Chapitre 20

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Tout semblait normal. Au moins pour ce qui concernait l’aspect de la maison. Parce que, tout le long de la longue barrière qui protégeait le domaine du vieux tromblon se massait une foule compacte et curieuse de gens…
Ils regardaient tous en direction de la baie vitrée. Les deux compères ne comprirent pas. Faut dire que tous ces cons les empêchaient de bien voir ce qui se passait. Dernières bordées de jurons lourds de malédictions sulfureuses et quelques coudées pointues dans les côtes des moins mobiles et ils découvrirent enfin le spectacle.
Conardus était planté devant la fenêtre, nu comme un ver !

Alors, vous pourriez me dire qu’à notre époque, y’a rien d’extraordinaire à voir un mec dans le plus simple appareil. Seulement, vous pourrez chercher dans tous les clubs naturistes du monde, ce n’est pas demain que vous trouverez un mec tout vert, comme un ver ![1] Conardus était comme un glandu derrière les grandes vitres sales de la baraque de Raymond. Il ouvrait de grands yeux tout ronds et observait la foule avec curiosité. Il se demandait pourquoi les enfants se cachaient derrière les jupes de leur mère, que ces dernières se cachaient derrière les épaules carrées de leur bonhomme qui se cachaient comme ils le pouvaient derrière ceux qui les précédaient…

Il y avait bien deux ou trois anciens Résistants (tous des proches de ce cher Charles, maintenant qu’Il n’était plus là pour dire le contraire…) prêts à remettre le couvert et tout faire pour bouter le vert-de-gris hors des frontières. Pour le reste, la foule tremblait et redoutait déjà une nouvelle affaire de poulets pourris vendus par Carrefour,[2] un de ceux qui se foutaient bien des dates limites de vente comme de leurs premières chaude-pisses.

Petit aparté : c’est quand même incroyable que des milliardaires comme les quelques familles d’enfoirés à la tête de ces empires de vente de merde de tout genre osent encore se permettre d’intervenir à la télé pour dire qu’ils se battent pour faire baisser les prix en même temps qu’ils annoncent à leurs actionnaires que leurs bénéfices ont encore explosé cette année, hein ? Comment un milliardaire pourrait comprendre les affres comptables d’une petite famille de franchouillards qui à du mal à finir les trente derniers jours du mois ?
« Je vous vends de la merde, qui vous tuera petit à petit mais ne vous inquiétez pas pour nous. Nos vacances dans nos hôtels de luxe (où ils claquent en quelques semaines le pognon annuellement gagné par un pégreleux de chez Tati) se passent bien ! La preuve, on va peut-être rester quelques jours de plus avec ce petit Président qui nous soigne comme jamais ! »
Ça me rappelle un sale mec que je connaissais qui, roulant en Jaguar très haut de gamme, me vendait sa sauce en me pleurant dans les baskets qu’il devait se contenter de quelques centaines d’euros par mois (encore une belle enculerie l’euro, hein ?) à bouffer du Vivagel congelé et dépassé de date pour survivre. Se trimbalait un costar différent tous les jours, se payait un loyer supérieur à un salaire de smicard de chez Renault, s’offrait des conneries antiques à tout bout de champ et je t’en passe et des meilleurs ! Moi, je vous le dis : n’écoutez jamais les beaux parleurs ! Pendant qu’ils vous endorment, ils vous font les poches et se mouchent sur vos manches !
Bandes de foireux ! Enfin, bon, c’était juste pour dire que c’était un ancien pote à moi qu’à viré aussi con que les bourgeois que chantait Brel. Fumier, va !

Mais revenons à notre foule curieuse. Tous les téléphones portables fumaient comme le dargeot d’une tapette un soir de nouvel an. Et va-y que je t’appelais Europe 1, RTL et toute la clique ! Les plus prévoyants jouaient déjà des arpions pour choisir le coin où PPDA (ou son successeur puisque Nico voulait déjà sa tête…) et sa bande viendraient poser leurs caméras ! Raymond renifla immédiatement le coup dur. René confirma silencieusement ses premières impressions et se persuada que tout allait vraiment mal finir. Il avait vu « Independance Day », lui !
Il savait que les martiens ne voulaient que foutre le bordel dans les villes, couper la télé, le métro, l’eau, la SNCF (avec l’appui de Sud Rail, bien sûr, qui ne rate aucune occase pour débrayer), les alllocs et Dieu sait quoi encore.
Tout ça allait finir dans un bain de poussière de béton, pire qu’à New-York aux derniers jours de l’été. L’apocalypse selon Saint-Jean…[3]

[1] Comment, un ver n’est pas vert ? Eh ben, dans cette histoire, apprenez que tous les vers sont verts et qu’ils ont le droit d’y passer ou de s’y mettre (au vert…pour les moins rapides, hein…faut ben aider les celles et les ceuss qu’ont pas z’eu de chance à la distrib’ initiale des neurones, comme les avocats, les agents du fisc, les aubergines, par exemple.)

[2] Ou un autre de ces enfoirés de distributeurs de daube. Si vous avez une autre enseigne à fumer, vous biffez et vous remplacez par ce que vous voulez, ok ? Pas sectaire, moi !

[3] [3] Non ? Ce n’est pas de lui ? Ah bon, mais je n’étais pas sûr en fait. Ecoute, fais comme si et puis voilà, ok ? On ne va pas en faire un fromage ! Ca fait deux mille ans que des générations de couillons les attendent, ceux-là, alors on pourra prétexter qu’on a la mémoire qui défaille un peu…

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