, les cavernes et les fleuves de glaces. Ils n’ont rien trouvé.

Rien que des corps vides de vie.


Au-delà de mes frontières, le vent s’est tu. Enfin.

Maintenant nous pouvons dormir.

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