Chapitre 5

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Le lendemain matin, après avoir fait tourner et tourner cette idée dans ma tête, je me rendis compte de deux choses: la première, à ce rythme je n'aurais plus d'argent d'ici deux semaines, la deuxième, j'étais lessivée de l'avion. Puis, la merveilleuse et saugrenue pensée me vint à l'esprit d'y aller en train. Mais réfléchis Alex, dans quel putain de monde vis-tu? Celui des bisounours, répondis-je à ma petite voix interne. Ah, il me semblait bien aussi!

Prendre le train, pourquoi pas. Mais prendre le train pour aller de New York, nord-est des États-Unis, jusqu'en Arizona, sud-ouest? Quelle mouche m'avait piquée pour penser que je supporterais ce long voyage, changeant presque tous les jours de train? Mais alors, prendre l'avion était-ce une si mauvaise idée? Pas très écologique, certes.

Ma tête était sur le point de défaillir quand je décidai de m'octroyer deux ou trois jours pour mieux y réfléchir. Trois jours pour trouver une solution. En attendant que ces trois jours passent et que je doive tous faire à la dernière minute, je me détendis. Je posai mon ordi sur mes genoux et l'allumai, trente-deux emails apparurent soudainement. Mmmh, FLEMME. Trions ceux qui à première vue paraissaient pertinents. Pub, pub, spam, bla, bla...

Catherine Herchel, au secours, maman en approche! Je fermai les yeux en appuyant sur l'émail, de peur qu'il m'explose à la figure:

Coucou ma chérie,

Nous avons parlé avec ton père et je ne comprend pas les raisons de ton départ. Ton père dit que tu deviens une femme et que tu as besoin de prendre un peu tes distances, de t'envoler du nid, comme il dit, mais je ne vois pas comment, ici, à Paris tu pouvais demander plus de liberté. Á propos, ton frère va être libéré la semaine prochaine. Je n'arrive pas à savoir si c'est une bonne ou une mauvaise nouvelle. Enfin bon, répond à mes appels, j'aimerais pouvoir discuter de vive voix avec toi et qu'on parle aussi de ton retour.

Je relus le mail jusqu'à en avoir mal au crâne. Bon sang... elle voulait parler de mon retour, mon retour? Qu'est-ce qui clochait chez elle? J'étais partie sur un autre continent dans l'espoir de refaire ma vie, de m'éloigner de sa mauvaise influence, de son indifférence blessante, et elle voulait parler de mon retour?
Mes mains brûlaient de lui répondre deux ou trois insanités bien placées, mais je me retins de créer une hécatombe.
Je m'obligeai donc à respirer de l'air en grande quantité. Mes doigts flottèrent un instant au-dessus du clavier avant de me mettre à la tâche.

Bien...
Je ne sais pas quoi te dire, maman. Je pense que tu seras déçue de savoir que je ne compte pas revenir à Paris. J'ai de bonnes raisons d'être partie et je n'ai plus rien qui me retient là-bas. Papa a accepter mon départ et tu devrais en faire autant. Pour Léo, dis lui que je l'aime et qu'il faut qu'il vienne me voir.
Prenez soins de vous.

Alex.

J'appuyai sur envoyer. Mes yeux restèrent figés un instant sur le petit logo qui tournait.

Je me levai et marchai en direction de la fenêtre, de là où je me trouvai, je pouvais voir les gens passer. Chacun marchant à une allure différente, chacun ayant une façon différente de regarder le monde autour d'eux. Je restai à observer cette civilisation qui m'était parfaitement étrangère plus d'une heure.

*

A la fin des trois jours, j'avais trouvé quelqu'un qui voulait bien m'emmener de New York jusqu'à Washington DC, le tout à petit prix. Je n'avais jamais rien fait d'aussi insensé: faire confiance à un parfait inconnu. Mais ma nouvelle vie signifiait également nouveaux risques, j'étais prête pour ça.

Le rendez-vous avait été fixé a 9h devant un hôtel de la 5th avenue. Ma valise devant moi, j'attendais impatiemment que la personne arrive. Je ne savais pas grand chose d'elle, sauf que c'était une femme d'à peu près mon âge, quoiqu'un peu plus âgée, qu'elle s'appelait Lena et que son voyage était dans le but d'aller voir de la famille dans la capitale. Je ne savais même pas à quoi elle ressemblait et je me rendis compte à cet instant que cela compliquerait probablement sa reconnaissance.

Contre toute attente, ce fut elle qui me reconnut la première et m'adressa un sourire qui illuminait son magnifique visage. Elle se présenta et me fit signe de la suivre. On marcha une bonne quinzaine de minutes avant d'arriver à sa voiture. On parla tout du long et elle, j'en suis sûre, put apprécier mon horrible accent français. Je n'avais jamais aimé l'anglais et encore moins l'américain mais il faut dire qu'il était très utile dans la vie, surtout quand on voyageait comme moi. Sa voiture était assez petite mais paraissait confortable. J'ouvris la porte côté passager et m'installai.

Le trajet fut agréable, il faut dire qu'Emily était du genre loquace, ce qui m'arrangeait. Je préférais amplement écouter la vie des autres plutôt que d'étaler la mienne. Emily avait énormément voyager, vagabondant d'un pays à l'autre, s'arrêtant là où bon lui semblait, libre. J'avais toujours rêver d'être ainsi, libre et insouciante. Mais depuis petite je me souciais plus du bonheur des autres que du mien. Je ne sais pas et je n'avais jamais su comment me faire plaisir sans réfléchir aux conséquences, sans réfléchir à l'impact que mes actes auraient sur mon entourage. Je n'osais rien, jamais. Puis, m'était venu cette envie pressante, presque obligatoire de partir. Et voilà où je me trouvais, à combattre mes démons internes qui me poussaient à prendre un billet retour et m'excuser de ce comportement que moi-même je ne reconnaissais plus. Pourtant, à l'idée de revoir ma mère, un frisson me parcourut le dos. J'avais peut-être peur de ne pas pouvoir lui tenir tête si j'avais ses yeux rivés sur moi. Peut-être, oui. Je l'admet. C'était d'ailleurs pour cette raison que je ne prenais pas ses appels. Lâche. Certes.

Emily me sortit de mes pensées en arrêtant la voiture sur un petit parking.

—Et voilà! On est arrivées à Washington DC! s'écria-t-elle.

Je levai la tête et pus apercevoir qu'elle disait vrai. Les buildings de New York avaient été remplacés par des immeubles hauts, sans pour autant pouvoir être qualifiés de gratte-ciels. L'ambiance ici était nettement différente, comme si nous avions changé d'univers. Il y avait toujours ce même comportement propre aux habitants de big city comme celle-ci, pourtant l'air qui y régnait semblait différent, magique.

Je descendis de la voiture, donnant à ma conductrice l'argent que je lui devais et lui fis un petit signe de tête pour la remercier de ce voyage.

Une bonne chose de faite. Je me retrouvais donc dans la capitale, suivit par ma valise bordeaux, ne sachant pas exactement ce que je devais faire à partir de cet instant. Je me dirigeai vers un petit café d'angle de rue et pris un milkshake à la fraise. Je réfléchis. Mon but était d'atteindre l'Arizona et je me retrouvais à plusieurs millier de kilomètres de ces étendues désertiques.

Je sortis mon ordinateur portable et commençai à chercher la façon la plus courte et la moins onéreuse possible. J'étais absorbée par les chiffres exorbitants qui s'affichaient sur mon écran, quand je sentis une présence à côté de moi. Je levai la tête, et vis un jeune homme, peut-être un peu plus âgé que moi, sirotant tranquillement mon milkshake, comme si c'était la chose la plus normale et naturelle qui soit. Je lui lançai un regard outré qu'il évita soigneusement en restant concentré sur son téléphone. Bon sang, il voulait que je m'énerve?

Je me raclai la gorge bruyamment.

—Mm? eus-je comme seule réponse.

—Tu t'es peut-être un peu perdu non?

—Non, je sais absolument où je suis.

Je m'étouffai quand j'entendis son égo surdimensionné. Je regardai mon verre avec un dégoût nouveau, m'imaginant le nombre de bactéries que j'ingurgiteraient si mes lèvres rentraient en contact avec... avec ce... cette chose. J'en frissonnais.

Je l'entendis rire et me tendre le milkshake comme si j'avais gagné une victoire. Ah oui, quelle victoire! Je repoussai le verre vers lui, lui donnant l'autorisation complète de finir ce pour quoi j'avais payé.

—T'es un peu coincée, toi non?

Hello! Alors vous aimez la tournure que prend ce voyage? Merci pour l'attente à ceux qui ont attendu, mais j'ai une excellente excuse: la rentrée! De plus, j'ai quelque soucis liés à cette fameuse rentrée donc encore désolée. J'essaierais d'être un peu plus régulière par la suite!

@EvaGuilavet

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