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Je n’allais pas bien, pas bien du tout, ils ont été obligé de me mettre une sonde dans le bras pour m’injecter de la nourriture et des vitamines. Je l’ai appris plus tard à mon réveil, je suis en train d’ouvrir les yeux et les oreilles. Deux personnes en blouses blanches sont en train de parler avec maman, je reconnais sa voix.

« Je ne comprends rien à ce que vous dites, il a juste envoyé un message pour me dire de lui apporter de quoi grignoter, s’il n’allait pas bien, il me l’aurait dit. »

« Nous non plus Madame, nous tentons de comprendre. Son état de fatigue et ses carences en vitamines, comme s’il avait tout brûlé en une matinée, c’est incompréhensible. Nous tentons de joindre la personne qui était de permanence cette nuit, mais s’il y avait eu un problème, tout serait noté sur la main courante. Par contre, la personne d’une chambre voisine a eu quelques symptômes similaires, mais a moduler, ce patient est très âgé. »

« Vous êtes en train de me dire qu’un microbe se balade dans votre clinique ? Mais j’ai laissé mon fils dans quoi ? »

« Je vous en prie Madame, il ne s’agit pas de ça, un virus ou une bactérie ne donnerait pas ce genre de symptômes, tout cet étage bénéficie d’un protocole de surveillance spécial. Nous faisons le maximum pour comprendre. »

« Maman, j’ai soif. »

Je crois que j’ai déjà vécu cette scène il y a des semaines, je me sens faible, fatigué, lessivé doit être le mot exact. Je me suis juste endormi quelques heures auparavant, mais je ne suis plus sûr de rien.

« Mon chéri, tu es réveillé, Mon Dieu, Mon Dieu ! »

Elle porte une espèce de sac qui enveloppe ses cheveux, et un masque sur le devant de sa bouche, mais je reconnais ses yeux bien qu’emplis de larmes et son parfum, si je dois pleurer également, je dois savoir pourquoi.

« Il s’est passé quoi ? Je me sens très fatigué. »

De ce que j’ai compris, le personnel affecté au repas m’a apporté le plateau comme d’habitude vers midi et en ouvrant la porte, m’a retrouvé sur le lit complètement affalé dans un état de prostration tel, qu’ils ont dû appeler l’interne de service qui a aussitôt détecté un état de faiblesse extrême, d’où le cathéter dans le bras.

« Nous allons procéder a des examens supplémentaires, mais je voudrais savoir ce qu’il s’est passé depuis hier ? Vous prenez vos repas normalement, mais d’après votre mère, vous avez toujours faim. Vous allez aux toilettes régulièrement et vous gardez bien votre nourriture sans refluer ? «

« Je n’ai pas tout compris, mais oui, je dors bien, je vais aux toilettes, je trouve juste que les repas sont un peu léger. Ça veut dire quoi refluer ? »

« Que vous ne rendez pas tout ce que vous mangez. À partir d’aujourd’hui, nous allons examiner vos selles régulièrement, mais je ne pense pas que ce soit un parasite. J’ai lu que vous marchez avec des béquilles depuis hier, et que vous êtes descendu au patio. Vous avez mangé quelque chose là-bas? »

« Non, rien du tout, j’attendais que ma mère arrive pour me laisser de l’argent. »

« Bien, je ne sais pas quoi penser, nous allons vous suivre plus régulièrement, je vais en discuter avec le professeur qui vous traite. Dès ce soir, on vous retire l’aiguille, je vais voir si on peux augmenter légèrement vos repas. »

L’infirmière derrière lui n’arrête pas d’écrire sur un bloc-note, il s’est tourné vers elle pour lui dire quelque chose que je n’ai pas entendu.

Et de nouveau vers moi :

« Je vous laisse avec votre mère, l’infirmière va revenir tout à l’heure, mais si vous ressentez quelque chose d’anormal, n’hésitez pas à l’appeler. Je suis de permanence également, donc on risque de se revoir, ce que je n’espère pas bien entendu. Passez une bonne soirée. »

Et comme si leur départ déclenche un signal, maman s’approche de moi et me serre dans ses bras.

Je sens les tremblement des sanglots de sa voix et ses larmes humides qui humectent ma joue.

Entre ses reniflements, j’entends ses mots qu’elle à du mal a prononcer :

« Mon chéri, mon chéri, mais qu’est-ce qu’il s’est passé. Quand je suis arrivé, ils étaient tous autour de toi. Ils m’ont équipé avec ce masque pour que je puisse entrer en cas de maladie infectieuse, comme ils m’ont dit. Mais ils ne savent rien, tu parles d’un hôpital. Ils ont intérêt à trouver. »

Je reconnais ma mère qui reprend le dessus, douce comme une caresse pour aimer sa famille, mais féroce comme une lionne quand il faut protéger. Ses derniers mots elle les a prononcé les dents serrées, même mon père, et je l’ai vu faire préfère ne pas insister.

« Tu as touché quelque chose, mangé quelque chose ? Ils ne savent rien, il faut les aider mon chéri raconte-moi ce qu’il s’est passé. Tu allais bien hier soir et ce matin dans tes messages. Comme d’habitude ils t’ont mal nourri, je t’ai apporté des gâteaux et des boissons, je viens juste d’y penser. »

Elle est inquiète, je le sais, un moulin à paroles dans ces cas là, elle n'arrête pas de parler pour masquer.

« Il ne s’est rien passé, rien de spécial, j’ai dormi comme d’habitude, mais je dors mal ici, je me réveille fatigué et je fais plein de mauvais rêves. L’odeur de la clinique sans doute et puis ce n’est pas mon lit. Je dors depuis quand ? Comme la dernière fois ? »

« Non mon chéri, je suis arrivé vers seize heures, c’est l’infirmière à l’entrée du couloir qui m’a expliqué. Je suis entré dans la chambre juste avant que tu n’ouvres les yeux. Je vais tout ranger dans le meuble, tu auras de quoi manger. Je reviens demain avec ton père, j' irais acheter d’autres choses. »

Pendant qu’elle s’affaire à ranger les gâteaux, je suis en train de remonter quelques heures en arrière. Tout est net dans ma tête maintenant, je crois que j’ai fait une bêtise, je suis allé très loin, trop loin, je ne peux raconter à personne, ils vont croire que je deviens fou.

« C’est quoi au fait cette histoire du vieux Monsieur ? Tu le connais ? »

« Non maman, je ne connais personne, j’ai juste entendu dire qu’un très vieux monsieur n’allait pas bien c’est tout. Laisse-moi me reposer un petit peu, je n’ai pas envie de parler. »

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