Difficile de mettre des mots sur des maux

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J'ai dix-sept ans, je flirte avec un ami depuis quelque temps, nous sommes devenus proches, une bonne complicité et une certaines attirance qui évolue.

Un week-end lorsque ma mère s'absente, j'invite ce garçon à venir voir un film avec ma soeur et son  ami. Une fois le film terminé, ma soeur et son ami s'en vont dans sa chambre, quant à moi, je reste dans la salle avec lui.

Nous sommes assis, puis nous finissons par nous allonger sur le canapé. Je suis en dessous, lui au dessus, nous nous embrassons.

Il m'embrasse le cou, je frissonne, première fois que je ressens ça.
C'est nouveau, avec un côté attirant, presque excitant.

Puis il descend, il arrive à ma poitrine, je lui dis non.

Je ne suis pas prête, je n'ai jamais eu de relation intime avec un garçon.

Puis il essaye de me rassurer en me disant que j'apprécierai.
Je maintiens mon non, mais il le fait quand même. Je me sens mal à l'aise, je me sens gênée et impuissante.

Lui a pris plaisir et moi j'ai honte.

Ma soeur et son copain finissent par revenir dans la salle. Je n'ai pas su quoi dire, je n'ai pas compris ce qu'il venait d'arriver.

Nous flirtions, je l'appréciais, je n'ai pas compris que cela avait un nom.

Une amie en commun a su me dire que cela était un malentendu. J'ai voulu enterré cet événement. Je ne voulais pas lui donner de l'importance, car après tout, c'était un "malentendu".

Au lycée cet événement m'a poursuivi. J'ai été obligée d'en informer un adulte, l'infirmière du lycée à su mettre des mots dessus, certes cela n'est pas classé comme viol, mais comme "agression sexuelle".

Comment ? Pourquoi ? Ai-je fait quelque chose de mal ? Est-ce de ma faute ce qui est arrivé ?

Avec les années qui ont passé, je pensais avoir fait le deuil de cette histoire. Je ne pensais pas pouvoir classer cet événement de traumatisant. Si je n'en parlais pas, si je n'y pensais pas cela ne lui donnerait pas de l'importance. Je pourrais faire comme si je n'avais jamais vécu ça.

J'ai vécu un événement heureux qui m'a remis de plein fouet ce que j'ai passé sept ans à enterré.

La naissance de mon enfant, j'ai voulu allaiter, et je n'ai pas pu. Je me suis bloqué, j'ai eu mal, j'ai souffert et j'ai donc dû me résigner à offrir mon sein à cet être si cher.

Depuis sept ans, neuf ans en tout, une parti de mon corps n'est miens. Une part de moi est restée dans le passé.
Il ne m'appartient pas, cette zone me dégoûte. Je n'y vois aucun plaisir à regarder, à toucher, ou à être toucher, à être caresser, à frissonner de plaisir ou d'excitation. A la place j'ai honte. Honte de cette partie de mon corps.

Je n'ai jamais porté plainte, je ne pensais pas que cela servirait à quelque chose. Que seul le viol devait être déposé en plainte. C'était un ami, c'était un "malentendu".

J'ai vraiment pensé qu'enterrer cette histoire me permettrait d'en faire le deuil.





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