Chapitre 1

4 minutes de lecture

Ethan

« Parfois, il faut tuer le passé pour créer l’avenir.

Faire taire ses démons pour prendre un nouveau départ ».

⸻ On est enfin arrivé ! constate Rachel avec soulagement.

Pour toute réponse je me contente de hisser les bagages hors du wagon. Je dois avouer que je suis crevé après deux heures de vol et une heure et demie de train. Dommage que l’aéroport soit si loin ! Mais le peu que j’ai vu de Palorem Beach m’a plu, et je songe déjà y retourner à l’occasion. Je marche le long du quai, deux valises dans chaque main. Ma mère se traîne difficilement derrière moi mais je n’y prête pas attention, j’ai l’habitude.

Je hèle un taxi et nous nous rendons jusqu’à notre nouvelle adresse. J’espère que le déménageur sera là, je ne suis pas spécialement rassuré d’avoir laissé nos affaires et ma voiture entre les mains d’un inconnu. En même temps je n’ai pas le choix, c’est la première fois qu’on déménage si loin et qu’on fait appel à une société de transports, je ne tenais pas à ce que ça nous coûte une blinde. Le nez collé à la vitre, rien n’échappe à ma mère.

⸻ C’est une belle ville ! Je suis sûr qu’on va se plaire ici.

Je hoche la tête, on verra bien ! Lors de notre première visite on a été séduit. C’est vrai que ça n’a rien à voir avec le taudis d’où on vient ! Reste à savoir si la misère est toujours présente dans cette ville.

Une secousse me réveille de ma micro-sieste. Je lève la tête et constate qu’on est enfin arrivé. Des pauvres maisons défilent sous mes yeux pendant que nous empruntons une route cabossée. Sur le côté, une forêt sombre s’étend. Nous passons devant un large champ avant de nous arrêter devant la dernière habitation.

Le déménageur nous attend déjà, les bras croisés, adossé contre son fourgon. Il ouvre les portes du container et je constate que tout est là. Enfin il n’y a pas grand-chose, la majorité de nos meubles étaient pourris. On a emporté le strict minimum, que nous avons principalement rangé dans ma caisse.

J’observe quelques secondes notre maison. La toiture gris anthracite détonne sur la façade claire et le toit du perron est difficilement soutenu par deux poutres.

C’est bien la première fois que je vais vivre dans une baraque !

Bon c’est peut-être loin d’être un palace mais ça fera l’affaire, pas besoin de plus. Nous montons les quelques marches en pierre. Je sors les clefs, fébrile, et ouvre la porte. Nous sommes accueillis par une pièce vide plutôt spacieuse, qui sera notre principal lieu de vie. Je me dépêche de faire le tour du propriétaire.

Je commence par vérifier si ma caisse n’a pas été abimée par le voyage. Nous déchargeons quelques cartons puis je m’actionne au volant pendant que le pont de chargement descend. Nos meubles s’entrechoquent, mais je réussi à reculer. Le camionneur nous aide à nous débarrasser du plus encombrant avant de regarder sa montre. Je fourgue un gros billet dans sa main puis il s’en va, satisfait. Je propose à ma mère de s’asseoir pendant que je termine mes allés et venues.

Lorsque j’ai enfin fini, je gare ma Dodge dans notre petit garage et nous profitons pour siroter un jus d’orange.

⸻ Enfin ! se satisfait ma mère.

⸻ Demain on ira acheter le canapé, on le mettra là.

Je pointe du doigt le fond de la pièce. Elle se contente d’acquiescer et me fixe de ses grands yeux noisette. Mais pas d’un regard tendre qu’est censé avoir une mère, le sien ne laisse paraître aucune émotion à part le putain de manque dont elle souffre.

Bon sang j’ai horreur quand elle fait ça !

Je sais parfaitement à quoi elle pense, mais il est hors de question qu’elle recommence ! Je soutiens son regard et essaye de lui faire comprendre d’arrêter son cirque. Pour couper court je me lève brusquement, prêt à défaire les cartons.

Après avoir installé les affaires de première nécessité je commande une pizza que nous engloutissons en même pas cinq minutes.

⸻ C’est un nouveau départ pour nous.

Tu parles ! Je suis sûr qu’elle va recommencer oui !

Je réponds par la positive pour ne pas jouer l’emmerdeur. De mon côté c’est plutôt bien parti, je n’ai pas déraillé une seule fois depuis l’année dernière. Ça n’a pas toujours été facile, mais j’ai réussi. Nous nous levons en même temps et je grimpe à l’étage. Ma chambre n’est composée que d’un pauvre matelas qui gît sur le sol et de ma table de chevet. Le reste est encore dans les cartons. Je soupire bruyamment à l’idée du taf qui nous attend demain.

À peine mes vêtements retirés, je m’effondre sur mon lit d’appoint. Pendant que j’observe mon plafond nu, mes pensées ne me lâchent pas. Les dernières paroles de ma mère font écho dans mes oreilles. Partir était la meilleure décision qu’on n’est jamais pris. De toute façon elle a toujours détesté Camden, cette ville de misère lui rappelait trop son enfance, et elle m’a offerte la même. Maintenant qu’on s’est enfin cassé de là je compte reprendre les choses en main et profiter de la vie. Je ne sombrerais peut-être plus dans la délinquance mais ça ne veut pas dire que je vivrais comme un enfant de chœur. Il y a certaines choses dont j’ai besoin et je ne peux tout simplement pas m’en passer. Ce déménagement c’est l’occasion de prendre un nouveau départ pour une nouvelle vie.

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