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Ils sont enfin partis avec le matériel, j’ai entendu des éclats de voix dans le couloir, je crois que quelqu’un se fait remonter les bretelles, on joue une autre musique, content de ce bon mot, j’éclate de rire tout seul.

J’ai merdé quelque part, enfin pas vraiment, je me suis fait piéger par un examen de routine, c’est la faute à personne, personne ne s’y attendait, je crois que même le professeur a été surpris, j’ai lu dans son regard. J’ai quelque souvenir de mes recherches, j’ai entendu onde Delta, ce que génère le cerveau en cas d’endormissement, je n’ai pas tout retenu, mais je crois que je commence à comprendre le mot. J’ai ainsi la faculté, suite à la blessure dans le cou, d’entendre et de rejoindre des gens qui rêvent. Pour ce qui est d’apporter mes créations et de me déplacer, c’est encore une autre histoire, mais j’apprends et à moi de ne pas me faire prendre. Je vais tenter de voir où il veut en venir, mais je ne lâche rien, je n’ai pas du tout envie de finir en animal de foire dans le meilleur des cas, si je retrouve l’article, découpé en rondelles pour le bien de la science.

Les journées passent et mon ennui présent rythmé seulement par mes promenades et mon goût des friandises en bas dans le patio. Depuis quelques jours que j’ai testé le fameux appareil, je n’ai plus vu le professeur, on s’approche du week-end. J’ai écrit quelques mots à maman et passé ma commande, j’espère qu’elle ne va pas oublier mon petit sac à dos ainsi qu’un peu d’argent, pour le reste je consomme un peu moins de gâteaux et de jus de fruits, le placard est pourvu et je ne voyage plus. J’ai reçu quelques messages de Marie-Cécile qui me décrit ses cours et des nouvelles du lycée, mais ça me semble loin, je ne suis plus dans la masse j’ai arrêté de manquer à mes copains de classe. Je fais beaucoup de progrès pour marcher, plus confiance en ma jambe qui se rétablit bien, une béquille me suffit maintenant, et je déteste toujours autant le masseur qui me fait souffrir, s’il pouvait s’endormir, j’aurais sûrement des choses à lui dire.

Je croise de temps en temps de nouvelles têtes dans les couloirs, aussi bien des malades, on se reconnaît par nos vêtements, que le personnel médical qui me lance un bonjour quand je les croise, j’ai l’impression d’être là depuis assez longtemps, comme un meuble permanent, j’exagère un petit peu, mais comme je suis le seul de mon âge, la plupart me reconnaissent. Je perds un peu la notion du temps, tout se fait en vase clos, je sais juste quand j’ai faim, ou quand il faut dormir, il n’y a rien de plus à faire. Le personnel est seul à sembler occupé, ils sont toujours pressés, ils entrent et sortent des chambres, je le vois bien dans les couloirs, et passent à la suivante ou continuent comme s’ils étaient en course, bonjour, bonsoir, ils sont déjà partis. Celle que j’avais surnommé la tornade me semble plus habituelle maintenant que je les vois tous affairés, je comprends bien que ce soit un travail, je n’ai pas encore l’âge, mais je peux comparer quand j’étais au lycée, je connaissais mes potes et je croisais les profs, on savait tous un peu des choses sur les autres, même s’il y avait du faux, mais on faisait semblant de s’y intéresser. Je dois encore grandir, mais ça me semble loin, je suis bien à mon âge, sans doute bientôt adulte, je sais faire certaines choses que personne ne fait, il faut que je progresse dans les rêves des grands, que j’arrive à comprendre tout ce qu’ils ont en tête, j'ai toujours en mémoire ce que disait papa, une des phrases qu’il citait pour ne rien m’expliquer : tu comprendras quand tu seras plus grand. J’ai décidé de grandir maintenant dans les songes des autres et je vais tout savoir, ceux qui m'ont fait du mal, je ne les oublie pas.

Je suis encore dans ma chambre comme la plupart du temps, aujourd’hui c’est samedi, je n’ai pas vraiment envie de voir du monde, demain ça ira bien quand les parents viendront, j’ai complètement oublié de demander s’ils seront là pour midi, je m’en occupe de suite je demande à maman et j’envoie mon message. Je profite de l’écran je vais chercher un film le temps qu’elle me réponde, ça fera passer le temps. Je n’arrive pas vraiment à accrocher je suis tombé sur une nullité vraiment prise au hasard, mais j’ai la tête ailleurs, et toujours pas de retour, il est bien envoyé je viens de vérifier. Dans le doute j’en renvoie un autre et je referme l’écran, je regarderais plus tard juste avant de manger, il me reste du temps avant le repas du soir. Je fouille dans le placard, je ramène sur le lit un paquet de gâteau, mais je n’ai pas vraiment, faim, j’allume la télé, je zappe toutes les chaînes, que des trucs à la con, je préfère arrêter, je regarde à côté dans la pile de bandes dessinées, mais j’ai déjà tout lu, pas envie de relire. Je me gratte la nuque, je suis la cicatrice en caressant du doigt et je ferme les yeux je n’ai rien d’autre à faire.

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