Entre Rêve et Réalité

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Le soleil se couche sur la forêt. Les éclats reflètent les arbres sombres glacés par l'hiver. Quelques nuages vont et viennent avant que la lune n'apparaisse. Le vent souffle comme pour chasser le soleil et engloutir le bois dans l'obscurité. Sur le sol noirci, une créature recroquevillée sur elle-même brille de mille feux, ses prunelles violettes regardant le soleil. Alors qu'à la naissance des étoiles, un léger brouillard vient s'immiscer dans ce beau tableau. Déployant ses longues ailes noires tel un aigle cette créature est surprenante voire intimidante. Toutes ses plumes planent au grès du vent, aussi tranchantes qu'une lame.

Fasciné, dissimulé entre deux arbres bruns tristes, l'homme observe la scène silencieuse. Un sac sur le dos, à peine une veste pour le réchauffer, il ne semble pas vouloir s'échapper de cette image presque poétique. Il respire doucement, timidement pour que la créature ne s'éclipse pas. Il frotte ses yeux frénétiquement, se pince même pour s'assurer que tout est bel et bien réel. Son regard caresse les cheveux de la créature, sa peau blanche délicate tatouée d'étranges symboles. Elle baisse la tête pour se cacher dans ses bras, l'homme respire chacun de ses mouvements. Ces yeux s'illuminent lorsque les ailes de la créature recouvrent sa peau nue assombrie par les tatouages.

La créature relève la tête et regarde dans la direction de l'homme sans le voir. De peur d'être aperçu, il recule doucement à pas de loup sans détacher son iris vert de son doux visage. Cependant ne voyant pas où ses pieds retombent, il piétine une branche. La créature se relève aussitôt, l'homme lui se cache tant bien que mal derrière les arbres. L'être se rapproche doucement de la naissance du bruit. Caché, il peut sentir l'odeur de la créature se rapprocher. Son cœur bat à tout rompre, il presse sa main contre celui-ci de peur d'être trahi.

Il souffle un grand coup, il avait le choix, soit courir aussi vite que possible ou faire face à cette créature paradisiaque. Il agite doucement la tête « Quitte à mourir aujourd'hui, au moins j'aurais vécu quelque chose d'incroyable » dit-il dans un murmure. Il sort de sa cachette doucement en baissant la tête. Son cœur est au bord de l'explosion, il la relève doucement. La lune éclaire leurs visages. La créature est d'une beauté incroyable. Sans bouger, ils se scrutent, ses yeux violets brillent dans les siennes. Son corps est semblable à un être humain ; à une femme. Les mains tremblantes, il refrène son envie de la toucher. La main de la créature hésite elle aussi à l'effleurer. Voyant, des petites boutons causés par le froid, il retire son sac puis sa veste en cuir noire et le lui tend gentiment. Elle observe la veste un petit moment avant de s'en emparer. Elle recouvre son corps et ses ailes. Un sourire se dessine sur leurs deux visages. Le cœur de l'homme s'apaise.

Leurs sourires s'évanouirent aussi vite qu'il est apparu. L'homme observe le corps nu, parfait de la créature ; ce corps féminin ailée caché sous sa veste noire. La créature nullement gênée de sa nudité entre ouvre les lèvres pour parler, mais se désiste en les refermant. L'homme se racle la gorge pour rompre le silence. D'une voix aussi douce que possible, il lui dit : « Comment t'appelles-tu ? ». La créature remue les lèvres plusieurs fois avant de se décider à prononcer un mot. « Je m'appelle Sensa » dit-elle d'une voix délicate. Le cœur de l'homme se remit à battre rapidement, sa voix est aussi savoureuse qu'une caresse. « Moi, je m'appelle Jhayson » dit-il chaleureusement. La créature baisse la tête, l'air soudainement triste. « Qu'est qu'il y a ? » Dit-il. La créature ne répond pas se contente de regarder l'homme avant de se retourner. « Attends, ne t'en va pas s'il te plaît » dit-il rapidement pour la retenir. Elle jette un regard par-dessus son épaule « Pourquoi devrais-je rester ? » Dit –elle sans se retourner. L'homme surpris par sa question ne répond pas. La créature lâche sa veste sur le sol avant d'avancer à pas lent. « Tu devrais rester parce que tu es la plus belle chose que j'ai jamais vue, j'aimerais savoir pourquoi tu déambules seul dans cette forêt. Je ne peux pas te laisser repartir seul, il pourrait t'arriver malheur... Je ne le supporterais pas.

- Tu ne me connais pas, je peux me défendre seul, dit-elle d'un ton hautain.

- Il est vrai que je ne te connais pas, je prends des risques en te parlant, mais tu as l'air fragile et tu as froid, cela se voit sur ta peau dit-il gentiment.

- Je ne suis pas fragile, je peux me défendre toute seule répète-t-elle. »

L'homme se passe nerveusement la main dans les cheveux. « D'accord, mais prend ma veste, je te la donne » dit-il d'un ton las. La créature revient sur ses pas, prend la veste avant de s'éloigner. L'homme impuissant l'observe sans bouger. Quand le corps de la créature fit engloutie dans le sous-bois, l'homme se remit en route la mine triste. Il avance à pas lent, il ne ressent même pas le froid tant le regret le submerge.

Subitement, les pieds de l'homme se décollent du sol, la panique s'empare de lui, il agite son corps dans tous les sens pour pouvoir reposer les pied-à-terre. Mais cela semble infaisable, il est entraîné malgré lui dans les airs par une force inhumaine. Le visage de l'homme se crispe de terreur puis cette voix. Toutes les parties de son être se détendent comme par magie à l'écoute de ce son, cette mélodie. « C'est moi Jhayson ». L'odeur de la créature envahit l'homme, ses mains lui touchent le ventre, ce contact déclenche en lui une joie infime. Le sourire aux lèvres, il pose ses mains sur les siennes et laisse son corps plané au-dessus des arbres parmi les étoiles. Tout-à-Coups, tout lui parut lévident, clair comme de l'eau de roche dans son esprit. « Tu es un ange ? ». La créature ne répond pas, mais l'homme en avait la certitude.

Brusquement, trempé de sueur, la bouche sèche l'homme se réveille. Perdu, il observe l'environnement qui l'entoure. Sa respiration se calme peu à peu, il cligne des yeux rapidement. Il est dans sa chambre. Que s'est-il passé ? Il se lève rapidement comment est-il arrivé là ? L'homme perdu regarde autour de lui. Presque en courant, il vérifie chaque pièce de sa maison personne. Perplexe, l'homme ne bouge plus et porte sa main sur son front. « Non ! Ce n'était pas un rêve » Dit-il presque en criant « tout cela ne pouvait pas être un rêve, ma veste ! » Dit-il avant de courir à sa recherche. Elle est la devant lui, impossible, il la touche du bout des doigts. Déçu, il n'a qu'une envie la déchirée, il secoue la tête et la repose sur le porte-manteau. « Sensa » dit-il tout haut « Alors j'ai tout inventé... » Dit-il en allant s'asseoir sur son canapé marron cuivré.

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