Coriéga et le coq champion

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Arrivant des quatre coins de la pampa, les types se rencontraient dans les pulperias, car l'alcool était, avec le jeu, la distraction unique pour le gaucho et une raison de dépenser son argent. Les gauchos parieurs, les propriétaires et les spectateurs se retrouvaient autour de combats de coqs. À l'intérieur d'un cercle délimité par des clayettes fragiles, l'organisateur saupoudrait le sol de beau sable fin. La piste installée, les propriétaires présentaient leurs volatiles tout en plumes reluisantes. La pesée des athlètes permettait de constituer les différentes catégories. Les paris enflammaient l'assemblée avant chaque combat. La tension montait d'un cran à l'approche de la rencontre finale : la lutte des champions. Les parieurs tâtaient leurs piastres au creux de leur paume du bout de leurs doigts plein d'espoir. Une mise gagnée c'était une bouteille assurée. À partir du troisième rapport, l'élu pouvait envisager une bonne sauterie avec la fille de son choix. Les cotes grimpaient autour des poulets excités. S'affrontaient les bêtes. Se défiaient les hommes. Ils encourageaient leur coq, symbole de leur fierté, expression de leur exubérance.

L’œil des connaisseurs rivé sur la piste propageait l'anxiété de celui qui voyait son poulet baisser la garde, faiblir, parfois mourir. Les vaincus étaient traités avec dédain.

L’œil des connaisseurs rivé sur la piste propageait la joie de celui qui exultait avec son gladiateur ergoté d'acier brandi à bout de bras au-dessus de l'assemblée. Le respect de circonstance était exclusivement consacré aux vainqueurs

Yoshitérù se prit au jeu lorsque le coq de son ami Coriéga entra en piste. Les cris d'encouragement ne suffirent pas pour l'obliger à garder la crête droite. La poussière soulevée irritait les yeux. La déception gagna le cœur de son ami Coriéga lorsqu'il récupéra son champion blessé.

Les journées de fêtes s'achèvent elles aussi au petit matin comme celles de labeur avec en prime la saveur de la bagarre à laquelle ils avaient participé sans trop de dommages physiques.



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