Diane ma nymphomane

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 Cher lecteur-trice, je t’ai parlé l’autre fois de Cymbeline ma nymphe… (“ma’’ étant quelque peu exagéré de ma part, puisqu’elle appartenait à un Satyre dont elle ne m’a jamais dit le prénom. Heureusement pour moi, il s’absentait très souvent et très longtemps ; et à chacun de ses départs, elle me revenait et nous passions des moments de luxure, de volupté, de passion, de jouissance orgasmique qu’aucune échelle humaine ne pourrait mesurer.)

Parenthèse refermée, je peux te parler de ma nymphomane… (Attention, ne confonds pas les deux termes. Si tu as un doute, n’importe quel dictionnaire ou moteur de recherche, le dissipera). Rien ne la distinguait des autres femmes, sinon ses multiples et variées coiffures, qu’elle changeait deux, trois fois par jour et même plus, si elle en ressentait l’envie. Elle aimait les perruques et en avait toute une collection. Le matin elle pouvait paraître rousse aux cheveux bouclés et longs, à midi blonde Scandinave cheveux courts, l’après-midi châtain clair cheveux lisses mi-longs et enfin le soir, noir corbeau cheveux bouclés. Il lui arrivait aussi de garder la même coiffure toute la journée, surtout lorsqu’elle venait de s’en acheter une nouvelle.

Je l’ai croisée un matin où je faisais mes courses dans la supérette de mon quartier. Elle avait deux grands sacs remplis à ras bord qu’elle avait du mal à porter.

« Monsieur s’il vous plaît, s’est-elle adressée à moi avec un large sourire, pourriez-vous m’aider à charger ses sacs dans le coffre de ma voiture ?

— Volontiers madame. »

Elle portait une robe printanière à motifs floraux, des lunettes de soleil, et ses cheveux étaient blond Vénitien courts et coiffés sur le côté et j’ignorais encore qu’elle portait l’une de ses innombrables perruques. Je l’ai trouvée à mon goût et ayant observé la façon dont elle m’a remercié, j’en ai vite déduit, que c’était réciproque.

« Puis-je encore abuser de votre gentillesse ? J’habite au troisième étage et l’ascenseur est en panne ; j’aurai beaucoup de mal à monter ces gros sacs sans une aide virile comme la vôtre. » (Oui, oui cher lecteur-trice, elle a bien dit : « … une aide virile comme la vôtre !!)

Pouvais-je lui refuser cette deuxième faveur ? Elle était jolie, sa robe était légère et transparente, son sourire était plus que charmant. Je suis monté dans sa voiture, j’ai monté ses sacs, les ai déposés dans sa cuisine et après une salve de « mercis », elle m’a demandé si je désirais boire quelque chose.

Mon abstinence sexuelle commençant à m’être insupportable et les probabilités que nous finissions tous nus dans son lit, étant de neuf chances sur dix, je n’ai pu qu’accepter sa proposition.

« Attendez-moi dans le salon. J’arrive tout de suite. »

Elle a mis moins de deux minutes pour revenir entièrement nue avec un plateau surmonté d’une bouteille de vin rouge et deux verres à pied.

Tu as bien lu cher lecteur-trice : entièrement nue ! Sa nudité a été un régal pour mes yeux et mes parties génitales. Elle avait changé de coiffure et arborait une longue et bouclée chevelure rousse à faire pâlir Gilda. Elle a déposé le plateau sur la table basse et sans autre préambule, elle s’est allongée sur moi. J’ai senti ses doigts déboutonner mon pantalon, sortir mon sexe du slip, et l’introduire dans le sien. Son autre main était posée sur ma bouche.

« Chut, ne dis rien. Profite et je te dirai tout après. »

Cher lecteur-trice, je vais te poser une question. Si la séquence était inversée, si c’est moi qui après avoir posé le plateau sur la table basse, je me fusse allongé sur elle, ma main droite enlevant sa culotte, puis la pénétrant et, durant le va-et-vient, ma main posée sur la bouche, je lui aurais dit mot pour mot ce qu’elle venait de me dire, que crois-tu qu’il se serait passé ? Ne se serait-elle pas débattue, ne se serait-elle pas mise à crier : « Au viol ! » de toutes ses forces ? Puis, enfin débarrassée de mon poids sur elle, n’aurait-elle pas sauté sur son téléphone pour composer le 17 ?... « Oui », me répondras-tu à toutes les questions. Or moi qui étais en train de me faire agresser sexuellement par cette femme, bien stupide aurais-je été si j’avais eu la même réaction qu’elle !

Son corps ondulant lascivement sur le mien, sa bouche solidement soudée à la mienne, mes mains s’attardant sur sa croupe, je ne pouvais que bénir Priape, de m’avoir offert cette plus que sublime occasion et je me fichais pas mal de savoir pourquoi elle était devenue rousse. Ne dit-on pas : « Qu’importe le flacon pourvu qu’on ait l’ivresse ? »

Après ma jouissance et après son orgasme, en dégustant notre verre de vin, je lui ai posé la même question qu’à toi, cher lecteur-trice :

« Diane… »

(Oui, elle s’appelait Diane. Diane Hupin, trente-six ans, née à Grenoble, fille d’un père vendeur de voitures d’occasion et d’une mère institutrice. Elle avait deux frères aînés avec lesquels elle avait coupé les ponts : « D’ailleurs, j’ai coupé les ponts avec toute ma famille, c’est pour cela que je suis venue m’installer ici à l’âge de dix-neuf ans. » Elle a travaillé comme serveuse dans un ‘‘repas rapide’’, et est devenue la maîtresse d’un croupier qui a voulu l’initier à ce métier sous prétexte qu’il payait bien ; mais au lieu de cela, elle s’est mise à jouer et la chance aidant, elle est devenue millionnaire à vingt-deux ans. Elle a acheté un appartement face à la mer et un chalet à la montagne, puis elle a placé le reste de son argent, et a repris son ancien travail où elle est devenue ’’manager’’)

Je referme la parenthèse et je reviens à la question que tu connais déjà. Sais-tu ce qu’elle m’a répondu :

« Je t’aurais remercié cent fois plus, mille fois plus que je ne l’ai fait lorsque tu m’as aidé à monter mes paquets. »

J’ai ouvert de grands yeux de chouette ébahie :

« Sérieuse ? Tu n’aurais pas crié au viol ?... Appelé la police ?...

— Jamais de la vie, Denis. » Elle s’est tue, a bu une bonne gorgée de vin et : « Je suis une nymphomane. Cela a commencé vers mes treize ou quatorze ans, lorsque mon corps de fillette pré pubère a commencé à se transformer en celui d’une fille qui n’a plus envie de jouer à touche pipi, mais plutôt à : introduis-ton-zizi-dans-mon-zonzon. Dans mon lit je me couchais sur le ventre, et je me frottais contre les draps, puis j’ai commencé à me masturber, et j’ai commencé à vouloir coucher avec tous les garçons de ma classe. Si tu avais vu la tête de tous ces puceaux quand je leur faisais des avances ! Je n’avais pas froid aux yeux. Je leur disais clairement mes intentions : s’ils venaient chez moi après les cours, je me mettrais toute nue et nous aurions fait ce que l’on fait en général lorsqu’un homme et une femme se retrouvent à poil, l’un en face de l’autre. » Elle a bu une nouvelle gorgée : « Tu sais que la plupart d’entre eux partaient en courant ? J’avais plus de chances avec les garçons plus âgés.

— Tes parents se doutaient-ils de quelque chose ?

— Que dalle. Mes frères, par contre, m’en ont fait baver. Les récits de mes coucheries avec les garçons du bahut sont parvenus à leurs oreilles. Quelques-uns de leurs camarades n’avaient pas dû se gêner pour leur révéler que j’étais une sacrée chaudasse, pas mal roulée ; et comme mes deux frangins étaient encore puceaux, un soir ils ont fait irruption dans ma chambre et m’ont dit :

« ‘“On sait que tu couches avec les mecs du bahut. Si papa et maman « l’apprenaient, tu passerais un mauvais quart d’heure. Alors on te propose un « deal : on ne leur dit rien, et toi tu nous dépucèles.

« — Quoi ! Coucher avec mes frères ? Vous êtes dingues !’’

« Ils ont haussé les épaules :

« ‘‘Eh quoi ! Une bite c’est une bite, après tout.

« — Sans doute, mais aucune des vôtres ne me pénètrera.

« — Très bien, tu l’auras voulu. Nous dirons tout à papa et maman.’’

« J’ai paniqué. Mes parents étaient catho à mort. S’ils avaient appris que leur « fille de quinze ans, qu’ils croyaient encore vierge, s’était payée tous les garçons « du collège, j’étais bonne pour le couvent ; oui, oui, ils m’auraient foutue dans un couvent.

« ‘‘Ecoutez, leur ai-je dit, donnez-moi vingt-quatre heures pour réfléchir

« — D’accord. Pas une de plus.’’

« Il y avait dans ma classe deux salopes : Marion et Emilie, mille fois plus « nympho que moi (Elles avaient encore moins froid aux yeux que moi, c’est te « dire…). Je leur ai proposé de dépuceler mes frangins. Après tout, si pour eux, « une bite c’est une bite, pour moi, un con c’est un con. Tu parles si elles ont « accepté. Un puceau pour une nymphomane, c’est comme une boîte « d’allumettes pour un pyromane. Je leur ai proposé l’affaire en arguant que « moi, honteuse et confuse de coucher avec eux, je ne saurais pas su les « dépuceler comme il faut ; alors qu’avec Marion et Emilie, ils ne le « regretteraient pas. Ils ont accepté et, le lendemain, ils m’ont prise dans leur « bras et m’ont remerciée au moins cent fois. ‘‘Mais ne crois pas que tu sois tirée d’affaire, m’ont-ils dit juste après.

« — Quoi, vous seriez dégueulasse à ce point d’aller cafter aux parents ?

« — Non petite sœur… Mais à une autre condition.

« — Laquelle encore ?

« — Avant de mettre tes culottes dans le panier à linge, file-les-nous. On aime « ton odeur. »

Elle s’est tue quelques instants puis elle a conclu :

« Deux ans et demi plus tard, je me suis tirée et mes frères ont fini par cafter.

— C’est pour cela que tu as coupé les ponts ?

— Oui. »

Nous avons vidé nos verres. Elle s’est levée, elle s’est éclipsée, et est revenue avec une perruque de cheveux noirs longs et ondulés, une grosse fleur jaune glissée sur le côté droit. Nous avons refait l’amour et derechef elle est partie changer de perruque pour revenir blonde comme les blés avec de longues nattes sur le côté, puis encore avec des cheveux blancs courts coiffés en arrière, et vingt autres coiffures, et vingt autres fois où nous avons fait l’amour. La nuit pointait le bout de son nez lorsqu’elle m’a demandé – d’un ton assez précipité – de partir car elle avait des invités.

« C’est pour eux toutes ces courses ?

— Chut, m’a-t-elle répondu. C’est moi qui pose les questions.

— Mais on va se revoir, n’est-ce pas ?

— Re-chut. Je te répète que c’est moi qui pose les questions. Allez, file maintenant. »

Nous nous sommes revus le lendemain, toujours devant la supérette. J’avais acheté quelques pommes, elle m’attendait devant sa voiture avec une perruque de cheveux courts, violets.

« Tu n’as pas fait de courses aujourd’hui ? Lui ai-je demandé.

— Non.

— Donc, tu n’as pas d’invités ce soir.

— Chut, tu es trop indiscret. »

Trente fois nous avons fait l’amour, trente fois elle a changé de coiffure et à la tombée du jour, elle m’a demandé de partir. Le matin suivant elle était là, même endroit, perruque rose aux cheveux longs et une fois chez elle, nous l’avons fait quarante fois, et je suis rentré chez moi au crépuscule.

Nous nous sommes revus dix jours durant. J’ai pu admirer sa collection de perruques, ainsi que son imagination débordante quant aux positions amoureuses. Elle a pu admirer mes performances sexuelles – que j’ignorais moi-même d’ailleurs. Le onzième jour elle ne m’a pas fait monter dans sa voiture.

« Je vais partir une semaine. Je t’appellerai à mon retour.

— Est-ce indiscret de te demander où tu vas ?

— Oui, très. »

Deux jours plus tard, j’ai lu dans le journal, qu’elle avait été sauvagement assassinée d’une trentaine de coups de couteaux, dans son chalet d’Auron où elle était montée pour fêter son trente-septième anniversaire. Les gendarmes excluaient le crime crapuleux privilégiant plutôt le crime passionnel. Puis, à la une du quotidien local, tout un dithyrambe sur ses liaisons nombreuses et variées dues à sa nymphomanie etc. Détail sordide : son corps avait été recouvert de plus d’une centaine de perruques de toutes couleurs et longueurs.

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