La guerre

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Il y avait des semaines que les trois humains avaient été propulsés animaux de compagnie de Sa Majesté Chelloka. Ils avaient fini par prouver qu’ils n’étaient pas des espions des Mantes et avaient trouvé comment être utiles à la colonie. Hugo avait fait en sorte que la lumière des champignons atteignent naturellement la salle du trône afin que les ouvrières n’aient plus à les changer chaque jour, Maha s’était avérée très douée pour trouver de la nourriture et elle excellait dans la traite des pucerons, grâce à ses dix doigts. Zélie, quant à elle, racontait des histoires à la reine qui ne se lassait jamais de l’écouter. En échange, elle lui racontait l’histoire de son peuple. Elle n’omit aucun détail sur leur vie idyllique de paix que les deux peuples avaient connu lors de leur arrivée dans la Forêt, puis la prophétie et la guerre. La jeune fille eut même l’honneur de voir le Vaisseau, relique entre les reliques, qui leur permettrait, si les Mantes les écoutaient enfin, d’avoir suffisamment de nourriture pour les deux peuples. Personne ne savait exactement ce qui se passerait si l’Oeuf et le Vaisseau étaient réunis. Pour Xilori, la reine des Assoifés, c’ était une arme destinée à exterminer les siens. Pour Chelloka, c’était de la nourriture illimitée pour leurs deux espèces, sans avoir à se battre pour le moindre scarabée ni la moindre parcelle de terre ou d’arbre. Mais chaque messager de paix envoyé au Palais était renvoyé sans sa précieuse tête. Alors Chelloka avait cessé de demander la paix comme chaque reine avant elle. Et elle remplissait les ventres d’acide, armait ses soldates de longues lances acérées. Et l’odeur de chitine brûlée et fondue emplissait l’air au moins une fois par jour. Les thorax troués par le plasma des ennemis jonchaient les chemins, les bois et même les champs d’insectes.

— Pourquoi ne jamais avoir tenté de dérober l’Oeuf ? demanda Zélie, un jour où elle aidait les nourrices à passer les pupes.

— Les défenses du Palais Étincelant sont trop solides pour nous. Tout le périmètre grouille de ces énormes bestioles et la plus discrète d’entre nous n’arrive pas à se faufiler sans perdre la tête. Notre acide est redoutable, mais elles font le double de notre taille et leurs tibias affutés nous tranchent sans mal. Sans parler de leurs blasters qui nous anéantissent à distance, expliqua la reine. Non, nous devons attendre qu’elles comprennent.

— Et si cela n’arrive jamais ? demanda la jeune fille. Je veux dire, vous vous battez depuis la nuit des temps, n’est-ce pas ? Qu’est-ce qui vous fait croire qu’elles ont envie de changer d’avis ?

— Parce que la peur ne peut pas durer éternellement, répondit la pondeuse, d’un ton docte.

— Vous croyez ? Et la haine alors, elle ne peut pas durer éternellement ?

L’œil à facette de la reine eut un éclat étrange. Antennes basses, mandibules pendantes, sa tête soubresautait d’une manière que Zélie n’avait jamais vue.

— Chelloka ? demanda-t-elle en quittant la chaîne pour rejoindre la grosse fourmi. Qu’est-ce qu’il y a ?

— Je ne sais pas. Quelque chose me fait mal, là.

D’une patte griffue, elle montrait son thorax. Autour d’elle, ses sujets s’affairaient, la touchant avec agitation, léchant son ventre, son dos et sa bouche. Chakanaka apparut rapidement à la porte, entrant en trombe et courant vers sa souveraine. Elle lui tapota le crâne puis ajusta ses mandibules contre celles de la reine. Lorsqu’elle se détacha, la tête de la reine avait cessé de trembler et les mouvements erratiques de ses antennes avaient cessé.

— Qu’est-ce que vous lui avez fait ? Ses phéromones de détresses étaient détectables à l’autre bout de la Souche ! la générale fourmi poussait Zélie de ses antennes, qu’elle frappait comme des maillets sur la poitrine de la jeune fille.

— Mais rien ! Aïe ! Mais arrêtez, je n’ai rien fait ! s’exclama la jeune fille en essayant de se soustraire aux coups. Mais dites-lui, Chelloka !

— Laisse-la, Chekanaka, elle n’y est pour rien. Je prenais juste conscience que nous ne verrons jamais le bout de cette Grande Guerre.

— Nous exterminerons les Assoiffés, Majesté, promit la fourmi.

— C’est impossible et tu le sais aussi bien que moi. Non, nous devons trouver un autre moyen.

— Nous le trouverons, promit Zélie. Nous allons vous aider à trouver un nouvel angle d’attaque, vous verrez.

*

— Tu as fait quoi ? s’emporta Hugo.

— J’ai promis à la reine que nous allions l’aider, lâcha Zélie, butée. Et c’est ce que nous allons faire.

— Pourquoi ferions-nous cela ? Elles refusent de nous ramener chez nous, de nous laisser partir, pourquoi devrions-nous les aider ? demanda Maha avec acidité.

— Parce que je suis sûre que si nous sommes là, c’est pour les aider !

— Tu crois au destin maintenant, railla Hugo.

— J’ai pas dit ça. Mais je sens que sans nous, la guerre ne quittera pas la Forêt, c’est tout.

— Et tu veux qu’on fasse quoi ? soupira Maha.

— Qu’on récupère l’Oeuf.

— Rien que ça, fit Hugo en roulant des yeux. Et tu comptes t’y prendre comment sachant qu’elles n’ont jamais réussi ?

— Nous savons une chose qu’elles ne savent pas : le monde s’étend derrière la frontière Ouest. Si on fait tomber leur barrière, qu’on attire les Mantes dans ce nouveau monde et qu’on les éloigne suffisamment du Palais, alors on pourra y entrer et récupérer l’artefact.

— Super. C’est super, s’exclama Maha en tapant rageusement du pied. Parce que les Mantes vont se laisser prendre au piège ! Et une fois là-bas ?

— Ça, c’est à vous de trouver. Moi, j’accompagne Chekanaka au Palais.

Hugo et Maha se regardèrent, désabusés. Mais aucun des deux n’eut la force de contredire leur sœur.

— Nous allons faire courir la rumeur d’un endroit où la nourriture est illimitée sur la frontière fourmi. Leur partie de la Forêt est de plus en plus déserte et les raids sur le territoire formique sont de plus en plus fréquents. Elles vont se précipiter dans le piège.

— Et pour faire tomber la barrière ?

— Ça, c’est ton boulot Hugo. Il va falloir trouver un moyen d’ouvrir et de refermer.

— Je m’entends bien avec les chasseuses et les guerrières, intervint Maha. Je les guiderai dans le magasin.

— Très bien. Au travail, alors.

*

— À mon signal, murmura Hugo.

Maha était juchée sur le dos de sa chasseuse favorite, Cheva. Derrière elle, une foule silencieuse se massait, hérissant haut lances et antennes.

— Ah, saleté de champ électromagnétique, tu vas te déconnecter ! râla le lycéen. Ah, enfin !

Il eut une étincelle et le grondement sourd que tous sentaient plus qu’ils ne l’entendaient cessa.

— Allez-y !

Hugo eut juste le temps de se jeter sur le côté avant que la marée de fourmi déferle dans le grand magasin, Maha à sa tête.

Quelques minutes plus tard, des centaines de Mantes, d’un vert aussi tendre que leurs yeux étaient cruels, passèrent en courant sur les traces de leurs ennemies. Dans leurs pattes avant luisait le reflet étincelant de leurs blaster de cristaux. Lorsqu’elles furent toutes passées, Hugo remit en route le générateur, circonscrivant ainsi la bataille au monde extérieur. Il avait donné des ordres à Maha afin qu’elle coupe le courant du supermarché également. Il était préférable que les humains innocents ne soient pas pris entre les projectiles. Et quelle serait leur réaction face à des insectes géants ? Mieux valait évacuer !

— Retournons auprès de la reine, déclara-t-il aux deux fourmis qui l’escortaient.

*

À la grande surprise de Maha, lorsqu’elle déboucha dans le magasin, elle n’était guère plus grande qu’une miette. Elle et ses copines fourmis avaient la taille… de fourmis ! Tant pis, elle s’en étonnerait plus tard. Pour le moment, elle devait trouver le compteur général qui couperait le courant. Tout cela en évitant la foule des consommateurs. Heureusement, parmi toutes les fourmis présentes, elle voyait deux individus plus gros, qui avançaient en queue de file. Les reflets arc-en-ciel sur leur dos laissaient deviner des ailes qui n’avaient encore jamais vrombi. Tant pis, ils apprendraient sur le tas !

— Faites-moi descendre la colonne, je dois aller voir le prince et la princesse !

— Ils ne devaient pas nous suivre ! Comment ont-ils fait ? Ils sont trop précieux pour la colonie pour les mettre en danger ! ragea la Cheva.

— On y peut rien, si on ne veut pas croiser les Mantes, nous ne pouvons pas faire demi-tour. Je vais prendre la princesse pour couper le courant et le prince vous guidera d’en haut pour que vous vous mettiez en place !

Avec mauvaise grâce, la fourmi hocha la tête, tandis que l’humaine se levait pour marcher sur la marée de dos luisants qui se présentait à elle. Aidée par les fourmis, elle rejoignit bien vite le couple ailé.

— Vous allez vous faire tirer les antennes, vous savez ? leur glissa-t-elle.

— Nous n’en pouvions plus de nos niches exigües. C’est toujours les autres qui font des trucs intéressants pendant que nous, on est cloîtrés dans la souche. Alors tant pis !

— Moi ça me va très bien, j’ai besoin de vous !

Rapidement, elle leur expliqua ce qu’elle attendait d’eux. Elle grimpa sur la grosse femelle qui savoura les mouvements de ses ailes qui attendaient leur premier vol depuis une éternité.

Maha survola le magasin, très haut. Comme c’était impressionnant d’être si petit ! comme c’était grisant d’être si loin du sol ! Elle fit voler la princesse jusqu’au rayon fruits et une fois que le prince les eut rejoints, elles prirent le chemin du local électrique. Quelques coups de mandibules bien placés et la musique d’ambiance cessèrent, les frigos s’éteignirent, le noir se fit.

Un brouhaha de voix et de cris monta, puis ce fut la cavalcade vers la sortie. Maha et la princesse rejoignirent les autres qui arrivaient sous les étals.

— Nous avons fait bien attention à laisser plein de phéromones de traçage afin de guider les Mantes jusqu’à nous.

— Oui, je vois ça, oui, fit Maha.

Les Mantes arrivaient au bout du tapis d’un vert passé, menaçantes.

— Vous n’aurez pas nos provisions ! gronda la Mante de tête.

— C’est notre champ ! lança Cheva.

Un coup de blaster qui fit fondre sa voisine lui répondit. Maha sauta souplement au sol et se mit à l’abri derrière un pied de métal, non sans avoir ramassé la lance de la morte, tandis que les Fourmis basculaient leur abdomen.

*

— Tu es sûre que ça va marcher ?fit Chekanaka.

— Non, avoua la jeune fille. Si ce n’est pas le cas, nous dirons adieu à nos têtes.

— C’est cela ! Je ne les laisserai pas prendre ma tête ni celle de la reine. Pas la tienne non plus, ajouta la fourmi devant le regard insistant de Zélie.

— Tu n’avais qu’à pas insister pour emmener Chelloka. Elle aurait été plus en sécurité à la Souche.

— Sauf si les Mantes avaient envoyé des soldates. Elle est très bien avec nous.

En moins d’une heure, le groupe de fourmi était devant le Palais Étincelant.

— Vas-y, lui intima Chekanaka.

— Pourquoi c’est moi qui devrais y aller en premier ? geignit la jeune fille.

— Parce que je suis sûre que comme nous, elles préféreront éviter de te manger. Tu es vraiment un insecte trop étrange.

Tremblante, Zélie approcha du palais, seule. À sa grande surprise, personne ne l’arrêta. Il y avait bien quelques insectes verts et chétifs, mais ils la regardèrent passer placidement. Cependant, ils s’approchèrent suffisamment pour lui couper toute retraite. Chekanaka lui emboîta le pas, tandis que la reine et son escorte restaient à couvert jusqu’à leur retour.

Les insectes, que Zélie identifia bientôt comme les mâles mantes, les conduisirent directement à la majestueuse salle du trône du Palais Étincelant.

Sur une branche aux feuilles d’un vert soutenu se tenait la reine Mante. Contrairement à toutes celles que la jeune fille avait croisées depuis son arrivée, elle n’était pas d’un vert tendre de jeune pousse. Elle était rose et ses membres avaient la rondeur douce de pétale délicat. Elle avait l’air de la plus dangereuse des fleurs.

— Qu’avons-nous là, chuinta-t-elle. Une créature étrange qui accompagne notre ennemi de toujours, une Voleuse !

— Nous ne sommes pas des Voleuses, Assoiffée ! cracha Chakanaka.

— Ne commence pas, Chakanaka. Nous ne sommes pas là pour faire la guerre, mais la paix !

Les deux insectes eurent un cliquetis de dédain.

— Tu entres chez moi, vilaine petite bestiole et tu parles de paix ? s’exclama la reine. Tu emmènes avec toi cette Chapardeuse et tu parles de paix ? Ah, si mes guerrières étaient là, elles te réduiraient en charpie plus vite qu’il n’en faut pour le dire ! Dommage que je n’ai sous la main que ces mâles aux tibias malingres !

Zélie ne répondit pas tout de suite, cherchant ses mots.

— Nous venons pour instaurer la paix entre les Fourmis et les Mantes. Vous devez réunir les Artefacts !

— Jamais ! cracha la reine. Jamais nous ne fournirons aux Fourmis l’arme pour nous réduire en poussière ! L’Oeuf est notre héritage !

— Nous le prendrons de force, vous n’avez plus d’armée, rétorqua Chakanaka.

— C’est donc de votre fait si je me retrouve seule face à vous, souffla Xilori. Vous devrez me passer sur le corps pour le récupérer.

— J’en rêve, lâcha Chakanaka entre ses mandibules.

Zélie lança son pied dans sa patte avant pour la faire taire.

—Écoutez, vous voyez bien que je ne suis pas une Fourmi. Pourquoi vous mentirais-je ?

— Pour prendre mon palais et festoyer sur les cadavres de mes sœurs.

— C’est répugnant, grimaça l’humaine. Non, je n’y gagne rien. Je pense juste que la Prophétie qui parle d’un Nouveau Monde ne signifie pas un monde sans Mante.

— Il n’est pas question de paix, mais d’arme évaporée. Nous sommes des armes. Nous ne voulons pas nous évaporer.

Durant encore longtemps, Zélie tenta de faire entendre raison à Xilori, la reine fleur. Elle réussit le tour de force de faire entrer la reine Chelloka sans le Palais Étincelant. Elle était la première souveraine Fourmi à y pénétrer depuis l’assassinat de Xara.

— Chelloka, la salua froidement la Mante.

— Xilori, ma sœur, es-tu enfin prête à laisser les Artefacts ne faire qu’un à nouveau ?

— Tu l’as apporté ? demanda Xilori, la convoitise dans le regard.

— Je suis venue en paix. Je l’ai apporté. Vois ça comme un gage de confiance. Peux-tu me montrer la Sphère ?

— Si tu me montres le Vaisseau.

La défiance était palpable entre les deux reines. Cependant, chacune d’elle éleva les pattes avant, et, sous les yeux ébahis de Zélie, les deux artefacts déchirèrent la réalité, pour flotter entre les deux souveraines.

Instantanément, il y eut un fracas énorme, tel un éclair qui aurait frappé directement le palais.

— Chelloka ! Tu m’as trahie ! Nous mourrons !

Xilori avait bondi, tibias en avant, mais suspendit son geste. Aucune douleur, pas d’hémolymphe ni de poussière. Elle était là, entière, vivante. Cependant, à l’extérieur, les rumeurs d’une bataille grondaient. Puis ce fut le silence.

Xilori se précipita vers le balcon qui s’ouvrait sur l’extérieur, aussitôt suivie des deux Fourmis et de l’humaine.

Au pied du Palais Étincelant se massait une foule compacte d’où s’élevaient les volutes nauséabondes des chitines brûlées. Mais les belligérantes avaient cessé de se tirer dessus et tous regardaient le palais, hypnotisées. Zélie trouva facilement son frère et sa sœur dans la foule.

— Qu’est-ce qui se passe ? cria-t-elle à son frère qui se trouvait au pied de la forteresse.

— Le palais ! Il brille ! On dirait qu’il est allumé de l’intérieur !

Alors les Fourmis, la Mante et l’humaine se retournèrent.

Les artefacts étaient toujours en lévitation, l’un devant l’autre et la lumière qu’ils dégageaient se reflétait dans les cristaux de la salle du trône.

— Alors Xilori, tu es prête à faire confiance aux Fourmis ? Ton armée est de retour et je te propose de les rejoindre pour rendre enfin aux artefacts leur forme originelle.

— Si jamais… commença la Mante.

— Quelle divinité regrouperait un peuple séparé pour l’exterminer juste après ?

La Mante inclina la tête. Elle était fatiguée de haïr. Fatiguée de se battre. Fatiguée de douter. Quoiqu’il arrive maintenant, c’était le repos qui l’attendait.

Chakanaka et Zélie en tête, les quatre créatures sortirent sur le parvis où la foule, silencieuse, les attendait.

Xilori et Chelloka se firent face, chacune l’artefact gardé par son peuple des générations durant, dans les pattes. La Fourmi tendit le Vaisseau à la Mante, qui, tête baissée, lui présenta l’Oeuf. Elle s’attendait à un grand coup de blaster, une lumière aveuglante, qui lui ferait regretter, l’espace d’un instant, d’avoir fait confiance à l’ennemi.

Au lieu de cela, il n’y eut d’abord qu’un petit cliquetis, qui confirma que les deux pièces s’emboîtaient parfaitement. Puis, lentement, l’air se déchira et s’élargit jusqu’à ce qu’une porte lumineuse soit ouverte devant les deux reines. Maha et Hugo rejoignirent Zélie, qui s’approchait de l’ouverture.

À travers la porte dimensionnelle s’étalait une forêt, bien plus vaste que celle qu’ils occupaient. Les arbres haut et aux couleurs improbables s’élevaient vers un ciel piqué d’étoile. Une planète gigantesque, cernée d’anneaux d’un gris étincelant occupait une partie du firmament.Au sol, l’herbe violette ondulait sous une brise qui vint ébouriffer les cheveux des humains.

Chakanaka fut la première à oser passer le seuil. Elle courut à droite et à gauche, ivre de cette nouvelle liberté, respirant autant qu’elle le pouvait l’air frais qui ne sentait pas la chitine fondue.

— Alors, prête pour la paix ? demanda Chelloka à Xilori qui n’en croyait pas ses facettes.

Elle tendit sa patte vers Chelloka, la saisit par le cou. Tout le monde retint son souffle. Mais la tête de la reine Fourmi resta vissée à son corps. Et Xilori l’entraînait vers leur Nouveau Monde.

Rapidement, les deux colonies se rangèrent en file et passèrent la porte, soulagées de poser enfin leurs armes.

Lorsque tout le monde fut passé, Chelloka rejoignit les triplés dans la Forêt.

— Merci, dit-elle simplement. Sans vous, nous aurions passé encore des générations à nous entre-tuer. Les Artefacts sont enfin réunis, pour le meilleur. Pour rentrer chez vous, retournez à la frontière ouest.

— Justement, intervint Maha. Votre champ électromagnétique nous a miniaturisé. Mais en le passant en sens inverse, moi comme toutes vos Fourmis avions la taille des fourmis de notre monde. Nous avons cru que vous étiez géantes, mais en réalité, c’est nous qui étions plus petits que la normale. Je ne sais pas comment nous allons retrouver notre taille.

— Je pense, fit la reine, que les Artefacts vous mèneront chez vous. Ils sont un portail vers l’endroit auquel nous appartenons. Et après des années d’exil, nous rentrons enfin à la maison !

— Bon voyage alors, fit Hugo en tendant une main à Chelloka qui y appuya sa grosse tête.

— Et surtout, plus de guerres, lâcha sévèrement Zélie qui cachait la larme qui perlait dans son regard.

— Adieu, murmura Maha.

Et la reine s’en fut rejoindre son Nouveau Monde.

D’un même mouvement, les triplés posèrent leur main sur la grosse sphère. Le monde des insectes s’effaça, pour laisser place au supermarché. Main dans la main, ils traversèrent le portail, puis ce fut le trou noir.

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