Hugo entendit au loin le chant des oiseaux. Il était allongé, et ne sentait rien d'autre que l'herbe qui lui chatouillait le visage et la paume de ses mains. Son esprit commençait lentement à refaire surface et il réussit à entrouvrir les yeux, pour les refermer aussitôt, tant la lumière lui parut forte. Le soleil ? Comment était-ce possible ? Il faisait nuit quand il avait quitté...

Ce début de pensée fut comme une bombe dans son cerveau, et Hugo se releva d'un bond. Il se trouvait dans une forêt, il reconnut ce sentier qu'il avait quitté il y avait si longtemps.

"Oui ! hurla-t-il de toutes ses forces, les bras dirigés vers le ciel. Je suis de retour ! De retour ! On ne se débarasse pas de moi éternellement, monde !"

Instinctivement, il chercha une main qu'il pensait trouver à côté de lui, pour prendre dans ses bras et embrasser la personne qu'il avait appris à aimer le temps qu'il avait passé loin d'ici. Mais alors que sa main cherchait dans le vide, Hugo se rappela. Il était revenu seul. Tristement seul. Désespérement seul.

Il tituba et se retint à un arbre pour éviter la chute. L'idée de revenir parmi les siens l'avait tellement obnubilé qu'à aucun moment, il n'avait pensé que ce retour pourrait être entaché de quelque façon que ce soit. Mais voilà, ce monde lui paraissait bien fade, maintenant qu'il réalisait qu'il y vivrait sans elle. Il s'assit au pied du hêtre et se passa la main sur le visage. Une boule lui serra la gorge.

De longues minutes s'écoulèrent avant qu'il ait le courage de se lever et de suivre le sentier qui le mènerait à cette civilisation qui lui avait tant manqué. Il allait retrouver le confort d'une maison alimenté en électricité. La télévision. Une voiture. Des vêtements neufs. La sécurité ! La vie n'allait plus être une lutte de tous les jours !

Et pourtant... Et pourtant.

Il savait qu'il ne la reverrait plus. Elle n'était pas morte, mais c'était tout comme. Il aurait tant donné pour pouvoir toucher sa main une dernière fois.

Ses pas le menèrent à la sortie de la forêt, et il aperçut la ville au loin, débordante de vie. Il ferma son esprit et continua de marcher.