Chapitre 1

2 minutes de lecture

- Prends plutôt un cendrier...

- Les fourmis nettoyent tous nos déchets...

- Je ne pense pas qu'elles nettoyent la cendre!

Marlo tapota sa cigarette et une phalange de cendre s'en détacha. Elle vint se poser dans le même état sur le sol carrelé de la villa qu'occupaient Marlo, José, son associé dans le crime, et Rita, leur bonne-cuisinière-confidente-parfois amante (après quelques verres de gin ses rondeurs devenaient appétissantes).

Marlo fumait beaucoup. Certains pourraient dire qu'il fumait trop. Mais ce genre de personne ont en général une vie longue et ennuyeuse. Marlo avait très tôt décidé qu'il n'aurait pas une vie longue et ennuyeuse. La cigarette n'était pas le seul moyen pour lui de raccourcir sa vie, ou de l'agayer.

Marlo fumait beaucoup, et il savait que les fourmis ne nettoieraient pas sa cendre.

Marlo fumait beaucoup. C'était pour tromper l'ennui. Une autre distraction de Marlo, que l'on pourrait dans la même optique de prolongement de vie, était la bagarre.

Marlo aimait se battre.

Mais Marlo ne savait pas se battre. Bien sur, il avait le vice qui permet de soumettre les imbéciles qui pensent que la bagarre est régie par des codes chevaleresques. Mais dès qu'il tombait sur quelqu'un qui avait des arguments à lui présenter, Marlo perdait ses combats neuf fois sur dix. Son nez empaté pouvait témoigner d'une bonne dizaine de rencontre à haute vitesse avec des poings, des coudes, des genoux...

Marlo était bon fumeur, piètre bagarreur.

Ce qui avait préservé Marlo de finir dans l'état pitoyable de ses amis d'enfance (c'est-à-dire en prison ou saoul à 9h du matin), c'était un génie diabolique qui le possédait.

Quand je dis génie diabolique, il s'agit véritablement d'un génie diabolique:

Sa tante paternelle, versée dans les cultes vaudous, voulu comme l'exige la tradition, lui attribuer un génie protecteur à sa naissance. Mais lors de l'invocation du bon génie, la vieille se mélengea les pinceaux à cause du sodabi frelaté, et au lieu d'être guidé par la satisfaction et le respect de l'ordre établi, Marlo, par un coup du sort (ça ne sera pas le dernier, des coups du sort) devait prendre la route du vice et du lucre.

Malheureusement pour Marlo, il n'était pas né dans le bon cadre social. En effet, les caractéristiques de son génie était l'appanage des gens nés riches. Son cadre social de naissance ne pouvait lui fournir le réseau nécessaire à l'assouvissement du vice sans en rendre compte, et les voies de l'enrichissement lui étaient par défaut fermées.

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