Hommage posthume

2 minutes de lecture

Éleuthère n’est plus, mais à l’aube du jour naissant, les villageois préparent une fête en son honneur. Et c’est avec tristesse et émotion, qu’ils apprennent qu’elle s’est éteinte dans son lit. L’annonce de son décès perturbe tous les projets. Les réjouissances avec tambours et trompettes sont annulées, et l’enterrement d’Éleuthère s’organise selon sa volonté. Tel que retranscrit sur une feuille de papier jaunie rangée dans le tiroir d’une vielle commode bancale, et semblable à la simplicité qui la définissait, ses obsèques sont humbles comme elle l’avait été tout au long de sa vie et comme elle le souhaitait.

Éleuthère la bienfaitrice. Par son sacrifice, elle a ému et transformé les pensées des villageois qui la croyaient mauvaise, parce que seule, différente et effacée. La leçon leur fut bonne. Ils se jurèrent de ne plus jamais condamner sans savoir et de ne plus regarder aux apparences, mais au cœur. Puis, en sa mémoire, ils débaptisèrent la Cuve du diable pour l’appeler La Terre d’Eleuthère.

Depuis ce jour où le Bien l’avait emporté sur le Mal, grâce à la Foi d’une faible femme, à son amour pour les autres et sa détermination afin qu’aucun ne périsse, les villageois purent exploiter toutes les richesses de La terre d’Éleuthère. En prime, comme un cadeau du Ciel, ils eurent la joie de découvrir des pépites d’or dans la rivière poissonneuse et ne connurent plus jamais la disette.

Éleuthère n’eut ni statue à son effigie, ni stèle particulière sur la place du village. Lui rendre hommage c'était la garder dans l'ombre telle qu'elle avait toujours vécu. Pourtant, celle qui n’avait connu que misère et rejet, et qui, par son grand dévouement avait participé à l'ennrichissement des villageois qui l’appelaient sorcière et lui jetaient des pierres, fut chantée tous les soirs de pleine lune :

Dans l’ombre d’un genou plié, celle au visage creusé a la tête recourbée. Aux oraisons des pleurs, le cœur déchiré, elle ne sait que prier. Pour toutes ces pauvres âmes qui lui jettent des cailloux, elle implore le Ciel. La la la....

--------------------------------------------------------

Et l'Eternel dit à Samuel: Ne prends point garde à son apparence et à la hauteur de sa taille, car je l'ai rejeté. L'Eternel ne considère pas ce que l'homme considère; l'homme regarde à ce qui frappe les yeux, mais l'Eternel regarde au cœur.” 1 Samuel 16:7.

Annotations

Vous aimez lire Christ'in ?

Commentez et annotez ses textes en vous inscrivant à l'Atelier des auteurs !
Sur l'Atelier des auteurs, un auteur n'est jamais seul : vous pouvez suivre ses avancées, soutenir ses efforts et l'aider à progresser.

Inscription

En rejoignant l'Atelier des auteurs, vous acceptez nos Conditions Générales d'Utilisation.

Déjà membre de l'Atelier des auteurs ? Connexion

Inscrivez-vous pour profiter pleinement de l'Atelier des auteurs !
0