• Bonjour, tu es Amy c’est ça ?

La jeune fille resta un instant ébahie face cette question. Bien sûr que c’était elle ! Pourquoi ? Existait-il d’autres personnes dans sa situation ?

Elle tenta péniblement de se redresser. Tout son corps lui faisait mal. Ses paupières, lourdes, l’empêchaient de distinguer clairement l’endroit dans lequel elle se trouvait. Elle entreprit alors, par le toucher, d'appréhender les lieux. Sa main s’hasardait maladroitement sur une matière molle et tiédasse. Un canapé ? Oui, ça devait être ça, elle se trouvait affalée sur un canapé. Amy renifla soudain autour d’elle, une odeur de fumée emplit lentement ses narines. Dans un instinct de survie, elle se rehaussa pour s’assoir, droite comme un piquet, sur le divan. Progressivement, elle réussit à ouvrir les yeux, mais ses jambes restaient trop faibles pour soutenir son poids.

Pourtant, on ne pouvait pas dire qu’Amy pesait lourd sur la balance. Adepte de sport, elle avait toujours fait attention à son corps. Agée de presque quatorze ans, elle était la fille la plus musclée de sa classe, et de loin. Cela lui avait d’ailleurs valu quelques commentaires de la part de ses enseignants. Remarque, dont la finesse égalait presque celle des autres gamins de son âge. Amy ne s’en était jamais souciée plus que ça, ce qui comptait pour elle, c’était ses objectifs. Et elle en avait beaucoup ! Elle rêvait de grandes épopées, d’évènements marquants, sûre qu’un jour, elle laisserait son nom gravé dans les manuels d’histoire qu’elle étudiait intarissablement chaque soir. Elle ne savait pas encore quand ni comment, mais restait persuadée qu’un jour elle accomplirait quelque chose d’important.

• Bonjour, tu es Amy c’est ça ?

Devant elle, se tenait un homme souriant. La pièce, sombre, ne lui permettait pas de distinguer avec précisions toutes ses expressions faciales, mais Amy voyait parfois une couronne en or reluire dans la pénombre. Elle en concluat donc que l’homme lui montrait toutes ses dents. Ce dernier restait cependant immobile. Répétant simplement cette même phrase. Il ne semblait en rien voir l’absurdité de la situation qui se jouait sous ses yeux. Ce genre de personne agaçait au plus haut point Amy, qui dans un élan de colère et d’incompréhension éclata alors :

• Oui c’est moi voyons, qui voulait vous que cela soit ? J’aimerai bien savoir ce que vous m’avez donné tout à l’heure ! Ce que vous faites là est illégale, vous le savez, je suis jeune mais je connais mes droits, quand mon père sera au courant vous risquez d’avoir de gros ennuis !
• Bonjour Amy, peux-tu épeler ton nom ? continua l’homme d’une voix toujours aussi enjouée sans accorder un moindre intérêt face aux réactions de la jeune fille.
• Vous êtes idiot, c’est tout de même pas compliqué ! lança cette dernière sur le coup.

Puis, elle se ravisa. Pendant un moment Amy se tint muette, réfléchissant : cet homme ne l’amènerait à rien, le mieux était encore de faire ce qu’il demandait et une fois qu’elle aurait répondu à ses interrogations, elle trouverait le moyen de s’échapper. Ça lui paraissait être la plus sage des décisions à prendre. Elle dicta alors, le plus distinctement possible, chacune des trois lettres qui formaient son prénom.

• Merci Amy, poursuivit l’inconnu, une fois cela fait, tu peux maintenant te diriger vers la sortie sur ta gauche.

Un encadré lumineux s’élargit alors dans un coin de la pièce. Ni une, ni deux, Amy s’y glissa, heureuse de pouvoir s’échapper de ce sordide endroit.