Famille d'accueil 

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Rose marchait depuis si longtemps. Elle était épuisée. Ses muscles la faisaient souffrir. Le souffle court, elle trainait sa carcasse osseuse comme elle pouvait. Elle trébucha et vint heurter durement le sol. Elle aurait pu rester là, allongée sur le bitume humide. Attendre que quelque chose vienne. N’importe quoi. Mais ce n’était pas Rose. Rose était forte. Téméraire. Combattive. Elle ne s’avouerait pas vaincue. Pas même lorsque la mort viendrait la cueillir. Elle poussa le sol de toutes ses forces, se redressa et continua. Cahincaha.

On n’y voyait pas à trois mètres. Une brume épaisse opacifiait l’air. Rose ne pouvait se fier qu’à son ouïe. Elle était arrivée jusqu’au grand pont, elle entendait le torrent lointain en contre bas. Elle n’était plus très loin. Un jour de marche tout au plus. Elle avait fait le plus dur. Onze jours qu’elle errait sur la route. Une voiture passa à grande allure. Elle freina fort et klaxonna en apercevant Rose sur le bas-côté. Elle ne s’arrêta pas.

Elle avait fugué. Cette nouvelle famille, elle la détestait. Jamais elle n’aurait pu s’y sentir chez elle. La mère avait tout fait pour la mettre à l’aise, la bonne nourriture, les câlins… mais ça ne suffisait pas pour être heureuse. Une seule personne qui l’acceptait sur toute une famille, c’était trop peu. Le petit garçon ne la laissait jamais en paix et la martyrisait toute la journée. Le père lui criait dessus. Il la terrifiait. Sa voix était grave et sévère.

« C’est pour ton bien » lui avait dit sa vieille grand-mère. « Moi je ne peux plus m’occuper de toi, tu vas t’ennuyer, tu es jeune ». Mais ce n’était pas grave, elle aimait s’ennuyer avec sa grand-mère. Elle était douce et elle sentait bon le gâteau. C’est vrai qu’elle ne pouvait plus venir se promener avec elle, mais ce n’était pas grave, elle se promènerait seule.

Alors Rose avait fui sa famille d’adoption. Et maintenant, elle marchait vers sa grand-mère. Elle n’aurait plus besoin de marcher avant un long moment !

Rose avait faim. Elle rêvait d’une assiette bien remplie. Et elle avait froid, elle était trempée jusqu’aux os. Elle espérait du fond du cœur que sa grand-mère avait allumé la cheminée. Encore quelques kilomètres. Elle se mit à trottiner dans un élan d’espoir. Elle apercevait la petite maison en haut de la côte, se dessinant dans la brume.

Grand-mère Colette, comme tout le monde l’appelait dans le voisinage, entendit du bruit dehors. Surement les jeunes garçons des voisins. Elle aimait bien les regarder s’amuser. Pleins de fougue et d’énergie. Avant, lorsqu’elle pouvait encore se déplacer sans oxygène, elle les invitait à manger du gâteau au citron. Elle se déplaça jusqu’à la fenêtre. Ses articulations la faisaient souffrir. Elle eut un hoquet de surprise et se précipita aussi vite qu’elle le pouvait à la porte.

— Rose ! Que fais-tu là ma belle ? couina-t-elle entre étonnements et sanglots de joie.

Sa chienne, sa chère Rose, se tenait devant elle. Le corps décharné, la peau éraflée, mais l’œil vif et heureux. Elle était rentrée à la maison. La jeune chienne avait retrouvé sa vieille maitresse.

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