Merci, sale garce !

3 minutes de lecture
  • Espèce de petite garce, tu n'as pas le droit de faire ça je te dis !

 Mon copain me regardait en train de hurler à voix haute... à personne. Enfin, si, à cette emmerdeuse de Coquette ! Elle avait osé se faire passer pour moi et voler un bisous avec mon chéri. Nous avions pourtant passé un marché elle et moi : tu ne touches pas à mon copain, tu ne vas pas voir de garçons. Mon corps, ma vie. Et cette reine des enquiquineuses avait eu l'audace de me laisser un petit bloc-note sur le PC : je dois avouer qu'il embrasse bien ;)

 Dans un réflexe de colère, je me mis une paire de baffe, espérant lui faire mal, en vain puisque la seule à avoir sentit la douleur n'était autre que moi. Je voulais la gifler, mais comment gifler une espèce de chieuse qui n'existe physiquement qu'à travers mon corps, quand elle décide d'en prendre le contrôle. Pendant ce temps, mon copain continuait à m'observait, le sourire au lèvre et se délectant de ma colère entre Coquette et moi. Ah, il adorait nos petites disputes, on pourrait croire que je suis une excellente actrice si seulement je jouais un jeu.

 Malheureusement, je ne joue pas... ma pathologie mentale est le trouble dissociatif de l'identité. Je cohabite en tant qu'hôte du corps avec des alter-ego, trois au total. Chacun d'eux ont un comportement propre à eux, un sexe propre à eux - même si je suis une femme - et un page propre eux. Dans le cas général, les alters mènent leur propre vie, possèdent leurs expériences et leurs souvenirs, je n'ai pas accès aux leurs, ils n'ont pas accès aux miens. Bref, en me comptant nous sommes quatre personnes différentes à partager un même corps... Mais c'est mon corps !

 Déjà, nous avons celui que je nomme Sang. C'est violent, c'est vrai, mais ça lui correspond bien puisqu'à cause de lui j'ai fait un séjour en garde à vue, et en hôpital psychiatrique... oh je peux vous dire que les juristes étaient bien embêtés, aucune Loi ne prévoit le cas d'un meurtre pour une personne comme moi. Ils ne pouvaient pas me condamner, je suis innocente ! Je n'ai jamais tué personne, c'est Sang. Il voulait me protéger... Moi, je n'ai rien fait. Je n'ai rien demandé... Le second, c'est Rapporteuse. Une enfant, une gamine vraiment. Elle n'a pas plus de six ans, elle ne sait pas très bien s'exprimer, ni écrire ou lire. Parler avec Rapporteuse, c'est comme parler à une enfant dans le corps d'une adulte d'une vingtaine d'année. Elle n'est pas méchante, juste espiègle. Et enfin, il y a ma préférée et ma plus casse-pied, Coquette. Elle est mature, plus âgée que moi, généralement froide et retirée. Je peste contre elle, mais dans le fond je l'apprécie. C'est elle qui a subie les assauts sexuels du monstre qui m'a maltraité et violé quand j'étais enfant... le trouble dissociatif de l'identité se développe généralement dans l'enfance, par des maltraitances et traumatismes. C'est la fonction ultime du cerveau pour se défendre... il se sectionne, créant nos alters dont chacun possède une fonctionnalité propre. Il existe des traitements pour refusionner ces morceaux dissous, mais je ne peux me résoudre à perdre ces alters avec qui je vis depuis tant d'années maintenant. Ce sont mes amis, ils existent. Ils ne sont pas imaginaires, je ne suis pas schizophréne, ce n'est pas pareil...

  • Tu pourrais arrêter de lui en vouloir, ce n'est qu'un bisous !
  • Ce n'est pas qu'un bisous, sale enfoirée !

  Il me regarda, perplexe. Il s'imaginait que je venais de l'insulter, mais je m'exprimais pour gronder Coquette. Et voilà, à cause d'elle encore une dispute de couple. Je vous jure, vivre une vie normale avec elle c'est comme vouloir essayer de se concentrer sur un roman avec un emmerdeur qui te raconte sa vie à côté. Vous n'avez jamais essayé ? Moi non plus, mais je suis certaine que ça doit être très chiant. En tout cas mon copain m'engueula, en me disant qu'il fallait que je me calme, que ce n'était pas la peine non plus d'aller dans les excès et de l'insulter. J'aurai aimé m'excuser et lui dire que ce n'est pas à lui que je parle, mais la Coquette s'exprimait mentalement. Je pouvais l'entendre au loin dans mon crane communiquer avec moi. Non seulement elle se faisait un malin plaisir de me faire tourner en bourrique, mais en plus ses petites pensées profondes me faisaient un mal de crane terrible.

 Il s'en alla, visiblement énervé lui aussi. A cause de moi... enfin... d'elle... de moi et d'elle. Rah, je ne m'y retrouvais plus.

 En conclusion, je dirais que si vous avez un flirt avec une personne ayant un TDI, commencez par connaître ses alters plutôt qu'elle même, ça vous évitera bien de mauvaises surprises !

Annotations

Versions

Ce chapitre compte 1 versions.

Vous aimez lire Lina Avdeeva ?

Commentez et annotez ses textes en vous inscrivant à l'Atelier des auteurs !
Sur l'Atelier des auteurs, un auteur n'est jamais seul : vous pouvez suivre ses avancées, soutenir ses efforts et l'aider à progresser.

Inscription

En rejoignant l'Atelier des auteurs, vous acceptez nos Conditions Générales d'Utilisation.

Déjà membre de l'Atelier des auteurs ? Connexion

Inscrivez-vous pour profiter pleinement de l'Atelier des auteurs !
0