8/8 — Brad

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La nuit suivante fut longue, ponctuée de siestes mouvementées et de réflexions intenses. Toujours pas de réponse de Victor et, donc, pas de rencontre en vue avec Jade. Je désespérai. Je m’endormais de temps à autre avec la peur de rencontrer Le Rêveur. Cet homme sans visage qui me hantait depuis deux jours et deux nuits.

Je ressassais ses paroles à longueur de temps, tout comme je revivais le souvenir de Jade, meurtrie, et de son regard dénué d’espoir, me suppliant de la libérer. De la tuer.

Je me réveillais plusieurs fois en sursaut, et je me demandais pourquoi, depuis ce rêve étrange, le sentiment de culpabilité me rongeait autant ? Mon comportement était-il sensé ? Avais-je de véritables raisons de m’inquiéter ainsi ?

J’avais cette impression que, bien que je connusse les réponses à ces questionnements en mon for intérieur, je ne pouvais pas m’en détourner. Je ne réussissais pas à me défaire de mes doutes et inquiétudes.

Je n’avais pourtant aucun élément concret qui confirmait le moindre de mes ressentis au sujet de Jade. Rien n’indiquait qu’elle était en danger. Je n’agissais que sur spéculations, sur feeling, ce qui ne me ressemblait pas. J’avais pour habitude de me baser sur des faits réels et affirmés. Tel un comptable qui se délecte d’une facture avant de valider une dépense.

Qu’avais-je donc pu faire à Jade Lauren ?

Et pourquoi plus le temps passait, plus la voix du Rêveur me semblait si familière ? Elle faisait écho à mon existence, mes souvenirs. Elle me revenait en mémoire, puis s’effaçait instantanément. Persuadé d’avoir déjà entendu ce timbre, je culpabilisais davantage. Je me reprochais de ne pas associer cette voix à une personne définie. Je m’affligeais également de ne pas pouvoir interagir avec elle.

Tout devenait flou. Je perdais la raison. La fatigue et la peur m’empêchaient de réfléchir normalement.

J’avais rebranché mon téléphone, allumé mon portable. Curieusement, Claudia n’avait pas appelé. Elle n’avait pas insisté sur cette histoire avec Victor.

Satisfait, je m’en contentai allègrement. Je patientai, les yeux rivés sur l’écran, dans l’attente d’un message salvateur. À plusieurs reprises, je fus réveillé par une sonnerie fantôme. Sans doute mon imagination se nourrissait-elle de mes espoirs.

Je finis par sortir de chez moi, étouffé par mes pensées. Je marchai dans les ruelles de Lille, à la recherche d’un élément quelconque capable de me distraire.

Rien n’y fit. Je ne croisai personne. Pas un chien. La noirceur de la nuit alourdissait l’atmosphère. La tension régnait sur chaque chemin que j’arpentai. Mon attention ne se détourna aucunement de mon sujet du moment.

Hypnotisé, je rentrai chez moi sans me rappeler comment. Depuis combien de temps avais-je quitté mon appartement ? Ça, je n’en avais aucune idée.

Je fus toutefois attiré par une lumière, perçant le chaos de mon esprit.

C’était celle de mon répondeur. Quelqu’un avait appelé.

J’écoutai la voix de Victor qui, après s'être brièvement excuser de l'heure tardive à laquelle il appelait, m’annonça la nouvelle que j’attendais tant.

Jade avait accepté de me revoir. Le lendemain. Elle me donnait rendez-vous dans un bar que nous avions fréquenté maintes fois lorsque nous vivions ensemble.

Je n'ai rien d'autre à faire, lui avait-elle indiqué.

Bien que son implications semblât mesurée, je me sentis soulagé.

Je m'endormis enfin.

À mon réveil, je me demandai si tout ceci était bien réel.

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