Le verre de trop

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Un fracas sourd et poignant parcourt mon corps de frissons.

J'arpente les alentours, en essayant de trouver la source de ce bruit violent et je finis par découvrir deux voitures rentrées en collision.

La fumée se diffuse dans l'air, jusqu'à parvenir à mes narines. Alors que je me trouve à 500 mètres de l'accident.

Les pompiers arrivent à une vitesse folle et leur sirène me replonge dans mes souvenirs.

FLASHBACK

Un verre de trop et il a suffit pour que je ne perçoive pas la voiture prioritaire, qui roulait à grande vitesse, à ma gauche.

Ma voiture bute contre elle, en déplacant toute sa forge centrifuge dans le pare-choc qui s'opprime sur la portière de l'autre auto.

Il a fallu d'une fraction de seconde pour que la poussière des airbags recouvre l'atmosphère, il a fallu d'une courte durée pour que mon passager, mon ami, s'écrase sur le pare brise. Cependant, il m'aura fallu de plusieurs minutes pour comprendre la gravité de la situation.

Ce n'est que lorsque la lumière des gyrophares du camion de pompier m'éblouit, que leur alarme m'assourdit et que l'air devenait plus difficile à respirer, que je me suis rendue compte que je nageais en pleins drame.

Trois brancards passent sous mes yeux, qui sont sûrement destinés aux passagers de l'autre voiture. Sur deux d'entre eux se trouvent être installés des adultes : une femme et un homme, qui sont probablement un couple. Puis, ils sont suivi d'un troisième, où se trouve être installé un enfant, un très jeune enfant, pas plus vieux que la moitié de mon âge.

Mon coeur se sert. Ai-je réellement causé des blessures à ces individus ? Devra t-il vivre sans parent ou avec qu'un seul parent ? Devront-il vivre sans enfant ? Devrons t-il vivre sans mari ou sans femme ?

Aurais-je commis pire que le diable ?

Une voix intercepte mes pensées :

"- Monsieur, vous m'entendez ? Comment vous appelez-vous ? Avez-vous mal ? Monsieur, restez avec moi. Monsieur ! Vite un défribrilateur ! Sortez-le de la voiture ! Crie la dame en uniforme."

Je tourne la tête et aperçois mon ami tout en sang, couvert de bout de verres enfoncés dans sa chaire, les yeux clos, prêt à rejoindre l'au-delà.

"- NOOON ! Réveille toi ! Aidez-le ! S'il vous plait sauvez-le !

Ne pouvant pas bouger, bloquée par la ceinture, je me contente de hurler de toutes mes forces, en essayant d'ignorer la nuée qui se trouvent dans mes poumons. Je me sens bloquée, impuissante face à ces évènements. Comme si j'étais en dehors de la scène, je dois me contenter de regarder cette tragédie et d'espérer qu'elle se transformera en miracle.

Mais ma voix ne le fait pas réagir, pas plus que le massage cardiaque de l'autorité.

Je me retrouve ici, dans ce siège, qui j'espère se transformera en cercueil, pour ne pas à vivre avec ça sur la conscience pour toujours.

Des larmes perlent sur mes joues et chaque goutte représente le reflet de ma culpabilité.

Je prie : "Sa vie contre la mienne."

Puis, soudain, j'entends au loin :

"- C'est fini. Nous ne pouvons plus rien faire."

Des Klaxons me sortent de mes pensées. Un policier me fait signe de continuer d'avancer. J'exécute, la gorge serrée, les mains moites, les yeux humides et remplie de remords.

" - Tout va bien ? Me demande mon passager.

- Oui, ne t'en fais pas, juste de vague souvenirs.

- Tu sais, ce soir-là, tu as commis un drame. Je me dis parfois que peut-être que c'est le destin. Si tel est le cas, j'emmerde profondément la vie. Mais après l'accident, tu aurais pu t'enfuir, ou te lamenter sur ce que tu as fait. Or, tu m'as adopté après la mort de mes parents. Tu m'as nourris, logé et blanchit. Et même si au fond de moi, j'aurais toujours de la rancoeur envers toi. Tu restes néanmoins, une personne qui s'est montrée courageuse et qui a fait en sorte de réparer ses erreurs."

Mon regard rencontre celui de la personne à qui j'ai causé du tort, il y'a maintenant 3 ans. Je vois dans ses yeux, la douleur qu'il enfouit au fond de lui depuis tout ce temps. Et ça me donne le sentiment, que je n'arriverai jamais à me racheter, à ne plus m'en vouloir et à reprendre goût à la vie; car oui, ce soir-là, j'ai ôté la vie de 3 personnes.

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