Chapitre IX : DÉCLARATION

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Cécile aime le vendredi soir, après la classe. Son esprit se libère. Pas de lendemain à préparer.
Elle va pouvoir consacrer les deux journées qui arrivent à elle et aux siens.
Comme d’habitude, elle range sa salle avant de partir.

Comme d’habitude ?
Pas tout à fait.

Ce soir elle est perturbée.

Elle croyait qu’elle allait être forte, et hier soir, sur le parking de l’école elle a cédé à Guillaume.
Elle a voulu lui faire comprendre que leur aventure ne devait pas aller plus loin. Il a ignoré ses paroles.
Et quand il l'a prise dans ses bras, ses résolutions se sont envolées et elle a offert ses lèvres.
Le baiser était doux.
Guillaume l’a caressée et quand ses mains se sont posées sur sa poitrine elle a éprouvé un grand plaisir.

A cet instant, elle a eu envie de lui.

Mais en embrassant Guillaume sur ce parking elle avait déjà pris un risque énorme. Il y a beaucoup de personnes qui la connaissent dans ce quartier.

Et elle devait passer récupérer ses enfants chez la nourrice.

Elle s’est ressaisie.

Guillaume a insisté pour la voir.
L’avoir.

Elle lui a fait la promesse que samedi soir ils auront un instant d’intimité. Elle allait convaincre Romain d’aller au cinéma et comme d’habitude Guillaume viendrait garder les enfants et elle le reconduirait.

Et ils referont l’amour.

Il a accepté cet espace qu’elle lui accordait.

Mais il en voudra plus ! Plus que ces moments volés. Cécile en est persuadée.

Et moi ? Elle commence à croire qu’elle aussi.

Et puis au moment de remonter dans sa voiture Cécile l’a vu.
Incroyable vision !
L’homme du train. Il était là lui aussi !!
A quelques mètres, il les observait.

Elle est resté figée pendant des secondes qui ont paru une éternité.
Leurs yeux se sont sondés.

Le cœur de Cécile s’est emballé tout d’un coup. L’émoi qui l’avait gagnée dans le train l’a saisie de nouveau.

Quelle opinion va-t-il avoir de moi ! Une fille facile !
Elle a eu honte d’avoir été ainsi surprise dans les bras de Guillaume.

Pourtant, dans le train n’a-t-elle pas déjà été légère ?

Je ne crois pas au hasard. Il m’a cherchée et il m’a retrouvée.
Il me veut.

Cécile s’assoit à son bureau.
La situation semble lui échapper. Elle tente de faire le point.

Quelqu’un se présente dans l’encadrement de la porte de la salle de classe.

« Madame Cécile Dumont »

Cécile sursaute.

L’inconnu du train !

« Que faites-vous ici ? »
« Je suis venu vous voir »
« Je ne comprends pas » Elle bafouille ce qui lui vient à l’esprit.

Il ne prend pas la peine de répondre.
Il entre dans la salle et son regard en fait le tour. Il marche entre les petites tables.
Il prend son temps.
Il s’approche de dessins punaisés aux murs et les jauge.

Il a de l’allure, se dit-elle.

Il commence alors à parler.
De son estime pour les instituteurs, de leur responsabilité dans l’éveil des enfants.

Et patati patata…
Des propos éculés pense Cécile.

Notre ministre utilise les mêmes phrases pour mieux nous faire avaler les suppressions de poste et la diminution des moyens.

Cécile est déçue de cette façon très convenue de la courtiser.
De la draguer.

« Vous êtes venume chanter la gloire des instituteurs » ironise-t-elle.Il s’approche alors du tableau accroché au mur derrière Cécile, prend un feutre – il choisit un rouge - et trace d’une belle écriture.

Bertrand aime Cécile

Cécile est surprise.
Qu’un gamin de 19 ans, qui n’a pas vécu, lui dise qu’il l'aime, elle le comprend. Mais venant d’un homme mur - elle pense qu'il est Bertrand - qui ne l’a croisée qu’une seule fois, elle n’y croit pas!!

Il se moque !

« Vous aimez une image »
« Soit »

Et il écrit à nouveau :

Bertrand aime une image

« Me faudra-t-il des bons points pour avoir l’image ? » ajoute-t-il.

Cécile se trouble.
« Oui, sans doute »

« Que dois-je faire pour gagner des bons points ? »
Elle prend le feutre des mains de Bertrand.


Cécile est sage comme une image

Au volant de sa voiture, sur l’autoroute en direction de Paris, Bertrand sourit.

Elle est quand même gonflée d’avoir écrit ça ! Alors que je l’ai surprise dans les bras d’un homme qui n’est apparemment pas son compagnon !

Debout devant le tableau, le feutre à la main. Elle a fixé Bertrand de ses beaux yeux noirs.

Provocation.
Jeu du chat et de la souris.

Jeu de séduction.
Jeu de l’amour.

Il la trouvait désirable

Et Bertrand voulait s’y noyer dans ces yeux là.

Il lui a repris le feutre des mains, en caressant ses doigts.

Bertrand aime les belles images

C’était irréel, ce qui se passait dans cette salle de classe.
Peu de mots s’échangeaient. Mais les regards en disaient long.

Le feutre passait de main en main.

Les images jaunissent

Bertrand a alors caressé une joue de Cécile.

Elle n’a pas esquivé. L’émotion a fait battre son cœur à tout rompre.

La sagesse s'envole

Bertrand aurait voulu l’allonger sur son bureau.
Il n’en a rien fait.

La passion se fane

Il s’est approché d’elle, et s’est penché pour l’embrasser dans son cou.
Baiser léger.
Comme un papillon qui se pose sur une fleur, pour en partir aussitôt.

Bertrand jardine

Il aurait voulu soulever sa robe pour y découvrir un trésor.
Il n’en a rien fait.

Les yeux se fatiguent des images

Même aveugle, je la verrai toujours belle

Il a posé une main sur la poitrine de Cécile. Il a senti une respiration profonde.
Il a enveloppé un sein. La pointe a transpercé son cœur.

Bertrand aurait voulu descendre sa culotte pour y découvrir une orchidée en fleur.
Il n’en a rien fait.

Laissons tomber l'image

Il a pris son visage entre ses mains pour déposer un baiser sur ses lèvres.
Le papillon, séduit par le nectar, est revenu sur la fleur et s’est attardé.

Bertrand aurait voulu la pénétrer pour la faire gémir de plaisir.
Il n’en a rien fait.

Et Cécile a rompu le silence.
« Non, on pourrait nous surprendre »

Aveu d’abandon.

Mais elle avait raison. L’école bruissait encore de bruits divers. Femmes de ménage, collègues de Cécile, parents en visite.

Bertrand reviendra la semaine prochaine à Lyon.
Il sait qu’il a un concurrent. Mais il va se battre.

Elle m’a donné son numéro de téléphone.

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