Chapitre 16 : Ce qui a changé

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Les vacances étaient derrière nous et tout le monde avait repris le chemin vers le lycée, chargé de souvenirs qu’ils chériraient ou pas sur le long terme.

Après l’été que j’ai vécu, et je ne pensais pas dire ça un jour, mais je n’étais pas mécontent de retrouver l’ambiance (en partie) studieuse d’une salle de classe. Les filles se partageaient les derniers potins et autres, tandis que les garçons… Comment dire ça sans être trop grossier ? On va dire qu’ils « exposaient leur tableau de chasse » (… Ouais, ça sonnait mieux dans ma tête…). J’ai écouté le tout distraitement mais pour résumé : Masauchi avait eu une petite amourette d’été, qui a pris fin le dernier jour (Dans les larmes. Les siennes), Ueda avait beaucoup traîné (malgré lui) avec sa collégienne, Yagi, par je ne sais quel miracle, s’est rapproché de Tanzaki et Serizawa… restait Serizawa.

(Mais où est-ce qu’il trouve l’énergie pour sortir et conclure avec autant de filles !?)

Pour ma part, filles comme garçons n’ont pas arrêté de me harceler pour savoir ce que j’avais bien pu faire en compagnie de trois filles en France. Maudits réseaux sociaux…

Mais ils sentaient bien que des choses s’étaient passés entre nous car Saya, devant tout le monde, m’appelait par mon prénom. Idem pour Saeko, qui était même devenue amicale avec moi. Alors, je pouvais comprendre la surprise de mes autres camarades de classe mais ce n’était pas une excuse pour tenter de d’extirper des informations en mode police.

Quelle rentrée…

Et pour ne rien arrangé, Kaminari Karin, celle avec qui je bossai à la supérette, avait retrouvé ma trace au lycée et voulait que je rejoigne son club, celui de manga. J’ai refusé car je ne me voyais pas traîner avec elle en plus des heures de boulot et puis, j’étais déjà membre du club de littérature. Ajouté à mes devoirs de délégué de classe, j’avais pas le temps. Du coup, ce fut elle qui me colla aux basques quand elle avait un peu de temps libre. Je savais pas si c’était pour m’embêter ou parce que je l’intéressais qu’elle faisait ça…

Non, ça devait être pour m’embêter.

Yuna et moi nous voyions de moins en moins. Non pas que la flamme s’était éteinte entre nous. Juste que chacun de notre côté, nous étions à présent pas mal occupé. Mais dès que l’occasion se présentait, on se voyait et on… (Oui, bon ! Pas la peine de faire un dessin).

Comme convenu avec Saya et Saeko, nous avions tous les quatre arrêté nos parties de jambes en l’air entre nous. Je serais un menteur si je disais que ça ne me manquait pas un peu. Et sur LINE, les filles pensaient un peu pareilles mais nous étions tous d’accord sur un point : il fallait que ça s’arrête. Et puis, en plus d’avoir été une expérience… intéressante, cela m’a fait prendre conscience d’une chose…

Le temps défila à une telle vitesse qu’on était déjà début novembre, en plein festival culturel.

Après un vote, nous avions opté pour tenir un café majordome-soubrette (Bonjour, l’originalité !). Notre argument de vente : Serizawa, Masauchi… et moi. Vêtus en bon majordome, nous dégagions une élégance insoupçonnée qui plaisait aux clientes. Surtout celles venues d’autres lycées, pour l’occasion.

-Si on m’avait dit que pour plaire, je devais enfiler un costume…, fit Masauchi avec un sourire que je trouvais hideux alors que des filles le complimentaient.

De nous trois, c’était Serizawa qui avait le plus la côte, avec son charme naturel et son côté séducteur.

Pour ma part, j’étais le moins populaire mais j’avais quand même deux ou trois admiratrices qui voulaient se prendre en photo avec moi. Par malchance, l’une d’elles était Kaminari, qui venait surtout rire de moi tout en m’immortalisant sur son portable. Que j’ai viré rapidement, vu qu’elle consommait peu et dérangeait les clients.

-Shûûûûhei !

Quelle ne fut ma surprise quand Yuna a débarqué. À ce moment-là, quasiment toutes les filles de la classe la regardaient du coin de l’œil, tandis que je l’installais à une table. Tout le monde était au courant mais aucunes d’elles ne l’avaient vu en vrai. Je me doutais bien que certaines se demandaient comment j’avais réussi à sortir avec une fille si jolie, moi qui n’avais rien de particulier physiquement, mais je m’en fichais.

Avec la « bénédiction » de Saya, la responsable, j’ai pu être au petit soin pour ma petite-amie. Par moment, Serizawa tentait l’incruste et jouait les beaux parleurs avec elle. Par chance (pour lui), Saeko arrivait à la rescousse pour le recadrer et le ramener à son poste.

Après cela, on m’a autorisé à aller profiter un peu du festival avec elle.

Où que nous allions, les regards se posaient sur elle. Rien d’étonnant. Depuis peu, Yuna était maintenant une petite célébrité du monde du basket féminin et l’une des rares à avoir eu sa photo dans deux ou trois magazines. Bien que je soupçonnais que ce n’était pas que pour ses talents de joueuse…

Mais bien sûr, elle ne s’en souciait pas. L’important était de passer un bon moment ensemble et ce fut le cas.

Ce fut un bon festival, pour ma part…

Je n’ai pas pu profiter du festival sportif, quelques temps après. Comme un abruti, je me suis salement foulé la cheville lors de la première épreuve. L’infirmière a été catégorique : le festival était fini pour moi. Pas que j’allais m’en plaindre. Je n’ai jamais été très sportif, de toute façon. Saya venait autant qu’elle le pouvait me voir entre deux épreuves. D’une part, je trouvais ça attentionné mais de l’autre, ça devenait parfois gênant quand nous étions seuls. Si on suivait les clichés des histoires se déroulant dans un lycée, l’infirmerie était l’endroit propice aux déclarations et à des activités qu’on ne saurait pratiquer normalement dans une infirmerie. Mais rien ne se passa.

Par moment, je sentais que Saya été tenté de vouloir plus qu’une amitié. C’était souvent de petits gestes, des paroles qui semblaient anodines, des messages en apparence innocents… Mais au final, ni elle ni moi ne franchirent la ligne. Peut-être avais-je finalement sous-estimé ce qu’elle ressentait depuis le Havre…

Certes, nous étions proches mais j’avais l’impression qu’elle regrettait que nous ne le soyons plus autant que durant cet été.

Bien que j’avais un peu de peine pour elle, nous ne pouvions plus revenir en arrière. Saya était devenue une bonne amie mais je ne pouvais lui donner ce qu’elle cherchait. Car je l’avais déjà donné à Yuna, il y a longtemps.

Un jour, alors que Yuna était venue chez moi pour que je l’aide à réviser pour les examens de fin de trimestre, elle m’a demandé ceci :

-Shûhei, tu sais ce que tu feras, après tes études ?

-Hum. J’hésite, en vrai.

-Ah bon ?

-J’hésite entre bosser dans l’enseignement ou être éditeur.

-Mon Shûhei veut être prof ?!

-Quoi ? C’est si étonnant que ça ?

-Non, non. C’est vrai que ça pourrait te correspondre.

-Oui.

-Et pour éditeur, ce serait de romans ?

-Tu vois autre chose ?

-Bien… Peut-être de mangas, non ?

-Pardon ?

-Bien, l’an dernier, tu donnais de bons conseils au club de mangas, si je me souviens bien. Ça ne t’intéresse pas ?

-Pas plus que ça…

-Ah…

-… Mais j’y réfléchirais sans doute. J’ai encore le temps.

-Oui.

-Et toi ? Tu veux toujours passer pro ?

-Bien entendu ! Mais j’ai un autre objectif aussi !

-Lequel ?

-Devenir une bonne femme au foyer !

-Pour qui ?

-Pour toi, idiot ! Pour quand on sera mariés…

Elle s’est mise à rire en disant cela. Mais moi…

-Pourquoi pas.

Elle a soudainement arrêté de rire et m’a regardé avec une certaine surprise.

-Shû… Shûhei ?

-Quoi ? Qu’est-ce que j’ai dit ?

-Tu… es sérieux ?

-Sur quoi ?

-Sur le fait que j’ai parlé de nous comme étant mariés.

Elle me fixa avec un grand sérieux. Le même que lorsqu’elle était sur parquet, un ballon à la main. Je l’ai regardé avec le plus grand sérieux du monde et lui ai dit :

-Quand on aura tous les deux une situation convenable, si tu veux toujours de moi, j’aimerais effectivement me marier avec toi.

Je crois qu’il a fallut quelques minutes à son cerveau pour encaisser ce que je venais de lui lancer.

Une minute après, je vis des larmes couler de ses yeux. Elle m’assura que c’était des larmes de joie, quand elle vint se blottir dans mes bras et me serrer de toutes ses forces.

-Si tu changes d’avis d’ici là, je ne te le pardonnerai jamais…, m’a-t-elle dit en cachant son visage dans mon épaule.

-D’accord.

Puis, elle vint m’embrasser avec tout son amour. Un baiser que je lui rendis bien volontiers.

Depuis le Havre, j’en avais la conviction : peu importait avec qui je couchais, il n’y avait qu’une personne que j’aimais plus que tout et avec qui je voulais passer le reste de ma vie.

C’était Yuna et personne d’autre.

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