Prologue 2 : Nanahara Yuna

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C'était le grand jour ! Le jour de la rentrée ! Dans mon nouveau lycée !

J'étais super contente à l'idée de commencer cette nouvelle année scolaire, ce matin, quand j'ai quitté ma chambre pour prendre le petit-déjeuner avec les autres pensionnaires. Je n'y étais que depuis quelques jours mais je me sentais comme chez moi.

-Hé ! La marmotte ! me cria dessus un grand type à lunettes alors que j'entrai dans la salle à manger et que tout le monde était déjà à table. C'est maintenant que tu viens prendre ton petit-déj' ? On ne te fera pas de cadeau sous prétexte que tu es une élève transférée !

-Pardon, senpai !

Il s'appelait Hondo Satoru. Il entrait en troisième année. À son entrée au lycée, il était venu de sa campagne pour poursuivre ses études à Tokyo. Il était du genre strict mais au fond, il était gentil.

-Allons, Hondo. Ne dispute pas ma mignonne petite Yuna de si bon matin, lui dit le beau garçon avec les cheveux coiffés en arrière et portant un serre-tête.

-Senpai, je ne suis pas « ta mignonne », lui ai-je dit en m'asseyant à ma place.

-Yuna-chan. Tu vis dans le déni mais je le sais, je le sens. Ton cœur n'arrête pas de battre pour moi. Et je sais qu'entre nous, une belle histoire peut...

-Senpai ! Je t'ai déjà dit que j'avais un petit ami !

-Allons, votre histoire appartient au passé, depuis que tu es venue vivre à Tokyo. Nous, c'est dans le présent que nous...

-Izuku, ferme-la et mange, au lieu de dire des âneries plus grosses que ton ego ! lui lança Hondo en lui fourrant de force des tempuras dans la bouche.

Hikitani Izuku était un coureur de jupons. Je l'ai vite compris, le jour de mon arrivée, alors qu'il draguait l'autre fille de la pension et que son attention s'est très vite portée sur, lorsqu'il m'a vu débarquer avec mes affaires. Lui aussi en troisième année, dans la même classe que Hondo-senpai. On m'avait dit qu'il n'était presque jamais à la pension mais rentrait toujours avant le couvre-feu. Enfin, la plupart du temps. Il lui arrivait aussi de rentrer assez tard et quand on lui demandait où il était, il s'en sortait avec une pirouette. Je me demandais par quel miracle le professeur gérant de la pension ne l'avait pas encore chopé.

L'autre fille de la pension, Mizuhara Kaoru, était une fille de petite taille, mignonne et discrète, de première année. Quand je l'ai rencontrée la première fois, elle craignait d'être l'unique fille, entourée de garçons. Elle parlait peu mais je l'aimais bien. Surtout parce que je la trouvais mignonne comme un chaton qu'on voudrait caresser.
(Haaaan... Ça me manque, de faire des câlins à Kurô...)

Après ce délicieux petit-déjeuner, nous sommes partis ensemble pour le lycée, qui n'était qu'à une vingtaine de minutes à pied de la pension. Sur le chemin, j'ai reçu un message de mon petit ami qui me souhaitait une bonne rentrée. Je n'ai pas attendu longtemps avant de lui souhaiter de même, avec pleins de petits coeurs pour accompagner mon message <3

Nous avons rejoint nos classes et avons assisté à la cérémonie de rentrée, dans le gymnase. J'ai plus que lutté de toutes mes forces pour ne pas m'endormir pendant le discours du proviseur. J'ai remercié le ciel quand ça s'est terminé et que nous sommes rentrés en classe.
À la demande de mon professeur, je me suis rapidement présentée à ma nouvelle classe et ils avaient l'air sympa. J'étais trop contente !

Mais mon sourire s'est vite effacé quand le prof a décidé de faire un contrôle surprise pour vérifier que tout le monde avait quand même étudié pendant les vacances.

Mon cerveau a cessé de fonctionner vers les dernières questions...

Je n'étais pas la meilleure étudiante du monde et malgré le fait que mon copain avait fait de son mieux pour m'aider à me mettre à niveau par rapport à ce lycée, je pouvais affirmer sans l'ombre d'un doute... que j'avais dû me louper.

À la pause déjeuner, j'en ai profité pour essayer de me faire quelques camarades de classe. Comme je l'imaginais, il y avait beaucoup de « grosses têtes » (par rapport à moi) mais dans l'ensemble, comme je le pensais, ils étaient sympas. Un groupe de filles m'avait même proposé de faire le tour de l'établissement cet après-midi, mais je leur ai dit que je ne pouvais pas car je devais rejoindre le club de basket pour quelques formalités. On a alors convenu de faire ça plus tard.

En début d'après-midi, je suis allé au gymnase avec mon sac de sport. Quand je suis entré, tout le monde m'a regardé comme si j'étais perdu ou quelque chose comme ça. L'une des filles m'a même dit que le club des cheerleaders s'entraînait sur le terrain, dehors.

(J'ai l'air d'une cheerleader, sérieux !?)

Ce n'est que quand le coach est arrivé que tout malentendu fut dissipé. Il m'a présenté comme étant la nouvelle élève transférée qui devait rejoindre l'équipe. Elles ont murmurées entre elles quand elles ont enfin compris qui j'étais, et j'ai bien vu sur le visage de certaines qu'elles n'étaient pas toutes ravies que j'intègre le club comme ça. L'une d'elles m'a marquée plus que les autres : elle était fine mais plutôt grande et ses cheveux étaient courts, coupés à la garçonne.

Aujourd'hui, ce n'était pas un entraînement habituel. On allait surtout faire des matchs d'exhibition pour inciter les premières années à s'inscrire.

Ce fut alors le tour de mon équipe. Pendant que j'attachais mes cheveux, j'ai vu que nous allions jouer contre l'équipe de cette grande fille aux cheveux courts. En entrant sur le parquet, j'ai entendu mes coéquipières se plaindre. De ce que je comprenais, cette fille était non seulement titulaire, mais qu'elle était parvenue à devenir l'as de l'équipe depuis l'année dernière, alors qu'elle n'était qu'en première année. En bref, ce n'était pas n'importe qui, pour elles. De plus, la capitaine de l'équipe jouait aussi en face.

Je n'ai pas pu m'empêcher de sourire en entendant cela.

Quand le match a commencé, on me faisait que rarement la passe. Et encore, parce qu'elles n'avaient pas le choix. J'avais compris que mes coéquipières voulaient bien que je sente que, selon elles, je n'étais qu'une fille arrivée de nulle part qui avait intégré le club parce que, dans mon ancien lycée, je « jouais un peu bien au basket ».

(D'accord. Si vous voulez tellement une preuve que je sais plus que « un peu bien jouer »...)

J'ai attendu la deuxième mi-temps pour leur montrer de quoi j'étais capable.

L'une de mes coéquipières venait de perdre le ballon et je l'ai récupéré juste avant la joueuse adverse. J'ai foncé vers le panier mais me suis fait bloquer la route juste avant de pénétrer dans la raquette. Une petite feinte à droite et... j'ai passé le ballon à ma coéquipière qui s'était démarquée, pour qu'elle marque un panier. Une bonne performance, j'ai pensé.

Mais à la reprise, nos adversaires ont passé le ballon à la grande aux cheveux courts. À elle seule, elle a passé toutes les joueuses qui ont tenté de lui barrer la route. Même moi, sous la raquette, je n'ai pas réussi à ne serait-ce que la ralentir pour l'empêcher de marquer. Durant toute sa course, elle ne semblait pas avoir posé le moindre regard sur nous. Comme si nous étions insignifiantes. Face à une telle performance, mes coéquipières semblaient s'être faîte à l'idée d'avoir perdue d'avance.

Mais moi, ça me mettait hors de moi. Elle allait voir...

Alors que l'équipe adverse allait tranquillement se placer en défense sans se presser, j'ai décidé de le faire.

À la reprise, j'ai pris le ballon... et j'ai tiré de l'autre bout du terrain. Les quelques filles qui m'ont vu faire m'ont traitées d'idiote et disaient que ça ne rentrerait pas.
Pour qui elle me prenaient ?

On ne m'appelait pas « la Magicienne des trois points » pour rien, dans mon ancien lycée.

Et comme je l'avais prédit, le ballon était rentré dans le panier, à leur grande surprise, et les trois points ont été validés par l'arbitre.

Certes, elles étaient impressionnées mais presque toutes pensaient que ce n'était qu'un coup de chance.

(De la chance, hein ? On va voir ça...)

Chaque fois qu'on me passait le ballon ou que j'interceptai une passe, je tirais depuis ma position. Chaque fois, je marquais. Je ne m'étais pas entraîné comme une folle pour rien, l'an dernier. Combien de panier avais-je raté avant de maîtriser les bons gestes pour marquer trois points à chaque fois ? J'avais mérité mon surnom, j'avais mérité ma place dans mon ancienne équipe. Et j'allais leur prouver que je méritais ma place dans celle-ci.

Dernier quart-temps, nous menions au score. Plus que quelques dizaines de secondes. J'interceptai une passe et me dirigeais vers le milieu de terrain pour avoir le champ libre pour un tir.

Elle était là, prête à me barrer la route. La grande aux cheveux courts.

Je me préparais à tirer, quand elle a sauté pour intercepter le ballon. Elle avait une détente de malade !

Mais j'avais anticipé ce qu'elle allait faire. C'était pour ça que j'avais fait mine de me préparer à tirer mais que je n'avais finalement rien fait. Une feinte. Oui, je savais faire autre chose que des trois points ! Je l'ai passé et après, je me suis vraiment préparé à tirer. Je l'ai entendu derrière moi retomber sur ses pieds et s'élancer. Ses pas étaient proches. Trop proche ! Avec l'expérience, je pouvais l'affirmer : elle allait arrêter ce tir !

J'étais sur le point de tirer lorsque j'ai remarqué l'une de mes coéquipières, démarquée, devant et demandant le ballon. Au dernier moment, j'ai transformé mon tir en passe vers elle et ai fait écran contre la grande aux cheveux courts, pour que ma coéquipière marque le dernier panier du match.

Cris de joies des joueuses vainqueurs. Elles se sont félicitées entre elles, comme si c'était leur travail d'équipe uniquement qui l'avait emporté. C'était bien sûr faux, mais je n'ai rien dit.

Toutefois, l'une d'elle, celle à qui j'avais fait la dernière passe, était venue me serrer la main et m'avait dit que j'avais bien joué et qu'elle avait hâte pour la prochaine fois, en me faisant un grand sourire. La capitaine était également venue me féliciter, en disant qu'elle attendait beaucoup de moi, après une telle démonstration de mes capacités.

À la fin de la journée, alors que je m'apprêtais à quitter le lycée pour rejoindre la pension, j'ai vu la grande aux cheveux courts attendre devant le portail. Je me suis arrêté quand j'ai vu qu'elle me fixait du regard.

-Rappelle-moi ton nom, m'ordonna-t-elle.

-Nanahara. Nanahara Yuna.

Elle a un peu pouffé de rire.

-Nanahara..., dit-elle. Comme le personnage de Battle Royale ?

-Oui, on m'a déjà fait la réflexion.

(Mon petit copain, par exemple.)

-Et toi ? C'est quoi ton nom, déjà ? ai-je demandé.

-Mimura. Mimura Keiko.

Elle a continué à me fixer un moment puis m'a lancée :

-Tu es douée. Mais crois pas que je te céderai la place d'as de l'équipe comme ça.

-Ne t'en fais pas. Je te l'arracherai au moment voulu.

Elle m'a regardé. Je l'ai regardé. Elle a souri. J'ai souri. Elle m'a alors dit qu'elle avait hâte de voir ça et elle est parti, en me disant à demain.

C'était mon premier jour et j'avais déjà la certitude que j'allais me plaire, dans ce lycée.

Mais j'avais surtout hâte de raconter ma journée à mon copain ! Ce soir, après mon bain et avant de me coucher !

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