La nouvelle élève

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Elle s’installa, seule à une table, discrètement au fond de la classe. Le cours se passe normalement, Mr Pélope criait sur les élèves qui ne connaissaient pas leur cours et je lui servais de référent en mythologie grecque. L’heure d’après était consacré aux sciences de laboratoire, mais la venue de Mary avait contraint Mme Stannum a reporté son contrôle. Par conséquent, elle nous donna une expérience à faire et je me retrouvai en binôme avec la nouvelle.

Elle ne parlait pas beaucoup, donc j’ai entamé la conversion à la fin du cours.

« -Salut Mary, je voulais te souhaite la bienvenue ici, dis-je en tendant la main vers elle.

-C’est très gentil à toi Léo Curtis mais je n’ai besoin de personne, répondit-elle en sortant précipitamment de la salle.

-Mais comment connais-tu mon… » Trop tard, elle était partie.

Comment pouvait-elle connaitre mon nom ? Personne ne lui avait dit pourtant. Bon, c’était étrange. En rentrant à la maison, je croisais nos voisins en voiture. Malheureusement, ils m’annoncèrent qu’ils venaient de déménager car ils avaient trouvé un emploi à Charleston en Caroline du Sud. Ils ont ajouté en disant qu’en revanche que leur maison ne resterait pas longtemps vide car les nouveaux occupants s’installaient déjà. Je les remerciais en leur souhaitant une bonne continuation dans leur nouvelle vie et je me dépêchais de rentrer pour faire la connaissance avec nos voisins. En arrivant devant notre maison, je vis un camion de déménagement devant. Je le contournai et vis une jeune fille en train de porter, complètement cachée derrière. Je lui proposai mon aide, elle accepta. C’est au moment où je les ai récupérés que je vis que c’était elle : Mary.

« - Encore toi ? Tu me suis partout Léo ou quoi ?

-Alors non Mary. Primo, j’habite à coté donc je suis officiellement ton voisin et deuxièmement, il va falloir que tu m’expliques comment tu connais mon nom, parce que là c’est vraiment ...

-Chut, tais-toi un peu, dit-elle en me coupant la parole et en posant sa main sur ma bouche. On va se faire disputer par mon père après. Si tu veux, retrouve-moi devant chez moi à 8 heures pile, et ne sois pas en retard imbécile.

-Bon très bien, à demain alors Mary.

- Ouais c’est ça, à demain Curtis, dit-elle en rentrant chez elle. »

C’est bizarre mais je suis rentré à la maison en souriant, on ne peut pas dire qu’elle n’a pas de tempérament cette irlandaise. A cette heure, maman devait encore être en course et c’était la journée où papa revendait d’anciennes pièces détachées à l’Entrepôt. Donc j’étais tranquille pendant un moment. En plus, j’avais déjà terminé mes devoirs pour le lendemain donc j’ai entrepris de finaliser mon dessin. Deux heures après, je donnais les derniers coups de crayons à mon travail lorsque j’entendis mes parents rentraient. J’en étais vraiment fier, on dirait vraiment Mary, comme si elle m’appelait pour la rejoindre dans une quête épique. Bon, faut vraiment que j’arrête de lire trop de livres, je me fais trop d’histoires. Lorsque je suis descendu pour manger, mes parents se tenaient dans un coin de la pièce en souriant.

« -Je sais qu’on avait pas mal de soucis financier ces derniers temps, que tu avais tout fait pour nous aider, en allant même jusqu’à voler ; ce que ta mère et moi ne cautionnons pas. Mais ça y est tout va s’arranger.

- Tout d’abord, je vais travailler tous les jours au café, ça va nous permettre d’avoir plus d’argent puis ton père a eu une prime parce qu’il avait réparé l’ordinateur d’un avocat de la Nouvelle Orleans donc on s’est dit qu’on allait te faire un petit cadeau. »

Et là, ils me tendirent un smartphone car le mien ne fonctionnait plus depuis un moment déjà mais nous n’avions pas les moyens de le remplacer. J’étais tellement heureux que j’ai serré mes parents dans mes bras en les remerciant mille fois. En plus mon père avait beaucoup parler ce qui étais assez rare à la maison sauf lorsqu’il parlait de ses réparations ou des machines qu’il essayait de construire mais qui, bizarrement, finisse par exploser. Je l’ai laissé dans sa boite pour le protéger en attendant de le paramétrer plus tard après le repas. Le repas fut étonnement animé. Mon père faisait des blagues ce qu’il ne faisait jamais et ma mère souriait et riait à chacune d’elle. Tout le monde était heureux. Pourtant je n’arrêtais pas de penser à Mary et aux raisons qui faisaient qu’elle me connaissait. Plus tard dans ma soirée, j’étais à mon bureau, le regard vers l’extérieur et la maison de Mary. Les lumières étaient allumées dans la chambre du haut et une silhouette était assise à un piano mais je ne la voyais pas. Je déballais mon téléphone, le dernier modèle de iTel ; et commençais à remettre les anciens numéros des quelques amis que j’avais et de ma famille surtout.

Soudain, un bruit sourd me tira de mes rêveries d’adolescent. Puis un second, comme un choc sur du verre. Je relevai ma tête vers la fenêtre et vis un caillou la frapper. Je me levai pour l’ouvrir, manquant de prendre un gravillon dans la tête et me suis penché lorsque je remarquai la présence de Mary en bas.

« - Qu’est-ce que tu fiches, bon sang ? On avait dit huit heures en bas ! me dit-elle en râlant.

- Je pensais que tu parlais de demain matin. Ne bouge pas j’arrive. »

Je descendis l’escalier, et me rendit dehors. Puis au moment de sortir, comme il faisait un peu frais à cette heure-là, je pris ma veste avec moi ; une sorte de blouson avec le logo du lycée dessus. Devant la maison, Mary m’attendait en tapant du pied. Elle avait mis une jupe rouge à pois qui lui allait très bien. Quand je lui fis remarquer, je la vis légèrement rougir et me dire que ce n’était pas le but de notre rencontre.

« -Bon Léo, je sais qu’on se connait que depuis moins d’une journée mais même si ce que je vais te dire est bizarre, écoute jusqu’au bout et crois-moi je t’en prie.

-Très bien Mary. Explique-moi comment tu pouvais connaitre mon nom alors que nous ne nous étions jamais rencontrés auparavant et personne ne te l’avais dit je me trompe ?

-Effectivement tu as raison. Eh bien la raison est étrange mais bien simple. Il y a un mois environ alors que je rentrais du lycée à Dublin, je me suis fait agressée par deux hommes qui m’ont volé mon sac, mes affaires et mon argent. Je suis rentrée chez moi en pleurant ce jour-là. Pourtant je n’en ai pas parlé à mes parents. J’ai passé une mauvaise nuit. Mais dans un de mes rêves où je me refaisais agresser un jeune homme est venu me défendre. Il te ressemblait trait pour trait. Il (ou tu) m’a aidé à me relever et m a rendu mes affaires. Immédiatement, mon sauveur a disparu. Cela a continué ainsi pendant un mois. Mais à chaque fois il était là pour moi. Une fois, je lui demandé son nom, il m’a regardé en souriant et m a juste dit : ‘moi c’est facile. Je m’appelle Léo Curtis, Mary. A cet instant précis j’espérais qu’il existe réellement. Donc tu peux facilement imaginer ma surprise lorsque je t’ai vu aujourd’hui. Et je suis désolé d’avoir feint l’indifférence, c’était trop bizarre pour moi. Voilà, tu sais tout maintenant. Si jamais tu ne me croyais pas et me prenait pour une folle je comprendrais après tout, me répondit-elle en baissant la tête.

-Déjà je te crois complétement, mais c’est tellement invraisemblable que tu n’as pas pu l’inventer. Et dans ce cas-là, moi aussi je dois t’avouer un truc.

-Ah, merci Léo. Vas-y alors, dit-elle en relevant la tête.

-En revanche si cela ne te dérange pas, je préfèrerais ne pas te le raconter devant chez moi, je n’ai pas envie que mes parents soient au courant.

-D’accord, alors on va marcher un peu. »

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