Un étrange tour du monde

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Type: Nouvelle sans chute (récit de voyage)

Longueur: 1298 mots

NB: Cette nouvelle étant un devoir de français pour le collège, je l'ai un peu bâclée (manque de place, peut-être). Certains éléments vous paraîtront donc irréalisables, incertains ou précipités... en tout cas, inadaptés au style de vie du XXIème siècle! Le sujet se résumait ainsi: "Mail de rentrée - après avoir connu l'épanouissement et le bonheur dans votre "futur idéal", vous vous lassez de la célébrité et décidez de tout plaquer pour faire le tour du monde. Vous décrirez également les relations nouées, les personnes rencontrées, et les changements que cela a apporté à votre avenir."

Un étrange tour du monde

Tout allait pour le mieux dans ma vie, et cela depuis que j’avais signé mon premier contrat chez Gallimard. Je vivais assez aisément de l’écriture et, cloîtrée dans mon bureau faisant face à l’océan, je m’étais mise à rêver de voyages extraordinaires pour tromper ma solitude. C’était arrivé très soudainement et je m’identifiais à mes personnages de plus en plus souvent, débarquant sur des îles paradisiaques ou attaquant des corsaires terrifiants. Ce fut en pleine rédaction de mon dernier roman, Vie et mort du Capitaine Sirkis, que je me posai une question existentielle : pourquoi ne pas vivre ce périple à la place de mes protagonistes, et surtout en faire mon aventure ?

Le lendemain, ce fut avec un certain empressement que je bouclai mes bagages. J’avais ainsi réuni tout ce dont j’avais besoin pour mes voyages, à savoir des piles de vêtements et des livres de poche, tous choisis par mes soins. J’emportai également mon précieux manuscrit, dans lequel m’attendaient les aventures du Capitaine Sirkis et de ses compagnons de fortune, puis je pris la direction du salon. J’informai très rapidement Valentine, ma meilleure amie, sur la durée de ce périple. Je fus peinée de la quitter ce jour-là, autant que Murphy, mon chat oriental, laissé aux bons soins de ma colocataire. Lorsque je passai la porte de la maison, Valentine m’adressa un triste signe de la main avant de me voir disparaître par le petit portillon.

Je passai la soirée dans la seule taverne du port. Les marins buvaient et chantaient comme d’ignobles pochetrons et j’eus un mal fou à me faire respecter. Ces énergumènes n’avaient apparemment jamais vu une femme entrer dans ce genre d’endroit, si ce n’était pour s’occuper des tâches ménagères. De toute manière, je n’avais pas passé la porte de cette taverne de débauchés dans l’idée de me faire des amis. Je cherchais un marin respectable, capable de me faire faire la traversée de l’Atlantique comme clandestine. Oui, j’aurais très bien pu prendre un avion, mais j’avais réellement envie d’aventure, de partir sur un coup de tête. Quelle fut ma surprise lorsque, assis à une table retirée, j’entendis un homme me dire :

« Que faites-vous, chargée de tous ces bagages ? Vous cherchez un bateau ? »

Je me retournai vivement pour faire face à un marin d’une quarantaine d’années. Ses cheveux blonds étaient raides, étonnamment électriques, et retombaient sur des yeux vairons.

« Quelle est votre destination ? demandai-je en prenant place à côté de lui. »

Je pus alors remarquer que ses yeux n’étaient pas vairons, mais bien bleus, et que sa pupille gauche était entièrement dilatée. Je n’avais aucune idée de la raison pour laquelle un seul de ses yeux était touché par ce phénomène.

« Nora Arteaud ? questionna-t-il en me regardant de plus près.

— En personne, répondis-je.

— J’ai lu bon nombre de vos livres.

— Je suis ravie de l’apprendre. Quel est votre nom ?

— David Jones… mais appelez-moi David. »

Nous embarquâmes le lendemain pour l’Amérique latine dans un vieux bateau de marchandises. Je fus placée dans la cale, où m’attendaient un matelas, des couvertures et un ancien nécessaire de toilette, ce qui équivalait à une carafe d’eau et un gant rêche, rien que cela. David m’informa qu’il me ferait passer à la douche lors des repas des marins, de sorte qu’ils ne doutassent pas de ma présence injustifiée. Puis, il me dit qu’il me rendrait visite toutes les deux heures pour s’enquérir de mon état de santé, ce qui ne me laissa pas indifférente… longtemps il resta à discuter, dans la froideur de la cale, me racontant ses exploits de jeunesse et narrant ses plus beaux voyages. Je m’attachai rapidement à lui et, à mon grand étonnement, il commença à douter de mes sentiments. Le sixième jour, il m’embrassa vaguement avant de me quitter et je ne pus fermer l’œil de la nuit.

Le reste de la traversée ne se passa pourtant pas comme prévu, car un des marins remarqua ma présence le septième jour et fit passer l’information à tous ses camarades. Le capitaine demanda alors de plus amples renseignements et déclara qu’il ferait débarquer le coupable au prochain port. Il fut donc convenu que l’on nous lâchât, David et moi-même, à la Havane, où nous serions laissés démunis et sans un endroit où dormir.

Ce qui devait arriver arriva et, malgré nos protestations, nous nous retrouvâmes à errer dans le port cubain, les mains dans les poches. Finalement, nous demandâmes notre route à un grand cubain d’une vingtaine d’années, et cela sans savoir qu’il nous sauverait la vie. José - c’était son nom - nous hébergea pour la nuit et nous informa que son père était encore au travail. Ce dernier exerçait la profession de pêcheur et était en possession de plusieurs navires. David et moi nous endormîmes tous les deux, serrés l’un contre l’autre, avec l’espoir qu’il nous prêtât un de ses bateaux.

Nous fûmes réveillés par une dispute éclatant au rez-de-chaussée. José s’expliquait avec un homme plus âgé qui m’avait tout bonnement l’air d’être son père. Ce dernier nous salua, mais son fils le prit par les poignets et le supplia :

« Papa, s’il te plaît ! Prêt-leur ce bateau !

— Et pourquoi le ferais-je ? demanda-t-il.

— On les a fait débarquer de force et ils n’avaient nulle part où aller ! Si tu n’as pas confiance en eux, je les accompagnerai. »

Ce fut ainsi que José nous emmena faire le tour du monde dans un des vieux bateaux de son père, pris d’une envie de voyage. Une fois sortis du port, nous prîmes la direction de l’Amérique du Sud et nous nous arrêtâmes en Guyane et en Argentine. Nous passâmes, quelques semaines plus tard, le Cap Horn, et nous mîmes les voiles pour la Polynésie. Un mois passa sans que notre embarcation quittât l’océan Pacifique, et ce ne fut qu’au mois de septembre que nous aperçûmes les côtes japonaises.

Nous fîmes ensuite le tour de l’Asie, de Bangkok à Jakarta, et les pages de Vie et Mort du Capitaine Sirkis commençaient à se remplir, lentement mais sûrement. José semblait fatigué et nous l’arrêtâmes quelques semaines plus tard au Kenya. Le Capitaine, quant à lui, écumait toujours le Pacifique en compagnie de tous ses pirates, et je m’attardai longtemps sur cette partie du roman. Le premier décembre, après avoir confié notre bateau à un marin, nous fûmes accueillis par deux chaleureux kenyans francophones, Jean et Massalia. Ce ne fut que trois semaines plus tard, la veille de Noël, que nous planifiâmes notre départ, mais une belle surprise me fit définitivement oublier son importance. En effet, après avoir passé la soirée dans le salon décoré de nos hôtes, David me demanda en mariage. Je ne sus quoi répondre, mais mon cœur le fit pour moi, et ce fut dans une confusion totale que je chuchotai un « oui, j’accepte. Joyeux Noël. »

Ainsi se termina l’histoire de cet étrange tour du monde. David et Jean étaient devenus de très bons amis, et j’en avais fait de même avec Massalia. Nous décidâmes de nous installer au Kenya pour rester en contact direct avec eux. José, de son côté, reçut un appel de son père qui lui ordonnait de lui ramener le bateau. Il repartit donc pour Cuba, triste à l’idée de nous quitter si brutalement, mais il nous promit qu’il nous enverrait des lettres une fois rentré.

Vie et Mort du Capitaine Sirkis parut deux mois plus tard, mais je réservai ma joie pour un tout autre évènement. J’avais invité Massalia, Jean et même Valentine – qui fut très émue de me revoir – à notre mariage, David et moi. Celui-ci se déroula de façon traditionnelle, parmi les guerriers Masai, et il nous promit enfin un amour éternel.

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Table des matières

En réponse au défi

BRADBURY CHALLENGE 2017 - 2018 semaine 46/52

Lancé par korinne

Bonjour à toutes et tous !

Reprenant le principe d'écrire une nouvelle par semaine, et ce sur une durée d'un an, nous vous proposons le défi de cette semaine !

— rédiger une courte nouvelle, avec ou sans chute , 1300 mots maximum (soit moins de 5 minutes de lecture) ;
— durée 7 jours, vous postez quand vous voulez jusqu'au septième jour inclus ;
— date de cette semaine : du lundi 23 juillet au dimanche 29 juillet 2018 inclus ;
— sujet : libre !

Pour en discuter toutes et tous ensemble, c'est là :
https://www.scribay.com/talks/17270/bradbury-challenge-2017--2018-vous-etes-toujours-la--"

Ce challenge a démarré le 11 septembre 2017, pour accéder à toutes les nouvelles classées par semaine, rendez-vous dans les listes de lectures de ce compte :
https://www.scribay.com/author/727823185/nouvelles--rbradbury--2017---2018"

Bonne écriture tout le monde !

Commentaires & Discussions

Un étrange tour du mondeChapitre1 message | 5 ans

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