Chapitre 6

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Twinkle Twinkle Little Star KV 265 _Mozart

  A 21h30, ce soir là, tout était calme dans le port. Les allées de conteneurs étaient désertes et une petite brise faisait tournoyer quelques feuilles abandonnées là. Les lampadaires déversaient leur lumière tremblante sur le bitume et on n'entendait que le silence du soir dans le port.

     A 21h32, arrivaient de l'est du port cinq adolescents se dirigeant vers l'accueil. Il y avait trois jeunes filles, toutes en robes d'été. A gauche, une jeune indienne marchait avec assurance. Sa chevelure noir corbeau était coiffée de deux nattes, ses yeux foncés laissaient apparaître un tempérament de feu et son nez était agrémenté d'un piercing nasal doré. Celle du milieu était d'une rousseur chatoyante, ses pupilles étaient vertes et des tâches brunes parsemaient son visage lumineux. Quant à la dernière, elle était plus petites et son visage était caché par une masse de cheveux mi long et à la limite entre ondulés et totalement décoiffés. Ses lunettes masquaient de beaux yeux marrons qu'accompagnaient de petits grains de beauté, tous deux situés juste sous ses yeux. Elles étaient toutes trois d'une discordance parfaite et les voir marcher côte à côte, le pas assuré et le sourire aux lèvres, les rendait décidément unies, portées par la même fureur de vivre.

     Les deux garçons, étant d'environs 18 ans, étaient plus grands. Le plus près des trois jeunes fille savait la chevelure blonde et portait une barbe discrète. Sa posture laissait voir un corps assez athlétique qu'il semblait vouloir cacher d'habits amples et basiques. Le dernier de la bande était légèrement plus petit mais était sans hésiter le plus fin des cinq sans pour autant être un gringalet sans une once de muscles. Il semblait nager dans ses habits de geek version années 80 et portait ce jour là un t-shirt à effigie de Star Wars sur lequel était écrit "pew pew pew pew". Il avait, à l'inverse de son acolyte, une barbe de jeune adolescent, clairsemée et sans forme apparente. Sa chevelure était châtain et ressemblait aux poiles d'un chien : totalement désordonnés.

     Les cinq arrivaient à l'accueil. Larousse, sortant un papier de son sac, s'avança devant un homme assis devant le bureau. Elle lui donna le numéro de plaque de la voiture qu'elle souhaitait récupérer et, après une petite recherche sur son ordinateur, l'homme leur demanda de les suivre dans le dédale de conteneurs du port. Après quelques minutes de marche, les six individus s'arrêtèrent devant un conteneur rouillé. L'homme l'ouvrit, laissant apparaître un bus jaune, à la façon des bus scolaires américain. L'homme parla quelques minutes avec la jeunefille aux tâches de rousseurs et les laissa entrer dans le véhicule.Celle-ci fouilla dans son sac à dos et en sorti une clé. Elle ouvrit les deux portes battantes du bus et s'écria.

     - BIENVENUE DANS LE BUS MAGIQUE !!

Les quatre autres jeunes étaient trop abasourdis pour dire quoi que ce soit et ils restèrent là, sans bouger d'un pouce.

     - Bah qu'est ce que vous attendez ? Venez visiter votre chez-vous !!

Alors, comme délivrés d'un sort maléfique, ils retrouvèrent la faculté de bouger et entrèrent un à un dans le bus jaune.

     A l'entrée du bus, un second siège avait été ajouté à celui du conducteur et une cloison les séparaient du reste de l'appareil. Des bibelots étaient accrochés au par brise et jonchés sur le tableau de bord. La tête d'une figurine hawaïenne tremblait au rythme des pas des 5 amis sur le plancher du bus. A l'arrière, celui-ci avait été déshabillé de ses sièges et avait maintenant l'allure d'un véritable appartement miniature. Sur la gauche du véhicule avaient été fabriqué deux lits superposés et un lit simple, fait de vulgaires planches de bois sur lesquelles avaient été disposés des matelas et des couettes de patchwork multicolores. Plus loin, toujours à gauche, avait été agencé un petit salon de deux grands fauteuils de diner rouge et blanc et une table de bois ronde. La partie droite du bus était agencée pour contenir une petite cuisine comprenant le mobilier nécessaire pour un voyage de deux mois en solitaire : un petit frigidaire, un évier, un micro-onde, une plaque de cuisson et une étagère où était rangée la vaisselle. Plus loin avait été fixée au sol une étagère, d'une hauteur ne dépassant pas les vitres du bus, où était déjà rangé quelques habits. Les seules vraies cloisons du bus se tenaient tout au fond, au milieu desquelles des toilettes avaient été disposé. Tout le long du bus, de grands tissus noirs avaient été tendus en guise de rideaux, permettant de laisser la lumière à l'extérieur du véhicule en cas de grasse matinée.

     - WOOOOOOOWW !! cria le jeune à la chevelure ébouriffée alors qu'il fouillait dans les habits rangés dans l'étagère. Sam ? J'adore cette robe, je pourrai l'essayer steuplé ??? Dit-il en direction de la rousse en tenant la robe verte dépliée devant lui, les yeux pleins d'espoir.

     - Rho, t'es pas drôle comme maman, bouda-t-il.

      La petite timide enjambait le sac que le prénommé Eliott avait laissé en plein milieu du couloir, ouvrit sa propre valise et en sorti un nombre incalculable de conserves, qu'elle entreprit de ranger dans les étagères de la cuisine. Le maïs, les flageolais, les petits poids s'entassaient au fur et à mesure dans l'armoire, au fil des allers-retours du sac aux étagères, leur garde-manger se remplissait.

     - Eh bien, grâce à ta mère, on aura pas besoin de faire de courses avant au moins un mois ! Merci Elyne .

     Celle que l'on appelait Phoebe et le blond, Liam, se battaient pour prendre le lit du haut et Sam essayait de les calmer, sans grand succès. La bagarre prit fin lorsque l'indienne posa son sac sur le lit, un air victorieux sur le visage. Le second se laissa retomber, flasque comme un blobfish, sur le second lit, juste en dessous de son adversaire.

     Tous commençaient a ranger dans leurs armoires les quelques habits qu'ils avaient entassés dans leurs sacs de voyages, tous silencieux, à écouter l'autoradio jouer du Mozart. Tout était calme, des sourires se dessinaient sur les visages de ces étranges passagers.

      C'est vers 22h30 que les lumières du vieux bus s'éteignirent enfin, que les chuchotements s'apaisèrent pour laisser place a un profond sommeil, peuplé de rêves d'aventures hasardeuses et fortunées.  

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