Sardo l'ado

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La ville d'Angkobora étant proche, Yoshitérù décida de s'approvisionner. Mais dans cette cité, pas d'eau propre, pas de fruits à grappiller sur le pauvre marché. La misère restait concentrée au bord des routes défoncées.

Sardo l'ado, somnolait à terre, un chiffon imbibé d'essence très près du nez. Il alpaga l'étranger :

— Où vas-tu, bouffon ? Donne-moi de l'argent.

— Te donner de l'argent, je veux bien si tu travailles pour moi.

— Je ne sais pas travailler. Qu'attends-tu de moi au juste ?

— J'ai besoin que tu me conduises au centre de cette ville labyrinthe.

— Ça, je le peux, suis-moi.

À grand-peine, Sardo l'ado se redressa, fit un signe à son voisin et conduisit Yoshitérù à travers l'agglomération. Sur le parvis d'une grande église, une dizaine de jeunes garçons hirsutes, menaçants, les attendaient.

— Voilà. Suis cette rue jusqu'à la berge, tu trouveras. J'ai rempli mon contrat. Paye.

Yoshitérù paya Sardo. À ce moment précis, ses amis empoignèrent l'étranger.

— Attendez ! Prenez mon argent, mais, laissez-moi la vie sauve. En contre-partie, je vous indiquerai un moyen de vous enrichir rapidement. Je connais une tortue en partance pour Ouagadboudidou, portant sur elle le plus beau joyau qu'aucun être humain au monde n'a jamais pu contempler ! Vous la trouverez sur la route du désert d'où je viens.

Arrivant devant le trésor, Yoshitérù pressé par les mauvais garçons demanda pardon à Mâyâ. Elle répondit en ces termes :

— Je suis très honorée de la confiance que tu as pu me porter lorsque ta vie fut en danger. N'aie crainte, je ne suis qu'une illusion.

Ils se mirent à cinq, ils se mirent à dix sur la tortue, bien renfermée dans sa carapace de jade sertie d'émeraudes.

— Nous allons te plonger dans une marmite d'eau bouillante.

— Bonne idée, dit-elle de sa voix caverneuse. Depuis le temps que je rêve de prendre un bain chaud. Cela me permettra d'éliminer mes toxines.

— De quelles toxines parles-tu ? demanda Sardo l'ado.

— Celles produites par tout le mal, que la convoitise des avides m'a endurcie, puis ridé le corps.

— Soit. Alors serais-tu prête à nous céder ta carapace sans forme de violence ?

— De moi, vous n'aurez rien. Par moi, vous obtiendrez tout. Prenez-moi entière comme un trésor, car je me donne à vous. Si tel est votre désir. Escortez-moi où je le souhaite et je vous transformerai en hommes riches, les plus riches de la terre. Les portes de la renommée s'ouvriront avant votre passage annoncé. Vous serez reçus comme des princes dans les palais, vêtus d'habits somptueux, repus de plats raffinés, et surtout, vous pourrez courtiser les nobles princesses encore pures. Acceptez-vous mon offre ?

Une courte concertation, virulente, divisa les amis de Sardo qui, au bout des palabres acquiescèrent difficilement la proposition. L'équipage se mit en route, tortue précieuse devant, méfiante escorte à sa suite.

Quant à Yoshitérù, un peu oublié dans l'affaire, il suivit la formation, discrètement. Avant l'embouchure du grand fleuve, les deux groupes s'opposèrent l'un à l'autre. De cris en empoignades, de coups en blessures, ils se battirent à mort, pour posséder, à tour de rôle, le trésor rampant. Tous les jeunes exterminés, la tortue chahutée continua librement sa route. Seule.

Yoshitérù poursuivit des yeux rieurs, la course de Mâyâ la tortue, avant de s'endormir sous un arbre. 

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