Schrahim le chameau lent

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N'imaginant pas rencontrer d'individu dans le désert, Yoshitérù passa à côté de Schrahim le chameau lent, sans lui adresser la parole.

— Me donneras-tu de l'eau, voyageur ? demanda Schrahim le chameau lent.

— Les mirages me jouent encore des tours, murmura-t-il en lui-même. J'ai cru voir un chameau avec un casque sur les oreilles, dansant la gigue au milieu du désert ? Le soleil m'aura tapé trop fort sur la tête.

— Me donneras-tu de l'eau, voyageur perdu ?

Sortant de sa torpeur, Yoshitérù rétorqua ainsi :

— Je ne peux pas, car ma gourde est vide. Si tu le désires, je te conduis vers un lieu frais que le lézard Slim m'a indiqué.

— Ah ! Le vieux Slim ? As-tu réussi à parler avec lui ? Tiens écoute celle-ci, elle est trop top. Schrahim le chameau lent augmenta le volume de sa radio. À lui casser les oreilles, le désert résonnait de la musique endiablée.

— Veux-tu bien baisser ta radio ? Tes piles vont être vite usées.

— Ici, pas de piles, j'ai le soleil pour énergie, gratuite. J'en use et abuse.

— Tu n'as donc rien d'autre à m'offrir ? Si toi aussi, tu as soif, suis-moi, je continue droit devant.

— Attends-moi, voyageur, je dois aussi t'apporter quelque chose.

— Que veux-tu dire ?

— À mon tour de te donner un enseignement.

— Pourquoi dis-tu cela ? Je n'ai reçu, jusqu'à présent, aucune leçon de qui que ce soit.

— Crois-tu bien ? À chaque rencontre, la vie d'un être est modifiée. L'écoute de l'un, la parole de l'autre, nous enrichit au jour le jour.

— Je vais y réfléchir. Suis-moi, tu me raconteras en route, j'ai trop soif. À force de déblatérer, j'ai la langue ensablée.

C'est Schrahim le chameau lent qui transporta le voyageur inanimé jusqu'à l'oasis. Quelques arbres maigrichons semblaient disposés autour d'une boutasse. Yoshitérù se précipita vers l'eau boueuse.

— Méfie-toi, voyageur stupide, ce qui te paraît source de bonheur, risque de devenir l'origine de bien des maux. Laisse-moi goûter l'eau avant toi.

Schrahim le chameau lent s'approcha de la flaque, écarta les pattes avant et d'un seul long trait, but toute l'eau croupie.

— Était-elle potable cette eau, vieil égoïste ? demanda Yoshitérù entre les dents.

— Ça peut aller. Ma soif apaisée, je dois à présent me reposer. Si tu as la patience d'attendre, voyageur crédule, tu pourras bientôt te désaltérer.

Schrahim s'endormit à l'ombre des arbres secs.

Le soir venu, Yoshitérù s'approcha de la vasque boueuse sans parvenir à y puiser une seule goutte d'eau. Schrahim le chameau lent lui confia ceci :

— Une promesse est une promesse. Tu peux désormais, tirer mon lait. Ainsi, tu boiras jusqu'à satiété, ce liquide riche en vitamine, purifié, t'évitant ainsi d'attraper une dysenterie ennuyeuse.


L'inattendu apporte le plaisir de découvrir des délices imprévisibles.



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