50. La jalouse et la coincée

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Alken

Cette fille n’y arrivera jamais ! C’est incroyable, elle est bourrée de talent, mais il manque l’essentiel. L’interprétation, la mise en vie de la danse. Ce n’est pourtant pas qu’une mécanique, un ensemble de pas à faire ! Et je n’ai pas arrêté de lui dire en plus, d’essayer de lui faire comprendre, mais il y a un blocage. Elle a une des meilleures techniques qui puisse exister chez une jeune femme de son âge, elle maîtrise des enchaînements que peu de danseurs arriveront jamais à maîtriser, mais elle n’y met rien derrière. Dès qu’on creuse, on n’a rien, un peu comme si elle n’avait jamais rien vécu, jamais rien expérimenté au-delà des cours de danse. J’ai l’impression qu’elle a passé toute sa vie dans un cocon et que l’ESD est la première fois qu’elle en sort. Ou alors, il y a un mur qui est érigé entre ses émotions et son expression corporelle. Bref, la séance de répétition ce soir avec Charline a été une horreur et je me suis tellement emporté que nous avons dépassé l’heure prévue. Je sais bien, d’habitude, qu’il ne faut pas s’acharner, qu’il faut prendre le problème par un autre bout, mais le fait que ça aurait pu être si naturel avec Joy doit moi aussi m’empêcher d’aller plus loin dans mon enseignement. Je m’en veux un peu car la jeune rousse est repartie presque en pleurs, en tous cas choquée de mon agacement. Je crois que jamais elle n’a été remise en question comme je viens de le faire et cela doit être un vrai choc pour elle.

Je range toutes mes affaires et constate que, vu l’heure, je suis le dernier dans le bâtiment. Même les femmes de ménage sont parties et le gardien doit être en train de faire sa ronde de clôture car je ne le vois pas à son poste. Je me dépêche de m’installer derrière mon volant et file sur le périphérique pour rentrer chez moi rapidement. Avec les nouvelles limitations, je suis néanmoins contraint de faire attention et j’ai l’impression de me traîner sur la route où le peu de trafic me fait encore plus réaliser que, ce soir, je retourne chez moi vraiment tard. Tout ça pour essayer d’apprendre à une jeune danseuse que danser, ça ne veut pas dire lever la jambe avec flexibilité, mais au contraire, cela signifie laisser ses expressions se libérer, laisser sa joie de vivre irradier les autres, laisser sa sensualité émouvoir et charmer son audience. Il faut que j’arrête d’y penser car je vais encore m’énerver tout seul.

Dans l’ascenseur qui mène à mon étage, mon esprit commence un peu à laisser cette soirée de côté et à se focaliser sur ce qu’il m’attend dans mon appartement. Ou pour être plus précis, sur celle qui m’attend. C’est un vrai plaisir de rentrer chaque jour et de la retrouver, de passer du temps ensemble, de rire, boire, manger, dormir à deux. De vivre tout simplement.

— Joy ? Tu es là ? demandé-je en entrant dans le salon, mais seul le silence me répond alors que je regarde autour de moi pour savoir si elle est bien rentrée.

Je commence déjà à m’inquiéter en ne l’entendant pas me répondre et m’imagine le pire avant de pousser un soupir de soulagement. Elle est dans ma chambre, assoupie encore habillée sur l’oreiller. Enfin non, je devrais dire “notre” chambre désormais. Je l’observe un instant, attendri devant la perspective qu’elle m’offre. Elle est recroquevillée sur le lit, mon oreiller entre ses bras comme un doudou. Elle porte l’un de ses jeans qui ne cache rien des jolies formes qu’elle arbore, ainsi qu’un petit débardeur blanc qui remonte sur son ventre et me fait me dire qu’aucun soutien-gorge ne compresse cette délicieuse poitrine.

Je m’approche doucement d’elle et lui caresse les cheveux sans qu’elle ne se réveille. Je la laisse se reposer et vais me préparer une assiette avec les restes du repas de la veille. Alors que je m’installe à table, je fais tomber mon couteau par terre et je ne suis donc pas surpris quand je la vois qui débarque, les cheveux légèrement ébouriffés et le regard encore un peu endormi.

— Coucou ma Chérie. Tu étais fatiguée ?

— Salut… Tu es rentré il y a longtemps ? Je t’attendais pour dîner, j’ai eu un coup de barre, oui.

— Oh, tu n’as pas mangé ? demandé-je en me levant pour l’embrasser amoureusement, avant de lui sortir un plat du frigo. Prends une assiette et installe-toi. Et non, je ne suis pas rentré il y a longtemps, j’ai répété tard avec Charline.

— Ben non, Alken. Quelle est l’utilité de vivre ensemble si chacun fait sa vie de son côté ? me dit-elle en se sortant des couverts.

— Si un jour tu veux manger sans moi, tu peux. Tu as vu les horaires que je fais ? C’est un peu fou, tu sais. Et je comprendrais que tu ne veuilles pas m’attendre.

— C’est sûr que si tu passes tes soirées à l’ESD avec Tu-sais-qui, je vais faire ma vie, oui, continue-t-elle avec détachement en se servant à manger.

Je la dévisage un instant mais décide de ne pas relever sa petite phrase. Je lui remplis son verre et tends le mien vers elle pour trinquer.

— Celle avec qui j’ai envie de passer toutes mes soirées et tout mon temps est en face de moi et c’est la plus merveilleuse des femmes. A toi, ma beauté !

— Santé, le beau-parleur. Alors, comment elle s’en sort, la prodige ?

— Prodige ? pouffé-je. On en est loin. Elle a la technique, ça c’est sûr. Elle maîtrise des pas que même moi, avec toute mon expérience, j’ai du mal à faire. Mais alors, au-delà de ça, c’est nada. Le Grand Vide. On dirait qu’elle ne sait pas ce que c’est de mettre des émotions derrière la danse, et ça m’exaspère. Tu fais ça si bien, toi. J’aimerais trop que ce soit toi qui fasses ces répétitions avec moi !

— Ah oui ? dit-elle alors qu’un sourire se dessine sur ses lèvres. Quel dommage… Je peux lui mettre mon pied aux fesses si tu veux qu’elle exprime la douleur, je me porte volontaire.

J’éclate de rire et sa jalousie me fait plaisir autant qu’elle me démontre à quel point elle n’a pas confiance dans la place qu’elle occupe dans ma vie et dans mon cœur.

— Tu devrais plutôt me dire comment je peux faire pour lui enseigner ce qui est si naturel chez toi. Si on veut avoir une chance de remporter ce concours, il va falloir qu’on s’améliore à deux, sinon, on n’aura que nos yeux pour pleurer.

— Compte sur moi pour te consoler si vous perdez, tu auras mes bras pour pleurer. Pour le reste, je ne sais pas trop, je ne suis pas prof, moi. Mais… J’ai du mal à croire que je vais te dire ça, mais peut-être qu’il faudrait déjà qu’il y ait une certaine complicité entre vous, en dehors de la danse, non ? Donc… Sans aller jusqu’à vous rouler des galoches ou pire, déjà peut-être partager un peu plus qu’un cours. Ce qui fait que ça marche si bien entre nous, c’est que quand on danse, on est partenaires, pas prof et élève, non ?

— Ouais, ben là, il n’y a aucune complicité, non. Je mets toutes les barrières pour calmer ses ardeurs et ça n’a pas l’air de la mettre en confiance. Mais je suis sûr que si j’ouvre un peu, elle va me sauter dessus. Elle n’attend que ça et je ne vais pas lui faire ce plaisir. Mais au-delà de cette situation, toi, avec n’importe quel partenaire, tu as ce naturel de beauté, d’élégance, de grâce et de sensualité que peu de danseurs ont. Bref, avec elle, c’est pas marrant de danser.

— Je suis sûre que tu vas trouver la faille, Chéri, dit-elle en venant s’asseoir sur mes genoux avant de m’embrasser tendrement. Pourquoi est-ce que tu ne nous ferais pas bosser sur votre choré en cours ? Tu la fais venir à un cours et on lui montre qu’elle a encore du boulot, la p’tite prodige pas marrante.

— Oui, on pourrait faire ça, mais pas sûr qu’elle ait la maturité pour apprendre de ce qu’elle va voir. Elle risque de tout critiquer parce que le pied n’est pas au bon angle par rapport au reste du corps.

Je souris et passe ma main sous son débardeur, caressant son dos en remontant lentement le long de sa colonne vertébrale et j’ai ainsi la confirmation qu’elle s’est mise à l’aise et qu’elle ne porte pas de soutien-gorge. J’adore la sentir collée ainsi contre moi et je profite de sa proximité pour me repaître d’elle.

— Apprends-moi cette choré, Alken. Je vais la rendre jalouse si toi et moi on danse ensemble. Ça la fera réagir, elle va mettre les bouchées doubles quand elle va voir comment ça peut être hot avec notre prof, sourit-elle en caressant ma nuque, ses beaux yeux plongés dans les miens. C’est bien une choré sensuelle qui est au programme ? Parce que j’ai pas envie de devoir être en colère contre toi par contre.

— Je crois qu’il est là, le problème. C’est censé être sensuel, mais la sensualité, comme la danse, ce n’est pas une science exacte. Avec toi, n’importe quelle danse va l’être. Avec elle, il va falloir qu’elle se retire les doigts du cul pour arriver à quelque chose. Ou qu’elle se les y mette en fait. Qui sait comment la décoincer ?

— Dis-moi, grimace-t-elle après avoir réfléchi un moment, tu ne t’imposes pas une distance avec elle par peur de… De ma réaction, hein ? Je veux dire… Le problème, c’est qu’il ne peut pas y avoir de sensualité et de complicité si tu montes un mur chaque fois qu’elle est près de toi… Je pense qu’il faut que tu discutes avec elle, Alken, que tu poses le cadre de votre relation, pour ensuite oser faire les choses. Tu ne vas pas t’en sortir, sinon. Recadre-la un bon coup et lâche-toi.

— Ce n’est pas moi le problème, Joy. Vraiment, je crois que ça vient d’elle. Ce n’est pas la première partenaire que j’ai où il n’y a pas de connexion, mais c’est bien une des premières où elle n’arrive pas à exprimer quoi que ce soit. Tu sais quoi ? Tu as une bonne idée. Je vais t’apprendre la choré et tu vas essayer de faire fonctionner ta poupée vaudou, comme ça, c’est avec toi que je vais le faire, le spectacle. Ce serait tellement mieux de pouvoir profiter de tout ce que tu offres quand tu danses, ma Chérie. Et de tout ce que tu offres quand tu ne danses pas aussi !

Ma bouche vient effleurer son cou pendant que je continue à lui caresser le dos en m’égarant de plus en plus vers ses seins nus qui attisent mon excitation.

— Peut-être qu’elle va tomber dans les escaliers, rit Joy. Et, comme pour le concours de salsa, il te faudra une autre partenaire de danse. Sait-on jamais. En attendant, ta partenaire dans la vie en a marre de parler de la prodige coincée du popotin… Si tu as une autre idée, je suis pour changer de sujet.

Je réponds en lui enlevant son tee-shirt et en pressant ma bouche gourmande sur ses tétons tout tendus. Elle m’enserre le cou en se cambrant et en poussant un premier petit gémissement prometteur. Je m’occupe ainsi de sa jolie poitrine et fais monter lentement la température de la pièce. Elle se frotte sans retenue contre mon érection et j’empaume ses jolies fesses dans mes mains pour l’aider à bouger son corps magnifique contre le mien.

— Je crois que le menu vient tout à coup de devenir plus intéressant, déclaré-je en la soulevant et en la déposant délicatement sur la table de la cuisine.

— Le dessert promet d’être délicieux, sourit-elle en s’attaquant à ma braguette. Tu m’as manqué, Alken.

En moins de temps qu’il n’en faut pour l’exprimer, je me débarrasse de tous mes vêtements que j’envoie valser à mes pieds, rompant notre étreinte juste le temps de faire passer mon tee-shirt au-dessus de ma tête. Joy se saisit de mon sexe et je sens ses doigts le serrer. Je lui ôte son jean et son débardeur et suis une nouvelle fois surpris par sa beauté. Cette femme est merveilleuse et j’ai une chance extraordinaire de la voir s’offrir ainsi à mes caresses et à mes envies.

Quand elle m’attire et que je sens ses jambes se refermer sur mes fesses nues, je m’enfonce délicieusement en elle et commence de lents mouvements qui nous font naviguer sur une houle de plaisir et de sensations toujours intenses. Nos bouches s’unissent et se retrouvent dans un ballet dont les mouvements répondent à ceux de nos bassins qui ne veulent plus se séparer. La force de mes coups de reins s’intensifie et elle doit se maintenir en posant ses mains sur la table derrière elle, m’offrant ainsi un meilleur accès encore à ses seins dressés devant ma bouche. Je me fais un plaisir de lécher et de mordiller ses tétons alors que ses gémissements emplissent de plus en plus la pièce. Quand l’extase s’empare de mon corps, je niche ma tête dans son cou et me serre le plus possible contre elle, qui reçoit avec une avidité non feinte toute mon excitation en son sein. Cette sensation a l’air de lui plaire et de la faire basculer à son tour dans un orgasme qui la fait trembler et se raidir dans mes bras.

Lorsque nous reprenons notre souffle et nos esprits, je la câline et dépose de petits baisers dans son cou sans quitter la chaleur de son étreinte. Je profite de ce petit moment où la passion qui nous anime s’est exprimée et nous laisse tous les deux comblés et satisfaits. Nous sommes unis au-delà de nos corps par une attraction qui dépasse tout ce que j’ai pu connaître jusqu’à maintenant. Jamais je n’ai été aussi amoureux d’une femme et jamais je n’ai été aussi heureux dans ma vie.

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