Chapitre 12.5 : Lendemain de cuite

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Au petit-déjeuner, une gêne pesante était palpable. Personne ne parlait. Personne n’osait se regarder dans les yeux. Je n’arrivais à regarder Shûhei en face, ni Saeko et encore moins Saya. En plus, j’avais un mal de tête terrible et ma bouche pâteuse commençait seulement à disparaître à coups de grands verres d’eau.

-Qu’est-ce qu’on a fait…, s’est mise à dire Saeko plus pour exprimer sa stupeur que son interrogation.

-Cela me semble évident, dit Saya avec le plus grand des calmes.

-Le pouvoir de l’alcool est terrifiant…

-Je te fais pas dire…, ai-je ajouté.

-Vous dramatisez un peu trop, non ? fit Saya.

-Mais enfin ! On s’est tous retrouvé à poil dans le même lit !

-Et alors ? Ce n’est pas la première fois que tu vois ton copain nu, non ?

-Moi, je voulais pas voir ça ! intervint Saeko. En plus, c’était… c’était…

Elle devint rouge comme un fruit rouge, avant de s’affaler sur la table basse et de hurler.

-Moins fort…, dit Shûhei en se tenant la tête. Ma tête peut encore exploser…

-On devrait peut-être aller à la pharmacie acheter quelque chose contre le mal de tête, proposa Saya.

-Je dis pas non…

-Shûhei… Saya… Vous avez l’air moins mal en point que nous, ai-je fait remarquer.

-On dirait qu’on supporte mieux l’alcool, lui et moi. L’habitude ? Non, ce serait plutôt le métabolisme…

-En même temps, je n’ai jamais autant bu qu’hier…

-Moi non plus, à vrai dire. C’était… intense, comme expérience.

-C’est comme ça que tu appelles ce qui s’est passé ! hurla Saeko. J’ai perdu ma virginité !

-Arrête de te plaindre ! Tu aurais pu tomber sur pire, quand même ! Et puis, moins aussi, maintenant, je ne suis plus vierge…

Pendant que les deux autres se « disputaient », je lançais un regard noir à mon copain, qui s’en rendit vite compte.

-Ne me regarde pas comme ça, m’a-t-il dit. Toi aussi, t’as fait des choses avec elles.

J’ai fortement rougi et j’ai baissé les yeux. C’était flou par moment, mais j’avais bien des bribes de souvenirs où Saya et moi… Où Saeko et moi… Où Saya, Saeko et moi…

Rien que d’y repenser, c’était trop gênant !

On a attendu un peu que les esprits se calment. Et que Shûhei reviennent de la pharmacie avec des cachets pour lutter contre nos maux de crânes.

-On fait quoi, maintenant ?

La question de Saeko était légitime. Je nous voyais mal faire comme si de rien n’était, après ça. On n’était plus une bande d’amis partie en voyage. On n’en était plus là…

Saya a alors levé la main pour prendre la parole :

-J’ai… une proposition. Mais je ne crois pas qu’elle risque de vous plaire.

-Pourquoi tu la proposes, alors !? s’exclama Shûhei.

-Parce qu’avec celle-ci, tout le monde peut y trouver son compte. Je pense… Et sinon, ça peut aussi nous aider à passer à autre chose.

Moi, Shûhei et Saeko nous sommes regardés entre nous, sceptiques. Mais comme nous n’avions rien à proposer, nous nous sommes dit que nous pouvions au moins écouter ce qu’elle avait à dire.

Sa proposition… était aussi indécente que stupéfiante ! Mais je mentirais si je disais que ma curiosité pour cette expérience était inexistante. Shûhei ne semblait pas emballer par l’idée, tout en me regardant avec un air inquiet. Saeko, elle, était plongée dans une sorte de réflexion intense, coupée de notre monde.

Alors que Saya venait de nous dire de finalement oublier sa proposition, j’ai levé la main et, à la grande surprise de tous comme de la mienne, j’ai dit que si Shûhei et Saeko étaient partants, je l’étais aussi. Shûhei, abasourdi au début, était sur le point de s’écrier quelque chose quand Saeko l’interrompit et déclara à son tour qu’elle était partante. Ne restait que Shûhei, qui se sentait visiblement prit au piège. Je lui ai pris la main et lui ai dit qu’il n’était pas obligé de le faire et que si c’était sa décision, je me retirais aussi du projet. Il nous a regardé et a lancé, avec une mine sévère :

-Je pense que c’est une mauvaise idée…

-Sans doute, avoua Saya.

-Je pense pareil, dit Saeko.

-En tant que petite amie, je confirme : c’est la pire idée…, ai-je ajouté.

-Et malgré tout, vous tenez quand même à faire ça ?

Nous lui avons répondu par l’affirmative ensemble. Il m’a surtout regardé puis a soupiré, avant d’accepter à son tour.

-Mais seulement jusqu’à la fin de l’été. Dès la rentrée, on arrête.

Les conditions parurent acceptables.

À présent, plus moyens de reculer. J’avais accepté en mon âme et conscience.

(J’espère juste que je ne vais pas le regretter…)

-Bien, nous avons un peu de temps avant le déjeuner, dit Saya en attachant ses cheveux. Qui commence ?

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