Idéal illusoire

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C’est lors d’une nuit mouvementée, où j’entendais les tintements des oubliés d’une vie monotone que je découvris l'intérieur d'un sorte de bâtiment épuré, dans lequel je fis la connaissance d'une femme aux traits asiatique, enfin plus précisément chinois ou japonais, je ne sais plus réellement.

Lorsque j’essayais de dépasser l’étendue de la brume qui me servait de vision, l’entité face à moi se mit à briser l’interlude par sa charmante élocution.

Elle semblait fragile comme une œuvre d’art et blanche, comme une femme d’un autre éloignement.

Munie d’une pâleur étincelante et de pommettes slaves d’une couleur écarlate. Elle avait autour de son cou un pendentif tenant au bout de sa corde une ancre.

Nous échangeons plusieurs mots, elle était drôle, fébrile tout en étant d’une pureté unique.

La discussion fut vite interrompue quand tout d’un coup un fil fit son apparition de nulle part, c’est ainsi qu’on décida de se mettre à jouer avec ce dernier comme le feraient deux jeunes chats sans aucune raison. Celui-ci se mettait à rétrécir plus on jouait avec, jusqu’à même disparaître entièrement, laissant place à un silence oppressant.

Celui-ci avait eu comme effet d’assoupir le brouillard flottant autour de sa silhouette. Je pus enfin voir à qui j’avais à faire réellement. C’est ainsi que je me rendis compte réellement du charme que la femme que j’avais en face de moi émettais à l’intérieur de ma coquille vide.

Quand j’admirais ces magistraux yeux verts, cela me rappeler une vie lointaine où je rêvais naïvement encore d’une vie utopiste.

Une vie où l’homme de la société ne serait pas qu’un simple esclave moderne, une société où on n’imposerait pas aux jeunes une formation pour devenir une banale photocopie faisant accélérer les rouages d’un quotidien funeste, car ici, c’est suivre les normes ou crever.

À ce moment précis ce fut la révélation, le déclic dans ma tête comme une prière en attendant son passage au couloir de la mort, ce moment où on cherche une dernière issue malgré le coup de grâce inexorable.

De ma pauvre main incertaine, je me mis à caresser son visage en lui sortant de ma voix tremblante :

‘’Tu ne repars pas, n’est-ce pas ?’’

Elle ne répliquait pas, le silence devenait de plus en plus envahissant.

Elle semblait être préoccupée, je le remarquais dans un regard qui ne m’étais pas nouveau, un regard ralliant la joie et l’appréhension en un seul et unique élément, ce regard incertain qu’elle me lançait.

Comme si une personne de ma famille me revoyait après de nombreuses années et me souriait niaisement pour mieux me poignarder déloyalement.

C’est alors que mon ouïe se mit à céder à la folie, devenant accouphénique, m’absorbant doucement par l’arrière, de manière à me faire retourner d’où je viens, c’est-à-dire dans un gouffre sans fin, à l’abysse de moi-même.

Tandis que la porte derrière moi s’ouvrit brusquement, brouillant pour de bon ma vision.

J’y tentais mon dernier cri d’agonie une fois la moitié de mon corps à l’intérieur du noir :

‘’Moi, je veux rêver, bon sang ! J’en peux plus de ces blessures ne cicatrisant pas vraiment…Bon sang, reste avec moi…’’

Cette femme où tous se déroulent trop bien pour être vrai, elle qui semblait être l’idéal. Nous préférions souvent choisir cette option, celle qui cache la réalité.

Elle était trop fragile pour une société où les rêves d’enfants n’ont pas leur place, une société où les chiffres comptent plus que tout le reste.

Suite à cela, j'étais à l’intérieur d’une pièce qui m'était consacrée. Cette piaule enfermée sur elle-même, ne laissant place à aucun rayonnement. À part celui dérobant des barreaux qui était éclipsé par la silhouette d’une femme. Celle qui a la peau pourrissant et le crâne décomposant qui l'affectait. Celle qui me murmure le soir certaines obsessions immorales que j'écoutais avec conviction. J'étais devenu son adepte, puisque qu'elle était la seule à me comprendre.

‘’Se réveille’’

‘’Prends son verre.’’

‘’Tchin’’

‘’A mon mal-être…’’

‘’… Et à celle que je compte bien revoir après quelque verre…’’

Inconnu : ‘’Qu’est-ce qu'il dit encore lui.’’

Autre inconnu : ‘’C’est vraiment un cas désespéré, laisse tomber. Il est là tous les soirs après tous.’’

Regardez-moi tous ces enfoirés avec leurs discussions stériles de citoyen modèle alors que moi, je m’étais simplement assoupi au comptoir de ma mort.

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