Chapitre 3

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Mes doigts pianotaient sur mon clavier. Tic, tic, tic, tac. Bon, il serait peut-être temps que je fasse une pause. Mes yeux se décollèrent de mon écran et regardèrent à ma gauche. Eau. Eau. Eau à perte de vue. L'immensité te faisant sentir si petit, tellement petit, jusqu'à en devenir insignifiant. Moi, insignifiante. Insignifiante et probablement inutile. 

Mes jambes étaient lourdes et courbaturées. Il n'était que 22:00, horaire Paris, évidemment. Bon sang, qu'est-ce que j'aurais voulu pouvoir dormir. Jamais, je n'arriverais ne serait-ce qu'à rester immobile plus de trois minutes. L'adrénaline quittait peu à peu mon sang. Tellement lentement que c'en était décourageant. J'avais commandé un café, s'il fallait que je reste éveillée autant l'être à deux cents pourcents. Si mes calculs étaient juste je devais arriver vers 22:30, heure de New York. Je n'avais jamais fait de voyage en dehors de l'Europe, mais j'avais un minimum de jugeote pour savoir que j'allais être claquée, une fois là-bas. Me laissant aller dans mes bancals projets d'avenir, je fermai les yeux. La vieille dame, assise à ma droite, rit doucement.

—Rassurez-moi, chuchota-t-elle, vous n'essayez tout de même pas de me faire croire que vous vous êtes assoupie?

—Mhm? grommelais-je, mécontente d'être ainsi dérangée dans mes sombres pensées.

Elle continua de rire et posa sa main sur ma jambe, comme une marque de tendresse.

—Reposez-vous, ma chère et surtout ne réfléchissez pas trop, ça ne vous va pas.

J'avalai de travers et ouvris les yeux ronds. Qu'avait-elle dit? Que réfléchir ne m'allait pas? A moi? Moi, qui avais passée ma vie à être considérée comme la sauveuse si on n'avait pas révisé? A me prendre des vannes d'intello? Des sous-entendus? Je m'étouffai et la dame rit un peu plus fort. 

—Bon sang, marmonnai-je, ne me faites plus de commentaires pareils si vous ne voulez pas que je m'étrangle et que je meurs.

—Boff, dit-elle, je ne vous connais pas, donc, que vous mourriez m'importe peu. Et puis en plus ça, me ferait de la pub. Je deviendrais mondialement connue. C'est tout à mon avantage.

—Vous oubliez que vous iriez en prison pour homicide volontaire. C'est vous qui m'avez tuée. 

—Un point pour vous! Allez dormez, vous avez l'air d'être fatiguée.

—Vous vous trompez, je n'arrive pas à dormir.

—Ah, je connais ce regard, quelque chose tourne en boucle dans votre tête. N'est ce pas?

Je baissai les yeux sur mes mains que je tordais à cause du stress. Pouvait-on si facilement lire en moi?
Je me demandai un instant pourquoi j'étais en train de parler avec une vielle dame à 22:30, alors que j'aurais du continuer de réfléchir à mon putain de pourris d'avenir de merde. J'avais fugué et je ne savais ni où j'irais ni quand je reviendrais, ni même si je remettrais mes petits pieds taille 38, à Paris. Ma vie était désormais un véritable fiasco et je ne pouvais plus revenir en arrière. 

—Oui, quelque chose tourne en rond dans ma tête, ma vie. Je viens de la foutre en l'air en venant dans cet avion.

—Alors pourquoi êtes-vous venu? fit-elle avec une lueur de malice dans les yeux.

—Je ne sais pas, sur le moment ça m'a paru être une bonne idée et puis... et puis, je n'en pouvais plus de Paris. Il y avait trop de mauvais souvenirs. J'avais l'impression de rater quelque chose si je restais là-bas, donc... je suis venu à l'aéroport et j'ai pris le premier avion vers un endroit où je n'étais jamais allée. Soi-dit en passant, ce n'était pas très difficile à trouver, étant donné que je ne suis jamais sortie de France, je respirai un bon coup et sentis un nœud au fond de ma gorge, mais maintenant, je crois que je regrette. J'ai laissé mon père et mon frère.

Mes yeux commençaient à piquer, alors je clignai fort dans l'espoir d'oublier ces gouttes qui se formaient déjà. La dame se racla la gorge et je tournai ma tête dans sa direction. Derrière elle, presque tous les passagers dormaient. Certains avec des masques de nuit, d'autres avec des écouteurs, d'autres encore, sans rien, juste les yeux fermés. La chance!

—Et bien, les sentiments que tu ressens maintenant, elle s'arrêta un instant ce qui me permis de m'apercevoir qu'elle m'avait tutoyée, ils sont vrais, mais ils sont aussi alimentés par ta nervosité. Le choix que tu as fait, tu l'as fait parce que cela faisait longtemps que tu étais à bout, parce que tu te rendais compte que Paris n'était peut-être pas la ville qui te verrait murir. Je me trompe de beaucoup?

Je secouais la tête doucement. Elle avait juste sur toute la ligne. Paris avait vu mon enfance et mon adolescence, mais je refusai qu'elle voie aussi le reste de ma vie. 

—Vous avez raison, il faut que j'essaie de dormir un peu sinon demain je serais un véritable légume.

Elle sourit et cala sa tête sur son dossier de chaise, je fis de même.

Alors que j'allais m'endormir, je dis tout bas: "merci". Je ne sus jamais si elle me répondit ni même si elle avait entendu ce que j'avais dit. 

*

A mon réveil, nous étions au-dessus de l'Atlantique à quelques minutes des côtes américaines. Il était 21:30 à New York, ils nous restaient donc un peu moins d'une heure de vol. Ma voisine dormait profondément. Je jetai un coup d'œil aux autres passagers. La plupart étaient endormis, mais certain discutaient ou plutôt chuchotaient entre eux. J'ouvris mon ordinateur et commençai à rédiger quelques bricoles. J'étais en plein dans un immense projet: écrire un livre! Mes années d'université m'avait essoufflée, mais elles m'avaient également appris pas mal de choses. 

Cela faisait plus de cinquante minutes que mon attention était rivée sur mon clavier quand j'entendis le pilote dire qu'ils amorçaient la descente. Enfin! L'atterrissage fut un peu trop brutal à mon goût, mais j'y survécus aisément. 

A la sortie de l'avion, je remerciai une dernière fois la vieille dame qui me parut un peu étrange et me dirigeai vers ce qui me semblait être un taxi. 


Hello!!!!!!!!!! J'espère que vous allez tous bien. Je faisais juste un petit commentaire pour vous remercier de lire et liker mon histoire, ça fait vraiment très plaisir. N'hésiter surtout pas à mettre des commentaires et à partager. Merci encore!

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