Prologue

6 minutes de lecture

Vendredi 21 octobre 2022, Segment hebdomadaire Regards croisés sur le monde.

Version web Courrier International France pour la plateforme QuickLook

QuickLook™ : Six mois après, quels enseignements ?

“Ce qu’il y a de mieux aujourd’hui. TikTok, c’était de la rigolade !” Par Stacey Brookhart

Stacey est la fashionista américaine la plus en vogue du moment. A 13 ans à peine, ses vidéos Youtube ou TikTok et ses posts Instagram et Facebook faisaient déjà des émeutes chez la jeunesse d’un bout à l’autre de l’Amérique. Aujourd’hui, elle s'apprête à lancer sa nouvelle ligne de vêtements, après avoir fait des incursions dans le cinéma, l’écriture et les maquillages bio.

Très peu de choses me poussent à me lever chaque matin avec la même énergie que QuickLook. J’ai pourtant 16 ans et toute une vie devant moi, me dit ma mère, avec tant de projets à accomplir, des gens à découvrir et mon diplôme de High School à mettre dans la poche !

Quand à mon âge, tu t'aperçois que ton compte en banque est plus grand que les économies de plusieurs générations de ta famille réunies, tu te dis que plus rien ne peut te faire peur puisque t’as déjà presque tout dans la vie. Je ne crains plus d’avoir un patron qui me fais ch*** tous les quatre matins avec des objectifs mensuels non atteints. Je ne crains pas la cellulite, c’est tellement loin pour moi, et encore, ma ligne de produits de beauté est faite pour ça ! Je ne crains pas de ne pas retrouver l’amour, ce n’est pas les hommes qui manquent sur cette terre et dans le pire des cas, après deux ou trois divorces, le prince charmant finira bien par arriver.

Seule une chose me fait peur, me réveiller à 7h du matin pour l’un de mes shootings photo de dimanche et me rendre compte que mon compteur de followers a chuté. Je me dis que ça devrait vite remonter, mais ça fait drôle.

Avec QuickLook, ça n’arriverait jamais. C’est un réseau tellement bien fait et comme on dit chez nous, amazing. On y trouve les meilleures vidéos tendance ; les informations d’actualité dont les jeunes ont besoin ; puis, depuis la fusion avec Tinder et Signal, on peut draguer, se faire draguer (si t’es adulte), ou bavarder avec ta famille et tes amis en totale confiance et sécurité.

Certains diront que j’ai un parti pris, puisque mes posts sont les plus likés des USA, mais c’était déjà le cas avec TikTok, Twitter, Insta et Facebook. Je me dis que vu tout le mal que je me donne pour offrir le meilleur de moi même, c’est normal de récolter un peu le fruit de mes efforts.

Tant que ça durera, je serai là pour mes fans. Après tout, je me dis que Jennifer Aniston a ouvert ses comptes dans les réseaux sociaux autour de ses 50 ans et elle toujours là, alors pourquoi pas moi qui démarre avec tant d’avance sur elle !

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“La cité des jouets perdus” Par Bertha Gimmell

Grand reporter au New York Times depuis 2010, Bertha a d’abord fait ses preuves en tant que pigiste pour des journaux parisiens. Elle a couvert avec un œil critique les différents conflits armés de la dernière décennie. Elle a fait plusieurs missions lors des printemps arabes ; elle était à Londres le jour du vote du Brexit ; ou encore en Ecosse pour les deux référendums sur l'indépendance. Plus récemment, elle a également couvert d’autres révolutions moins sanglantes mais tout aussi critiques dans le paysage mondial : les batailles du numérique.

Inés est une adolescente de ce qu’il y a de plus typique de la jeunesse bonaerense d’aujourd’hui. A ses 16 ans, elle n’est pas une habituée des milongas, ces salons de danse typiques où à peine une génération en arrière, des jeunes gens de son âge adoraient passer leurs fins de dimanche en bons porteños (habitants de Buenos Aires). Elle préfère sortir avec son groupe d’amies dans le quartier branché de Palermo d’un weekend à l’autre. Là où les coins pour faire la fiesta sont toujours nombreux, entre les places Armenia ou Serrano. On y trouve un peu de tout : des restaurants, des bars discothèques, des marchés de rue matinaux ou nocturnes, des artistes bohèmes, ou même des boutiques branchées ouvertes jusqu’à très tard en soirée. Même si depuis un certain temps, le quartier commence à devenir has been, comme les milongas, les effets de mode sont de plus en plus fugaces de nos jours.

Dimanche dernier, c’est au restaurant La Vaca Dorada que j’ai fait sa connaissance. Elle était assise avec son groupe de copines sur la table d’à côté. Mon fils ado et moi, qui étions en vacances en Argentine, sommes passés goûter les meilleurs asados du pays dans le coin le plus agréable pour se faire des amis. Du moins c'est ce que notre guide du Routard et QuickLook affirmaient. Pour le premier point je valide volontiers; pour se faire des amis, ça se discute !

Inés et mon fils s’étaient à peine regardés le temps de la soirée, tous les deux restèrent bien concentrés sur leurs smartphones la plupart du temps. Le responsable, Quicklook. Heureusement, qu’ils se sont croisés en sortant des toilettes à la fin de notre copieux repas. La géo-localisation et les algorithmes de l’appli y étaient sans doute pour quelque chose.

La chimie juvénile fonctionna à merveille. Les dialogues étaient poussifs, Quicklook était la seule vraie langue commune des deux jeunes gens. Lui balbutiait à peine deux mots d’espagnol, et elle n’était pas vraiment habituée à un fort accent britannique comme le sien. Mais pour entamer un échange, le module traduction de l’appli a tout pour faire le job proprement.

Ils sont devenus super copains et ont gardé le contact, surtout après notre retour de vacances. En traînant des heures à s’échanger des likes ou des badges gagnés dans des jeux vidéo -disponibles eux aussi sur l’appli.

QuickLook est devenu le “couteau suisse” du marché ultra concurrentiel des applications destinées aux jeunes. Des fonctionnalités piquées à la concurrence, qui avaient fait leurs preuves ; un mini-mur d’actus inspiré de celui de Facebook ; des boutons J’aime à gogo ; des vidéos instantanées en direct, avec ou sans filtres de têtes de chats, coqs ou pangolins ; ou encore l’argument choc, les meilleures plateformes streaming. Tout en un seul endroit.

Tant d’usages dans une appli, de quelques dizaines de méga octets, pose des questions sur la suite des choses dans ce monde connecté d’aujourd’hui. Voir cette jeunesse se frayer un chemin dans ce monde virtuel, me fait penser à mon fils heureux comme tout devant la Cité des jouets perdus de Dora l’exploratrice quand il avait cinq ans. Sauf que les gosses de cinq ans d’aujourd’hui peuvent utiliser QuickLook Kids, donc plus de jouets à perdre.

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“On peut très bien passer une excellente soirée sans réseaux sociaux” Par Fañch Caradec

Fañch Caradec est philosophe, intellectuel et prévisionniste français. Grand européiste et directeur du think tank Le citoyen connecté. Grand théoriste de l’écologie numérique, il veut redonner ses lettres de noblesse à Internet et tout son environnement. Critique décomplexé des réseaux sociaux, pour une refonte de ceux-ci depuis l’intérieur. La libéralisation des nouveaux médias et plateformes numériques ne peut passer que par un meilleur contrôle de l’Etat, dit-il.

Quand démarra vraiment l'âge d’or des télécommunications industrielles ? Avec le premier raccordement du télégraphe en 1839, du téléphone en 1876, ou d’ARPANET - le prédécesseur d’internet - en 1969 ? Tant de réseaux plus ou moins sophistiqués virent le jour, avant ou après ces jalons de l’histoire moderne. Cependant, ce n’est qu’après les années 2000 que les vraies autoroutes de l’information se créèrent. La clé de voûte n’était plus l'infrastructure - l’ADSL, la 3, 4, 5G ou la fibre - mais bien les contenus partagés et les architectures de ces contenus.

Pour répondre à la question, il suffit de la poser à n’importe lequel de nos concitoyens contemporains, enfants, adolescents ou adultes. Cet âge d’or démarra en avril 2022, avec l'avènement de QuickLook.

La mannequin et créatrice de mode, Maombi Niombella, est aujourd’hui surtout mondialement connue pour être l’influenceuse réunissant les plus des followers du globe. Pas moins de 800 millions d’humains, y compris des millions de bots publicitaires, diraient les mauvaises langues. Mais là n’est pas la question.

Les réseaux sociaux et les contenus qui y transitent jusqu’à nous, sont ma raison d’être des géants de la Silicon Valley et assimilés.

Le public est devenu le produit phare à vendre, ou revendre, dans ce marché à ciel ouvert. Facilement accessible au meilleur posteur, moyennant le chèque le plus gros ou à l’aide de l’algorithme le plus performant.

Quicklook en est un exemple, depuis son rachat de TikTok, un nouveau monstre de la tech numérique est né. Un qui pourra tous nous sauver ou nous mettre au fond du gouffre.

La jeunesse d’aujourd’hui est en train de planter les fondements de demain. L’écologie numérique est le seul moyen d’y arriver.

L’environnement numérique est, en soit, une ressource à préserver de la façon la plus propre possible; mais c’est avant tout le cerveau de l’homme qui doit être préservé, purgé et rationalisé des contenus dont il n’a pas besoin.

“... Nous entrerons dans la carrière quand nos aînés n'y seront plus …”

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