Yuan

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2eme année septembre 2ème partie : (1/11) (Reims) (CHU)

Robert Mercier de son côté, prépare avec ses confrères l’intégration des nouveaux internes et leur dispatching dans les différents services.

Il a préparé un tableau comme il le fait chaque année où devant chaque service qu’il soit hospitalier ou administratif, il range les fiches du personnel dans l’ordre hiérarchique et par ancienneté.

Une fois affiché, son tableau montre clairement les trous organisationnels ainsi que les besoins en personnels et leurs niveaux de connaissance requis, un autre tableau recense les fiches de chaque candidat avec sa photo et son cursus scolaire.

Robert après un moment de réflexion.

- Mes amis et comme chaque année, il va nous être très difficile de choisir parmi toutes ses candidatures. En effet nous avons environ une vingtaine de postes à pourvoir pour plus d’une cinquantaine de demandes d’emploi.

André lève la main pour prendre la parole.

- J’ai besoin de deux internes en première année et un en deuxième pour remplacer le jeune Antoine qui a démissionné.

- (Robert) Le service neurologique étant un de nos services prioritaires, tu peux déjà faire une présélection parmi les candidats.

André se pose devant le mur et lit rapidement les fiches qui se trouvent devant lui, au bout d’un assez long moment il en choisit trois et il les range dans son organigramme aux places qu’il leur réserve.

- (André) Je pense que ses jeunes gens feront l’affaire.

- (Robert) De toute façon ce n’est qu’un premier jet, j’ai mis plusieurs fiches par personnes comme ça chacun choisit selon ses convictions et après nous verrons bien, si plusieurs d’entre vous choisissent le même étudiant nous en discuterons jusqu’à nous mettre d’accord.

René à son tour lève la main.

- Moi j’ai besoin de deux premières années, de deux infirmiers plus une femme de salle.

René comme son collègue prend son temps pour trouver les oiseaux rares, il finit par sortir les fiches qui l’intéressent et les place lui aussi dans son organigramme.

Deux heures plus tard, tous les choix sont faits.

Après vérifications André s’aperçoit qu’il y a eu trois choix communs à deux responsables de service et un à trois d’entre eux, il prend la fiche de la jeune étudiante qui a réussi l’exploit d’être réclamé par trois services complètement différents. il lit sa fiche ainsi que ses vœux à elle qui sont notés derrière et qui serviront à départager les trois médecins.

- Voyons voir à qui nous avons à faire, Villemin Patricia ! Excellentes notations, major de sa promo ! Eh bien je comprends mieux votre engouement pour cette jeune femme.

André retourne la fiche et lit attentivement les choix que la jeune femme a notés lors de son inscription, il sourit et regarde René qui comprend tout de suite en lui renvoyant son sourire.

- (André) Eh bien tu as de la chance René, c’est très rare d’avoir les urgences en premier choix chez des majors de promo ! Je valide donc sa rentrée dans ton équipe.

Il s’adresse alors aux deux chefs de service qui avaient également choisi la jeune femme.

- Messieurs ! Ils ne vous restent plus qu’à choisir quelqu’un d’autre.

Le reste de l’après-midi passe ainsi à se mettre d’accord et à transiger entre eux pour enfin boucher tous les trous dans le tableau, les jeunes des fiches restantes n’ayant pas été retenues seront rapidement convoqués afin qu’ils aient le temps de faire leurs demandes ailleurs s’ils n’ont pas pensé à s’inscrire dans plusieurs endroits différents.

Denis Malvile s’étonne de ne pas avoir vu la fiche de son fils, pourtant il était convaincu que celui-ci avait déposé un curriculum vitæ dans l’établissement.

Il toussote afin de se faire remarquer et voit le regard curieux d’André qui se demande ce qui lui arrive.

- (Denis) Je croyais que mon fils avait postulé ici pour son internat ? Mais apparemment ce n’est pas le cas où je n’ai pas fait attention à sa fiche.

- (René sourit) C’est normal puisqu’elle n’était pas sur le tableau, ton fiston s’est bien inscrit au CHU mais quelqu’un l’avait déjà prévu dans son équipe alors comme il ne pouvait pas être présent pour le « choix » et comme il ne réclamait que Julien, André a accepté exceptionnellement de lui attribuer ton fils par dérogation spéciale.

- (Denis surpris) Mais ça ne se fait pas ! C’est du favoritisme !

- (André amusé) Exactement ! Mais je ne pouvais pas faire autrement, il paraît que sinon cela aurait séparé un couple d’amoureux.

Denis comprend d’un coup et sourit également.

- Maxime ! Vous êtes au courant alors ?

- (René) Ce n’est pas toi qui as « Max » sur le dos en ce moment, ça se voit Hi !

Hi ! Et les « Florian serait content si Julien faisait partie de son équipe », les « Tu sais René ! Ils sont amis alors comme ça rien ne sortira du bloc ! Même Florian qui me téléphone en disant qu’il ne veut pas séparer les amoureux, alors tu vois ? Je n’avais vraiment pas le choix Hi ! Hi !

Denis est aux anges.

- Ouf ! Vous me rassurez, donc il va intégrer l’équipe à Florian ? Et le reste du temps ?

- (René) Ils sont avec moi quand « Flo » n’est pas dispos et crois-moi, Maxime, Julien et Émilie sont super-efficaces, alors je pense que ton fiston sera entre de bonnes mains et qu’il va vite devenir quelqu’un qui compte ici.

2eme année septembre 2ème partie : (2/11) (Reims) (Chez les Viala)

Frédéric ramène la bouteille de lait dans le frigo sous l’œil amusé de sa femme, depuis que « Tic » et « Tac » sont rentrés c’est devenu son premier travail du matin juste après avoir été aux toilettes.

Ils ont dû déménager les siamois pour les installer dans le salon, parce que Damien n’en pouvait plus de voir son père entrer à tout bout de champs dans sa chambre.

***/***

Aurélien se réveille tranquillement car il ne commence ses cours que la semaine prochaine et encore, vu que c’est un jeudi ça lui laisse presque une semaine à faire du lard.

Il se redresse en s’asseyant sur son lit pour se regarder dans la glace de l’armoire, il est surpris de sa chevelure presque blonde sous l’effet prolongé du soleil et ne se trouve pas mal.

Il s’octroie alors un petit sourire et ses mains empoignent le devant de son boxer pour remettre en place plus confortablement son sexe raide, le fait de le manipuler lui amène un frisson de bien-être.

Deux semaines quasiment qu’il a quitté Chloé, le temps commence à lui paraître long et il sait pertinemment que ce matin il va falloir qu’il fasse la fête à la bête en rut qui lui envoie de plus en plus de pulsions dans le bas-ventre.

Aurélien soupire d’amusement, car l’envie est bien là et c’est en baissant son boxer d’un geste souple jusqu’à ses chevilles, qu’il continue à s’admirer dans la glace avec un sourire satisfait marquant de nouveau son visage.

Il ne saurait dire pourquoi ce matin-là plutôt qu’un autre, il pense subitement à une conversation qu’il a eu avec Florian et ses deux frères sur le plaisir qu’un garçon peut éprouver de son côté « pile ».

Florian ne s’est pas dégonflé ce jour-là à leurs raconter ce qu’il ressent quand Thomas lui fait l’amour, les yeux brillants de Damien leurs faisant comprendre qu’il était entièrement raccord avec ce que racontait son ami.

Aurélien en repensant à tout ça, continue à s’admirer dans la glace et se penche en arrière pour apercevoir son petit trou enfui dans son sillon recouvert de poils, une de ses mains attrape son paquet en le soulevant pour lui permettre de mieux voir et l’index de son autre main passe doucement dessus, lui envoyant aussitôt un long frisson très agréable.

Il s’allonge encore plus sur son lit face à l’armoire et lève les jambes en les écartant au maximum, son doigt devient alors encore plus inquisiteur pour aller frotter plus rudement sa rondelle jusqu’à lui envoyer des ondes puissantes de plaisir.

Sa main droite commence une manipulation toute en finesse sur son sexe érigé à l’extrême, son doigt pénètre d’une phalange dans son intimité alors qu’un râle rauque sort de sa gorge tellement la sensation est trop forte.

***/***

Aurélien se retrouve quelques instants plus tard, surprit du plaisir qu’il vient de se donner aussi rapidement alors que d’habitude il lui faut beaucoup plus de temps pour un résultat beaucoup moins fort.

C’est à ce moment-là que Damien entre dans la chambre, prêt pour partir au lycée et venant juste faire un petit coucou à son grand frère, alors que Guillaume l’attend avec impatience dans le couloir.

La vue d’Aurélien avachi sur son lit, nu comme un ver et les doigts enserrant encore son sexe qui commence à se recroqueviller tranquillement, lui fait pousser un petit cri de surprise.

- Oh !!! Pardon !!

Aurélien sursaute, ce qui pour lui est déjà un exploit et voit son jeune frère l’observer avec surprise avec un début d’hilarité qu’il a du mal à contenir.

- Tu pourrais frapper avant d’entrer quand même !!

Damien voit la poitrine maculée d’Aurélien et rigole de bon cœur, il n’a pas souvent l’occasion de le prendre en flag et là il jubile en cherchant un truc pas piquer des hannetons à lui sortir histoire de lui mettre les boules.

Seulement voilà ! Il ne trouve rien et reste-lui aussi figé devant l’attitude alanguie et virile de son grand frère qui apparemment vient juste de reprendre ses esprits après s’être donné son petit plaisir solitaire.

Aurélien amusé devant la trombine de Damien.

- Ça y est ? Tu en as assez vu ? Allez oust !! Décampe, tu vas être en retard !!

Guillaume venant voir ce qui se passe.

- Alors « Dami » tu grouilles ? Oh !!! Eh bien « Aurel », on dirait que Chloé te manque Hi ! Hi !

Aurélien attrape ses deux oreillers et leur lance en pleine figure.

- Mais vous allez ficher le camp, oui !! Ce n’est pas possible des voyeurs pareils.

Guillaume attrape Damien par l’épaule pour le tirer en riant hors de la chambre.

- Allez viens « Dami », laisse-le jouer avec sa petite bite.

Ils sortent de la chambre toujours en riant comme des fous et une fois dans le couloir, Aurélien entend Damien dire à Guillaume.

- Tu vois qu’il est comme nous ? Je te l’avais dit, tu n’as pas voulu qu’on lui demande hier soir. Si ça tombe il aurait été content de le faire avec nous.

- (Guillaume) Chut ! Parle moins fort il pourrait nous entendre.

Aurélien sourit en se disant que décidément quand Damien a une idée en tête, il ne l’a pas ailleurs.

Il s’étonne quand même de la complicité qu’il a avec Guillaume sur ces choses-là, il se verrait mal d’accepter de faire devant eux ce qu’il trouve être un acte trop intime pour être partagé.

Il sourit en rectifiant aussitôt dans sa tête, sauf avec Chloé bien sûr.

2eme année septembre 2ème partie : (3/11) (Aix) (Dernière soirée) (suite)

Les grands parents de Florian ont été heureux tous les deux quand Yuan leurs a été présenté, ils ont trouvé le jeune homme au demeurant très sympathique.

Pourtant ils ont été fortement étonnés de le voir surgir chez eux en compagnie de Florian et de ses amis.

Il a fallu leurs raconter l’après-midi, pour qu’ils comprennent enfin que c’est une énorme coïncidence qui les a fait se lier d’amitié.

Ils profitent quand quelque temps plus tard le garçon entre seul dans la pièce où ils se trouvent, pour lui parler.

- (Michel) Je serais heureux de revoir le petit Ming, ton père était très ami avec mon fils et depuis ce terrible malheur il n’est jamais revenu nous voir.

- (Yuan) Mon père est très sensible, il regarde souvent une vieille photo qui trône sur son bureau à la maison et à chaque fois qu’il la regarde ses yeux deviennent triste. Je ne pense pas qu’il se soit entièrement remis de la mort de son ami Pierre.

- (Maryse) C’est pour ça qu’il n’est jamais revenu nous voir ?

- (Yuan) Je pense que oui.

- (Michel) Il aurait peut-être pu passer plus rapidement à autre chose s’il était venu nous parler, enfin ! Mais parlons plutôt de toi mon garçon, comment trouves-tu la France ?

- (Yuan sourit) J’aime beaucoup.

- (Maryse) Mais dis-moi ? Tu parles très bien notre langue ? Où l’as-tu apprise ?

- J’ai un précepteur Français depuis que je suis tout petit, mes parents tenaient absolument à ce que je parle votre langue. Chez nous il arrivait souvent que nous parlions Français, en fait j’aime beaucoup ça.

- (Michel) Et comment ça se passe avec les garçons ?

- Ils sont super avec moi vous savez ? Florian et Thomas s’aiment vraiment beaucoup, pas besoin de sortir des grandes écoles pour s’en rendre compte !! Éric et Raphaël c’est pareil (Il hésite) Je me demande s’il n’y aurait pas quelque chose de plus que de l’amitié entre eux quatre.

Michel en le fixant intensément.

- Qu’est ce qui te fait dire ça ?

- Je ne saurais l’expliquer, une impression que j’ai eue quand je les ai vus ensemble.

- (Michel intrigué) Au fait ! En parlant de ça, je ne t’ai pas demandé ? Ça ne te fait rien qu’ils soient différents ?

- (Yuan étonné) Différents ? Comment ça ?

- Je voulais dire que ce soient des garçons et qu’ils s’aiment.

Yuan comprend de quoi il parle.

- Ah ça ! Non bien au contraire, je suis heureux pour eux et je me dis qu’ils ont de la chance de s’être tous trouver comme ça. Je ne suis pas quelqu’un qui juge ce que font les autres, tant qu’ils respectent mes valeurs en ne m’imposant pas leurs choix.

- (Maryse) Tu as une petite amie au pays ?

Yuan que la question dérange.

- C’est très difficile avec la situation de mon père, vous comprenez ?

Maryse surprise de sa réponse.

- Pas vraiment non, que vient faire la situation de ton père là-dedans ?

Michel voyant que le jeune garçon est subitement gêné.

- Tu as peur que quelqu’un veuille sortir avec toi juste pour l’argent de ton père ?

Yuan soulagé que quelqu’un le comprenne.

- C’est exactement ça oui, je n’ai jamais eu de vrais copains alors pour ce qui est des copines n’en parlons pas. En plus vous me voyez dans un de mes rares bons jours, sinon vous comprendriez mieux pourquoi personne ne recherche ma compagnie.

Maryse regarde le jeune homme en ne lui trouvant rien de rebutant, bien au contraire.

- De quoi tu parles là ? Tu me parais être un très gentil garçon, très mignon en plus de ça.

Yuan sourit tristement.

- Attendez de me voir le visage recouvert d’eczéma et vous comprendrez, j’en suis blindé sur tout le corps plus de huit mois de l’année et croyez-moi ce n’est vraiment pas ragoûtant à regarder.

- (Michel surpris) Tu ne vas pas voir un spécialiste ?

- Ils ne peuvent rien faire, ce n’est pas faute d’en avoir vu. Mon père m’a traîné jusqu’en Amérique et tout ça pour des fausses joies qui n’ont duré que le temps de payer des sommes faramineuses, apparemment c’est un mal héréditaire et mon père m’a raconté que plusieurs de ses cousins en sont atteints eux aussi.

- (Maryse) Et tu en as parlé avec Florian ?

- (Yuan étonné) Nous ne nous connaissons pas depuis longtemps je vous rappelle et ce n’est pas un sujet de conversation qui s’aborde naturellement avec de nouveaux amis.

Michel avec un petit sourire en coin.

- Tu devrais pourtant lui en parler avant de repartir.

Yuan ne comprenant pas autant d’insistances de leurs parts.

- Mais enfin pourquoi ? Je ne vois vraiment pas ce que Florian pourrait faire là où les plus grands spécialistes ont baissé les bras ?

Michel s’approche gentiment du jeune homme et lui pose la main sur son épaule.

- Fais-moi confiance, parle-lui en.

Maryse lui serre gentiment la main.

- Fie-toi à nous Yuan, Florian a certaines qualités que tu ne peux même pas imaginer. Un ami à lui a eu un grave problème de ce genre, son visage était tellement atteint qu’il ne savait plus quoi faire lui non plus et Florian l’a beaucoup aidé. Tu le verrais maintenant, il est radieux et respire la joie de vivre.

Yuan prend son portefeuille pour en sortir une photo qu’il leurs montre d’une main tremblante.

- Il était aussi amoché que ça son copain ?

Michel et Maryse regardent le cliché en ne pouvant cacher leurs troubles à la vue du jeune homme, le visage couvert de croûtes purulentes.

Yuan range la photo en les regardant avec attention, il ne voit en eux qu’une profonde tristesse et il comprend qu’ils sont malheureux pour lui et non dégoûté comme ceux qui peuvent le voir ainsi dans son pays.

Deux larmes s’écoulent lentement de ses joues, Michel le resserre encore plus fort contre lui et d’une voix qui se veut convaincante.

- Parles-en à Florian je t’en conjure, si personne jusque-là n’a rien pu faire pour toi lui le pourra

Yuan prend le vieil homme dans ses bras.

- Je n’y crois plus vous savez, j’ai tellement entendu de personnes me dire que ça allait s’arranger.

Maryse quitte le salon pour aller chercher un album de photos dans sa chambre, Michel en la voyant revenir avec comprend ce qu’elle va lui montrer et fait asseoir le jeune homme sur le canapé.

Ils viennent le rejoindre et s’installent de chaque côté de lui en posant l’album sur ses genoux, Maryse cherche la photo qu’elle veut lui montrer et une fois celle-ci trouvée, pointe le doigt dessus.

- Dis-moi ce que tu vois là ?

Yuan regarde un instant le cliché sans comprendre.

- Eh bien ce sont deux personnes très âgées et très fatiguées il me semble.

Michel d’une voix émue comme à chaque fois qu’il revoit cette photo.

- Eh bien c’est nous, il y a dix-huit ans, avant que Florian n’arrive dans notre vie après l’accident qui l’a privé de ses parents.

Yuan consterné a le regard qui passe inlassablement du cliché vers eux.

- Mais voyons… c’est impossible !!

2eme année septembre 2ème partie : (4/11) (Aix) (Dernière soirée) (suite)

Ce n’est qu’un peu plus tard quand Florian et Thomas reviennent de chez ses parents après avoir organisé le couchage de Yuan dans la chambre de Thomas, qu’ils se retrouvent tous les cinq dans le jardin à discuter devant de grands verres de limonade bien fraîche.

Raphaël va donc passer la nuit avec Éric, Thomas avec Florian et Yuan seul comme il se doit.

Les garçons apprécient beaucoup le nouvel arrivant, aussi font-ils déjà des plans sur la comète pour savoir comment faire pour se revoir après cette journée où ils ont appris à se connaître.

Yuan repense à ce que lui ont dit les grands-parents de Florian, mais n’arrive pas à trouver comment aborder le sujet devant ses amis.

Michel et Maryse le regardent par la fenêtre du salon et comprennent très vite que s’ils ne mettent pas les pieds dans le plat, rien ne sera dit et qu’il repartira le lendemain, avec les mêmes soucis de santé qu’il traîne depuis toujours.

Michel ouvre la porte-fenêtre et fait signe à Florian de les rejoindre, celui-ci paraît étonné de se voir héler de la sorte mais va les rejoindre de bon cœur en sachant bien que ce n’est pas dans leurs habitudes de l’appeler ainsi quand il est avec ses amis.

- Qu’est-ce qu’il y a grand-père ?

- Entre un instant Florian, j’ai un truc à te dire qui concerne Yuan.

- (Curieux) Ah oui ! Quoi donc ?

Michel explique la conversation qu’il a eue quelque temps plus tôt avec le jeune homme, Florian l’écoute et au fur et à mesure qu’il comprend le problème qui touche son nouvel ami, son expression devient de plus en plus étonnée et il finit par un juron en comprenant que Yuan ne lui en aurait pas parlé.

- Merde ! Mais il est con ou quoi ?

- (Maryse compatissante) Comprends le aussi, il est très affligé par cette maladie. Ça ne doit pas être facile pour lui de demander de l’aide à ce sujet, surtout à quelqu’un qu’il ne connaît que depuis peu de temps.

- Oui mais quand même !

- (Michel) Et puis il a vu tellement de monde qu’il ne croit plus vraiment qu’il soit possible de l’en guérir, en plus quand c’est par quelqu’un comme toi qui n’a pour lui aucune raison d’y parvenir.

- Eh bien il va voir ça ! Grand-mère ? Tu n’aurais pas un pot d’antirides ou d’une crème quelconque que tu te mettrais sur le visage en réserve ?

- (Maryse amusée) Pourquoi tu trouves que j’ai besoin d’antirides toi ? Aller je plaisante, je vais te chercher ça tout de suite.

Pendant qu’elle est montée dans la salle de bains chercher ce que je lui ai demandé, je regarde par la fenêtre Yuan qui discute avec Thomas un grand sourire aux lèvres.

Ce garçon est vraiment magnifique, je ne suis pas habitué à son teint et ses yeux bridés car je n’ai jamais eu l’occasion d’avoir des amis asiatiques mais je le trouve très mignon et une petite bouffée de chaleur me parcourt le corps à le voir en compagnie de ma petite bande, qui apparemment l’apprécie tout autant que moi.

Raphaël me fait rire car il n’est vraiment pas discret et ses yeux n’arrêtent pas de le détailler des pieds à la tête d’une façon si expressive que je m’étonne que personne ne s’en soit déjà aperçu, Yuan est par contre complètement captivé par Thomas et son sourire se transforme très souvent en éclats de rire, quand mon blondinet lui raconte nos histoires de vacances.

Des pensées pour le moins pas très sages me viennent alors, je me dis que je ne connais rien des préférences sexuelles de Yuan et que si celles-ci correspondaient aux nôtres, je lui proposerais bien de se joindre à nous ce soir.

En même temps que j’ai ces pensées, je me dis que décidément cette année m’a bien changé.

Que le gamin que j’étais alors, était loin de toutes ces idées sur les bienfaits que peut apporter le sexe mais que j’avais bien évolué sue ce sujet depuis.

Michel est captivé par les expressions qu’il lit sur le visage de son petit-fils, les changements manifestes de ces derniers mois l’ont transformé.

Il le trouve plus mûr, moins enfantin et constate à quel point il se développe autant physiquement que mentalement, le faisant devenir un jeune homme sûr de lui et l’attirance que ses amis éprouvent pour lui, ne le perturbe plus autant qu’avant.

Au contraire, malgré la petite pointe de regret qu’il aura toujours malgré tout de n’avoir jamais la chance d’être un jour arrière-grand-père, le savoir heureux comme il est et aussi bien dans sa peau, lui suffit et même s’il ne prend pas les chemins traditionnels, il sait qu’il a trouvé l’amour avec la chance d'avoir à ses côtés les personnes qui sont faites pour lui.

Maryse redescend en tendant un pot de crème de nuit encore emballé à Florian, celui-ci le lui prend des mains avec un petit sourire de remerciement et commence à en ôter l’emballage, ainsi que toute trace d’écriture pouvant indiquer la nature du produit.

Ensuite comme il l’a fait pour Alexie, il mélange sa salive au contenu du pot jusqu’à ce qu’il trouve que c’est assez, il referme le pot et s’en retourne non sans avoir fait un petit clin d’œil complice à ses grands-parents, rejoindre ses copains.

Il s’approche vers Yuan en lui tendant le pot, celui-ci le lui prend des mains sans comprendre.

- (Yuan) Qu’est-ce que c’est ?

- Ce que tu n’osais pas me demander !! Mon grand-père m’a tout expliqué à l’instant, aussi je viens de te préparer un mélange de ma composition qui devrait guérir ta maladie une bonne fois pour toutes.

- (Yuan incrédule) Ça ne peut pas être aussi simple que ça, j’en ai déjà tellement essayé tu sais.

Thomas comprend que Yuan a un problème.

- Je ne sais pas de quoi vous parlez mais si Florian te dit que ça va te guérir, tu peux le croire.

Raphaël aussi surpris que les autres.

- Tu n’as qu’à essayer, en général les médications de « Flo » sont efficaces tout de suite. J’en ai été témoin avec ma mère, depuis que Florian l’a soignée elle n’a plus eu de rechute et la dernière fois que je l’ai vu avant de venir ici, elle pétait la forme.

Voyant qu’il reste sceptique.

- Allez ! Assois-toi ici que je te montre.

2eme année septembre 2ème partie : (5/11) (Orléans) (Marc)

Marc ce matin-là va pour sortir de la salle de bains quand il aperçoit la balance placée sous le placard, la curiosité est trop forte aussi il se baisse pour l’amener au centre de la pièce et monte dessus après avoir pris soin de ne garder que son caleçon sur lui.

Il sursaute quand l’affichage se bloque sur soixante-deux kilos, avant les vacances il pesait entre cinquante et cinquante et un kilos, alors quasiment douze kilos de mieux c’est sûr que ça se voit.

Il s’observe dans le grand miroir qui fait face à la douche et a un sourire appréciateur à la vue de son corps, les kilos qu’il a pris ne sont apparemment que du muscle.

ils se sont répartis là où il fallait et c’est entièrement satisfait de son nouveau physique qu’il se rhabille et quitte ensuite la salle d’eau pour rejoindre ses amis.

Bien sûr il est conscient que tout ça c’est grâce à Florian et lui en est évidemment très reconnaissant, le fait de penser à son ami lui remet en tête cette histoire de fortune qu’il serait détenteur.

Marc décide alors pendant que la pensée sur le sujet est là, d’appeler Thomas pour en apprendre plus et pour voir comment gérer ces informations si elles se révélaient exactes.

Alexie est en pleine conversation avec Arnault, quand il entre dans le salon et qu’il décroche le combiné, Marc cherche dans son carnet le numéro de Thomas et le compose sous les yeux interrogateurs de ses deux copains, qui se demandent ce qui lui prend en voyant bien l’air très sérieux de son visage.

- (Alexie) Un problème « Marco » ?

- (Marc) Non, t’inquiète. Juste, j’appelle « Thom » pendant que j’y pense, j’aimerais savoir à quoi m’en tenir sur Florian avant que je le revoie sur les bancs de la fac.

- (Arnault) Tu veux parler de cette fortune qu’il aurait et à laquelle vous pensez qu’il ne serait pas au courant ?

- (Marc) Tout juste et ça m’était complètement sorti de la tête, pourtant il faut que je sache à quoi m’en tenir si je veux éviter de balancer une boulette devant lui.

- (Alexie) Ouaih !! Ça craint !!

Marc une fois le numéro composé attend que quelqu’un décroche, au bout de la quatrième sonnerie une voix chaude et amicale qu’il connaît bien, répond.

- …

- Thomas ? C’est Marc, tu es seul ?

- ……………

- Non rien de grave t’inquiète, juste que chez mes parents nous avons appris un truc de ouf sur Florian et je voulais t’en parler histoire d’être sûr du coup, mais surtout afin de savoir comment gérer ça.

- …………..

- C’est Alexie quand il leur a dit connaître quelqu’un dont le nom comportait une particule, mes parents sont assez férus d’ancienne noblesse et ont aussitôt fait le rapprochement, paraîtrait même que Florian est très riche !! Alors tu comprends, sur le coup j’ai eu du mal à y croire !! Apparemment pourtant ce serait bien le cas, alors je viens un peu aux nouvelles pour savoir si tu étais au courant ?

- ………………………….

- Non !!!

- …………………………

- Eh bien ça alors ! Je n’y crois pas, tu parles d’un scoop !

- ………………………..

- Bien sûr, promis !! Je préviens Alexie et Arnault, pour qu’ils gardent ça pour eux. Décidément il nous étonnera toujours le rouquin Hi ! Hi !

- ……………..

- Remarque vaut peut-être mieux pour lui qu’il n’en sache rien, tu imagines sinon ? Il risquerait de nous emmener faire plusieurs fois le tour du monde s’il savait Hi ! Hi !

- ……………..

- Arnault ? Ah c’est vrai que tu ne le connais pas, c’est mon copain d’enfance mais je te raconterai ça quand on se reverra. Juste que tu saches qu’il est avec nous à Orléans et qu’il va vivre quelque temps chez Flavien pour ses études.

- ……………

- Hi ! Hi ! J’ai hâte qu’il fasse connaissance avec notre bande Hi ! Hi !

- ……….

- Pourquoi ça me fait rire ? Eh bien attends de connaître le loustic et tu comprendras.

- ………

- Le même ? Non peut-être pas, mais pas triste non plus.

- ………….

- À la Toussaint ? Faut voir !! Pourquoi pas… allez ! Je te laisse et merci pour les renseignements.

- ……….

- Oui, nous ferons attention promis. Bisous à tout le monde.

- …….

- Ok ! À plus mon grand, n’oublie pas de donner le bonjour aux copains.

Marc raccroche et vient s’asseoir entre ses deux amis en soupirant, il leurs raconte ce que lui a appris Thomas sur le secret qu’il faut garder à tout prix.

Alexie et Arnault l’écoutent en hochant la tête en signe d’assentiment et quand Marc termine son histoire, Arnault le regarde mi sérieux mi amusé en lui demandant.

- Dis donc Marc ? Pourquoi tu riais autant en parlant de moi ? Qu’est-ce qu’il t’a demandé ton pote ?

Marc amusé devant la curiosité de son ami.

- Juste si tu étais un bon coup.

Alexie voit la tête que fait soudainement Arnault.

- Tu aurais dû lui dire qu’ils ne seraient pas déçu et de prévenir les autres que nous leurs avons dégoté un petit gars bien obéissant et pas farouche.

Arnault se lève d’un bond et les regarde horrifié.

- Mais ça ne va pas dans votre tête les gars !! Vous me prenez pour quoi ? Une pute ?

2eme année septembre 2ème partie : (6/11) (Aix) (Dernière soirée) (suite)

Yuan hésite puis finit par accéder à la demande du jeune rouquin qui le regarde dans les yeux en souriant, il s’assoit en face de lui en attendant la suite des événements.

Ce qu’ils sont en train de laisser entendre avec une forte conviction, c’est qu’ils vont réussir là où de trop nombreux spécialistes se sont vautrés lamentablement et apparemment, ils trouvent ça comme allant de soi.

Tout ceci commence à le troubler et le voilà-t-il pas qu’il commencerait à espérer réellement qu’il en ait le pouvoir, ses membres commencent à trembler et son regard à se faire implorant, lui faisant comprendre qu’il ne faut pas qu’il joue avec ses espoirs.

Florian comprend très bien ses réactions et se lève en venant vers lui, une main douce et chaude lui caresse alors le visage à la recherche de traces même infime du mal qui ronge le jeune chinois.

Ne trouvant rien, sa main descend dans son cou en faisant frissonner le jeune asiatique.

Florian ne quitte pas ses yeux et lui envoie un sourire rassurant, les tremblements finissent par s’apaiser quand Yuan trouve enfin la force de parler.

- Qu’est-ce que tu fais ?

Amusé par l’ambiguïté de mes gestes.

- Je profite lâchement d’un très beau jeune homme, pourquoi cette question ?

- (Yuan sourit) Ah ! Je me disais aussi.

- En fait, je cherche des traces de ta maladie pour faire un essai et voir si ma potion sera efficace comme je le crois.

Yuan se sent à la fois rassuré et déçu.

- Il fallait me le demander.

Il se lève et sans aucune pudeur baisse son pantalon, une fois chose faite il se rassoit et écarte les jambes en montrant bien aux yeux de tous, l’intérieur de ses cuisses.

Ce que voient ses amis leurs donnent un étrange malaise, à la limite du slip sur chaque cuisse une énorme plaque d’eczéma suinte légèrement.

- Ici ça ne guérit jamais, les frottements de mes vêtements empêchent la cicatrisation et j’ai toujours cette partie-là de mon corps plus ou moins à vif, suivant le temps et les efforts que je fais.

Je prends le pot, l’ouvre et en prends une grosse noix avec deux doigts, j’étale doucement la crème en m’attaquant juste à la périphérie des deux plaques.

Préférant avancer lentement au fur et à mesure que la peau deviendra plus saine, afin d’éviter d’en mettre sur les parties à vif.

Une fois que j’ai bien appliqué l’onguent sur les premiers centimètres du pourtour des plaies, je m’arrête pour regarder attentivement la réaction de son épiderme.

Yuan soupire de bien-être en s’en étonnant aussitôt du fait que quand il nettoie cette zone habituellement, il ressent toujours les picotements malsains du mal qui ne veut pas lâcher prise.

Mais là ce n’est pas du tout pareil, les sensations que ses nerfs envoient à son cerveau lui font du bien et ses yeux s’agrandissent de stupeur de ce qu’il commence à voir.

Sa peau autour de la maladie redevient mate alors que jusque-là elle était blanchâtre, il sent quelque chose d’humide venir frotter à l’endroit précis où a été appliquée la pommade et des petites plaques de croûtes tombent au sol, révélant à leurs places une peau irritée mais visiblement beaucoup plus saine.

Florian qui était parti chercher la boîte de lingette, continue à tourner doucement sans frotter sur la zone.

Quand il se rend compte que tout se passe bien, il reprend une grosse noisette de produit pour en recouvrir quelques nouveaux centimètres de chairs infectées.

Maryse et Michel voyant qu’il se passait quelque chose de spécial, viennent eux aussi suivre la progression des soins que donne leur petit-fils.

Ils constatent à leurs tours la guérison progressive des cuisses du jeune homme et n’en reviennent pas plus que Yuan, qui en a les yeux remplis de larmes de joie en comprenant que cette fois c’est bien réel et qu’il va enfin être débarrassé de ce terrible mal qui le rongeait aussi bien physiquement que mentalement.

Deux longues heures plus tard, la patience de Florian se révèle être un succès et les deux entrecuisses de Yuan sont redevenues saines et ma foi fortement désirable.

Florian en ressent les effets lors d’une dernière petite caresse, qui lui fait monter la tension dans son boxer.

Il se redresse alors, quand même un peu gêné des réactions de son corps et après s’être bien nettoyé les mains, il reprend deux belles noisettes de pommade pour en recouvrir le visage de Yuan.

Celui-ci redresse à son tour la tête pour lui laisser plus d’aisance, piquant un énorme bol en se retrouvant face à la bête qui étant tendu à l’extrême déforme magnifiquement le pantalon de toile du jeune rouquin.

Thomas, Éric et Raphaël constatent la même chose et commencent à glousser comme de vieilles poules, Michel lui aussi a vu se développer le chapiteau en entraînant rapidement avec une lueur amusée dans les yeux sa femme vers la cuisine.

- Allez ! Viens maman, je pense que derrière toutes ses émotions les garçons vont avoir une faim de loup.

Thomas regarde Florian et prend l’air étonné.

- Pourquoi ? Il y a des loups en chine ?

- (Éric amusé) Tu le vois bien non ? Regarde un peu notre jeune louveteau comme il semble appétissant maintenant, pas vrai Florian ?? Hi ! Hi !

2eme année septembre 2ème partie : (7/11) (Maxime/Julien) (fin)

Maxime est devant sa fenêtre à surveiller l’entrée du parking avec impatience, comme à chaque fois qu’il est déjà rentré les soirs où Julien vient passer la nuit chez lui.

Il vit de plus en plus mal cet éloignement mais ne fera ni ne dira rien, il respecte trop son copain pour lui mettre la pression et préfère attendre que ça vienne de lui.

Bien sûr au début l’idée lui a semblé bonne à lui aussi, mais au quotidien il s’est vite aperçu que le mercredi et les week-ends n’étaient pas forcément une bonne idée, étant donné qu’il travaille aussi très souvent ces jours-là.

Il proposerait bien à Julien de venir plutôt en s’adaptant à ses horaires, mais il n’ose pas lui demander de peur à ce que ce soit trop galère à gérer pour lui.

Son sourire illumine son visage quand il voit la trois-cent-sept Peugeot arriver, son cœur s’affole et son boxer comme à chaque fois lui donne la nette impression de rétrécir soudainement.

Il aperçoit un beau jeune homme brun en descendre, il s’apprête à ouvrir la fenêtre pour lui faire coucou quand il arrête soudainement son geste.

Julien se dirige vers son coffre et en sort deux énormes valises qu’il dépose au sol devant lui, il en rapproche une autre avec un grand sac qu’il laisse à l’intérieur du coffre avant de le referme en le claquant sèchement.

Il lève alors le visage vers lui et reste figé entre ses valises les mains refermées sur ses hanches, Maxime à un long moment de bug avant de s’élancer en criant sa joie dans l’escalier de la résidence.

Julien l’entend en commençant à rire d’amusement, comprenant que son ami vient d’exprimer par là même son acceptation à la surprise qu’il vient de lui faire.

Il ouvre une nouvelle fois son coffre pour en sortir les deux derniers bagages, ce n’est que quand il le referme une nouvelle fois qu’il se sent soudainement soulever de terre et se met à tournoyer dans les bras de Maxime, qui est heureux comme un gosse de dix ans.

Une fois reposé au sol, les deux garçons s’enlacent pour s’embrasser à la vue de tous sans aucune retenue.

Après une longue minute où plus rien n’existe, ils se lâchent et s’écartent légèrement l’un de l’autre, pour se regarder et constater que chacun a les larmes aux yeux.

- (Julien) Eh bien « Max » ? Quel accueil ?

- (Maxime ému) Ça y est alors ? Tu t’es décidé enfin ?

- (Julien taquin) Décidé à quoi ?

Il regarde ses valises.

- Ah ça ! C’est juste que comme je ne savais pas comment m’habiller demain, j’ai décidé de tout prendre comme ça se sera plus facile.

- (Maxime amusé) Tu vois sur ce coup là, je ne pense pas que je vais te croire.

Julien lui fait un gros clin d’œil.

- Aide-moi plutôt à monter tout ça, on sera mieux à l’appart pour discuter.

Quelques minutes plus tard quand ils sont dans l’appartement tranquillement installés sur le canapé du salon, Julien prend la parole pour expliquer sa soudaine décision à son ami.

- Voilà ! En fait je discutais avec mes parents et l’idée est venue d’eux, plutôt que d’attendre que tu sois de repos les jours que nous nous sommes attribués. Pourquoi pas faire le contraire, j’irais chez mes parents quand tu seras de nuit. Comme ça, je me partagerai plus équitablement entre toi et eux. Qu’est-ce que tu en penses ?

- Qui ça ? Moi ? Mais c’est super comme idée !

- C’est ce que je me suis dit aussi, alors me voilà !!

Maxime lui montre les valises.

- Tu as pris toutes tes affaires ?

- Bah non quand même pas ! Mais une bonne partie malgré tout, tu es content au moins ?

- Si je suis content ? Comment peux-tu même imaginer le contraire.

- (Julien sourit) Et puis comme je vais toucher un peu d’argent chaque mois avec mon internat et bien comme ça, je ne serais pas trop une charge pour toi.

Maxime légèrement vexé.

- Mais ! Je ne t’ai rien demandé !

- Je sais, mais je trouve ça normal et puis tu sais si ça ne te convient pas et bien mes valises sont encore dans le couloir, alors nous pouvons continuer comme avant.

- (Maxime étonné) En dirait un ultimatum ?

Julien en rougissant.

- C’est juste que je ne veux pas me sentir à ta charge tu comprends, j’aurais trop l’impression d’être un…

- Ne dis plus rien !!! C’est d’accord, je te comprends finalement. J’aurais été à ta place, j’en aurais fait tout autant. Va t’occuper de ranger tes affaires pendant que je prépare le dîner, après tu auras encore le temps de prendre une douche et de te choisir un vêtement sexy pour la soirée.

Julien les yeux brillants.

- Wouah !!! Ça promet, tu m’as l’air chaud comme la braise ce soir.

- (Maxime) File sale engeance !! Sinon les braises n’auront pas le temps de se faire Hi ! Hi !

Maxime passe en cuisine pendant que son compagnon s’active à ranger ses affaires et c’est quand il l’entend entrer dans la salle de bain, qu’il file en douce dans la chambre pour en un tournemain enlever ses vêtements et sortir de son tiroir en dessous de ses boxers, un string ficelle en cuir qu’il met rapidement.

Après s’être admiré dans la glace de l’armoire, il retourne joyeusement en cuisine et s’habille d’un petit tablier, qu’il noue amusé derrière son dos.

Doucement sans qu’il l’entende, la porte de la salle d’eau se referme et Julien le sourire aux lèvres, regarde son sexe ériger comme un obélisque.

- Je crois que nous allons passer une sacrée soirée, reste plus qu’à te faire tout beau mon « grand ».

2eme année septembre 2ème partie : (8/11) (Orléans) (Marc) (fin)

Les paroles d’Arnault jettent un froid dans la pièce, Marc et Alexie se regardent gênés, ils n’avaient vraiment pas pensé qu’il le prendrait comme ça.

Pour eux ce n’était qu’une plaisanterie, jamais ils n’auraient pensé de lui ce qu’il vient de dire.

- (Marc choqué) On n’a jamais dit ou même pensé ça !!

Alexie dans le même état.

- C’était juste pour plaisanter Arnault, ne te mets pas dans un état pareil.

Arnault conscient qu’il s’est emporté pour rien.

- Excusez-moi les gars, mais sur le coup ça m’a fait mal de vous entendre parler de moi comme ça.

Marc soupir de soulagement malgré tout que ce ne soit qu’un quiproquo.

- C’est bon alors, oublions ça. Si nous allions voir Flavien avant que nous ne repartions à Reims lui et moi ?

Arnault en retrouve le sourire.

- Bonne idée, en plus j’ai promis à Ludovic de lui apprendre à jouer aux échecs.

- (Alexie) Houlà !!! Tu vas vite prendre une raclée dès qu’il aura pigé les règles.

- (Arnault surpris) Arrête ! Il n’a pas encore neuf ans alors quand même.

- (Marc sourit) Laisse le penser ça « Alex », il va vite déchanter. Allez ! On se magne les gars, si vous voulez profiter du grand assez longtemps.

Le trajet passa très vite, les voilà bientôt devant la porte d’entrée à attendre qu’on leur ouvre.

C’est Flavien qui s’y colle en les accueillant d’un grand sourire amical.

- Tiens ! V’la les pieds nickelés Hi ! Hi ! Entrez les gars, c’est sympa d’être passés.

Marc avec un grand sourire.

- Salut Hulklore !!

Flavien les laisse passer, amusé.

- Ça va mon « gros » ?

- (Alexie) Et toc dans la tronche Hi ! Hi !

Flavien vient serrer la main d’Arnault.

- Il était temps que tu arrives, j’en connais un qui n’arrêtait pas de regarder l’heure. Depuis ce matin il tourne devant son jeu d’échec tout neuf, tu devrais aller le voir dans sa chambre.

- (Arnault) Je vais la ratatiner la crevette, vous allez voir !

Pendant qu’Arnault frappe deux petits coups à la porte de la chambre et entre en poussant un cri de sioux, les trois amis passent au salon et Marc met au courant son copain de ce qu’ils ont appris sur Florian.

Flavien écoute attentivement et n’en revient pas des révélations que lui fait Marc, quand celui-ci termine ses explications après de longues minutes de paroles dites dans un silence presque total.

Il hoche la tête, le regard exprimant une forte stupeur et reste un moment sans rien dire, le temps de digérer les informations.

- Décidément ! Il me surprendra à chaque fois davantage le gnome !

- (Marc) Surtout tu n’en parles pas, d’accord ? Thomas m’a bien prévenu qu’il devait rester ignorant encore quelque temps et que de toute façon c’était à ses grands-parents de prendre la décision de tout lui révéler.

- (Flavien) Bien sûr, je comprends.

Alexie voudrait bien changer le cours de la conversation.

- Tu pars toujours demain avec Marc ?

- Oui !

Flavien s’adresse alors à Marc.

- Tu n’oublies pas que nous avons rendez-vous avec « Flo », Dorian et Gérôme, pour qu’il nous présente à Mireille ?

- (Marc sourit) Non bien sûr ! Ça va être cool d’être tous ensemble, au fait ! Il t’a dit ce que ça va nous coûter ? C’est le père d’Alexie qui me le demandait hier soir.

- (Flavien) Apparemment il n’en a pas encore parlé avec Mireille, mais il m’a dit que de toute façon ce ne serait pas plus cher que nos huit mètres carrés à la cité U.

- Et pour le linge, les repas et tout ça ?

- Nous en saurons plus demain, ne t’inquiète pas pour et ça tu connais « Flo » ? Il connait parfaitement notre situation financière alors s’il nous a proposé d’y aller, c’est que cela ne sera pas d’un coût exorbitant pour nous.

Ils discutent encore une bonne heure, quand un claquement de porte et deux furies déboulent en criant dans le salon, Ludovic mort de rire vient dans les bras de son grand frère en se pelotonnant contre lui en faisant semblant d’avoir peur.

Arnault stoppe net quand il le voit faire car il ne se sent pas encore assez intime avec le géant blond pour oser poursuivre la crevette nichée dans ses bras et qui maintenant se moque effrontément de lui.

- (Arnault amusé) Tu ne perds rien pour attendre « Ludo », attends que ton frère ne soit plus là et tu vas voir ce que tu vas voir.

Ludovic en lui tirant la langue, toujours mort de rire.

- « Flav » tu l’entends ? Il va profiter que tu ne sois plus là pour me taper dessus.

Flavien voit bien qu’ils s’entendent comme larrons en foire.

- Eh bien ! Ça promet pour les parents, qu’est-ce qu’ils vous arrivent ?

Arnault essaie de rester sérieux.

- Il m’a traité de bulbe de tulipe rachitique.

- (Ludovic) Et lui de faux blond, tout ça parce que je l’ai mis minable aux échecs.

- (Marc amusé) Je t’avais pourtant prévenu « Nono ».

Flavien se lève et pose son petit frère, puis se campe devant Arnault en le regardant de « haut » les poings sur les hanches.

- Juste une question, c’est quoi pour toi un vrai blond ?

Arnault sait très bien que c’est un jeu.

- Heu ! Comment t’expliquer ça pour que tu comprennes ?

Flavien ne s’attendait pas à celle-là.

- Hein !!

Arnault avec un petit sourire de condescendance.

- Là ! Tu vois ? C’est bien ce que je disais Hi ! Hi !

2eme année septembre 2ème partie : (9/11) (Aix) (Dernière soirée) (suite)

En réponse aux paroles ainsi qu’aux rires de ses amis, Florian se contente d’imiter le rugissement d’un fauve en laissant bien comprendre à Yuan qu’il pourrait en être la proie.

- (Yuan timidement) C’est moi qui te mets dans cet état ?

Je jette un coup d’œil sur la déformation de ma braguette.

- Tu en penses quoi toi ?

Yuan amusé qu’on lui retourne la question.

- Je dirai qu’il y a des chances.

- Excuse-moi, mais tu as une peau qui me fait de l’effet alors j’ai perdu le contrôle.

Yuan troublé en baissant les yeux.

- Ce n’est pas grave tant que c’est juste ma peau.

Je ne peux m’empêcher de l’admirer malgré moi.

- Hum ! Bon ! On va dire que c’est juste ça alors, j’aimerais vérifier quand même si tu n’as plus de marques nulle part, tu veux bien ?

Yuan relève la tête et voit le regard amical posé sur lui.

- Bien sûr, on fait comment ?

- Le mieux serait que tu viennes avec moi dans la salle de bains, je regarde vite fait si tout baigne et comme ça après, tu pourras prendre une bonne douche et te sentir mieux.

Yuan en battant des paupières.

- Si tu veux.

Je remarque son trouble, aussi je lui demande en plaisantant.

- Hé ! Ne t’inquiète pas, je ne vais pas te violer. D’ailleurs si tu veux quelqu’un peut venir avec nous, tu veux que j’appelle ma grand-mère ?

- (Yuan) Heu ! Je préfère prendre le risque plutôt que de mettre la honte à ton grand-père Hi ! Hi !

- Alors, allons-y et encore une fois n’aie pas peur, tant que Thomas n’est pas avec nous tu ne risques rien.

Yuan se tourne vers Thomas, surprit.

- Pourquoi tu dis ça ? Je ne pense pas que Thomas soit comme ça, pas vrai « Thom » ?

- (Thomas) Ce n’est pas ce qu’a voulu dire Florian, il t’expliquera pendant qu’il va profiter de toi sournoisement Hi ! Hi !

Pendant que Yuan et Florian se rendent dans la maison pour faire ce qu’ils ont à y faire, Thomas, Éric et Raphaël, restent sur la terrasse à discuter.

- (Éric) Sympa le gars vous ne trouvez pas ?

- (Raphaël) C’est sûr qu’il me plaît bien, mais dis-moi « Thom » ? Florian a l’air de le kiffer grave, non ?

- (Thomas amusé) Faut dire qu’il y a de quoi, j’avoue que moi aussi je l’aime bien.

Éric se pourlèche les lèvres.

- C’est vrai qu’il est à croquer.

Raphaël en acquiesçant à son tour.

- C’est bien vrai en plus, mais rien ne dit qu’il pense comme nous.

- (Éric) Et rien ne dit le contraire.

Thomas fronce les sourcils.

- Je ne sais pas si c’est bien de cogiter des trucs pareils, déjà que nous sommes quatre et que ça me suffit largement. Maintenant si les sentiments évoluent nous verrons bien, mais je ne ferai rien pour forcer les choses.

- (Raphaël) Tu as raison « Thom », nous sommes déjà très bien tous les quatre, s’agirait pas de tout foutre en l’air en commençant à agrandir notre cercle.

- (Éric pensif) Mais quand même, j’ai bien vu l’excitation de Florian et il ne réagit pas comme ça d’habitude, sauf quand il est avec nous.

Pendant ce temps-là Yuan se retrouve entièrement nu au milieu de la salle de bain devant Florian qui l’ausculte de très près, ne laissant échapper à sa vigilance aucun centimètre de peau du jeune chinois.

Il repère quelques infimes traces d’eczéma entre les doigts de pieds, les aisselles ainsi que dans la chevelure du jeune homme qui commence lui aussi à avoir une forte érection à force d’être palpé comme il l’est par les mains douces du jeune rouquin.

Florian sourit en s’en apercevant mais ne le lui fait pas remarquer, se contentant comme il le lui a promis de le libérer des dernières marques révélatrices de sa maladie.

Quand il est certain de ne rien avoir oublié, ses yeux prennent en otages ceux de Yuan qui ne peut empêcher le long frisson d’excitation lui parcourir la colonne vertébrale.

- Allez ! C’est bon ! Maintenant file sous la douche, de toute façon tu gardes la pommade avec toi !! Je vais te préparer un truc à boire, qui devrait te débarrasser d’éventuels oublis sur ta peau.

- Merci « Flo » tu es un mec génial tu sais, j’espère que tu auras autant envie que moi que l’on se revoit.

Il regarde son sexe érigé.

- Je ne sais pas pourquoi je bande comme ça avec toi, ça ne m’était jamais arrivé jusqu’à maintenant et je me pose plein de questions.

- (Je lui souris) Trouve tes réponses et si tu veux, après on en reparlera.

- (Yuan troublé) Toi aussi tu…….

- Trouve déjà tes réponses Yuan mais pour répondre à la tienne !! Eh bien oui, moi aussi !! Mais comme tu as dû t’en rendre compte, je ne suis pas seul.

- Je sais, il y a Thomas.

- Oui il y a Thomas et je l’aime réellement mais ce n’est pas si simple, il y a aussi « Raph » et Éric.

Yuan marque un temps.

- En effet je comprends, ce n’est pas si simple effectivement.

- Interroge-toi déjà sur ce que tu cherches et après comme je te l’ai dit nous en parlerons tous ensemble, je te laisse te laver et profite s’en pour t’occuper de toi si tu en as envie, ça te calmera.

Yuan regarde Florian quitter la pièce, non sans lui avoir fait un petit clin d’œil sympathique et coquin, le jeune homme soupire en se secouant sous le jet d’eau chaude.

Comprenant que son nouveau copain a raison et qu’il n’y a que cette solution pour se calmer, il empoigne sa longue et fine tige au gland circoncis, pour lui donner le traitement qu’il attend depuis de longues minutes.

Une longue plainte due au plaisir et quelques jets puissants venant s’écraser sur la faïence plus tard, le jeune chinois souriant sort enfin calmé de sous la douche.

Après s’être essuyé et rhabillé, il rejoint ses amis à l’extérieur tout guilleret et le cœur joyeux.

Chose qui ne lui était plus vraiment arrivée depuis deux ans, les deux longues années passées depuis qu’il a été privé de celle qu’il aimait plus que tout, Ykori sa mère.

2eme année septembre 2ème partie : (10/11) (Aix) (Dernière soirée) (fin)

La soirée se prolongea assez loin dans la nuit et c’est Florian avec Thomas qui finalement sortirent en laissant Yuan dormir chez les De Bierne.

La fatigue de la soirée tomba sur tout ce petit monde qui s’endormit alors sans guère plus qu’un gros câlin.

La grasse matinée fut de mise le lendemain ou ils se retrouvèrent tous aux environs de midi pour le déjeuner, Maryse n’en revient pas de l’appétit d’ogre de tous ses grands adolescents et voit avec inquiétude les plats se vider, avec la nette impression qu’il n’y en aura jamais assez.

Une fois le plateau de fromage sur la table, les conversations reprennent et la cacophonie retrouve ses droits, signe que les ventres n’appellent plus toute l’attention des garçons.

Yuan regarde Florian avec dans les yeux une reconnaissance que l’on sent venir du cœur, il cherche malgré tout à mieux comprendre qui est ce garçon aux talents si incroyables.

Il est riche sans le savoir, doué sans jamais en faire mention, d’une intelligence qu’il devine très affûtée mais qui n’apparaît jamais pour froisser ou indisposer les personnes avec qui il se trouve.

La pommade de sa fabrication l’intrigue encore plus, il sait pour l’avoir malheureusement vécu que tout ce que la science a pu découvrir jusqu’à ce jour n’avait aucune efficacité sur sa maladie, il a suffi à Florian de s’éloigner quelques minutes pour la préparer et le miracle s’est réalisé dans les heures qui ont suivi.

Il a recherché ce matin en examinant minutieusement l’intérieur de ses cuisses, un quelconque retour du mal qui l’a rongé depuis sa naissance et force lui a été de constater que sa peau était toujours aussi saine qu’après l’application la veille de l’onguent par le jeune rouquin.

Yuan revient à la réalité quand il entend quelqu’un qui le secoue gentiment.

- Hein ! Oui, quoi ?

- (Raphaël amusé) Tu étais où mon pote ? Loin de nous apparemment.

- Excusez-moi, je réfléchissais. Je n’en reviens toujours pas de ce qu’il vient de m’arriver.

Éric en lui faisant un énorme clin d’œil.

- Ça valait le coup de venir en France pas vrai ?

- (Thomas) Au fait Yuan ? Tu fais quoi dans la vie à part voyager avec ton père ?

- Je viens de terminer mes études qui correspondent à votre bac, je pensais prendre une année sabbatique pour faire le point et l’année suivante suivre un cursus universitaire pour prendre la suite des affaires de mon père, pour plus tard quand il passera la main.

Je capte son regard.

- Dommage que tu n’aies pas envie de faire médecine.

- Pourquoi donc « Flo » ?

- Tu aurais pu être dans la même fac que moi.

Yuan fait la moue.

- Bof ! Tu sais je ne crois pas que ce soit mon truc, par contre j’ai bien envie de m’inscrire à la fac de commerce et d’industrie de Paris dès cette année. La ville où tu es n’est pas loin je crois ?

- Une heure un peu passée de train. Ce serait cool, comme ça je pourrais te voir le weekend.

- (Raphaël) J’ai peur que ça soit un peu tard pour les inscriptions tu sais.

- (Yuan sourit) Mon père a beaucoup de relations et j’ai un cousin qui y vit déjà, il suffirait que j’aille habiter chez lui le temps de trouver quelque chose de pas trop mal.

Thomas se souvient alors de la fortune de monsieur Ming.

- J’aimerais bien savoir ce que c’est pour toi un truc pas trop mal, tu peux détailler un peu Hi ! Hi !

Yuan avec un sourire qui donne la chair de poule à Thomas.

- J’aime la simplicité Thomas, un petit appartement avec une chambre d’ami dans un coin tranquille pas trop loin de la fac fera l’affaire.

- (Raphaël) C’est vrai que tu es bourré de tunes !

Yuan se fige en entendant ses paroles.

- J’ai l’air d’un garçon qui se la pète ?

Raphaël se rend compte qu’il vient de gaffer.

- Excuse-moi si je t’ai vexé, ce n’était pas mon intention.

Je vois la gêne entre mes deux amis.

- Raphaël voulait juste faire un bon mot, de toute façon pour nous tu es un ami comme tous nos autres amis. L’argent ? Nous en avons assez pour vivre correctement et ce n’est pas la chose la plus importante dans la vie. Tu es tombé sur une bande de copains qui essaient de réussir ce qu’ils entreprennent et sois en assuré, personne de notre groupe n’essayera de profiter du fait qu’il y ait de l’argent dans ta famille.

Yuan en souriant à nouveau.

- Je l’ai bien senti, sinon crois moi je serai en ce moment avec mon père. Dès qu’il arrive tout à l’heure, je lui parlerai de ma décision. Maintenant que je n’ai plus de raison de me cacher du reste du monde, je pense que tout ira bien pour moi.

Je lui rends son sourire.

- Je comprends. Si tu veux tu n’as qu’à venir avec moi, je repars en fin d’après-midi et je passe par Paris. Appelle ton cousin pour voir si ça ne lui pose pas de problèmes pour te recevoir aussi rapidement.

- (Yuan) Alors là ce serait étonnant Hi ! Hi ! Depuis le temps qu’il me demande de venir.

- (Thomas ahuri) Holà !! Les gars !! Tout ça va un peu vite vous ne trouvez pas ? Yuan, tu devrais prendre un peu de temps pour y réfléchir.

- (Yuan amical) Je vais en parler avec mon père et je verrai bien, j’ai vraiment envie de rester en France maintenant que je sais y avoir des amis.

- (Éric) J’y pense Florian ! Tu pourrais lui présenter Patrice et Camille.

- (Yuan curieux) C’est qui ?

- Des amis à nous, en plus comme ils sont de la DST si tu as un problème ils seront là pour t’aider.

C’est en pleines explications que Ming les trouva, il a entendu les bruits de voix dans le jardin et curieux, il les regarde par-dessus la haie.

De voir son fils aussi bien intégré dans la conversation lui fait chaud au cœur, il se dit qu’enfin son grand garçon se trouve bien en compagnie d’autres garçons de son âge.

Le fait qu’il se soit lié d’amitié avec le fils de son meilleur ami le rend heureux, tout en ressentant au fond de lui une immense boule due à la perte de ce dernier.

2eme année septembre 2ème partie : (11/11) (Aix) (Retrouvailles et séparation)

Le petit homme si puissant commence à sangloter comme il y a dix-huit ans quand il a appris l’affreuse nouvelle, Maryse de la fenêtre de sa cuisine l’aperçoit et le reconnaît aussitôt.

Elle appelle son mari en lui montrant le cœur serré, l’ami de leur fils en pleurs alors qu’il regarde les garçons par-dessus la haie.

Michel pâlit car de revoir « le petit Ming » lui fait quelque chose, il comprend bien la tristesse de cet homme qui revoit en Florian celui avec qui il était inséparable durant tout le temps de ses études en France.

Ils se sont connus par hasard, la première année sur les bancs de la fac et durant les quelques années où ils y sont restés, leur amitié s’est scellée en une énorme envie réciproque qu’ils éprouvaient d’être ensemble et qui amena souvent celui qu’ils appelaient alors avec tendresse « le petit Ming », à rester coucher chez eux pour un week-end ou pendant les vacances.

Ming s’essuie les yeux et reste sans force de volonté à regarder les garçons, une main vient se poser sur son épaule en le faisant sursauter.

Il se retourne pour se retrouver en face de Michel qui le regarde avec beaucoup d’émotion, il reconnaît tout de suite le vieil homme qui n’a pas beaucoup changé malgré le passage du temps.

Les deux hommes se prennent dans les bras, complètement bouleversés tous les deux de ces retrouvailles.

Michel avec des trémolos dans la voix.

- Le petit Ming ! Quel plaisir de te revoir après tout ce temps.

Ming repart en sanglot.

- Je ne pouvais pas tu comprends ? Je ne pouvais pas revenir ici, c’était trop dur. Trop de bonheur passé et trop de souvenirs dans cette maison où j’ai vécu les plus beaux souvenirs de ma vie.

Michel sent ses larmes coulées lui aussi.

- Tu aurais dû revenir plus tôt pour faire ton deuil, ton fils m’a raconté tes moments de tristesses devant une certaine photo. Ça va aller mieux maintenant, Maryse et moi avons fait notre deuil depuis longtemps.

Ming en tentant un timide sourire.

- Je ne pourrai jamais l’oublier tu sais ?

- Nous non plus, mais il y a eu Florian et il lui ressemble tellement.

Michel rit.

- Par contre Yuan n’a rien pris de toi c’est sûr !

Ming sourit plus franchement.

- C’est vrai, mais tu aurais connu sa mère.

Il regarde son fils avec les yeux brillants.

- Elle était si belle ! Parfois je la vois dans les yeux de Yuan.

Michel opine de la tête.

- C’est un très beau garçon, nous avons au moins cette chance dans notre malheur.

Il soupire un grand coup avant de reprendre.

- Allez viens ! Ne restons pas dehors, nous avons tant de choses à nous dire depuis tout ce temps.

Les deux hommes s’installent avec Maryse dans le salon et après seulement quelques minutes, ils se retrouvent comme avant quand Ming était considéré comme le second fils de la maison.

L’amitié ne les a pas quittés, aussi les heures passent sans que personne ne s’en rende compte.

***/***

Florian entre dans la pièce pour aller à la cuisine chercher des rafraîchissements, il s’arrête net devant la scène qu’il découvre.

Il avait bien compris que ses grands-parents connaissaient le père de Yuan mais la joie des trois adultes est tellement évidente, qu’il perçoit seulement maintenant l’amitié très forte tout comme la vieille complicité qu’ils éprouvent les uns pour les autres.

D’ailleurs ils sont tellement pris dans leur discussion qu’ils ne font même pas attention à lui, aussi il décide de continuer son chemin et de les laisser tranquille.

Quand il arrive sur la terrasse les bras chargés de boissons, il raconte amusé à ses amis que le père de Yuan est arrivé mais qu’il est tellement content de revoir ses grands-parents qu’il n’a pas fait attention à lui bien qu’il leurs soit passé deux fois sous le nez.

Yuan regarde Florian effaré, ce n’est pas dans les habitudes de son père d’être aussi distrait.

Il se lève à son tour poussé par la curiosité, quand lui aussi se retrouve au salon force lui est de constater que Florian avait raison.

Son père ne le voit même pas tant il est pris dans sa conversation d’avec ses amis, Yuan sourit à le sentir aussi libéré et heureux.

Heureusement pour lui qu’il n’a pas vu son père quelque temps plus tôt, c’est sûr qu’avec la sensibilité du jeune homme il en aurait été retourné.

Yuan reste figé devant la porte-fenêtre en ne pouvant s’empêcher d’écouter leur conversation.

- (Michel) Thomas sera très bien pour tenir ce poste, c’est un garçon très intelligent et qui a un charisme à toute épreuve.

- (Ming) J’ai vu ça ! C’est un très beau garçon, il doit avoir du succès dans les soirées où il va.

- (Maryse amusée) « Thom » ne va jamais en soirée comme tu dis. C’est un garçon très sensible, il préfère rester avec sa famille et ses amis.

- (Michel) En plus il est amoureux fou de Florian.

- (Ming sourit) C’est ce que j’ai cru comprendre, cela n’empêche qu’il attire les regards et même Yuan s’y est fait prendre.

- (Michel amusé) Ça a toujours été comme ça avec lui et le seul à ne pas comprendre pourquoi, c’est Thomas lui-même Hi ! Hi ! Je vois que tu n’as pas de préjugé sur la question.

- (Ming) Pourquoi ? Je devrais en avoir ?

- (Michel) Dans ton pays c’est assez strict sur ces questions-là, non ?

- (Ming) Oui c’est vrai, mais il y a beaucoup d’hypocrisie aussi. D’ailleurs je vais te faire un aveu, je ne serai pas étonné qu’un jour Yuan m’apprenne qu’il a un copain lui aussi.

Yuan reste figé en entendant les paroles de son père, la question de ses préférences ne lui était jamais venue à l’esprit jusqu’à ses derniers jours ou plus précisément depuis qu’il a fait la connaissance de Thomas et Florian.

La discussion de la veille au soir avec ce dernier l’a fait réfléchir pendant la nuit et il commence tout juste à reconnaître son attirance possible vers les garçons, enfin certains d’entre eux parce qu’il ne se voit pas s’intéresser à eux en général.

- (Maryse curieuse) Et ça te ferait quoi de l’apprendre ?

2eme année 1er semestre : (01/100) (Aix) (Retrouvailles et séparation) (suite)

Ming reste un moment silencieux, la question le prend à froid et même s’il y a déjà pensé, la réponse n’en est pas moins difficile à trouver au plus profond de son cœur.

- Honnêtement je n’en sais trop rien, je crois que ça dépendra surtout de la personne qu’il aura choisie.

Michel fronce les sourcils.

- Comment ça la personne ?

Ming le regarde dans les yeux.

- J’aimais Pierre tu sais ! J’aurais pu tomber amoureux de lui sans pour ça aimer les hommes, si Yuan trouvait l’amour avec un garçon je crois que je l’accepterai sans restriction mais que s’il m’avouait d’aimer les hommes ce ne serait pas pareil et que ça ne me plairait pas du tout.

- (Maryse) Nous te comprenons tu sais ? Avec Florian nous avons eu la même façon de voir les choses, son amour avec Thomas nous le comprenons et nous l’acceptons sans réserve parce que Thomas est un garçon bien et surtout qu’il est amoureux lui aussi. Si Florian nous avait ramené des garçons, je ne pense pas que Michel et moi l’aurions vu d’un si bon œil.

Yuan recule lentement afin de ne pas se faire voir, une fois dehors il s’assoit sur la chaise près de la porte-fenêtre afin de prendre le temps d’analyser tout ce qu’il vient de comprendre.

Son père à son âge était amoureux de celui de Florian, c’est parce que son ami s’est marié et qu’il ne voyait son père que comme un ami, que celui-ci est ensuite tombé amoureux de sa mère et qu’il est venu au monde.

Comme quoi la vie ne tient pas à grand-chose, la boucle se referme maintenant que lui éprouve quelque chose de fort pour le jeune rouquin.

Seulement comme pour son père celui-ci n’est pas libre, que se passera-t-il pour lui maintenant ? Va-t-il trouver lui aussi une jeune fille dont il tombera amoureux, ou rien n’est encore écrit et qu’un garçon fera battre un jour son cœur, comme il bat en ce moment quand il est près de ses amis ?

Ce qui est sûr pour lui c’est qu’il ne décevra pas son père au moins sur un point, les hommes dans leurs généralités ne l’intéressent pas et de ce point-là au moins il en est sûr et certain.

Il est temps maintenant pour lui d’aller retrouver son père, heureux malgré tout de le savoir aussi ouvert d’esprit.

Il entre à nouveau dans la pièce, en prenant bien soin cette fois de se faire remarquer.

- Tiens ! Tu es là p’pa ?

Les trois adultes sursautent en se tournant vers lui, Ming voit tout de suite que son fils a quelque chose de changer.

Son allure et son visage respirent pour la première fois depuis longtemps la joie de vivre sans réserve et le petit homme en éprouve lui aussi une joie indicible.

- Tu rayonnes mon fils, il s’est passé quelque chose depuis hier pour te rendre aussi heureux ?

- Oh oui p’pa ! Plusieurs même ! J’ai maintenant des amis qui sont sincères et je suis guéri, tu entends papa ? Guéri et ça grâce à Florian.

- (Ming stupéfait) Comment ça guéri ? De quoi tu parles ?

Yuan sans plus de paroles, déboutonne son pantalon sous les yeux de son père ébahi et souriant des grands-parents pour ensuite le laisser tomber à ses chevilles.

Il écarte les jambes pour bien montrer à son père l’endroit que celui-ci ne connaît que trop bien, pour l’avoir tant de fois soignée.

- Guéri papa ! Regarde !

Ming s’agenouille devant son fils et en tremblant passe sa main sur la peau cuivrée de son entrecuisse, les larmes une nouvelle fois envahissent son visage buriné et ses yeux bridé deviennent sombre comme la nuit.

- Bouddha soit loué !!!!

Son visage en larmes vient se poser sur les cuisses de Yuan, qui voit les épaules de son père trembler sous la vague d’émotion qui le prend et qu’il n’arrive pas à contrôler, tellement il est heureux et ému.

- Ça va papa ?

De longues minutes sont nécessaires à monsieur Ming pour reprendre ses moyens, Michel l’aide à se relever et à l’asseoir dans le canapé.

Ensuite il s’ensuit une longue explication ponctuée d’encore quelques larmes et quand Florian ne voyant pas son copain revenir arrive aux nouvelles, il est aussitôt pris dans les bras reconnaissant du petit homme qui lui marque ainsi tous les sentiments qui se bousculent en lui.

- Florian ! Ton père mon ami serait fier de toi s’il pouvait te voir d’où il est, je ne saurais jamais te montrer toute la gratitude que j’éprouve pour ce que tu as fait à mon fils.

J’avoue que je ne sais que répondre.

- Merci monsieur, mais j’en aurais fait tout autant pour n’importe lequel de mes amis.

Ming cherche ses mots.

- Mais ! Tu ne le connaissais pas hier matin ? Il doit bien y avoir autre chose ?

J’ai envie de rire.

- Oui c’est vrai je l’avoue Hi ! Hi !

- (Yuan surpris) Ah oui ? Et c’est quoi ?

- Le plaisir de la vue mon gars Hi ! Hi ! Te voir en slip les gambettes à l’air, c’est trop trognon Hi ! Hi !

Yuan devient tout rouge ce qui n’est pas banal pour un chinois.

- Oh !!!

Ming s’étouffe de rire devant la tête de son fils, il comprend que l’amitié n’est pas une question de temps et que ses deux-là même s’ils ne se connaissent pas depuis longtemps, en éprouvent déjà une très forte l’un vis-à-vis de l’autre.

Yuan voit bien que tous s’amusent de sa gêne et décide de braver tous ses moqueurs en leurs clouant le bec.

- Puisque c’est la vue qui te motive, regarde celle-là !!!

Il se tourne très vite, se penche en avant en même temps qu’il baisse son slip.

- Voilà la lune chinoise ! Profite s’en elle n’apparaît pas si souvent que ça, surtout par ici.

2eme année 1er semestre : (02/100) (Reims)

Guillaume et Damien reviennent du lycée, ils sortent du bus à quelques dizaines de mètres de chez eux.

Comme il fait beau, ils décident d’aller s’asseoir sur un banc et de se prendre un moment pour discuter tranquillement.

- (Damien) On est bien ici non ? Je ne regrette pas d’avoir quitté Paris.

- (Guillaume) Au début je n’étais pas chaud mais ça n’a pas duré longtemps et puis nous étions à peine arrivés ici, que Florian m’a fait complètement oublier mon ancienne vie.

- (Damien sourit) C’est sûr que j’ai vite zappé mes anciens copains, je ne sais pas si pour toi c’est pareil mais j’ai l’impression qu’il est avec nous depuis toujours.

- (Guillaume amusé) Pareil pour moi, tu te rends compte « Dami » tout ce que nous venons de vivre en un an ? Les belles amitiés que nous connaissons maintenant, en plus j’ai trouvé ma copine et je l’aime.

Damien, l’image de son beau petit blond dans la tête.

- Tu as raison, regarde comment ma vie a changé. Déjà reconnaître mes préférences pour les garçons et trouver Mathis dans la foulée.

Guillaume opine de la tête.

- Dommage qu’ils soient si loin, j’ai discuté avec Léa et l’année prochaine nous allons essayer de choisir la même fac, ici à Reims ou alors à Aix.

- (Damien) J’aimerais bien aussi mais tu as pensé aux parents ? Aurélien pense lui aussi rejoindre Chloé après ses études, je n’aimerais pas qu’ils finissent par rester seuls alors que nous serons tous partis.

Guillaume pose son regard sur son frère.

- Attends !! Ce ne sont que des projets, ce n’est encore pas pour demain.

Damien les yeux mouillés.

- Je ne voudrais pas que nous soyons séparés tu sais ? On est bien tous les six et je serai trop malheureux si je ne vous voyais plus.

Guillaume est ému par son petit frère, il lui enlace les épaules de son bras.

- Allons ! Pour l’instant nous sommes tous encore ensemble, je suis certain que nous trouverons une solution pour que ça reste comme ça. J’ai confiance en Florian, tu sais combien il est attaché à ses amis et à sa famille.

Damien sourit tristement.

- Il pourrait nous trouver une grande maison où nous serions tous ensemble ou un truc comme ça, tu crois que ce serait possible « Guigui » ?

Guillaume lui ébouriffe les cheveux.

- Tout est possible avec « Flo », tu verras que tout s’arrangera. Allez ! Arrête d’être triste s’il te plaît parce que je sens que je commence à y être moi aussi, la vie est belle alors ne va pas nous gâcher la journée en me refilant le bourdon.

Les deux frères restent silencieux un moment en regardant les gens vaquer autour d’eux, ils aperçoivent la petite bande qui est souvent dans le coin et qui doit également habiter le quartier, ils les entendent alors rire de bon cœur.

Quand ils ne sont plus qu’à quelques mètres d’eux, le plus âgé s’arrête et hésite plusieurs secondes en semblant écouter quelque chose avant de se diriger vers eux et d’entamer la conversation.

- Bonjour !

- (Guillaume et Damien) Salut !

- Heu ! Votre frère n’est plus avec vous ? Ça fait un moment que je ne l’entends plus rire par ici, j’espère qu’il ne lui est rien arrivé.

- (Guillaume intrigué) Tu le connais ?

- Non pas vraiment, désolé si je vous embête.

Damien fixe le garçon toujours debout devant eux, il lui trouve quelque chose de bizarre et ce n’est que quand un autre garçon vient le prendre par le bras le visage légèrement crispé en lui disant qu’il est temps de rentrer, qu’il comprend enfin ce qui le gênait depuis son apparition devant eux.

Il s’adresse au deuxième garçon qui est venu le rechercher.

- C’est ton frère ? Il est non voyant c’est ça ?

- Oui ! Désolé s’il vous dérange mais « Tony » est comme ça, il faut toujours qu’il parle aux personnes qu’il rencontre et c’est plus fort que lui.

- (Anthony) Tu dis n’importe quoi Baptiste !

- (Baptiste) Ah oui ? Et tu faisais quoi là ?

- (Anthony) Je demandais des nouvelles de leur frère, tu sais celui qui a un rire si communicatif ?

- (Guillaume amusé) Tu dois parler de Florian parce qu’Aurélien ce n’est pas vraiment le genre à rire dans la rue, mais ce n’est pas notre frère même si nous le considérons comme tel.

- (Baptiste) C’est le petit rouquin ?

- (Damien) Exact !

- (Baptiste sourit) Mon frère l’a entendu souvent et à chaque fois il nous en parle, il a l’oreille fine et il dit que le rire de ce garçon lui donne envie de rire également tellement il est communicatif.

Guillaume se rappelle d’il y a un an quand il les a vus pour la première fois et ce que le fait qu’Anthony observe Florian avait amené comme joyeuses polémiques.

- Et dire qu’on croyait tous qu’il s’intéressait à Florian pour d’autres raisons moins avouables Hi ! Hi ! On s’est bien planté sur ce coup là.

- (Baptiste surpris) Comment ça moins avouable ?

Guillaume lui raconte alors la conversation qu’ils ont eue, lui avec Florian et ses deux frères, suite à la façon assez spéciale dont Anthony s’est retourné vers eux et semblait observer Florian.

- (Baptiste) Ah oui je comprends mieux, je vous assure que mon frère n’est pas comme ça. Juste qu’il est attiré par les sons et qu’il a beaucoup aimé le rire de votre ami.

- (Anthony) Vous ne m’avez pas répondu tout à l’heure, il n’est plus avec vous ?

- (Damien) Si ! Juste qu’il est encore en congé chez ses grands-parents, mais il devrait rentrer demain ou après-demain au plus tard.

- (Guillaume amical) Si tu veux nous te le présenterons, je suis sûr que vous vous entendrez bien tous les deux.

- (Anthony sourit) Ça me ferait bien plaisir oui.

Damien qui apprécie de plus en plus les deux garçons.

- Vous habitez par ici ? On vous voit souvent, c’est pour ça que je pose la question.

- (Baptiste) Oui nous sommes voisins je crois, enfin à deux cages d’escalier près, bon ! Nous devons rentrer sinon ma mère va finir par s’inquiéter, elle n’aime pas que « Tony » soit trop longtemps dehors même s’il est avec moi.

- (Anthony) J’ai deux mères poules Hi ! Hi !

Baptiste regarde son frère avec adoration.

- Plains-toi ! Allez au revoir les gars et content d’avoir fait votre connaissance, j’espère qu’on se reverra.

- (Guillaume) Nous aussi.

Ils regardent partir les deux garçons et quand ceux-ci ne sont plus à porter de voix, Guillaume regarde Damien avec une légère crispation du visage.

- Pauvre gars, il y en a vraiment qui n’ont pas de chance.

Damien hoche la tête, en parfait accord avec les paroles de son frère.

- Il a l’air de plutôt bien le prendre et j’aimerais bien les revoir, pas toi ?

- Moi aussi, mais nous en aurons sûrement l’occasion maintenant que le premier pas est fait.

- Dis « Guigui » ? Tu crois que « Flo » ???

Guillaume sourit à son cadet.

- Tu dois lire dans mes pensées, ce n’est pas possible autrement. Écoute ! Nous verrons bien, attendons déjà qu’il rentre.

2eme année 1er semestre : (03/100) (Aix) (Retrouvailles et séparation) (fin)

Ming sursaute en voyant le geste de son fils, décidément ses dernières vingt-quatre heures l’ont beaucoup changé ne peut-il s’empêcher de penser.

- Yuan !! Allons !! C’est une façon de faire devant nos hôtes ?

Yuan remonte vite fait son pantalon.

- Mais P’pa ! C’est Florian qui a commencé et tu ne lui dis rien à lui ?

Ming réprime difficilement son envie de rire.

- Ce n’est pas lui qui montre ses fesses à tout le monde il me semble, non ?

Je vois bien que Yuan commence à se sentir gêner par son geste et aux réprimandes de son père, alors ni une ni deux je déboutonne mon pantalon et le baisse en même temps que mon boxer, puis je me penche vers lui en disant.

- Regarde la lune rousse !! C’est la pire de toute Hi ! Hi !

Je remonte vite fait mon futal en attrapant Yuan par le bras, je l’entraîne sur la terrasse en riant à gorges déployées imité aussitôt par mon copain qui me suit en se tenant les côtes.

Ming en reste comme deux ronds de flans, aussi regarde-t-il Michel et Maryse, qui eux en ont les larmes aux yeux.

- (Michel) Reviens en Ming Hi ! Hi ! Vous en faisiez des pareils à leurs âges rappelle-toi.

- (Ming sourit) Je ne me rappelle pas vous avoir montré mes fesses un jour.

Michel lui fait un clin d’œil et part chercher quelque chose dans un tiroir de son bureau, il revient quelques instants plus tard avec un double décimètre jaune fluo et une feuille cartonnée, avec deux dessins fort explicites dessus.

Ming devient aussi rouge de confusion que son fils quelque temps avant.

- Ne me dis pas que tu as gardé ça ? La honte !!

- (Michel) Je vois que tu te rappelles Hi ! Hi !

Ming regarde Maryse, visiblement gêné.

- Nous revenions de boite ce matin-là, Pierre et moi étions complètement bourrés et il m’a chambré en disant que j’avais très certainement la plus petite parce que disait-il les Asiatiques avaient tous une petite bite.

Michel regarde la feuille cartonnée.

- Je me suis toujours demandé qui avait été le vainqueur ?

- (Ming) Ça restera un secret entre ton fils et moi Hi ! Hi !

***/***

Quelque temps plus tard dans l’après-midi, les adultes allèrent rejoindre les plus jeunes sur la terrasse et Yuan voyant que c’est sûrement le meilleur moment pour lui en parler, aborde le sujet de son envie de rester en France et de ne plus prendre son année sabbatique.

Son père l’écoute avec attention en ne laissant rien transparaître de ses pensées, ce n’est que quand son fils a fini de parler qu’il se décide enfin à prendre la parole à son tour.

- Tu es certain que c’est ce que tu veux ?

- Oui p’pa !

- Pourquoi une décision si soudaine ?

- Déjà une parce que je suis guéri, ensuite parce que j’aimerais rester près de mes nouveaux amis.

- Et moi dans tout ça ? Tu y as pensé ?

- Je sais p’pa que ça va être dur pour nous deux de nous voir moins souvent, mais tu pourras venir me voir quand tu en auras envie et je viendrai aussi de temps en temps à la maison.

- Et tu veux déjà partir dès ce soir ?

- J’aimerais bien p’pa.

Ming fixe son fils en comprenant qu’il lui faut le laisser voler de ses propres ailes et qu’il ne sert à rien d’essayer de l’en empêcher, il soupire et acquiesce d’un hochement d’épaule, sentant bien le pincement au cœur qu’il éprouve à ce moment précis.

Yuan part se blottir dans ses bras en l’embrassant avec fougue pour le remercier.

- Merci p’pa, tu es le meilleur. Je vais appeler Chan pour le prévenir que j’arrive dans la soirée.

Ming le retient.

- Laisse ton cousin tranquille, je vais partir avec toi et rester une semaine le temps de tout organiser. J’ai toujours mon appartement à Paris, je ne l’utilise pas très souvent mais il y a une brave femme qui est chargée de l’entretien. Il suffit juste de la prévenir que nous arrivons pour qu’elle remplisse le frigo. Pour tes affaires pas de soucis, nous irons acheter ce qu’il te faut dans la semaine et je me chargerai de ton inscription à la fac.

Je suis content de voir que tout va bien se passer.

- J’espère juste qu’il ne sera pas trop tard pour ça.

- (Ming) Je ne pense pas que ce sera un problème. L’argent ouvre beaucoup de portes, tu t’en rendras compte un jour.

- Bah ! Pour l’instant je me débrouille très bien sans, quand je gagnerai ma vie nous en reparlerons.

Ming va pour répliquer mais se retient juste à temps.

- Tu as choisi un bon métier, je pense que tu auras ce qu’il faut pour être heureux mon garçon.

Yuan tout sourire.

- Laisse-nous l’adresse de l’appartement p’pa, j’avais prévu de faire le trajet avec « Flo » si ça ne te dérange pas ?

- (Ming) Pas de soucis, je ne vais d’ailleurs pas tarder à vous laisser. Florian ? J’espère que tu nous feras le plaisir de rester chez nous ce soir ? Je te ferai ramener à Reims avec la voiture si tu es d’accord.

Je vois le regard suppliant de Yuan.

- Bien sûr, ce sera avec plaisir. Comme ça, vous pourrez me parler un peu de mon père. Je devrais juste pouvoir être rentré pour quatorze heures demain, parce que j’ai un rendez-vous avec des amis mais ce n’est pas la peine de me faire ramener, le train est beaucoup plus rapide.

2eme année 1er semestre : (04/100) (Paris)

Du coup tout se précipite un peu et une fois son père parti, Yuan presse Florian pour qu’eux aussi ne tardent pas vu que leur train part dans moins de trois heures.

Arrive le moment tant redouté pour Florian et Thomas, celui des aux revoir et les deux amis n’arrivent pas à se lâcher, tellement l’idée d’être séparé de longues semaines leur est difficile.

Ils s’éloignent un peu des autres pour s’embrasser fougueusement et laisser couler quelques larmes en toute intimité.

Une fois dans le train, c’est par SMS qu’ils se parlent en se promettant de s’appeler avant de s’endormir pour au moins entendre la voix de l’autre en fermant les yeux.

Yuan se rend compte de la tristesse du jeune homme près de lui qui est devenu en si peu de temps un pour ne pas dire son meilleur ami, il juge bon de ne rien dire et de le laisser dans ses pensées, en attendant patiemment que les premières paroles viennent de lui.

Florian se rappelle soudainement qu’il doit prendre en passant l’autre moitié des livres qu’il avait achetés il y a deux semaines, il appelle donc Dante le jeune vendeur pour le prévenir qu’il passera le lendemain dans la matinée.

Celui-ci lui confirme qu’il sera bien là et qu’il est content de pouvoir le revoir, Florian coupe alors la communication avec le sourire.

- Tu veux venir avec moi demain matin ? Je dois passer prendre des bouquins que j’ai laissés dans une petite librairie fort sympathique, en plus je te présenterai un gars super.

Yuan heureux de le voir reprendre le dessus.

- C’est une idée ou tu ne connais que ce genre de gars-là ?

Je le regarde en coin.

- La plupart c’est vrai mais faut pas pousser, pas tous quand même !! Regarde-toi par exemple.

Yuan aurait parié qu’il lui dirait ça.

- Avoue que je t’ai tendu la perche sur ce coup là.

Je souris amusé et en même temps agréablement surpris de sa repartie.

- Ce n’était pas une perche mais plutôt le tapis rouge Hi ! Hi !

Yuan sort le papier que lui a donné son père avec l’adresse de l’appartement notée dessus, il le montre à son ami qui sourit aussitôt.

- Cool ! C’est à deux pas de la gare de l’Est.

- Et c’est bien ça ?

- Plutôt oui, c’est la gare qu’il faut prendre pour aller à Reims. Tu te rends compte que tu ne seras qu’à une heure et demie, trois quarts tout au plus de là où j’habite. Comme ça, on pourra se voir les week-ends sans galérer. Enfin si tu veux venir nous voir bien sûr, je te présenterai aux Viala et tu verras (Je ris) Ils sont super.

- Comme de bien entendu Hi ! Hi ! Mais dis-moi « Flo » comment ça se fait que tu connaisses aussi bien Paris ?

- Je ne connais pas la ville plus que ça, c’est juste que j’ai lu une carte la première fois où j’y suis allé histoire de ne pas me perdre.

- (Yuan stupéfait) Mais c’est une ville immense ? Comment tu fais pour te rappeler de toutes les rues ?

- Disons que j’ai plutôt une bonne mémoire.

- Ça te dirait un de ses quatre de venir chez moi ?

- A Paris ? Bien sûr !

- Oui à Paris ça va de soi mais je pensais chez moi en chine ? Bien sûr tu viendrais avec « Thom ».

Je remarque le trouble sur son visage.

- Ça me plairait bien oui, mais dis-moi toi ? On dirait bien que tu as répondu à tes questions, pas vrai ?

Yuan fixe son ami dans les yeux et s’émerveille de la vision qu’il en a.

- Ouah !! J’adore tes yeux « Flo » ! Ils sont extraordinaires tu sais ?

- N’essaie pas de noyer le poisson et réponds plutôt à ma question si tu veux bien.

- J’allais y venir t’inquiète, oui j’ai réfléchi et oui j’ai répondu aux questions que je me posais. J’aimerais qu’on devienne plus qu’ami « Flo », je sais ce que tu vas me dire et j’y ai pensé également. J’aimerais aussi être plus qu’ami avec Thomas.

Yuan baisse les yeux et d’une voix presque inaudible.

- Avec Raphaël et Éric aussi.

Il redresse la tête et avec conviction.

- Je sais ce que tu vas me dire, mais c’est ce que je pense vraiment et pas que juste pour que tu sois d’accord.

Je sens bien qu’il est sincère.

- Je te crois Yuan, ça ne te parait pas beaucoup de monde d’un coup ? Tu sais j’ai juste promis à Thomas de ne jamais rien faire avec un autre garçon sans qu’il ne soit présent, je n’ai rien promis de la sorte à Éric et « Raph ».

Yuan reprend les yeux verts de Florian en otage.

- Alors tu veux bien ?

Ses grands yeux bridés d’un noir hypnotique me donnent la chair de poule, son magnifique visage attend avec impatience ma réponse.

Je sais que je vais lui dire oui car dès le premier instant où je l’ai vu j’ai craqué sur lui, depuis c’est encore pire du fait que sa gentillesse et son intelligence me l’on fait apprécier et désirer encore plus fort.

- Bien sûr que je suis d’accord, comment résister à l’envie de revoir ce si merveilleux spectacle.

Yuan sourit car il comprend tout de suite de quoi je parle.

- Et moi donc et tu verras les jours de pleine lune, c’est encore plus beau à voir Hi ! Hi !

Nos regards s’allument quand un fou rire nous prend en faisant se retourner sur nous les passagers du train, qui se demandent bien ce que peuvent se dire de si amusant les deux garçons assis dans leur compartiment.

Ce qui est plutôt normal du fait qu’ils ne comprennent absolument pas la langue qu’ils emploient étant donné que depuis qu’ils discutent ensemble, les deux garçons parlent en chinois.

Ce qui est très pratique reconnaissons-le étant donné la teneur de leurs propos.

2eme année 1er semestre : (05/100) (Paris) (suite)

L’arrivée à Paris suivit du bref trajet en métro fut l’occasion pour les deux garçons de constater une nouvelle fois du moins pour Florian, combien les autochtones sont peu souriants voire même indifférents aux personnes qui les entourent.

Ils arrivent enfin à destination et se retrouvent devant un grand immeuble de style Haussmann parfaitement entretenu où le mètre carré doit coûter un bras, le porche s’ouvre dès que Yuan a composé le code d’accès et ils pénètrent dans une immense entrée toute recouverte de marbre.

Ils montent au deuxième étage et active le carillon au-dessous duquel est inscrit sur une plaque en métal doré le nom de Ming Tsu, la porte s’ouvre presque immédiatement et apparaît devant eux la carrure plus qu’imposante de Trang Yu, le garde du corps de monsieur Ming.

À l’intérieur de l’appartement aux plafonds très hauts, ils contemplent la décoration très sobre du logement et en apprécient la disposition tout autant que la première impression de bien être qu’il leur fait ressentir.

Ming sort de la cuisine en souriant aux deux garçons et leurs fait visiter les quatre pièces qui seront la demeure de son fils pendant tout le temps qu’il restera en France.

L’entrée suivit d’une grande pièce à vivre avec une belle cuisine contiguë aménager de façon très pratique et très moderne, Ming leurs montre en dernier lieu les deux chambres attenantes qui font bien une vingtaine de mètres carrés chacune.

- Celle-là sera la chambre d’amis quand je repartirai et celle-là sera la tienne mon fils, pour ce soir j’espère que vous ne verrez pas d’inconvénients à y dormir tous les deux ?

Yuan avec un petit sourire.

- Non p’pa ! T’inquiète pas pour nous, ça ira très bien. Hein « Flo » ?

- Pas de soucis pour moi, sauf si Yuan me prend pour sa petite copine en dormant Hi !

Hi !

- (Yuan amusé) Encore faudrait-il que j’en aie une pour y penser Hi ! Hi !

Ming les yeux brillants de joie à constater la complicité des deux garçons.

- Ça viendra bien assez vite, installez-vous pendant que je prépare le repas et toi Yuan profite s’en pour regarder ce qu’il te manque et tu me fais une liste. J’enverrai Thao et Yue demain matin pour faire les achats nécessaires. Pour tes vêtements je te laisse te débrouiller tout seul, d’accord ?

- Oui p’pa ! J’irai également demain matin faire les boutiques avec « Flo », il doit aller chercher des livres dans Paris.

- Alors c’est très bien, je vous appelle quand c’est prêt et après nous pourrons discuter de ton père Florian.

- (Je lui souris) Merci monsieur Ming, j’apprécie vraiment votre gentillesse.

- Et moi je t’apprécie beaucoup également mon garçon, retrouver le fils de mon ami et voir le mien libéré de sa maladie. Jamais je ne saurai te remercier comme il se doit, sache que tu pourras toujours faire appel à moi en cas de besoins.

Il ressort en refermant la porte derrière lui en laissant les deux copains en tête à tête, Yuan regarde la chambre et siffle de plaisir.

- Wouah ! C’est cool ici, tu m’aides à faire la liste de ce qui manque « Flo » ?

- Voyons voir ! Un bureau serait bien dans le coin là-bas avec un ordinateur et une console de jeux, ici je verrai bien une bibliothèque et là une chaîne hi-fi.

- Une télé aussi ?

- Bof ! Je ne suis pas vraiment fan dans une chambre, en plus il y a déjà un écran plat dans le salon. Par contre je n’ai pas vu de lecteur dvd, Hé ! Tu n’es pas forcé de noter tout ce que je te dis ?

- (Yuan) Tu serais un très bon coach d’intérieur Hi ! Hi !

- (J’ouvre l’armoire) Wouah !!! C’est immense là-dedans !! Tu pourras y planquer tes amants Hi ! Hi !

Yuan très sérieux.

- Ça m’étonnerait beaucoup que je fasse ce que tu dis.

- Ah oui ? Pourquoi donc ?

- Parce que j’ai déjà quelqu’un et que c’est dans mon lit que je le mettrais, certainement pas dans l’armoire.

Je suis sauvé par le gong car un peu pris de court sur ce coup là et quand nous entendons la voix de Ming nous demander de venir à table, je respire un bon coup soulagé pour le compte.

Le repas ainsi que la soirée qui s’ensuivit, furent très conviviaux et je passe un très bon moment, Ming me raconte comment il a connu mon père et tous les souvenirs des quelques années où ils ont été quasiment inséparables.

L’émotion du petit homme me va droit au cœur et je ressens bien l’immense amitié qui le liait à mon père, les rires aux souvenirs de leurs blagues de potaches souvent entachés par les larmes à la pensée de l’ami disparu si vite.

Il est presque minuit quand nous nous levons tous pour aller nous coucher, je prends une bonne douche dans une salle de bains qui en laisserait plus d’un sans voix tellement elle est magnifique tout en marbre aux veinures délicates.

Quand j’en sors, je croise Yuan dans le couloir avec son nécessaire de toilettes sous le bras et je me glisse dans l’immense lit moelleux recouvert d’une couette toute douce emballée dans une housse sentant bon la lavande.

Un petit coucou à Thomas qui est surpris de l'heure tardive mais qui est heureux quand même que j'ai pensé à lui et je m'étends comme un chat dans le grand lit.

Yuan arrive un bon quart d’heure plus tard emballé dans une grande serviette éponge d’un blanc immaculé, la vue de mon ami ainsi vêtu m’apporte alors une énorme bouffée de désir qui je le sais ne va pas être des plus simple à gérer maintenant que nous nous sommes avoué nos envies réciproques.

2eme année 1er semestre : (06/100) (Reims) (Anthony/Baptiste)

Les deux garçons viennent de quitter Guillaume et Damien, Baptiste entraîne son grand frère légèrement énervé après lui.

Celui-ci le ressent aussitôt et se demande bien ce qu’il a bien encore pu faire pour le mettre dans cet état-là.

- Qu’est-ce que tu me reproches encore ?

- (Baptiste) Mais rien pourquoi ?

- C’est parce que j’ai été parlé à ces deux garçons ?

Baptiste s’arrête et se met face à son frère.

- Qu’est ce qui t’a pris enfin ! On ne demande pas des nouvelles comme ça des gens que l’on ne connaît pas !

- (Anthony) Je ne vois pas ce qui peut y avoir de choquant là-dedans, je t’ai déjà parlé d’eux non ? Et en particulier du rire hyper sympa de leur copain. Je m’inquiétais juste de savoir s’il ne lui était rien arrivé, je n’ai rien dit de mal.

Baptiste prend conscience qu’il a raison dans son raisonnement.

- Qu’est-ce qu’ils ont dû penser de toi, tu peux me le dire ? Déjà qu’ils croyaient que tu t’intéressais à lui pour une autre raison, rappelle-toi ce qu’ils ont dit.

- (Anthony surpris) Dis-moi plutôt à quoi tu penses toi, ça m’aidera peut-être à mieux comprendre ce que tu me reproches.

Baptiste rougit.

- Ça fait bizarre, comme si tu t’inquiétais d’un mec qui aurait de l’importance pour toi, tu comprends ?

- Non !

Baptiste imite une voix de fille.

- Heu !! Excusez-moi les gars mais il n’est plus avec vous votre frère, il est si mignon ce serait dommage qu’il lui soit arrivé quelque chose.

- (Anthony ahuri) Tu me fais quoi là ? Tu sais très bien que ce n’est pas ça, je ne suis pas…

Il hésite, cherchant le bon mot.

- Intéressé par ce garçon ! Ça ne va pas dans ta tête ? Et puis c’est quoi cette voix de gonzesse ? Je ne parle pas comme ça. Ah ! Je comprends ! Tu crois que je suis homo ? Tu es pourtant bien placé pour savoir que ce n’est pas le cas pourtant, puisque tu ne me quittes pas d’une semelle.

Baptiste comprend qu’il a été un peu loin.

- Excuse-moi je ne voulais pas dire ça, juste que tu devrais te méfier un peu plus avant d’aller parler aux inconnus.

- Ils sont sympathiques ces deux garçons, de quoi as-tu peur ?

- C’est vrai mais ça aurait pu ne pas être le cas, tu oublies parfois trop vite ton handicap « Tony ».

- C’est sûr qu’avec vous je ne suis pas près de l’oublier.

Baptiste voit bien que son frère lui en veut et que ses paroles l’ont blessé mais c’est plus fort que lui.

Depuis qu’il est tout petit il l’a toujours aidé pour tout, il l’aime et ne supporterait pas qu’il lui arrive quelque chose un jour.

C’est vrai que Damien et Guillaume sont très sympathiques mais rien ne le disait à première vue.

- D’accord ! Tu as raison mais je n’y peux rien si tout ce qui te touche me fait peur.

Anthony retrouve le sourire.

- Tu te fais trop de soucis pour moi, je ne vois peut-être pas mais j’ai d’autres perceptions et je savais bien qu’ils seraient cool avec moi. Mais dis-moi, toi ? J’y pense maintenant ! Tu avais une drôle de voix quand tu as demandé si c’était le « petit rouquin », tu ne serais pas plutôt jaloux de ton grand frère par hasard ?

Baptiste pour la première fois de sa vie est heureux que son frère ne puisse le voir, étant donné la brusque rougeur qui vient de lui prendre le visage.

- Pff !!!! N’importe quoi !

- Ah oui ? Vraiment ?

Baptiste la voix tremblante.

- Arrête « Tony » tu délires là !

Anthony amusé car il n’est pas dupe, il a appris depuis le temps à analyser chaque son de voix et le trouble de son frère lui apparaît mieux que s’il le voyait.

- Je suis ton grand frère Baptiste, tu peux tout me dire.

- Mais arrête avec ça enfin !!

- Ok ! C’est bon, je n’insiste pas plus mais si tu as quelque chose à me dire un jour tu sais que je serai toujours à l’écoute pour toi. Je t’aime petit frère et rien de ce que tu me diras ne changera jamais cet état de fait, tu comprends ?

Baptiste ne préfère pas répondre et reprend le bras d’Anthony pour poursuivre leur route, comment a-t-il pu deviner ce qui le perturbe autant depuis quelques années.

Encore plus particulièrement depuis un an où il aime regarder le jeune Florian, maintenant qu’il connaît son prénom et que son visage hante ses nuits.

Anthony respecte le silence de son cadet, il se doute bien que ses paroles ont visé juste et il ne veut surtout pas le braquer contre lui alors qu’il le sent bien, son jeune frère est perturbé par ce qu’il lui a déjà fait comprendre.

Ils entrent dans l’appartement, sitôt la porte refermée derrière eux Baptiste entre dans sa chambre et laisse son aîné se débrouiller seul.

Une fois dans l’intimité de sa chambre, il laisse les larmes s’écouler enfin et libère ainsi le stress que les paroles d’Anthony ont déclenché en lui.

L’oreille fine de celui-ci entend toute la tristesse du jeune garçon à travers les cloisons minces qui séparent les deux pièces, son cœur se serre mais il ne fait pas un geste pour aller le consoler en sachant pertinemment que ce ne serait pas la bonne solution à cet instant précis.

Préférant attendre qu’il soit enfin prêt à lui révéler ce que lui a déjà deviné depuis le début, depuis que Baptiste a atteint l’âge de la puberté et qu’il lui parle de ses amis avec suivant le cas, plus ou moins de trémolos dans la voix.

Ce qui n’arrive jamais quand il parle de ses amies, ce qu’il a perçu avec sa sensibilité et ses sens exacerbés par le manque de la vision, sens qu’il n’a jamais connu et qu’il compense efficacement par les autres.

2eme année 1er semestre : (07/100) (Paris) (fin)

C’est Yuan qui se réveille le premier ce matin-là, il sent la chaleur du corps de son ami blotti contre lui et sourit en repensant à sa gêne ainsi qu’à ses paroles qu’il lui a dites avant d’éteindre la lumière.

Il a très bien compris que Florian malgré l’envie qu’il en a ne trahira jamais la promesse faite à Thomas, Yuan l’a rassuré en lui disant qu’il l’entendait très bien et qu’il était déjà super-content de l’avoir tout simplement près de lui, que si quelque chose devait se passer entre eux et bien qu’il aurait la patience d’attendre qu’ils soient avec Thomas.

Florian lui a souri en lui faisant la bise, ils se sont endormis en se serrant l’un contre l’autre pour un gros câlin non dépourvu malgré tout d’une forte sensualité.

Un mouvement du jeune rouquin lui fait reporter son attention sur lui, il voit son corps s’étirer langoureusement et ne peut échapper à la vision du membre tendu à l’extrême dans le boxer malmené, comme chaque matin juste avant le réveil de son propriétaire.

Ses yeux s’arrondissent de ce qu’ils découvrent alors, l’envie très forte de caresser cette superbe et volumineuse matraque est si tentante, qu’il doit se mordre les lèvres pour y résister.

Heureusement pour lui, Florian ouvre les yeux en changeant de position ce qui permet à Yuan de se reprendre et de recouvrer ses esprits.

- Bien dormi Florian ?

- Hum! Oui, super je dirais même! Tu es une vraie bouillotte, j’espère que je n’ai pas été trop collant.

- Non, c’est bon et même je dirais que c’est dommage que tu ne te sois pas pelotonné encore plus contre moi, j’aurais adoré ça tu sais ?

Je m’allonge doucement sur lui et l’embrasse rapidement sur les lèvres.

- Je sais, mais sois patient et tu seras récompensé, promis !

Yuan frissonne de bien-être en retenant son geste de serrer très fort Florian dans ses bras, se contentant de lui rendre son baiser furtif.

- Je saurai l’être alors.

Je lui offre mon plus beau sourire.

- On se lève ? J’aimerais profiter de cette matinée ailleurs qu’ici, même si je me sens très bien comme ça mais ça risque de déraper et je n’y tiens pas du tout.

Les deux garçons se lèvent avec regret malgré tout et rejoignent la cuisine pour prendre un copieux petit-déjeuner, ensuite une douche rapide et le temps de s’habiller, puis les voilà marchant dans les rues de la capitale.

Florian guide Yuan dans le métro tout en lui expliquant comment se repérer dans tous ses tunnels, ils ressortent à la station pas loin de laquelle se trouve la librairie où il a acheté un impressionnant tas de livres deux semaines auparavant.

Sitôt passé le pas de la porte, ils sont accueillis par un jeune homme svelte et souriant que Florian reconnaît tout de suite.

Comme la première fois, son cœur bat plus vite et il lui renvoie son sourire en marchant vers lui pour lui serrer la main.

- Pile à l’heure, j’espère que tu n’as pas ouvert juste parce que je venais ?

Dante, sa main ne lâchant pas celle de Florian.

- Pas de soucis, nous sommes ouverts le dimanche et c’était mon tour de tenir la boutique.

- Ok ! C’est cool alors.

Dante détaille Yuan en posant la question qui tue.

- C’est ton nouveau petit copain ?

Je ris de bon cœur.

- Sûrement pas dans le sens de ta question, mais oui c’est un de mes amis.

Dante les yeux alternants sur les deux garçons.

- Ah, ok ! Ça m’aurait fait drôle parce que tu avais l’air vraiment bien avec Thomas.

Yuan prend la parole pour la première fois.

- « Flo » et « Thom » c’est pour la vie, moi c’est Yuan et toi ?

- Dante, enchanter Yuan !! Les amis de Florian sont mes amis. J’ai mis tes bouquins dans un petit sac à dos dont je ne me sers plus, ce sera plus facile pour toi de les transporter.

Il part dans l’arrière-boutique, pendant ce temps-là Florian et Yuan se regardent en souriant.

- (Yuan) Il a l’air d’être bien mordu lui aussi.

Je lui fais un clin d’œil en me redressant comme un coq.

- Normal, t’as vu la bête ? Hi ! Hi !

- (Yuan amusé) Je dois reconnaître qu’il y a un petit quelque chose en toi qui attire le regard, la preuve puisque je m’y suis moi aussi laissé prendre.

- Bah ! Tant que c’est que des beaux mecs sympas qui me kiffent, pas de soucis.

Dante ressort de l’arrière-boutique en tendant le sac à dos à Florian, qui le lui prend des mains en souriant.

- Merci Dante, je repasserai à l’occasion maintenant que je connais ta boutique.

- Appelle-moi quand tu es sur Paris si tu veux, on pourra se prendre un pot quelque part ensemble. En plus n’oublie pas que tu voulais faire des photos avec Thomas chez mon ami photographe, je serai heureux de t’y emmener ça me fera une balade parce que ça me saoule un peu parfois d’être tout seul.

- Tu es toujours seul ? Pourtant tu as tout pour ne plus l’être.

Dante sourit en appréciant le compliment.

- Merci Florian, maintenant que je te connais je m’y sens déjà beaucoup moins.

- Yuan aussi est nouveau sur Paris, si tu veux bien lui montrer la ville je suis sûr qu’il ne dira pas non.

- (Yuan sourit) C’est vrai que ça me ferait plaisir de connaître quelqu’un ici.

Dante en lui rendant son sourire.

- C’est d’accord pour moi et puis comme ça, j’aurai des nouvelles de Florian et de Thomas.

Les garçons se donnent leurs adresses et leurs coordonnées, puis Florian et Yuan quittent la librairie le sourire aux lèvres, pour Yuan parce qu’il apprécie le jeune garçon et qu’avoir un premier ami à Paris le réconforte alors qu’il croyait s’y retrouver seul et pour Florian parce que comme ça, il regroupe autour de lui deux garçons auxquels il tient de de plus en plus.

2eme année 1er semestre : (08/100) (Reims) (Chez Mireille)

Flavien et Marc quittent la gare en se dirigeant droit vers la cité U où ils doivent rendre les clés après avoir débarrassé leurs affaires une fois celles-ci emmener chez la vieille dame que doit leur présenter Florian dans quelques heures.

Un coup de klaxon les fait se retourner et ils reconnaissent les personnes dans la voiture qui roule lentement juste derrière eux, Gérôme passe la tête à la portière en souriant.

- Alors les gars ? Besoin d’un taxi ? Montez ! Vous nous direz où vous allez.

Petit moment sympathique de retrouvailles, une fois en route vers la cité U la conversation reprend.

Le plaisir manifeste qu’ont les quatre garçons à se retrouver ensemble leur fait chaud au cœur.

- (Marc) Comment vous avez su que nous serions là ?

- (Dorian) C’est Ludovic qui nous a donné les horaires d’arrivées.

Gérôme croit bon de préciser.

- Nous avons appelé chez vous avant pour qu’on puisse se rejoindre quelque part en attendant que Florian arrive.

Dorian en regardant sa montre.

- Nous avons encore un peu de temps, on vous aide à déménager si vous voulez ce sera plus pratique pour vous et il reste de la place dans le coffre.

- (Flavien) Avec plaisir les gars, c’est sympa de nous le proposer.

- (Dorian) Nous allons vivre ensemble, c’est cool non ? Florian est vraiment un pote en or.

- (Flavien) Tiens oui au fait ! Vous êtes encore là pour votre mission avec lui ?

- (Dorian) Hé oui ! Mais nous n’allons pas nous en plaindre non plus.

- (Marc) Mais toi Gérôme, comment ça se fait que tu sois là toi aussi ? Et Patrice, Camille et Léonie, ils deviennent quoi ?

Dorian raconte alors les derniers événements qu’ils ont vécus, le complot de leurs deux patrons pour qu’ils puissent rester ensemble et leur affectation dans une brigade spécialisée de la police judiciaire.

Marc écoute attentivement en tiquant soudainement quand ils parlent de cette brigade spécialisée du fait qu’il en connaît l’existence.

Ses parents y ont eu droit à un certain moment de leur vie, jusqu’à ce qu’ils en découvrent l’existence et qu’ils protestent suffisamment fort pour que la « protection » leur soit enlevée.

- Il y a quelque chose qui ne colle pas dans tout ça, je connais ce service de la PJ et ils ne sont pas là pour surveiller des surdoués, mais plutôt les grosses fortunes.

- (Gérôme hésite) C’est vrai qu’il sert aussi à ça mais pas que, la preuve puisque nous sommes là.

Marc regarde attentivement les deux garçons assis devant lui et voit bien qu’ils ne sont plus aussi à l’aise que tout à l’heure, il détourne son regard vers Flavien, hésite, soupire et se décide enfin à parler.

- Bon les gars si nous mettions cartes sur table, nous allons vivre les uns près des autres et si nous commençons par des mensonges, ça ne présage rien de bon pour la suite vous ne croyez pas ?

Flavien surpris le regarde attentivement.

- Quels mensonges ? De quoi tu parles là ?

- (Marc) Je parle de la raison réelle de leur mission, je sais très bien pourquoi ils sont là tous les deux, pas depuis longtemps mais je suis certain de ce que je dis.

Flavien ressentant le malaise de Dorian et Gérôme qui fixent la route sans répondre, commence à s’énerver.

- J’espère juste pour vous deux que ce n’est pas un coup foireux contre « Flo », sinon vous ne savez pas à quoi vous allez avoir à faire.

Marc reprend la parole avant que ça ne dégénère, connaissant bien le caractère entier de son grand copain.

- Calme-toi Flavien !! Je t’assure que tu peux avoir confiance en eux, ils sont bien là pour protéger « Flo » mais pas parce qu’il est super-intelligent mais plutôt parce qu’il est très riche.

Dorian se tourne vers lui.

- Où tu as entendu ça toi ?

- (Marc tristement) Il y a quinze jours nous étions chez mes parents avec « Alex » et dans la conversation nous avons parlé de Florian, quand ils ont entendu son nom de famille mes parents très férus sur les titres de noblesse nous ont dit qui il était et la fortune qui était la sienne. J’ai appelé Thomas pour en savoir plus et il m’a dit qu’il le savait lui aussi depuis très peu de temps mais que « Flo » n’était pas du tout au courant parce que ses grands-parents et Philippe son « tuteur », ont préféré attendre pour le lui dire qu’il profite avant de sa jeunesse et qu’il vive comme tout un chacun.

- (Flavien ahuri) Eh bien ça alors !!! Je sais que tu m’en as déjà parlé mais je n’arrive toujours pas à le croire !!

- (Dorian) Il faut que tout ça reste entre nous les gars, nos instructions sont très claires. Florian ne doit pas encore être mis au courant, ses grands-parents décideront quand il sera temps de tout lui avouer.

Flavien sous le choc.

- Eh bien ça alors !!!

Marc le regarde amusé.

- Reviens en « Flav », j’ai l’impression là qu’Arnault avait raison quand il disait que tu étais un vrai blond Hi ! Hi !

Flavien sourit à son copain.

- Des fois c’est bien pratique Hi ! Hi !

Il repense à ce qu’il vient d’entendre.

- Eh bien ça alors !!!

Au feu rouge les personnes au volant de leurs voitures, ne peuvent s’empêcher de sourire à la vue des quatre garçons morts de rires dans l’auto à l’arrêt près de la leur.

2eme année 1er semestre : (09/100) (Reims) (Chez Mireille) (fin)

Arrivé à Reims, Florian part d’un bon pas chez les Viala pour y déposer ses affaires.

Il aime bien passer par le canal et faire son petit coucou quand il est là au jeune homme en fauteuil roulant, avec son sac à dos et ses valises, il traîne néanmoins un peu des pieds et s’arrête fréquemment pour se détendre les bras.

C’est près des péniches qu’il fait sa troisième petite pose et qu’il prend le temps d’envoyer un SMS à Guillaume, en lui disant où il est afin qu’il vienne l’y rejoindre pour lui donner un coup de main à porter ses bagages.

En attendant sa réponse, il s’assoit sur une valise en regardant vers les péniches.

Il doit être tombé sur un déménagement car plusieurs personnes font la navette avec les bras chargés en passant d’une péniche à l’autre, il ne voit pas le jeune homme au fauteuil et en est un peu triste car il aime bien son sourire quand ils se croisent.

Il est tellement pris par son observation de la vie de tous les jours de ses gens qui rient à la moindre occasion, qu’il ne voit pas arriver Guillaume avec Damien qui lui sautent sur le paletot en le faisant culbuter par-dessus son bagage.

La suite du trajet fut plus reposante et ils arrivèrent cette fois-ci d’une traite à destination, Florian redescend presque aussitôt pour prendre le bus en direction de l’université.

Il s’arrête deux stations avant et marche d’un bon pas vers le lieu de rendez-vous qu’ils se sont donné avec ses amis.

Ils sont déjà là tous les quatre et après les inévitables embrassades d’avec leur copain, ils le suivent jusqu’à la maison aux volets bleus qu’il a découverte quelques mois plus tôt et qui lui a permis de connaître Mireille avec ses deux siamois.

- Voilà les gars, c’est ici.

- (Marc) Ça a l’air plutôt sympa, en plus c’est vraiment près de la fac

- (Flavien) C’est marrant mais on croirait que c’est une maison de poupée vue de loin, l’architecte qui a construit cette maison a su jouer magnifiquement sur les perspectives.

Je crois bon de préciser.

- C’est son mari il me semble, qui en a fait les plans et qui l’a construite.

- (Dorian appréciateur) Eh bien, il connaissait son boulot.

- Vous verrez une fois dans le jardin elle devient impressionnante !! Allons-y, Mireille doit nous attendre.

Florian sonne au porche et l’ouvre aussitôt, il laisse ensuite passer ses amis en refermant derrière lui.

Une fois dans le jardin, il les dirige vers la porte d’entrée qui s’ouvre juste au moment où les garçons arrivent devant.

La vieille dame apparaît toute frêle devant eux et sourit en apercevant Florian, son visage fait le tour ensuite des nouveaux arrivants et la première impression doit être plutôt bonne, car son visage s’épanouit de joie quand elle les prie d’entrer dans la maison.

Quand Flavien passe devant elle, Mireille doit lever la tête pour voir le visage du jeune homme à la carrure si impressionnante.

Elle le prend doucement par le bras avec les yeux pétillants d’amusement et s’adresse à Florian.

- C’est sans doute un des « petits » gars qui doit venir habiter ici ?

Je la fixe dans les yeux en riant.

- Oui Hi ! Hi ! C’est Flavien, il est un peu bougon parfois mais il a un cœur d’or. Voilà Marc, Dorian et Gérôme.

Je montre les deux derniers du doigt.

- C’est notre couple d’amoureux transit, ne vous offusquez pas si vous les voyez se faire sans arrêt des bisous parce que c’est un peu leurs drogues Hi ! Hi !

Mireille amusée et ravie.

- Bienvenue ici jeunes gens !! Mais allez donc visiter l’étage, il est tout à vous et vous n’aurez qu’à vous mettre d’accord pour choisir vos chambres.

En regardant Dorian et Gérôme avec un grand sourire.

- Celle du fond était la nôtre à mon mari et à moi, c’est la plus grande alors je pense qu’elle ira très bien pour les deux amoureux.

Le reste de l’après-midi passe à l’installation des garçons ainsi qu’à la mise au point des règles de vies, la somme plus que correct demandée à chacun et la proposition de Mireille de s’occuper des repas moyennant un peu d’aide pour la vaisselle, les courses et les pluches, met tout le monde aussitôt dans une ambiance bonne enfant.

Aussi quand Florian les quitte non sans promettre de revenir le lendemain avec « Tic » et « Tac », c’est déjà une petite famille qu’il a l’impression de laisser derrière lui.

Mireille a l’impression de revivre enfin, il y avait bien longtemps qu’une telle activité n’avait pas réveillé ses murs.

La musique tout comme les discussions amicales qui traversent les pièces, lui rappellent bien des années en arrière quand elle avait encore toute sa famille réunie autour d’elle.

Quelques larmes au souvenir de ses enfants et de son mari disparus, puis la vieille femme toute menue reprend vite le dessus.

Elle repart alors bravement vers sa cuisine avec le sourire lui revenant aux lèvres, non sans lancer d’une voie amicale à la cantonade.

- Deux volontaires pour éplucher les pommes de terre si vous voulez des frites ce soir avec votre jambon !!

Flavien et Dorian déboulent aussitôt en se mettant au garde à vous devant elle et en la saluant militairement, leurs visages barrés d’un grand sourire.

- Oui chef !!! Bien chef !!!

2eme année 1er semestre : (10/100) (CHU)

René coche sur son agenda la semaine qui vient de s’écouler en poussant un long soupire de satisfaction, celle qui arrive annonce la venue des nouveaux internes avec le retour tant attendu de Florian parmi eux.

La liste d’attente commence à s’allonger et certains cas très rares malgré tout méritent d’être traités rapidement, alors que tous les autres plus bénins auraient pu très facilement être pris en charge sans attendre par lui-même ou n’importe lequel de ses collègues.

Seulement voilà, le personnel hospitalier ne jure plus que par « tu sais qui » et en viennent même à dénigrer certains praticiens à la réputation pourtant irréprochable.

L’équipe "spéciale" étant réunie dans la salle de repos, l’effervescence règne autour d’eux pour savoir si c’est bien le jour tant attendu du retour de Florian.

Quand il apparaît ce matin-là, vêtu de sa blouse blanche et de son badge l’autorisant à circuler dans tout l’établissement, c’est l’allégresse générale autour de lui et tous sourient devant sa bouille espiègle avec toute la joie de vivre qu’ils peuvent lire dans ses yeux.

Julien est là lui aussi, un peu nerveux malgré tout puisque c’est sa première journée et qu’il ne connaît pas encore les rituels de l’établissement, il reste collé à Maxime qui d’ailleurs ne s’en plaint pas le moins du monde et examine avec attention tout ce qui se passe autour de lui.

L’arrivée de Florian le marque fortement car il ne s’attendait certainement pas à cette quasi-adoration qui émane des personnes qui croisent son passage, il descend avec toute l’équipe au sous-sol et se retrouve dans l’intimité de leur petite bande d’amis dans une pièce spécialement réservée pour eux.

Le naturel entre eux revient aussitôt la porte fermée et l’organisation des interventions de la matinée se fait sans anicroche, personne ne cherchant à imposer ses idées sur le sujet.

- (Maxime) Tu viens « Juju » nous allons chercher le premier patient, Émilie et « Ju » vont préparer le bloc.

Je regarde Julien.

- Pas trop le trac pour ton premier jour ?

- Bah si un peu quand même !

- Pour l’instant tu te contentes de regarder !! Dans quelques temps une fois que tu te sentiras prêt, je t’expliquerai comment agir et tu pourras t’y mettre progressivement.

- D’accord « Flo » !

Émilie le prend doucement par la manche.

- Allez viens ! Il est temps de se mettre au boulot.

Je termine mon café et ensuite j’entre dans la salle où seront pratiquées les anesthésies car bien sûr les patients même s’ils sont pour la plupart au courant par leur famille, doivent éviter de me voir afin de ne pas laisser échapper des informations par inadvertance.

Une fois la mise au point faite avec l’anesthésiste de garde, j’entre en salle blanche et commence à me préparer.

Ensuite je ne vois plus le temps passer, seul les quelques paroles encore nécessaires pour certaines actions résonnent dans la salle et il est plus de quinze heures quand Maxime me pose la main sur l’épaule en me tendant un grand verre d’eau, les yeux marquant un immense respect.

- C’était le dernier pour aujourd’hui, tu es devenu une vraie machine à opérer ma parole ! Rien ne t’arrête !

- (Julien estomaqué) Il faut l’avoir vu pour y croire.

Je le regarde surpris.

- De quoi tu parles « Ju » ?

- Mais ! De ce que tu viens de faire tiens ! Si j’en crois ce que j’ai appris jusqu’à maintenant, ce que tu as réalisé ce matin correspond au travail d’au moins trois spécialités différentes.

- Ah oui ? Possible mais j’essaie d’être pluridisciplinaire, c’est moins rengaine tu comprends ?

Julien ahuri regarde les autres personnes de l’équipe, qui l’observent avec amusement.

- Eh bien quoi ? Qu’est-ce que j’ai dit de si drôle ?

- (« Juju ») Rien « Ju » t’inquiète !! Juste que nous étions comme toi au début, maintenant tout nous paraît si facile avec « Flo » que ça nous fait du bien d’entendre des paroles comme les tiennes qui sont tout à fait normales et qui nous remettent un peu les pieds sur terre.

- (Maxime) Mais tu vas très vite devenir comme nous tu verras, d’ici quelques mois tu n’y feras même plus attention.

- (Émilie) Par contre pour ton diplôme ça risque de te poser un problème quand tu devras choisir ta spécialisation, car tu vas toi aussi prendre l’habitude de sauter du coq à l’âne et si c’est trop dur pour toi, n’hésite pas à nous en parler.

La porte s’ouvre brusquement, René soupire visiblement soulagé de nous voir encore tous là.

- J’ai besoin de vous les gars !

J’arrête de déboutonner ma blouse.

- Un problème ?

- Plutôt oui, je sors de la maternité. Une naissance difficile avec la mère qui nous fait une double hémorragie, en plus les jumeaux qu’elle vient de mettre au monde sont reliés par la colonne vertébrale.

2eme année 1er semestre : (11/100) (CHU) (suite)

Je lui demande, curieux.

- Quelqu’un les a vus ?

René comprend le but de ma question.

- Non, justement.

- Quelqu’un s’occupe de la mère ?

- Frédéric s’en occupe oui, tu crois pouvoir faire quelque chose pour eux ?

- De toute façon on n’a pas le choix, non ? Tu leurs donnes combien de temps si nous ne faisons rien ?

- Très peu je le crains, tu t’en occupes alors ?

- Pas de soucis René, allez-vous autres ! Préparez-moi la salle, j’ai besoin d’un scan et d’une radio pour me rendre compte.

René retrouve le sourire, visiblement soulagé que je prenne les choses en mains.

- Je m’en occupe « Flo », je savais bien que tu ne les laisserais pas tomber.

- J’aurai besoin de Frédéric !! Dès qu’il a terminé avec la mère demande lui de rappliquer fissa, d’accord ?

- Entendu ! Je te les amène d’ici une demi-heure, c’est bon pour toi ?

- Ouaih, t’inquiète ! « Ju » ? Va avec René et tu m’amènes les résultats d’examens le plus vite possible, ok ?

- (Julien) Ok « Flo » !!

- Maxime ? J’ai besoin du micro laser, occupe t’en s’il te plaît et toi « Milie » cours en « bio », j’ai besoin de Carole pour des prélèvements de cellules. Tu lui dis qu’elle va devoir faire des heures supplémentaires, je vais avoir besoin de ses greffons de peau très rapidement. Dis-lui que je lui laisse une semaine pas plus pour les avoir et qu’elle en fasse le plus possible, j’espère pouvoir en refermer un aujourd’hui mais les deux ce n’est pas possible.

Pendant que tout le monde s’active, je vais m’asseoir pour prendre le temps de me remémorer tout ce que j’ai appris sur la séparation des bébés dits « siamois ».

Les chances de sauver les deux enfants sont infimes, je sais qu’il me faudra opérer en priorité celui des deux qui sera le plus fort quitte à ne pas avoir le temps de m’occuper de l’autre.

L’idée bien sûr m’est intolérable mais de toute façon je suis parfaitement conscient que je n’ai pas vraiment le choix, je suis interrompu dans mes pensées par « Ju » qui revient déjà avec les radios et le cd du scanner.

J’examine avec soin toutes ces informations, je me fais alors une idée plus précise de comment intervenir sur les petits bouts de chou qui pèsent à peine deux kilos et demi chacun.

Poids suffisant pour que les chances de réussites de l’intervention soient raisonnablement élevées, intervention qui devient vite évidente pour moi et je dois reconnaître qu’il y a beaucoup d’incertitudes quant aux résultats finals de l’opération.

La demi-heure est à peine passée qu’un chariot sur lequel est posée une couveuse raccordée à un système automatique alimenté par un jeu de batteries arrive, les deux nouveau-nés collés dos à dos dorment paisiblement et j’ai un petit moment de stress à l’idée de ce que je vais devoir leurs faire subir.

L’anesthésie étant évidemment impossible vu les circonstances, je vais profiter que leurs cerveaux ne soit pas encore sujet aux stimuli de la douleur pour intervenir au plus vite sur eux.

Frédéric entre en se dirigeant tout de suite vers moi et contemple tristement les nourrissons, je peux lire dans ses yeux ce qu’il pense de tout ça.

Pour lui il n’y a quasiment aucun espoir de pouvoir les sauver, je lui prends la main en la lui serrant doucement en essayant par ce simple geste de lui redonner un peu de confiance.

- Nous allons faire tout notre possible « p’pa », de toute façon si nous ne faisons rien ils ne survivront pas. La chance c’est qu’ils ont chacun une colonne vertébrale et que ce qui les relie n’est que musculaire, nerveux et épidermique.

Frédéric regarde Florian avec ahurissement.

- Que !!!!

- Eh bien oui quoi ! S’ils n’avaient eu qu’une colonne vertébrale pour eux deux, je n’aurai eu que l’espoir de n’en sauver qu’un seul alors que là tout est encore possible.

- (Frédéric soufflé) Tu t’en sens vraiment capable ? Tu sais que très peu de ses opérations ont été un succès ? D’ailleurs je ne comprends pas pourquoi tu as tenu à ce que je sois avec toi, parce que je ne me sens pas capable de t’aider beaucoup.

- J’ai un schéma directeur pour ce qu’il y a à faire, mais j’aurai besoin de toi à un moment car il me faudra une troisième main sûre.

J’explique alors comment je vois l’intervention et ce que chacun devra faire pour m’aider du mieux qu’il le pourra, je répète une deuxième et une troisième fois, jusqu’à ce que je sois certain que chacun a bien compris son rôle dans les prochaines heures.

Je vérifie une dernière fois le matériel et les divers pansements dont j’aurai besoin pour protéger celui des deux qui restera une longue semaine en attente des greffons qui lui seront nécessaires pour reconstruire son épiderme.

Quand enfin tout est prêt, je ferme un instant les yeux conscients de ce que je vais entreprendre et des implications que cela aura pour les deux petits êtres toujours endormis.

J’ouvre les yeux en soupirant.

- Bon ! Allez ! C’est parti !

2eme année 1er semestre : (12/100) (CHU) (suite)

Les deux petits sont déposés précautionneusement sur le bloc, les raccordements aux divers appareils de survie sont menés de mains de maîtres avec une extrême douceur.

Le laser est disposé au-dessus d’eux et je me place devant l’écran le joystick en main, un bon quart d’heure m’est nécessaire pour effectuer tous les réglages que je juge impératif au bon déroulement de ce qui va suivre.

Maxime et Frédéric quand je leurs en donne l’ordre, se mettent en position et maintiennent d’une main ferme chacun un des bébés, pendant que j’actionne délicatement le laser pour commencer la séparation.

J’ai préféré cette méthode plus précise que la méthode manuelle malgré que cette façon de faire ne soit pas des plus orthodoxes du fait qu’un seul faux mouvement de la part des bébés, de ceux qui les maintiennent ou encore venant de moi, pourrait être catastrophique quant aux conséquences.

Seulement la précision est telle que le risque en vaut la chandelle et permettra de minimiser ensuite le reste de l’intervention.

La dose très légère de gaz éthéré mélangé à l’oxygène auquel les nourrissons sont branchés fait l’effet escompté et les maintient en état de sommeil, ce qui aide beaucoup à l’intervention délicate que je mène sur eux.

Une fois la séparation terminée, ils sont mis sur le ventre et commence alors pour moi le plus difficile.

Le choix du premier bébé sur lequel intervenir qui lui donnera le plus de chance de réussite, je vais à l’encontre de toutes les choses écrites sur le sujet en choisissant celui qui me semble le plus faible.

Frédéric ne dit rien mais suit mes instructions en s’occupant du second bébé, se contentant d’éponger en lui appliquant les antiseptiques préparés à cet effet pendant que je m’occupe des terminaisons nerveuses du premier

Je les relie de façon à lui conserver le plus de connexions possibles, afin qu’il puisse en grandissant se reconstruire et ressentir à nouveau le chaud, le froid, la douleur et les caresses sur cette partie de son anatomie.

Une fois satisfait du résultat, je m’occupe des muscles en les replaçant au mieux afin qu’eux aussi se reforment et remplissent leurs rôles.

La « chance » est que chaque enfant avait ses ligaments et ses tendons qui les rattachent aux os et que la coupure s’est faite dans la masse musculaire qui devrait vite retrouver son intégralité de par les cellules-souches toujours actives qui vont le reconstituer grâce à la mémoire du génome.

Je surveille fréquemment les moniteurs, afin de pallier le cas échéant à tout risque qui pourrait mettre en péril le processus vital du bébé.

***/***

Julien ("Ju") est comme hypnotisé par la contemplation de son ami, il reste scotché par le déroulement de l’opération qui se passe sous ses yeux.

La précision des gestes, l’assurance de Florian qui œuvre sans aucune hésitation quand à ce qu’il doit faire et les résultats extraordinaires qu’il ne peut que constater quand il voit petit à petit les chairs reprendre leurs places.

***/***

Maxime refrène avec beaucoup de difficulté l’émotion qui l’étreint à la vue de ces petites choses sanguinolentes et si fragiles, lui aussi reste ébahi de l’aisance des mains de Florian qui jamais n’hésitent et qui œuvrent à la guérison des petits.

Il voit ses doigts habiles effectuer comme un ballet à la chorégraphie parfaite, le silence de la salle ou tout comme lui chacun retient son souffle et effectue les gestes strictement nécessaires quand Florian le leurs demande d’une voix calme et parfaitement maîtrisée.

***/***

Frédéric assiste Florian comme un interne son tuteur, il a l’impression de découvrir la chirurgie tellement il réinvente chaque geste comme l’apprentissage d’une nouvelle méthode qui jusque-là était ignorée de tous et qui pourtant paraît si évidente une fois qu’elle est réalisée devant lui.

L’état serein de « Flo » alors que rien que la pensée de l’acte qu’il réalise, devrait à ses yeux lui donner un nombre incalculable d’hésitations, le conforte dans la pensée que le jeune garçon a vraiment un don pour tout ce qu’il entreprend.

***/***

Florian loin de toutes ses pensées sur ses qualités de chirurgien, continue de dérouler dans sa tête et dans ses actes, la méthode qu’il a décidé de mener à bien pour sauver les deux enfants.

Il termine les points de sutures sur le premier nourrisson en laissant « Juju » s’occuper de la pose des pansements et de l’injection des antiseptiques avant de remettre le petit dans la couveuse.

Une grimace vient marquer son visage quand il passe à l’autre bébé, le manque d’épiderme et de chair, dévoile quasiment l’ossature du bébé et il a un moment d’arrêt face à la difficulté qu’il va avoir à le sortir d’affaire.

2eme année 1er semestre : (13/100) (CHU) (fin)

Pour la première fois depuis qu’il exerce Florian doute de réussir, il lève la tête vers Frédéric qui voit bien lui aussi que quelque chose cloche.

- Qu’est-ce qu’il y a Florian ?

- Il ne lui reste pas assez de muscle pour lui tenir la colonne, ça va être compliqué et il risque de ne pas s’en remettre ou au mieux d’être handicapé à vie.

- Fais ce que tu peux Florian, personne ne t’en voudra si ça ne se passe pas comme tu veux. Dans notre métier il faut aussi accepter la défaite et nous ne pouvons pas sauver tout le monde, déjà si son frère en réchappe ce sera un miracle pour cette famille. Alors fais juste de ton mieux.

Julien ("Ju") d’une voix timide.

- Pourquoi tu ne fais pas comme pour Ludovic ?

- Parce que ce n’est pas ça la médecine, si j’emploie cette solution à chaque fois qu’il y a un problème je risque gros et je vais finir par me faire découvrir.

Frédéric regarde le bébé dans la couveuse.

- Tu as opéré le plus faible pas vrai ?

- Oui je croyais comme ça avoir plus de chances pour le deuxième, pourquoi ?

- Parce que s’il y a des suspicions sur toi, c’est lui qui sera examiné et tu l’as opéré sans utiliser ta salive alors ils ne trouveront rien si ce n’est ta façon extraordinaire d’exercer ton métier.

Je comprends où il veut en venir.

- Alors que pour le premier, le plus robuste, ils trouveront ça normal ? C’est ce que tu veux dire ?

Frédéric avec un grand sourire.

- Exactement ! Regarde bien ce bébé Florian, tu ne crois pas que lui aussi ait envie de vivre ? Et son frère tu y penses ? Comment va-t-il vivre cette séparation ?

- (Émilie) Il est si mignon « Flo », s’il te plaît !

Je vois qu’ils me regardent tous avec leurs yeux de cocker, en plus j’avoue franchement que je pense comme eux et je n’ai pas le cœur à laisser la nature faire son œuvre, alors que j’ai le moyen d’interférer.

- Pffttt !!! Bon ! Alors on s’y remet ?

Maxime le coude plié en baissant le poing vers le sol.

- Yes !!!!

Je souris à mon ami et comme je l’ai fait pour soigner Yuan, j’applique la même méthode en déposant ma salive sur le pourtour de la plaie en laissant les chairs et les nerfs reprendre leurs aspects et leurs places naturelles.

Le temps pourtant est un facteur qui ne varie jamais mais les cinq heures que durent la remise en état du bébé passent à la vitesse de l’éclair, tant ce qui se déroule sous les yeux de tous les captivent au plus haut point.

Une fois le dos du nourrisson redevenu normal, c’est avec une forte envie de laisser tout tomber que je me remets à l’œuvre.

Avec un scalpel, j’ouvre de nouveau son dos en malmenant quelque peu les muscles afin qu’ils apparaissent plus ou moins comme ceux de son frère en faisant toutefois très attention à ce qu’il n’en supporte pas les séquelles plus tard et j’ôte également un grand bout de peau qui s’était reconstituée afin de pouvoir plus tard lui poser les greffons que Carole va mettre très prochainement en culture.

J’applique sur la plaie reconstituée un pansement pour grand brûlé afin de lui protéger les muscles en attendant que ça soit possible, un léger bandage autour de son petit corps et je le laisse aux soins d’Émilie qui a les yeux remplis de larmes.

- Excuse-moi « Milie » mais je devais le faire, sinon personne n’aurait compris tu comprends ?

- (Émilie) Je comprends très bien, mais ça n’empêche que c’est très dur à accepter.

« Juju » dans le même état émotionnel que son amie.

- Il ne souffre pas trop ?

Je lui mets la main sur l’épaule en le secouant amicalement.

- Je t’assure que ce que je lui ai fait est plus impressionnant qu’autre chose, tu verras ! Dans quelques années il n’y paraîtra plus qu’une longue cicatrice qui leurs rappellera qu’ils ont failli tout simplement ne pas se connaître, je pense que cette tragédie évitée va les rapprocher encore plus que de simples jumeaux.

Frédéric me prend dans ses bras et me berce.

- Je me doute que ça n’a pas été facile pour toi mon garçon de faire ça à cet enfant !! Seulement réfléchis cinq minutes, sans toi ce bébé était condamné alors tu t’es juste protégé.

Maxime voit mes yeux couverts de larmes.

- Allez « Flo » ! Tu viens de faire une chose merveilleuse en sauvant ces jumeaux, ne pense pas à autre chose.

Je sens une énorme boule me prendre l’estomac, mes jambes tremblent alors que mon corps perd toute sa force.

Mon esprit s’embrume, je vois au loin le visage de celui que j’aime le plus au monde et qui semble s’éloigner de moi, je m’écroule d’un coup en l’appelant de toutes les forces qu’il me reste mais c’est un appel à peine audible qui s’échappe de mes lèvres avant de m’évanouir dans les bras de Frédéric.

- Thomas !!!!

2eme année 1er semestre : (14/100) (Reims) (Panique)

J’ai froid, mon corps tremble et il n’arrive pas à se réchauffer.

Je me mets en boule en serrant mes bras autour de mes genoux mais rien n’y fait, les frissons me parcourent de la tête aux pieds en me faisant claquer des dents.

« Néant ».

Une main me recouvre le corps avec un drap et une couverture, le néant noir reprend mon esprit.

J’ai toujours froid, j’aperçois vaguement la lumière du jour.

Une main me caresse le front en remontant le drap qui a glissé pendant la nuit.

« Néant ».

Mon corps tremble toujours, mes mains et mes pieds sont gelés.

Des voix indistinctes autour de moi, froid !!! Tremblements !!!

« Néant »

Un froissement de draps près de moi, un corps se blottit contre le mien et j’ai soudainement moins froid.

Le sommeil m’appelle, je m’y laisse emporter, rassuré en me lovant contre ce corps qui m’apaise et contre lequel je me sens bien.

***/***

« Aix quatre heures du matin »

Le carillon de l’entrée retentit, qui peut bien venir à une heure pareille ce demande-t-il encore dans son sommeil.

Thomas entend sa mère se lever et descendre voir qui ça peut être, des voix ainsi qu’une impression d’affolement lui font relever brusquement la tête et sauter du lit.

Un étrange sentiment que quelque chose de grave s’est passé entre dans l’esprit du jeune homme, il s’habille rapidement pour se précipiter au rez-de-chaussée en doublant son père dans l’escalier.

L’impression devient une certitude quand il reconnaît les voix de Franck et de Michel qui parlent à sa mère, son cœur fait un bond douloureux dans sa poitrine alors qu’il entre comme une furie dans le salon.

- Florian !!! Il lui est arrivé quelque chose ??

Franck voit le jeune homme devenir livide.

- Oui mais rassure-toi il va bien, ou du moins pas trop mal d’après les médecins qui s’occupent de lui.

Thomas la voix tremblante.

- Qu’est ce qui lui est arrivé ?

Michel lui raconte alors ce qu’il a appris par Frédéric un peu plus tôt dans la nuit, les dernières paroles de son petit-fils le réclamant avant de s’évanouir et enfin le coup de téléphone passer à Franck pour lui demander s’il pouvait le laisser retrouver Florian quelques jours, pour rester près de lui le temps qu’il se remette.

Franck qui devait de toute façon venir à Aix a précipité son départ, il est venu le chercher pour l’emmener dans le jet privé de l’entreprise afin qu’ils puissent arriver le plus tôt possible au chevet du malade.

- (Thomas) Il n’aurait pas dû faire ça, ça va à l’encontre de ce qu’il est et son esprit a disjoncté pour le protéger.

- (Michel surpris) Mais de quoi tu parles ?

- De ce qu’il a fait au bébé à la fin, il n’aurait pas dû !! Il aurait mieux fait de laisser quelqu’un d’autre s’en occuper.

- (Franck étonné) Tu crois que c’est ça qui l’a mis dans cet état ?

- J’en suis quasiment certain, il faut que j’aille près de lui !! C’est important je le sens.

Franck se lève.

- Prends quelques affaires, nous partons dans l’instant. Nous étions venus te chercher justement et ce que tu nous dis, nous conforte dans l’idée qu’il faut faire vite. Ce que je viens d’apprendre sur Florian me laisse dans l’ahurissement le plus total, pourtant je suis conscient que ce ni l’heure ni l’endroit pour en débattre et j’espère bien avoir plus tard quand il se sera sorti d’affaire, une sérieuse conversation avec lui !!

***/***

« Cette nuit-là au CHU »

Frédéric affolé retenant Florian évanoui dans ses bras.

- Maxime ! Un brancard vite !

Le garçon ne se le fait pas dire deux fois et revient quelques instants plus tard en poussant un lit médicalisé, puis aide Frédéric à y coucher Florian.

- Qu’est-ce qu’il a ?

Frédéric lui prend le pouls.

- Si je le savais ! Allez ! On l’emmène en réanimation et on lui fait la procédure d’examen complète.

Le malaise de Florian fait comme un effet de poudre dans l’hôpital, le personnel de nuit s’interpelle pour tenter d’en apprendre davantage et les bruits les plus incongrus affolent bientôt tout le monde.

Le couloir d’accès à la chambre où Florian est toujours inconscient est bientôt noir de monde, l’inquiétude sur son état de santé peut se lire sur tous les visages.

Certaines infirmières en ont les yeux remplis de larmes, Maxime et Julien, tentent de calmer tout le monde en laissant filtrer quelques renseignements.

Ils leurs présentent les choses en essayant d’être le plus optimiste possible, comme quoi c’est une fatigue nerveuse due à la longue journée d’intervention et à la plus que délicate opération qu’il a menée sur les nourrissons, qui l’aurait mis dans cet état mais ils sentent bien tout au fond d’eux-mêmes qu’il y a autre chose sans en connaître la véritable raison.

2eme année 1er semestre : (15/100) (Reims) (Panique) (fin)

Ensuite, le reste de la nuit ainsi qu’une partie de la matinée passa à le veiller et à le recouvrir chaudement à chaque fois qu’il se découvre du fait de son extrême agitation.

Frédéric veille celui qui est pour lui comme un fils, il ne comprend absolument pas ce qui arrive au jeune homme tremblant manifestement de froid alors que le thermomètre de la pièce indique vingt-deux degrés et qu’il est recouvert de plusieurs couvertures.

L’anxiété se lit dans les yeux du chirurgien, la fatigue n’a pas de prise sur lui et il voit passer le temps d’une façon interminable.

Ce n’est qu’en milieu de matinée, que la porte de la chambre s’ouvre et que Thomas apparaît dans l’encadrement, le visage ravagé par les pleurs et la profonde angoisse qui le tient depuis qu’il a été mis au courant.

Frédéric se lève visiblement ému et soulagé de le voir enfin pour le prendre dans ses bras.

- Ah ! Te voilà Thomas !

- Comment va-t-il ?

- Il est glacé ! Il claque des dents et plonge régulièrement dans l’inconscience, je ne comprends rien à ce qu’il a.

- Il n’a tout simplement pas supporté le fait d’être obligé de blesser quelqu’un.

Frédéric sursaute en entendant ses paroles.

- Mais ! Tu n’y es pas du tout ! Au contraire, il les a sauvés.

- Peut-être oui mais vous n’auriez pas dû le laisser faire ce qu’il a fait ensuite, c’est contre nature pour lui tu comprends ? Il a le don de guérir et ce qu’il a été obligé de faire pour protéger son secret va à l’encontre de ce qu’il est !! Son esprit ne l’a pas supporté.

- (Frédéric comprend) J’aurais dû le faire, c’est de ma faute ce qui lui arrive.

Thomas lui prend la main.

- Tu ne pouvais pas deviner.

- Tu l’as bien fait toi ?

- J’ai déjà été confronté une fois à ce phénomène dans le Sud quand il est venu à mon secours, c’est pour ça.

- Qu’est-ce qu’on doit faire alors ?

- Il lui faut du repos et sentir quelqu’un près de lui qui le rassure et le protège.

- Et si ça ne marche pas ?

Thomas fixe Frédéric intensément.

- Faudra alors trouver un cirque ou un zoo et le laisser au milieu des fauves pour qu’ils le soignent.

Frédéric regarde Thomas complètement horrifié.

- De quoi !!!!!

Thomas lui sourit tristement.

- Ça marche crois-moi… mais nous n’en sommes encore pas là.

Il regarde son ami toujours tremblant, qui semble s’éveiller.

- Je vais essayer la solution la plus facile et nous verrons si c’est suffisant, tu peux nous laisser et ne t’inquiètes pas, s’il y a un souci je t’appellerai.

Frédéric voit Thomas ôter ses vêtements pour rejoindre Florian sous l’amas de couvertures dans lesquels il est enfoui.

Aussitôt comme par réflexe, Florian vient se lover contre lui comme un petit chat et ses tremblements s’atténuent pour finir par très vite disparaître.

Frédéric remarque l’apaisement soudain des traits du jeune rouquin, il s’autorise enfin à respirer normalement en sentant bien qu’il voie le bout de ce cauchemar.

Thomas couvre le front et le visage de son chéri de baisers, il sent lui aussi l’apaisement soudain de Florian maintenant qu’il est dans ses bras et il ferme les yeux en laissant aller ses larmes, sans plus les retenir maintenant qu’il commence à être rassuré.

Il le veille ainsi de longues heures entrecoupées par la visite rapide de l’un ou l’autre de ses amis, venant voir s’il avait besoin de quelque chose tout en profitant d’être là pour prendre des nouvelles du bébé kangourou lové dans un état quasiment fœtal contre le ventre de Thomas.

Il n’est pas loin de trois heures du matin quand Thomas se réveille, une main caressante lui donnant des frissons tout le long de sa colonne vertébrale.

Sa main cherche le bouton d’allumage de la tête de lit, il ouvre les yeux et frémit de tout son corps, sous le regard vert et sauvage qui le fixe et le captive.

Les yeux se rapprochent avec une lenteur qui lui semble infinie, l’hypnotisant comme un prédateur hypnotise sa proie avant de la tuer.

Sauf qu’au lieu de ça, ce sont des lèvres douces et sensuelles qui viennent s’appuyer contre les siennes, Thomas ressent alors la force qui émane de celui qu’il aime plus que tout au monde et s’y abandonne corps et âme.

***/***

Je me réveille dans un état de béatitude comme je n’en ai encore jamais ressenti autant les effets, la douceur de ce corps contre lequel je suis m’apaise et ma main caresse son dos, apportant un long frissonnement à mon Thomas.

Mon visage s’approche du sien quand la lumière douce s’allume et que j’ouvre les yeux, mon regard brûlant de désir capte tout de suite le sien qui s’y noie immédiatement.

J’approche lentement en le fixant toujours dans les yeux, les siens se troublent et s’éclaircissent au fur et à mesure que les secondes s’égrènent.

Enfin nos lèvres s’épousent et tout mon être frémit à ce contact, tous mes sens s’éveillent quand mon envie devient alors irrépressible.

Un long frémissement agite le corps de Thomas qui s’abandonne à mon désir absolu de lui, ses yeux se ferment et son corps se relâche, tout à la merci de notre amour.

Frédéric dans le couloir entend bien les gémissements des deux garçons, il s’éloigne alors en souriant en ne voulant surtout pas ressentir en plein milieu de l’hôpital les sensations qu’il a connu quelque temps plus tôt.

La cassette qu’ils ont visionnée avec Annie à plusieurs reprises, leurs faisant éprouver à chaque fois une envie irrésistible de faire l’amour.

Envie qu’ils ne se privent pas d’assouvir, leurs faisant revivre leurs jeunesses d’amants épanouis.

2eme année 1er semestre : (16/100) (Paris) (Chan)

Yuan traîne un peu au lit ce matin, c’est un des derniers jours de vacances avant la reprise des cours et il compte bien en profiter un peu.

Son père est reparti depuis la veille visiter encore quelques clients et l’appartement lui semble soudainement bien vide, bien sûr il y aura bien la femme qui s’occupe du ménage pour lui tenir compagnie de temps en temps ainsi que Florian qui lui a promis de passer régulièrement les week-ends.

Yuan soupire et finit quand même par se lever puisque de toute façon ce n’est vraiment pas dans ses habitudes de rester coucher si tard, le petit-déjeuner suivit d’un passage sous la douche lui redonnent la pêche.

Yuan décide alors d’aller jusqu’à la fac pour prendre ses repères pour la reprise des cours, pour ensuite aller faire un petit coucou à son cousin Chan qui n’est toujours pas au courant de son arrivée à Paris.

Celui-ci vit en France depuis de nombreuses années, ce qui fait qu’il s’est un peu détaché malgré lui de la famille.

Sa mère et la mère de Chan étaient sœurs et s’aimaient beaucoup, Chan et Yuan étant cousins germains, ils se ressemblent sur beaucoup de points à part la couleur de peau qui est marron clair chez Chan dont le père est métissé.

Cette ressemblance n'est que dans les souvenirs de Yuan, puisque cela va faire bientôt trois ans qu’ils ne se sont plus revus.

Le trajet jusqu’à la fac est très rapide, à peine dix minutes à pied et ça n’est pas pour lui déplaire, aussi il a vite fait d’y arriver.

Plusieurs jeunes de son âge ou légèrement plus vieux sont là aussi, sans doute pour la même raison que lui et ils se dévisagent du coin de l’œil sans oser s’adresser la parole.

Yuan note les horaires de ses cours qui sont indiqués sur le tableau d’affichage, une fois chose faite et après quelques minutes à traîner dans le coin, il décide d’appeler un taxi.

Il choisit cette solution facile, n’ayant pas envie de chercher pendant des heures le chemin pour se rendre chez son cousin.

Le trajet lui semble long mais c’est dû principalement à la circulation qui bouchonne sans arrêt, malgré tout il commence à se repérer et constate qu’il n’est pas loin de la gare de Lyon.

Le taxi s’engage dans une avenue où il peut lire « treizième arrondissement », il n’est pas vraiment étonné car du peu qu’il connaît de Paris, c’est bien que ses concitoyens privilégient ce quartier.

L’immeuble devant lequel le taxi s’arrête parait de construction récente et après avoir trouvé le numéro qu’il cherchait, Yuan s’engage dans l’entrée et se retrouve nez à nez avec une très vieille femme souriante, celle-ci l’accueillant tout de suite dans sa langue natale.

« Traduction »

- Vous cherchez quelqu’un jeune homme ?

- Oui madame, mon cousin Chan Woo. Pourriez-vous m’indiquer quel appartement il habite, s’il vous plaît ?

- Vous êtes Yuan ?

- (Yuan sourit) Il vous a parlé de moi je vois, en bien j’espère ?

La vieille femme prend un air sérieux.

- Il vous a donc prévenu, depuis le temps que nous lui conseillons de le faire.

- (Yuan surpris) Prévenu de quoi ? Je ne comprends pas.

La vieille femme baisse les yeux.

- Vous n’êtes pas au courant alors ? Son appartement est au deuxième étage porte gauche, allez-y et vous comprendrez mieux qu’avec des paroles. Pauvre garçon, j’espère sincèrement que votre venue va changer les choses.

Comprenant qu’elle n’en dira pas plus, Yuan la remercie et grimpe quatre à quatre l’escalier.

Une fois devant la porte de son cousin une étrange angoisse le prend, les paroles de la vieille femme étaient empreintes de tristesse et Yuan s’attend au pire quand il appuie sur le bouton de sonnette.

“Dring ! Dring !”

Il entend des pas traînant de l’autre côté, une clé qui se tourne dans la serrure et la porte s’ouvre.

Yuan a un haut-le-cœur quand il voit l’état du couloir jonché de détritus, le garçon qui lui ouvre a les yeux injectés de sang et le visage d’une maigreur cadavérique.

Le garçon tend la main sans même regarder celui qui est devant lui, un billet de cinquante euros entre les doigts.

La main tremble alors qu’une voix brisée s’adresse à lui.

- Je t’attends depuis ce matin, donne vite ! Je ne tiens plus.

- Chan ? C’est moi Yuan.

Le garçon famélique lève les yeux et Yuan comprend tout de suite le problème, les pupilles dilatées avec le regard fixe parlent tout seul.

Son cousin est devenu manifestement un junkie et il est en plein manque, son sang ne fait qu’un tour quand il repousse fermement Chan à l’intérieur de l’appartement et entre à son tour en refermant la porte derrière lui.

Il l’aide ensuite à marcher jusqu’à ce qui devait être un salon mais qui ne ressemble plus qu’à une poubelle, il dégage du pied l’assise d’un fauteuil en prenant son téléphone portable.

Yuan appelle aussitôt un numéro préenregistré et attend fébrilement que son père décroche.

Enfin, après plusieurs sonneries il entend sa voix et le traditionnel « Allô ! ».

- P’pa c’est moi, il y a un gros souci !! J’ai besoin de toi, tu es où ?

- ……………………

- Tu peux revenir au plus vite ?

- ……………………..

- Non ! Je n’ai rien, c’est Chan ! Je suis chez lui là et ça ne va pas du tout.

- ……………………

Yuan explique en quelques phrases ce qui ne va pas et conclu avec son père.

- Il ne me reconnaît pas, il est à côté de moi et il dodeline de la tête comme un aliéné. J’ai peur p’pa, dis-moi ce que je dois faire.

- ……………….

- Entendu p’pa, je te tiens au courant. À tout à l’heure.

Yuan raccroche en composant immédiatement le numéro des secours, il explique le cas et donne l’adresse puis raccroche, remettant ensuite son téléphone dans sa poche.

2eme année 1er semestre : (17/100) (Paris) (Chan) (suite)

L’attente n’est pas longue, au coup de sonnette il va ouvrir à un homme d’un certain âge accompagné de deux plus jeunes en blouses blanches qui entrent derrière lui.

Un bref coup d’œil autour de lui semble lui donner l’ampleur de ce pourquoi il a été appelé.

L’état physique de Chan toujours assis sans réaction lui fait marmonner quelques mots incompréhensibles, il s’approche alors de lui afin de lui faire les premiers contrôles.

Quelques minutes plus tard l’homme se redresse, en s’apercevant enfin de la présence de Yuan.

- C’est vous qui nous avez appelés ? Vous êtes de la famille ?

- Oui monsieur c’est mon cousin, j’étais venu lui rendre visite et je l’ai trouvé dans cet état pitoyable. J’ai prévenu mon père qui m’a dit de vous appeler d’urgence.

- Vous avez bien fait, nous allons le transporter à l’hôpital pour lui faire les examens nécessaires. Vous avez l’air choqué de le voir comme ça, vous n’étiez pas au courant pour la drogue ?

- Non ! En fait je ne suis pas en France depuis longtemps, pour tout vous dire ça faisait presque trois ans que je n’avais pas revu mon cousin.

Le médecin pose la main sur l’épaule du jeune homme et lui parle d’une voix amicale, comprenant son trouble d’avoir découvert son cousin dans cet état.

- Vous êtes arrivé juste au bon moment on dirait bien mon garçon.

Yuan avec un pâle sourire.

- Je crois bien oui.

- Quand votre père arrivera, venez avec lui pour remplir les papiers de prise en charge.

Votre cousin a-t-il de la famille proche par ici ?

- Non monsieur, toute sa famille est chez nous en Chine. Il vivait seul en France, d’abord pour ses études et ensuite pour son travail.

Le médecin lui donne alors l’adresse où ils vont emmener Chan pendant que les infirmiers l’étendent sur un brancard, puis l’emmènent jusqu’à l’ambulance.

Yuan s’assoit à son tour en regardant d’un œil morne l’état de désolation de l’appartement, il reste ainsi jusqu’au moment où son père entre à son tour et qu’il se jette dans ses bras en pleurant à chaudes larmes.

- Pourquoi il a fait ça p’pa ?

Ming ahuri de ce qu’il voit autour de lui.

- Si seulement j’en avais la moindre idée fiston, oui si seulement !

Le chemin jusqu’à l’institution spécialisée où a été emmené Chan se fait dans un silence de mort, chacun dans ses pensées à essayer de comprendre ce qui a mené un jeune garçon si plein de vie dans un état aussi calamiteux.

Il est évident qu’ils ne trouveront pas la réponse tant qu’ils n’auront pas pu l’interroger, aussi c’est la mine sombre qu’ils se présentent à l’accueil devant une jeune femme manifestement débordée.

Ils arrivent néanmoins à être rassurés sur son état de santé sans toutefois avoir l’autorisation de lui rendre visite, Ming se charge de la paperasse pendant que Yuan ne sachant plus quoi faire décide d’appeler un des seuls amis qu’il a en France.

***/***

La sonnerie d’appel retentit dans le vestiaire du CHU de Reims, une femme de salle l’entend et se dirige vers le casier concerner.

Elle lit le nom du propriétaire et part aussitôt prévenir un responsable, elle tombe sur René qui sort au même moment de la salle de repos.

- Quelqu’un essaie de joindre Florian docteur ! Son téléphone est resté dans son vestiaire et n’arrête pas de sonner.

- Je m’en occupe, merci de m’avoir prévenu.

- De rien docteur, comment va-t-il ?

René sourit en se voulant rassurant.

- Il va mieux mais il doit encore se reposer.

La femme visiblement soulagée.

- Nous avons tous eu très peur pour lui vous savez ?

- Moi aussi j’ai eu très peur, mais c’est fini. D’ici à demain tout sera rentré dans l’ordre, vous pouvez rassurer vos collègues.

- Entendu docteur.

René la regarde s’éloigner le sourire aux lèvres, depuis ce matin il ne compte plus le nombre de personnes qui lui ont posé la même question.

Il soupire en se disant qu’il aurait pu annoncer pire nouvelle que celle-là et qu’en fin de compte tout va très vite rentrer dans l’ordre.

Il retourne au vestiaire prêt du casier de Florian, compose le code du cadenas qu’il connaît depuis que Florian oubli quasiment à chaque fois de le refermer et que c’est lui en passant qui s’en charge à sa place.

René ouvre la porte, il sourit en apercevant la photo de Thomas collée au dos de celle-ci.

Le téléphone trône sur le casier du haut, il le prend avec lui pour s’en retourner d’un bon pas vers la chambre où se reposent les deux garçons.

Il trouve Frédéric dans le couloir et le lui tend.

- Tiens ! C’est celui de « Flo », il n’arrête pas de sonner parait-il.

- Merci René, je le donnerai à Thomas quand il sortira.

- Comment va-t-il ?

- Mieux depuis que « Thom » est près de lui mais il m’a foutu la trouille.

- Tu sais ce qu’il nous a fait ?

- Un coup de stress avec les deux nourrissons je pense, ça plus la fatigue de sa journée non-stop à opérer.

- Au fait !! Je ne t’ai pas encore demandé comment ils vont ??

- (Frédéric sourit) Bien mais c’était moins une pour le deuxième, c’est sans doute la peur de ne pas y arriver qui a mis Florian dans cet état.

René les yeux brillants.

- Encore un exploit de plus à mettre à son actif, décidément il n’a pas fini de m’étonner. Tu sais quand je lui ai demandé s’il voulait bien s’en occuper ? C’est parce que je sentais bien que c’était leurs seules chances de s’en sortir.

- Tu as eu raison !! Mais à l’avenir il faudra quand même faire attention à ce qu’il n’en fasse pas trop, je ne tiens pas du tout à le ramasser à chaque fois comme hier.

René hoche la tête.

- Ce gamin se donne sans compter pour le métier qu’il aime, il fera le meilleur médecin que nous ne connaîtrons jamais j’en suis certain.

Frédéric soupire avec conviction.

- J’en suis convaincu tu sais, juste que j’aimerais qu’il reste libre de ses choix.

René comprend très bien où son collègue et ami veut en venir.

- Nous nous y évertuons tous alors ne t’inquiète pas, celui qui viendra lui chercher des poux sur la tête sera bien reçu crois-moi.

2eme année 1er semestre : (18/100) (Paris) (Chan) (suite)

Ce n’est que quelques heures plus tard que Frédéric tend le portable de Florian à Thomas, profitant que le jeune homme soit sorti pour aller chercher quelques rafraîchissements.

- Tiens Thomas ! Quelqu’un cherche à joindre « Flo » depuis un moment déjà.

Thomas prend l’appareil en regardant qui est l’appelant, voyant que c’est Yuan il l’appelle aussitôt pour savoir ce que son ami lui veut.

- Allô Yuan ! C’est Thomas, tu cherchais à joindre « Flo » ?

Il écoute quelques minutes ce que lui raconte Yuan, reprenant la parole une fois que celui-ci a fini de lui raconter ce qui lui arrive.

- Eh bien ! En voilà encore une histoire ! Écoute, ici aussi il y a eu un souci et je te promets que je mettrai « Flo » au courant dès qu’il sera réveillé.

- ……………..

- Non ! T’inquiète !! Rien de très grave, il t’expliquera tout ça.

- ……………..

Devant l’insistance de son copain, Thomas lui fait un bref résumé des dernières vingt-quatre heures et rassure une nouvelle fois Yuan, qui il le sent bien est complètement décomposé à l’autre bout du fil.

- Il va mieux je t’assure.

À voix basse pour ne pas être entendu.

- S’il se repose là, ça n’a plus rien à voir avec le choc de l’autre nuit.

- ………………..

- (Thomas amusé) Disons qu’il a été très content de me voir et que maintenant c’est plus pour recharger les batteries qu’il se repose, tu comprends ?

- ……………..

- Oui c’est ça Hi ! Hi !

- ……………….

- Promis ! Dès qu’il se réveille je lui demande de t’appeler, allez bisous et à bientôt mon grand !! Arrête de te biler pour « Flo », tout va bien je t’assure.

***/***

Yuan repose son téléphone et porte son regard dans la pièce, il est seul chez lui maintenant que son père est retourné à ses affaires non sans avoir tout mis en œuvre pour la prise en charge de son neveu.

Il a prévenu son fils qu’il serait de retour dans quelques semaines, afin de venir avec lui le sortir de l’institution spécialisée où il va rester le temps de se désintoxiquer.

Son regard tombe sur la carte de la librairie où travaille Dante et après un court instant d’indécision, il se décide à l’appeler.

Celui-ci est content de son appel et accepte avec joie son invitation à venir se faire un cinéma avec lui, Yuan ne se sentant pas de rester seul toute la soirée.

Du coup il retrouve le moral, c’est en chantonnant qu’il se prépare avant de reprendre pour la seconde fois de la journée un taxi qui va l’amener jusqu’à la boutique où Dante l’attend déjà.

Les deux garçons sont heureux de se revoir et apprennent à mieux se connaître pendant le trajet jusqu’au Gaumont où Dante l’emmène.

Soda et pop-corn en mains, les voilà parés pour suivre la séance une fois installés confortablement.

À la sortie, les deux garçons n’éprouvent pas l’envie de se quitter aussi tôt et décident d’aller se casser une petite croûte au Kebab du coin.

Chacun raconte à l’autre ses passions et ses envies jusqu’à ce qu’arrive l’inévitable moment où ils parlent de celui qui les a fait se connaître.

- (Dante) Je te jure que quand je les ai vus la première fois dans la boutique ça m’a fait un choc.

- (Yuan) Je te comprends tu sais, ça m’a fait pareil.

Dante les yeux brillants.

- Quand j’ai vu Thomas, j’étais sur le cul. Comment il est canon ce mec ! J’en suis resté la bouche ouverte comme un con.

- (Yuan amusé) Sûr qu’il en jette un max le « Thom-Thom », et pour « Flo » ça t’a fait quoi ?

Dante cherche ses mots.

- Pareil ! Enfin presque, il est super-mignon lui aussi mais c’est quand j’ai vu ses yeux. Wouah !! Là j’ai eu direct la chair de poule mec ! Ensuite il m’a parlé et là c’était trop cool, tu vas rire mais je crois bien que j’ai su dès ce moment-là que ce ne serait jamais plus pareil.

- (Yuan sourit) Moi j’ai tout de suite compris que je l’aimais, le coup de foudre. Jusqu’à maintenant je trouvais ça bon pour les romans à deux balles, mais maintenant j’ai compris ce que c’était de tomber raide dingue amoureux d’un mec.

Dante avec une petite grimace.

- Mais voilà ! Il est déjà amoureux lui aussi et comparer à son beau blond nous ne faisons pas le poids, ce mec il est hors concours et ce n’est même pas la peine de tenter notre chance, c’est perdu d’avance.

- (Yuan) C’est là où tu te trompes mon gars, j’ai fini par avouer à Florian ce que j’éprouvais pour lui et il m’a répondu que lui aussi ressentait la même chose envers moi mais qu’il ne ferait jamais rien avec un autre garçon sans Thomas.

- (Dante stupéfait) Eh bien, si je m’attendais à celle-là ! Tu crois que j’aurai aussi ma chance ?

- (Yuan amusé) Pourquoi pas, t’es super-beau mec et en plus super sympa pour ne rien gâcher. Mais tu sais ils ont déjà deux copains et ça risque de faire beaucoup pour eux, pour moi ça le serait en tous les cas.

- (Dante ahuri) Wouah !! Et je présume que les deux autres sont du même gabarit ?

Yuan revoit dans sa tête les visages de Raphaël et d’Éric.

- On peut dire ça oui, à croire qu’ils sont tous sortis de la même revue de mannequins ces quatre-là.

Dante revient sur les paroles précédentes de Yuan.

- Tu me trouves beau mec si j’ai bien compris ?

Yuan sourit à nouveau.

- C’est sûr que tu déchires grave toi aussi.

Dante lui rend son sourire.

- Tu n’as rien à envier toi non plus tu sais ?

- Ah oui ? Tu ne serais pas en train de me draguer par hasard ?

- (Dante sincère) Honnêtement ? Non ! Je préfère mille fois t’avoir comme copain et confident si ça te va, pourquoi ça t’aurait plu ?

Yuan sincère lui aussi.

- Peut-être je n’en sais rien !! Mais je t’avouerai que moi aussi ça me plairait d’avoir un véritable copain, mais j’y pense ? Si Florian et Thomas ont envie avec nous deux ? On fait quoi ?

Dante amusé car il s’était lui aussi posé la question.

- Hum ! Je crois que je serai capable de me forcer un peu Hi ! Hi !

2eme année 1er semestre : (19/100) (Reims) (Retour à la maison)

Robert Mercier le directeur du CHU ressort de la chambre où se repose Florian, il a appris les derniers événements et s’est inquiété pour le jeune garçon qu’il aime comme un fils.

De le voir souriant et en pleine forme lui redonne le moral, il surprend alors tout le monde en arpentant les couloirs avec un sourire de jeune homme aux lèvres.

Le personnel de l’établissement reprend lui aussi son travail, rassuré par les éclats de rire qui s’échappent de la chambre.

Damien depuis qu’il est arrivé n’arrête pas d’ouvrir les paquets stockés dans un coin de la pièce, les cadeaux que Florian a reçus sont la cause de l’hilarité qui règne dans la chambre.

En effet comme s’ils s’étaient donné le mot, ceux-ci n’étant dans l’ensemble que des farces qui ont été faites à Florian pour réactiver son sens de l’humour.

Voitures de pompiers, flacons d’antirouille, teinture et gèle pour cheveux, livre « les blonds pour les nuls », figurines de Kent et bien d’autres plus délirantes les unes que les autres.

Frédéric attiré par le chahut entre à son tour, il s’esclaffe de voir toute cette agitation venant des garçons assis par terre à s’amuser comme des fous.

- Hi ! Hi ! Je vous rappelle que c’est une chambre d’hôpital ici, pas une cour de récréation.

Damien les yeux luisants d’amusement.

- Tu as vu p’pa ? Ils sont complètement barges dans cet hosto !

- (Frédéric) Ils ont eu peur pour Florian, c’est le moyen qu’ils ont trouvé pour lui montrer qu’ils tiennent à lui.

Thomas ne quitte pas des yeux son chéri, qu’il voit s’éclater comme un gosse d’un œil attendri.

- J’ai l’impression de revoir « Flo » à l’époque de la maternelle Hi ! Hi ! Regarde-le, ses yeux brillent comme un gamin devant un sapin de noël.

Frédéric en hochant la tête.

- Je vois ça ! Bon ! J’étais venu pour vous ramener à la maison alors rangez-moi tout ça, je repasse dans dix minutes. Votre mère trépigne d’impatience de vous avoir près d’elle, Thomas ? Tu restes quelques jours où tu repars rapidement ?

- Je dois être à Paris demain après-midi, j’y reste la semaine pour travailler à l’agence avec mon patron.

Je lève la tête en l’entendant.

- Je t’accompagne si tu veux ? On pourra squatter chez Yuan, en plus il m’a parlé de ce qui est arrivé à son cousin et je crois qu’il a besoin d’un ami près de lui en ce moment.

- (Frédéric) Tu ne dois pas reprendre tes cours de fac cette semaine toi ?

- Jeudi matin seulement ! J’aurai donc deux jours de libre pour aller à Paris.

- (Frédéric) Tu es un vrai pigeon voyageur ma parole ! Très bien ! Plus que huit minutes pour ranger tout ce bordel et descendre au parking.

Ce n’est qu’une grosse demi-heure plus tard que Frédéric les voit arriver près de la voiture, il avait juste oublié que Florian devrait traverser le CHU avec tout ce que ça comporte comme bises et poignées de mains.

***/***

Annie les voit arriver dans l’appartement encore tout exciter, elle se lève d’un bond et vient cueillir Florian dans ses bras sans même lui laisser le temps de se déchausser.

- Tu vas bien mon chéri ?

Elle l’embrasse tendrement.

- Ne me fait plus une frayeur pareille, tu veux me faire vieillir avant l’âge ?

Je reste blotti dans ses bras, sa tendresse me touche énormément.

- C’était juste un gros coup de fatigue, ne t’inquiète pas autant pour moi je vais bien je t’assure.

Annie relâche son étreinte en essuyant d’un revers de main les quelques gouttes qui mouillent ses yeux, elle se tourne ensuite vers Thomas pour le prendre également dans ses bras et l’embrasser à son tour en se tenant cette fois sur la pointe des pieds.

- Merci d’être venu aussi rapidement Thomas, grâce à toi Florian va mieux et ça me fait toujours énormément plaisir de te voir dans cette maison.

Thomas ému l’embrasse sur la joue.

- J’aime beaucoup être près de vous, le plaisir est partagé.

- (Damien sourit) Ben dis donc ! Il y en a que pour eux ma parole.

Annie entend la remarque.

- Oh ! Mon petit bébé ! Je t’avais oublié, viens faire un gros câlin à ta maman mon Jésus.

Damien le visage rouge de honte d’être traité en petit garçon.

- Mais ça ne va pas non ! C’est quoi ce délire.

- (Frédéric) Avoue que tu l’as bien cherché fiston.

La routine reprend vite ses droits et chacun retrouve ses habitudes, Damien regarde ses deux copains et sourit en apercevant leurs mains qui ne se lâchent plus depuis qu’ils sont rentrés.

Il pense à Mathis avec qui il aimerait être en ce moment et pouvoir le tenir par la main lui aussi, la pensée de son ami lui amène une raideur à l’entrejambe qu’il tente de dissimuler du mieux qu’il peut, mais en se faisant il attire l’attention des deux amoureux qui comprennent très vite de quoi il retourne.

Quand ils le voient aller dans sa chambre en marchant légèrement en crabe, ils ont la même mimique sur les lèvres en se retenant avec bien du mal pour ne pas éclater de rire.

Damien une fois dans sa chambre fait aussitôt sauter les boutons de son jeans et le baisse ainsi que son boxer, son membre jaillit au-dessus du pan de sa chemise et il le prend en main sans fioriture.

Il commence à s’astiquer de plus en plus vite, ses coups de poignets nerveux l’amènent très vite au résultat escompté et un son rauque s’échappe de ses lèvres en même temps que plusieurs jets viennent s’étaler sur le parquet.

Il entend alors deux ricanements de l’autre côté de la porte et une voix accompagnée d’un rire qu’il connaît très bien dire.

- Mise à feu réussi, nettoyage du pas de tir !

2eme année 1er semestre : (20/100) (Paris) (Thomas/Florian)

Il est midi quand Yuan sort de la fac ce jour-là, il est excité comme c’est pas possible du coup de téléphone de Florian lui annonçant sa venue et qu’il passerait les deux prochaines soirées avec lui.

Il part manger vite fait dans un snack et hèle un taxi pour l’emmener voir Dante et lui annoncer la nouvelle de vive voix, voulant à tout prix voire l’expression de son visage quand il va lui dire.

Il entre dans la librairie encore ouverte malgré l’heure, Dante entendant le carillon de la porte lève la tête et accueille chaleureusement son ami.

- Yuan ! Wouah ! Quelle bonne surprise ! Je savais bien que tu ne pouvais plus te passer de moi.

Yuan en riant embrasse son copain.

- Ça va les chevilles ! Je passais juste pour savoir si tu serais ok pour venir passer la soirée chez moi, Florian m’a téléphoné pour me prévenir qu’il venait passer deux jours à Paris alors j’ai pensé qu’on pourrait passer une bonne soirée tous les trois.

- Cool ! C’est sympa d’avoir pensé à moi, seulement faudra pas que je reparte trop tard.

Je n’aime pas trop prendre le métro arriver à certaines heures tu comprends ?

- T’inquiète pas pour ça tu resteras pour coucher, ce n’est pas la place qui manque.

Yuan voit la mimique comique que fait son copain.

- En tout bien tout honneur bien sûr Hi ! Hi !

Dante avec un gros clin d’œil.

- J’y compte bien, non mais !

- Alors c’est d’accord ?

- Si je ne te dérange pas c’est avec plaisir.

- C’est évident que tu ne me déranges pas mon pote sinon je ne te l’aurai pas proposé.

- Florian est au courant que je serai là ?

- Non, ce sera une surprise pour lui. Je vais vous préparer un petit plat de chez moi, tu m’en donneras des nouvelles.

- La boutique ferme à dix-neuf heures, le temps d’un passage au studio pour prendre des fringues de rechange et je pense être chez toi vers vingt heures trente, c’est bon ?

Yuan sort un papier où il lui note l’adresse et la station de métro.

- Tiens ! Voilà l’adresse, viens quand tu es prêt, nous avons toute la soirée pour nous.

- D’accord, merci pour l’invitation « Yu ». Ça me changera les idées, j’en ai un peu marre d’être toujours seul.

- Tu es bizarre quand même toi, sympa comme tu es et tu n’as pas déjà quelqu’un avec qui faire un bout de chemin.

- Je sais mais c’est comme ça, les gens que je rencontre ici ne me plaisent pas plus que ça et je préfère mes bouquins.

- Ouaih bon ! Je te laisse, à ce soir beau gosse.

Dante avec un grand sourire.

- Salut « Yu ».

***/***

Thomas et Florian arrivent à l’agence où Thomas doit passer la semaine, il a réussi à prévenir son patron qu’il serait accompagné et celui-ci lui a répondu de ne pas s’inquiéter car il n’y a personne à la DBIFC de Paris qui connaît un tant soit peu l’histoire de l’entreprise et donc qu’il ferait juste en sorte de ne pas se montrer lui pendant le temps où Florian sera dans les murs.

- (Thomas) C’est là ! J’ai un peu de stress vu que je ne connais personne ici, j’espère que ça va bien se passer.

- Attends mon grand ! Il te suffit de sortir ton sourire spécial beau gosse et tu vas les mettre tous à tes pieds.

Thomas rougit légèrement.

- Si tu le dis.

- À quelle heure tu quittes ?

- Dix-sept heures normalement.

- Alors je passerai te prendre et nous irons chez Yuan, tu devais dormir où ?

- A l’hôtel, mon patron m’a expliqué que je serais comme lui à la note de frais et que c’est lui qui réglera tout.

- Wouah ! Il a l’air super ton tôlier ? Du coup ça lui fera des économies.

- (Thomas) Tiens ! C’est vrai, je n’y avais pas pensé. Tu m’accompagnes ou on se quitte ici ?

- Je préfère te laisser ici « Thom », je ne sais pas si ce serait bien vu que tu viennes dès le premier jour avec quelqu’un d’étranger à ton entreprise.

- (Thomas soulagé) Tu as raison.

Ils s’embrassent.

- À ce soir !!

- A ce soir.

Florian regarde son compagnon entrer dans l’agence en restant un instant songeur, en repartant il passe devant le parking de l’entreprise et a un léger sourire narquois en passant devant une Audi A8 garée à l’emplacement « direction ».

2eme année 1er semestre : (21/100) (Paris) (DBIFC)

Franck est satisfait quand par la fenêtre il voit repartir Florian, il sort de son bureau pour aller accueillir Thomas avant que celui-ci ne se sente perdu.

Il l’emmène dans la salle de réunion où il a demandé à tout le personnel d’être présent cet après-midi-là.

C’est une vingtaine de personnes qui attendent depuis déjà une demi-heure, en se demandant bien ce que leurs veut le grand patron.

Ils le voient arriver suivit d’un jeune homme qui marque de suite les esprits par sa grande beauté et son allure toute aussi virile qu’avenante, des chuchotements d’étonnement et d’interrogation parcourent alors toute la salle.

Franck sourit devant l’expression de son personnel, il est conscient du fort charisme de Thomas pour s’y être fait lui-même prendre.

Il attend donc un moment avant de prendre la parole, ce qu’il va annoncer sera une première au sein de l’entreprise et il tient à leurs laisser le temps d’apprécier le jeune homme qui resplendit à ses côtés.

- Si je vous ai réunis ce matin c’est pour vous présenter Thomas Louvain. Ce jeune homme suit actuellement une formation de BTS en alternance et il enchaînera ensuite par une formation d’ingénieur cette fois. Vous me direz, mais pourquoi nous dit-il tout ça alors que ce n’est pas le premier dans son cas à venir travailler avec nous ? Seulement voilà ! Thomas n’est pas un garçon comme tout le monde.

Franck sourit car il voit bien les hochements de têtes des personnes subjuguées par le physique du grand blond qu’ils ont devant eux.

- Hé non ! Vous faites erreur, ce n’est pas parce que le grand patron est tombé amoureux de ce beau jeune homme qui se trouve présentement devant vous.

Il sourit en entendant les rires qui éclatent dans la salle, non seulement à cause de ce qu’il a dit mais surtout du magnifique bol que vient de piquer Thomas en le rendant encore plus craquant.

- Excuse-moi Thomas mais comme ils se posaient tous plus ou moins la question, j’ai préféré prendre les devants avant que ça jase dans toute l’entreprise.

Il reprend son sérieux en attendant quelques minutes qu’il en soit de même dans la salle.

- Bon ! Plus sérieusement, vous savez tous que je ne suis que le directeur général de l’entreprise !! Ses propriétaires ont désigné avec mon entière assentiment Thomas Louvain ici présent, comme mon successeur quand il sera temps pour moi de prendre ma retraite. Ce n’est encore pas pour demain et c’est justement là où je les rejoins car le fait d’anticiper aussi loin les choses prouve qu’ils ont envie que l’entreprise continue de prospérer sous l’égide d’un nouveau directeur jeune et bien formé à son rôle. Sachez que Thomas est très proche des propriétaires de l’entreprise, il est considéré comme un petit fils par les actionnaires minoritaires et est également le meilleur ami de l’actionnaire principal qui je vous le rappelle, sont respectivement les parents et le fils du créateur de la société, mon ami Pierre De Bierne tragiquement disparu il y a maintenant dix-huit ans. Cette année, Thomas et moi-même allons visiter toutes les agences de la DBIFC où je ferai les mêmes présentations qu’aujourd’hui avec vous, ensuite nous y resterons une semaine entière afin que vous vous fassiez tous une idée précise de notre jeune et futur directeur. Si j’ai pris cette décision stratégique, c’est pour que vous appréciez toutes ses qualités et non pas seulement…

Il met une pointe d’humour dans sa voix pour poursuivre.

- … Celles évidentes qui vous laissent tous la bouche ouverte.

Deuxième tollé d’allégresse dans la salle, cette fois les rires sont plus amicaux vu que comme de bien entendu Thomas a repris de suite son déguisement d’écrevisse.

Cette fois-ci, les hommes et les femmes voient bien qu’il est un garçon resté simple malgré un physique qui aurait pu ou dû tout au contraire le rendre imbu de sa personne.

- Je vois que comme pour moi notre jeune Thomas dégage à vos yeux un fort élan de sympathie, sachez qu’il est aussi un garçon brillant et très bien noter par ses professeurs. Souhaitons-lui donc la bienvenue parmi nous, sa première année passée à notre agence d’Aix en Provence me conforte dans la certitude que j’ai que vous lui ferez bon accueil. S’il y a des questions, n’hésitez pas à les poser. Nous essayerons de vous répondre, dans la mesure bien entendu où elles seront respectueuses et sérieuses.

Une main se tend au fond de la salle, Franck regarde la jeune fille qui demande la parole.

- Oui mademoiselle ?

- Est-ce que Thomas est libre ?

Fou rire dans la salle, Franck répond avec le sourire.

- Je m’attendais à ce genre de question aussi je vais laisser à Thomas le soin de vous répondre mademoiselle.

Thomas regarde Franck en lui posant muettement la question, celui-ci hoche la tête en lui faisant comprendre que c’est sa décision et que c’est à lui de la prendre.

- Désolé mademoiselle, mais je ne suis pas libre.

La jeune fille frissonne comme beaucoup dans la salle, à entendre cette voix chaude en parfaite harmonie avec le physique du jeune homme.

- Elle en a de la chance.

Thomas n’hésite pas un instant du simple fait qu’il est hors de question pour lui de nier d’une façon quelconque ce qu’il éprouve depuis toujours pour Florian.

- Pas « elle » mademoiselle, « il » ! Et c’est moi qui ai de la chance, vraiment beaucoup de chance si vous saviez.

2eme année 1er semestre : (22/100) (Paris) (Chez Yuan)

Yuan est rentré depuis un petit moment et a tout organisé pour quand ses amis seront là afin d’être avec eux, la table est mise et la cuisine sent bon les épices de son pays.

Un grand sourire vient sur ses lèvres quand la sonnette de l’entrée retentit, il enclenche l’ouverture de la porte donnant sur l’extérieur après avoir vérifié à l’interphone que c’est bien de Florian qu’il s’agit.

Il ouvre la porte d’entrée de l’appartement et entend les pas rapides monter les deux étages, son cœur fait un bond quand il aperçoit la tête blonde de Thomas suivit immédiatement de la chevelure rousse en épi de Florian.

Celui-ci s’aperçoit de son trouble et sourit intérieurement, car bien sûr il n’a pas oublié la conversation qu’il a eue avec son ami.

Yuan fou de joie.

- T’es un petit cachottier « Flo », tu ne m’avais pas dit que Thomas serait avec toi.

- (Faisant l’innocent) Ah ! Je croyais bien pourtant !

Les garçons s’embrassent, heureux de se retrouver et Yuan fait visiter l’appartement à Thomas, qui en siffle d’ébahissement tellement il le trouve super à son goût.

- C’est le grand luxe ici !

- Ça te plaît ?

- Faudrait être difficile pour dire le contraire.

- Alors bienvenu chez moi ! Et c’est aussi chez vous les gars, vous êtes les bienvenus quand vous voulez.

En entrant dans la pièce principale, je vois la table déjà installée avec trois couverts.

- Ton père est encore là ?

- Non pourquoi ?

Yuan suit le regard de Florian.

- Ah ! C’est à cause des trois assiettes ? En fait j’attends quelqu’un, je voulais t’en faire la surprise.

- Ah oui ? Qui c’est ?

- Devine ?

- (Thomas) C’est quelqu’un que je connais aussi ?

- Oui !

Je devine sans trop de difficultés qui ça peut bien être.

- Dante ?

- (Yuan) On ne peut rien te cacher à toi.

Je jette un coup d’œil rapide vers Thomas, accompagné d'une grimace désabusée.

- Tu ne crois pas si bien dire !! Alors comme ça, vous vous êtes revus ?

- Je me sentais seul, nous nous sommes fait un ciné suivit d’une petite bouffe sympa.

Thomas est devenu livide suite au regard en biais, à la grimace et aux paroles de Florian, un terrible pressentiment qu’il s’est fait berner depuis le début lui vient à l’esprit et il n’ose pas regarder son ami tellement il se sent soudainement mal à l’aise.

La question qui tourne dans sa tête est qu’est-ce qu’a découvert Florian ? Et surtout depuis quand ? Yuan se trompe sur la pâleur du grand blond et croit bon de préciser.

- C’est juste un ami Thomas, rien d’autre.

Je fixe avec amusement mon copain qui me jette de petits coups d’œil craintifs derrière ses boucles blondes qui lui mangent à moitié les yeux, je sais ce qu’il ressent en ce moment et c’est en soupirant très fort que je me décide à lui parler, il est grand temps maintenant de mettre toutes les cartes sur la table.

- Ça n’a rien à voir avec Dante t’inquiète « Yu », juste que Thomas me cache quelque chose depuis plusieurs mois et qu’il est en train de se demander si mes paroles de tout à l’heure signifient que j’ai tout découvert.

- (Yuan curieux) Et c’est le cas ?

- Comme tu l’as si bien dit tout à l’heure on ne peut rien me cacher, tu entends mes paroles « Thom » ? Et le "on" va aussi pour mes grands-parents, Philippe, Franck et les autres. J’avais à peine cinq ans que je connaissais déjà tout de ce que je ne devais pas découvrir, si je n’ai jamais rien dit jusque-là c’est juste parce que j’étais d’accord avec eux.

Thomas s’approche de son amoureux, les yeux maintenant rivés dans les siens.

- Qu’est-ce que tu as découvert « Flo » ?

- Tout Thomas ! Crois-moi sur parole !! Je ne t’ai jamais menti, mais je préfère que nous n’en parlions pas car ce n’est pas encore le moment n’est-ce pas ? Et puis je suis entièrement d’accord avec eux quant à ce qu’ils ont prévu pour nous deux.

Thomas tremble comme une feuille d’appréhension.

- Alors c’est vrai ? Tu es au courant ?

Je vois que pour en terminer avec tout ça, je dois lui révéler les grandes lignes.

- Crois-tu vraiment que je suis aussi naïf que je le parais ? Crois-tu vraiment que je n’ai jamais eu envie d’en savoir plus sur mes parents ? Les coupures de journaux relatant l’accident que mes grands-parents gardent comme un trésor, internet qui parle d’un chef d’entreprise qui se tue avec sa femme en laissant seul l’héritier de sa fortune. Un bébé de trois mois qui se verrait un jour possesseur d’une entreprise florissante, allons Thomas c’est moi Florian ! Le garçon qui savait lire à presque trois ans et qui connaît par cœur tout ce qui s’est écrit d’intéressant depuis Gutenberg et qu’il a pu avoir sous les yeux.

- (Yuan sidéré) Hein !!

2eme année 1er semestre : (23/100) (Paris) (Chez Yuan) (suite)

Je souris en comprenant l’incrédulité qu’exprime Yuan à mes dernières paroles, c’est vrai qu’il n’est au courant de rien ou presque à mon sujet et que tout ça doit lui paraître plus qu’étrange.

- Je t’expliquerai « Yu », je pense que tu n’es pas surpris de la première partie de mes aveux !! J’ai bien vu les regards que tu lançais à ton père quand il abordait certains sujets sur l’argent, en plus dans l’album familial il y avait plusieurs photos de mon père avec un jeune homme d’origine asiatique, un certain Ming si tu vois de qui je parle ?

Yuan visiblement soulagé.

- C’est vrai que mon père savait depuis le début qui tu es « Flo », c’est Franck qui lui a demandé au nom de l’amitié qu’il a toujours eu pour ton père de ne rien te révéler. Je t’assure que je préfère que tout soit dit, apparemment tout le monde tenait à te laisser ignorant d’une chose que tu connaissais tout autant qu’eux.

Thomas a une envie folle de prendre Florian dans ses bras mais n’ose pas le faire, ne sachant pas si celui-ci est fâché ou non contre lui.

Ses hésitations sont perçues par son ami qui va de lui-même se serrer contre lui en le fixant de ses yeux verts, Thomas a un instant de stupeur quand il croit voir deux fentes à la place de ses pupilles habituellement circulaires comme elles doivent l’être.

Cette impression fugitive passe aussi vite qu’elle lui est venue, il enlace son amoureux en lui adressant un de ses sourires les plus craquants qui soit.

- Tu as bluffé tout le monde depuis tout ce temps alors ?

- Disons plutôt que j’ai sorti tout ça de ma mémoire, ce n’est que depuis que tu as commencé ton apprentissage que tout m’est revenu mais je ne tenais pas à en faire étalage. Je n’y tiens toujours pas d’ailleurs, aussi je vous demanderai à tous les deux de faire comme si cette conversation n’avait jamais eu lieu.

- (Yuan) Si c’est ce que tu veux ! Après tout c’est toi que ça concerne, mais je t’avouerai quand même que je ne comprends pas tout.

- Tu sais « Yu », je suis heureux comme je suis, j’ai des vrais amis et je ne manque de rien. Une famille qui m’accueille comme un fils, un futur métier que j’affectionne particulièrement, alors pourquoi veux-tu que je vienne tout compliquer avec des histoires d’argent ? Je gagne largement pour ce que j’ai besoin et quand le moment sera venu, il sera temps alors d’avoir des projets plus vastes pour moi et ceux que j’aime qui voudront bien m’y suivre.

Thomas embrasse la tempe de son chéri.

- Je t’aime depuis bien avant de savoir tout ça « Flo », rien ne changera jamais pour moi tu peux en être sûr.

- Oublions ça alors et profitons d’être ensemble, il arrive quand notre petit libraire si mignon ?

Yuan regarde sa montre.

- Une petite heure encore !! Alors comme ça, tu le trouves mignon ?

- (Faisant l’étonné) Pourquoi, pas toi ?

- Si bien sûr, mais nous en avons parlé et avons décidé d’être juste ami.

- Tiens donc ! Moi qui pensais que vous alliez finir par vous mettre ensemble.

- (Yuan rougit) J’ai déjà quelqu’un en tête rappelle toi.

- Écoute « Yu », nous en avons déjà parlé et tu sais ce que j’en pense. Tu ne devrais pas t’obnubiler sur moi.

Je regarde Thomas.

- Ou même sur nous, puisque tu sais très bien que ce ne serait si ça se faisait qu’épisodique et je ne crois pas que tu en éprouverais au final une très grande satisfaction à être tout le temps à nous attendre. Par contre si comme Éric et Raphaël tu étais lié sérieusement à quelqu’un, alors là ça change la donne et le piquant des quelques bons moments que nous pourrions passer ensemble, changerait ton quotidien et redonnerait du souffle à ta relation.

Yuan les yeux noirs pétillants de joie.

- Tu ne peux pas savoir la joie que j’éprouve en ce moment de vous savoir prêt à envisager d’être plus qu’un simple ami pour vous deux. Pour le reste je comprends très bien, mais juste que ce ne sera pas avec Dante que j’adore vraiment mais que je considère déjà comme un ami et un confident.

- (Thomas amusé) Je n’ai pas dit que j’étais d’accord je te signale, tu vas un peu vite en disant que j’ai envie d’être plus qu’un simple ami avec toi.

Yuan en palissant d’appréhension.

- Tu n’en as pas envie ?

- Je n’ai pas dit ça non plus, juste que tu pourrais attendre que je donne mon avis c’est tout.

Yuan sans le quitter des yeux s’assoie et ne dit plus rien, un long moment passe ainsi où il n’y a que Florian qui tourne la tête de l’un vers l’autre avec une petite moue amusée.

Thomas se demande bien ce qu’il lui prend et au bout d’un certain temps n’y tenant plus, il lui pose la question.

- Tu nous fais quoi là ?

- Eh bien j’attends !

- Tu attends quoi ?

Yuan avec un air malicieux.

- Que tu donnes ton avis la bonne blague.

Thomas détaille le jeune homme qui a toujours les yeux rivés dans les siens, il sait très bien ce qu’il éprouve tout comme Florian envers ce grand brun au visage si charmeur qui se tient en face de lui et son sourire si particulier apparaît sur son visage en donnant un terrible coup de chaleur à celui du jeune chinois, qui comprend que c’est un signe d’acceptation.

Seulement quelque chose vient troubler sa joie, il ne peut s’empêcher de poser la question.

- Et pour Dante ?

C’est tout naturellement que Florian lui répond comme si ça allait de soi.

- Il n’aura qu’à faire pareil que toi, où est le problème ?

Thomas tourne la tête vers son ami, il commence à faire mentalement les comptes et se demande où tout ça va s’arrêter.

Un rire amusé sort de sa gorge, il les voit se retourner surpris vers lui.

- Dis-moi « Flo » ? Tu ne serais pas en train de nous créer un harem par hasard ? Où est le petit garçon que le sexe n’intéressait pas il y a encore pas si longtemps ?

J’analyse rapidement ses dernières paroles, la réponse qui me vient alors me déconcerte.

- C’est dans ma nature et j’en éprouve le besoin comme un appel, je pense que ça va s’arrêter là !! Du moins je l’espère, mais je te signale quand même que tu n’es pas en reste à ce sujet-là toi non plus. Une simple parole de toi suffirait et tu le sais très bien, à tout stopper.

2eme année 1er semestre : (24/100) (Paris) (Chez Yuan) (suite)

La conversation s’arrête là lorsqu’un coup de sonnette retentit dans l’appartement, annonçant l’arrivée de Dante qui entre quelques minutes plus tard et visiblement heureux lui aussi de voir que Thomas est également de la soirée.

Les garçons prennent l’apéritif pour ensuite se mettre à table et se régaler des petits plats orientaux concoctés par Yuan.

Bizarrement la conversation qui pourtant dura loin dans la soirée et une partie de la nuit, ne porta plus sur le sexe mais tourna sur tous les autres sujets et ils sont nombreux, intéressant les quatre convives.

Dante et Yuan se comportant en véritables amis, les rires et les chamailleries ponctuèrent cette soirée, c’est la fatigue aidant qu’ils décidèrent d’aller tous se coucher.

Florian avec Thomas prenant la chambre d’amis, alors que Dante avec Yuan prenne celle de ce dernier.

À part le petit câlin entre Thomas et Florian qui ne dura que le temps de le dire, ils s’endormirent du sommeil de ceux qui n’ont aucun souci.

***/***

Thomas s’éveille le premier, il sourit en constatant que Florian est comme à son habitude blotti tout contre lui.

Il repense à la première partie de la soirée avant que Dante n’arrive et reste un long moment les yeux ouverts à se dire qu’il n’aurait jamais cru imaginable que Florian soit depuis si longtemps au courant de tout, sans jamais l’avoir laissé soupçonner un seul instant à qui que ce soit.

Il se dit qu’il n’en a pas fini de découvrir des faces cachées de son ami et l’apprécie d’autant plus que le fait de se savoir multimillionnaire depuis tout ce temps, n’a jamais paru lui donner la grosse tête.

Thomas soupire, il décide de ne plus y penser puisque de toute façon ça ne sert à rien et qu’il sera temps assez tôt comme ça, pour y revenir quand le moment sera venu.

Il imagine ses deux amis partageant le même lit, s’étonnant que rien de plus qu’une amitié qui se promet d’être très forte ne les attire l’un vers l’autre.

Ils sont pourtant craquants tous les deux mais apparemment leur libido n’est pas attiré l’un par l’autre, ce qui va pense-t-il poser problème pour la suite de leurs relations avec eux.

Sauf si chacun trouve son âme sœur et qu’eux aussi les apprécient à leurs justes valeurs, ou encore qu’ils acceptent le partage de leurs compagnons.

L’idée qu’il vient d’avoir le fait réfléchir, en se demandant bien où ça va les mener Florian et lui, pour Éric et Raphaël, ça s’est fait tout naturellement mais là il pense à deux voir quatre nouveaux gars en trouvant que ça commence à faire réellement beaucoup.

Un bruit dans le couloir lui fait comprendre que ses amis sont réveillés, il décide de se lever lui aussi car son ventre gargouille et l’envie d’un copieux petit-déjeuner commence à se faire ressentir.

C’est en veillant à ne pas déranger Florian que Thomas se lève, s’habille et part sur la pointe des pieds les rejoindre dans la cuisine.

Yuan et Dante l’accueillent avec un grand sourire et viennent tous deux lui faire la bise, une fois installé devant un bon café bien noir et des tartines beurrées, ils discutent tranquillement de la journée à venir.

- (Thomas) Je dois retourner au boulot, je serais libre comme aujourd’hui vers dix-sept heures.

- (Dante) Moi je vais rester avec Florian et « Yu », je vais téléphoner à mon patron pour le prévenir et nous irons voir son cousin pour prendre des nouvelles.

Yuan regarde Dante avec surprise et sympathie.

- C’est génial ça !

- (Dante sourit) Après ça si ça vous dit, nous irons voir le photographe qui m’a fait mon book !! Tu te rappelles Thomas ? Vous vouliez vous faire faire des posters avec « Flo ».

Thomas repose son bol, l’œil brillant de joie.

- Super ! J’espère qu’il ne ferme pas trop tôt ?

Dante heureux devant la joie manifeste du beau blond.

- Je tâcherai de l’appeler dans la journée pour voir si c’est ok.

Thomas regarde l’heure en se levant brusquement.

- Putain !! Je n’avais pas vu que l’heure tournait aussi vite ! Je vais finir par être à la bourre, excusez-moi les gars. Juste le temps d’une petite douche et je vous laisse… ah oui ! Un conseil ! Pensez à secouer la marmotte si vous voulez sortir ce matin, sinon ce n’est pas gagné.

Yuan avec un air malicieux.

- T’inquiète pas, c’était bien notre intention.

Thomas croit bon de les avertir.

- Juste un petit conseil en passant, contentez-vous de simplement le réveiller si vous ne voulez pas subir les contrecoups d’une farce qui se retournera très certainement contre vous.

- (Dante amusé) T’inquiète « Thom » ça va juste lui rafraîchir les idées.

Thomas tient à préciser en sortant de la cuisine.

- En tous les cas ne venez pas me dire que je ne vous aurai pas prévenu.

Pendant que les deux amis finissent leurs petits déjeuners en s’amusant de la farce qu’ils ont prévue avant de s’endormir, au cas où justement un des deux occupants de l’autre chambre hibernerait un peu trop longtemps à leurs goûts.

Thomas le sourire aux lèvres prend sa douche, s’habille rapidement et quitte l’appartement pour rejoindre son travail.

Yuan sort de dessous l’évier une petite gamelle en plastique qu’il remplit d’eau, les deux garçons les yeux pétillants s’approchent alors de la chambre où Florian doit dormir du sommeil du juste.

Ils entrouvrent la porte de la chambre et y calent la gamelle de façon à ce qu’elle se renverse quand Florian voudra sortir tout à l’heure.

Ils retournent ensuite dans la cuisine en riant alors de bon cœur, content de la plaisanterie à laquelle assurément le jeune rouquin va faire les frais.

2eme ANNEE 1er semestre : (25 / 100) (Paris) (Chan) (suite)

Ils préparent alors le déroulement de la journée, Dante comme prévu appelle son patron qui ne lui refuse pas cette journée de repos étant donné le nombre impressionnant d’heures qu’il passe gratuitement à tenir la boutique.

Ensuite il passe un coup de fil à Akira Minne qui semble heureux d’avoir de ses nouvelles et lui donne son accord pour faire les photos demandées sur ses deux amis.

Ils parlent encore un petit moment et Yuan en vient tout naturellement sur le sujet de son cousin Chan et des problèmes que le jeune homme semble avoir avec la drogue.

- (Dante) Tu es sûr qu’il n’y avait pas touché avant ?

- J’en aurais mis ma main à couper ! Chan est un garçon très gentil que j’aime beaucoup, je ne comprends pas ce qui a bien pu lui arriver pour qu’il en vienne à faire ça.

- (Dante) Peut être le fait d’être tout seul, loin de sa famille ?

- Je ne sais pas, il avait pourtant l’air de bien se plaire ici.

- Ou alors le stress du travail, ou encore une séparation qu’il aurait mal vécu ?

- Tu sais, ça fait presque trois ans qu’il n’est pas revenu au pays. La dernière fois il était encore en fac, tout allait bien pour lui. Notre famille est plutôt aisée et il n’a jamais manqué de rien bien au contraire, mon oncle et ma tante ont une petite entreprise de transport et Chan tient la branche qu’ils ont en France.

Dante prend la main de son ami qu’il sent tout retourner par ce qui arrive à son cousin,

Yuan le regarde et lui sourit, comprenant que son geste n’a que pour but de le rassurer.

- Tu devras bien t’occuper de lui tu sais, il va rester accro à la drogue encore un moment après sa sortie. Peut-être que tu devrais le prendre chez toi pour l’avoir à l’œil.

Yuan avec un sourire triste.

- J’avais déjà envisagé cette éventualité, j’espère juste que mes heures de fac me permettront d’être assez présent pour lui.

- Je viendrai t’aider si tu veux ? Tu sais, je suis seul dans mon studio et ça me changera les idées de m’occuper de quelqu’un, en plus je pourrais peut-être aménager mes horaires de travail à la librairie.

- (Yuan étonné) Tu ferais ça ? Mais ! Tu ne le connais même pas.

- Je te connais-toi et si tu dis que ton cousin est un gars bien, je te crois sur parole et ça me donne envie de l’aider à s’en sortir.

Yuan va pour répondre les yeux mouillés par l’émotion, quand une sonnerie de réveil retentit dans l’appartement.

- (Yuan étonné) Tiens on dirait que ça vient de ma chambre, je ne me rappelle pas l’avoir mis en route ?

- (Dante) Tu l’as peut-être mis par habitude, ça m’arrive quelquefois à moi aussi.

- Peut-être ! En plus il ne s’arrêtera pas tout seul.

Dante regarde Yuan quitter rapidement la cuisine, quelques secondes plus tard un cri traverse l’appartement en le faisant se lever d’un bond pour voir ce qui lui arrive.

Il le voit tremper pissant au milieu du couloir, avec la fameuse bassine destinée à Florian renversée sur le sol.

Celui-ci justement sort encore tout ensommeillé de sa chambre, il les regarde en marquant la surprise.

- Tiens ! Ta douche ne fonctionne plus que tu te laves dans le couloir Hi ! Hi !

Yuan saisi par l’eau froide.

- Très drôle ! Ha ! Ha !

Dante mort de rire.

- En plus tu as vu comment il joue bien la comédie ? Chapeau Florian ! Thomas nous avait prévenus, mais je ne pensais pas qu’on se ferait avoir comme des bleus.

Je comprends la farce, le fou rire me prend à moi aussi.

- Hi ! Hi ! Mais je n’y suis pour rien moi Hi ! Hi !

Yuan se dit qu’ou il joue bien la comédie, ou il y a quelque chose qu’il n’a pas compris.

- C’est que tu as l’air sérieux ?

- Bah oui ! Ce n’est pas moi je te jure ! Si ça tombe vous vous êtes plantés de chambre, bande de branquignoles ! Hi ! Hi ! Va te sécher avant d’attraper la crève.

Dante toujours sceptique.

- Ce n’est pas toi tu es sûr ?

- Si je te le dis !

***/***

Dans le bus qui le mène à l’agence Thomas sifflote, amusé de l’échange qu’il a fait en revenant voir ce que ses amis mijotaient contre Florian.

Décidément la journée commence bien pense-t-il en riant de bon cœur cette fois-ci, bien sûr son rire ne passe pas inaperçu dans le bus et heureusement pour Thomas, il ne voit pas les regards prédateurs de certaines personnes face à son physique plus qu’avenant.

2eme année 1er semestre : (26/100) (Dorian/Gérôme)

Une fois l’emménagement terminé et un dernier stage passé en région parisienne, Dorian et Gérôme vont se présenter au commissariat principal de Reims, dans le but de s’y faire attribuer un bureau qui leur servira pour rédiger les différents rapports et effectués les recherches dont ils auraient besoin.

L’accueil n’est pas des plus chaleureux vu que l’utilité du service auquel ils appartiennent laisse plus d’un de leurs collègues sceptiques, pensant qu’ils étaient déjà là eux pour faire en sorte que rien de fâcheux n’arrive à qui que ce soit.

Ils finissent par obtenir ce qu’ils réclament, non sans avoir eu besoin au préalable de faire comprendre que tout problème serait réglé par les instances supérieures.

Une fois sorti du bâtiment, Dorian ricane tout seul au grand dam de son ami qui n’est pas d’humeur à la plaisanterie.

- Arrête de rire bêtement tu veux bien ? Déjà qu’ils m’ont mis les nerfs à rude épreuve tous ses cons !

- Houlà ! Cool mon « Gégé », je riais juste parce que je me demandais ce que nous allions bien pouvoir faire maintenant.

- Excuse-moi mais je ne vois pas ce qu’il y a de drôle.

- Ben si justement Hi ! Hi ! J’oubliais complètement qu’on était censés être au boulot alors que je ne sais même pas où est « Flo ».

Gérôme ne peut s’empêcher de sourire malgré lui.

- Tu fais un sacré flic, heureusement que je me préoccupe un peu plus que toi de notre mission.

- (Dorian amusé) Ah oui ?

Il tourne la tête dans tous les sens.

- Et il est où notre richissime et talentueux comique ?

- Chez un ami à lui à Paris avec Thomas, il sera de retour demain pour sa rentrée de fac.

- Faudrait pas qu’il lui arrive quelque chose entre-temps, on aurait l’air malin tous les deux.

Gérôme très sérieux.

- Il va falloir qu’on s’organise et puis Florian m’a promis de me donner son emploi du temps, en attendant si nous allions fureter un peu du côté de la fac et du CHU ? Qu’est-ce que tu en penses ? Nous pourrions déjà nous faire une petite liste des gens inscrits ou qui y travaillent, histoire de prendre quelques renseignements de base du genre ceux qui auraient un casier.

- Bonne idée ça, on commence par quoi ?

Gérôme avec un sourire malicieux.

- J’aimerais déjà me rendre compte au CHU si ce que j’ai entendu de Maxime, Julien et Émilie, est vrai.

Dorian visiblement à l’ouest.

- Tu as entendu quoi ?

- Viens avec moi vilain curieux et tu devrais vite comprendre.

Il ne leurs faut guère plus qu’un petit quart d’heure pour arriver sur le parking de l’hôpital, où ils trouvent par chance une place pour se garer.

Dorian se dirige droit vers l’entrée se trouvant en face de lui, quand il sent la main de son ami le retenir fermement.

- Non ! Pas par ici, nous risquerions de rencontrer un de nos amis et ça mettrait mon plan par terre.

- Mais c’est quoi comme plan ?

- Tu vas très vite le savoir, prend un air sévère et reste derrière moi.

- Ok mais tu es vraiment bizarre aujourd’hui.

Gérôme ne répond pas et marche dans la cour jusqu’à la salle d’accueil de l’entrée principale, évitant ainsi celle des urgences où il y avait trop de chance de rencontrer quelqu’un qu’ils connaissent.

Une fois entrés dans la salle, les deux garçons s’avancent vers l’hôtesse qui les regarde arriver en souriant avec les yeux allant de l’un à l’autre apparemment appréciateur du physique avenant des deux hommes.

- Oui messieurs ? Je peux vous être utile ?

Gérôme la dévisage rapidement avec le sourire.

- En effet Mademoiselle, nous cherchons quelqu’un qui travaillerait ici. Si vous pouviez nous indiquer où nous pourrions le trouver ?

Elle va à son ordinateur et après avoir sûrement ouvert le fichier du personnel, elle lève les yeux vers celui qui lui a posé la question.

- Son nom s’il vous plaît ?

- De Bierne.

Toujours avec le même sourire aux lèvres.

- Prénom ?

- Florian, Florian De Bierne !

La jeune femme pâlit en baissant les yeux, elle tape quelque chose sur son ordinateur puis décroche son téléphone en leurs disant d’une voix blanche.

- Un moment s’il vous plaît, je dois vérifier si mes fichiers sont à jour.

- Nous avons tout le temps mademoiselle.

Gérôme se tourne vers Dorian en lui faisant un petit clin d’œil, avant de revenir à la jeune femme qui parle à quelqu’un au téléphone.

- Oui monsieur c’est bien ça, les deux messieurs cherchent un Florian De Bierne qui travaillerait chez nous.

- …………….

- Vous êtes sûr ?

- ……………..

- D’accord !! Il me semblait bien aussi que ce nom ne me disait rien, merci monsieur.

2eme année 1er semestre : (27/100) (Dorian/Gérôme) (suite)

La jeune femme raccroche et tourne son visage où toute lueur d’intérêt a mystérieusement disparu, vers les deux garçons de l’autre côté de son bureau.

- Désolé messieurs ! Il n’y a pas la personne que vous cherchez dans la liste du personnel de cet hôpital.

- (Gérôme insiste) Pourtant on nous a bien assuré qu’il en faisait partie.

L’hôtesse d’une voix cassante.

- Vous avez dû faire erreur, au revoir messieurs.

Gérôme prend Dorian par l’épaule.

- Viens ! Retournons interroger notre client, il a dû se tromper d’établissement.

Ils vont pour ressortir de par où ils sont entrés, quand la voix de la jeune femme les interpelle durement.

- La sortie c’est par ici messieurs, au bout du couloir derrière vous.

- Ah ! Entendu ! Merci mademoiselle.

Ils font demi-tour pour prendre le couloir indiqué, au bout duquel ils aperçoivent une grande porte vitrée donnant sur l’extérieur.

À peine ont-ils fait la moitié du chemin que deux hommes à la carrure imposante leur bloquent le passage, sentant le coup fourré Dorian se retourne pour constater avec un sursaut d’appréhension qu’il y a également deux personnes d’une carrure tout aussi impressionnante qui s’avancent lentement vers eux.

Gérôme poursuit sa marche comme si de rien était, une fois arrivé devant les deux gars il s’excuse poliment afin qu’ils les laissent passer.

- Pardon messieurs !

Il n’a pas le temps de répéter une deuxième fois sa demande, qu’ils sont poussés manu militari dans une pièce donnant sur le couloir et dont la porte était ouverte, Gérôme retient Dorian qui sous la brusque impulsion a failli s’étaler au sol et proteste.

- Hé ! Ça ne va pas la tête ! Vous vous croyez où là ?

Un des quatre gros bras.

- Ici c’est nous qui posons les questions, capitche ?

Dorian commence à baliser ferme et sa voix s’en ressent.

- Vous nous voulez quoi à la fin ?

Il prend une énorme baffe en retour à sa question, qui le laisse à moitié groggy dans les bras de Gérôme.

- On t’a dit qu’ici c’est nous qui posons les questions, tu es sourd.

- (Un autre homme) Qui êtes-vous et que venez-vous faire ici ?

Gérôme trouve qu’il en a appris assez sur ce qu’il voulait savoir.

- Nous cherchons juste un pote à nous qui nous a dit travailler ici, je ne vois pas le mal dans tout ça.

Le premier homme va pour lui en coller une, comme il vient de le faire précédemment à Dorian qui se tient toujours la mâchoire tellement le coup a été violent.

Heureusement pour lui, l’autre homme intervient à temps pour l’en empêcher.

- Arrête Marcel !

- (Marcel surpris) Pourquoi ?

- Il dit peut-être la vérité.

S’adressant à Gérôme.

- Vous pouvez prouver vos dires ?

Gérôme comprend qu’il a eu chaud sur ce coup là.

- Bien sûr, il vous suffit de demander à n’importe qui de son équipe.

L’homme toujours méfiant bien qu’il se détende quelque peu.

- Vous avez des noms ?

- Maxime, Julien, Émilie et puis aussi Julien le fils à Denis qui est le responsable du service gériatrie

Dorian d’une voix blanche.

- Il y a aussi Grégory le pompier et Frédéric que « Flo » considère comme son père.

L’homme devient plus souriant.

- Marcel tu veux bien aller chercher « Max » ? Je l’ai croisé tout à l’heure, il ne doit pas être loin.

Marcel un peu gêné d’avoir frappé Dorian.

- Heu ! Oui bien sûr.

L’homme qui leurs a parlé jusque-là les regarde, il s’étonne du petit sourire en coin du plus âgé des deux garçons.

- Vous comprendrez que nous allons nous assurer que vous dites la vérité, j’ai l’impression que cela vous amuse tout d’un coup.

- (Gérôme) On peut dire ça oui.

Dorian en se frottant la mâchoire.

- Parle pour toi, on voit bien que ce n’est pas à toi qu’il en a collé une l’autre butor.

L’homme avec une pointe de remords dans la voix.

- Si vous êtes réellement amis avec « Flo » ce que je suis de plus en plus enclin à croire, vous devez bien vous doutez pourquoi et puis comme ça au moins vous avez votre réponse, n’est-ce pas ?

Gérôme ne répond pas, se contentant d’attendre avec Dorian et les trois gars restant dans la pièce, deux de ceux-ci étant restés en retrait sans prononcer une seule parole mais leurs déterminations quant à leurs présences ne laissent place à aucun doute.

Des pas pressés résonnent dans le couloir et la tête de Maxime entre dans leurs champs de visions, un petit soupir de soulagement quand ils le voient et surtout quand ils l’entendent leurs poser la question, d’une voix surprise de les trouver là.

- Dorian ? Gérôme ? Mais qu’est-ce que vous foutez là ?

2eme année 1er semestre : (28/100) (Chan) (suite)

Le mystère de l’arroseur arrosé restant officiellement entier, les trois garçons décident d’en rester là pour le moment mais chacun ayant sa petite idée en tête quand à qui pourrait bien en être l’auteur, Florian avec amusement alors que Dante et Yuan cogitent déjà une vengeance pour plus tard dans la soirée.

Ils partent pour rendre visite à Chan, Florian les ayant prévenus qu’il ne resterait pas très longtemps à son chevet du fait qu’il tient à passer un petit moment avec un de ses amis auquel il a déjà passé un petit coup de téléphone pour l’en avertir et vérifier s’il serait libre pendant midi pour se retrouver dans un resto pour le déjeuner.

***/***

L'établissement où ils arrivent donne aussitôt une vive impression de malaise au jeune rouquin, qui sent le stress lui prendre l’estomac devant l’aspect négligé du bâtiment dans lequel ils pénètrent.

Les murs marqués par de nombreuses traces de coups, le carrelage fissuré ainsi que le matériel qui traîne dans les couloirs, lui laisse à penser qu’ici l’hygiène et la prévention des maladies nosocomiales ne sont pas une priorité.

Les personnels qu’ils croisent n’ont à l’évidence pas le professionnalisme qu’il s’attendait à trouver dans un tel lieu, ni l’empressement qu’il constate au quotidien là où il travaille.

- Eh bien ! Bonjour l’ambiance ! On ne doit pas rire souvent par ici, regardez-moi ce foutoir les gars ? En plus ce n’est pas la motivation qui les pousse au boulot, c’est quoi cette clinique ?

Yuan mal à l’aise.

- Ce n’est pas vraiment une clinique « Flo », c’est avant tout un établissement spécialisé pour le problème qu’à mon cousin avec la drogue.

- En tous les cas ce n’est pas le top pour avoir envie de s’en sortir, je te le dis tel que je le pense !! Beurk !

Dante ne dit rien mais n’en pense pas moins, la grimace qu’il fait depuis qu’il est entré en est la preuve manifeste.

- Il doit y rester longtemps dans ce bouge ?

- (Yuan) Mon père doit le faire transférer ailleurs, juste le temps de mettre les choses au point. C’est une question de quelques jours, une semaine au pire.

Ils arrivent devant ce qui semble être l’accueil, où trône une femme négligée aux cheveux filasse et aux yeux mornes, qui les regarde arriver en se demandant visiblement ce qu’ils viennent faire ici.

- (Yuan) Bonjour madame, pourriez-vous nous indiquer où se trouve la chambre de Monsieur Chan Woo s’il vous plaît.

D’une voix éraillée par le tabac.

- Le chinetoque ?

Elle regarde sur son pc.

- Deuxième étage chambre deux cent trente-huit !!

- (Yuan vexé) Venez les gars, avant que je dise quelque chose que je regretterai certainement.

Je regarde la femme l’air sévère.

- Ce n’est pas la politesse qui vous étouffe madame, si ce que vous faites ne vous plaît pas et bien vous n’avez qu’à laisser la place à quelqu’un qui sera ravi d’avoir un travail. Vu le nombre de chômeurs en France, nul doute que ce ne sera pas un problème d’avoir quelqu’un de souriant à la place d’une mégère mal embouchée comme vous.

Dante stupéfait regarde le jeune rouquin avec admiration.

- Et toc ! Bien envoyé « Flo » !

La femme vexée.

- Dis donc poil de carotte ! Si tu n’es pas content rien ne te retient, tu n’as qu’à foutre le camp d’ici.

Là je vois rouge.

- Dis donc vieille morue putride ! Je suis peut-être un poil de carotte comme tu dis mais au moins je ne sens pas le faisander moi, alors va découvrir une merveille de la nature qu’on appelle de l’eau et sers-t’en au moins une fois dans ta vie autrement qu’en la regardant derrière les carreaux quand il pleut.

Yuan attrape son ami par la manche, l’entraîne ensuite avec lui dans l’escalier avant que ça ne dégénère et que d’autres personnes n’interviennent, Dante les suit mort de rire en entendant la femme s’égosiller toute seule dans l’entrée.

Une fois les deux étages montés, les garçons s’arrêtent un instant pour l’un reprendre son calme et les deux autres leurs respirations et essuyer leurs larmes.

- Je t’en foutrai moi des chinetoques ! Non mais !

- (Yuan) Arrête de te monter la tête Florian, elle n’en valait vraiment pas la peine.

- Poil de carotte ! Mais tu l’as entendu l’autre cachalot ? J’ai une tête de poil de carotte ?

Dante repart en live, je me retourne vers lui les sourcils froncés toujours énervé par la réflexion de l’autre pouffiasse.

- Quoi !!

Dante en se tenant les côtes à deux mains.

- Arrête « Flo » Hi ! Hi ! S’il te plaît, tu verrais ta tête Hi ! Hi !

A le voir se bidonner comme ça, ma colère disparaît comme par magie et la boule de stress que je ressentais depuis mon entrée dans les lieux disparaît comme par miracle.

C’est avec bonhomie que je reprends la marche vers la chambre deux cent trente-huit, Yuan et Dante se plaçant chacun d’un côté de moi en se souriant avec les yeux pétillant d'amusement.

2eme année 1er semestre : (29/100) (Chan) (suite)

Une fois devant la porte, Yuan frappe un petit coup et entre sans attendre de réponses, nous pénétrons alors dans une pièce sentant la transpiration et le renfermé.

Mon premier geste est d’aller tout de suite ouvrir la fenêtre en grand le temps d’aérer, une fois chose faite je me tourne vers mes amis et le lit occupé par un jeune homme les yeux grands ouverts, qui nous regarde sans paraître nous voir.

Je reste un moment sans bouger, troubler par deux événements qui se déroulent sous mes yeux.

Le premier étant Yuan qui s’écroule en pleurs sur le lit en prenant doucement la main de son cousin dans la sienne et le second, par le visage de Dante qui dévore du regard le jeune homme allongé sur le lit.

J’examine de plus près le malade en cherchant ce qui en lui a pu rendre mon ami aussi visiblement troublé, ma première impression est plutôt controversée car le visage amaigri de Chan n’est pas à son avantage.

Ensuite je comprends mieux l’intérêt que lui porte Dante, un charme certain émane de ce garçon et si je n’y suis pas pour ma part entièrement réceptif, c’est sans doute parce que je suis déjà lié moi-même avec un autre garçon qui n’en manque assurément pas lui non plus.

Je comprends donc aisément que pour un jeune homme seul et célibataire comme Dante, l’effet soit aussi instantané pour qu’un coup de foudre à la vue du jeune malade ait pu naître à sa simple vision.

- (Yuan en pleurs) Chan ? Tu m’entends ? C’est moi, « Yu » ? Parle-moi Chan, s’il te plaît !

C’est comme si nous n’étions pas dans la pièce, je suis triste pour mon ami qui est complètement retourné par l’état de celui qu’il m’a dit considérer comme son frère.

Je ne peux et n’ai pas envie de rester sans rien faire, la cruche et le verre d’eau posés sur la table devant le lit, me donnent forcément l’idée de lui venir en aide.

- Vous pourriez sortir cinq minutes les gars sans me poser de questions ?

- (Dante surpris) Pourquoi ?

Je regarde Yuan qui a tourné son visage vers moi avec la même interrogation dans les yeux, je leurs souris en reprenant ma demande.

- J’ai dit pas de questions, il n’y a pas si longtemps un de vous deux m’a fait confiance et n’en a pas été déçu alors je vous le redemande les gars, laissez-moi seul un moment avec Chan. D’accord ?

Yuan se lève en me fixant avec une vive émotion dans le regard.

- « Flo » ! Tu vas……

Je lui renvoie un sourire rassurant.

- Pas de questions, juste me faire confiance.

- D’accord « Flo », viens beau brun ! Laissons-les un moment seul à seul.

Yuan entraîne son ami dans le couloir en refermant la porte derrière lui, une fois fait il l’emmène un peu plus loin et sourit devant la tête que fait Dante qui ne comprend visiblement rien à ce qui se trame.

- Tu peux m’expliquer ce que tout ça veut dire ?

- J’ai confiance en Florian, tu devrais en faire autant et ne pas t’en faire.

- Tu m’as l’air bien sûr de toi ? Il voulait dire quoi par quelqu’un qui n’a pas été déçu ?

Yuan lui explique sa maladie, son eczéma qu’il a traîné comme une plaie durant toute sa vie et qui a soudainement disparu quand Florian l’a enduit de sa pommade miracle, alors que tout ce qu’il était possible de faire jusqu’à présent n’avait absolument servi à rien.

- Wouah !! Et tu crois que ça sera pareil avec ton cousin ?

- Je ne crois pas non ! ...J’en suis sûr !

Dante hausse les épaules, pas vraiment convaincu.

- Bah ! De toute façon cela ne coûte rien de le laisser essayer.

- (Yuan en souriant) Exactement.

Dante hésite puis se lance.

- Dis-moi « Yu » ? Ton cousin ? Il a quelqu’un ? Je veux dire dans sa vie ?

- (Yuan surpris) Je n’en sais rien, pourquoi cette question ?

- (Dante rougit) Tu ne te moques pas de moi si je te le dis ? Promis ?

- Houlà ! Te voilà bien mystérieux tout d’un coup ? Allez, accouche mon gars et promis ça reste entre nous.

Dante rouge comme une pivoine, lève la tête pour fixer son ami dans les yeux.

- Il me plaît beaucoup ton cousin, tu sais ?

2eme année 1er semestre : (30/100) (Dorian/Gérôme) (fin)

Dorian se tient toujours la mâchoire quand il répond à son copain.

- Comme tu vois, tiens ! On est venu pour se faire casser la gueule par tes potes.

- (Maxime sidéré) C’est quoi encore que cette connerie ?

- (Gérôme) C’était une idée à moi je l’avoue, mais je ne pensais pas que ça irait jusque-là.

- (L’infirmier) Ils posaient des questions sur « qui tu sais », alors on cherchait juste à savoir ce qu’ils lui voulaient.

- (Maxime amusé) Ah ! D’accord, je comprends mieux. Florian n’a pas besoin de gardes du corps ici vous savez les gars, nous nous en chargeons très bien tout seul.

- (Dorian) Ah, tiens ? Je n’avais pas remarqué.

Maxime s’approche de lui pour regarder son visage de plus près.

- Hum ! Ça n’a pas l’air trop grave, viens avec moi que je te mette ce qu’il faut sur le visage pour éviter que ça enfle.

Ils restent encore un moment avec Maxime bientôt rejoint par le reste de leurs amis présents ce jour-là, l’explication de Gérôme sur la raison de leurs présences les amuse beaucoup.

Il n’y a que Dorian qui regarde son compagnon avec une lueur de reproche et celui-ci s’en aperçoit en venant le câliner un peu, ce qui a pour résultat presque immédiat de redonner le sourire au jeune policier.

La visite qui suivit à la fac ne leurs posa pas autant de soucis puisque celle-ci n’étant pas encore ouverte aux élèves, ils n’eurent donc à faire qu’au directeur auquel ils expliquèrent la raison de leurs présences.

Le sourire du brave homme et son empressement à leurs donner tous les renseignements qu’ils demandent ainsi la liste exhaustive des inscrits de cette année, les toucha plus qu’ils ne le laissèrent paraître.

Ils le quittèrent avec forces poignées de mains et lui laissèrent leurs coordonnées afin qu’il puisse les prévenir en cas de problèmes, comme par exemple s’il trouvait que quelque chose lui paraissait bizarre ou encore si quelqu’un s’intéressait de trop près à Florian.

Ce n’est qu’une fois de retour « chez eux », qu’ils s’installèrent tranquillement sur le banc dans le jardin pour faire un point sur ce qu’ils viennent d’apprendre.

- (Gérôme) Tu en as pensé quoi toi de tout ça ?

- (Dorian) Qu’il ne vaut mieux pas chercher des poux dans la tête de Florian pendant qu’il sera en cours et au taf.

- C’est plutôt rassurant, non ?

- C’est sûr ! Mais jusqu’où crois-tu qu’ils auraient été les quatre sumos, si nous n’avions pas avoué faire partie de ses amis ?

- (Gérôme pensif) Ça pourrait amener plus de problèmes qu’autre chose tu ne crois pas ?

- Ouaih ! Enfin c’est clair qu’il va falloir surveiller tout ça de très près.

Marc et Flavien se joignent à eux et les interrogent sur leur journée, ils leurs racontent leurs péripéties, ne les trouvant pas plus étonner que ça de toute l’histoire qu’ils entendent.

- (Dorian) Vous n’avez pas l’air surpris ?

- (Flavien) En effet et je dirais même que vous vous en êtes bien sortis, Florian est un garçon qui a su s’entourer d’amis fidèles et cela sans forcément s’en rendre compte lui-même. Nous avions déjà remarqué la « protection » dont il est l’objet là où il travaille et je suis certain qu’à la fac si quelqu’un lui cherchait des noises il en serait de même.

Marc entièrement d’accord avec Flavien.

- Il faudra faire attention avec les nouveaux de cette année, si l’un ou plusieurs d’entre eux venaient à vouloir lui faire des misères. Ils risquent eux aussi de passer un mauvais quart d’heure, ceux qui connaissent « Flo » ne les laisseront certainement pas continuer bien longtemps avant de réagir.

- (Gérôme) Pourquoi tu dis ça ? Tu crois qu’il y aurait des gens qui voudront lui nuire ?

Marc réfléchi et sourit.

- À vrai dire non, je ne vois pas pourquoi en plus.

Flavien se redresse et les toise de toute sa hauteur, ses amis ne peuvent s’empêcher de le regarder avec admiration tellement il est impressionnant.

Un culturiste ne pourrait qu’envier ce jeune homme qui du haut de ses un mètre quatre-vingt-douze tout en muscles puissants, fait un effet certain à qui ne connaît pas son grand cœur et son empathie envers ses amis.

- Et puis de toute façon je suis là !

- (Marc amusé) Hulklore a parlé Hi ! Hi !

Il se sent soulever de terre comme une brindille emportée par le vent, ses deux pieds battent l’air alors que son visage simule la terreur tandis qu’il est mort de rire intérieurement.

Flavien ne s’y laisse pas tromper et c’est avec un énorme sourire.

- Tu sais ce qu’il te dit Hulklore ?

- Qu’il m’aime beaucoup et en retour je lui répondrai que moi aussi Hi ! Hi !

2eme année 1er semestre : (31/100) (Chan) (suite)

Une fois seul dans la chambre, je me dirige vers la cruche d’eau en la sentant avant de froncer le nez à l’odeur d’eau de javel qui en sort.

Je vais vers la salle d’eau pour faire couler le robinet un moment avant de rincer et de renouveler l’eau du broc, j’en profite également pour nettoyer le verre en revenant ensuite vers le lit.

Ne me reste plus qu’à utiliser ma salive, j’essaie d’en mettre le plus possible dans le verre et une fois que je trouve qu’il y en a suffisamment, je complète avec l’eau fraîche en m’approchant du malade.

Je le regarde de plus près et ma sensation du début s’amplifie, en voyant en lui plus loin que le garçon malingre et à moitié dans le cirage, que son apparence actuelle donne de lui.

Il doit être à peu près de ma taille et de ma carrure, donc pas très grand et plutôt frêle sans être maigre.

Je sais que sa mère est chinoise car c’est la sœur de celle de Yuan à qui il ressemble sur pas mal de point mais à voir son teint, je me demande de quel pays peut bien venir son père.

Il est châtain clair avec les yeux de sa mère en amande, ceux-ci sont gris et son visage plutôt rond avec de bonnes joues qui une fois retapées doivent avoir des pommettes assez prononcées.

Sa peau est comme métissée d’un marron très clair alors que l’ensemble est je m’en rends compte assez jolie à contempler, je comprends bien le regard que Dante a porté sur lui et je souris d’amusement en me demandant ce que ça va donner entre ces deux-là.

Revenant à mes intentions premières, je prends le menton du jeune homme qui ne doit pas avoir beaucoup plus qu’une vingtaine d’années et le dirige vers moi pour voir ses réactions.

Son regard reste dans le vague, je me demande bien ce qu’ils ont pu lui administrer pour le rendre aussi passif.

J’approche le verre de ses lèvres et doucement en faisant très attention qu’il ne s’étouffe pas, lui en fais boire le contenu jusqu’à ce que celui-ci soit vide.

Je le repose alors sur la table près du lit en attendant de pouvoir constater les premières réactions, je profite d’avoir cinq minutes pour verser de ma salive dans la cruche pour pouvoir lui en faire boire à nouveau dès qu’il sortira de son état semi-comateux.

Un premier mouvement me fait cesser ce que j’étais en train de faire et me tourner vers lui, son regard a changé et me scrute en cherchant visiblement à comprendre qui je suis et où il est.

Je lui souris gentiment.

- Salut Chan ! Tu te sens comment ?

Il semble revenir de loin quand il sursaute et me répond d’une voix pâteuse.

- Où suis-je ?

- Dans une sorte d’hôpital, tu ne te rappelles pas pourquoi tu es arrivé là ?

Visiblement perdu.

- Non ! Et toi tu es qui ?

- Un ami de Yuan ne t’inquiète pas, je ne te veux pas de mal bien au contraire. Pourquoi as-tu fait ça ?

- Fais quoi ?

- La drogue ? Te détruire la santé ? Enfin tout ça quoi ?

Chan au début reste incrédule en entendant mes questions, puis il éclate soudainement en larmes.

- Si seulement je le savais, c’est venu si vite et puis après tu ne peux plus t’arrêter, tu comprends ?

- Tu te sentais seul ? Un chagrin ? Le manque d’argent ? Il y a bien eu un élément déclencheur, Yuan nous a dit que la dernière fois qu’il t’a vu tout allait très bien.

- Il est où « Yu » ?

- Derrière la porte dans le couloir !

- Pourquoi n’est-il pas là alors ?

- Parce que je devais m’occuper de toi et essayer de comprendre ce qui a bien pu te mener à faire ça.

Chan fixe le jeune homme qui lui parle comme à un ami et en qui il a bizarrement envie de faire confiance, il écoute ce qu’il lui dit sans trouver ça ni indiscret ni dérangeant un peu comme s’il était son confident depuis toujours.

Pourtant il y a à peine cinq minutes, il ignorait encore absolument tout de lui et le voilà maintenant qu’il se sent l’envie de tout lui dire et de s’épancher de ses deux années de questionnements affectifs.

Questionnements qui l’ont amené à faire ce qu’il a fait, avec les conséquences actuelles qui l’ont amené jusqu’à cette chambre d’hôpital.

- Ce n’est pas facile à dire tu sais, juste que je ne me sentais plus en harmonie avec ce qui m’entourait et que j’ai cherché un moyen pour que ça passe.

- La belle affaire ! Tu as juste failli mourir, rien que ça. As-tu seulement pensé à ceux qui t’aiment ? Ta famille, tes amis ?

- Ma famille était loin et je n’ai pas beaucoup d’amis.

- Ce n’est pas une raison pour se foutre en l’air.

Chan passe alors sa langue sur ses lèvres desséchées.

2eme année 1er semestre : (32/100) (Chan) (suite)

- J’ai soif !

Je lui remplis le verre avec le contenu de la cruche, ma salive flotte au milieu et ne donne pas vraiment envie de boire.

Chan en me le prenant des mains s’en aperçoit et grimace en cherchant à me le rendre.

- Beurk !!! C’est dégueulasse !!

- Je sais mais je te conseille de le boire, tu te sentiras beaucoup mieux après.

- Qu’est-ce qu’il y a là-dedans ?

Je le fixe dans les yeux, il est d’abord surpris puis l’intensité de mon regard commence à lui faire un certain effet et son visage devient plus serein.

- Bois Chan ! Ce qu’il y a dans ce verre même si ça paraît crade te fera du bien, je t’en ai déjà fait boire un grand verre il y a cinq minutes et regarde comment tu as déjà repris sur toi ?

Il ramène doucement le verre à ses lèvres sans regarder à l’intérieur mais en restant toujours le regard fixé sur moi, il en avale le contenu d’un coup sec.

Il me tend le verre vide pour que je lui remplisse à nouveau, il répète quatre fois la manœuvre jusqu’à ce qu’il constate que la cruche est vide et que je repose le verre sur la table.

- Ça a un drôle de goût quand même ton truc, en plus ça a un aspect bizarre.

- Le principal c’est que ça te fasse du bien.

Chan se redresse en se palpant sur tout le corps, il amène ses mains devant ses yeux en les tournant dans tous les sens comme si ce n’était pas les siennes.

Son regard revient vers son nouveau compagnon qu’il observe attentivement, le haut du visage constellé de taches de rousseurs, ses iris d’un vert magnifique, sa coupe en pétard d’un roux flamboyant, sa bouille avenante et ses lèvres fines qu’il n’a vu jusque-là que souriantes, en fait un jeune homme plus qu’agréable à regarder.

Chan soupire en se rappelant d’un seul coup qu’il ne connaît rien de ce garçon, même pas son prénom alors que lui il lui parle comme s’il le connaissait depuis longtemps.

- Je ne sais même pas comment tu t’appelles ?

- Florian ou « Flo » pour les amis.

- Tu peux m’aider à marcher s’il te plaît, j’aimerais me rafraîchir un peu et pisser un coup avec tout ce que je viens de picoler.

- Tu ne veux pas plutôt que j’appelle « Yu » ? Tu te sentiras sûrement plus à l’aise avec lui Hi ! Hi ! Ce n’est pas que j’ai peur de voir ton zguègue mais bon ! Nous ne sommes pas encore assez intimes tu comprends ?

Chan a envie de rire car les grimaces du petit rouquin qui accompagnent ses paroles sont particulièrement irrésistibles.

- Tu sais « Flo » ? Je t’aime bien et je suis content que tu sois un ami de Yuan, je ne lui en connais d’ailleurs pas beaucoup pour ne pas dire pas du tout.

- Depuis quelques temps il a eu l’occasion de s’en faire tu verras, alors on fait quoi ? Je l’appelle ?

- Si tu veux !

Je lui souris en me dirigeant vers la porte que j’ouvre en grand, je passe la tête dans le couloir et vois mes amis en pleine discussion à quelques pas de là.

- Pst ! « Yu » ? Ton cousin voudrait que tu l’amènes aux chiottes, il a envie de pisser et ne veut pas me montrer sa petite bite.

Un rire derrière moi me fait sourire, car c’est exactement l’effet escompté de ma tirade.

Yuan l’entend et ses yeux marquent son extrême étonnement.

- C’est Chan qui rit comme ça ?

- Oui et tu devrais te magner le cul, sinon il va pisser dans son froc.

Yuan n’y va pas, il y court et quand il glisse sur le carrelage pour passer la porte, il s’arrête et me fait une bise sur la joue, ému jusqu’aux larmes.

- Merci « Flo »

Je referme la porte derrière lui et je vais retrouver Dante qui est resté sans rien dire jusque-là, ses yeux parlants pour lui en exprimant toutes les questions qu’il se pose.

- Oui ?

- Qui es-tu Florian ?

- Un jour promis, tu auras les réponses à toutes tes questions.

- Vraiment ?

- Oui ! Allez viens ! Je pense que nous pouvons entrer maintenant, ne le dévore pas trop des yeux hein ? Attends d’en savoir un peu plus sur lui.

- (Dante rougit) Tu as remarqué alors ?

J’imite la tête qu’il faisait tout à l’heure, ce qui déclenche un fou rire à mon ami.

- Dis-moi que je ne faisais pas cette tête-là « Flo » Hi ! Hi !

Je lui mets mon bras autour de ses épaules et l’emmène dans la chambre.

- C’était pire crois-moi Hi ! Hi ! Essaie de te contrôler un peu mieux, je te laisse parce qu’il se fait tard et je dois voir un copain. On se retrouve toujours devant le boulot de Thomas vers dix-sept heures pour notre séance photo ?

- Pas de soucis « Flo », à toute !

1ere année 1er semestre : (33/100) (Visite à un ami)

Je regarde ma montre il est onze heures vingt, « Houlà » il ne faut pas que je traîne parce que j’ai la moitié de la ville à traverser.

C’est en semi-footing que je rejoins la station de métro, il est presque midi quand j’en ressors après avoir changé à Châtelet puis à Bastille.

Quelques centaines de mètres et je me retrouve devant le petit troquet où Patrice m’a donné rendez-vous, apparemment je suis le premier alors j’en profite pour faire un peu de lèche-vitrines en attendant qu’il arrive.

- Bonjour jeune homme !

Je me retourne en sursautant, une jeune femme se tient debout près de moi et me sourit avec des yeux remplis de malices.

Elle est assez grande avec les cheveux longs lui tombant sur les reins, brune aux yeux noisette avec de longs cils ravissants.

J’avoue que c’est une belle fille qui se trouve près de moi et comme elle m’a adressé la parole en premier, je pense qu’elle a besoin d’un renseignement.

- Bonjour mademoiselle, vous cherchez quelque chose ? Besoin d’un renseignement ?

- Non pas vraiment !! Je vous ai vu alors j’ai eu envie de venir vous parler, vous attendez quelqu’un peut-être ?

- En effet oui, j’attends un de mes amis.

- Un beau brun aux yeux bleus peut être ?

- (Surpris) C’est ça oui ! Vous connaissez Patrice ?

La jeune femme sourit.

- C’est mon fiancé.

- Je comprends mieux alors ! Vous saviez qui j’étais en venant me parler ?

- Il m’a dit, tu ne peux pas le rater. Tu verras, c’est un petit rouquin très mignon avec une bille de clown.

J’éclate de rires.

- Ça m’étonnerait qu’il ait dit très mignon ou alors il m’inquiète Hi ! Hi !

La jeune fille en riant de concert.

- Bon d’accord ! C’est moi qui ai rajouté ça, mais pour le reste c’est bien de lui.

- J’espère qu’il vient toujours ?

- Oui ! Juste qu’il sera un peu en retard, il termine un truc pour son boulot et il arrive avec sa collègue, c’est pour ça qu’il m’a demandé de passer devant. Au fait je ne me suis pas présentée, moi c’est Catherine.

- Enchanté, moi c’est Florian.

- (Catherine) T’inquiète, ça je le savais Hi ! Hi ! Tu sais qu’à force d’entendre parler de toi, c’est comme si je te connaissais Hi ! Hi !

- À ce point-là ? Bon! Comme on a déjà commencé, on peut continuer à se tutoyer si tu veux.

- Bien sûr, si nous allions prendre l’apéro en les attendant ?

- Bonne idée ça.

Nous entrons dans le restaurant et après avoir demandé au patron une table pour quatre, nous nous installons confortablement pour reprendre notre conversation après avoir passé commande d’une boisson.

- Toi aussi tu es mignonne.

Catherine surprise de mon entrée en matière.

- Eh bien merci.

- Je te rends le compliment et je le pense vraiment, Patrice m’avait parlé de sa copine d’enfance qui lui manquait beaucoup. Il n’attendait que l’occasion de se rapprocher de toi. Sa mutation à Paris est une vraie chance pour vous deux, pas vrai ?

- C’est sûr ! Depuis son retour il habite avec moi et nous avons décidé de nous marier cet été, j’espère que tu pourras venir car il tient absolument à t’avoir comme témoin avec ton ami Thomas.

- Pas de soucis ce sera avec plaisir, il faudra juste nous donner la date pour qu’on s’organise. Il t’a dit quoi sur Thomas ?

- Que vous étiez ensemble, que vous vous connaissez depuis tout petit et aussi que je devrais dire oui devant le maire avant qu’il n’arrive, pour pas qu’il y ait de risques pour lui de repartir tout seul Hi ! Hi !

- (Amusé) Pff ! N’importe quoi !

- Camille m’a dit la même chose alors je commence à me poser des questions, il est aussi beau que ça ?

Mes yeux brillent comme à chaque fois qu’on me parle de « Thom ».

- Oh, pour ça oui !

Catherine sourit avec tendresse.

- Je vois que tout ce qu’il m’a dit sur vous deux ce n’est pas du chiqué. Tes yeux parlent pour toi, tu dois vraiment tenir beaucoup à lui n’est-ce pas ?

L’image de mon Thomas s’impose à moi et j’en ai un long frisson.

- Beaucoup oui et même beaucoup plus encore.

La porte qui s’ouvre derrière moi me fait me retourner, je vois arriver Patrice et Camille, tout sourire dès qu’ils nous voient eux aussi.

Je me lève d’un bond et vais serrer mon amie dans mes bras trop content de la revoir, puis j’en fais autant à Patrice qui me serre affectueusement contre lui en me faisant la bise.

- Tu m’as manqué « Flo ».

- A moi aussi tu sais.

- (Camille émue) Allons rejoindre « Cathy », nous discuterons plus tranquillement.

- Léonie n’a pas pu venir ?

Je vois les traits du visage de mes amis se tirer, j’appréhende une mauvaise nouvelle et je commence à trembler devant eux.

Ils s’en aperçoivent et m’entraînent doucement vers la table où nous attend Catherine qui n’a pas entendu ma question, mais qui a très bien vu que quelque chose ne tournait soudainement pas rond.

- (Catherine inquiète) Qu’est-ce qu’il se passe ? Florian est devenu tout blanc d’un seul coup.

D’une voix tremblante je demande.

- Il lui est arrivé quelque chose de grave ?

Patrice se veut rassurant.

- Non elle va bien, du moins je le pense mais elle ne travaille plus avec nous et n’est plus avec Camille non plus.

- Mais enfin pourquoi ?

- Comment te dire ça « Flo », je sais que tu l’aimes beaucoup mais elle a fait quelque chose d’impardonnable.

Je regarde Patrice dans les yeux qui détourne les siens gêné.

- Qu’est-ce qu’elle a fait ?

Patrice force son regard à plonger dans le mien.

- Elle t’a trahi « Flo ».

2eme année 1er semestre : (34/100) (Visite à un ami) (fin)

- Comment ça ??

Patrice explique à Florian tout ce qu’il connaît de l’histoire après avoir rencontré Maurice, le jeune rouquin n’en revient pas et reste consterné d’apprendre tout ça.

Catherine et Camille le réconfortent comme elles le peuvent en lui tenant la main par-dessus la table, malgré tout le jeune garçon ne va vraiment pas bien sans doute dû au fait que quelqu’un qu’il appréciait ait pu le tromper.

La joie d’être avec ses amis à complètement disparue de son visage, il ne lui faudrait pas grand-chose pour qu’il se lève et s’en aille séance tenante, Patrice s’en aperçoit et cherche à le raisonner.

- Tu sais « Flo » ça t’arrivera encore, dis-toi bien que ce n’est pas une raison pour en vouloir à ceux qui n’y sont pour rien. Léonie doit regretter son geste, sinon comment expliques-tu qu’elle ait tout révélé et surtout qu’elle ait démissionné de son poste ?

Je sais bien qu’il a raison mais jusque-là je n’avais jamais ressenti ce que je ressens en ce moment, une amertume énorme envers les gens qui sont capables de tels actes.

Vivre auprès de quelqu’un dans le seul but de le trahir, alors que la confiance devrait être le maître mot des relations entre les hommes.

Je me calme car je m’aperçois que je suis en train de gâcher nos retrouvailles, je prends la carte et je choisis le plat du jour, avant de m’excuser de mon manque de savoir vivre.

- Je fais un piètre convive vous ne trouvez pas ?

Camille avec le sourire.

- J’ai réagi pareil que toi quand je l’ai appris moi aussi, alors ne t’inquiète pas pour ça nous nous y attendions un peu.

- (Catherine) Profitons en plutôt pour faire plus ample connaissance Florian.

Patrice remarque un homme au fond du restaurant qu’il n’avait pas vu en entrant.

- Et puis je pense que d’ici peu tu vas avoir une autre surprise et cette fois je pense que ça va te faire plaisir.

- (Curieux) Ah oui ! Qu’est-ce que c’est ? Dis-moi ?

Patrice lui montre l’homme d’un geste de la tête.

- Demande-moi plutôt qui c’est ?

L’homme assez âgé qu’il montre à son ami en voyant le geste de Patrice, comprend que l’on parle de lui et se lève avec un petit sourire au coin des lèvres.

Depuis le laps de temps entre le moment où il est entré dans le restaurant et ce moment précis où il a vu Patrice indiquer sa présence à Florian, il a pu se faire enfin une idée plus précise du jeune homme aux cheveux roux et au visage marquant superbement toutes les expressions que reflète son esprit.

Ça fait déjà un bon moment qu’il attend avec impatience cette rencontre, c’est pourtant par un pur jeu du hasard qu’il se retrouve en sa présence.

Comme son bureau n’est pas loin d’ici, Maurice vient déjeuner dans cet endroit où il y a pris ses habitudes depuis qu’il a commencé sa longue carrière au service de l’état.

Il comprend que Patrice pour des raisons pratiques a dû donner rendez-vous au jeune homme dans ce même restaurant et il a eu le temps en les observant de se faire une idée de l’amitié qui le lie ainsi que Camille à Florian.

Florian scrute avec attention cet homme élégant à la chevelure poivre et sel et à la coupe militaire, il ne fait aucun doute pour lui de qui il est.

Aussi c’est avec empressement qu’il se lève et va à sa rencontre en lui tombant dans les bras et ce à l’immense surprise de l’homme, qui resserre en tremblant ses bras puissants autour de la taille fine du jeune homme.

Leurs regards ne se lâchent plus et les larmes d’émotions du plus jeune se mêlent à celles de son aîné qui n’en revient pas lui-même de se sentir aussi vulnérable en public alors qu’il se croyait endurci par tant d’années soumis aux plus rudes épreuves.

- (Maurice ému) Bonjour Florian, je te rencontre enfin et en plus par le plus grand des hasards.

- Bonjour Maurice, je peux t’appeler Maurice ?

- Bien sûr « Flo » ! Depuis que Philippe est venu me voir le premier jour pour me demander son aide, je te considère un peu comme quelqu’un de ma famille alors je suis heureux aujourd’hui de faire enfin ta connaissance.

Les larmes brouillent ma vision.

- Je ne saurais jamais te remercier de tout ce que tu as fait pour moi.

Maurice passe un doigt sous les yeux du garçon pour lui sécher ses larmes.

- Allons ! Tu ne vas pas pleurer tout de même ?

Ces paroles dites avec tant de gentillesse m’achèvent et je me pends à son cou en m’épanchant de plus bel sur son épaule.

Maurice après quelques secondes me repousse doucement, les yeux toujours brillants de l’énorme émotion qu’il ressent lui aussi au plus profond de son être et esquisse un sourire, en me disant d’une voix douce.

- Allons rejoindre tes amis, tu accepteras bien que je me joigne à votre table ?

Je renifle comme un gosse, ce qui agrandi encore plus son sourire bienveillant.

- Bien sûr !

2eme année 1er semestre : (35/100) (séance photos)

Cet après-midi-là Florian n’est pas prêt de l’oublier, après le repas ils ont tous été dans un parc et ont pu discuter à cœur ouvert.

Il a appris beaucoup de choses sur Philippe et l’exceptionnelle amitié qui les lie lui et Maurice, ainsi que tout ce qu’ils ont fait pour lui.

Quand ils se quittent, c’est avec encore une fois une grande émotion et la promesse de se revoir.

Catherine l’embrasse en lui faisant promettre également de ne pas les laisser sans nouvelles trop longtemps et c’est le cœur gros que Florian descend les quelques marches donnant accès à la station de métro pour rejoindre Thomas qui ne devrait plus tarder à terminer sa journée de travail.

Quand il arrive en vue de l’agence de la DBIFC, Yuan et Dante sont déjà là à l’attendre, ils lui font de grands signes de la main dès qu’ils l’aperçoivent.

Thomas arrive presque au même moment et les voilà tous les quatre repartis pour rejoindre le studio photo du copain de Dante.

Pendant le trajet chacun raconte sa journée et Florian sourit en apprenant que Chan a été ramené chez Yuan, qu’en ce moment il dort et qu’ils passeront la soirée ensemble.

Florian et Thomas ont quand même été surpris qu’on l’ait laissé sortir aussi facilement, mais Yuan leur a répondu que l’établissement où avait été emmené son cousin n’était pas en droit de le retenir contre son gré et qu’en plus en le voyant en aussi bonne forme, personne n’y a même pensé tellement ils étaient estomaqués de son si spectaculaire rétablissement.

Thomas en me dévisageant.

- Tu n’aurais pas utilisé une de tes potions miracles dont tu as le secret par hasard ?

- Une chance que j’en ai toujours sur moi.

- (Dante curieux) Fais voir ?

Je retourne mes poches en riant.

- Vu l’état de Chan, j’ai dû forcer la dose et je n’en ai plus Hi ! Hi !

- (Dante) C’est quoi au juste ?

Thomas connaît mon horreur du mensonge et répond donc à ma place.

- Un secret auquel Florian ne peut pas parler tant qu’il n’en aura pas déposé le brevet.

- (Dante) Qu’est-ce que tu attends pour le faire si c’est aussi génial que ça en a l’air ?

- Il faudra des années pour le tester et puis le principal c’est que Chan aille mieux, non ?

Dante les yeux brillants.

- Tu as raison.

Nous ne pouvons pas nous empêcher de rire à la façon dont il a prononcé sa phrase, la rougeur sur ses joues en nous entendant rire nous déchaîne encore plus et les passants autour de nous, nous regardent comme si nous étions des échappés de l’asile.

Nous arrivons à nous calmer et poursuivons notre chemin jusqu’à nous trouver devant une petite chapelle plutôt bien entretenue.

Dante, arrivé le premier devant la porte appuie sur le bouton de sonnette et attend qu’on nous ouvre avec une impatience de plus en plus visible.

Thomas remarque qu’un de ses lacets est défait, il se baisse pour en refaire le nœud pendant que la porte s’ouvre et qu’un jeune homme dans la fin de la vingtaine apparaît à nos yeux.

J’avoue que sa vue me donne un coup de chaud, il est grand, peau mate, les cheveux longs et surtout d’un physique et d’une beauté peu commune.

Il prend lui aussi le temps de nous détailler de la tête aux pieds avec un petit sourire amical et appréciateur.

Dante lui fait la bise et le garçon nous demande d’entrer d’une voix virile pleine de charme, c’est à ce moment-là que Thomas se relève et que notre hôte l’aperçoit.

Ses yeux se voilent un bref instant et son sourire devient plus éclatant encore, Thomas lui aussi est troublé en regardant le bel Eurasien.

Son regard cherche le mien et se rassure en le trouvant pétillant d’amusement, devant ses quelques secondes d’admiration qu’il a eu pour la plastique exceptionnelle du photographe.

Dante le visage transformé par la banane qu’il a en guise de sourire.

- Akira je te présente mes amis Yuan, Florian et Thomas.

Au fur et à mesure qu’il nous nomme, nous lui serrons la main qui est ferme mais non dénuée d’une certaine douceur.

Akira puisque c’est son prénom, nous fait entrer et referme la porte derrière lui, pour ensuite se tourner vers nous et de sa voix chaude, il s’adresse à celui qui nous a amené jusqu’ici.

- Tu m’avais prévenu mais pas suffisamment à mon sens et je m’en réjouis, je crois que je vais garder un souvenir très fort de cette séance photos. Bienvenu chez moi les gars et si vous le permettez, j’aimerais vous faire visiter en discutant avec vous de ce que vous recherchez exactement comme clichés afin de voir quel cadre vous irait le mieux.

2eme année 1er semestre : (36/100) (séance photos) (suite)

Je reste estomaqué par l’agencement réalisé dans cette chapelle, mon regard partout où il s’arrête ne trouve aucune faute de goûts.

Nous nous arrêtons dans une pièce remplie de miroirs et bien sûr nous lui posons la question, trop curieux d’en connaître l’utilité.

- (Yuan émerveillé) Wouah !!! C’est pourquoi faire toutes ces glaces ?

Akira en faisant un léger pas de danse.

- C’est pour l’entraînement de mon compagnon, il est danseur et chorégraphe alors comme ça il peut affiner ses gestuelles.

J’adore vraiment cet endroit.

- J’aimerais bien que tu nous prennes ici.

Je capte le sourire de Dante.

- Heu ! En photo je voulais dire.

- (Akira amusé) J’avais bien compris.

- Toi oui, mais l’autre obsédé s’imaginait déjà la grosse partouze Hi ! Hi !

Akira capte le regard de Dante et tourne aussitôt la tête.

- Humm ! Bon et bien c’est d’accord !! Je vais chercher mon matériel, pendant ce temps-là mettez-vous à l’aise et vous me direz quel genre de clichés vous voulez.

Nous nous regardons avec Thomas, la même lueur dans les yeux et je sais à quoi il pense, étant dans le même ordre d’idées que lui.

Le problème si c’en est un, est que nous ne sommes pas seuls et connaissant par cœur mon blondinet, je me dis que ce n’est pas que contre les yeux rouges qu’il faudra retoucher les photos.

Akira revient avec son matériel qui est incontestablement celui d’un professionnel averti.

Le temps qu’il mette tout en place en réglant les éclairages, il revient vers nous en nous interrogeant du regard.

- Alors quel genre avez-vous choisi ? Individuelles ? Groupe ?

- Heu ! Ce serait possible en couple mais sans faire la pose, enfin tu vois quoi ?

Akira visiblement satisfait de la demande du jeune rouquin.

- Ce sont celles que je préfère prendre, alors voilà comment nous allons procéder. Vous allez vous mettre ici et ensuite vous faites ce qui vous passe par la tête, je m’occupe de prendre ce qui me paraîtra le mieux.

Je prends Thomas par la main en le posant là où le photographe nous a indiqués.

Je sais exactement ce que je veux et pour ne pas aviver la timidité de Thomas, je ne lui en parle pas.

Quand Akira arme son objectif en nous faisant un signe de la main comme quoi il est prêt, je me lance à fond dans mon trip.

J’enlève d’abord mes chaussures et mes chaussettes en demandant à « Thom » d’en faire autant, une fois pieds nus nous nous avançons sur le tapis aux boucles blanches très épaisses et je commence à l’enlacer tendrement.

Un premier baiser sur les lèvres le fait vibrer, le second le laisse pantelant et le troisième lui fait complètement oublier où il est.

Je commence alors un effeuillage tout en sensualité sur son corps, ôtant un par un ses vêtements avec une lenteur électrisante qui met ses nerfs à rude épreuve.

Une fois torse nu, je me serre langoureusement contre lui en le caressant de telle façon que sa gorge laisse échapper des sons rauques qui ne me laissent pas indifférent.

À son tour il me déshabille, il y met tout autant de douceur et de passion que moi et d’un seul coup plus rien n’existe, nos corps s’appellent, se frottent, se caressent.

Nos lèvres se scellent, se mordillent et nos langues se mêlent dans un ballet qui nous déconnecte de la réalité.

Nous ne nous rendons pas compte du temps qui passe, nos pantalons volent dans la pièce sous les crépitements qui depuis quelques temps déjà ne cessent pas de résonner à nos oreilles.

Ma libido se déchaîne alors sans que plus rien ne puisse la stopper et Thomas est au diapason avec moi, nos corps se roulent enlacés sur l’épais tapis et notre amour atteint son apogée quand nous jouissons pressés l’un contre l’autre et ne faisant plus qu’un.

Le temps revient brusquement à la réalité, je me rappelle soudainement où nous sommes.

Mes yeux s’ouvrent et captent tout de suite l’état dans lequel sont les trois autres garçons, les pantalons déformés par l’énorme érection qui les a pris et leurs yeux injectés de sang du spectacle que nous leur avons donné.

Yuan a le visage cramoisi par l’excitation et Dante en est au même point, le pire je crois c’est Akira qui est toujours figé avec son appareil crépitant et qui nous regarde avec un ahurissement non feint, suite à la scène qu’il vient d’immortaliser par des centaines voire plus de clichés.

Thomas regarde avec stupeur l’état de son boxer où une énorme tâche lui mouille tout le devant, ne laissant aucun doute sur la cause et le faisant baisser les yeux honteux de s’être lâché devant tout le monde.

Pour moi les dégâts sont moins visibles mais j’ai un peu honte également d’avoir tout envoyé sur le tapis.

Un rire grave et prenant enfle dans la pièce, nous nous retournons tous pour regarder Akira qui en est l’auteur.

Celui-ci s’aperçoit que nos regards incrédules sont braqués sur lui et trouve la force de dire.

- Quand je vous ai demandé de vous lâcher et de faire ce qui vous passe par la tête et bien c’est sûr que je ne m’attendais pas à ça. Vous m’excuserez les gars mais là il faut que je vous laisse le temps d’aller me calmer.

Il nous quitte en se dirigeant assez précipitamment vers la salle de bains, le devant du pantalon toujours barré par son sexe bandé ne nous laissant peu de doute quant à ce qu’il s’apprête à faire pour se calmer.

2eme année 1er semestre : (37/100) (séance photos) (fin)

Ensuite c’est à notre tour d’aller prendre une douche et comme celle-ci nous ayant été gentiment proposée, c’est avec joie que nous l’avons acceptée.

Quand nous retournons auprès des autres, ils sont tous les trois installés devant l’ordinateur.

Akira crée plusieurs sous fichiers en triant les photos suivant s’il les trouve bonnes ou mauvaises, ou encore visibles pour tous ou plus « intimes ».

Thomas marche bizarrement, il est gêné sans son boxer qu’il n’a pas voulu remettre tant il était « humide » en fin de séance photo.

Akira est un hôte très sympathique, nous passons encore un bon moment tous ensemble avant que l’heure avancée nous fasse prendre conscience qu’il est temps de partir.

L’eurasien nous tend alors à Thomas et moi, chacun une petite clé USB où il a transféré les centaines de clichés pris dans l’après-midi.

- Tenez les gars ! C’est pour vous ! Je dois dire qu’il y en a de magnifiques, si vous repassez par ici je serai honoré de pouvoir refaire quelques séances avec vous. Commerciales celles-ci car je connais plus d’un magazine qui serait intéressé par votre « présence » et votre « charme ».

- Nous te devons combien ?

- (Akira sourit) Mais rien du tout ! J’ai pris un immense plaisir avec vous deux. De plus j’ai gardé quelques clichés pour les exposer dans une galerie, si vous êtes d’accord bien sûr.

Il nous les montre et je dois bien lui concéder qu’il est très bon dans son métier parce que les quelques photos qu’il nous présente sont d’une rare beauté, le rendu des sentiments au moment de la prise force le respect.

- (Thomas) Waouh ! J’adore celle-ci !

Akira se tourne vers lui.

- C’est la plus belle assurément, vous êtes très photogéniques individuellement mais ensemble il dégage de vous quelque chose de spécial et de sensuel.

Je hoche la tête en guise d’assentiment.

- C’est parce que nous nous aimons, ça se ressent sur l’image.

- (Akira rit) Que vous vous aimez, j’avais remarqué figurez-vous. Bon ! J’ai envie de vous faire plaisir les gars, donnez-moi votre adresse et je vous ferai parvenir cette magnifique photo en poster.

Je suis agréablement surpris de tant de gentillesse.

- Laisse-les à l’occasion à ton père pour qu’il me les donne.

- (Akira surpris) Tu connais mon père ?

- Bien sûr ! Jordan travaille au CHU et c’est là que je fais ma prépa de médecine, tu n’auras qu’à lui dire que c’est pour « Flo ».

- Ah ! Eh bien d’accord !

Il nous raccompagne jusqu’au pas de la porte et nous lui faisons la bise, il en est plutôt surpris mais comprend très vite que c’est sans arrière-pensée et il referme la porte derrière nous une fois nous avoir fait promettre une nouvelle fois de revenir à l’occasion.

Le retour à l’appartement nous semble extrêmement court tellement nous avons de choses à nous dire, sûr la séance photo évidemment avec les moqueries d’usage quant à la dernière partie.

Mais aussi sur la reprise des cours de fac pour moi et pour Yuan dès le lendemain et enfin sur comment nous allions retrouver Chan en rentrant à l’appart.

- (Yuan) Tu repars quand Florian ?

- Demain matin tôt, j’ai mon premier cours à dix heures.

- (Dante) Nous allons donc passer la soirée tous ensemble ? c’est cool !!

- (Thomas) Après ça va falloir que je me coltine l’hôtel, déjà que je ne vais plus voir Florian avant un bon bout de temps.

Je le regarde tristement.

- Tu ne repasses pas à Reims pour le week-end ?

- J’aimerais bien mais je ne voudrais pas déranger, déjà que cette semaine ce n’était pas prévu qu’on se voie.

- Mais ! Ou as-tu vu jouer que tu dérangeais quelqu’un toi ? Au contraire, Annie a le sourire jusqu’aux oreilles quand tu es à la maison. Je t’attends vendredi soir devant la gare et ce n’est même pas la peine d’essayer de discuter, c’est compris ?

Je mets mes poings sur mes hanches.

- Non mais !

Thomas a les yeux qui luisent.

- Si c’est un ordre, je m’y plierai donc.

Il imite mon geste.

- Non mais !!!

Tous deux nous nous regardons et éclatons de rires, Dante et Yuan sont derrière nous, ils se regardent amusés du spectacle que nous leur donnons en pleine rue.

Une fois à l’appartement, notre première préoccupation c’est d’aller voir comment se porte le cousin Chan.

Nous le trouvons endormi dans la chambre où Yuan et Dante ont passé la nuit, je remarque tout de suite qu’il va beaucoup mieux au teint de sa peau et au calme de sa respiration.

Nous ressortons sans faire de bruit et le laissons se reposer en allant nous enfermer dans la cuisine pour pouvoir discuter tranquillement sans prendre le risque de le réveiller, mais aussi par la même occasion pour préparer le repas.

Yuan s’adresse alors à Thomas.

- Dis-moi « Thom » ? C’est quoi cette histoire d’hôtel ? J’espère que tu ne parles pas sérieusement de ça tant que tu es sur Paris, sinon on ne va plus être copains crois-moi !

- (Thomas) Mais ! Florian ne sera plus là.

- (Yuan surpris) Et alors ! Tu crois que je t’invite simplement quand il y a Florian ? Je crois bien que tu as raté quelque chose si c’est vraiment ce que tu penses de moi.

- (Thomas) Je me suis mal fait comprendre, ce n’est pas ce que je voulais dire. En fait c’est pour qu’il n’y ait pas d’ambiguïté entre toi et moi, tu sais très bien qu’il ne pourra rien arriver entre nous si « Flo » n’est pas là et donc je me disais qu’il ne serait pas bien de ma part de t’imposer ma présence.

Yuan choquer élève alors la voix.

- Dis donc toi ! Tu insinues quoi en ce moment ? Qu’il n’y a que le cul qui m’attire avec toi ?

Thomas se sent perdu dans ses explications.

- Mais non ! Ne te fâche pas « Yu ».

Yuan baisse d’un ton mais reste crispé.

- Je ne me fâche pas, je suis simplement déçu que tu penses ça de moi. Oui je t’aime beaucoup ! Oui j’ai envie comme je te l’ai déjà dit qu’on soit plus qu’amis ! Et oui j’aime aussi Florian ! Mais non ! Je ne pense pas qu’au cul avec toi et j’aimerais bien que tu te sentes chez toi ici, que tu n’hésites pas à y venir vivre quand tu seras sur Paris.

Yuan est tellement énervé qu’il en revient à sa langue maternelle, je l’attrape par le bras et j’essaie de le calmer en lui parlant également dans sa langue.

Dante nous écoute et regarde Thomas n’en croyant pas ses oreilles, il s’approche de lui et lui dit tout bas.

- Je ne sais pas si tu comprends quelque chose mais pour moi tout ça c’est du chinois !

- (Thomas amusé) Pour eux aussi Hi ! Hi !

2eme année 1er semestre : (38/100) (Paris/Reims)

Grégory rentre ce soir-là sans faire de bruit du fait qu’il est déjà très tard et qu’il ne veut surtout pas réveiller ses chéris qui d’après leurs emplois du temps reprennent tôt ce matin-là.

Il fait un saut dans la cuisine histoire de boire un coup et passe ensuite par la salle de bains prendre une bonne douche malgré qu’il en ait pris une avant de quitter le boulot, mais l’odeur de fumée qui lui imprégnait le corps reste tenace aussi préfère-t-il s’en débarrasser avant de se coucher.

Il se savonne copieusement en se relaxant un moment sous le jet brûlant qui lui fait un bien fou.

En arrivant sur ses parties intimes qu’il nettoie méticuleusement, celles-ci lui envoient un appel qu’il connaît bien en s’érigeant de la plus belle des façons.

Un instant il se pose la question, solo ou trio ? La réponse se lit sur son visage au vu du regard gourmand qu’il lance en direction de la chambre.

Donc la solution retenue sans trop insister d’ailleurs est de rejoindre le petit couple endormi et de les amener dans un état d’excitation tel que quand ils se rendront compte de ce qu’il se passe, ce sera à son tour d’avoir droit au câlin et au reste.

Il n’a pas fait son choix quant au rôle qui sera le sien et laisse la décision à Julien en salivant d’avance du plaisir que de toute façon il va prendre.

Il sort de la douche en soupirant, se positionne devant la glace pour se sécher et s’admirer, le reflet lui renvoie la vue d’un jeune homme aux pectoraux dessinés et au corps bronzé, qu’il trouve sans fausse modestie plus que pas mal.

Une petite fausse note qu’il corrige vite fait d’un petit coup de tondeuse qu’il mène avec dextérité et qui raccourcit en délimitant le contour de ses poils pubiens en lui dégageant bien le sexe, qui lui donne alors l’impression d’être encore plus volumineux qu’avant.

Il caresse ensuite la peau toute douce libérée de ses poils et d’un sourire satisfait, il sort de la salle d’eau pour rentrer dans sa chambre.

L’odeur bien fraîche de la pièce lui fait comprendre qu’ils n’avaient soit pas envie de faire des galipettes, ou alors qu’ils ont préféré l’attendre en s’endormant en route.

Son sourire se renforce encore plus du fait qu’il est quasiment certain que c’est la deuxième raison la bonne.

Il commence à percevoir les silhouettes endormies sur le lit, un sourire coquin remplace très vite celui de satisfaction qu’il avait précédemment.

Maxime se dirige alors à pas de loup jusqu’au pied du lit et soulève doucement la couette, le couple est endormi sur le dos les jambes semi-écartées ce qui pense-t-il alors va bien lui faciliter la tâche.

Il entre ensuite son corps doucement à l’intérieur du lit et sa tête arrive très vite à la hauteur des deux sous-vêtements, petite culotte en soie pour Émilie et caleçon bien échancré pour Julien.

Sa bouche vient se coller doucement sur la partie soyeuse au-dessous du renflement du pubis de la jeune femme et sa main visite l’échancrure du sous-vêtement de Julien, pendant qu’il respire l’odeur enivrante du sexe féminin ses doigts caressent celui au repos de son ami.

Il alterne alors pendant quelques minutes entre sa bouche et ses mains pour finir par arriver à ce qu’il cherche depuis la sortie de la douche, en les voyant se tortiller de plus en plus sous l’excitation qui les gagne.

Pendant toute la durée de ce petit exercice, son sexe a pris la dureté d’un morceau de bois et commence à lui demander lui aussi sa ration de plaisir.

Pour le faire patienter encore un peu, Maxime se frotte sur le drap suffisamment fort pour ressentir les frissons de bien-être tout en faisant attention à ne pas déclencher sa jouissance qu’il sent à fleur de peau.

Comprenant qu’Émilie ne dort plus, Maxime croche le petit carré de soie et l’ôte rapidement puis remonte avec une lenteur extrême sur le corps de sa chérie en la couvrant de petits bisous qui la font onduler et s’impatienter car elle n’attend plus qu’à le recevoir en elle.

Commence alors un ballet tout en douceur mélangeant les baisers enfiévrés et les va et vient puissants, ce petit jeu les mène vite à moins de discrétion et finit par réveiller Julien.

Il ne lui faut pas longtemps pour en comprendre le pourquoi et c’est avec un petit sourire carnassier qu’il se redresse et passe derrière son copain pour lui prendre les hanches et lui faire subir le même plaisir qu’il donne à Émilie.

L’odeur de frais que Maxime avait remarquée en entrant dans la chambre est maintenant remplacée par une forte odeur de musc et de transpiration, ils n’en ont cure et se câlinent sensuellement en appréciant à sa juste valeur la chance de s’être rencontré et de vivre aussi intensément leurs amours.

2eme année 1er semestre : (39/100) (Thillois)

Carole aide Fabienne à la cuisine pour la préparation du dîner, la femme et la jeune fille s’entendent à merveille et Fabienne qui avait au début un peu paniqué à l’idée d’avoir des pensionnaires à l’année, s’en réjouit maintenant en se demandant quel vide ce sera quand ils ne seront plus là.

Carole est toute heureuse, demain c’est la reprise des cours et elle va pouvoir passer encore plus de temps avec Flavien, elle apprécie le grand blond de plus en plus et ne rêve plus que d’une chose, vivre avec lui.

Il lui a fait visiter la veille la nouvelle chambre qu’il a chez Mireille, elle croyait bien qu’il lui aurait demandé de la partager avec lui mais il n’en a rien fait, sans doute trouve-t-il à juste titre que ça fait déjà beaucoup de monde pour la vieille dame qui pourtant lui a paru d’une santé et d’une vivacité exceptionnelle pour son âge.

Un bruit dans le couloir leur fait lever le nez de leur préparation culinaire, son frère apparaît dans l’encadrement de la porte avec un sourire type banane et les yeux pétillants la joie de vivre.

Il lui ressemble beaucoup ce qui parait évidant puisqu’ils sont jumeaux, mêmes tailles, mêmes yeux bleus et mêmes cheveux blonds coupés court.

La grande différence est bien sûr située au niveau de la poitrine que Carole a très pulpeuse et des hanches que Sébastien a plutôt fines alors qu’elle les a plus fortement charpentées au vu du rôle qu’elle aura à jouer d’engendrer une descendance.

Sébastien en humant l’air.

- Hum ! Ça sent bon par ici !

Fabienne avec un petit rire.

- Ce n’est pas encore l’heure de se mettre à table.

Sébastien s’approche de sa sœur et lui glisse à l’oreille.

- Tu me fais goûter ?

Carole se tourne vers son frère et le fixe d’un œil attendri.

- C’est plus fort que toi hein ? Tu ne peux pas attendre.

- S’il te plaît petite sœur ! Juste un petit morceau pour me mettre en appétit.

Carole lui met une petite tape sur la main qu’elle lui voyait tendre vers la table.

- Pas touche ! Tu peux bien attendre comme tout le monde.

- Aïe !!! Moi qui voulais te faire plaisir en t’annonçant une bonne nouvelle !

Carole rit de bon cœur devant la mine faussement contrite de son frère.

- Tss !!! N’essaie pas de m’amadouer avec de belles paroles.

- Ah ! Dommage alors, je reviens de chez Flavien et nous avons discuté de toi avec Mireille.

Carole subitement intéressée.

- Et alors ? Vous avez dit quoi ?

Sébastien regarde le talon du pâté croûte avec envie.

- Je ne te dirai rien puisque tu veux me laisser mourir de faim.

Fabienne les écoute depuis tout à l'heure et rit aux éclats.

- Donne-le-lui sinon il va te laisser mariner jusqu’à ce soir.

Carole hésite entre céder à son frère ou attendre qu’il parle quand même, elle le connaît bien et sait pertinemment que de toute façon il meurt d’envie de le lui dire, seulement le garçon connaît aussi très bien sa sœur et commence à faire mine de s’en aller malgré l’envie qui le démange de lui annoncer ce qu’il sait être pour elle une très bonne surprise.

C’est Sylvain qui lui coupe l’herbe sous le pied en déboulant dans la cuisine et en la prenant par la taille.

- Alors ma grande ? Tu n’as pas encore fait tes valises ?

- (Carole surprise) De quoi ? Quelles valises ?

- Sébastien ne t’a pas encore dit ? Pourtant il était parti en courant pour te l’annoncer avant moi et aussi pour voir la tête que tu ferais.

Il voit le plat sur la table et saute sans rien demander sur ce que convoite Sébastien depuis son arrivée et qui lui a fait retarder le fait de tout dire à sa sœur.

- Miam !! C’est toi qui l’as fait m’man ? Il est super-bon

Les deux femmes voient la tête de Sébastien et s’écroulent de rires.

- (Sylvain surpris) Eh bien quoi ? Qu’est-ce que j’ai encore dit de si drôle ?

Fabienne s’essuie les yeux et tourne le plat en montrant l’autre talon à Sébastien.

- Allez ! Prends-le, avant que mon goinfre de fils ne s’en charge.

Un sourire de reconnaissance du ventre illumine le visage du blondinet qui ne se le fait pas dire deux fois et qui à son tour saute sur le plat pour y mettre dans sa bouche avec délectation le fruit de son envie.

- Miam ! C’est vrai qu’il est délicieux.

Fabienne revient au sujet précédent.

- C’est quoi cette histoire de valises ? Expliquez-nous ça maintenant.

Sylvain va pour prendre la parole quand il en est empêché par son copain qui lui met la main devant la bouche en l’entraînant hors de la cuisine.

- Chut ! Ne dis plus un mot ! Ma très chère sœur voulait me faire mourir de faim, alors elle attendra après le dîner pour savoir ce qu’il en est Hi ! Hi !

2eme année 1er semestre : (40/100) (Orléans)

Henriette rentre avec ses courses en mains et s’étonne du silence régnant dans l’appartement, elle va déposer ses paquets sur la table de la cuisine et repart voir où sont les garçons.

Elle ouvre d’abord la porte de la chambre de Ludovic et la trouve vide, elle va donc frapper discrètement à celle d’Arnault.

- Oui ?

- C’est moi, je peux entrer ?

- Bien sûr !

Elle ouvre la porte et découvre les deux garçons attablés devant le bureau, avec un jeu d’échec entre eux deux.

- Je n’entendais pas de bruits alors je me demandais quoi, tu as des nouvelles de ton père ?

- (Arnault) Oui il m’a téléphoné tantôt, il est bien rentré et il vous remercie de votre accueil.

- (Henriette) Mais c’est tout naturel, j’espère que Ludovic ne t’embête pas trop ?

- Non ! Au contraire ! Il a vu que j’étais stressé pour demain, il est venu me changer les idées en me proposant de jouer aux échecs avec lui.

- Ah ! C’est bien alors, je prépare le dîner et dès que Bastien rentre, nous nous mettrons à table. Comme ça, tu pourras te coucher pas trop tard si tu veux !! J’étais toujours nerveuse quand je reprenais les cours à chaque rentrée, alors je sais ce que tu ressens.

- (Arnault) Ce n’est pas trop la reprise des cours qui me gêne, mais plutôt de ne connaître personne.

- Bah ! Tu ne seras pas le seul, il y a beaucoup de jeunes comme toi qui viennent de loin alors c’est l’histoire que de quelques jours et après ça ira mieux. Alexie t’a dit s’il venait ce soir ou pas ? Que je sache pour préparer le manger.

- Il vient oui, juste après ses cours. Vers dix-sept heures je crois.

- (Henriette curieuse) Vous avez l’air de bien vous entendre tous les trois avec Marc ?

- (Ludovic) Tous les quatre m’man ! Moi aussi je m’entends bien avec eux tu sais.

- (Henriette amusée) Excuse-moi mon fils, j’avais oublié de te compter dedans.

Elle repart dans sa cuisine et commence à ranger ses courses, elle sourit aux paroles de son plus jeune fils car sa question n’avait certainement pas le même sens que lui l’a interprété.

Depuis deux semaines qu’ils sont rentrés de Nantes, elle s’est bien rendue compte que la relation qu’ils ont entre son neveu, Marc et Arnault n’est certainement pas qu’amicale.

Elle en a parlé à Anne sa sœur qui elle aussi s’était fait cette même réflexion et même si l’idée les a surprises, force est de constater qu’elles ne doivent pas s’être trompées.

Alexie est aussi présent chez eux que quand Marc y était et il se comporte pareil avec Arnault, ce qu’elle s’est promise d’éclaircir très rapidement tellement sa curiosité est mise à rude épreuve.

Son neveu ne tarde d’ailleurs pas à arriver, il fait une bise à sa tante et rejoint presque aussitôt les deux garçons dans la chambre.

- Salut vous deux !

Ludovic lui saute dans les bras.

- Salut « Alex »

Le jeune homme embrasse son cousin et le repose au sol, il tourne son visage vers Arnault qui lui renvoie son sourire.

Ludovic les regarde un instant et soupire avant de se diriger vers la porte. Arnault voit son geste et lui demande surpris.

- Tu vas où « Ludo » ?

- Je retourne dans ma chambre, pourquoi ?

- On ne te chasse pas tu sais ?

- (Ludovic) Je le sais bien mais je comprends aussi que vous avez besoin d’être un peu seul tous les deux, je n’aimerais pas que quelqu’un reste planter dans ma chambre quand je suis avec « Mel ».

Le petit blond leurs fait un grand sourire accompagné d’un gros clin d’œil et sort de la chambre en refermant la porte derrière lui, laissant les deux grands estomaqués par ses paroles.

Alexie après un moment de réflexion.

- Tu crois qu’il se doute de quelque chose ?

- (Arnault) Il est très intelligent pour son âge tu sais, alors il n’y aurait rien d’étonnant à ça.

- Je l’adore mon cousin, il a déjà quasiment un raisonnement d’adulte.

Arnault détaille avec un sourire amoureux le beau gosse qui se tient tout près de lui.

- Alors « ma couille » ? Je n’ai pas le droit aux bisous moi ?

Alexie les yeux brillants.

- Hum !! Tu as eu l’autorisation de mon homme ?

Arnault le fixe et voit son trouble comme à chaque fois que ses yeux se perdent dans les siens.

- Ton homme ?

Alexie se sachant vaincu d’avance.

- Notre homme alors ?

Arnault s’approche et l’enlace, en amenant ses lèvres près des siennes.

- Oui, notre homme et donc je suis aussi le tien comme tu es également le mien.

Alexie fait le dernier geste qui fait entrer leurs bouches en contact étroit, il lui donne un petit bisou et en se décollant légèrement d’Arnault.

- Hum ! C’est pourtant vrai, je t’aime aussi fort que « Marco »

- Moi aussi je t’aime aussi fort « Alex »

Les deux garçons se rapprochent alors pour se donner cette fois un vrai baiser passionné où leurs langues ne tardent pas à être mises de la partie et où leurs cœurs s’emballent à l’unisson dans un émoi partagé.

2eme année 1er semestre : (41/100) (Paris) (Chan/Yuan) (suite)

Ce sont des rires joyeux venant depuis la pièce d’à côté qui réveillent Chan, il commence par se demander où il est et il finit par reconnaître la chambre où il se trouve toujours allongé comme étant celle de Yuan.

Plusieurs choses lui viennent en même temps à l’esprit, que fait-il ici, qui l’a amené et enfin pourquoi se sentir aussi en forme alors que les quelques bribes de souvenirs qui lui viennent, lui rappellent combien il était mal dans sa peau et dépendant de la cocaïne.

Apparemment les dernières heures qu'il a vécues sont occultées par son esprit et ses souvenirs ne lui reviennent que par flashs, d'où son étonnement et ses questionnements qu'il se pose.

Il met un pied à terre et en éprouve la solidité, ayant encore l’appréhension de son corps affaibli se traînant minablement au travers de son appartement.

Le constat est plutôt rassurant aussi pose-t-il le second et se lève-t-il en se maintenant néanmoins par sécurité d’une main ferme au montant du lit.

Les rires continuent d’arriver à ses oreilles, l’incompréhension qu’il a de se retrouver chez son cousin et surtout en si bonne forme, lui fait complètement oublier son état vestimentaire assez restreint.

Chan sort d’une démarche encore hésitante, à la rencontre des voix joyeuses qui s’esclaffent dans le salon depuis son réveil.

Yuan s’essuie les yeux et Dante sort des toilettes où il a dû se rendre vite fait avant de s’oublier dans son pantalon, tellement les imitations de Florian d’un de ses chanteurs préférés lui ont semblé d'une drôlerie à couper le souffle.

Thomas quoique habitué depuis le temps, n’arrive guère mieux à se retenir et voyant la place se libérer, fonce lui aussi soulager sa vessie qui l’élance et le titille depuis déjà un moment.

Florian déchaîné s’agenouille et mime un solo de guitare électrique complètement déjanté qui plie en deux Yuan sous la douleur de ses abdominaux contractés par le fou rire.

Chan regarde le spectacle complètement éberlué et commence-lui aussi à ressentir les appels nerveux de son cerveau qui le font s’esclaffer à son tour, devant le déchaînement clownesque du rouquin à la voix de fausset qui massacre sans vergogne un tube planétaire du King.

C’est Thomas en revenant des toilettes, qui remarque le premier le jeune homme debout dans l’angle du couloir en mini-slip pour tout vêtement et qui comme les autres est subjugué, écroulé de rires par l’asticot qui se démène toujours dans son imitation survoltée.

Yuan à son tour s’aperçoit de sa présence, il pousse alors un petit cri de surprise qui stoppe aussitôt le spectacle en live et fait se diriger tous les regards vers le jeune homme quasiment nu, qui rit encore bien qu’il n’est plus que le seul à le faire.

- Chan !!!!

Yuan se précipite sur son cousin et vient le prendre dans ses bras pour ensuite l’amener s’asseoir sur le canapé.

Bientôt rejoint par Dante qui depuis qu’il s’est aperçu de sa présence, ne décroche plus son regard du garçon.

- (Yuan protecteur) Ça va Chan ? Il y a longtemps que tu es réveillé ?

Chan a toujours les yeux rivés sur Florian, ses larmes finissent par s’arrêter de couler en même temps que son rire convulsif s’estompe lui aussi.

Il finit par se calmer complètement et par se tourner vers son cousin en s’essuyant les joues.

Il enchaîne ce dernier geste avec un grand sourire, portant ensuite un regard étonné dans la pièce pour se figer un bref instant en regardant les trois garçons.

Il a un vague souvenir de déjà vu, tout du moins pour deux d’entre eux car le troisième ne lui dit absolument rien sinon c’est sûr qu’il s’en rappellerait.

Ceux-ci s’apercevant de son air perdu, lui laissent le temps de reprendre ses esprits et se contentent de lui sourire en se laissant détailler des pieds à la tête.

Chan a le visage tourné vers Florian, il lui adresse un sourire non-empreint de l’envie de rire à se rappeler la petite scène auquel il vient d’assister.

Il le trouve super-cool mais surtout des plus drôle qu’il soit et son cœur l’accepte déjà volontiers parmi ses futurs amis.

Un quart de tour vers la droite et son regard tombe sur Thomas, la vue du grand blond lui donne un frisson tellement il le trouve beau gosse et c’est timidement qu’il lui adresse un sourire avant de se tourner vers le troisième garçon.

Celui-ci se tient sur le canapé tout près de lui et quand ses yeux captent le jeune homme, son cœur fait un bond dans sa poitrine, sa respiration se bloquant d’un coup.

Dante en est au même point quand ses yeux croisent également ceux du jeune Eurasien, déjà que lors de la première vision qu’il en a eue quand il était dans sa chambre d’hôpital ça avait été un choc pour lui.

Mais là c’est encore pire, le garçon devant lui a un tout autre aspect et sa bonne mine manifeste ainsi que son corps finement musclé dont la tenue light ne cache rien ou presque, font frémir le jeune libraire qui n’arrive pas à reprendre sur lui pour se détacher de son état d’hébétude actuel.

C’est Yuan qui bouge le premier, il a remarqué bien sûr l’intérêt réciproque que se portent les deux garçons.

Il en est content pour son ami Dante, s’il s’était bien aperçu de l’attrait que son cousin avait eu sur lui, il ne restait plus qu’à se rendre compte si ça serait réciproque ce qui apparemment est bien le cas.

- Comment tu te sens cousin ?

Chan sans lâcher des yeux Dante.

- Bien, pourquoi ?

- (Yuan ahuri) Pourquoi ??? Tu oses me demander pourquoi, alors que depuis deux jours je ne vis plus en me demandant ce qu’il t’est arrivé et si tu allais t’en sortir !!! Je trouve que tu ne manques pas de culot à me demander pourquoi.

2eme année 1er semestre : (42/100) (Paris) (Chan/Yuan) (suite)

Chan sous les reproches de son cousin, détache ses yeux de ceux de Dante en baissant la tête.

- C’est trop compliqué, tu ne comprendrais pas de toute façon.

- Essaye de m’expliquer, je verrai bien si c’est aussi difficile à comprendre que tu le dis.

Chan emploie sa langue maternelle pour que ça reste entre lui et son cousin, Yuan s’enfonce confortablement dans le canapé pour lui faire comprendre qu’il est prêt à tout entendre.

Pendant ce temps-là Thomas fait signe à Dante et à Florian de les laisser un peu seul, ils s’assoient alors tranquillement dans la cuisine en terminant la préparation du dîner prévu pour le soir pendant que les deux cousins s’expliquent.

- (Yuan) Alors ?

- (Chan confus) Je ne sais pas par où commencer.

Yuan avec un petit sourire d’encouragement.

- Par le début ça m’ira très bien.

Chan soupire, jette un petit coup d’œil vers les trois garçons installés dans la cuisine.

- C’est qui eux ? Enfin je veux dire pour toi ?

- Des amis, mais ne change pas de sujet s’il te plaît !! Quand as-tu commencé à aller mal ?

- En début d’année je crois, je me sentais seul et tu ne voulais pas venir, tu te rappelles ?

Yuan mal à l’aise.

- Tu connaissais mes raisons, non ?

Chan le regarde troublé.

- Oui bien sûr, mais pourquoi es-tu là alors ?

- Parce que mes raisons n’ont plus lieu d’être et que je suis inscrit en fac à Paris maintenant.

Chan avec un grand sourire.

- C’est vrai ?

- Si je te le dis !

- Ouah ! Et ton eczéma ?

Yuan jette un coup d’œil rapide vers Florian.

- Guéri ! Complètement et donc du coup j’ai décidé de reprendre ma vie en main, mais tu détournes la conversation encore une fois-là ? Qu’est ce qui t’est arrivé pour t’être mis dans un tel bordel ?

- Comme je te le disais, je me sentais seul et avec personne de ma famille près de moi. J’ai voulu sortir un peu le soir et je suis allé me balader dans le Paris de la nuit, j’y ai rencontré des gens que j’ai d’abord pris pour des amis et qui m’ont entraîné petit à petit dans la drogue. Au début c’était juste pour rire un peu plus et puis au fur et à mesure j’en ai eu de plus en plus besoin, j’étais toujours aussi seul et ceux que j’avais pris pour des amis, m’ont finalement laissé tomber non sans m’avoir rendu accro à la cocaïne. J’ai commencé à plonger de plus en plus loin et même mon travail ne me disait plus rien, il m’en fallait chaque jour plus et quand tu es arrivé… et bien, il était temps je crois.

Yuan a jusque-là écouté sans rien dire, ce qui est arrivé à son cousin l’étonne quand même beaucoup car il a tout pour plaire.

Il ne comprend vraiment pas pourquoi il est resté seul depuis ses deux années où il ne l’a plus revu.

- Tu n’as vraiment pas d’amis ?

- Eh bien non comme je te l’ai dit.

- Pourtant je ne comprends pas ! Tu es normalement constitué, sympathique et plutôt beau mec je dirais même, tu aurais dû avoir une copine ou des copains avec qui passer tes week-ends pour te changer du boulot.

- C’est aussi comme ça que je voyais les choses tu sais ? Mais voilà tout à chiotter, mais maintenant c’est terminé et tu seras là maintenant, pas vrai ?

- Bien sûr que je serai là !

Yuan jette un coup d’œil rapide sur Dante.

- Et pas que moi tu verras !

Chan suit le regard de son cousin et comprend que celui-ci s’est rendu compte de son trouble de tout à l’heure, il pousse un profond soupire.

- C’était aussi ça mon problème.

Un assez long silence.

- Comment tu as su ?

Yuan qui ne pensait pas vraiment à ça, s’étonne de sa question.

- Que j’ai su quoi ?

Chan en s’empourprant jusqu’aux oreilles.

- Non, rien ! Je croyais que…. Laisse tomber ce sont des conneries.

Yuan capte le trouble de son cousin et les petits regards furtifs qu’il envoie de temps en temps vers Dante, il comprend alors ce qui trouble Chan et sourit.

- C’est un beau garçon, non ?

Chan répond sans réfléchir.

- Oh oui ! Si seulement….

S’apercevant de ce qu’il vient d’avouer implicitement à son cousin, Chan commence à trembler et ne plus savoir quelle discourt tenir face à lui.

Avouer ce qui le terrorise depuis deux ans, depuis qu’il s’est rendu compte de son attirance pour les garçons et son manque manifeste d’intérêt pour les filles.

Yuan ne voulant pas être cruel avec son cousin.

- Je crois que tu as tes chances.

Chan se tourne brusquement vers lui, le cœur battant à tout rompre.

- Tu crois vraiment ?

- (Yuan) J’en suis sûr, maintenant tu dois savoir quelque chose qui peut avoir de l’importance pour la suite. J’aime moi aussi un garçon, pas depuis longtemps et pour l’instant ça reste platonique, mais je lui en ai déjà parlé et il éprouve lui aussi quelque chose de fort pour moi.

Chan est captivé par les paroles de son parent.

- Pas possible !! Je suis sur le cul là !! Et je le connais ?

- Disons que tu viens de faire sa connaissance.

Florian redresse légèrement la tête, visiblement captivé par la conversation des deux cousins qui parlent suffisamment fort pour qu’il entende parfaitement et le fait qu’ils s’expriment dans leurs langues natales ne le gêne bien sûr en aucune façon.

Si Yuan parle aussi distinctement, c’est que justement il veut que Florian soit au courant et celui-ci ne se sent donc pas indiscret à suivre leur discussion.

2eme année 1er semestre : (43/100) (Reims)

- Salut !

Baptiste sursaute alors qu’Anthony sourit, du fait qu’il l’a entendu venir.

- (Anthony) Salut Damien !

- Wouah ! Tu es trop fort toi !

- Je t’ai entendu arriver, tu es tout seul ?

- Oui, mon frère est encore au bahut et je vous ai vus installés sur le banc alors je viens vous faire un petit coucou, ça va ?

- (Baptiste) À part que tu m’as foutu la trouille, sinon oui.

- Excuse-moi, tu n’as pas cours ?

- Si ! J’ai gymnastique le mercredi mais j’ai séché pour rester avec mon frère.

- C’est cool ça !

Anthony le gronde gentiment.

- Ne va pas lui dire ça alors que je viens justement de lui dire le contraire.

- Ah ! Je comprends, toi tu n’as pas cours ?

- Je reprends la fac demain comme tout le monde.

- (Damien curieux) Tu vas où ?

- Fac de droit, c’est ma deuxième année.

- J’ai un pote qui y est également, tu le connais peut-être !! Il s’appelle Sylvain, c’est un grand brun coupé court aux yeux verts.

- (Anthony) C’est sûr que décrit comme ça, je ne peux pas le rater Hi ! Hi !

Damien qui comprend sa boulette, devient rouge de confusion.

- Excuse-moi, j’ai complètement oublié que tu ne voyais pas.

- Pas grave, au contraire même.

- Comment ça ?

- Ça prouve que tu me considères comme un gars normal et j’apprécie vraiment beaucoup, je crois le connaître ou tout du moins savoir qui c’est. Je suis souvent à la même table que lui le midi et il nous arrive de discuter un peu, si c’est bien du même dont il est question bien sûr.

- Faudra que je lui demande alors.

- Si c’est lui, il me le dira.

Baptiste glisse mine de rien, du moins le croit-il.

- Et Florian ? Il va dans quelle fac ?

- Médecine ! Et c’est un bon dans ce domaine, c’est même le meilleur.

Anthony amusé du trouble marquant la voix de son frère.

- Il n’est toujours pas rentré ?

- Demain ! Il est à Paris en ce moment, chez un ami à lui avec « Thom-Thom ».

- (Baptiste curieux) C’est qui « Thom-Thom » ?

- (Damien) Son copain.

Anthony sent la crispation du corps de son frère contre lui.

- À la façon dont tu dis ça, on dirait qu’il est plus qu’un copain.

- Son petit copain si tu préfères, ils sont inséparables.

Damien se rend compte de ce qu’il vient de dire, il vient d’avouer à deux garçons qu’il ne connaît pas vraiment les sentiments de Florian envers un autre garçon et il s’en mord maintenant les doigts en espérant ne pas avoir fait une connerie.

- Heu ! Je n’aurais peut-être pas dû vous dire ça, j’espère que ça ne vous choque pas ?

- (Anthony sincère) Pourquoi voudrais-tu que ça nous choque ?

- (Damien confus) Les gens n’accepte pas forcément quand deux garçons sont ensemble.

- Il y a des imbéciles partout, pour ma part je n’y vois rien à redire.

Damien se tourne alors vers Baptiste.

- Et pour toi ?

Baptiste ravale son amertume et sourit malgré tout.

- Je pense comme « Tony » et puis chacun est libre de mener sa vie comme il le veut.

Damien se sent en confiance avec eux.

- Moi aussi j’ai un copain, c’est le cousin de Thomas et il lui ressemble comme deux gouttes d’eau.

Baptiste se rappelle d’un truc et veut en avoir le cœur net.

- Ce ne serait pas un grand blond bouclé son copain ?

- Tu connais Thomas ?

Baptiste désabusé car il ne s’en rappelle que trop bien, il comprend aussi qu’il n’a absolument aucune chance contre ce garçon qu’il a croisé à plusieurs reprises et qui lui a fait une telle impression qu’à l’instar de Florian, il le voit souvent également dans ses moments intimes où il se donne du plaisir.

- Non hélas !

Damien est surpris de sa réponse, il comprend d’un coup l’intérêt du garçon pour Florian et maintenant pour Thomas et ne peut s’empêcher d’avoir pour lui un pincement au cœur en voyant son visage se rembrunir.

- Tu sais ils font ça à tout le monde, ils n’y peuvent rien et toi non plus.

Baptiste se lève et part sans rien dire en laissant son grand frère seul avec Damien, Anthony a la gorge qui se serre en comprenant la tristesse de son frère.

- (Damien) Il n’a pas l’air d’aller bien, qu’est-ce qu’il a ?

- Il vient juste de connaître son premier chagrin d’amour.

2eme année 1er semestre : (44/100) (Paris) (Chan/Yuan) (suite)

Chan dévisage une nouvelle fois les garçons dans la cuisine occupés à préparer le repas, enfin surtout le grand blond et le petit brun, du fait que le rouquin est assis en semblant rêvasser depuis qu’il discute avec son cousin.

Lequel des deux garçons intéresse Yuan ? D’office il a mis de côté celui qui lui plaît déjà beaucoup.

Suite à la conversation qu’il vient d’avoir avec son cousin, il paraît évident que ça ne le concerne pas et Chan s’en réjouit parce que ça lui laisse une chance, infime soit elle.

Le grand blond aux cheveux bouclés l’impressionne énormément, son physique sans défaut en fait un garçon digne d‘être en couverture des meilleurs journaux « peoples ».

Le dernier des trois n’est autre que le jeune rouquin qui lui amène le sourire rien qu’à le regarder, en effet sa dégaine atypique l’attire sans qu’il n’y puisse rien faire pour s’en empêcher.

- Lequel c’est dis-moi ? Je t’avouerai que s’il n’y avait pas…. Enfin tu vois qui !!! J’aurai bien du mal à choisir entre les deux, le grand blond est sûrement le plus beau mec que je n’ai jamais rencontré en réel. Son copain est trop craquant avec sa petite bouille de filou et son physique de crevette.

Yuan fait un clin d’œil à Florian.

- Et si je te disais que j’aime tout autant les deux ?

Chan reporte son regard sur son cousin.

- Tu te lâches, cousin ! Remarque je te comprends, mais comment peux-tu savoir si c’est réciproque et qui te dis qu’ils sont comme nous ?

- Tout simplement parce que nous en avons déjà parlé tous les trois, Florian et Thomas sont ensemble et quand tu les connaîtras mieux, tu t’apercevras vite qu’ils s’aiment et qu’ils sont fusionnels à un point que tu n’imagines même pas.

- (Chan attristé) Alors tu ne devrais pas te faire trop d’illusion, s’ils sont comme tu le dis je ne vois pas la place que tu pourrais avoir en étant avec eux.

- (Yuan sourit) Relaxe cousin ! Je t’ai dit tout à l’heure que nous en avions déjà parlé, je sais très bien à quoi m’en tenir mais les sentiments ne se commandent pas aussi facilement, sinon la vie serait trop simple.

Il explique alors rapidement à Chan qui l’écoute avec avidité et curiosité, toutes les conversations qu’il a eues avec Florian et Thomas.

Quand il termine par celle de la veille au soir, son cousin ne peut s’empêcher de se retourner une nouvelle fois vers eux en sifflant doucement entre ses dents.

- Pfutt !!!! Tu m’en diras tant ! Laisse-moi deviner ! Florian je sais ,je l'ai vu à l'hosto c’est le rouquin !! Thomas c'est donc le Blond et le troisième ? Je ne me rappelle plus si j'ai entendu son prénom.

- Dante, il travaille dans une petite librairie près du treizième.

- (Chan rêveur) Dante ! J'aime beaucoup. Tu pourrais nous présenter ?

- (Yuan amusé) Tu veux dire toi et Dante ?

- Oui !

Chan se reprend très vite.

- Non ! Aux trois, qu’est-ce que tu me fais dire là !!

- (Yuan amusé) Ok mais arrête de les dévorer comme ça du regard, c’est gênant à la fin.

Chan rit à son tour.

- Ils sont trop craquants tous les trois qu’est-ce que tu veux !

Yuan se lève en prenant son cousin par le bras pour aller rejoindre le trio dans la cuisine, la table est presque mise et Thomas coupe le gaz sous les gamelles en les recouvrant avec des couvercles.

- C’est prêt les gars, quand vous voulez !

Dante sourit à Chan.

- Tu dois avoir faim ?

Chan répond d’une voix fébrile en le fixant dans les yeux.

- Oh que oui !

Les rires fusent à la façon qu’il a eue de répondre.

- (Thomas) Je ne sais pas si tu vas tenir dans l’assiette mon petit Dante, mais c’est sûr qu’il a faim celui-là ! Hi ! Hi !

Dante en rougissant car il a ressenti lui aussi que la phrase de Chan ne s’adressait pas qu’à la nourriture.

- Pour l’instant contente-toi de lui servir de quoi le retaper.

Il s’adresse à Chan.

- Et toi assieds-toi et mange, il sera bien temps plus tard d’essayer de me mettre dans ton assiette Hi ! Hi !

Chan confus de ne pas avoir su tenir sa langue.

- Excuse-moi, ce n’est pas ce que je voulais dire.

Dante a le feu aux joues mais il veut en avoir le cœur net et se sent suffisamment à l’aise avec ses trois amis pour ce qu’il va dire.

- Je ne suis pas assez appétissant pour toi c’est ça ?

Chan plonge dans son assiette, il commence à manger sous le regard des autres qui attendent maintenant avec amusement de savoir comment il va se tirer de cette question pour le moins directe.

Il s’en aperçoit en comprenant à leurs regards pétillants d’amusement, qu’ils ont déjà tout saisis de ce qu’il se passe entre lui et le petit brun.

Il porte alors son regard sur Dante, lui sourit en appréciant à leurs justes valeurs les joues empourprées du jeune homme quant à leurs significations.

- Si justement ! Toi je te garde pour le dessert, j’ai toujours pris l’habitude de terminer par le meilleur.

2eme année 1er semestre : (45/100) (Paris) (Chan/Yuan) (suite)

Dante ne s’attendant pas à cette réponse qui enlève toute ambiguïté dans les paroles du jeune Eurasien, se laisse tomber sur sa chaise les deux coudes sur la table et les poings supportant sa mâchoire inférieure.

Ses yeux pétillants de joie ne lâchent plus le visage de Chan qui attaque de bon appétit le contenu de son assiette, celui-ci ne peut retenir le petit sourire au coin de ses lèvres quand il se rend compte de l’intérêt manifeste que porte sur lui celui qui est dans toutes ses pensées depuis qu’il est sorti de la chambre de Yuan.

Le voyant reprendre du poil de la bête et manger avec autant d’appétit, Yuan maintenant rassuré fait signe à ses deux amis de s’installer à table à leurs tours et le repas commencé par une déclaration pour le moins inhabituelle, se termine une petite heure plus tard dans l’allégresse générale.

Il a fallu bien sûr faire revenir régulièrement sur terre Dante en lui balançant plusieurs coups de coudes, l’éveillant de son état de béatitude avec ses yeux dévorant littéralement le jeune homme objet de toute son attention.

Ils se retrouvent tous installés confortablement dans le salon après la petite vaisselle où chacun aide tout naturellement, la conversation reprend alors que le temps s’écoule à la vitesse de l’éclair.

Viens le moment d’aller au lit, le lendemain c’est la reprise du travail pour certains et le démarrage des cours pour les autres, il a été convenu que Chan resterait quelques jours à l’appartement le temps de remettre le sien en état et surtout d’être certain qu’il n’y aurait pas de risques de malaises ou de rechutes venant de sa part.

Yuan profite que Thomas et Florian partent prendre leurs douches pour déplier le canapé après y avoir apporter des draps et une couette.

Dante le voyant faire se sent d’un seul coup de trop, il s’approche de son copain en lui mettant la main sur l’épaule.

- Je vais rentrer chez moi, ne te donne pas autant de mal pour moi.

Yuan se redresse.

- Pas question ! Il est déjà très tard, en plus je sais bien que tu n’aimes pas prendre le métro le soir.

Chan lui entoure les épaules de son bras.

- « Yu » a raison et puis ça ne me dérange pas de dormir sur le canapé.

Dante a un long frisson dû au contact de ce bras sur son cou, ses yeux entrent en contact avec ceux de Chan et la magie de l’amour fait encore une fois parler d’elle.

Plus rien n’existe autour des deux garçons qui frémissent en comprenant qu’un lien très fort est en train de tout changer en eux, Chan approche timidement son visage de celui de son nouveau copain et s’arrête pour marquer une étape en lui laissant le choix d’accepter ou de refuser ce qui semble pour lui inéluctable.

Yuan les regarde avec émotion, ce que s’apprêtent à faire les deux garçons est exactement ce que lui-même rêve de faire avec Florian et Thomas.

Une larme de pure joie pour son cousin et son ami s’échappe d’un de ses yeux, qu’il ne tente même pas d’effacer tellement le moment lui semble trop beau.

Thomas et Florian sont sortis de la douche depuis déjà quelques minutes, ils observent avec émotions eux aussi le rapprochement de leur ami libraire avec Chan.

Ils voient également la larme qui coule sur la joue de Yuan, Thomas serre en frissonnant la main de Florian qui comprend aussi bien le trouble venant de son chéri que celui empreint de solitude et de regret de Yuan.

Les lèvres enfin arrivent en contact, les yeux des deux garçons se ferment quand leurs bras enlacent leurs hanches.

Un long moment ils restent comme figés par ce baiser, les larmes s’écoulent maintenant en continu des paupières elles aussi fermées de Yuan.

Florian entre dans le salon en entraînant Thomas avec lui, tous deux viennent réconforter le grand brun en l’enlaçant à leur tour.

Yuan se lâche en tremblant de tout son corps, Florian se détache de lui en le laissant aux bons soins de Thomas qui lui caresse doucement la nuque en lui murmurant des paroles apaisantes.

Chan et Dante reviennent à la réalité et ne comprennent pas ce qui arrive, la vue du grand brun en proie à une telle tristesse sentimentale assombrit leurs visages jusque-là en état de béatitude totale.

Yuan voit Florian refermer le canapé, aussi reprend-t-il un peu sur lui-même pour le questionner.

- Mais ! Qu’est-ce que tu fais « Flo » ?

Je me redresse en lui adressant un grand sourire.

- Tu ne le vois pas ?

- Pourquoi tu fais ça ?

- Parce que nous n’en aurons pas besoin, voilà pourquoi.

- (Yuan troublé) Que…..

- Thomas emmène le dans notre chambre, tu veux bien ? Et vous deux je ne pense pas que vous refuserez de prendre l’autre, n’est-ce pas ?

2eme année 1er semestre : (46/100) (Paris) (Chan/Yuan) (suite)

Chan et Dante se regardent en se souriant, ils me font un petit clin d’œil et partent dans la chambre sans demander leur reste.

Je soupire un grand coup avant de les suivre jusqu’à l’entrée des chambres, j’entre à mon tour dans celle où Thomas et Yuan m’attendent.

Ils sont debout face au bureau et Yuan s’essuie les yeux au moment où ils s’aperçoivent de mon entrée, je vais à la fenêtre pour tirer les rideaux avant de les rejoindre et leurs prendre la main pour les guider jusqu’au lit ou je les fais asseoir.

Ils me font sourire car ils sont comme des enfants qui se laissent guider par un adulte, Thomas s’aperçoit de mon air moqueur et me renvoie mon sourire en haussant les épaules.

Je comprends alors que ça va être à moi de prendre les choses en mains et m’adressant à « Yu », je lui demande.

- Tu veux aller prendre ta douche avant de te coucher ?

Yuan lève les yeux vers moi.

- Oui s’il te plaît !

- Bah alors ! Qu’est-ce que tu attends ? Allez ! File !

Pendant qu’il obéit comme un gamin, j’en profite pour faire le point avec Thomas.

- C’est ce que tu voulais que je fasse ? Non ?

- Bien sûr ! Tu as vu dans quel état il se mettait ?

- Et tu sais pourquoi ?

- Je m’en doute un peu quand même, oui !

- On fait quoi maintenant ?

- Ah ! Parce que c’est toi qui me demandes ça ?

- On est deux je te signale ! Pour ma part et tu le sais bien je l’aime beaucoup, par contre je ne sais pas si je suis prêt à aller plus loin avec lui pour l’instant.

- (Thomas sourit) Je pense exactement la même chose que toi, j’aimerais mieux qu’il se trouve quelqu’un en premier et après… et bien nous verrons bien ce que la vie nous réserve. Mais j’avoue que je l’aime beaucoup également, j’ai juste peur que si nous allons trop loin avec lui pour l’instant qu’il ne cherche plus après ça et qu’il broie du noir en attendant de nous revoir.

- Je sais ! Je lui ai déjà expliqué les choses dans ce sens, juste que de l’avoir contre nous cette nuit…. Hum ! Ça risque d’être difficile à gérer.

- Je te comprends, maintenant il y a peut-être un juste milieu entre ne rien faire et avoir une relation aussi forte qu’avec Éric et « Raphi ».

Je lui lance un regard coquin.

- Tu penses à quoi ?

Thomas rit de bon cœur.

- Je voyais un petit câlin soft, mais avec toi je crains le pire.

- Comment ça le pire ?

- Allons « Flo » ! Tu sais très bien de quoi je parle, quand tu es excité plus rien ne t’arrête Hi ! Hi ! Ni moi non plus d’ailleurs.

- (Je souris) Nous verrons bien ! Allez ! Au lit ! Attendons notre beau brun sous la couette.

Nous nous déshabillons rapidement, au moment d’ôter nos sous-vêtements nous nous regardons amusés et préférons malgré tout faire comme à notre habitude en les enlevant.

Une fois nus nous nous glissons sous la couette en nous serrant l’un contre l’autre, ce qui n’était sûrement pas la chose à faire.

***/***

Yuan sort de sous la douche, tout chamboulé dans sa tête par toutes les pensées qui le trouble énormément.

La réaction de Thomas et de Florian tout à l’heure, lui a fait un immense plaisir car elle lui démontre bien les sentiments qu’ils éprouvent pour lui.

Son sexe d’ailleurs ne s’y trompe pas, il est depuis qu’il est entré sous la douche dans un tel état de raideur qu’il n’a pas eu souvent le loisir de le contempler ainsi.

Il a fait très attention en faisant sa toilette intime du fait qu’il sentait bien qu’il ne faudrait pas grand-chose pour l’amener au point de non-retour, tellement les sensations qu’envoyaient son bas-ventre à son cerveau étaient proche de l’amener à la jouissance.

Il termine de se sécher en s’enroulant ensuite la taille dans une serviette sèche, il ouvre ensuite le tiroir où il a rangé ses sous-vêtements et hésite.

Comment vont-ils réagir s’il se glisse nu à côté d’eux ? Et si eux ont conservé les leurs ? Malgré tout il referme le tiroir en soupirant.

Advienne que pourra, de toute façon c’est bien connu que le ridicule ne tue pas.

***/***

Thomas halète sous les caresses de plus en plus poussées de Florian, un son s’échappant de la gorge de son chéri lui envoie une pulsion dans son sexe qui se raidit encore plus.

Il connaît bien ce son-là, le grand blond comprend que Florian est parti encore une fois dans des strates d’excitations peu communes et que toutes les paroles dites juste avant n’arrêteront pas ce qui va arriver.

Pendant que sa peau devient grumeleuse de l’effet chair de poule sous les attouchements de plus en plus précis de son chéri, Thomas ne peut s’empêcher de sourire en pensant à Yuan et à ce qu’il l’attend.

Il sait que son ami est encore vierge et il frémit en pensant que sa première fois risque de lui laisser des souvenirs que le jeune homme n’est pas prêt d’oublier, à moins que lui n'arrive à se contrôler suffisamment pour canaliser les pulsions de son chéri sur lui.

Seulement est ce qu’il en aura la force mentale nécessaire ??

2eme ANNEE 1er semestre : (47/100) (Aix) (Une visite surprenante)

L’homme sort de la gare et reste un moment sans bouger le temps de se réadapter à la vie Européenne plus trépidante, puis il hèle un taxi auquel il donne l’adresse inscrite sur son carnet après avoir déposé sa valise dans le coffre.

Le chauffeur le regarde bizarrement, surpris sans doute des vêtements d’une autre époque et de l’âge avancé de son client.

Pendant le trajet qui doit l’amener à destination, le père Antoine ressasse dans sa tête les événements de ses dernières semaines qui l’ont conduit à ce déplacement non programmé.

***/***

Déjà l’arrivée d’Okoumé et d’Akim avec la jeune panthère sous le bras alors que la nuit commençait à tomber, ensuite l’histoire incroyable que lui raconte celui qu’il considère un peu comme son fils depuis son plus jeune âge.

Antoine se rappelle bien du bébé sauver du crash d’un avion et de la façon miraculeuse qu’il a été recueilli, ainsi que la rapidité qu’ont eue ses brûlures à guérir.

Maintenant entendre Okoumé lui raconter ses visites mensuelles à la clairière et son rapport avec l’animal sauvage est une autre paire de manches pour cet homme dévoué à l’église et aux hommes depuis toujours.

Il connaît l’honnêteté du guerrier Massai et il le sait dans l’impossibilité de mentir, aussi il est bien obligé de se rendre à l’évidence quant à la justesse des faits qu’il relate avec autant de passion dans le geste que dans la voix.

De plus son jeune fils en a encore les yeux agrandis d’émerveillement de la journée qu’il vient de vivre et serre entre ses bras le jeune mâle qui lui lèche consciencieusement le visage depuis qu’ils sont arrivés.

Ensuite plusieurs jours lui ont été nécessaires pour obtenir cette adresse où il se rend en ce moment, tout y est passé que ce soit la police, l’hôpital, l’ambassade et enfin après beaucoup d’efforts de sa part, il a finalement obtenu un prénom avec un nom de famille.

***/***

Le taxi se gare devant une maison de type provençal avec sur le devant un petit jardin entretenu avec goût, il paye la course et récupère son bagage, puis s’approche de la plaque et sourit visiblement soulager en constatant qu’il est à la bonne adresse.

Antoine n’est plus tout jeune, ses déplacements sont extrêmement rares et la fatigue du voyage se ressent fortement en cette fin de journée, aussi c’est d’une main lasse qu’il appuie sur le bouton de sonnette.

Maryse regarde par la fenêtre de sa cuisine et voit l’abbé en soutane blanche qui se tient devant son porche.

Ses yeux se plissent de surprise, elle s’essuie rapidement les mains en se dirigeant d’un bon pas vers la porte d’entrée.

L’homme qui attend devant chez elle lui apparaît comme très fatigué, son visage buriné et ascète lui donne immédiatement confiance en lui, un homme de dieu sorti d’une autre époque qui la fait sourire malgré elle.

- Bonsoir mon père.

- Bonsoir ! Excusez-moi de vous déranger de manière aussi tardive, mais je dois absolument parler à Monsieur et madame De Bierne, c’est bien ici ?

- Oui ! Je suis Maryse De Bierne et mon époux est dans la maison, si vous voulez bien vous donner la peine d’entrer.

Voyant que le vieil homme peine à porter sa valise, Maryse la lui prend des mains en souriant gentiment et la dépose dans le couloir pendant qu’Antoine entre dans la maison.

Maryse lui montre le salon.

- Installez-vous confortablement mon père, pendant que je vais chercher mon mari.

Antoine préfère prendre une chaise car l’aspect confortable du canapé lui fait un peu peur de ne pas pouvoir se relever une fois installé dedans, une photo lui saute alors aux yeux et il se relève pour aller la prendre en main afin de mieux pouvoir la regarder.

Elle représente un couple, il reconnaît la femme qui l’a accueilli avec entre eux deux un jeune homme au visage angélique et souriant, aux yeux d’un vert si profond qu’ils paraissent sortir du cadre de la photo.

- C’est mon petit-fils Florian !

Antoine sursaute car il n’avait pas entendu la personne entrer et se placer derrière lui, l’homme le regarde et il se sent pris en faute.

Il repose le cadre à sa place en s’excusant.

- Je dois vous paraître bien impoli ?

Michel observe attentivement la personne qui se tient devant lui.

- Je pensais plutôt à curieux, vous vouliez nous parler mon père ?

- En effet oui, mais ma démarche va vous paraître des plus curieuses voire étonnante.

Michel regarde la photo qui semblait subjuguer le vieil ecclésiastique.

- Est-ce que ça concerne mon petit-fils Florian ?

- Oui !!

Michel sourit et se détend, invitant d’un geste de la main son visiteur de s’asseoir.

- Plus rien ne devrait m’étonner alors !! Mais asseyez-vous donc, vous me paraissez épuisé.

Il attend que l’homme s’installe, puis voyant sa femme arriver avec un plateau et des verres, il attend qu’elle ait fait le service avant de poser la question qui lui démange les lèvres.

- Connaissez-vous mon petit-fils ?

- (Antoine) Oui !! J’ai aidé sans doute à ce qu’il reste en vie.

2eme année 1er semestre : (48/100) (Orléans/Thillois) (fin)

Arnault et Alexie atteignent le point d’apnée après lequel ils sont obligés de se séparer, ils se tiennent toujours dans les bras l’un de l’autre debout au milieu de la chambre.

Ce n’est pas l’envie qui leur manque d’aller plus loin dans leurs besoins de câlins et de sensations plus fortes, mais tout simplement le temps et le lieu qui ne s’y prêtent pas.

De toute façon ils ont prévu leurs week-ends en connaissance de cause, en prévoyant de les passer ensemble chez Alexie.

Celui-ci ayant bien l’intention d’avouer à ses parents ce qu’ils ont sans doute déjà deviné, étant donné les regards appuyés qu’ils posent sur eux régulièrement depuis ces deux semaines qu’Arnault est parmi eux.

***/***

Ludovic sort de sa chambre pour rejoindre sa mère dans la cuisine, son sourire ne dit rien qui vaille à celle-ci qui commence à bien le connaître depuis son opération.

- Qu’est-ce que tu manigances encore ?

- Rien m’man ! Juste que j’ai hâte d’être à la semaine prochaine.

- (Henriette étonnée) Ah oui ! Et pourquoi donc ?

- Tu ne te rappelles plus ? Florian doit me retirer la plaque que j’ai dans la tête.

- Et c’est ça qui te fait sourire comme ça ?

- Oui parce que je vais pouvoir rester une semaine à l’hôpital avec « Flo », Flavien et….

Il allait prononcer le prénom de Mélanie mais se retient.

- … tous les autres.

- Tu n’as pas peur ?

Ludovic avec un grand sourire.

- Florian m’a expliqué que ce n’était rien du tout, juste quelques minutes d’interventions sous anesthésie.

Henriette soupire amusée malgré tout.

- Rien du tout ! Il en a de bonnes celui-là, je me demande ce que ça sera quand il nous avouera que c’est quelque chose ?

- Dis m’man ? Comment ça se fait qu’il est comme ça « Flo » ?

- (Henriette) C’est sans doute comme pour Obélix, il a dû tomber dans une marmite de potion magique ou un truc comme ça étant petit Hi ! Hi !

- (Ludovic) Sauf que lui, ce serait plutôt Astérix niveau carrure et Obélix c’est « Flav » Hi ! Hi !

Henriette s’essuie les yeux.

- Bon ! Redevenons un petit peu sérieux tu veux ? Va chercher les garçons, il va être temps de se mettre à table ton père va arriver d’ici cinq minutes.

- D’accord m’man !

Henriette regarde avec dévotion son petit dernier courir jusqu’aux chambres, par contre elle sursaute quand elle l’entend les appeler en frappant à leur porte.

- À table les amoureux !!!!

***/***

Carole poursuit les garçons dans l’escalier, elle les entend rigoler et se moquer d’elle, ils s’apprêtent à fermer la porte de leur chambre quand d’un pied elle vient la bloquer et qu’ensuite elle les attrape tous les deux par le col en les faisant reculer vers le lit.

Les deux garçons morts de rires se laissent faire et quand elle les lâche avec une dernière poussée, ils s’affalent sur le matelas en faisant semblant d’être effrayés.

Carole sourit devant le tableau que lui donnent les deux grands benêts.

- Alors ! Qu’est-ce qu’ils ont dit ?

- (Sébastien amusé) Devine ? Avec ce que tu as entendu, tu devrais déjà avoir ta petite idée non ?

- (Sylvain) Allez ! Réfléchis un peu.

- Tu sais bien que je suis blonde, alors ce n’est pas mon fort.

Sylvain avec une grimace.

- C’est vrai qu’avec vous deux je suis servi.

Retournement de situation, les jumeaux comme s’ils n’attendaient que ça lui sautent dessus et le bloquent sur le lit.

Les cris d’orfraies qu’il pousse alors ne les arrêtent pas, il se pâme sous les chatouilles jusqu’à ce que des voix venant de l’étage du dessous ne les rappellent à l’ordre.

- Qu’est-ce qu’il se passe là-haut ?

Sylvain en reprenant sa respiration.

- C’est un complot de blonds contre ton fils m’man !! À l’aide !!

- Ça suffit le chahut ! Faites-moi le plaisir de redescendre et de mettre la table.

Un peu péteux de s’être fait sermonner, les trois amis redescendent vite fait et sous le regard faussement courroucé de Fabienne, se pressent d’installer les couverts.

Ce n’est qu’après le dîner que Sébastien lâche l’information tant attendue.

- Ah oui au fait je ne t’ai pas dit ? Flavien t’attend chez Mireille, il parlait avec elle d’un truc sur un nouveau ou une nouvelle pensionnaire qui partagerait sa chambre avec lui.

Sylvain qui enchaîne en faisant un clin d’œil à son mec.

- Elle avait l’air contente Mireille d’accueillir quelqu’un en plus.

Sébastien regarde sa sœur avec un grand sourire.

- Si elle savait la pauvre.

Carole les yeux ronds, se lève comme un ressort et fonce vers son téléphone.

- Et c’est seulement maintenant que vous me le dites ?

Sébastien se moque d’elle.

- Faute à qui hein ? Tu aurais été plus gentille avec ton frère chéri tout à l’heure, tu serais déjà là-bas.

2eme ANNEE 1er semestre : (49/100) (Paris) (Chan/Yuan) (suite)

Quand il ouvre la porte de la chambre, Yuan perçoit un son qui lui secoue les tripes et l’excite encore plus fort.

Ses poils se dressent et tous ses sens s’éveillent comme jamais ils ne l’ont fait jusqu’à présent, comme un automate il se dirige vers le lit où ses deux amis sont déjà enlacés et ensuite comme dans un rêve, il les rejoint en laissant tomber sa serviette au sol.

Il se sent comme happé dans un maelström de sensations nouvelles toutes plus fortes les unes que les autres, son cerveau défaille quand son corps se retrouve au contact et qu’il est couvert de baisers.

Des mains aux doigts électrisants lui parcourent tout le corps, le faisant vibrer à l’unisson de ses amis.

Il se pâme sous les caresses que lui prodiguent ses deux amants avec leurs mains et leurs corps, ses yeux sombrent dans ceux de Florian qui émet une nouvelle fois ce son presque inaudible qui lui amène une irrésistible envie de ne faire plus qu’un avec les deux garçons nus contre lui.

Thomas arrive à se reprendre suffisamment pour comprendre ce qu’il va arriver s’il ne fait rien pour l’endiguer, il sait très bien que Florian le regrettera aussitôt après l’avoir fait.

Qu’il s’en voudra ensuite de ne pas avoir suivi ses propres conseils et d’avoir amené Yuan dans un état de dépendance affective alors qu’il est toujours seul.

Maintenant l’envie du beau blond reprend de plus belle sous les caresses et les ondes émises par Florian, qui hypnotise le jeune chinois en le fixant avec ses yeux de prédateur.

Le peu de raisonnement qu’il lui reste ne va pas durer bien longtemps, surtout s’il ne fait rien dans les secondes qui viennent.

Il faut qu’il trouve à tout prix le moyen de stopper l’énorme excitation communicative qui déchaîne à l’heure actuelle le petit rouquin, qui s’apprête déjà à profiter du jeune homme qui se donne maintenant corps et âme à lui.

Thomas approche son visage de celui de son chéri, il se frotte à lui en laissant sa peau glisser doucement contre celle de Florian qui au contact de son beau blond frissonne de pur bonheur et détache son regard de sa « proie » consentante, un bref sursaut de conscience lui fait se reprendre et basculer entre les deux garçons en fermant très fort les yeux, mais surtout en tentant avec plus ou moins de succès de reprendre entièrement le contrôle de son corps.

***/***

Chan et Dante bien sûr entendent et comprennent sans pour autant en connaître pour l’instant exactement le rôle de chacun dans ce déferlement de plaisirs, mais ils sont certains qu’il n’y a eu personne de laisser de côté et sont heureux pour Yuan qu’ils avaient senti triste tout à l’heure d’être seul pendant que le bonheur irradiait autour de lui.

Pour leurs parts, ils ont été sages en se contentant de s’apprivoiser en s’embrassant et en se caressant tout en restant dans une pudeur que certains diront surannée, mais qu’ils ont inconsciemment choisi afin de prendre le temps d’analyser leurs sentiments réciproques l’un envers l’autre.

La nuit a été torride pour certains, enrichissante et sensuelle pour d’autres, Chan et Dante s’éveillent en même temps, un sourire épanoui vient vite gommer l’expression tête dans le cul sur leurs visages.

Ils se lèvent pour aller directement aux toilettes, s’amusant à uriner ensemble de chaque côté du water.

ça leurs permet de voir ce qu’ils n’ont pas osé se montrer durant la nuit passée ensemble.

- (Dante admiratif) Wouah !! Sympa la bébête !!

2eme année 1er semestre : (50/100) (Paris) (Chan/Yuan) (fin)

Chan a les yeux également rivés sur ce qu’il découvre de son ami.

- J’allais en dire autant Hi ! Hi ! Dommage de ne pas être au mieux de notre forme.

- C’est aussi bien comme ça Hi ! Hi ! Je n’avais pas l’intention de faire le poirier pour pisser non plus.

Chan en riant et en remballant le matos non sans avoir pris le soin de secouer la dernière goutte, celle qui tâche le fond du slip.

- J’imagine la scène !

- Bah ! N’imagine pas trop et va plutôt nous préparer le café, je vais réveiller les autres.

Ils se séparent donc à la sortie des toilettes, Chan se dirigeant vers la cuisine et Dante vers la chambre où dorment sûrement encore ses amis.

Du moins c’est ce qu’il pense car ce n’est pas exactement le cas ou plutôt plus le cas depuis quelques minutes à peine.

En effet quand Thomas ouvre les yeux il est d’abord surpris de ce qu’il voit en premier lieu, sa tête est juste devant une belle paire de fesses cuivrée et imberbe.

Les souvenirs de la nuit lui reviennent alors en mémoire et il se redresse légèrement, juste pour voir le visage de Florian tourné vers lui et à quelques centimètres du sexe bien raide de Yuan.

Il sourit et son cœur s’accélère comme à chaque fois qu’il contemple Florian endormi, celui-ci comme s’il sentait qu’il était observé ouvre les yeux et capte directement ceux de son chéri qui frémit comme à son habitude quand il plonge dans le vert profond de ce regard sauvage.

Florian maintenant bien réveillé regarde avec amusement l’obstacle qu’il y a entre lui et son ami, toute la nuit remonte à son souvenir en lui amenant un sourire de connivence avec Thomas qui lui montre le jeune homme toujours placé tête bêche entre eux deux.

C’est à ce moment précis qu’entre Dante et qu’il reste figé devant le spectacle, son sexe se cabre dans son boxer et les secondes passent comme figées.

Les trois lascars sont trop pris dans leurs petites affaires pour avoir vu le nouvel arrivant qui n’en demandait pas tant vu la nuit sage qui ne lui a pas permis de vider ce qui par contre s’emplissait du fait de leurs caresses respectives.

L’envie en est de toute façon trop forte pour que son cerveau le raisonne et il sort son sexe du carré de tissu et se l’astique de la plus belle des façons en profitant du spectacle qu’il a sous les yeux.

Dante bien sûr ne rate rien de tout ça et continue ses va-et-vient frénétiques tout en poussant un cri à la fois de jouissance mais aussi de stupeur en voyant le mandrin du jeune rouquin dans toute sa démesure.

Le cri qu’il pousse alerte comme de bien entendu nos trois compères qui assistent ahuris aux dernières contractions qu’expulse le jeune voyeur contrit de s’être fait capter dans un moment si intime et si gênant.

Dante voit le regard goguenard de ses amis qui maintenant sont tous dirigés vers lui, il devient rouge pivoine en s’éclipsant rapidement et en refermant la porte de la chambre et reste un moment à les entendre rires de lui avant de rejoindre Chan dans la cuisine.

Il est encore tout bouleversé de ce qu’il a vu, son copain s’aperçoit de son trouble et l’interroge sur la raison qui le fait ressembler à une tomate.

- Tu vas bien ??

- Heu !!! oui, pourquoi ??

- On dirait que tu viens de voir le loup ! Hi ! Hi !

- C’est un peu ça, oui !!

Chan se rappel alors que son copain était parti réveiller les autres, il comprend d’un coup ce qui a pu mettre dans cet état le petit Dante.

- ne me dit pas qu’ils étaient encore en plein trip ?

- Ben…euh !!

- ça t’apprendra à frapper avant d’entrer dans une chambre !!

Chan éclate de rire en voyant qu’il a visé juste.

- surtout dans celle de loustics dans leurs genres ! Hi ! Hi !

***/***

Dans la chambre le calme revient non sans mal, les trois amis se lèvent en essayant de ne pas trop porter leurs regards sur les corps toujours nus des deux autres.

Ils n’ont pas envies de se faire capter une seconde fois et de plus il n’est plus l’heure pour les câlins, à peine reste-t-il le temps de prendre le petit déjeuner et de se préparer pour que chacun aille à ses occupations.

Malgré tout c’est plus fort qu’eux et un premier oreiller part en flèche pour atteindre Thomas qui n’attendait que ça pour en faire autant, s’en suit alors une bataille rangée qui les fait hurlés de rires.

Dante jette un œil amusé à son copain avant de le quitter pour entrer une nouvelle fois en trombe dans la chambre, dans le but avoué de participé à la bataille rangée qui y règne et mal lui en prend, car il sert aussitôt de cible aux trois gaillards qui se déchainent encore plus.

Finalement tout se termine très bien sous les rires compulsifs des quatre garçons bientôt suivit par Chan qui bien sûr alerté par tout ce raffut est venu voir ce qu’il se passe.

2eme année 1er semestre : (51/100) (Fac) (Haine)

Rapide petit-déjeuner et c’est la course soudaine, Thomas et Dante pour aller à leur travail, Florian pour cavaler jusqu’à la gare pour prendre son train et Yuan pour tout préparer afin que Chan ne manque de rien pendant que lui aussi puisse aller suivre ses cours de fac.

Heureusement que Florian a laissé ses affaires pour que Thomas les lui ramène en début de week-end et qu’il passe un coup de fil à Frédéric pour qu’il lui laisse ses cours dans son casier à la fac, sinon il serait pour son premier jour dans une bourre terrible.

Le bus l’arrête près du campus universitaire à peine cinq minutes en avance, c’est en courant qu’il traverse les lieux vers le tableau où sont inscrits les horaires de reprises par années d’anciennetés.

Il arrive pile poil avant le prof et s’assied légèrement essoufflé à côté de Sébastien et de Flavien, qui lui avaient réservé sa place et qui commençaient à se faire du souci en ne le voyant pas arriver.

C’est à la cantine qu’ils peuvent enfin se retrouver tous pour se raconter les dernières nouvelles, Carole est ravie de lui apprendre qu’elle a emménagé la veille avec Flavien et qu’elle s’entend déjà à merveille avec Mireille qui apprécie énormément d’avoir une jeune fille parmi tous ces mâles remuants, mais qu’elle adore déjà beaucoup.

- (Flavien) Elle est terrible Mireille Hi ! Hi ! À chaque fois qu’elle me croise j’ai le droit à son « comment ça va mon petit gars », alors qu’elle a le cou presque démonté à lever la tête pour me parler.

- (Marc amusé) De la faute à qui aussi ?

Je ris avec eux.

- C’est que tu l’as drôlement impressionné quand elle t’a vu le premier jour, je me rappelle parfaitement de la tête qu’elle faisait.

Florian imite alors Mireille et bien sûr déclenche un fou rire de la tablée et de celles avoisinantes, Sébastien regarde autour de lui les nouvelles têtes de cette année et son regard s’arrête sur une petite bande qui déjà à peine arriver se la pète grave.

Ils sont quatre et commencent déjà à bousculer les plus jeunes en cherchant manifestement à se créer un territoire où ils régneront en maîtres.

Le meneur entend les rires qui viennent de leur table et stoppe un moment en laissant passer devant ses trois acolytes, apparemment la carrure de Flavien lui fait comprendre qu’il ne serait pas bon y venir créer des problèmes et il reprend son chemin non sans avoir auparavant jeté un regard noir sur le plus minus de la bande.

Sans doute n’apprécie-t-il pas les pitreries qu’il livre toujours pour amuser la galerie.

Florian les quitte après le repas pour aller passer son après-midi au CHU, les autres suivant les cours qui leur correspondent le mieux du fait qu’il n’y en a aucun d’obligatoire pour le restant de la journée.

***/***

Le train-train reprend ses droits, Thomas est venu passer le week-end pour ensuite repartir pour Aix rejoindre Franck qui l’a également présenté là-bas comme son futur successeur.

Cela n’a pas manqué d’en surprendre plus d’un, mais dans l’ensemble il doit bien reconnaitre que tout s’est plutôt très bien passé.

***/***

Yuan lui aussi suit ses cours et commence à se faire quelques amis avec qui il déjeune le midi.

Chan aidé par Dante a nettoyé complètement son appartement et a demandé à celui-ci s’il serait d’accord pour le partager avec lui étant donné que maintenant ils sont bien partis pour être ensemble.

Arguant avec raison que le jeune libraire ne se sent pas vraiment bien dans son petit studio qu’il loue à prix d’or, ne lui laissant pas grand-chose de son salaire pour vivre décemment.

C’est avec plaisir que Dante accepte et depuis maintenant près d’une semaine, ils vivent ensemble et commencent à avoir une relation plus poussée, sans toutefois brûler les étapes.

***/***

Ce n’est que courant octobre qu’un professeur étant absent, il est fait appel à Florian pour le remplacer.

Celui-ci accepte encore plus volontiers quand il apprend que ses cours sont pour la plupart destinés aux premières années, ce qui lui va parfaitement car il n’en connaît encore aucun et il pense que ça lui facilitera grandement le travail.

C’est donc avec néanmoins une légère appréhension qu’il se retrouve à la place de l’enseignant ce matin-là, dans un hémicycle bondé par les premières années certes mais aussi par un bon nombre de curieux préférant assister au cours donné par le jeune rouquin en ayant gardé le souvenir de l’an passé et des fous rires occasionnés.

Un silence se fait dans la salle, ceux qui ne connaissent pas le Florian qui pour l’occasion s’est mis sur son trente et un, en ont entendu suffisamment parler pour rester silencieux et pouvoir enfin se faire une idée personnelle de ce garçon duquel tout un chacun ne tarit pas d’éloge depuis la rentrée.

Les quatre derniers bien sûr sont les mêmes qui depuis le début ne font que se faire remarquer, s’essayant à chaque instant d’imposer leurs prédominances sur les autres étudiants.

Le meneur ricane quand il voit Florian installé à la place du professeur, il s’exclame alors à voix haute pour bien se faire entendre et marquer ainsi son besoin de se mettre en avant de façon à en imposer aux autres.

- Ah !! Il est choucard le nouveau prof !! Une tapette habillée en milord, manquait plus que ça !! Tu vas nous apprendre quoi « today ? » ?? Comment tu te fais prendre en levrette par ta blondasse ??

2eme année 1er semestre : (52/100) (Aix) (Une visite surprenante) (suite)

Le Père Antoine est depuis plusieurs semaines de retour à son dispensaire, il profite de cette matinée calme pour repenser à sa visite chez les De Bierne.

La surprise du couple quand il leurs a dit qu’il connaissait leur petit-fils et qu’il y était sûrement aussi pour quelque chose sur le fait qu’il soit encore vivant.

***/***

« Ce soir-là »

- (Michel intrigué) Comment ça ? Racontez-nous mon père.

Le Père Antoine leurs explique alors son rôle dans le sauvetage du nourrisson et raconte également ce qu’il s’était passé avant qu’un jeune Masaï ne le lui confie et après quand la police est venue le chercher pour l’emmener dans un centre de soins mieux équipé que son dispensaire.

Ne les voyant pas s’étonner plus que ça de l’histoire qu’il leurs narre depuis déjà plusieurs dizaines de minutes, une question lui vient soudainement à l’esprit.

- Vous connaissiez cette particularité qu’a eue votre petit-fils à se soigner aussi rapidement à ce que je crois comprendre ?

Michel en hochant la tête.

- Et qu’il a toujours d’ailleurs.

Le père Antoine surpris.

- Ah bon !!! Comment ça ?

Michel lui explique sans aller trop loin non plus, l’histoire de l’accident dont le membre cassé s’est réparé tout seul pendant le trajet en ambulance.

- (Le Père Antoine) Tout cela conforte le mystère autour de cet enfant et le pourquoi de ma présence ici.

Maryse lui tend son thé.

- Tenez mon père, prenez votre temps car je vois bien que ce voyage vous a fatigué.

Le Père Antoine prend la tasse fumante et la porte à ses lèvres puis la repose sur la table basse, il se caresse nonchalamment le menton en réfléchissant à comment il va présenter la chose qui lui parait encore à cette heure si extraordinaire.

Il soupire en se redressant, capte l’attention du couple qui sentant qu’ils vont entendre quelque chose de nouveau sur Florian ne le quittent pas des yeux en attendant avec impatience qu’il reprenne la parole.

- Votre petit-fils, heu ! Florian ! N’a-t-il pas un lien très fort avec les animaux ?

- (Michel) En effet ! Florian aime beaucoup les bêtes, petites ou grosses d’ailleurs.

- Plus particulièrement les félins ?

Michel tressaille alors que Maryse pousse une exclamation.

- Mon Dieu !!! Oh ! Excusez-moi mon père.

- Ce n’est rien madame, votre réflexion me laisse à penser que c’est bien le cas. Pourriez-vous m’en révéler un peu plus sur ce qui vous a surpris tous les deux quant à ma question, avant que je n’aille plus loin dans mes révélations ?

Michel raconte alors l’histoire de « Tic » et « Tac » ainsi que ce qu’ils ont appris de la nuit passée par Florian dans la cage aux tigres d’un cirque ambulant, Antoine écoute avec avidité le récit que lui fait Michel et qui le conforte dans la véracité de ce qu’il a appris d’Okoumé.

Il se décide alors à leurs faire part de sa mission.

- Je suis venu vers vous pour vous faire parvenir un message.

- (Michel curieux) De la part de qui ?

- Hum ! Comment dire ça sans passer pour un aliéné ?

Maryse d’une voix douce.

- Nous vous l’avons dit mon mari et moi tout à l’heure mon père, quand il s’agit de notre petit fils Florian plus grand-chose ne pourrait nous étonner.

- (Michel) Parlez sans crainte, nous vous écouterons sans vous interrompre.

- Entendu ! Pour répondre à votre question je dirai que c’est la Jungle qui envoie ce message, quoique je n’en sois pas sûr à cent pour cent car ça pourrait être autre chose venant d’ailleurs.

Michel malgré sa promesse de le laisser parler.

- Comment ça ? Quelle chose ?

Le Père Antoine les voit suspendus à ses lèvres.

- Des pierres ou plus précisément, des pierres venues de l’espace.

2eme année 1er semestre : (53/100) (Fac) (Haine) (suite)

Quelques professeurs qui étaient là pour voir comment Florian allait s’en tirer de sa nouvelle mission commencèrent à se lever, pour aller ensuite se diriger vers le groupe dont le meneur vient d’interpeller le jeune rouquin.

Les propos homophobes de celui-ci les ayant choqués au plus haut point, ainsi que beaucoup des jeunes assistant à cette altercation.

De son côté Florian surpris car pas du tout habitué à être injurié de la sorte, s’effondre sur le pupitre les larmes inondant son visage.

Le meneur ne s’apercevant que de ce qui l’intéresse, qui n’est rien moins que le visage en pleurs et décomposé du garçon qu’il a injurié, en remet une couche tout fière de lui.

- Eh bien la rouquine !! On chiale comme une pouffiasse ? Vire de là et va rejoindre tes tantouses de copains, ils auront vite fait de te la mettre bien profond pour te remonter le moral.

Pendant qu’il lance sa diatribe injurieuse en s’acharnant sur Florian, il ne remarque pas le mouvement de fond qui se fait autour de lui et de ses copains.

Les plus jeunes reculent, remplacés par les plus anciens qui resserrent les rangs autour des quatre gars dont trois ricanent et fanfaronnent devant leur chef qui ne voyant rien venir, continue à déverser tout son fiel sur le pauvre rouquin.

- Tu veux que ce soit moi qui vienne te botter le cul, pouffiasse !! Fallait le dire ! J’aurais mis des bottes pour pas être éclaboussé par la merde qui en sortira !!

Florian complètement perdu par ce qui lui arrive, lève ses yeux rougis par les larmes vers la salle.

Sa vision est trouble, son corps tressaute sous l’énorme tristesse qui le prend à être ainsi vilipendé par ce garçon qui lui est de plus complètement étranger et qui s’acharne sur lui alors qu’il ne lui a rien fait.

Dans la cour de la fac plusieurs personnes répandent la nouvelle, les classes se vident de leurs occupants à la vitesse de l’éclair.

Un garçon reconnaissant Flavien et Marc comme des amis de Florian, accoure vers eux et d’une voix essoufflée, les prévient de l’incident qui se déroule en ce moment même dans la grande salle de cours.

- Hé les gars !!! Il y a quatre connards qui sont en train de s’acharner sur « Flo », venez vite ?

- (Flavien furieux) Ne va pas me dire que personne ne bouge pour venir à son aide ?

- Si justement ! Mais pour l’instant ils ne se sont encore rendu compte de rien et j’ai l’impression que ça va barder pour leurs matricules, il y a toutes les troisièmes années qui se positionnent autour d’eux !! Et les secondes sont justes derrières !!

Marc entraîne Flavien avec lui.

- Allez magne !! Je ne voudrais pas rater ça !!

C’est la course contre la montre pour les deux garçons qui entrent comme des fusées en renversant plusieurs gars pour pouvoir passer, un prof les arrête alors en ayant un petit signe de la tête vers les protagonistes.

- Calmez-vous ! Florian ne risque rien, regardez plutôt ce qu’il se passe et je vous jure que personne ne s’est donné le mot.

Flavien et Marc écoutent les paroles pleines de sagesse du professeur, ils reprennent leurs respirations en suivant le regard de l’homme puis en observant captiver ce qu’il se passe à l’instant présent dans l’hémicycle.

***/***

Quelques minutes avant que Marc et Flavien n’arrivent.

Un des quatre garçons sursaute en s’apercevant pour la première fois que quelque chose de bizarre se passe autour de leur petit groupe, pendant que Christophe leur chef insulte le rouquin duquel ils ont appris récemment qu’il était en couple avec un autre mec.

Encore une pédale qui va en prendre plein son grade et qui va regretter de préférer se faire enculer par un mec plutôt que de se farcir une meuf qu’il leurs a dit, ils ont ri à l’idée et sont entrés pour assister aux cours de la matinée.

Quand il a vu qui était celui qui allait leur servir de professeur, Christophe s’est énervé en commençant à s’en prendre à lui.

Au plus grand dam des autres étudiants couards qui n’ont même pas levé le petit doigt pour venir à sa défense, il les a bien vus tout au contraire s’éloigner de leur bande.

Maintenant il commence à regretter d’être là et il essaie d’avertir Christophe de ce qui se trame autour d’eux, seulement celui-ci est tellement parti dans son envie d’assouvir sa haine homophobe en déferlant ses paroles injurieuses sur le petit gars qui en pleure toutes les larmes de son corps, qu’il n’arrive pas à le prévenir et qu’il voit bien que ses deux autres copains s’en sont aperçu eux aussi et que comme lui, ils commencent à flipper grave en se resserrant les uns près des autres.

Christophe le visage rouge de haine.

- Tu peux chialer lopette !! Je vais te….

2eme année 1er semestre : (54/100) (Aix) (Une visite surprenante) (suite)

- (Michel ébahi) Vous voulez parler des météorites qui ont occasionné le crash de l’appareil ?

- (Le père Antoine) C’est bien de ces pierres-là que je parle, d’après mes sources elles auraient un pouvoir de guérison quoique très faible mais au moment où votre petit-fils est entré en contact avec elles, elles étaient sans doute plus fortes et je pense qu’il y a un lien avec les guérisons rapides du garçon.

- (Michel curieux) Vous n’en auriez pas apporté une avec vous par hasard ?

- Non car ce n’est apparemment pas possible, quelque chose empêcherait que ça puisse se produire et en plus elles sont à chaque instant sous surveillance.

- (Maryse) Des gens connaissent leurs existences alors ?

Le père Antoine hoche négativement la tête.

- Seul Okoumé et son fils connaissent le lieu où elles sont.

Maryse visiblement perdue.

- Mais alors qu’est-ce que c’est ?

Michel prend la parole.

- Laissez-moi deviner ! Cela n’aurait-il pas un rapport avec des félins ? Comme la fameuse panthère qui aurait nourri et léché les brûlures de Florian par exemple.

- C’est exactement ça figurez-vous et justement ça a un rapport direct avec ma visite. Cette panthère qu’Okoumé appelle la mère, serait morte dernièrement et une de ses filles l’aurait remplacé, accompagnée à sa dernière rencontre avec Okoumé d’un petit à peine sevré et qu’il nous a amené au dispensaire en disant qu’il fallait l’emmener à l’enfant aux cheveux rouge.

- (Michel sidéré) A Florian ??

- Oui à votre petit-fils ! Et vous connaissez je pense les difficultés qu’il y a à sortir un animal sauvage de son territoire, protégé comme l’est cette race en plus.

Michel se réinstalle confortablement dans son fauteuil.

- Je me doute bien et en plus s’agissant de ce type d’animal particulièrement dangereux. Qu’en avez-vous fait alors ? car je présume qu’il n’est pas dans votre valise ?

- Il est resté au dispensaire, nous lui avons confectionné une cage mais il est tellement gentil avec tout le monde qu’il n’y est pas souvent.

Maryse sourit à l’idée d’une panthère gentille, pour elle les deux ne vont pas vraiment ensemble.

- Et qu’avez-vous prévu d’en faire ?

- C’est justement le but de ma visite, tout me porte à croire qu’il est essentiel qu’elle rejoigne celui pour qui elle est venue mais je ne sais pas comment faire pour la lui faire parvenir en toute légalité.

- (Michel) Vous attendez quoi de nous mon père ?

- Juste que vous en parliez à votre petit-fils, je ne vais pas rester ici suffisamment longtemps pour le rencontrer je pense, aussi je vous demanderai de me tenir au courant de sa décision dès qu’il l’aura prise. En attendant nous allons garder « Kinou » parmi nous tant que cela ne nous posera pas de problèmes, il grandit très vite vous savez. Alors je ne pense pas qu’il sera possible de l’avoir avec nous plus de quelques mois, après ça risque d’être dangereux quoiqu’il soit tellement attaché à nous que j’en doute mais c’est quand même un animal sauvage avec un instinct de prédateur.

Michel termine son thé en réfléchissant et une fois sa décision prise, il soupire et reporte son regard vers le prêtre.

- Je crois qu’en effet il ne faut pas ignorer ce signe, je préviendrai rapidement Florian et quelques amis qui sauront quoi faire, en attendant il se fait tard. Nous allons vous préparer la chambre d’ami, il est hors de question de vous laisser partir seul à votre âge dans une ville que vous ne connaissez pas. Demain nous reparlerons de tout ça et je passerai quelques coups de téléphone, on dit que la nuit porte conseil alors tâchons d’en passer une bonne.

***/***

« Retour au présent »

Le père Antoine soupire et se lève, depuis qu’il est rentré il attend des nouvelles de Michel.

Une sensation le long de ses jambes lui fait baisser les yeux, sa main part à la rencontre de la fourrure d’un noir de geais et la caresse entre les oreilles, ce qui fait émettre un doux ronronnement à l’animal qui était justement venu pour la réclamer.

- « Kinou » ! Allons ! Tu n’en as jamais assez, quel gros chat tu fais !

La jeune panthère regarde avec adoration le vieillard qui le caresse, ses yeux d’un vert perçant se plissent de bonheur.

- Rrrrrr !!!!

Le père Antoine sourit tristement car il s’est terriblement attaché au jeune animal et quelle que soit la décision qui sera prise, il est parfaitement conscient que ce sera pour le lui enlever.

Jamais il n’aurait pu imaginer qu’un lien aussi fort puisse se tisser entre eux, les mois à venir vont assurément lui sembler courts et sa vie ne sera plus jamais pareille après coup.

Maintenant que va-t-il advenir de « Kinou » ? La meilleure des solutions serait qu’il retourne vers les siens, seulement maintenant qu’il est habitué à l’homme ? Le père Antoine ne pense pas que cela soit encore possible du fait que ce serait trop dangereux pour lui, alors il ne lui souhaite que de pouvoir réaliser son destin qui est celui qui semble le lier au jeune Florian.

2eme année 1er semestre : (55/100) (Fac) (Haine) (fin)

Il n’a pas le temps de terminer sa phrase qu’un crachat l’atteint en plein visage, le temps qu’il se demande ce qui lui arrive et Christophe en reçoit un second puis un troisième.

Ses trois complices reçoivent eux aussi les crachats épais, venant de loin du fond de la gorge des étudiants qui passent lentement devant eux sans une parole en se contentant simplement de ce simple geste pour montrer tout le dédain qu’ils ont pour les quatre garçons.

La file est longue, très longue et s’allonge encore de ceux qui attendaient dehors et qui peuvent maintenant entrer dans l’hémicycle.

Les plus jeunes moins concernés en ne comprenant pas vraiment ce qui arrive restent en retraits, malgré tout quelques-uns après avoir longuement regardés le jeune rouquin complètement abattu tout en bas de la salle s’insèrent dans la file pour à leurs tours envoyer dans le visage d’un des quatre garçons le fruit de leurs raclements de gorges.

Les professeurs témoins de la scène étrange qui se déroule devant eux n’ont aucun geste pour arrêter la punition puisque c’en est de toute évidence une que quasiment l’ensemble de la faculté présente ce jour-là, donne en signe de réprobation aux propos avilissants prononcés contre Florian.

Flavien accompagné de Marc, Sébastien et Carole, sont descendus le rejoindre et doucement la jeune fille prend son ami dans ses bras en tentant de la réconforter.

Celui-ci tremble comme une feuille, il enlace la jeune fille comme un bébé Koala tient sa mère.

Flavien en a les larmes aux yeux quand son regard noir se dirige alors vers les responsables de tout ce cirque, la stupeur marque son visage quand il découvre l’ampleur de la punition qu’ils subissent.

Plusieurs centaines d’élèves attendent toujours leurs tours alors que déjà beaucoup sont passés, l’état des quatre garçons lui amène une grimace de dégoût.

Ils ne sont plus que des pantins recouverts de morve et de mollards, ne cherchant même plus à s’en protéger d’une quelconque façon.

Florian commence à retrouver son calme, toujours tenu enlacé par son amie qui lui parle doucement à l’oreille.

- Remets-toi « Flo », il y aura toujours des gens comme ça qui croient que tout leurs est permis et qui aiment blesser et écraser ceux qu’ils considèrent comme plus faibles qu’eux.

Marc impressionné par le spectacle qui se déroule sous ses yeux.

- Ils ne s’attendaient certainement pas à ce qui leurs arrivent en tout cas !

Florian redresse la tête et pour la première fois depuis qu’il s’est fait injurier, se rend compte de ce qu’il se passe dans un silence quasi absolu où on n'entend que les bruits des crachats qui fusent sur les quatre gars serrés maintenant les uns contre les autres, dégoulinants de substances glaireuses.

Florian sursaute à cette vue qui lui amène une expression de dégoût au visage, il se détache alors de Carole pour d’un pas ferme monter les gradins jusqu’à se retrouver à quelques pas seulement du défilé d’étudiants attendant patiemment leurs tours.

Les professeurs l’ont bien vu se rapprocher, ils se regardent surpris devant sa mine grave mais d’où perce néanmoins une énorme compassion à l’égard de ses détracteurs.

Ce n’est que quand ils entendent sa voix avec une force d’intonation peu commune qui les surprend tous, qu’ils comprennent combien ce garçon mérite l’attachement que tous lui prouvent dans l’instant présent.

- Arrêtez ça tout de suite !!!!

Le temps se fige d’un seul coup, la double file qui jusqu’à présent avance lentement de part et d’autre des suppliciés s’arrête et tous les regards se portent vers le jeune homme fluet qui vient de crier avec autant de fermeté dans la voix.

- Laissez les tranquilles !!!! Vous n’avez pas à vous comporter comme eux !!!!

D’une voix plus douce.

- Je pense qu’ils ont compris maintenant, laissez-les partir.

D’une voix empreinte d’émotion.

- Ne vous comportez pas comme eux le feraient, vous valez beaucoup mieux que ça croyez-moi.

La foule s’écarte et se disperse lentement, les jeunes d’abord surpris comprenant l’immense empathie qu’à Florian envers ses semblables.

Un murmure de voix emplie la salle jusqu’à ce qu’une jeune fille en larme s’approche de lui et l’embrasse sur la joue, bientôt suivit d’une autre puis d’un autre et ainsi de suite jusqu’à ce que Flavien soulève Florian de terre et l’éloigne de tous ses jeunes qui attendaient aussi leurs tours.

- Hé ! Ça suffit ! Vous allez finir par me l’user Hi ! Hi !

Il ne peut s’empêcher malgré tout de lui claquer un gros baiser sonore sur le front sous l’hilarité générale face à son geste.

2eme année 1er semestre : (56/100) (Chez les Viala)

« Bureau du doyen »

Alain Dupré laisse sortir sa collègue pour prendre ensuite son téléphone d’un geste rageur, la secrétaire qui décroche sursaute au ton peu habituel de la voix de son patron.

Elle s’empresse de noter les noms qu’il lui donne en lui certifiant que les convocations seront faites sur le champ afin de partir au courrier de l’après-midi.

Le doyen raccroche en claquant l’appareil et se lève pour tourner comme un lion en cage à travers son bureau.

Il est furieux de ce qui vient de lui être rapporté et il se targue de faire un exemple en renvoyant immédiatement les quatre protagonistes de cette affaire qui ont perturbé le bon déroulement des cours de la matinée.

Il s’en veut également d’avoir accepté de laisser Florian faire ce remplacement, même si la cause du raffut n’avait rien à voir avec ce fait-là.

Alain s’en veut aussi de l’avoir exposé en première ligne et il redoute les séquelles affectives qu’il pourrait avoir en retour, connaissant bien l’extrême sensibilité du jeune homme.

Il l’a fait raccompagner chez lui par son copain, tout en prévenant les deux policiers qui sont chargés de sa protection.

La convocation qu’il vient de demander à sa secrétaire d’envoyer aux quatre familles incriminées, ayant pour but de les avertir du renvoi sans appel de ceux-ci et qu’ils vont devoir galérer à trouver un établissement proche qui acceptera de les accueillir, il a bien l’intention de tout faire pour qu’il en soit terminé définitivement pour eux des études supérieures.

***/***

Dorian et Gérôme sont déjà chez les Viala en grande discussion avec Frédéric et Annie, quand Flavien et Florian entrent dans l’appartement.

Ceux-ci leurs expliquent qu’ils ont été contactés par monsieur Dupré et qu’ils sont déjà tous au courant de l’histoire.

Florian sourit tristement et s’excuse pour aller s’enfermer dans sa chambre.

Annie toute retournée.

- Peut-être devrions nous prévenir Thomas ?

- (Frédéric) Certainement pas ! Laissons ce garçon tranquille, il a aussi sa vie à mener et n’a pas à accourir au moindre problème que va rencontrer « Flo »

Annie étonnée de la réaction de son mari.

- Et s’il retombe malade comme l’autre jour, tu feras quoi ?

- Nous n’en sommes pas là et il y a assez de monde autour de lui sans faire déplacer sans arrêt ce pauvre Thomas.

Annie soupire en comprenant qu’il a sans doute raison.

- Je vais aller voir si ça va.

Elle laisse les garçons dans le salon pour aller frapper doucement à la porte de la chambre.

« Toc ! Toc ! »

- C’est moi Florian, je peux entrer ?

- Oui !

Elle entre alors dans la chambre et aperçoit le jeune homme debout au fond de la pièce, Annie va s’asseoir sur le lit en lui envoyant un doux sourire et en lui tendant les bras.

- Viens là tu veux bien ?

Sans hésitation Florian vient s’y réfugier et ne retient plus les larmes qu’il contenait bravement depuis qu’il a quitté la fac.

- Pourquoi ont-ils fait ça ? Je ne les connaissais même pas.

Annie le berce tendrement.

- Allons ! Remets-toi ! Tout le monde n’est pas comme toi tu sais.

- Comment ça comme moi ?

- Toi tu aimes les gens, eux n’aiment qu’eux et se plaisent à faire le mal sans raison. Ce qu’ils ont fait est inqualifiable, si tu veux porter plainte je m’occuperai personnellement de leurs cas.

- Qu’est-ce qu’ils risquent ?

- De gros problèmes, crois-moi !

Je la regarde dans les yeux et je comprends qu’elle est sérieuse.

- Ils ont déjà été punis, je ne souhaite pas porter plainte contre eux.

Annie sourit tendrement.

- Je m’en doutais un peu tu sais, si tu ne veux pas qu’ils soient punis alors ne te punis pas toi-même dans ce cas et surtout ne punis pas tes amis en les rendant malheureux à te voir te mettre dans des états pareils.

Je me resserre encore plus contre elle.

- Pourquoi je suis comme ça ?

Annie caresse les cheveux en bataille du garçon.

- Tu parles de quoi là ? Ton empathie envers les autres ou du fait que tu sois homosexuel ?

- Homo !

- Tu regrettes ?

- Non !

- (Annie sourit) Thomas ?

- Oui !

- Alors ne t’occupe pas de tes détracteurs et vis ta vie avec celui que tu aimes, accepte ce que tu es et crois moi j’aime mieux t’avoir toi qu’un hétéro sans âme.

Je lève les yeux une nouvelle fois vers elle et je lui souris.

- C’est vrai ?

- (Annie l’embrasse) Bien sûr que c’est vrai, tu es un garçon très attachant et nous t’aimons tous. Crois-tu que tu aurais autant d’amis si ce n’était pas le cas ? Mes fils te considèrent depuis qu’ils te connaissent comme leur frère et nous comme notre fils, alors tu vois qu’il n’y a aucune raison d’être triste.

Florian embrasse Annie et se lève, il sourit en se dirigeant vers la porte. Annie surprise de ce revirement soudain lui demande.

- Tu vas où comme ça ?

Je la regarde et lui fais un grand clin d’œil.

- Sauver des vies.

Je referme la porte, remets mes chaussures et quitte l’appartement sous les yeux surpris des garçons toujours dans le salon.

Mes pas me dirigent tout droit au CHU où je vais faire ce que j’aime le plus et que j’ai signifié à Annie, rendre des gens heureux en les débarrassant eux ou leurs proches de leurs petits et gros problèmes de santé.

2eme année 1er semestre : (57/100) (CHU)

René le voit arriver alors que normalement il ne devait pas venir avant seize heures, il remarque tout de suite que quelque chose cloche.

Il va donc à sa rencontre et après la double bise de bienvenue, pose directement la question à Florian.

- Tu ne devais pas passer une grande partie de la journée à la fac toi ?

- C’était ce qui était prévu oui !

- Alors qu’est-ce que tu fais là ? Il y a eu un problème ?

- On peut dire ça oui !

- Tu veux bien me raconter ce qui ne va pas ?

Je lui raconte ma matinée et vois son visage se figer au fur et à mesure qu’il comprend ce que je viens de vivre, René me prend par les épaules et me secoue gentiment mais fermement, comprenant que je suis en train de revivre la scène et que je recommence à stresser.

- Calme-toi « Flo » ! Des imbéciles il y en a partout, tu en rencontreras d’autres !! Tu prends trop les choses à cœur, il va falloir que tu apprennes à prendre un certain recul sur tout ça sinon tu vas finir par te rendre malade.

Je lui souris, amusé de ses dernières paroles.

- Au moins comme ça, je saurai ce que ça fait.

- Rigole pas avec ces choses-là, pense à tous ceux qui t’aiment et comment ils prendraient ça.

- Tu as raison, je ne devrais pas plaisanter avec ces choses-là. Bon ! Je vais finir la matinée en maternité, ça me videra la tête et comme ça tu sais où je suis au cas où.

- Entendu « Flo » ! Et encore une fois relativise, d’accord ?

- Je vais essayer, on se voit à la cantine ?

- Pas de soucis, je te bipe dès que j’ai un creux.

Florian part alors comme il l’a dit faire un tour dans le service maternité, il va directement à l’endroit où il aime le plus se trouver.

Des pleurs de nouveau-nés lui arrivent aux oreilles et un immense sourire orne maintenant son visage, il entre alors dans la grande salle où deux rangées de petits lits accueillent les naissances de la semaine pour soulager les mamans pendant les quelques heures nécessaires pour les soins ou tout simplement leurs repos.

Comme très souvent quand il parcourt l’allée séparant la pièce en deux, le calme se fait et des « gazouillis » de plaisirs sortent çà et là des petites gorges.

L’infirmière sourit en voyant arriver Florian et profite qu’il soit là pour prendre sa pose, sachant bien qu’il ne se passera rien de fâcheux en sa présence.

Florian y reste un petit moment jusqu’à ce qu’une sage-femme entre et l’appelle d’une voix affolée.

- Florian !! Tu peux venir s’il te plaît ?

- Un problème ?

- Oui et un sacré ! J’ai une hémorragie en salle d’accouchement et je n’arrive pas à joindre l’interne de garde.

Devant le visage affolé de la sage-femme, je me presse à la rejoindre et ensemble nous arrivons dans la salle d’accouchement où deux infirmiers se pressent à tenter vainement de contenir l’hémorragie.

Un grand sourire de soulagement quand ils voient la porte s’ouvrir et Florian entrer derrière elle, un des deux garçons s’empresse à lui tendre une blouse, des gants, une charlotte et un masque qu’il enfile avec l’habitude maintenant bien rodée du professionnel.

***/***

J’ausculte la femme alors que le sang coule toujours le long de son entrejambe, je grimace en constatant qu’elle est très affaiblie et que la rupture artérielle n’étant pas visible, elle va donc nécessiter une opération d’urgence.

Je me retourne pour aller appuyer sur le bouton d’alarme, il n’est besoin d’aucune parole d’explications et les trois personnes actuellement dans la pièce avec moi, s’activent alors à tout mettre en œuvre pour transférer rapidement la jeune mère qui vient de perdre connaissance.

Une fois au bloc et les perfusions de sang misent en place, je regarde les personnes autour de moi.

Je ne les connais que de vue et aucune ne fait partie de mon équipe habituelle, ce qui va être gênant s’il me faut utiliser des moyens « exceptionnels ».

Eux par contre sont visiblement impressionnés d’être avec moi, je me rends bien compte qu’ils font tout leur possible pour me donner la meilleure image possible d’eux-mêmes.

Je leurs souris pour les détendre un peu avant je commencer à opérer la jeune femme, une demi-heure plus tard j’enlève les clamps sur la veine qui a lâché lors de l’accouchement.

Je reste un instant à contrôler que l’intervention n’amènera pas de rechute et une fois satisfait je referme l’abdomen de la femme en m’attaquant ensuite aux sutures, j’ai dû me mettre en mode artiste aujourd’hui car je mets tout mon cœur à l’ouvrage pour que la cicatrice soit la plus discrète possible.

Une fois terminé, je regarde avec satisfaction mon travail que je trouve digne d’un chirurgien esthétique ce qui d’ailleurs ne trompe pas l’équipe qui m’a suivi dans l’intervention.

- Waouh !!! Ça, c’est du grand art !!

- Quand je vais raconter aux copains que j’ai aidé « Florian », ils vont être jaloux c’est sûr.

La sage-femme écoute en souriant les infirmiers s’interpeller fièrement, elle aussi a suivi tous les gestes du jeune garçon et l’habileté avec lequel il a mené l’intervention l’impressionne beaucoup.

Elle connaît pour avoir assisté maintes fois de nombreux chirurgiens compétents à ce genre de pratiques, toutes les façons de faire auxquelles elle a participé jusqu’alors sont sans commune mesure avec la méthode et la facilité déroutante de ce qui vient de se dérouler à l’instant sous ses yeux.

Le pire c’est quand elle a vu le sourire amusé de Florian quand il a suturé l’abdomen de la jeune femme en se disant que ce garçon est vraiment un artiste dans sa matière et qu’elle gardera de cette journée un souvenir inoubliable.

2eme année 1er semestre : (58/100) (Orléans) (Ludovic)

Ludovic sort de classe l’estomac grognant famine, il se dirige d’un pas rapide vers le réfectoire rejoint par Maxence son copain depuis la maternelle.

- Hé ! Attends-moi ! Tu as le feu au cul « Ludo » !

- J’ai les crocs !

- C’est ton opération qui t’a rendu morfale ?

- Sûrement ! Depuis que je suis rentré, je n’arrive pas à me rassasier.

Maxence regarde la cicatrice sur le crâne tondu de son ami. En effet, il a fallu lui raser les cheveux pour ôter sa plaque et le temps que ça repousse elle est très visible.

Ça l’impressionne, surtout quand il pense qu’il aurait pu perdre son ami quand il a eu sa tumeur.

- Je suis content que tu ailles bien tu sais ?

Ludovic s’arrête et prend le temps de sourire à son copain.

- Merci « Max » c’est gentil.

Ils repartent vers le réfectoire et Maxence reprend la parole.

- Tu as changé depuis tu sais ?

- En bien j’espère ?

- Je ne sais pas en fait, des fois je me dis que oui et des fois non. Surtout quand tu ne veux plus t’amuser avec nous comme avant.

Ils se munissent chacun d’un plateau et prennent la file d’attente, c’est assez rapide et très vite ils se retrouvent assis à leur table habituelle pour reprendre la discussion.

Ludovic se rappelle des paroles de Florian.

- Mais si j’ai toujours envie de jouer avec vous ! Juste que j’ai peur de faire des mouvements trop brusques tu comprends ? C’est une opération lourde que j’ai subie et je ne voudrais pas me retrouver sur le billard parce que j’aurais trop vite fait le con avec vous.

- Ouaih ! Ça se tient mais essaie d’être moins sérieux merde ! Des fois on dirait que tu as l’âge de mon grand frère et je ne te comprends plus.

Ludovic regarde son ami dans les yeux.

- N’importe quoi ! Tu dis n’importe quoi ! Juste que je dois admettre que le fait d’avoir failli perdre la vie m’a fait réfléchir et j’ai sans doute mûri un peu plus vite.

- (Maxence sourit) J’ai entendu la maîtresse l’autre jour quand elle parlait de toi au directeur. Elle lui disait qu’elle était étonnée de tes notes du dernier trimestre de l’année dernière, que tu comprenais mieux les leçons depuis ton retour de convalescence.

- C’est sans doute que ce que j’avais dans la tête m’empêchait de réfléchir comme il fallait et que maintenant je suis enfin moi-même.

- (Maxence étonné) Écoute toi « Ludo » ! Tu parles comme mon grand frère !

- (Ludovic) C’est sûrement ton frère qui est débile alors Hi ! Hi !

Maxence éclate de rire à son tour.

- Tu as sans doute raison Hi ! Hi !

Ils se taisent et mangent en se contentant juste de se lancer de temps en temps un petit coup d’œil amical, Ludovic comprend qu’il va lui falloir faire plus attention dorénavant s’il veut paraître comme tout le monde et surtout garder ses amis.

Il repense à la semaine qu’il a passée à Reims le mois précédent et les conversations qu’il a eues avec « Flo ».

Déjà quand ils sont arrivés le premier jour, lui et ses parents, ils ont été tout droit chez les Viala qui comme la première fois ont insisté pour que ses parents ne fassent pas des dépenses superflues et viennent loger chez eux.

Bien sûr ils ont accepté avec joie et pas seulement par soucis financiers, mais surtout parce qu’une très grande amitié s’est très vite soudée entre les deux couples.

Ils sont allés voir Flavien et l’endroit où il habite avec Carole et ses amis, ensuite ils sont arrivés au CHU où Frédéric les attendait et où il les conduisit aussitôt dans la chambre où Ludovic va séjourner pendant la semaine où il va être hospitalisé.

Le petit garçon n’a pas vu la semaine passer, du premier matin où il a eu la visite de tous ses amis et surtout de Mélanie qui lui a promis et qui a tenu sa promesse de venir le voir tous les jours.

Au dernier soir où il a passé la nuit avec son grand frère et où il a dévoré les crêpes délicieuses qu’a faites spécialement pour lui la vieille dame chez qui Flavien habite.

Celle-ci étant tombée sous le charme du petit garçon comme elle l’a été du beaucoup plus grand qu’est son frère.

De l’opération, Ludovic n’a aucun souvenir si ce n’est qu’il n’a absolument comme le lui avait promis « Flo », rien senti.

Une jeune femme lui a demandé de respirer dans un masque en comptant à haute voix et quand il a rouvert les yeux, il était à nouveau dans sa chambre avec près de lui un Florian souriant qui n’a rien trouvé de mieux que de se moquer de lui et de sa coupe de bagnard.

- Comment va Jean Valjean Hi ! Hi !

Ludovic plisse les yeux d’amusement.

- Je vois ! Je vois ! Tu es venu faire la « Causette » avec moi Hi ! Hi !

2eme année 1er semestre : (59/100) (Chez Mireille)

L’installation de Carole n’a pas pris longtemps, malgré tout elle a eu un moment difficile quand il s’est agi de se séparer d’avec son jumeau même s’ils ne sont pas réellement très éloignés l’un de l’autre et qu’ils continuent à se voir tous les jours.

La rencontre avec Mireille s’est très bien passée et Carole s’intègre rapidement à l’ambiance familiale qu’il règne dans la maison.

Gérôme et Dorian sont très discrets et ne parlent pour ainsi dire pas de leur travail, même quand ils se font chambrer gentiment par les autres colocataires qui leurs envient en plaisantant un travail qui leur semble pour le moins plutôt cool.

Évidemment ils ne savent pas toutes les recherches et les démarches entreprises pour connaître et apprécier la dangerosité ainsi que les risques liés aux personnes qui côtoient Florian, que ce soit directement ou de loin et qui ne leurs laissent en fait pas autant de temps pour eux qu’on pourrait le croire.

Marc est le seul à avoir sa chambre en célibataire, il a des nouvelles d’Orléans quasiment tous les jours mais ce n’est pas comme s’il était auprès de ses deux compagnons et même s’il comprend parfaitement qu’ils s’en donnent à fond quand ils sont ensemble, le fait que lui reste seul lui fait broyer de plus en plus souvent du noir.

Flavien lui est aux anges, avoir Carole avec lui réalise un de ses rêves les plus chers depuis plus d’un an maintenant qu’ils se connaissent.

Leur chambre est spacieuse et ensoleillée, quand il repense au placard de la cité U il sourit béatement et remercie son ami de lui avoir trouvé cet endroit et par la même occasion une grand-mère qu’il adore, n’ayant pas eu la chance de fréquenter les siennes qui vivaient trop loin.

***/***

Mireille chantonne dans sa cuisine en préparant le repas du soir, elle n’entend pas la personne qui entre doucement dans la maison et qui dépose au sol deux magnifiques siamois qui aussitôt s’élancent dans la cuisine pour sauter sur la table en miaulant de joie de retrouver leur ancienne propriétaire.

Mireille sursaute en les entendant, un énorme sourire épanouit les traits ridés par l’âge de la vieille femme quand elle voit de qui il s’agit.

- « Tic » ! « Tac » ! Mon Dieu ! Vous voilà enfin espèces de garnements !

Les deux chats se laissent caresser en ronronnant, les yeux fixés sur la grand-mère pour qui l’émotion de les revoir lui amène une larme à l’œil.

Florian entre à son tour et s’émeut lui aussi de cette scène de retrouvailles, il vient prendre la vieille dame dans ses bras pour l’embrasser tendrement.

- Te voilà enfin Florian ! Je commençais à me demander si tu viendrais me rendre visite un jour.

- Je suis désolé mais je n’ai pas une minute à moi en ce moment, entre la fac, le CHU et mes week-ends à Paris chez mes amis. J’avoue que je t’ai un peu négligé et je m’en excuse.

Mireille lui caresse la joue.

- Je le comprends bien et je disais ça comme ça, tu restes pour dîner avec nous ?

- Si tu veux oui, comme ça je passerai également un peu de temps avec mes amis. Je peux t’aider ?

- Non c’est presque prêt, va plutôt profiter du soleil dans le jardin ça te fera du bien et il ne nous reste plus tant que ça de belles journées avant que le froid arrive.

Florian ne se fait pas prier et rejoint le banc près de l’arbre où il a grimpé quelques mois plus tôt pour faire redescendre deux jeunes chats qui s’y étaient perchés et qui ont changé l’ordre de sa vie.

Il profite de ce moment de sérénité pour réfléchir à son avenir, l’altercation qu’il a eu à la fac l’a marqué plus qu’il ne l’a laissé paraître et il ne comprend toujours pas l’animosité dont il a été l’objet.

Comment des gens qui ne le connaissent pas peuvent-ils le juger et l’agresser même si ce n’est que verbalement, reste pour lui une des grandes énigmes de l’intolérance humaine.

La médecine est ce qui lui plaît et ce depuis toujours, maintenant il se voit mal à la pratiquer comme d’aucuns le voudraient.

Il aimerait faire quelque chose pour sauver le plus grand nombre et ce n’est pas en passant quelques heures par jour dans un bloc opératoire même si cela lui permet de soulager quelques personnes, qui le satisferont.

Ce qu’il fait même s’il en perçoit bien l’utilité pourrait être réalisé par d’autres dans ce pays ou rien ne manque et où les gens même s’ils ne s’en rendent pas compte, sont pour la plupart heureux et en bonne santé.

L’idée ou pour être plus exact, les idées qui lui traversent l’esprit quand à ce qu’il a envie de faire de sa vie ne sont pas sans lui poser d’autres problèmes encore plus difficiles.

Comme par exemple être séparé de ceux qu’il aime et il reconnaît qu’il n’arrivera jamais à s’y résoudre, il y a bien une solution qu’il triture dans sa tête depuis quelques temps déjà.

Il lui faut maintenant répondre à plusieurs questions avant de mettre en œuvre son projet et elles sont nombreuses, où, Quand, Comment Et surtout la plus aléatoire, accepteront ils de le suivre ?

Il a déjà quelques réponses, quand ? D’ici quatre ou cinq ans quand il sera reconnu par un diplôme comme pouvant officiellement exercer sa profession et sa passion.

Comment ? Il connaît parfaitement l’état de ses finances et elles devraient être amplement suffisantes pour mettre en œuvre son projet.

Maintenant ne lui reste plus qu’à savoir où ? Un lieu où les gens auront réellement besoin de soins, un lieu où ils en sont actuellement cruellement dépourvus.

Le dernier point lui semble le plus difficile pour lui à concrétiser, son attachement aux personnes qui lui sont chères et qu’il ne pourra, il en est absolument certain laisser derrière lui.

2eme année 1er semestre : (60/100) (Philippe)

Philippe referme la porte de son cabinet derrière la dernière personne qu’il attendait.

Une fois qu’ils sont tous installés confortablement, il prend la parole pour tenter de résoudre avec eux le problème lié à la visite d’Antoine chez les De Bierne.

- Toute cette histoire est pour le moins extraordinaire.

- (Michel) Et c’est bien pour ça que je fais appel à vous deux.

- (Maurice) Faire venir cet animal va être très compliqué, les lois sont très strictes aussi bien pour déplacer un animal protégé que pour le faire adopter par un particulier. La loi Française autorise la détention d’un fauve sous certaines conditions jusqu’à un certain âge et je crois qu’en plus la dérogation est très rarement accordée.

- (Philippe) Je me suis renseigné et une des seules raisons pour l’obtenir est de familiariser l’animal à l’homme quand il est encore très jeune avant qu’il ne soit affecté à un Zoo ou un cirque et en plus il faut que la personne qui le prend en charge soit habilitée ou formée à cette fin.

- (Michel soupire) Ce n’est pas gagné d’avance si je comprends bien !

- (Philippe) J’ai peut-être une idée, elle vaut ce qu’elle vaut et n’empêchera pas la complication administrative pour le faire sortir de son pays, mais devrait résoudre en grande partie le problème une fois en France.

Maurice fixe le psychiatre en plissant les yeux, cherchant à comprendre sa pensée.

- Je me charge de le faire venir, donne-nous plutôt cette idée toute fraîche qui sort de ton cerveau de psy, je m’attends à un coup des plus tordu pour détourner les règles.

Philippe sourit, fier de lui.

- C’est simple pourtant, Aix est une grande ville où il y a suffisamment de place pour y accueillir un cirque à l’année. En plus je crois en connaître un, suffit de motiver suffisamment son propriétaire pour qu’il y prenne racine.

- (Michel) Il n’aurait pas un couple de tigre particulièrement féroce ton cirque ?

Philippe fait un clin d’œil amusé au vieil homme.

- Féroce je ne suis pas sûr, mais impressionnant je n’en doute pas un instant.

- (Michel) C’est une idée qui pourrait fonctionner, Florian pourrait ainsi le voir quand il serait chez nous.

Maurice tique légèrement.

- Oui, mais pourquoi ?

Il voit l’incrédulité à sa question marquer le visage des deux hommes.

- Eh bien oui quoi ? Pourquoi ? Qu’en fera-t-il une fois qu’il le verra ? Qu’est ce qui arrivera après ? À quoi mène toute cette histoire ? Ça fait beaucoup de questions vous ne trouvez pas, beaucoup trop et nous n’avons pas même l’amorce d’une réponse.

- (Philippe) Alors je ne vois qu’une chose à faire.

(Michel) Allez voir sur place ce qu’il en est et tenter d’en comprendre le pourquoi et ses implications.

Maurice après réflexion.

- J’ai une équipe qui pourrait prendre des congés et aller y voir de plus près si vous voulez, si tout va bien et après en avoir pris la décision tous ensemble quand ils nous auront fait un rapport circonstancié, ils pourraient même ramener l’animal avec eux.

- (Philippe) Je m’occupe du cirque mais ça risque de coûter cher ?

- (Michel) Je m’occupe du financement, si c’est pour le bien de Florian l’argent n’a pas d’importance.

- (Maurice) Alors je pense que notre petite réunion était utile et constructive.

- (Philippe) Je le crois aussi même si elle nous apporte son lot de questionnement, maintenant il ne nous reste plus qu’à prier pour que ce soit la bonne décision.

- (Michel) Tant que nous n’en saurons pas plus, nous garderons le secret sur tout ça. Attendons déjà de savoir ce que diront tes agents, rien ne sera engagé s’il y a le moindre doute que ça porte préjudice à mon petit-fils.

Philippe acquiesce de la tête.

- C’est évident ! Au fait Maurice ? J’ai cru comprendre que tu as rencontré « Flo » dernièrement ?

- (Maurice sourit) Un pur hasard en plus, j’étais venu pour déjeuner dans mon restaurant habituel quand il est arrivé avec deux agents que j’avais envoyées pour le surveiller.

Philippe voit le visage souriant de son ami.

- Alors ? Quelles ont été tes impressions suite à cette rencontre ? Tu as fait tout ce que tu as fait pour lui par amitié pour moi sans savoir ce qu’il est réellement et je suis curieux de connaître tes sentiments après cette rencontre.

Michel attend la réponse, suspendu à ses lèvres.

- Ça m’intéresse aussi de les connaître.

- Eh bien je dois vous avouer que c’était très fort, nous nous sommes jetés dans les bras l’un l’autre sans que ce soit prémédité et c’était comme si je l’avais toujours connu. Ce garçon est très attachant et il dégage de lui quelque chose de très spéciale, je ne sais pas si je m’exprime comme il faut mais c’est comme si je tenais un être cher dans mes bras vous comprenez ?

Un petit moment passe entre les trois hommes, Michel et Philippe comprennent bien le sentiment qu’essaie de décrire leur ami et remarquent l’émotion qu’il ressent aux crispations de son visage et à ses yeux brillants.

Philippe d’une voix chaude.

- Je comprends très bien, j’ai moi-même ressenti la même chose il y a bien longtemps quand j’ai rencontré pour la première fois un petit bout d’homme aux grands yeux verts brillants d’intelligence d’à peine quatre ans.

2eme année 1er semestre : (61/100) (Reims) (Anthony)

Anthony est heureux en cette fin d’après-midi, il va suivre un cours facultatif qu’il attend chaque semaine avec impatience.

Il arpente avec de brefs coups de canne le couloir de la fac et entre sans se tromper dans la salle de musique où il va s’asseoir comme à l’accoutumée devant le piano.

Il est encore seul du fait qu’il arrive toujours en avance pour ne pas risquer d’être bousculé par des étudiants ne faisant pas attention à son handicap.

Quelques accords et il commence à s’échauffer les doigts sur un morceau qu’il apprécie toujours autant, la musique fluide aux accords parfaits s’échappe de ses mains alors qu’un sourire de bien être illumine son visage.

***/***

Sylvain accompagné de plusieurs de ses amis empruntent le couloir pour aller en salle d’étude afin de préparer le prochain cours, ils s’arrêtent en entendant la musique harmonieuse qui vient de la salle de chant et se regardent, agréablement surpris de la virtuosité du musicien.

Ils vont pour aller y jeter un coup d’œil par pure curiosité quand ils frissonnent tous les quatre en entendant une voix s’élever et accompagner la musique.

Une voix si pure qu’elle leur a occasionné ce long frisson sur tout le corps, la curiosité les fait entrer dans la salle où ils voient alors le garçon qui chante en jouant d’une façon si surprenante.

Anthony ressent une présence et se trouve gêné d’avoir été découvert, il n’aime pas se montrer en spectacle en dehors de son petit cercle d’ami et il regrette déjà de s’être laissé emporter par la musique.

Les quatre garçons comprennent quand il arrête de jouer qu’ils ont été indiscrets et reculent lentement jusqu’à se retrouver dans le couloir.

Ils reprennent alors le chemin de la salle d’étude en constatant que derrière eux le piano a repris sans toutefois être accompagné de la voix qui les a fait vibrer.

Un ami de Sylvain.

- J’en ai eu la chair de poule, comment il chante bien le gars. Brrr !!! J’en ai froid dans le dos.

Un autre copain.

- Dommage qu’il se soit arrêté, vous croyez que c’est à cause de notre présence ?

- (Sylvain) Il y a des chances, je connais ce gars et il peut être très timide parfois.

- C’est un copain à toi ?

- Non pas vraiment, mais il nous arrive souvent de nous retrouver à la même table à la cafétéria.

- Il chante vraiment bien, dommage qu’il nous ait vus.

- (Sylvain) Entendu tu veux dire, il est aveugle alors il ne risquait pas de nous voir.

- Quel con !! Je ne l'avais pas reconnu !! J’aimerais bien l’entendre encore chanter, pas vous ?

- Le prochain coup, il faudra lui demander s’il veut bien.

- Ouaih !!! Ça me plairait bien.

Les conversations s’arrêtent quand ils entrent dans l’étude, ce n’est que le lendemain au réfectoire que Sylvain voit à nouveau le garçon se diriger vers sa table en tenant d’une main son plateau et sa canne de l’autre.

Il sait très bien que s’il lui propose son aide celui-ci la refusera car il l’a déjà proposé plusieurs fois et à chaque fois il a répondu avec le même sourire mais surtout le même refus poli.

Une fois devant la table, Anthony replie sa canne et sa main cherche une chaise de libre, Sylvain repousse la salière qui est devant lui et lui prend le plateau des mains, seule aide qu’il ait jamais accepté.

- Merci !

- Pas de quoi c’est normal, tu sais un jour tu vas te prendre un gadin et tu auras l’air malin. Tu devrais nous laisser t’aider tu sais, il n’y a pas de mal à recevoir un coup de main.

- Je sais mais quand je suis tout seul faut bien que je me débrouille, plus je suis autonome et plus je peux faire de choses, tu comprends ?

- Je crois que oui, même si je trouve que tu en fais trop parfois.

Les deux garçons se taisent et prennent leur repas dans le brouhaha de la salle qui est maintenant pleine à craquer, les voisins de tables discutent du dernier match de foot ce qui n’intéresse pas particulièrement Sylvain qui du coup regarde son voisin avec plus d’insistance qu’à l’habitude car il l’a fortement étonné quand il l’a entendu chanter.

Anthony à les sens très affûtés et se rend vite compte de l’intérêt soudain que lui porte le garçon en face de lui, il n’en comprend pas la raison du fait qu’ils ont l’habitude depuis l’année dernière de manger à cette table et que jamais il n’avait ressenti la curiosité que lui porte son voisin jusqu’à aujourd’hui.

- J’ai quelque chose sur le nez ?

- (Sylvain surpris) Hein ! Heu non ! Pourquoi tu me demandes ça ?

- Parce que je sens tes yeux braqués sur moi alors que tu ne le fais jamais d’habitude.

- Tu arrives à ressentir des trucs comme ça toi ?

- Eh bien oui, il faut bien que je compense mon handicap !! Je peux te poser une question ?

Sylvain étonné qu’il engage de lui-même la conversation.

- Bien sûr !

- Tu te prénommes bien Sylvain ?

- Oui pourquoi ?

- Tu ne connaîtrais pas Guillaume et Damien qui habitent à Saint Rémi dans les résidences ?

- Oui pourquoi ? Tu les connais ?

- Un peu, nous sommes voisins et ils nous arrivent de discuter ensemble depuis quelques temps.

- Eh bien oui!! Ce sont bien des amis à moi en effet.

- Et Florian c’est aussi un ami à toi ?

Sylvain les yeux ronds de surprise.

- Tu connais aussi Florian ?

Sylvain par pur réflexe, passe plusieurs fois sa main devant les yeux du garçon et ne comprend plus rien, Anthony sent l’air que fait le geste devant son visage et une question se pose à lui aussitôt.

Pourquoi ce geste alors que Sylvain sait pertinemment qu’il est aveugle ???? Quel rapport avec Florian ????

2eme année 1er semestre : (62/100) (Reims) (Visite médicale)

Mélanie profite de la recréation pour sortir son calepin et s’applique à écrire sa lettre, ça fait déjà un moment qu’elle pensait à la rédiger depuis qu’elle l’a promise à Ludovic.

Depuis qu’il est reparti après sa semaine passée à l’hôpital, elle bassine ses parents pour pouvoir aller à Orléans pendant les vacances de la Toussaint.

Mélanie aime bien être avec le petit blond qui est tout le temps à la faire rire et pour une fois qu’elle a un ami garçon, elle tient à le garder même s’ils n’habitent pas tout près l’un de l’autre.

Un groupe de filles la remarque et court tout droit vers elle, quand elle s’en aperçoit Mélanie soupire en rangeant vite fait son calepin dans son manteau.

Un peu tard néanmoins, ses copines ont vu son geste et commencent à l’interroger.

- (Pauline) Qu’est-ce que tu faisais ?

- (Mélanie) Rien du tout pourquoi ?

- (Nadège) Tu écrivais à ton amoureux ?

- Pff !!! N’importe quoi !

Louise en riant.

- Je suis sûre que si.

- Mais qu’est-ce que ça peut vous faire ? En plus ce n’est pas mon amoureux mais mon meilleur ami.

- (Pauline curieuse) Ah oui ! Et il est comment ?

- (Mélanie) Tu ne serais pas un peu curieuse toi ?

Pauline avec un grand sourire.

- Tu me connais Hi ! Hi !

- (Nadège) Alors tu nous le dis ?

Mélanie fouille dans son sac pour prendre son portefeuille, elle en sort une photo de Ludovic prise avec elle en vacances et la montre à ses amies curieuses.

- Voilà Ludovic !

- (Louise) Mais c’est un gamin ! Quel âge il a ?

- Huit ans pourquoi ? Je vous ai dit que c’était mon meilleur ami.

- (Pauline) Tu l’as déjà embrassée ?

- Oui pourquoi ?

- (Pauline) Sur la bouche hi ! Hi !

- Tu embrasses tes amis sur la bouche toi ?

- (Pauline) Bah non !

- Eh bien tu vois ? Moi c’est pareil.

La sonnerie de la reprise retentit, au plus grand bonheur de Mélanie qui commençait à ne plus savoir où se mettre avec toutes ses questions sur elle et « Ludo ».

Elle sourit malgré elle en regardant une dernière fois la photo avant de la ranger précieusement car elle doit reconnaître qu’elle l’aime beaucoup, elle soupire en remettant son portefeuille dans son sac.

En classe la maîtresse lui demande de rester près d’elle et quand tout le monde est installé, elle prend la parole.

- Les enfants, vous allez rester tranquille le temps que j’emmène Mélanie à l’infirmerie, le médecin scolaire veut la voir en premier car vous vous souvenez que Mélanie était encore il n’y a pas si longtemps en fauteuil roulant. Après ça ce sera votre tour, vous serez appelés un par un comme tous les ans.

La maîtresse prend Mélanie par la main pour la conduire jusqu’à la petite infirmerie de l’école où le docteur Lambert comme chaque année suit les élèves de cette classe, accompagné de son infirmière.

C’est lui qui en consultant les dossiers médicaux des enfants a demandé que Mélanie passe en premier, se rappelant parfaitement de la petite fille paraplégique qu’il avait ausculté l’année passée.

Son dossier de l’époque était pourtant très clair, l’opération même si elle pouvait être envisagée ne donnait que très peu de chance à la fillette de remarcher un jour normalement.

Quand il la voit entrer avec sa maîtresse, ses yeux s’écarquillent de stupeur.

La démarche tout en souplesse de l’enfant le laisse un instant sans voix, il reprend néanmoins assez rapidement le contrôle sur lui-même pour prendre la parole.

- Eh bien jeune fille si on m’avait dit que je te reverrai dans ses conditions, j’aurai traité cette personne de menteur. Comment te sens-tu ? Approche que je t’examine un peu.

Le médecin commence par les tests habituels qu’il pratique depuis de longues années sur les enfants, il vérifie sa vue, sa dentition, il la mesure et la pèse, lui prend la tension et vérifie ses bruits respiratoires.

- Tout m’a l’air d‘aller on dirait, ôte ton tee-shirt et tourne-toi s’il te plaît, je vais regarder ta cicatrice pour vérifier si elle est saine. Prends-tu encore des médicaments ?

- Non docteur.

- Est-ce que ton dos te fait souffrir ?

- Non docteur.

Le médecin fait allonger la fillette sur le ventre et il examine avec soin la longue cicatrice qui lui longe la colonne vertébrale sur toute la partie inférieure du corps.

Celle-ci est tellement discrète qu’il n’en revient pas, s’attendant à quelque chose de beaucoup plus pénalisant pour l’esthétique de la petite.

Au lieu de ça la marque disparaît presque sous le bronzage du dos, n’apparaissant que comme une minuscule et fine ligne blanche qui il n’en doute pas s’estompera encore quand la petite Mélanie grandira, jusqu’à quasiment disparaître une fois adulte pour qui n’en connaîtra pas l’existence.

- C’est du beau travail ! Connais-tu le nom du chirurgien qui t’a opéré avec autant de talent ?

Mélanie a très bien appris sa leçon, aussi c’est sans hésiter qu’elle répond à la question.

- Oui docteur c’est le docteur Frédéric Viala.

Le médecin note mentalement le nom.

- Ah oui ! Intéressant ! De toute évidence un très bon chirurgien, bien ! Tu peux te relever et te rhabiller, ce sera tout pour aujourd’hui !! Je suis heureux pour toi que tout se soit passé aussi bien. Je n’aurais pas cru ça la dernière fois que je t’ai examinée jeune fille, fait quand même attention de ne pas trop forcer. Il faut laisser le temps à ton corps de se réparer correctement.

- Oui docteur, mes parents n’arrêtent pas de me le rappeler et je fais très attention.

Le médecin avec un grand sourire.

- Alors je n’ai plus rien d’autre à rajouter. Au revoir Mélanie, à l’année prochaine.

La maîtresse souriante lui reprend la main et la ramène dans sa classe, elle aussi a été fortement étonnée en voyant le dos de Mélanie car elle aussi quand elle a ôté son maillot s’attendait à voir quelque chose de peu ragoûtant.

De retour dans sa classe, elle note dans son agenda le nom de Frédéric Viala et annote à côté « prévenir Henry et Éveline ». Puis referme son agenda en souriant.

2eme année 1er semestre : (63/100) (CHU) (Lucas) (1/3)

Les fêtes de la Toussaint approchent, Florian et ses amis sont réunis dans la salle de repos du CHU, ils discutent de ce qu’ils vont faire pendant les deux prochains ponts.

- (Émilie) Nous partons tous les trois pendant quatre jours dans un center parc, ça va nous faire du bien et « Greg » pourra se reposer un peu. Le week-end du onze il travaille, moi et « Juju » nous allons repeindre une ou deux pièces de l’appartement.

- (Maxime) Ça va toujours aussi bien vous trois on dirait.

- (Émilie) C’est super d’être ensemble et toi « Max » ? Tu fais quoi avec « Ju » ?

- Le premier week-end s’est râpé parce que je taffe, mais celui du onze nous allons faire un tour en amoureux.

Je suis curieux là.

- Vous allez où ?

« Ju » en riant.

- Tu aurais de la chance qu’il te le dise, parce qu’à moi il ne décroche pas une parole.

Maxime avec un grand sourire.

- C’est une surprise et en même temps c’est un truc que je rêvais de faire depuis longtemps.

- (« Ju ») Je suis sûr que si « Flo » cherche un peu il trouvera.

Maxime me regarde en plissant le front.

- Là tu serais fortiche mon gars !

- Tu crois ça ? Pourtant j’ai ma petite idée déjà.

Maxime sûr de lui.

- Vas y alors ?

Je connais bien Maxime tout comme sa passion pour la vitesse et les voitures, de plus je me rappelle l’avoir vu dernièrement avec une brochure proposant un stage de conduite sportive.

- Je ne dirais rien sinon « Ju » n’aura plus sa surprise, mais je sais très bien où vous allez passer votre grand week-end crois-moi.

J’approche mes lèvres des oreilles de Maxime et pour qu’il n’y ait que lui qui entende, je lui murmure.

- Conduite sportive.

La tête de Maxime vaut le coup d’œil et à la voir, tout le monde a bien compris que je suis tombé juste.

- Tain !! « Flo » !! Mais comment tu fais ?

- Pas très difficile sur ce coup là, je t’ai surpris l’autre jour en train de lire la brochure.

« Ju » arrive derrière Florian tout excité et le prend gentiment par la taille.

- Dis-le-moi s’il te plaît et je ferai tout ce que tu veux, promis.

Je regarde sa braguette de façon à ce que tout le monde me voie.

- Hum ! Vraiment tout ? Tu es sûr ?

« Ju » en rougissant.

- Oui enfin bon ! Presque tout, je te vois venir avec ton air vicieux Hi ! Hi !

- Je ne dirai rien alors, na !

« Juju » préfère changer de sujet.

- Et toi « Flo » tu vas faire quoi ? Rejoindre Thomas je parie ?

- C’est clair ! Le premier grand week-end je vais le rejoindre à Aix, le suivant c’est lui qui vient et nous irons passer une soirée ou deux à Paris.

- (Émilie) Et cet été on fait quoi ?

- (Maxime) On n’y est pas encore ! Laisse-nous déjà passer l’année !

- (« Ju ») J’aimerais bien qu’on se refasse un truc tous ensemble comme l’autre fois, pas vous ?

Tout le monde est partant, je leurs signale juste qu’il y aura sûrement des nouvelles têtes et qu’il sera bien temps d’en reparler après Pâques car comme l’a dit si bien Maxime, il est encore trop tôt.

Mon téléphone sonne et je prends l’appel en voyant s’afficher le nom de Dante, il a l’air plutôt excité et je lui demande s’il y a un problème avec Chan, craignant toujours qu’il rechute avec la drogue malgré qu’il n’y ait plus vraiment de raisons pour que ça arrive.

Je suis soulagé quand je comprends que ce n’est pas la raison de son appel mais qu’il a deux jeunes clients dans sa boutique qui viennent d’apprendre que leur jeune frère vient de se faire tabasser à mort par une bande d’homophobe et qu’il est conduit en hélicoptère à Reims dans un état qui semble désespéré.

J’ai trouvé bizarre qu’il me parle de Frédéric comme étant le chirurgien qui doit le prendre en charge, je lui fais part de ma surprise et il me demande si je ne voudrais pas m’en occuper moi-même.

Apparemment l’état des deux garçons dans sa boutique l’a ému fortement, aussi c’est pour me demander d’intervenir qu’il m’a appelé.

Après l’avoir rassuré et conseillé de rassurer également ses jeunes clients, je raccroche et me tourne vers mes amis à qui j’explique toute l’histoire, je regarde ma montre en leurs donnant rendez-vous pour dans une heure en salle de briefing.

2eme année 1er semestre : (64/100) (Lucas) (2/3)

Je fonce retrouver Frédéric, il est avec René et lui demande justement de préparer un lit médicalisé pour quand l’hélicoptère arrivera, de prévenir André pour qu’il soit prêt lui et son équipe de neurochirurgie à prendre en charge un « trauma » important sur un jeune mineur.

J’arrive devant eux et j’arrête René qui s’apprêtait à faire ce que Frédéric vient de lui demander, ils me regardent alors tous les deux avec surprises.

- Occupe-toi juste de la première partie s’il te plaît, c’est moi qui opérerai Lucas.

- (Frédéric surpris) Tu connais ce garçon ?

- Moi non, mais mon copain Dante vient de m’appeler et il m’a demandé ce service, il avait l’air troublé car les deux grands frères de Lucas si j’ai bien compris ont appris le drame dans sa boutique.

- Qu’est-ce que tu sais au juste ?

- Pas grand-chose en fait, juste que le gamin s’est fait tabasser grave par d’autres mecs et qu’il est dans un sale état. Et toi ? Tu en sais plus ?

- J’attends l’appel du médecin qui est avec lui et son père dans l’hélico, ça ne devrait plus tarder, il faudra que tu fasses attention parce que le père du gamin est médecin urgentiste et il ne se laissera pas facilement balader par des comportements anormaux.

- Je tiendrai compte de l'avertissement !! C’est toi qui es censé t’en occuper ? Non ?

- Oui mais je ne sais pas qui a pondu ça ! C’est pour cette raison que je voulais faire appeler André.

- Bon ! De toute façon c’est réglé, c’est moi qui m’y colle. En plus j’avais rien à faire de spécial, tu viens avec moi le temps qu’ils arrivent ? Comme ça si tu as des nouvelles je serai au courant.

Un arrêt de circonstance pour prendre un bon coup de caféine et nous voilà dans la pièce où se trouve déjà toute l’équipe.

Quelques renseignements arrivent au compte-gouttes, jusqu’au moment où le talkie grésille dans la poche de Frédéric et que la voix du médecin dans l’hélicoptère nous arrive suffisamment clair.

Le gosse semble salement amoché quand même, traumatisme crânien, nez cassé, nombreux hématomes sur le visage, l’abdomen et le bas-ventre, ainsi que plusieurs côtes cassées.

Décidément il a dû bien morfler pour en arriver à ce point, j’ai un pincement à l’estomac en repensant à Marc et à Alexie qui ont subi eux aussi ce genre d’agression ainsi qu’à Thomas qui a bien failli lui aussi y passer.

J’entends un bruit à l’extérieur et je vois bientôt apparaître l’appareil dans les airs, alors que deux infirmiers se précipitent en se protégeant le visage des projections dues aux pales de l’hélico, tirant avec eux un lit médicalisé jusqu’à la piste d’atterrissage.

Je demande à Frédéric d’aller au-devant du père du garçon pendant qu’il est transporté en salle radio, je donne mes instructions à l’équipe quand il revient accompagné d’un homme complètement chamboulé par le chagrin et que je devine sans mal être le père du garçon.

Je passerai le quiproquo assez amusant quand il est venu serrer la main de « Juju » en l’appelant Florian et les quelques minutes qu’il lui a fallu pour qu’il comprenne que c’était moi l’espèce de clown hirsute qui allait opérer son fils.

Je m’excuse auprès d’eux, leurs signifiant que je dois aller me préparer et je rejoins les vestiaires du sous-sol pour me désinfecter les mains et enfiler mes vêtements, un masque, une charlotte ainsi que des gants.

Je me concentre ensuite sur la tâche qui m’attend, les premiers résultats d’examens me sont amenés et si côté boîte crânienne je suis un peu plus rassuré, les clichés montrant le bas-ventre et l’abdomen du gosse me laissent eux beaucoup plus anxieux quant à leurs gravités.

J’entre dans le bloc où le petit Lucas est déjà installé nu sous un drap, il doit avoir dans les quatorze-quinze ans plutôt petit et fluet, ce qui n’est pas des plus encourageant quand on pense à ce qu’il vient de subir.

L’anesthésiste quitte la pièce après m’avoir donné le dosage spécifique qu’il lui a injecté en me conseillant de faire le plus vite possible, l’état du gamin ne lui a pas permis de doser trop fort et qu’il y a un risque d’éveil si je tarde trop.

Je lui demande combien de temps en toute sécurité, il me répond trois heures ce qui je pense devrait me suffire.

Je m’approche du garçon en observant attentivement son visage tuméfié, ses traits fins et sa chevelure blonde me disent que ce devait être un beau gosse avant ce qui lui arrive, je lui souris en me promettant de le faire redevenir comme avant son agression.

Je capte un mouvement dans la salle d’observation, je vois Frédéric et Marc le père nous regarder derrière la vitre, les deux hommes ne perdent rien de toute la durée de l’intervention en semblant scotchés au carreau.


2eme année 1er semestre : (65/100) (Lucas) (3/3)

Niveau boite crânienne comme prévu il y a plus de peur que de mal, le sang à cet endroit-là laissant toujours à penser au pire des scénarios alors qu’en fait il m’a "suffi" d’aspirer une légère poche de sang, conséquence de la rupture d’un petit vaisseau.

Une bonne désinfection suivit de quelques points de suture, je peux ensuite m’attaquer au visage de l’angelot qui au fur et à mesure du nettoyage m’apparaît comme particulièrement magnifique malgré les quelques bleus qui vont rester encore un petit moment.

Je lui redresse le nez dont la cassure bien nette est vite remise en place, je positionne l’attelle de telle façon qu’il n’y ait aucun risque qu’elle bouge et je suis confiant quant au fait que ça ne se remarquera même plus une fois le cartilage ressoudé.

Nettoyage du corps, pose d’un carcan autour de la poitrine pour éviter tout mouvement et laisser le temps de guérir à ses côtes cassées, j’arrive maintenant au ventre du petit Lucas qui est orné d’un énorme hématome.

Une légère incision pour épancher le sang, un minuscule point de suture qui ne se verra même plus d’ici quelques semaines pour enfin en venir au plus gros morceau.

Enfin "gros" je me comprends car c’est sûr qu’il n’est pas au mieux de sa forme et je le conçois bien, j’ai quand même un mouvement de recul quand je vois l’état réel de ses testicules.

Elles sont toutes bleuies, je suis obligé d’inciser les bourses pour avoir accès aux dégâts en faisant le diagnostic d’une double hémorragie par écrasement.

Normalement sur un cas pareil il n’y a plus qu’une chose à faire mais je n’arrive pas à m’y résoudre, ce serait alors signé la fin de la sexualité de ce garçon.

Une gestuelle bien au point entre Émilie et moi lui fait comprendre qu’elle doit aller prévenir le père du jeune garçon qui devrait tout de suite en comprendre la gravité étant donné qu’il est lui-même médecin, je termine par un léger rabaissement de mon masque qui lui indique la méthode peu orthodoxe mais tellement plus efficace retenue.

Enfin un dernier coup d’œil vers la vitre lui fait comprendre que j’ai également besoin d’une diversion, mais je crois que Frédéric l’a aussi vu et compris.

Je me replonge alors dans mon travail et répare du mieux que je peux les vaisseaux, les nerfs et les chairs.

Quand je vois que je ne peux pas en faire plus de façon naturelle et que c’est comme prévu hélas largement insuffisant pour laisser les choses telles qu’elles sont, je lève ma main et entends aussitôt un vacarme qui si je n’avais pas été au courant, m’aurait sans aucun doute fait relever la tête.

Je ne perds alors pas de temps en me baissant pour envoyer dans les bourses du garçon de longs jets de salive qui remplissent la poche en noyant littéralement les deux testicules éclatés, je referme aussitôt en suturant la partie la plus sensible et laissant le soin à « Juju » de terminer le reste.

Je lève les yeux vers la pièce en direction de la vitre et vois les deux hommes me regarder avec anxiété, j’ôte mon masque et leurs fais un grand sourire, puis je quitte la pièce avec Maxime qui pousse le lit médicalisé où ils ont replacé le garçon pour l’emmener en salle de réveil.

Je lui tends alors une petite fiole contenant suffisamment de salive pour la remplir.

- Tiens « Max », tu lui fais avaler ça dès que tu es seul avec lui, ça l’aidera à se remettre plus vite.

- Je pourrai en avoir un peu moi aussi « oh !! Grand Panoramix » Hi ! Hi !

- Allons ! Obélix tu sais bien que tu es tombé dedans étant petit Hi ! Hi !

Nous rions bien de cette plaisanterie somme toute enfantine, mais qui soude à chaque fois un peu plus cette forte complicité que nous avons ensemble.

Nous nous quittons et pendant qu'il va poursuivre sa tâche, je retourne aux vestiaires pour me débarrasser par une bonne douche des odeurs de sang et de médicaments qui imprègnent mon corps.

Frédéric me rejoint en salle de repos, je sens bien qu'il est pressé d'en savoir plus ; Je bois tranquillement mon deuxième café en le regardant trépigner d'impatience et je m'en amuse en le faisant languir plus que nécessaire.

Frédéric n'y tient plus.

- Alors « Flo » ? Satisfait du résultat ?

- Si tu veux savoir comment s’en sortira le garçon et bien normalement ça devrait aller dans l’ensemble.

- Sa tête ?

- Rien de bien grave.

- Visage ?

- Son nez se remettra et il devrait très vite être comme neuf.

- Côtes ?

Pas loin du fou rire.

- Ça baigne également, il va souffrir un peu au début le temps que ça se ressoude.

- Ventre ?

- J’ai nettoyé et aspiré, normalement c’est tout bon.

Frédéric remarque les yeux brillant de son "fils" et comprend qu'il s'amuse à ses dépens, seulement il n'arrive pas à poser directement la question qui lui brûle les lèvres car une réponse négative serait une horreur pour cet homme qu'il commence à apprécier.

- Et le reste ?

- Ah ! Nous y voilà ! Tu ne pouvais pas me demander ça tout de suite ?

- Alors !!

- Tu pourras dire à Marc qu’il ne sera jamais grand père.

- (Frédéric pâlit) C’était à ce point-là ?

- Bah non mais comme son fils est homo, même avec les couilles toutes neuves qu’il va avoir il ne risque pas d’avoir des petits enfants Hi ! Hi ! Par contre son copain risque d’être surpris Hi ! Hi !

- Décidément tu ne changeras pas hein ! Viens dans mes bras fiston, tu t’es encore comporté comme un chef aujourd’hui, je suis fier de toi.

La boule d'émotion à entendre ses paroles paternelles, me déclenche une remontée de larmes que j'évite pudiquement de lui montrer en venant dans ses bras.

C’est plus fort que moi mais dans ces moment-là, je suis ému plus que de raison comme à chaque fois qu'il m'appelle "fiston".

2eme année 1er semestre : (66/100) (Paris/Afrique)

« Bureau du directeur de la DST »

Maurice relève la tête de son ordinateur quand il entend frapper à la porte.

« Toc ! Toc ! »

- Oui ! Entrez !!

Il sourit en voyant Patrice et Camille franchir la porte et refermer derrière eux, puis se tenir au garde à vous devant lui.

- Repos ! Et merci d’être venus si vite, mais asseyez-vous donc !

- (Patrice curieux) Ça avait l’air important patron.

- En effet et comme vous allez être en congé quelque temps, j’ai pensé à vous pour un petit voyage.

- (Camille surprise) En congé ?

- (Maurice) Exactement, pourquoi ça ne vous fait pas plaisir ?

Patrice se doute bien que ce n’est pas aussi simple.

- Destination ?

- L’Afrique ! Mais vous vous doutez bien que je ne vous y envoie pas pour vous amuser ?

- (Patrice) Ça n’aurait pas un quelconque rapport avec un certain Florian ?

- Je vois que ton esprit d’analyse et de déduction est particulièrement affûté mon garçon et je t’en félicite, vous comprendrez bien sûr que si j’ai parlé de congé c’est parce que cette mission ne peut pas être officielle.

- (Patrice) Ça me semble évident patron.

- Bien sûr tous vos frais seront pris en compte par la caisse spéciale de notre service, vous partirez au plus tôt dès que vous aurez fait tous les vaccins et les démarches nécessaires.

- (Camille curieuse) Le but de ce voyage monsieur ?

- Ramener un animal, mais avant vérifier si ce qui m’a été répété est exact.

Il explique alors la conversation qu’il a eue avec Michel et Philippe, leurs précisant ce qu’il attend d’eux et surtout d’aller jeter un œil sur cette fameuse clairière d’où serait partie toute cette histoire.

- J’ai déjà pris toutes les dispositions pour vos passeports ainsi que pour que vous puissiez aller vous faire vacciner dès aujourd’hui.

Il leurs tend une feuille.

- Tenez ! Il y a l’adresse du centre de soins, un médecin vous y attend en début d’après-midi.

Patrice prend la feuille et la range dans sa poche.

- Toute cette histoire me semble sortir tout droit d’un roman de science-fiction.

- (Maurice amusé) Tout comme notre cher Florian vous ne pensez pas ?

Camille opine de la tête.

- Je me demande bien ce que nous allons découvrir là-bas ?

- Eh bien il n’y a qu’en y allant que vous le saurez, bon voyage à vous deux et tenez-moi au courant régulièrement sur l’avancée de vos recherches.

- (Patrice) Et pour… Heu !! Kinou ?

Maurice avec un petit sourire amusé.

- C’est bien ça oui, disons que ce « chaton » devra passer officiellement la frontière. Le dresseur expérimenté qui le prendra en charge vous contactera dès que tout sera en ordre de notre côté, j’en connais un qui devrait être ravi de pouvoir lui faire de gros câlins même si moi-même je ne m’y frotterai certainement pas.

Encore quelques minutes de discussions, Patrice et Léonie quittent enfin le bureau de leur patron et commencent les préparatifs de leur long voyage.

***/***

« Quelques jours plus tard »

L’avion arrive en vue de la piste d’atterrissage, du hublot près duquel ils sont assis le jeune couple de « touristes » peut admirer le paysage grandiose qu’ils survolent.

La jungle dans toute sa splendeur défile sous leurs yeux ébahis, jamais ils n’auraient pensé la contempler un jour et ils sont tous les deux fortement impressionnés par le spectacle de ses millions d’arbres gigantesques qui sont là depuis des milliers d’années et forment un magnifique tapis de couleurs chatoyantes.

Une fois les formalités administratives passées, ils aperçoivent une pancarte tenue par un autochtone visiblement très âgé sur laquelle sont inscrits leurs deux prénoms.

Ils se présentent à l’homme qui la tient levée au-dessus de sa tête.

- (Patrice) Bonjour ! Nous sommes Patrice et Camille.

L’homme baisse la pancarte et leur sourit.

- Bonjour, je suis M’bala, ancien capitaine de police à la retraite et je dois vous conduire auprès de mon ami le père Antoine. Si vous voulez bien aller récupérer vos bagages à la consigne de l’aéroport, nous avons un très long trajet à faire pour arriver jusqu’au dispensaire.

Les deux agents s’exécutent et ce n’est qu’une bonne heure plus tard alors qu’ils circulent sur une route tourmentée, qu’ils reprennent leurs discussions avec leur guide.

Patrice ne sachant pas ce que connaît le vieil homme sur eux.

- Ça fait longtemps que vous connaissez le père Antoine ?

- (M’bala) Oui, très longtemps !! Je sais pourquoi vous êtes là tous les deux et c’est moi qui ai aidé il y a bien longtemps de ça, à ramener le bébé blanc trouvé dans la jungle.

- (Camille) Florian !!

M’bala tourne brièvement son visage souriant vers la jeune femme.

- En effet, quoique j’aie appris son prénom que très récemment.

2eme année 1er semestre : (67 / 100) (Paris/Afrique) (suite)

Ce n’est qu’une fois la nuit bien avancée qu’ils arrivent en vue d’un petit groupement d’habitations, le bâtiment principal qui est le seul à être construit en dur arbore une croix rouge au sommet de sa façade.

Le quatre-quatre s’arrête alors près de la porte principale, quand un vieil homme en soutane blanche en sort pour les accueillir à bras ouverts.

L’accueil chaleureux dans cet environnement hostile marque le cœur des deux agents, munis de leurs valises ils sont emmenés jusqu’à leurs chambres.

Ensuite après une visite succincte de l’endroit où ils vont passer leurs prochains jours, ils dînent en compagnie des deux hommes d’un repas frugal mais délicieux.

La pièce servant de salle à manger est immense, plusieurs sœurs les accompagnent à table et de se fait pendant toute la durée du repas, rien ne ressort de l’objet de leur visite.

Patrice et Camille, comprennent alors que les langues ne se délieront qu’une fois celles-ci reparties à leurs tâches respectives.

Quand enfin ils ne sont plus que tous les quatre, le Père Antoine prie ses invités de venir s’installer dans un confortable canapé et il ne reprend la parole qu’une fois ceux-ci assis avec en main un thé bien fort et fumant.

- (Le père Antoine) Votre patron a dit que les personnes qu’il enverrait seraient des amis du jeune Florian et qu’ils en connaîtraient toute l’histoire, est-ce exact ?

- (Camille) Oui mon père.

- (Le père Antoine) Bien ! Donc nous allons pouvoir parler en toute confiance, mon ami M’bala connaît les propriétés de guérison du garçon ainsi que l’étrange histoire de son sauvetage. Demain Okoumé sera là avec son fils Akim pour vous emmener jusqu’à la fameuse clairière où tout a commencé, j’espère sincèrement que vous arriverez à dénouer tout ou du moins une partie des mystères liés à cette affaire.

- (Patrice) Nous sommes venus ici pour ça mon père et aussi pour aider à faire traverser la frontière à votre protégé. D’ailleurs je serais curieux de le voir.

Le père Antoine avec le sourire.

- Mais bien sûr ! Où ai-je la tête !

D’une voix plus forte mais très douce.

- « Kinou » !! Viens par ici mon garçon !!

Un léger bruit dans la pièce à côté, suivit d’un feulement suffisamment puissant et impressionnant pour faire dresser les poils sur les bras des deux invités.

Un superbe animal à la fourrure d’un noir de geais entre dans la pièce en s’approchant d’eux d’une démarche à la souplesse extraordinaire.

La panthère visiblement pas encore parvenue à l’état adulte, mais suffisamment impressionnante déjà pour qu’un mouvement involontaire de recul ne les cloue au fond du canapé.

Le père Antoine s’aperçoit de leurs troubles.

- N’ayez crainte, « Kinou » ne vous fera aucun mal. Viens là mon grand !!

La panthère saute sur les genoux du vieil homme, elle lui lèche affectueusement le visage puis se tourne vers Patrice et Camille en les fixant de ses yeux verts et perçants.

Les deux agents marquent un sursaut d’étonnement tellement ce regard leur rappelle celui de leur ami, ils ne peuvent d’ailleurs s’empêcher d’en faire aussitôt la remarque.

- (Patrice) C’est extraordinaire, Florian a exactement la même couleur de regard que cet animal.

Le père Antoine étonné.

- Vraiment ?

- (Camille subjuguée) Oui vraiment ! C’est impressionnant.

- (Le père Antoine) Plus rien ne devrait nous surprendre à l’heure actuelle, voudriez-vous l’observer de plus près ?

- (Patrice) C’est sans risque vous êtes sûr ?

Le père Antoine rassurant.

- Appelez-le, s’il sent qu’il peut vous faire confiance il viendra.

Patrice moyennement rassuré.

- « Kinou » !!

La panthère dresse ses oreilles vers lui en feulant doucement.

Patrice tapote doucement sur ses genoux.

- Viens là mon beau !

Lentement et majestueusement l’animal descend de sur le père Antoine pour s’approcher du jeune lieutenant, ses yeux sont toujours fixés dans les siens et c’est avec la souplesse qui caractérise sa race, qu’il fait un léger bond pour se retrouver sur les genoux de Patrice qui en a le cœur qui s’accélère soudainement au contact du corps chaud et soyeux de la jeune panthère.

« Kinou » amène son museau tout contre le visage du jeune homme pour lui donner un petit coup de langue affectueux sur la joue en ronronnant comme un gros chat.

Le père Antoine avec un énorme sourire.

- Il vous aime bien on dirait, il ne fait pas ça avec tout le monde croyez-moi.

Patrice ému passe sa main sur la fourrure juste entre les deux oreilles du félin et entend le ronronnement s’amplifier, un sourire allant d’une oreille à l’autre orne alors son visage.

- C’est quand même impressionnant.

Il recroise les yeux du félin.

- Alors comme ça, tu veux aller voir Florian ? Je ne doute pas un instant que vous allez super-bien vous entendre tous les deux même si je ne connais encore pas la raison de tout ça.

2eme année 1er semestre : (68/100) (Paris) (Visite imprévue)

Dante est rentré tôt chez lui cet après-midi-là, il est en plein ménage quand la sonnette retentit.

Il arrête l’aspirateur et va voir qui peut bien venir à cette heure, n’attendant personne en particulier surtout que Chan ne doit pas rentrer du travail avant encore au moins deux bonnes heures.

De plus il a ses clés et donc c’est avec curiosité qu’il ouvre la porte pour se retrouver devant un couple d’asiatique d’une bonne quarantaine d’années, qui le dévisage sans comprendre ce qu’il fait ici avec ses chiffons à poussières sortant de la poche.

Le jeune homme remarque tout de suite la grande beauté de la femme et comprend instantanément à qui il a à faire, la ressemblance de celle-ci avec Yuan étant des plus frappantes.

L’homme lui est visiblement métissé car il a la peau chocolat au lait de son fils avec ses mêmes traits de visage de type asiatique, par contre il est plus grand et plus charpenter que Chan, Dante en est assez impressionné car malgré son âge c’est toujours un bel homme.

- Monsieur et madame Woo je suppose ? Mais entrez donc, Chan n’est pas encore rentré mais je vais le prévenir de votre arrivée. Nul doute qu’il en sera ravi et qu’il nous rejoindra rapidement, excusez ma tenue mais il faut bien faire le ménage.

Le couple entre sans une parole et Dante se demande alors s’ils parlent le français et s’ils ont compris ce qu’il vient de leurs expliquer.

Dante remarque leurs regards parcourant les pièces de l’appartement et apparemment sont satisfaits de la vision qu’ils en ont puisqu’un grand sourire vient remplacer l’expression interrogative qu’ils avaient jusqu’à présent.

La femme d’une voix douce.

- C’est vous qui vous chargez de l’entretien pour notre fils jeune homme ?

- Pas vraiment madame, disons que c’est chacun notre tour comme je vis ici avec Chan.

- (L’homme amical) Je ne savais pas que mon fils avait un colocataire ? Mais je l’approuve car je comprends bien que vivre tout seul ne doit pas être très drôle tous les jours.

Dante comprend qu’ils ne sont au courant de rien pour lui et Chan.

- Heu ! En effet.

- (La femme) Vous m’avez l’air d’être un garçon très bien, vous êtes donc un ami de mon fils ? Et si je peux me permettre cette question ? Comment avez-vous compris qui nous sommes ?

- À cause de Yuan madame.

- (La femme surprise) Vous connaissez aussi mon neveu ? Pourtant il n’est jamais venu en Europe il me semble.

- Yuan fait ses études à Paris maintenant, il s’est installé dans l’appartement de son père et nous sommes également très copains tous les deux.

- (La femme curieuse) Je comprends mieux ! Quoique j’en sois très surprise de l’apprendre. Mais pourquoi avez-vous dit à cause de Yuan ?

- Un air de ressemblance qu’il a avec vous qui m’a sauté aux yeux madame.

- (La femme ravie) C’est vrai qu’il ressemble beaucoup à sa mère.

Elle devient triste d’un coup.

- Et comme nous étions sœurs… !!

L’homme voit le visage assombri de son épouse.

- « Yu » est donc à Paris ? Ming ne doit pas en revenir que son fils ait osé quitter la maison, pourtant je pensais moi aussi que les problèmes de santé de mon neveu feraient qu’il n’oserait jamais quitter le nid familial.

Dante comprend également qu’ils n’ont pas été en contact avec Yuan ni avec son père depuis un moment, aussi leurs explique-t-il sans rentrer dans le détail en laissant à Chan pour quand il rentrera de leurs dévoiler les quelques changements qu’il y a eu depuis ses dernières semaines.

La discussion prend vite un air de questions-réponses, tellement les informations que donne le jeune homme les poussent à en apprendre encore plus.

- (La femme) Mais dites-moi jeune homme ? J’ai cru comprendre que mon fils a lui aussi été malade ?

- (Dante gêné) Heu oui en effet, mais c’est du passé maintenant et il va bien depuis.

- (L’homme) Qu’est-ce qu’il lui est arrivé ? Pourquoi ne nous en a-t-il rien dit ?

- Ce n’est pas à moi de répondre, je préfère que ça vienne de lui ? C’est… disons assez intime, vous comprenez ?

- (La femme) Je comprends votre gêne jeune homme, je ne vous en estime que d’avantage. Ainsi Yuan lui aussi est guéri de ses éternelles poussées d’eczéma ?

- Oui madame il en est entièrement débarrassé, même aux endroits les plus gênants pour lui.

- (La femme) Qui a-t-il été consulté ?

Dante de nouveau gêné.

- Vous allez me prendre pour un mal élevé madame mais sur cette question je ne préfère pas répondre, il faudra voir ça avec « Yu ».

Un long silence plane alors entre le couple et le jeune homme, Dante le rompt en proposant des boissons qu’ils acceptent volontiers, gênés eux aussi de ce silence soudain.

Un bruit de clé dans la serrure leurs fait à tous tendre l’oreille, la voix de Chan résonne alors dans la pièce silencieuse.

- Ouh ! Ouh ! C’est moi ! Je suis rentré ! Tu es là chéri ?

2eme année 1er semestre : (69/100) (fac) (Les trublions)

Alain Dupré referme la porte derrière ses deux visiteurs, il attend de les voir marcher dans la cour pour se précipiter vers son téléphone.

Il compose un numéro qu’il connaît maintenant par cœur en tombant sur la messagerie et laisse juste son nom en demandant de le rappeler assez rapidement avant de raccrocher.

Au deuxième numéro qu’il compose, il soupire cette fois de satisfaction quand il entend le déclic de la communication et la voix de celui qui est devenu un ami.

- ………………

- C’est moi Alain, tu vas bien ?

- ………………..

- Tu peux passer ou tu préfères que je vienne te voir.

- ………………

- Important oui.

- …………….

- D’accord je t’attends ! Merci.

Il a à peine raccrocher que l’appareil résonne sur son bureau, il décroche une nouvelle fois et quasiment le même scénario se passe avec son correspondant.

Alain se lève ensuite pour arpenter nerveusement la pièce, jusqu’au moment où il voit arriver quasiment ensemble ceux qu’il a invités à venir.

***/***

Dorian reconnaît l’homme qui marche à deux pas de lui et se dirige manifestement dans la même direction, il tape doucement sur l’épaule de Gérôme qui suit son regard et comprend le geste de son ami.

- (Gérôme) Tu crois que lui aussi ?

- (Dorian) J’en suis quasiment sûr et ce ne serait pas étonnant.

- (Gérôme) Allons le saluer, comme ça nous en aurons le cœur net.

Les deux garçons accélèrent le pas et se retrouvent rapidement au même niveau de l’homme d’un certain âge qu’ils ont tout de suite reconnu.

- (Gérôme) Monsieur Mercier ? Quelle surprise de vous voir ici !

Robert se retourne et reconnaît à son tour les deux hommes, il leurs sourit car pour lui il ne fait aucun doute qu’ils viennent pour la même raison.

Robert en leurs serrant la main.

- Si je vous disais que pour moi ce n’est pas vraiment une surprise ?

- (Dorian amical) On vous croirait sur parole.

- (Gérôme) Et ça ne me rassure pas plus que ça.

Plus une parole n’est prononcée jusqu’à ce qu’enfin ils se retrouvent tous confortablement installés dans le bureau du Doyen, qui après un rapide bonjour attaque directement le sujet qui l’a fait les convier à cette heure de la matinée.

- Messieurs ! Il va encore falloir une fois de plus se serrer les coudes, je viens d’avoir une visite pour le moins curieuse de deux personnes se disant envoyés par le Conseil national de l’Ordre des médecins et je ne vous surprendrais certainement pas en vous disant que l’objet de leur visite concernait notre petit Florian.

- (Gérôme) Ils vous ont donné leurs noms ?

Alain lui tend deux cartes de visite.

- Voilà leurs cartes !

Gérôme dégaine son portable et reste pendu au téléphone pendant de longues minutes jusqu’à ce qu’il le referme et le remette dans sa pochette agrafée à la ceinture de son pantalon.

Inutile de dire que le silence a été de mise pendant tout ce temps, c’est Gérôme qui le rompt enfin en reprenant la parole.

- Déjà une bonne chose !! Ils sont bien ce qu’ils prétendent être, ou du moins deux personnes portant leurs noms appartiennent bien à ce service de l’administration.

- (Alain inquiet) Pourquoi ? Vous pensez que ce pourrait être un emprunt d’identité ?

- (Dorian) C’est une possibilité à ne pas exclure.

- (Gérôme rassurant) Nous allons très vite le savoir et une photo devrait très vite vous arriver en fax, en attendant si vous nous racontiez le but de leur visite ?

- Florian bien sûr et aussi l’amener devant une commission pour évaluer ses connaissances, ils m’ont aussi parlé de tests en réel pour valider son savoir-faire en bloc opératoire.

- (Robert) Nous avons eu plusieurs vents de fuites à son sujet, mais je ne pensais pas que c’était monté aussi loin.

- (Dorian) C’est peut-être aussi bien pour lui en fin de compte vous ne croyez pas ?

- (Robert) Permettez-moi d’en douter.

- (Alain) Qu’est ce qui te fait dire ça ?

- (Robert) Mon intuition et aussi le fait que je n’en ai pas été averti.

- (Alain) Tu vas très vite y être t’inquiète, c’est dans leurs intentions de venir te voir.

« Toc ! Toc ! »

- (Alain) Oui ! Entrez !

Sa secrétaire entre avec des papiers dans la main.

- Un fax qui vient d’arriver pour vous monsieur, il est écrit urgent alors j’ai préféré vous déranger.

- Vous avez bien fait Henriette, merci beaucoup.

Ils attendent avec impatience qu’elle quitte le bureau pour qu’à peine la porte refermée sur elle, ils s’avancent vers Alain qui regarde les deux photos avec une moue inquiète.

- (Robert) Alors ! Ce sont eux ?

Alain pose les yeux sur les photos.

- Sans aucun doute !

Gérôme ne peut s’empêcher de pousser un gros « OUF » de satisfaction, ils le regardent tous incrédules.

- (Dorian surpris) Ça a l’air de te faire plaisir ?

Gérôme très sérieux.

- Plaisir ? Non bien sûr mais c’est un moindre mal, imaginez si cela n’avait pas été le cas ? Les implications auraient été sûrement plus dangereuses pour nous tous et surtout pour Florian.

2eme année 1er semestre : (70/100) (Paris) (Visite imprévue) (suite)

Un grand moment de silence suit les paroles de Chan, ses parents se regardent et n’osent comprendre les implications de ses dernières paroles.

Dante dans la cuisine devient tout pâle, mais il réagit néanmoins rapidement.

- Non ! Ce n’est que moi et tu as de la visite, devine un peu qui est là ?

Chan a un moment de flou quand il entre dans le salon et y trouve ses parents assis confortablement sur le canapé, il voit également Dante sortir précipitamment de la cuisine un torchon dans la main et il comprend enfin les premières paroles que son ami a prononcées.

Il n’hésite pas un instant en le prenant dans ses bras pour lui déposer un baiser sur les lèvres, les yeux de Dante s’arrondissent et lui aussi comprend que son ami ne reniera pas comme il lui en a laissé l’occasion, le fait qu’ils soient ensemble.

Chan garde son chéri tout contre lui et s’approche de ses parents avec un grand sourire aux lèvres, il sent bien les tremblements venant du corps de Dante et se doute que ce n’est pas facile pour lui non plus, surtout que les prochaines secondes vont être décisives.

- P’pa ? M’man ? Quelle heureuse surprise ?

Son père avec une expression indéfinissable.

- C’est une surprise en effet mon fils et ça demande des explications tu ne crois pas ?

Sa mère d’une voix fluette.

- Peut-être pourrais-tu commencer par les présentations.

Chan ne détache pas ses yeux de ceux de son père.

- Chéri, je te présente Than mon père et Lyuth ma mère. Papa ! Maman ! Je vous présente Dante, le garçon dont je suis tombé amoureux avec qui je vais faire ma vie.

Than toujours avec la même expression.

- Colocataire hein ? C’est comme ça qu’ils appellent ça en France ?

Chan ne comprend rien aux paroles de son père mais a très bien senti son ami se resserrer encore plus contre lui, ses tremblements deviennent encore plus perceptibles et commencent à inquiéter fortement le jeune eurasien qui se tourne vers lui, pour avec une extrême douceur le faire s’asseoir dans le fauteuil face à ses parents.

Ceux-ci bien sûr assistent à toute la scène et le visage jusque-là figé de Than commence à revivre dans un léger sourire de compréhension soudaine.

Ce qu’il y a entre les deux garçons est peut-être tout autre que ce qu’il imaginait jusque-là, il se renfonce dans le canapé avec un soupir de soulagement.

Lyuth connaît suffisamment son époux pour respirer à nouveau plus calmement, elle a elle aussi été touchée par les petites attentions de son fils envers le jeune homme qu’elle avait commencé à apprécier avant qu’il rentre du travail.

Le choc d’apprendre de façon si soudaine que son fils aime un garçon commence à passer et Lyuth détaille maintenant plus sereinement le jeune Dante qui accuse lui aussi le coup des aveux de son fils.

Elle a bien compris qu’il lui a laissé le choix d’annoncer leur liaison dans sa réponse au « Tu es là mon chéri » qu’a lancé très innocemment son fils en rentrant chez lui.

Lyuth se lève pour venir s’asseoir plus près du jeune homme encore tremblant et lui prendre la main en lui souriant gentiment.

Les yeux que Dante pose alors sur elle, brisent les dernières réticences qu’elle pouvait avoir.

De magnifiques yeux verts comme l’eau pure des lacs de son pays ornent un visage fin dès plus ravissant, surmonté d’une chevelure brune et soyeuse, le corps élancé dont elle devine la souplesse extrême et la musculature discrète du jeune homme, finisse par la conquérir.

Elle baisse la tête vers lui pour y déposer un baiser sur le front.

- Allons ! Allons ! Remets-toi mon garçon ! Je comprends que tout ceci puisse te chambouler à ce point, mais je t’assure qu’il n’y a aucune raison d’avoir peur de nous.

Than ayant suivi ce moment « spécial » entre sa femme et le jeune homme, sourit à son tour.

Lui aussi a eu le temps de se faire une idée sur le garçon et surtout il a pu suivre les expressions du visage de son fils qui sont exactement les mêmes que lui a eu quand il a connu sa femme.

- Maintenant ils ne vous restent plus qu’à nous expliquer comment tout cela est arrivé, je vous avoue que j’ai un peu de mal à me faire à cette idée mais la vision que vous nous donnez me fait réfléchir et je me crois prêt à admettre que vous éprouviez de forts sentiments l’un pour l’autre.

Chan resté derrière le fauteuil où se trouvent son ami et maintenant sa mère, l’enserre doucement dans ses bras en l’embrassant doucement sur la joue avant de se tourner tout souriant vers son père.

- Je ne saurais l’expliquer papa, quand nous nous sommes vus la première fois à ma sortie de l’hôpital j’ai tout de suite compris que c’était lui que j’attendais et que ce soit un garçon m’a tout autant étonné que toi. Je m’étais déjà posé tout un tas de questions sur mes préférences, je ne m’en pose plus aucunes maintenant crois moi et j’en suis heureux comme tu ne peux même pas te l’imaginer.

Than regarde sa femme et sourit.

- Détrompe-toi mon fils, pour moi cela fait plus de vingt-cinq ans que je ne m’en pose plus moi non plus.

2eme année 1er semestre : (71/100) (Aix)

Les familles Louvain sont réunies comme ils le font au moins une ou deux fois par semaine, un coup chez l’un un coup chez l’autre pour passer l’après-midi et la soirée ensemble.

Depuis quelques temps les parents ont remarqué que leurs enfants n’étaient pas au mieux de leur forme et avaient plutôt le moral dans les chaussettes, au point qu’ils préfèrent rester enfermés dans les chambres plutôt que profiter du temps encore clément pour la saison.

***/***

Léa en soupirant.

- Vivement les vacances, que Guillaume arrive.

Mathis tout sourire d’un coup.

- Et que j’aille à Reims voir « Dami » !! Et pour toi « Thom » ?

- Tu sais bien que « Flo » n’a pas de vacances, la fac ce n’est pas comme les autres bahuts. Par contre c’est lui qui vient au premier pont, je pense qu’il fera le voyage avec Guillaume et sans doute qu’il y aura aussi Aurélien.

- (Léa) Il te manque beaucoup, pas vrai ?

- Plus que tu peux imaginer ! En plus quand je vois les deux autres « loustics » s’en donner à cœur joie, c’est encore pire.

- (Mathis) T’es con aussi ! Pourquoi tu ne restes pas un peu avec eux ? Vous êtes aussi ensemble si j’ai bien compris ?

- C’est vrai mais c’est quand même un peu plus compliqué que ça, je ne pourrais jamais faire ça en sachant « Flo » tout seul.

Léa regarde son frère.

- Tu pourrais toi faire un truc avec un autre gars derrière le dos de Damien ?

Mathis hausse les sourcils.

- Bien sûr que non ! Mais Éric et « Raph » ce n’est pas pareil puisqu’ils sont plus que potes avec eux.

Léa lève les yeux au ciel.

- Grandis un peu « Math » et tu comprendras que ce n’est pas pareil pour Thomas.

- (Mathis sceptique) Mouaih ! Eh bien en attendant c’est lui qui se retrouve tout seul pendant que ses deux copains s’éclatent comme des ouf.

Léa voit bien l’air malheureux de Thomas.

- Appelle, ça te fera du bien.

Thomas sourit à sa cousine.

- On ne fait que ça qu’est-ce que tu crois ? Si on parlait d’autre chose ? Vous êtes en train de me filer le blues là.

- (Mathis) Moi je veux bien, mais à chaque fois nous revenons sur nos amoureux tu le sais bien.

Thomas se lève.

- Je vais chez Papy, eux aussi doivent s’ennuyer.

Il quitte alors ses cousins, prévient ses parents, son oncle et sa tante, pour partir ensuite d’un bon pas se détendre en marchant jusque chez Michel et Maryse.

Il trouve lourd son cousin de toujours lui rabâcher que s’il voulait il ne tient qu’à lui de retrouver ses deux amis, il reconnaît qu’eux l’ont bien compris et n’essayent jamais de le sortir de sa solitude sentimentale en lui faisant des avances.

Quand ils sont ensemble, ils se comportent comme de vrais amis et les seules allusions à leurs complicités sexuelles ne viennent sur le tapis que juste quand ils lui font comprendre qu’ils ont hâte de se retrouver tous les quatre.

L’image de Florian lui amène le sourire, un léger gonflement au niveau de son entrejambe prouve combien il lui manque et l’effet quand il pense à lui et comme toujours quasiment immédiat.

Se sentant gêner d’avoir une érection en pleine rue, il tente de penser à autre chose mais c’est peine perdue.

Aussi comme il passe forcément tout près de chez lui pour se rendre chez les De Bierne, il soupire et bifurque pour y calmer comme il se doit la bête qui n’attend que ça.

La chance ou la malchance veut qu’il rencontre ses deux amis à quelques mètres de sa maison, ceux-ci remarquent tout de suite l’excroissance révélatrice en s’en amusant gentiment à ses dépens.

- (Raphaël égrillard) Tiens ! Tiens ! Le monstre à deux têtes fait son apparition on dirait.

Thomas amusé de s’être fait capter.

- Eh bien sûr il faut que je tombe sur vous.

Éric avec un grand sourire.

- Tu allais te la jouer solo à ce que je vois ?

Thomas en haussant les épaules.

- Hé ! Il faut bien sinon ça ne va pas le faire et je vais me traîner ça entre les jambes tout le reste de l’après-midi.

Raphaël se mordille les lèvres d’envie.

- On peut venir avec toi ?

Éric bien excité lui aussi.

- Juste pour mater un beau gosse se faire du bien.

Thomas regarde ses amis et comprend leurs envies.

- Bande de sales pervers Hi ! Hi !

Raphaël qui lui aussi maintenant en tient une bonne entre les jambes.

- Allez « Thom » s’il te plaît !

Éric dans le même état « d’esprit ».

- Ne nous dis pas que tu n’en as pas envie ?? écoute !! T’as qu’à demander à « Flo » et tu verras bien ce qu’il te dira.

Thomas hésite puis captant les regards d’envies de ses deux amis, il soupire un grand coup et prend son portable, il les regarde une nouvelle fois en les voyant l’encourager des yeux à continuer.

Il appuie alors sur la touche rapide correspondant à Florian puis attend que celui-ci décroche, ses joues devenant rouges de gêne.

(Plusieurs sonneries) ……………

- Florian c’est moi, je te passe Éric il a un truc à te demander.

Il tend alors l’appareil à son copain qui le regarde avec un air moqueur en s’étant bien aperçu de sa gêne à poser une telle question à son chéri, Éric prend le téléphone et explique en riant ce qu’ils se proposent de faire, puis repasse l’appareil à Thomas.

- Tiens ! Voilà ta réponse Hi ! Hi !

- Allô « Flo » !

- ……………

- Tu es sûr ?

- …………..

- Oui je sais, mais avec eux je sais très bien que ça n’ira pas plus loin.

- …………

- Mais non, je ne dis pas ça enfin ! Ok je te le repasse.

Il redonne l’appareil à Éric qui le lui prend des mains, étonné.

- Oui c’est re-moi, alors ?

- ………………

- Hi ! Hi ! Promis ! Tu sais bien que ce n’est pas notre intention, maintenant dépêche-toi de revenir parce que vous nous manquez grave tu sais.

- ……………

- Ok t’inquiète on ne le laisse pas tout seul, bisous « Flo » à très vite.

Éric raccroche et rend le portable à Thomas avec un grand sourire lubrique.

- Allez les gars ! Y a popole qui a envie d’une petite gâterie en regardant ses copains en faire autant.

- (Raphaël) Florian est d’accord alors ?

- Oui, surtout que lui ne s’en prive pas apparemment.

- (Raphaël étonné) De quoi ???

- (Éric rassurant) Oh là ! Va pas te faire un film, c’est juste qu’il lui arrive à lui aussi de se faire une petite partie branlette avec « Dami » et Guillaume de temps en temps et ça l’a bien fait rire que Thomas lui demande l’autorisation alors qu’il ne lui a jamais caché ce qu’il faisait.

Raphaël voit bien que Thomas est toujours aussi rouge de confusion, mais qu’il n’a pas débandé pour autant.

- Allez ! On va chez toi « Thom », il y a longtemps qu’on n’a pas vu la bête à la crinière blonde et ça me manque.

- (Éric) Comment il m’a dit déjà le rouquin ? Ah oui ! Il joue à la fusée Hi ! Hi !

Drôle de façon de parler pour dire qu’ils se branlent ensemble avec les deux frangins Hi ! Hi !

2eme année 1er semestre : (72 / 100) (Thillois) (Henry et Évelyne)

« Dring !!!» « Dring !!!»

Fabienne est dans sa cuisine quand elle entend la sonnerie de l’entrée, le temps d’essuyer ses mains et ensuite de reposer son torchon, la voilà ouvrant la porte à un couple d’inconnus.

- Oui ? C’est pourquoi ?

- (La femme) Excusez-nous de venir ainsi vous déranger, je suis la sœur de la maîtresse de votre fille Mélanie. Voici mon mari Henry et moi c’est Évelyne, pourrions-nous vous entretenir quelques instants s’il vous plaît.

- Mais entrez donc ! Puis-je vous offrir un rafraîchissement ?

- Merci, mais nous venons juste de prendre un café sur l’autoroute.

Pendant qu’elle fait entrer le couple dans le salon, Fabienne se demande quel peut bien être le but de leur visite.

La femme voit bien à son visage que celle-ci se pose des questions et tient donc à la rassurer au plus vite.

- N’ayez aucune inquiétude madame, si nous sommes ici c’est juste parce que ma sœur nous a parlé de la façon extraordinaire dont votre fille s’est rétablie suite à son opération.

Fabienne maintenant souriante.

- Je dois vous avouer que pour nous aussi ça a été une heureuse surprise !! Depuis son accident qui lui avait fait perdre l’usage de ses jambes, très peu d’espoir nous avait été donné quant au fait qu’elle pourrait remarcher un jour.

- (Henry) Nous avons nous aussi un enfant accidenté qui a perdu l’usage de ses jambes et nous aimerions en savoir plus sur les démarches qui vous ont fait prendre contact avec le professeur Viala, c’est le nom que nous a donné ma belle-sœur.

Fabienne soudain mal à l’aise.

- Heu ! Oui, c’est bien Frédéric qui s’est occupé de Mélanie. Nous habitions dans le Nord et nous sommes venus dans la Marne parce qu’on nous avait dit qu’il y avait des spécialistes renommés à Reims. Même eux ne nous donnaient que très peu d’espoirs de voir un jour remarcher notre petite fille, il a fallu un heureux hasard lors d’une séance de kiné pour qu’on nous présente Frédéric. Nous nous sommes pris d’amitié avec lui depuis qu’il s’est merveilleusement occupé de Mélanie, maintenant tous ces malheurs sont loin derrière nous et nous nous en réjouissons à chaque instant croyez-moi.

Évelyne les larmes aux yeux.

- Serait-il possible de le rencontrer ? Sébastien notre fils est cloué dans son fauteuil depuis plus de cinq ans, aucun médecin que nous avons rencontré et nous en avons vu beaucoup croyez-moi, ne nous a laissé ne serait-ce qu’une lueur d’espoir.

- (Henry) Sébastien a maintenant vingt ans et nous ne savons plus à quel saint nous vouer, quand ma belle-sœur nous a parlé de la guérison de votre enfant. Vous comprendrez bien que nous soyons aussitôt venus pour vous rencontrer et en savoir un peu plus sur cette personne.

Fabienne émue de la détresse visible du couple.

- Je vous comprends, nous en aurions fait tout autant !! Maintenant il faut que vous sachiez qu’il y a une longue préparation avant l’intervention, si celle-ci est envisageable il va de soi et qu’il vous faudra amener tous les jours votre fils à l’hôpital comme nous l’avons fait avec Mélanie. C’est très éprouvant vous vous en doutez bien, surtout qu’il n’y a aucune garantie qu’au final votre fils remarche un jour.

- (Évelyne) Même si les chances de réussites sont infimes, nous nous devons pour notre enfant d’essayer.

- (Henry) Nous sommes prêts à venir habiter ici s’il le faut, ma profession peut être exercée n’importe où et ma femme n’en a plus depuis cinq ans pour s’occuper de Sébastien.

Évelyne croit bon de préciser.

- Mon mari est psychiatre, il exerce à son compte.

- (Fabienne) Avant d’envisager quoi que ce soit, je pense qu’une conversation avec Frédéric serait un minimum. Il vous demandera très certainement le dossier médical de votre fils, ainsi que de le rencontrer pour un premier examen.

Évelyne sort de son sac une enveloppe, elle l’ouvre et en sort quelques photos qu’elle tend d’une main tremblante à cette femme si compréhensive.

- Tenez !! Voici des photos de Sébastien prisent récemment, c’est un gentil garçon vous savez et il ne se plaint jamais, bien que nous soyons conscients qu’il souffre beaucoup de sa condition actuelle.

Fabienne lui prend les photos des mains et va se mettre devant la fenêtre pour mieux les regarder, elle ne peut refréner quelques larmes devant le visage souriant du jeune homme assis dans son fauteuil roulant.

Elle revoit Mélanie quelques mois plus tôt avec le même sourire et les quelques larmes se transforment vite en torrent, ému qu’elle est de ce beau garçon dont la jeunesse a été gâchée de si horrible façon.

Evelyne voit tout comme son mari, l’émotion ressentie par cette femme qu’ils ne connaissaient pas une heure auparavant et s’approche d’elle pour la prendre gentiment par les épaules.

- Allons ! Qu’est-ce qu’il se passe ? Ne vous mettez pas dans des états pareils.

Fabienne s’essuie les yeux.

- Ma fille avait le même sourire que votre fils, il est magnifique.

Évelyne lui reprend doucement les photos des mains.

- Allons ! Venez-vous asseoir, vous allez finir par me faire pleurer moi aussi.

Fabienne sourit à cette femme si gentille et prévenante.

- Je vous promets que nous ferons tout ce qui est en notre pouvoir pour voir ce beau jeune homme debout sur ses deux jambes. J’appelle Frédéric et je vous prends un rendez-vous au plus vite.

Évelyne prend la main de Fabienne en la lui serrant chaleureusement.

- Merci pour nous et merci pour lui.

2eme année 1er semestre : (73/100) (CHU) (Posters)

Akira arrive à Reims en décidant d’aller voir directement son père au CHU et ainsi en profiter pour voir Florian et s’il n’est pas là, de donner à son père les deux posters qu’il a promis.

Il a vu grand sur ce coup là et pour les transporter sur sa moto, il les a roulés dans un tube en carton épais.

Il a fait de même pour les cadres qu’il a prévus d’amener en kit, dans un autre tube placé de part et d’autre de sa bécane.

Le voilà donc avec les deux énormes rouleaux à arpenter l’hôpital jusqu’à l’endroit où Jordan a son bureau, celui-ci le voit arriver avec surprise car s’il savait qu’il venait passer le week-end au refuge, il ne s’attendait pas à le voir ici.

- « Kira » ? Quelle surprise ?

- Salut p’pa ! (Il l’embrasse) Tu peux me trouver un petit coin pour que j’assemble mes cadres ?

Jordan regarde les deux énormes rouleaux.

- Qu’est-ce que c’est ?

- Des posters que j’ai promis à Florian et à Thomas !

Il y aurait eu un tremblement de terre que Jordan n’aurait pas été plus surpris qu’aux dernières paroles de son fils.

- Tu connais « Flo » et « Thom » ?

Akira surpris à son tour des petits noms qu’emploie son père.

- Tu les connais bien on dirait ?

- Heu ! Oui, mais c’est normal. Florian trav… heu ! Traîne souvent dans les parages, il fait ses études de médecine et il est curieux de tout alors tout le monde l’aime bien tu comprends. Et comme Thomas est son copain, alors nous avons pris également l’habitude de le voir et puis comment ne pas faire attention à eux ?

Akira sourit car il comprend bien.

- C’est vrai qu’ils déchirent grave ses deux-là, ils pourraient me piquer mon boulot si je ne fais pas gaffe Hi ! Hi !

Jordan préférant ne pas trop s’éterniser sur eux car mentir à son fils n’est pas ce qu’il aime le plus, loin de là.

- Je vais voir un patient, alors tu n’as qu’à t’installer là.

- Merci p’pa ! Si tu vois Florian, tu pourras lui dire que j’ai ramené les posters ?

- Désolé mon fils mais il ne sera pas ici avant lundi.

- Ah ! Ok ! Dommage mais ce n’est pas grave, je les laisserai dans ton bureau.

- D’accord on fait comme ça, tu as vu ton frère ?

- Non pas encore, je viens juste d’arriver. Il va mieux ?

- Pas terrible mais il sera content de t’avoir près de lui ce week-end.

- Moi aussi.

Jordan regarde sa montre.

- Oups ! Faut que j’y aille là, on se revoit au refuge.

- Ok p’pa.

Jordan quitte la pièce pendant que son fils s’installe pour faire son assemblage, il marmonne tout seul en se rendant dans la salle de musculation où il doit retrouver son prochain patient.

- Akira qui me parle de Florian ? J’en reviens pas comme le monde est petit, il y a je ne sais combien de photographes à Paris et c’est chez mon fils qu’ils vont. Pfft !!!

Il sourit malgré tout et se promet d’en savoir plus sur les circonstances de cette rencontre qui apparemment s’est plutôt bien passé pour que son fils en parle comme il l’a fait, c’est le sourire aux lèvres qu’il arrive à la salle pour se mettre au travail.

Akira avec l’habileté due à l’habitude assemble en moins de deux les cadres, une pointe de colle rapide et il laisse sécher le temps de dérouler les deux posters identiques, montrant Florian et Thomas amoureusement enlacés.

Il ne peut s’empêcher de rester un moment à contempler les deux garçons, il se rappelle alors des circonstances qui ont donné lieu à la prise de cette photo et un grand sourire illumine son visage.

Une fois qu’il a vérifié que les cadres sont parfaitement collés, il insère les deux photos devant les épaisses feuilles de carton qu’il avait enroulées avec.

- Ça mériterait une vitre ou un plexi devant pour protéger, bah ! Ils pourront toujours la rajouter après coup.

Akira fait alors la chose à ne pas faire ici, il va mettre un des deux posters dans le couloir pour pouvoir le regarder avec plus de recul.

Bien sûr ça ne rate pas quand deux femmes de salles arrivent et voient ce grand et beau jeune homme regarder quelque chose devant lui et qui curieuses, s’approchent de lui.

Le cri qu’elles poussent en reconnaissant les personnages du poster fait sursauter Akira, qui se retourne vers elles le visage marquant la surprise.

- Mais c’est Florian et Thomas !!!! Regarde donc comme ils sont chou !!!

2eme année 1er semestre : (74/100) (Reims) (Rock and roll)

Dimanche jour de repos, Aurélien, ses frères et Florian emmènent Yuan qui est là depuis samedi midi, pour visiter le centre-ville.

Yuan est maintenant devenu un véritable ami pour les trois frères depuis que Florian l’invite régulièrement, ils préfèrent d’ailleurs que ce soit lui qui vienne à Reims comme ça ils peuvent profiter plus de Florian et comme ce n’est pas la place qui manque à l’appartement.

Ils sont tous les cinq sur la petite place près de chez eux, Guillaume voit arriver Anthony accompagné de ses amis et prévient Damien à voix basse.

- Regarde Damien, voilà « Antho » et sa bande.

Damien tourne la tête et sourit.

- Cool ! On leurs demande s’ils veulent venir avec nous en ville ?

Aurélien regarde les quatre gars.

- Hé ! Ce n’est pas le mec qui regardait « Flo » d’une façon bizarre ?

- (Guillaume amusé) Si ! C’est bien lui !

Aurélien soupçonneux regarde Damien.

- Et vous les connaissez ???

- (Damien) Ce n’est pas ce que tu peux t’imaginer « Aurel » ! C’est juste un pote qu’on voit de temps en temps et celui qui lui tient la main c’est son frère Baptiste. Les autres, je les ai déjà vus mais je ne les connais pas.

Yuan qui regarde depuis tout à l’heure.

- C’est marrant, pourquoi il lui tient la main comme ça à son frère ?

J’ai déjà ma petite idée.

- Parce que le mec vicieux d’Aurélien est tout simplement aveugle voilà pourquoi.

- (Aurélien surpris) De quoi !!!

- (Guillaume) Et oui « Aurel » il ne matait pas « Flo » l’autre fois, il l’écoutait rire. Mais dis-moi toi ? Comment tu as deviné ?

Je souris tristement.

- C’est pourtant évident, il tient une canne télescopique dans son autre main.

- (Yuan) On fait quoi alors ? On les appelle ou on laisse tomber ?

Aurélien un peu honteux d’avoir eu de mauvaises pensées sur le garçon qu’il voit rire avec ses amis.

- Ça ne coûte rien d’aller leurs dire bonjour.

- (Damien) Cool ! Depuis le temps qu’il veut connaître « Flo », vous verrez il est super sympa et son frère est super-cool lui aussi.

Je ris devant l’empressement de Damien, aussitôt le fameux Anthony redresse la tête et tourne son visage vers nous.

Un grand sourire l’illumine, quand il comprend que nous nous dirigeons vers eux.

Je capte également le regard que son jeune frère pose sur moi et j’ai un moment de gêne quand j’en comprends le sens, je prends Damien et Guillaume par les bras pour les questionner.

- Vous ne m’avez pas tout dit les gars, ce n’est pas cool ça.

- (Guillaume étonné) Comment ça ?

Je montre le jeune frère.

- Lui !

- (Guillaume) Baptiste ? Je ne comprends pas ? Ah oui ! J’oubliais, il est un peu amoureux de toi je crois.

- (Damien sérieux) Et pas qu’un peu je dirai, l’autre jour quand il a su que tu étais avec Thomas, il nous a laissés en plan en laissant même Anthony tout seul.

- Bon les gars ! Sérieux ! Je n’ai pas besoin de ça.

Yuan amusé devant ma tête.

- Allez Don Juan, assume !

Prenant un ton sérieux et intéressé.

- Tu crois qu’il a un grand lit dans sa chambre ?

Yuan sursaute en tirant une tronche pas possible.

- De quoi ???

- Hi ! Hi ! Je rigole… mais tu aurais vu ta tête Hi ! Hi !

Yuan rassuré sourit à son tour.

- Tu sais que dans la mienne il y en a un.

Je capte le message, Yuan depuis que Thomas est reparti ronge son frein et je dois avouer que moi aussi.

À chaque fois que nous nous voyons c'est-à-dire quasiment chaque week-end, il nous est de plus en plus difficile de ne pas craquer.

J’en parle bien sûr à Thomas qui me dit que je pourrais au moins partager avec lui comme je le fais avec « Dami » et Guillaume, mais j’ai trop peur que ça dérape et je n’ai jamais osé lui proposer.

- Tiens ! C’est vrai ! Va falloir s’en souvenir pour la prochaine fois que tu m’invites chez toi.

Yuan en a les yeux qui s’arrondissent ce qui pour un chinois est assez remarquable, il n’ose répondre de peur sûrement que ma phrase ait un autre sens que celui qu’il a compris.

Je vois son trouble et mon cœur s’emballe, je connais maintenant suffisamment mon ami pour savoir qu’il m’aime et que ce n’est pas juste que sexuel.

- Hé « Yu » !! Reviens sur terre !!

- (Yuan ému) J’ai bien entendu ce que tu viens de dire ?

- (Amusé) Je t’ai demandé de revenir sur terre.

- Non ! Juste avant !

- Vu la tête que tu fais, je pense que tu as très bien compris Hi ! Hi ! On en parle ce soir si tu veux, en attendant allons faire connaissance avec ses quatre gars qui m’ont l’air plutôt sympa.

2eme année 1er semestre : (75/100) (Reims) (Rock and roll) (suite)

Les présentations sont vite faites et nous apprenons les prénoms des deux derniers garçons qui font partie des amis d’Anthony, Stéphane et Dylan nous serrent la main en engageant la conversation avec nous.

Apparemment le feeling passe bien entre nous tous, nous décidons donc d’aller faire un tour en ville tous ensemble.

Anthony s’arrange pour venir près de moi en me prenant le bras, nous continuons comme ça un bon moment jusqu’à ce qu’il se décide à engager la discussion avec moi.

- Tu dois te demander pourquoi j’avais envie de te connaître ?

- Damien m’a dit que c’est à cause de mon rire.

- C’est vrai ! Tu as un rire musical et très communicatif, tu ne chanterais pas par hasard ?

- Qui ça ? Moi ? Je n’arrête pas ! Hi ! Hi ! Mais je chante comme une gamelle et ça fait rire tout le monde. Pourquoi cette question ? Tu chantes toi ?

- Oui j’aime beaucoup, nous avons une petite salle où avec mes amis nous avons monté un groupe. Oh ! Il est sans prétention tu sais ! C’est juste pour nous faire plaisir et ça reste entre nous, mais on s’amuse beaucoup.

- Tu sais jouer d’un instrument ?

- Je joue du piano mais surtout de la guitare, Baptiste fait de la guitare également.

- Et les autres ?

- Stéphane est à la batterie et Dylan à la basse et au synthétiseur.

- Et toi tu chantes ?

- Oui ! Comme je te l’ai dit, j’aime beaucoup.

- Je pourrais venir vous écouter ? Et puis j’aimerais apprendre à jouer de la guitare, ça a toujours été mon kif.

- Si tu veux nous avons prévu de passer la soirée à jouer, tu n’as qu’à venir avec tes copains.

Bien sûr après en avoir parlé aux autres, l’idée plaît à tout le monde et nous nous donnons rendez-vous après le repas du soir pour aller les écouter jouer.

***/***

Quand ils se séparent en fin d’après-midi, Florian et Yuan foncent directement dans la chambre d’Aurélien pour allumer son ordinateur.

- (Yuan curieux) Tu cherches quoi ?

- De la documentation pour apprendre à jouer de la musique.

- Tu m’as l’air bien excité là ?

- Mais tu ne te rends pas compte ? Il y a une éternité que je n’ai pas appris quelque chose de nouveau.

- Tu n’as jamais rien lu sur la musique ?

- Bah non ! Je n’en ai jamais vu l’utilité jusqu’à maintenant.

- Et là, d’un seul coup ça te prend ?

- Oui ! C’est un défi que je me lance à moi-même, celui de prendre en défaut un gars qui a l’oreille absolue.

- Anthony ?

- Lui-même !

- Et tu crois qu’en une ou deux heures tu vas y arriver ?

- Moins que ça si tu arrêtes de discuter comme une vieille pie.

Yuan ne dit plus rien, il suit captiver les recherches de son ami avec la rapidité qu’il a pour passer d’une page à une autre.

Une fois tout ce qu’il a trouvé sur l’apprentissage des notes et la lecture des portées, lus et retenus, Florian regarde amusé des clips où le guitariste est pris en gros plan.

Yuan s’étonne et sourit sur les mouvements de mains de son copain, imitant les différentes positions des doigts que prennent les musiciens.

- Tu crois qu’il suffit de mimer les meilleurs musiciens pour devenir comme eux.

- Je ne les imite pas ! J’apprends juste à reconnaître les notes des partitions par apport aux positions des doigts.

Yuan préfère se taire plutôt qu’entrer en polémique avec son ami, au risque de se disputer pour un sujet qui n’en vaut certainement pas le coup.

Florian comprend très bien que Yuan ne croit pas possible d’apprendre aussi vite et surtout de cette façon, lui non plus ne dit rien et préfère lui prouver le moment venu de quoi il est capable.

Déjà il a parfaitement saisi la pratique de la guitare et se sent capable de faire un essai, il se lève en entraînant Yuan avec lui et tous deux ressortent pour rapidement se rendre dans une boutique spécialisée.

Quand dix minutes plus tard ils en sortent, deux garçons aux visages radicalement différends reprennent le chemin du retour.

Le premier les yeux brillants et tout sourire alors que le deuxième a les yeux exorbités levés sur lui et dodeline machinalement de la tête en se rappelant ce qu’il vient de vivre à l’instant.

Son regard reprend conscience petit à petit de la réalité des choses, ne laissant plus paraître que l’adoration qu’il éprouve pour son ami si « particulier ».

***/***

Au pas-de-porte de la boutique en question, deux hommes les regardent partir avec le visage encore marqué par l’émotion qu’ils viennent de ressentir.

- (Le premier vendeur) Jamais vu ça !!

- (Le deuxième vendeur) J’ai cru un instant entendre Jimmy Hendrix… qu’est-ce qu’il t’a dit en entrant ?

- (Le premier vendeur) Juste il m’a demandé s’il pouvait essayer une guitare pour voir si ça lui plairait d’apprendre à en jouer !!

- (Le deuxième vendeur) Il s’est bien foutu de ta gueule sur ce coup là, ce gamin joue sûrement depuis aussi loin qu’il sait marcher.

Le premier vendeur incrédule.

- Pourtant j’étais quasiment certain qu’il était sincère.

2eme année 1er semestre : (76/100) (Paris) (Visite imprévue) (fin)

Chan commence à se sentir mieux quand il comprend que ses parents sont prêts à accepter sa relation avec Dante, il n’a pas voulu tricher même quand son ami lui a tendu la perche et il s’en félicite.

D’abord pour lui-même, mais aussi pour le petit gars tremblant duquel il est tombé follement amoureux dès le premier jour.

Il repense alors au reste de la soirée avec les explications qu’il lui a fallu donner.

***/***

- (Than) Nous reparlerons de tout ça un peu plus tard si vous le voulez bien, avant j’aimerais que tu nous expliques à ta mère et à moi cette histoire d’hôpital.

- (Lyuth affolée) Tu as eu un accident ?

Chan s’assoit près de son amoureux et raconte toute l’histoire qui l’a mené à devenir suffisamment accro à la drogue qu’il a failli y perdre son âme et la vie.

Il termine en expliquant que c’est grâce à Yuan et quelques amis à lui desquels Dante faisait partie, qu’il a repris le dessus et que depuis il va bien, qu’il se sent complètement débarrasser de ses vieux démons.

Ses parents comprennent le rôle important qu’a joué le jeune homme qu’il tient serré tout contre lui, ils le voient alors d’une autre façon et ce qui était déjà un début d’acceptation devant sa fragilité apparente aux derniers événements, se renforce par une énorme gratitude d’avoir été là pour leur fils au moment le plus difficile sans doute de sa vie.

Chan termine ses explications.

- Je vois bien que je vous ai déçus, j’espère que vous arriverez à me pardonner mais je vous promets que maintenant tout cela est derrière moi et que j’ai repris ma vie en mains.

- (Than) C’était donc ça la raison de tes absences à ton travail, si nous sommes là aujourd’hui c’était justement pour essayer de comprendre ce qui n’allait plus. Nous en avons maintenant l’explication et si j’avais pu une seule fois imaginer que tu te sentais aussi seul au point d’en arriver à ses extrêmes, crois-moi je ne t’aurais pas laissé rester en Europe après tes études. J’en connais un qui va avoir lui aussi des explications à me donner sur son silence.

- Oncle Ming ne voulait pas faire de vagues, il t’en aurait sûrement parlé quand il aurait trouvé le moment opportun.

Than visiblement pas convaincu.

- Si j’avais agi comme lui l’a fait avec Yuan à ta place, je ne suis pas certain qu’il aurait apprécié que nous lui cachions les choses comme il l’a fait avec toi.

Dante qui prend la parole pour la première fois depuis le « Coming-Out » de Chan.

- Peut-être qu’il n’a rien dit parce que « Flo » s’était occupé de Chan comme il s’était occupé de « Yu » et qu’il savait que tout rentrerait dans l’ordre.

Un silence suit ses paroles, Than fixe le jeune homme de ses yeux perçant et essaie de comprendre ce que vient faire ce « Flo » dont il n’a jamais entendu parler dans toute cette histoire.

- Qui est ce garçon ?

Chan fait des gros yeux à son copain.

- Heu ! Un ami d’oncle Ming et de Yuan.

Dante qui n’a pas remarqué le regard de reproche de Chan.

- C’est le fils du meilleur ami du père de Yuan.

Lyuth d’une voix douce.

- Ming n’a eu qu’un seul vrai ami en Europe et il n’est plus là depuis très longtemps, Pierre est décédé avec sa femme lors d’un terrible accident. Je me rappelle très bien qu’avec ma sœur nous avons passé des heures et des heures à tenter en vain de le consoler, je ne suis pas sûr qu’aujourd’hui encore il n’y pense régulièrement.

Than connaît très bien toute l’histoire.

- Alors comme ça votre « Flo » serait Florian De Bierne ? Et il serait devenu ami avec Yuan ? Décidément la vie aime bien à se répéter.

Chan n’aime pas trop le tournant que prend la conversation, il sait ses parents curieux et n’a pas envie de rentrer dans les détails et d’avoir des paroles trop révélatrices sur les préparations que Florian expérimente et desquelles ils ont largement profité lui et son cousin.

Il tente alors de dévier la conversation mais c’est sans compter sur son copain qui est en adoration sur Florian et qui ne lâche évidemment pas le morceau quand il s’agit de parler de lui.

- Ils s’adorent vous savez ?

Than et sa femme se regardent, il est évident qu’ils sont sur la même longueur d’onde et qu’ils connaissent la réalité sur l’amitié indéfectible qu’il y a eu entre Pierre De Bierne et leur beau-frère.

- (Than) Comment ça ?

Dante ne voit toujours pas l’air désespéré de son ami.

- Yuan a de forts sentiments pour Florian, mais « Flo » est déjà avec « Thom » et ils s’aiment.

Lyuth à son tour regarde intensément son mari, elle ferme un instant les yeux puis les rouvre en prenant sa respiration.

- Comme tu disais chéri, la vie aime bien à se répéter.

2eme année 1er semestre : (77/100) (Thillois/CHU) (Henry et Évelyne) (suite)

« Thillois »

Le véhicule se gare devant chez les Dufour, de sa chambre où il passe l’après-midi à jouer au poker avec Sébastien, Marc et Flavien, Sylvain entend le véhicule stopper devant chez lui et sa curiosité le pousse à se diriger vers la fenêtre.

Il voit un couple descendre de la voiture et l’homme ouvrir son coffre pour y sortir un fauteuil roulant qu’il déplie devant la porte arrière, il ouvre ensuite celle-ci et aide un jeune homme à s’en extraire et à l’asseoir confortablement sur son fauteuil.

Ensuite la porte de chez lui s’ouvre, sa mère accourt vers le couple avec un grand sourire aux lèvres.

Le garçon comme s’il se sentait observé, lève les yeux vers la fenêtre où Sylvain est posté.

Le sourire du jeune homme en l’apercevant derrière la vitre lui envoie un frisson dans tout le corps, il lui rappelle trop ceux que lui faisait Mélanie quand elle aussi était handicapée.

Un sourire se voulant jovial mais comportant un petit élément indéfinissable à la fois de tristesse et de ne pas être comme tout le monde au point d’en être honteux.

Il détaille alors avec attention le garçon qui n’a toujours pas bougé, le regard fixé dans le sien.

Il doit avoir à peu près le même âge que lui, de taille moyenne, assez robuste sans être gros et une belle chevelure bouclée blonde tirant sur le roux lui tombant sur les yeux.

Il n’a que le temps de lui rendre son sourire qu’il voit son père venir le chercher et lui demander sans doute pourquoi il n’arrive pas.

Quand il sort de son champ de vision, Sylvain rejoint ses amis mais reste visiblement troublé.

- (Flavien) Alors qu’est-ce que tu fous ? Tu joues oui ou non ?

Sébastien se rend compte de son trouble.

- Ça va ?

- (Sylvain) Mes parents ont de la visite, des gens que je ne connais pas mais il y a un gars de notre âge paraplégique et ça m’a fait drôle de revoir un fauteuil roulant rentrer dans cette maison.

- (Marc) On pourrait descendre dire bonjour et voir s’ils restent suffisamment longtemps pour l’inviter à venir jouer aux cartes avec nous. Ça lui ferait peut-être plaisir d’être avec des mecs de son âge.

***/***

Pendant ce temps-là Fabienne fait entrer ses invités, en effet elle a réussi à joindre Frédéric et a obtenu un rendez-vous très rapide pour le lundi matin.

Aussi elle a invité Henry, Évelyne et leur fils à venir la veille afin d’être reposé et ne pas à avoir à faire la route le lendemain forcément très tôt.

André les accueille lui aussi chaleureusement, ils ont juste le temps des présentations qu’un bruit de courses dans l’escalier leurs fait dresser la tête pour voir les quatre copains déboulés dans le salon en riant.

Fabienne les présente au couple et à Sébastien, elle leurs explique alors le pourquoi de leurs venues chez eux et leurs demande la cause de cette descente pour le moins trépidante.

Sylvain fixe à nouveau le jeune homme.

- On avait besoin d’un joueur pour le poker et on venait voir si votre fils voulait venir.

Fabienne agréablement surprise.

- Le mieux serait de le demander à Sébastien.

Sylvain avec un grand sourire.

- Ça te dit ?

Sébastien étonné qu’ils soient descendus juste pour lui.

- Ça me plairait bien oui, mais j’aurais du mal à vous suivre là-haut.

Il voit arriver sur lui une armoire à glace tout en muscle, le visage éclairé d’un grand et franc sourire.

- Je t’emmène si tu veux.

La puissance imposante de ce grand blond lui fait un drôle d’effet, c’est d’une voix timide qu’il lui répond.

- Je vais être trop lourd, non ?

Le rire de Flavien fait sursauter tout le monde, il attrape Sébastien sous les genoux et dans le dos en le soulevant ensuite comme une plume.

- T’es drôle comme mec Hi ! Hi ! On ne te l’a jamais dit Hi ! Hi ! Bon aller ! Poussez-vous les minus, montez le fauteuil pendant que je monte monsieur le « sumo » à l’étage Hi ! Hi !

Aussi vite qu’ils étaient apparus dans la pièce, aussi vite ils en disparaissent en riant toujours des paroles de Flavien.

Les adultes se retrouvant seuls dans le salon, se regardent amusés pour certains et pour le moins troublés pour les autres.

- (Fabienne) Je crois qu’ils viennent d’adopter votre fils, mon avis que ça ne va pas être facile pour vous de repartir avec.

- (Évelyne surprise) Comment ça ?

Fabienne avec un gros clin d’œil amical.

- Rappelle-toi bien mes paroles et là il ne les connaît pas encore tous. Il n’a pas encore vu les autres.

- (Évelyne incrédule) Parce qu’il y en a encore beaucoup d’autres ?

André tout sourire.

- Oh oui ! Et un en particulier !! Mais vous verrez ça le moment venu, en attendant nous avons à mettre au point la journée de demain.

2eme année 1er semestre : (78/100) (CHU) (Posters) (fin)

Akira est dans sa chambre, il repense à son arrivée et éclate de rire, il sort son calepin et compte toutes les commandes qu’il a eues, d’un tirage plus petit bien sûr d’autres clichés qu’il avait avec lui représentant le jeune couple souriant.

Quand il a entendu l’exclamation des deux femmes de salle devant le portrait de Florian et de Thomas qu’il venait juste d’encadrer, il ne s’attendait certainement pas au moment de folie qui a suivi.

En très peu de temps le couloir où il avait placé l’agrandissement, s’est rempli au point qui lui a fallu le retirer et le placer plus loin dans une espèce de rotonde utilisé uniquement par le personnel.

Quand il lui a été demandé s’il serait possible d’en avoir un tirage, au début il ne savait trop quoi répondre et finalement il a refusé car la représentation du poster étant trop intime à son goût pour être commercialisée.

Il s’est rappelé alors qu’il avait l’autorisation des garçons d’en publier d’autres toutes aussi magnifiques mais moins intimes, d’ailleurs l’une d’elles a déjà été éditée dans un magazine féminin et lui fait penser à recontacter les deux garçons comme prévu, pour en faire d’autres cette fois-ci purement commerciale.

Il fait passer les photos après avoir eu la bonne idée de les numéroter au dos, les exclamations et les paroles d’une extrême gentillesse qu’il entend alors l’intriguent au plus haut point, ne s’attendant pas à une telle notoriété même s’il convient volontiers de la beauté des deux modèles.

Mais assurément d’après les quelques bribes de phrases qu’il comprend, que ce n’est pas la seule raison.

Il lui semble pourtant, bien que ça lui paraisse impossible que la notion prédominante de cet engouement serait surtout amicale voire même plus fort encore sans qu’il en comprenne la raison.

Tout ça pour dire qu’il a largement amorti son voyage à Reims ce jour-là et juste avec des particuliers, chose qui ne lui était jamais arrivée jusque-là.

Il range son carnet pour redescendre rejoindre sa famille, son père lui fait un petit signe pour qu’il l’accompagne dans le parc.

Akira a bien compris qu’il a quelque chose à lui dire et que son père ne tient bizarrement pas à en parler devant les autres.

Il le suit donc jusqu’à un banc où ils ont l’habitude de se retrouver, Akira laisse le soin à son père d’entamer la conversation car il n’est pas sûr même s’il en a une petite idée de la raison de tant de mystère.

Jordan regarde son fils et hésite à lui parler, s’il veut le faire malgré tout c’est pour Florian et il veut être sûr que son fils n’ébruitera pas ce qu’il a appris après son départ du CHU, quand il est venu récupérer les deux posters pour les ranger.

Comme les autres avant lui, la vision des deux garçons tendrement enlacés lui a fait chaud au cœur.

Son fils a su comme par magie faire ressortir tous les sentiments que les deux garçons ressentent l’un pour l’autre et il n’a pu éviter la petite larme s’échapper de son œil en contemplant ce portrait aussi réaliste.

- J’ai vu ton travail, c’est vraiment bien.

Akira attend la suite.

- Merci.

- Tu sais « Kira » ? Florian est très apprécié où je travaille, mais aussi très protégé.

Akira dans sa tête, « nous y voilà ».

- Comment ça ? Je ne comprends pas.

Jordan regarde son fils dans les yeux.

- Les gens l’aiment et il est comment dire ! Spécial !

Akira sourit en repensant à la fameuse séance photo.

- Je m’en étais aperçu tu sais.

Jordan devine le pourquoi du sourire de son fils.

- Ah oui ?

- Oh oui !!

- En fait ce n’est pas de cette facette-là de Florian dont je voulais te parler, c’est un garçon très attirant je le conçois volontiers et Thomas n’en parlons même pas. Mais il est aussi autre chose, il est très doué dans tout ce qu’il entreprend et il nous aide dans les situations les plus difficiles.

- (Akira ahuri) Tu ne veux tout de même pas dire qu’il n’est pas qu’un simple « observateur » ?

- Florian est le meilleur chirurgien que j’ai jamais connu ou même entendu parler, il est capable de faire des miracles et ne s’en prive pas. Tu as bien compris qu’il n’a pas l’âge requis pour exercer et je te demanderai le secret total sur cette conversation, si j’ai voulu te mettre au courant c’est parce que je m’inquiète des retombées de tes photos sur lui.

Akira commence à comprendre.

- Tu as peur que s’il devient disons « connu », quelqu’un de curieux ou de mal intentionné arrive jusqu’ici et découvre que l’hôpital laisse exercer sans diplôme un garçon beaucoup trop jeune. Mais dis-moi si ce n’est pas trop te demander ? Il fait bien des études de médecine ? Depuis quand ? Et au CHU ? Depuis quand ?

- Florian vient d’entamer sa deuxième année de médecine et il est avec nous depuis la fin de l’année dernière.

Akira soufflé pour le compte.

- Eh bien !! Tu m’en diras tant !! Tu parles d’un scoop !!

Ian qui arrive sur ces entrefaites demande curieux.

- C’est quoi le scoop ?

- (Jordan amusé) On parlait de Florian, tu te rappelles ?

- (Ian) Le petit rouquin qui masse si bien ?

- (Jordan) Lui-même !

- (Ian) Très doué, mais alors niveau hygiène c’est pas le top Hi ! Hi !

- (Jordan curieux) Comment ça ?

Ian toujours autant amusé.

- Figure-toi que le jeune gredin s’était craché dans les mains pour venir ensuite me masser, comment je l’ai engueulé tu aurais vu ça. Il en est devenu tout rouge de honte, je l’ai envoyé se laver les mains et seulement ensuite il a pu me faire son massage. En tous les cas je n’ai pas regretté la séance parce qu’après j’étais complètement dénoué et je ne sentais plus la douleur.

2eme année 1er semestre : (79/100) (Reims) (Rock and roll) (suite)

“retour à la veille au soir”

Le repas se passe en famille et Yuan est aux anges comme à chaque fois qu’il est chez les Viala, la façon avec laquelle la famille toute entière l’a accepté lui a été droit au cœur dès le premier jour et depuis il s’est forgé entre eux une complicité qu’il n’avait jamais eue hors de sa famille.

Il ne dit rien bien sûr comme il l’a promis à Florian, sur leur passage dans la boutique et de « l’essai » de guitare qu’il y a fait.

Yuan s’amuse par avance de la surprise que ça va occasionner auprès de ses amis, plus tard dans la soirée quand Florian va demander à Anthony s’il peut jouer un petit morceau qu’il vient d’apprendre.

Damien ne le quitte pas des yeux comme à chaque fois qu’il est présent, la beauté du jeune asiatique lui donne des frissons tout partout le corps et encore plus dans ses moments où comme maintenant il sourit tout seul et que ses yeux sombres étincellent de mille feux.

Aurélien et Guillaume reconnaissent volontiers sans en être autant obnubilés que le jeune chinois en jette un max et qu’il n’y aurait Thomas pour le comparer, il serait sans aucun doute le plus beau mec qu’ils auraient dans leur groupe d’amis.

Frédéric et Annie sont radieux d’avoir tout le monde réuni autour de la table, la conversation des garçons les intéresse car eux aussi aiment beaucoup la musique et Frédéric plus jeune aurait beaucoup aimé apprendre d’un instrument et comme les quatre nouveaux amis que se sont fait leurs enfants, former un groupe pour s’éclater tout son soûl.

Florian remarque la lueur d’envie dans leurs yeux, il sourit tendrement à ce couple qui l’a accepté sans condition au sein de leur famille et qui depuis ne lui a montré qu’un amour inconditionnel.

- Peut-être que les deux soixante huitards voudraient venir avec nous Hi ! Hi !

- (Frédéric amusé) Tu dois te tromper de génération, nous c’étaient plutôt le disco.

- (Je glousse) C’est marrant, je ne vous voyais pas si jeune.

Aurélien qui retient la première idée.

- Oui, venez ! Ils seront contents d’avoir un public.

- (Guillaume) Et puis comme ça, il y aura une voiture de plus pour y aller.

- (Damien) Pourquoi ? C’est où ?

Guillaume bien au courant parce qu’il en a déjà parlé avec Baptiste.

- C’est en dehors de la ville pas loin d’ici, ils ont aménagé une salle dans un hangar que leur prête le grand-père de Stéphane qui possède une petite ferme.

- (Aurélien) Heureusement que tu nous le dis, il serait temps tu ne penses pas ? Comment on y aurait été, tu sais bien qu’aucun de nous n’a son permis.

- (Guillaume) C’était prévu t’inquiète « Aurel », Stéphane et Dylan ont chacun leur voiture.

- (Aurélien) Ah! Ok !

Il regarde sa montre.

- Faudrait peut-être voir à s’activer un peu les gars.

Un éclat de rire général salue ses dernières paroles, venant de lui l’idée est plus que drôle car ce n’est pas le genre à s’affoler, loin de là.

Malgré tout nous écoutons son conseil et moins d’une demi-heure plus tard, nous sommes tous réunis dehors à attendre Anthony et ses amis, Guillaume et Damien profitent de ce moment d’attente pour se rapprocher de Florian.

- (Guillaume) Dis « Flo » ? Il n’y aurait pas moyen de faire quelque chose pour Anthony ?

- (Damien) S’il revoyait un jour ça serait cool non ?

Je les regarde, sérieux.

- Je ne suis pas sûr qu’il y ait quelque chose à faire, faudrait déjà savoir où est le problème et surtout ne pas lui donner de faux espoirs.

- (Guillaume) Je pourrais demander à Baptiste ? Il doit bien y avoir un dossier médical le concernant chez eux.

- (Damien) Tu pourrais aussi utiliser tu sais quoi.

Je le regarde perplexe.

- Bonjour la discrétion ! Et je fais comment ? Je lui demande si je peux lui baver sur les yeux peut-être ?

Damien cherche une combine.

- Si quelqu’un lui envoie quelque chose dans l’œil sans le faire exprès ? Il te suffirait de lui proposer de les lui nettoyer avec un produit et tu pourrais y ajouter ton truc spécial sorcier Hi ! Hi !

Je le regarde avec amusement, même si le sujet lui-même n’est certes pas amusant.

- Je préfère déjà tester la méthode de Guillaume et puis rien ne dit que ça fonctionnerait. Imagine que ce soit un problème lié à une malformation ou même une absence de quelque chose entre son œil et son cerveau ? Je ne sais pas moi ! Un nerf qui ne serait pas à la bonne place ou autre chose de pire, va savoir.

- (Guillaume) Les voilà ! Parlons d’autre chose, je verrai ça avec Baptiste quand l’occasion se présentera.

Les quatre garçons arrivent en souriant et en acceptant avec joie que les parents se joignent à eux, quelques minutes suffisent pour aller jusqu’aux voitures et les voilà partis vers leur petit paradis où ils s’éclatent entre eux chaque fois qu’ils en ont l’occasion.

Le trajet est très rapide, ils prennent une fois sortis de Reims une petite route de campagne qui les mène en quelques minutes jusqu’à une petite exploitation agricole.

À quelques dizaines de mètres de la maison principale, se trouve un petit bâtiment devant lequel ils viennent garer les voitures.

Stéphane fonce alors jusqu’à la maison pour y prendre les clés et embrasser ses grands-parents, puis les fait entrer dans le local ou ils sont tous médusés quand ils voient l’installation à l’intérieur.

Une scène est installée sur laquelle trônent tous les instruments nécessaires à un groupe de musiciens avertis, au fond il y a à côté d’une magnifique batterie toute chromée et rutilante, un piano et un synthé dont le coût ne doit pas être négligeable loin de là.

Plus au-devant de la scène, une guitare électrique ainsi qu’une guitare sèche sont posées sur de petits tabourets avec tous les raccordements nécessaires vers un énorme ampli.

Enfin juste devant trône un micro sur pied, le tout cerné par plusieurs enceintes de la hauteur d’un homme et de spots sur pieds également, donnant à l’ensemble une allure de salle de concerts.

- (Frédéric) Waouhhhhh !!! C’est du lourd !!!

Baptiste fier de leur installation.

- Tout notre pognon y passe, mais nous nous éclatons super-bien vous allez voir.

- (Dylan amusé) Et entendre surtout.

Il leurs montre des sièges en face de la scène.

- Mettez-vous à l’aise et installez-vous le temps qu’on se mette en chauffe.

Stéphane qui porte une énorme glacière venant de chez ses grands-parents.

- Il y a des boissons fraîches là-dedans, n’hésitez pas à vous servir.

Annie le regarde, amusée.

- Bières et alcools à volonté ?

Stéphane lui rend son sourire.

- Heu !! Non madame, soda et eau minérale. Si nous avions su plus tôt que vous veniez, nous aurions prévu ce qu’il faut pour vous.

2eme année 1er semestre : (80/100) (Reims) (Rock and roll) (suite)

Les quatre garçons les quittent alors pour aller se préparer, Aurélien amusé de voir la tête de sa mère suite à la réplique de Stéphane ouvre la glacière et prend quelques canettes dans ses mains, puis d’un air moqueur lui demande.

- Coca light ou normal maman ? À moins que tu préfères un oasis ou un seven-up ?

Annie légèrement rougissante.

- Range ça, tu veux bien ? C’est déjà assez de m’être fait remarquer de la sorte.

- (Yuan) Hé oui ! Tous les jeunes ne sont pas des poivrots Hi ! Hi ! Du coup je ne sais pas si je vais rester, ça risque d’être mortel comme soirée Hi ! Hi !

Annie en le menaçant de la main en riant.

- Oh toi !!!

Les premiers sons leurs font lever la tête, chacun des garçons s’étant installés devant son instrument de musique, commence les réglages avant de jouer.

Une cacophonie assez grinçante leurs parvient alors aux oreilles et les fait tous faire une moue sceptique sur la qualité des futures interprétations, jusqu’au moment où ils entendent Anthony devant le micro en tenant sa guitare.

- Allez les gars ! Un deux un deux trois !

Commence alors un récital digne de professionnels, les morceaux de musique se suivent avec une qualité de son tel que tous les spectateurs s’assoient et restent bouche bée.

Ils écoutent ainsi pendant presque une heure un récital pop et rock, qui les remue au plus profond d’eux-mêmes.

Quand enfin une pause s’instaure, ils se lèvent et applaudissent en criant tous des bravos qui amènent quatre énormes sourires sur les visages des musiciens venant vers eux pour se désaltérer et discuter avec leurs amis, afin d’avoir leurs ressentis sur la première partie de leur concert.

- (Frédéric) Bravo les gars, c’est super !

- (Aurélien) Vous êtes doués les mecs, pourquoi ne vous montrez vous pas en public ?

- (Baptiste) À cause de « Tony », il préfère que nous restions entre nous.

- (Annie) Pourquoi donc ? Vous jouez super-bien les garçons.

- (Dylan) Il nous manque juste un chanteur, Anthony ne veut pas chanter en public.

Je le regarde, surpris.

- Et pourquoi ça ?

- (Dylan) Demande le lui parce que crois-moi vous n’avez encore rien entendu, la deuxième partie n’est pas que musicale et vous comprendrez alors pourquoi je dis ça.

- (Damien) Tu vas chanter « Tony » ?

Anthony rouge comme une écrevisse.

- Je ne sais pas si je pourrai.

- (Baptiste) Ah non ! Tu nous as promis que tu ferais un effort pour nos amis.

Anthony visiblement intimidé au possible.

- Oui mais bon ! Je ne sais pas.

Annie croit comprendre.

- Nous allons vous laisser entre vous les garçons, je pense que c’est parce que nous sommes venus vous écouter qu’Anthony n’osera pas chanter.

Je le regarde, étonné.

- C’est vrai ?

Anthony rougit encore plus.

- Heu !!

- Alors pas de problèmes c’est moi qui vais le faire et tu ne vas pas en croire tes oreilles.

- (Stéphane étonné) Tu chantes toi ?

- Un peu oui !!! Allez ! On y go les mecs.

Les quatre garçons voient alors tous les mâles de la famille Viala sortir et Annie gênée qui cherche désespérément un endroit des yeux.

- (Yuan étonné) Ils nous font quoi là ?

- (Annie) Partis se soulager la vessie je crois bien.

- (Dylan) Eh bien on ne peut pas dire qu’ils ne sont pas synchros Hi ! Hi !

Annie d’une voix timide.

- Moi aussi j’aimerais bien y aller.

Stéphane lui montre une petite porte au fond de la salle.

- C’est là-bas !

- (Annie reconnaissante) Merci !

Pendant qu’elle s’éloigne à son tour, les garçons regardent Florian incrédules.

- (Baptiste) Ils sont toujours comme ça ? Il y a combien de chiottes chez eux ?

Florian ne voulant pas révéler ce qu'il a compris de leurs agissements.

- C’est sans doute les sodas, ils ne sont pas habitués à en boire.

- (Yuan) C’est bizarre quand même, non ?

Je ne réponds pas, amusé par ce qu’il se passe.

- Bon les gars, je veux bien chanter moi mais je ne connais que du Johnny, c’est bon pour vous ?

- (Dylan) C’est cool t’inquiète, on aime bien nous aussi.

Les garçons rentrent, bientôt suivit par Annie et ils reprennent tous leurs places sur les sièges en jetant malgré tout un petit regard amuser sur Yuan, celui-ci s’en rend compte et demande étonné.

- Quoi ?

- (Damien sérieux) Tu as une sacrée vessie mec moi je ne tenais plus.

- (Guillaume amusé) Moi je n’aurais pas tenu les dix prochaines minutes, c’est sûr.

Yuan ne comprend manifestement pas le problème.

- Je n’avais pas envie c’est tout

- (Aurélien) Tant mieux ! Tant mieux !

Il entend la musique qui démarre.

- Nous allons voir ça.

Yuan reporte alors son regard vers la scène et sourit en voyant son ami avec sa tête en pétard commencer à se trémousser le micro à la main, prenant visiblement un énorme plaisir à être sur une vraie scène, les premières notes du « Je suis seul » De Johnny Hallyday arrivent à ses oreilles.

Il voit Florian tomber à genoux et hurler.

- JE SUIS SEUL !!!

Et là ! Il comprend qu’il aurait dû faire comme ses amis.

2eme année 1er semestre : (81/100) (Fac) (Les trublions) (suite)

Dorian et Gérôme sont assis tous les deux à l’accueil du CHU, la jeune femme les observe et cette fois-ci, elle garde son sourire quand elle croise leurs regards.

Le directeur de l’hôpital les a appelés suite à un coup de téléphone qu’il a eu d’une personne se disant mandé par le Conseil national de l’Ordre des Médecins.

Il voudrait lui poser des questions sur un jeune étudiant du nom de Florian De Bierne, étudiant qu’il aurait accepté exceptionnellement au sein de l’établissement comme observateur depuis maintenant plus d’un an.

Robert a donc été contraint d’accepter de le recevoir bien à contrecœur, il a immédiatement prévenu les deux policiers afin qu’ils puissent ensuite faire ce qu’ils ont à faire.

Les voilà donc attendant avec patience qu’il, ou ils se présente(nt) à l’accueil.

- (Dorian) Qu’est-ce qu’on fait quand ils arrivent ?

- (Gérôme amusé) Hé ! C’est toi le lieutenant, je ne suis que sergent moi!

- (Dorian sourit) Profites-en pour m’avilir infâme macho !

- Oh lui !!! Comment il me traite !! Attends un peu mon gaillard, tu ne sais pas ce qui t’attend ce soir.

- Allons sergent !! Vous vous égarez là !!

- Excusez-moi mon lieutenant mais mon lieutenant devra quand même s’attendre et ce malgré tout le respect que j’ai pour mon lieutenant, à ce que je prenne mon lieutenant bien profond ce soir. Si mon lieutenant m’y autorise bien sûr ?

- Oh oui sergent, faite donc ça et votre lieutenant vous en sera redevable.

Gérôme éclate de rire

- Couillon va !!

- Rhaa !!! J’ai envie de toi là, tu ne peux pas savoir à quel point.

Gérôme porte son regard lubrique sur sa braguette.

- Oh si figure toi !

Dorian pose sa main sur la chose en plein épanouissement.

- Manquait plus que ça, je vais avoir l’air fin si je dois me lever maintenant.

- Fallait pas commencer.

- Mais ! C’est toi ! Je t’ai juste posé une question !

- Ouaih ! Bon ! Pour y répondre, je dirais que nous allons nous aussi leurs poser quelques questions.

Il sort son carnet.

- Après ça je ne crois pas qu’ils nous embêteront encore longtemps.

Dorian sait très bien ce qu’il y a d’écrit dedans.

- C’est sûr mais je n’aime pas trop agir comme ça, c'est devenir comme eux non ?

- Idem, mais pour Florian tu y penses ? Ils ne se gêneront pas pour le refaire avec lui.

- Tu ne t’es jamais demandé si ça ne serait pas mieux pour lui qu’on les laisse faire leurs rapports ? Après tout, qu’est-ce qu’ils vont découvrir de plus qu’un garçon surdoué avec un énorme potentiel dans le métier qu’il a choisi ?

- (Gérôme réfléchit) Nous attendrons de savoir ce qu’il s’est dit alors et nous prendrons notre décision en connaissance de cause.

- Ça me va ! De toute façon il faudra bien qu’un jour Florian soit reconnu pour ce qu’il est.

- Je suis d’accord avec toi mon grand, mais n’oublie pas que sa famille souhaite lui laisser encore un peu de temps.

- Je me demande s’ils ont raison, « Flo » fait déjà officieusement tout ce que nous ne voulons pas qu’il fasse de façon officielle. Imagine si pour une raison ou une autre un jour tout cela dérape ? Il peut rater une opération on ne sait jamais et je pense que si les choses étaient autorisées, il y aurait moins de conséquences pour lui tu comprends ?

- Nous avons décidé de respecter les choix de sa famille alors tenant nous en-là, tiens ! Regarde qui vient ! Ce ne serait pas nos deux curieux par hasard ?

Dorian se retourne et voit les deux hommes en costume qui s’approchent de la jeune femme à l’accueil.

- On dirait bien.

Les deux hommes la petite quarantaine arrivent près de la jeune femme, celle-ci au bout d’un moment regarde les deux policiers le visage fermé.

Dorian lui fait un petit sourire et discrètement lui fait signe que c’est bon, elle prend alors son téléphone et prévient son directeur de leurs arrivées, puis d’un mouvement du bras leurs indiquent visiblement le chemin pour le rejoindre.

Les deux policiers leurs laissent quelques mètres d’avance, se lèvent et tranquillement les suivent.

Quand ils les voient frapper à la porte du bureau et entrer, ils viennent coller l’oreille contre celle-ci et écoutent la conversation, Robert sait qu’ils seront là et donc leurs parlera suffisamment fort pour que ses visiteurs pensent qu’il est un peu dur d’oreilles et haussent également le ton.

- (Robert) Asseyez-vous messieurs, je vous écoute. Vous vouliez je crois des renseignements sur le jeune De Bierne.

L’homme qui prend la parole est sans doute celui qui des deux à l’autorité sur l’autre.

- En effet monsieur le directeur, nous avons eu écho que ce jeune garçon passait du temps dans votre établissement et nous vous saurions gré de vous en expliquer.

- Comment ça m’en expliquer ?

- Nous savons qu’il est en deuxième année de médecine, il serait quand même étonnant qu’il officie déjà à ce stade de sa formation ne croyez-vous pas ?

Robert qui monte dans les gammes.

- Officie ? Je ne comprends pas, où avez-vous été cherchés une ineptie pareille ?

- Monsieur Mercier, arrêtez de nous prendre pour des rigolos. Nous avons nos sources et nous savons exactement les agissements du jeune Florian ou plutôt comme vous l’appelez si bien ici, « qui tu sais » et changez de ton avec nous sinon il vous en cuira.

Voyant bien le ton que prend la conversation Dorian et Gérôme se regardent, ils acquiescent de la tête à la question que leurs yeux se posent.

Ils se redressent, frappent un coup bref à la porte et sortent leurs cartes de police, puis sans attendre de réponses entrent dans le bureau en faisant sursauter les deux hommes qui leurs tournent le dos.

- Police !! Vous êtes en état d’arrestation, tout ce que vous direz sera retenu contre vous. Vous pourrez faire appel à un avocat, veuillez nous suivre au commissariat sans protester ou nous serions obligés de vous menotter pour vous y conduire.

2eme année 1er semestre : (82/100) (Thillois) (Henry et Évelyne) (fin)

Sébastien se réveille, l’après-midi de la veille ainsi que la soirée lui revient en mémoire après s’être demandé où il était.

Incontestablement dans une chambre de fillette vu la couleur des rideaux et du papier peint, il sourit alors en enlevant la couette de sur son corps et en attrapant son fauteuil roulant pour venir s’y asseoir.

Ses parents ne devraient pas tarder eux aussi à se lever et il décide de sortir de la chambre pour aller aux toilettes, il sait pour y avoir été la veille que celles-ci sont spécialement conçues pour son handicap et retrouve donc sans problème tout ce qu’il faut pour faire ses ablutions matinales mais également pour se doucher sans qu’il ait besoin d’une aide extérieure.

Mélanie a couché avec ses parents pendant que ceux de Sébastien ont dormi dans l’ancienne chambre de Carole.

Sylvain et « Séb » se lèvent eux aussi, l’envie de pisser qui les tient les fait descendre quatre à quatre l’escalier pour se précipiter aux toilettes.

Ils ont tellement envie qu’ils se précipitent devant le WC en baissant leurs slips pour évacuer leurs besoins pressants en tenant chacun leurs bites et en visant au mieux le centre du water.

Ils n’ont pas fait attention qu’il y avait quelqu’un d’assis sur le siège de la douche ni entendu l’eau de celle-ci lui couler dessus, par contre Sébastien surpris les a bien entendu entrés et les regarde ahuri, en train de pisser l’un à côté de l’autre sans aucune pudeur.

Lui-même étant nu, il se retrouve alors dans un embarras certain en sachant bien qu’ils ne vont pas tarder à se rendre compte de sa présence.

Malgré tout il ne peut empêcher son regard d’aller de l’un à l’autre et son sexe commence à se déplier sous l’effet de l’émoi qui le prend à voir ses deux beaux garçons presque à poils sous ses yeux.

Il coupe l’eau en attrapant la serviette de toilette qu’il avait mise à porter de mains et s’en couvre le bas-ventre juste au moment où les deux garçons surpris du silence soudain, tournent la tête vers lui en s’apercevant enfin de sa présence.

- (Sylvain) Oups !! Tu es là ? Excuse-nous mais on ne t’avait pas vu.

« Seb » remballe vite fait son sexe dans son slip.

- Désolé !

- (Sébastien) C’est de ma faute les gars, j’aurais dû fermer la porte à clé. Ça vous arrive souvent d’aller pisser tous les deux ensembles ?

Sylvain comprend qu’hier personne ne lui a dit pour eux.

- Heu ! Assez oui ! Nous sommes en couple « Seb » et moi, nous avions oublié de te le dire.

- (« Seb ») Ca ne t’embête pas ?

- (Sébastien) Du tout t’inquiète ! Flavien et Marc sont ensemble aussi alors ?

Sylvain en riant de la méprise.

- Non pas vraiment Hi ! Hi ! Flavien est un pur hétéro et Marc à lui aussi un copain.

Sébastien sent son sourire se figer.

- Ah bon !

- (« Seb ») Même deux maintenant si j’ai bien tout compris.

Il voit la tête de Sébastien.

- Ça va ? On dirait que tu fais la gueule d’un seul coup, tu n’es pas homophobe au moins ?

Sébastien hausse les épaules.

- Bien sûr que non ! Qu’est-ce que vous allez chercher là !

- (Sylvain rassuré) Tant mieux parce que tu sais dans notre bande il y en a pour tous les goûts, alors il vaut mieux être tolérant pour en faire partie.

« Seb » voit la bosse sous la serviette et sourit malgré lui.

- Je crois que nous devrions le laisser finir de se laver tranquille, après tout ça ne doit pas être évident pour lui de voir débouler deux mecs pour pisser pendant qu’on se lave Hi ! Hi !

Sylvain regarde Sébastien et perçoit sa gêne.

- Tu as raison, si tu n’as besoin de rien on te laisse mec.

- (Sébastien) Non ! Ça ira merci, j’ai l’habitude.

Sylvain sort, suivit par son copain.

- Pas de soucis, on prépare le petit-déjeuner pendant que tu termines.

Ils laissent alors le jeune homme et filent dans la cuisine et pendant que Sylvain prépare le café, « Seb » sort les bols et le reste qu’il installe sur la table.

- (« Seb » amusé) Je suis sûr qu’il nous matait pendant que nous nous soulagions la vessie.

Sylvain, qui lui fait un clin d’œil.

- C’est aussi l’impression que j’ai eue, sinon il aurait fait du bruit pour nous avertir de sa présence.

- En plus j’ai vu qu’il avait la gaule sous sa serviette.

- Ah oui !! Je n’ai pas fait gaffe, par contre j’ai vu sa tête quand on lui a dit pour « Marco ».

- Je n’ai pas fait attention, qu’est-ce qu’elle avait sa tête ?

Sylvain après un petit temps de silence.

- Je ne sais pas, une impression. Comme s’il était déçu ou un truc dans le genre, tu vois quoi ?

- (« Seb » goguenard) Intéressé tu crois ?

- Ça se pourrait bien, en plus le « Marco » depuis qu’il s’est remplumé il est plutôt kiffant, non ?

- Oh toi ! Fais attention à ce que tu vas dire je te préviens.

- Hi ! Hi ! T’es con ! Je ne disais pas ça pour moi, tu sais bien que je l’aime beaucoup mais comme un vrai ami c’est tout.

Ils entendent la porte s’ouvrir et Sébastien arriver vers eux juste vêtu comme eux d’un sous-vêtement, les adultes arrivant presque à sa suite Sylvain se retient de lui poser la question sur comment il trouve Marc.

Ensuite il n’en a plus l’occasion, c’est la course contre la montre jusqu’au moment où ils sont tous installés dans les deux voitures direction le CHU pour le rendez-vous tant attendu avec « Frédéric » qui comme le pensent les deux amoureux ne devrait pas les y recevoir seul.

2eme année 1er semestre : (83/100) (Reims) (Rock and roll) (fin)

« Petit retour en arrière à la fin de soirée au hangar »

Contre toute attente Yuan arrive à se retenir, du moins le temps que Florian arrête ses pitreries.

Chose qui arriva relativement vite pour cause de fausses notes, bientôt suivies d’un arrêt complet de la musique tant les musiciens sont pliés en quatre de fou rire.

Il en profite alors pour courir se soulager le plus vite possible, afin de ne rien manquer de la suite des événements.

Quand il revient, les esprits se sont calmés et Anthony se bagarre gentiment avec Florian pour qui aura le micro.

Je le lui laisse en gardant sa main dans les miennes pour qu’il garde le contact avec moi.

- Ok mais c’est à ton tour de chanter alors ?

- Heu !!

Je fais mine de lui reprendre le micro.

- Alors redonne le moi et reprenez la musique.

Anthony rit de bon cœur.

- Non ! Laisse c’est bon Hi ! Hi ! Je vais le faire.

Je lâche sa main et me tourne vers ses potes avec un grand sourire, ceux-ci me font le signe de la victoire et se réinstallent devant leurs instruments.

Je laisse Anthony sur le devant de la scène et je vais rejoindre mes amis les yeux encore humides d’avoir trop ri, je m’assois en faisant celui qui boude de s’être fait moquer de lui ce qui manque de relancer la machine à fou rire de certains d’entre eux.

J’envoie un petit message d’encouragement à Anthony sous forme d’humour.

- Écoutons voir si tu te débrouilles aussi bien que moi camarade.

Quelques ricanements de la part de ses amis ponctuent ma phrase, la musique repart alors quand j’entends les premières notes d’un tube planétaire, « Angie » la chanson culte des Stones.

Les poils sur mes bras se hérissent soudainement au son de sa voix, mon corps est alors pris d’une émotion intense et mes yeux commencent à se mouiller, tellement la beauté de sa voix me remue les tripes.

Tous nous l’écoutons dans un silence total, les visages bouleversés par tant de pureté.

Les sentiments de tristesse dus à cette chanson nostalgique d’un amour perdu nous soulèvent l’âme et le cœur, chacun ressent l’émotion et la tristesse de ce couple qui se déchire, admirablement interpréter par Anthony.

Je capte également le regard humide des musiciens derrière lui qui eux aussi malgré l’habitude qu’ils en ont, se laissent encore prendre par cette voix parfaite qui exprime tellement bien toute la tristesse des paroles de la chanson.

Une heure que nous passons à rire et à pleurer, écoutant avec à chaque fois la chair de poule cette voix exceptionnelle qui nous transperce en nous emmenant au plus profond de nos sentiments.

Comment peut-on chanter aussi bien et ne pas en faire profiter le commun des mortels, comment peut-on exprimer autant de sentiments et les garder pour le seul plaisir d’un petit groupe de copains au fond d’un hangar, deux questions qui tournent en boucles dans ma tête sans que j’y trouve une réponse qui me convienne.

Anthony ressent les affres et les plaisirs de son public d’un soir et décide de terminer son récital sur un air gai et entraînant afin d’effacer toutes les émotions de l’heure passée, il demande alors qu’elle est leurs choix pour cette chanson qui clouera du moins le croit-il cette soirée formidable pour eux tous.

- Une dernière chanson que je vous laisse choisir mes amis.

Annie qui s’essuie les yeux.

- Quelque chose de gaie s’il te plaît.

- (Anthony sourit) D’accord mais quoi ?

- (Damien) Les bals populaires de Sardou tu connais ? Ça fera plaisir aux parents.

- Ok! Allez ! Les gars on y retourne! Un deux un deux trois !

Pendant qu’il nous ravit les oreilles de cette chanson qui pour nous les jeunes semble démodée mais qui visiblement redonne le sourire à Annie, je remonte discrètement sur la scène pour aller me placer près de Baptiste.

Sitôt la chanson terminée, je lui fais signe en souriant de me prêter sa guitare électrique.

Il me regarde en se demandant ce que je vais bien pouvoir encore inventer comme bêtise, ce qui d’ailleurs doit être le même état d’esprit de tous ceux qui me voient faire étant donné la tête qu’ils font tous.

J’entame alors les premières notes d’un solo que j’ai toujours beaucoup aimé, APACHE (de Deep Purple).

Le son puissant enfle dans le hangar et scotche tout le monde sur place, Anthony se tourne dans ma direction le visage marqué par un étonnement sans borne.

Frédéric tient la main de sa moitié et la serre fortement sous l’émotion, Aurélien, Yuan et

Damien sont toujours assis en écoutant bouche bée les notes débridées qui sortent de l’instrument.

Je me tourne vers les trois musiciens qui eux aussi ont les yeux écarquillés de surprise à me voir jouer et d’entendre les notes s’échapper de mes doigts.

Le morceau terminé, j’enchaîne avec plusieurs autres du même acabit, rejoint petit à petit par le synthé et la batterie.

Pour le dernier morceau, je prends la guitare sèche et je me lâche sur un air Tzigane aussitôt suivit par la voix merveilleuse d’Anthony qui termine ainsi de la meilleure façon qui soit cette soirée pleine de surprise, d’amitié et d’émotion.

Quand je pose enfin la guitare, Anthony m’attrape et me prend dans ses bras en pleurant.

- Pourquoi tu ne nous as pas dit que tu savais jouer aussi bien ?

- J’ai appris très récemment tu sais.

- Ah oui !! Quand ça ?

- Quelques heures à peine, je voulais te faire une surprise pour te remercier de ta gentillesse et de celle de tes amis.

Il ne dit rien mais son regard même s’il ne voit pas exprime toutes les questions qu’il se pose sur moi, je le prends par la taille et approche mes lèvres de son oreille.

- Ne cherche pas à comprendre, même ceux qui me connaissent le mieux n’y arrivent pas. Dis-toi juste que je suis comme toi, j’ai des talents cachés un point c’est tout.

2eme année 1er semestre : (84/100) (CHU) (Sébastien)

Les voitures se garent sur le parking de l’hôpital et tout le monde en descend, les parents de Sébastien aident leur fils à se mettre dans son fauteuil pendant que ceux de Mélanie les rejoignent accompagnés de la petite fille qui ne rate jamais une occasion de revoir Florian et de Sylvain et « Seb » qui en profitent également pour venir faire un petit coucou rapide à leurs copains du CHU, avant de repartir en bus rejoindre leur fac respective.

Tout ce petit monde plutôt souriant et de bonne humeur se pointe donc à l’accueil où la réceptionniste les reçoit avec un grand sourire, ayant reconnu Mélanie et ses parents, elle fait la bise à la fillette et s’enquit de la raison de leur venue.

- (Mélanie) Nous avons rendez-vous avec Frédéric et « qui tu sais ».

- (L’hôtesse d’accueil) Très bien ! Je vais les informer que vous êtes arrivés.

- Merci.

Ils vont se poser quelques instants devant les distributeurs, l’attente n’est pas longue car c’est Florian qui arrive le visage rayonnant et qui embrasse tout le monde, Sébastien et ses parents inclus.

Ce qui ne manque pas de les surprendre, peu habitués qu’ils sont tous les trois à ce genre de manifestation amicale de la part qui plus est d’un parfait inconnu.

Sébastien reconnaît bien l’accueil qu’il a eu la veille en arrivant et comprend tout de suite que le jeune rouquin fait partie intégrante de la fameuse bande, de laquelle il a déjà pas mal entendu parler.

Il sourit tout seul rien qu’à observer la dégaine du jeune homme et la façon toute naturelle qu’il a de mettre tout le monde à l’aise autour de lui.

Le physique plus qu’intéressant du jeune rouquin ne manque pas non plus d’attirer particulièrement son attention, il lui faut se forcer à détourner le regard pour ne pas passer pour un mal poli voir pire et il s’y résout quand l’œil moqueur du fameux Florian se pose sur lui.

Florian quant à lui a parfaitement suivi les réactions du jeune handicapé, il voit bien qu’il ne lui est pas indifférent et du coup profite à son tour que le jeune homme baisse les yeux pour le détailler tout à son aise.

Florian sourit quand il relève la tête et Sébastien prend en pleine poire le regard acéré qu’il pose sur lui.

Le garçon maintient son regard en souriant à son tour, un élan de sympathie passe alors entre eux et le jeune handicapé ne se rend pas compte de ce que ça va changer pour lui.

Sylvain et « Seb » n’ont rien perdu de cette joute muette, eux aussi ont compris que c’était du tout bon pour leur nouvel ami et que celui-ci était accepté sans condition parmi eux.

Florian s’adresse alors aux parents de Sébastien.

- Veuillez me suivre s’il vous plaît, Frédéric Viala va vous recevoir dans son bureau.

- (Henry) Entendu jeune homme.

- (Mélanie) Je peux aussi venir « Flo » ?

- Bien sûr ma puce, j’allais te le demander au cas où les parents de Sébastien auraient besoin d’en savoir plus sur ce que tu as enduré avant l’opération et surtout après, pendant ta rééducation.

Quelques minutes plus tard, les voilà tous installés dans le bureau du docteur Viala et celui-ci les interroge longuement sur les démarches déjà entreprises par eux avec les différents échecs qu’ils ont essuyés.

Pendant ce temps-là, Florian prend négligemment l’épais dossier médical du jeune paraplégique et le feuillette page par page, ne s’arrêtant que très brièvement sur chacune d’entre elles.

Ensuite il accroche au mur les différentes radios pour les observer avec attention, un petit froncement des sourcils que capte Frédéric qui mine de rien ne ratait rien de ses faits et gestes.

- Un souci « Flo » ?

- Un gros oui !

Frédéric se lève et observe attentivement à son tour les radios.

- Je ne vois rien ?

- Justement c’est ça le problème !

Je me tourne vers Sébastien et vais pour lui poser une question assez intime quand je me rappelle de la présence de Mélanie.

- « Mél » Tu peux aller me chercher un café s’il te plaît ?

- (Mélanie) Quelqu’un veut aussi quelque chose ?

Tout le monde a bien compris que c’est pour l’éloigner du bureau et lui répond gentiment que non merci, elle prend l’argent que lui tend Florian et sort de la pièce rapidement.

- Bon ! Sébastien j’ai une question indiscrète à te poser.

- Oui ! Laquelle ?

- Est-ce que tu te masturbes régulièrement ?

2eme année 1er semestre : (85/100) (CHU) (Sébastien) (suite)

La pièce devient tout d’un coup silencieuse, Sébastien rougit jusqu’aux oreilles alors que ses parents et ceux de Mélanie ouvrent de grands yeux d’étonnement.

Je repose ma question.

- J’ai besoin de connaître ta réponse, c’est très important pour le diagnostic de ton handicap. Alors ? Joues-tu oui ou non avec la bébête ?

Henry surpris regarde Frédéric.

- Docteur ? Je ne vois pas le rapport avec le fait que mon fils ne puisse plus marcher et de plus qui est ce garçon qui me paraît bien jeune pour être votre assistant.

- (Frédéric) Vous avez entièrement raison, Florian n’est pas mon assistant.

- (Henry estomaqué) Mais alors pourquoi est-ce lui qui pose les questions et que fait-il là ?

Frédéric n’a pas encore trouvé comment répondre que Mélanie refait son entrée et tend son café avec la monnaie à Florian.

- Tiens « Flo » ! J’espère qu’il sera bon, les infirmières m’ont dit qu’elles venaient de le faire.

- Merci ma grande.

Henry repose sa question.

- Vous ne m’avez toujours pas répondu docteur.

Je vois bien que Frédéric rame à trouver une réponse qui tienne la route, je prends Mélanie par la taille et je lui demande.

- Le père de Sébastien demande qui je suis et ce que je fais ici, tu veux bien lui répondre ma puce.

- (Mélanie) Qu’est-ce que je dois dire ?

- La vérité s’il te plaît.

La fillette se tourne alors vers les parents de Sébastien qui ne comprennent rien à tout ce qu’il se passe.

- Florian, c’est lui qui m’a refait marcher.

André qui jusque-là n’avait encore rien dit.

- Ma fille dit vrai, c’est grâce à Florian si elle remarche.

- (Henry) Mais comment est-ce possible ? Ce garçon est bien trop jeune ? Si c’est une plaisanterie, elle est de très mauvais goût croyez-moi.

Frédéric se veut rassurant.

- Faites-nous confiance et toi Sébastien tu réponds simplement à la question que Florian t’a posée, juste oui ou non et si tu ne préfères pas en parler devant tes parents, je peux les faire sortir si tu veux.

Sébastien redevient rouge vif.

- Oui !

Frédéric comprend qu’il ne dira rien de plus.

- Oui à la question de Florian ou oui tu veux que tout le monde sorte de mon bureau et que l’on te laisse seul avec lui ?

- (Sébastien) La deuxième.

Frédéric qui interprète parfaitement la raison de la gêne du jeune homme, lui sourit amicalement.

- Très bien ! Je te comprends et nous allons vous laisser entre jeunes, je pense que ce sera plus facile pour toi de parler de ces choses-là.

Une fois seul avec Sébastien dans le bureau, Florian s’assoit près de lui et le regarde intensément.

- Alors ?

- C’est vraiment important que tu le saches ?

- (Je souris) C’est ça ou j’emploie un autre moyen pour le savoir.

- (Sébastien curieux) Tiens donc ? J’aimerais assez le connaître.

- (Je le fixe) Tu sais que tu es beau mec ? On te l’a déjà dit ?

- Heu ! À quoi tu joues là ?

Je me relève et passe derrière lui en lui passant la main dans le cou.

- J’ai ma réponse tu sais ? Il te reste juste maintenant à me dire si tu le fais souvent ou pas.

- Comment ça, tu as ta réponse ? Je ne t’ai rien dit ?

- Ton corps parle pour toi vieux ! Regarde ta braguette, elle va exploser Hi ! Hi !

Sébastien baisse les yeux et ne peut que constater que Florian a raison car il bande dur et ça donne une forme très précise, qu’il aurait du mal à expliquer autrement.

- Bon ! Ok ! C’est vrai que je le fais, mais c’est normal pour un gars de mon âge, non ?

- Qui t’a dit le contraire ? C’est toi qui fais ta mijaurée devant tes parents, alors tu fais ça souvent ?

- Tous les jours oui !

- Et tu spermes ?

- Bien sûr ! Quelle question ? C’était aussi une réponse obligatoire pour faire ton diagnostic ?

- Heu ! Non ! Juste la première, le reste c’est juste pour savoir Hi ! Hi !

Sébastien est amusé malgré tout par ce gars si nature et hors du commun.

- Et maintenant que tu connais tous mes secrets ? Ça va t’aider en quoi ?

- Tu vas vite le savoir.

J’ouvre la porte en faisant signe à tout le monde de revenir, ce n’est qu’une fois qu’ils ont repris place dans le bureau que je reprends la parole.

- J’ai une dernière question avant de vous dire ce que je pense de tout ça.

Henry qui apparemment en a appris suffisamment depuis pour me faire confiance.

- Laquelle ?

- Est-ce que les médecins qui se sont occupés de votre fils lui ont posé des questions sur disons ses envies sexuelles ?

- Non ! Aucun ! Mais je ne vois toujours pas le rapport avec son handicap actuel ?

- Sachez donc tous qu’il n’y a pas trente-six causes à une paraplégie, en général c’est dû à une rupture ou un pincement au niveau de la moelle épinière. Hors quand c’est le cas, il n’y a plus également de vie sexuelle normale possible. J’ai discuté avec Sébastien qui a répondu à ma question de tout à l’heure, il m’a avoué avoir une sexualité normale et à ce que j’ai pu en voir c’est en effet le cas.

- (Frédéric) Ça expliquerait que nous ne voyons rien sur les radios ?

- Exactement et ça signifie aussi que Sébastien n’a absolument rien aux jambes.

Sébastien sursaute et ses parents se lèvent d’un bond.

- QUOI !!!!!

2eme année 1er semestre : (86/100) (CHU) (Sébastien) (suite)

Frédéric me regarde et s’interroge sur ma dernière déclaration, un éclair de compréhension le prend soudainement et il retourne vite fait vers les radios, qu’il inspecte une nouvelle fois avec cette fois ci une autre vision des choses.

Il sait maintenant qu’il ne doit pas chercher quelque chose qui ne va pas mais plutôt vérifier que tout va bien.

- Florian a raison, rien n’indique sur ses radios une quelconque lésion irréversible, tout au plus un début d’atrophie du bassin et des jambes, normal étant donné les cinq années passées en fauteuil. Il est quand même étonnant que mes confrères ne s’en soient pas fait la remarque, il va falloir vérifier dans le dossier médical de Sébastien si quelque chose dans ce sens y est noté.

- Il n’y a rien ! Je l’ai parcouru tout à l’heure et à aucun moment il y en a un qui s’est posé la question

- (Frédéric surpris) C’est quand même difficile à concevoir de leurs parts.

Henry qui écoute depuis tout à l’heure.

- Vous voulez dire qu’ils ont laissé mon fils infirme sans chercher plus loin alors que les radios ne montraient rien ?

Frédéric en haussant les épaules.

- Ça m’en a tout l’air.

- (Évelyne) Depuis cinq ans ?

- (Henry livide) Mais ! C’est dégueulasse !

André plus calme car moins impliqué.

- Et ça viendrait d’où alors ?

Tous les visages se tournent vers moi, attendant une réponse à cette question que tous se posent.

Je me tourne vers Sébastien.

- Tu peux me dire comment c’est arrivé.

- J’étais sur le trottoir avec des copains, nous chahutions ensemble et à un moment j’ai perdu l’équilibre en me retrouvant sur la route. Une voiture m’a alors percuté et je me suis retrouvé les quatre fers en l’air, je ne me souviens pas de grand-chose ensuite. Juste que j’avais trop mal aux jambes et à la tête.

Je regarde ses parents.

- Qu’est-ce qu’il a eu à la tête ?

Henry qui se souvient de ce jour-là comme s’il venait d’arriver.

- D’après les médecins c’était juste un coup sur la base du crâne et il n’a eu besoin que d’un petit point de suture.

Frédéric n’en revient pas.

- Mais enfin c’est quoi cet hôpital où vous êtes allés ? Un gosse reste sur le carreau avec une paralysie des membres inférieurs et personne ne s’inquiète du coup qu’il reçoit à la tête !!

Je reprends la parole.

- Nous allons faire un scanner à Sébastien et je pense qu’ensuite nous en saurons plus, de toute façon il y a trop longtemps que l’accident est arrivé et il y aura forcément une longue période de préparation afin que votre fils retrouve suffisamment de force musculaire pour envisager sereinement de lui rendre l’usage de ses jambes.

Sébastien a le visage couvert de larmes.

- Je vais pouvoir remarcher un jour alors ?

Je le regarde dans les yeux.

- Oui je te le promets, mais déjà je vais voir s’il est possible de te faire passer au scanner ce matin.

Je m’adresse à tout le monde dans la pièce.

- Attendez-moi là, j’emmène Sébastien avec moi et j’essaie de faire vite.

J’attrape les poignées du fauteuil roulant et profite que Mélanie ouvre la porte pour sortir et m’élance dans le couloir en faisant un fort bruit de moteur avec ma bouche, Sébastien mort de rire me traite de tous les noms.

- T’es dingue ! Arrête ! Tu vas nous foutre en l’air Hi ! Hi !

- Vroum !!!

- Putain « Flo » ! Fais gaffe au virage ! Merdeeee !!!!

- Vroum ! Vroum !

- Waouh !!!!!

Les deux couples, Frédéric et Mélanie se regardent, la petite éclate de rire à son tour en voyant la tête que font les adultes à cette sortie de bureau pour le moins fantasque.

- « Flo » est toujours comme ça ne vous inquiétez pas Hi ! Hi !

Évelyne fixe Frédéric.

- Vous êtes sûr de ce garçon ? Il paraît quand même bizarre, non ?

Frédéric avouerait bien qu’en ce moment il se pose la question, mais il n’est pas sûr de leurs réactions à sa plaisanterie et préfère s’en abstenir.

- Sûrement ! Mais je peux vous garantir qu’il n’y a pas meilleur que lui, ce qui me fait penser à vous demander la plus grande discrétion sur tout ça. Vous comprendrez que moins il y aura de personnes au courant d’une éventuelle intervention de Florian, mieux il se portera car vous avez sans doute deviné qu’il n’agissait pas en toute légalité même si l’hôpital lui apporte une reconnaissance et un soutien indéfectible.

Pendant ce temps-là, les deux compères arrivent devant la salle de radio et Florian y entre quelques instants, puis ressort avec le sourire aux lèvres.

- Tu passes entre deux dans cinq minutes.

- (Sébastien surpris) Eh bien ! C’est du rapide dis donc, c’est toujours comme ça d’habitude ?

- Je ne pense pas non ! Mais bon ! Ici j’ai quelques passe-droits alors autant en profiter et puis si tu n’habites pas la région, ça te fera un aller-retour de moins à te taper avec tes parents.

- Mon père nous a dit qu’il faudrait peut-être que nous venions habiter par ici le temps que tout soit terminé.

- Bonne idée en effet, tes séances de kiné devront commencer au plus vite pour te préparer physiquement avant l’opération.

- (Sébastien anxieux) Tu crois que ça marchera toi ?

- Je te l’ai promis il me semble, non ?

Une heure environ plus tard ils reviennent à la même allure que précédemment en direction du bureau de Frédéric, le boucan occasionné dans le couloir leur fait dresser la tête et Mélanie n’a que le temps d’ouvrir la porte, qu’ils rentrent en flèche le visage rouge d’avoir ri aux éclats.

- P’pa ! M’man ! Au secours !! Il est fou ce mec Hi ! Hi !

2eme année 1er semestre : (87/100) (CHU) (Sébastien) (fin)

Le temps nécessaire à reprendre son souffle et Florian insère le DVD du scanner dans le lecteur du pc, il commence alors à visualiser tranche par tranche la boîte crânienne de Sébastien.

Je demande à Sébastien :

- De quel côté ton choc à la tête ?

Sébastien lui montre l’endroit exact en posant un doigt sur son crâne.

- Juste là !

- Ok merci.

Je fais avancer le DVD jusqu’avant l’endroit indiqué et continue à faire défiler image par image, jusqu’au moment où j’arrête tout et fais un renvoi sur le vidéo projecteur pour projeter la coupe sur le mur de la pièce.

Je prends une baguette pour pas faire écran avec mon corps et indique une zone spécifique à Frédéric.

- Tiens ! Là ! Regarde !

Frédéric fixe l’endroit indiqué.

- Eh bien dis donc, fallait tomber dessus !!

- Quand on sait ce qu’on cherche ça aide.

- Tu es sûr que c’est ça ?

- Certain !!

Henry l’œil illuminé d’espoir.

- Sébastien pourra remarcher ? Quand ?

Je réfléchis un instant.

- Pour Pâques, je pense qu’après cette date « Seb » n’y pensera plus que comme une période particulièrement difficile de sa vie.

- (Sébastien stupéfait) Six mois ?

- Déjà trois mois de préparation pour te remuscler, ensuite une petite intervention de rien du tout et enfin trois mois de rééducation.

Frédéric sourit à « la petite intervention de rien du tout », il a une question qui lui brûle la langue :

- Pourquoi tu veux attendre trois mois ?

- Tout simplement parce que si on l’opère maintenant, il voudra à tout prix marcher et ça ira à l’encontre d’une bonne remise en forme de son corps qui est absolument nécessaire. Je vais préparer comme pour « Mél » un planning de soins pour le Kiné qui s’occupera de Sébastien, il devra suivre chaque étape point par point mais je ne m’inquiète pas car Jordan Minne suivra pas à pas mes recommandations, comme il l’a si bien fait pour la puce.

- (Frédéric) Tu veux que je lui demande de venir « Flo » ?

- Oui ce serait bien mais avant j’aimerais connaître vos dispositions pour que Sébastien soit présent aux séances journalières qui seront nécessaires, une le matin et une l’après-midi pendant douze semaines devraient suffire.

- (Frédéric) Sébastien est bien pris en charge n’est-ce pas ?

- (Henry) Oui pour ça pas d’inquiétude, l’assurance du gars qui l’a renversé n’a jamais rechigné sur les remboursements quel qu’ils soient. Il va juste falloir que je ferme mon cabinet et que je vienne m’installer dans la région le temps que tout cela se fasse, si la date qu’a donnée Florian tient la route je n’aurai même pas besoin d’en rouvrir un ici.

- (Sébastien) Pourquoi p’pa ?

- Parce que six mois ce n’est pas trop long et ça me fera des vacances, de toute façon il va falloir s’occuper de toi et je préfère être là à temps plein pour ça.

Sébastien en tirant une gueule de quinze mètres.

- Ah ! Ok !

Évelyne voit bien le malaise.

- Qu’est-ce qu’il y a mon chéri ? On dirait que ça ne te fait pas plaisir ?

Sébastien en baissant les yeux.

- Si m’man t’inquiète.

Évelyne ressent bien sa tristesse.

- Dis-nous plutôt ce qu’il ne va pas ! Je te connais trop pour ne pas deviner que quelque chose te perturbe.

Sébastien jette un coup d’œil vers Florian.

- C’est que je me sens bien ici et j’y ai déjà des amis, du moins je crois.

- (André amusé) Je pense que ce qu’essaye de vous dire votre fils c’est qu’il aimerait rester ici pour de bon, n’en soyez pas surpris parce que ça nous a fait la même chose avec les nôtres.

- (Mélanie) Il fait partie de la bande à Florian maintenant, dans six mois l’idée même de repartir lui semblera encore plus impossible.

J’entends mon nom et je relève la tête, ayant fini de toute façon le programme des trois prochains mois de musculation du bassin et des membres inférieurs.

- Vous avez le temps d’en discuter tranquillement, au fait « p’pa » ? Tu as appelé « Dan » ?

- (Frédéric) Il ne devrait plus tarder.

- (Henry curieux) C’est votre fils ?

Frédéric regarde l’homme qui lui a posé la question puis se tourne vers Florian les yeux brillants.

- De cœur oui ! Certainement, sinon non ce n’est pas mon fils.

- Ah ! Je croyais, pourtant il vous a appelé papa je ne me trompe pas ?

- (Frédéric) C’est une histoire d’affectif entre Florian moi, mon épouse ainsi que mes trois enfants qui le considèrent comme un frère. N’en cherchez pas la raison, nul ne la connaît. C’est venu comme ça et tout le monde en a été heureux et y retrouve son compte.

Évelyne regarde Florian en souriant.

- Je vous comprends, ça n’a pas dû être trop difficile pour vous.

Frédéric éclate de rire.

- Au début j’avoue que c’était assez « spécial », je ne vous raconterai pas toutes les frasques qui ont suivi son arrivée chez nous mais je vous garantis que certain(e)s d’entre nous en ont eu des « fuites » assez gênantes et là je vous passe les détails Hi ! Hi !

Sébastien dévore des yeux le jeune rouquin au sourire si perturbant.

- Tu me raconteras ?

Je lui fais un clin d’œil.

- Seulement quand tu pourras aller pisser tout seul Hi ! Hi !

La porte s’ouvre sur un homme qui sursaute en les voyant tous bidonner dans le bureau, Frédéric le voit et essuie ses yeux en l’accueillant.

- Ah te voilà « Dan », merci d’être venu aussi rapidement. Nous allons avoir besoin de tes services pour préparer ce jeune homme comme tu l’as fait pour Mélanie.

Jordan prend le calepin que Florian lui tend, le parcourt rapidement et sourit à son tour.

- Eh bien c’est parfait tout ça ! Je vais organiser mon agenda en conséquence, nous pourrions commencer quand ?

- (Henry) Je ne sais pas exactement, le temps de trouver quelque chose par ici pour loger !! D’ici une quinzaine de jours je pense.

André après avoir interrogé sa femme du regard.

- Sébastien pourrait rester à la maison en attendant et commencer tout de suite ses séances de kiné, qu’est-ce que vous en pensez ?

Sébastien en se tortillant sur son fauteuil.

- Oh oui ! S’il te plaît p’pa ?

- (Fabienne amusée) Qu’est-ce qu’on vous avait dit hier ?

2eme année 1er semestre : (88/100) (fac) (Les trublions) (fin)

Dans la voiture les deux hommes n’arrêtent pas de se jeter des regards inquiets, Dorian qui les regarde depuis le miroir de courtoisie sur le pare-soleil rabattu pour l’occasion, a un petit sourire de satisfaction.

Leurs recherches sur les deux hommes se sont avérées très riches en informations sur leurs comptes, ils sont bien ce qu’ils prétendent être et le Conseil national de l’Ordre les a bien mandatés pour cette recherche d’information sur Florian.

C’est un pur hasard qu’ils aient eu envie d’en savoir un peu plus sur leurs antécédents et leurs vies privées car sinon ils seraient forcément passés à côté des données qu’ils ont en mains et qui leurs permettent cette arrestation.

L’arrivée au commissariat principal les rend livides de trouilles car ils ne doutent plus un instant des raisons pour lesquelles ils viennent de se faire cueillir en beauté et tout ça pour une affaire qu’ils pensaient être bien loin derrière eux.

Dorian et Gérôme leurs brassards de police placés bien en vues à leurs bras, emmènent alors les deux individus jusqu’au bureau qui leur a été attribué avec si peu d’empressement quelques temps plus tôt.

Leurs collègues en uniforme ou en civil arrêtant leurs conversations et les regardant passer devant eux avec curiosités.

Une fois la porte refermée sur eux quatre, les deux policiers laissent les deux gars plantés debout et s’installent chacun à son bureau en ne faisant plus du tout attention à eux, du moins en apparence car s’ils agissent ainsi c’est bien pour accroître au maximum le malaise évident des deux hommes.

Plusieurs longues, très longues minutes passent alors pendant lesquelles ils allument leurs ordinateurs et farfouillent dans leurs tiroirs, qu’ils savent bien pourtant être entièrement vides.

Gérôme estime alors qu’ils sont mûrs pour entamer sur eux un interrogatoire en règle, il se racle la gorge en posant ses deux mains de chaque côté de l’ordinateur et les regarde enfin dans les yeux.

- Vous pensiez réellement que cette affaire avait été classée ? ou vous êtes si confiants que ça sur le manque d’efficacité des services de police ?

Les deux hommes n’en mènent pas large, Gérôme remarque aussitôt lequel des deux est psychologiquement le plus fragile et c’est sur lui que son regard se porte plus particulièrement quand il poursuit.

- Vous cherchiez à réitérer une nouvelle fois vos odieux chantages ? Après qui aviez-vous décidé de vous en prendre cette fois-ci ?

Dorian va chercher plusieurs feuilles A4 de l’imprimante et les tend à Gérôme qui nonchalamment y jette un œil.

- Monsieur Patrick Monsui et monsieur Alain Bordet, vous êtes sous le coup de plusieurs plaintes pour chantages et chantages aggravés de coups et blessures sur plusieurs personnes dont vous étiez chargés de mener des enquêtes administratives quant à leurs comportements et éventuelles erreurs professionnelles. Reconnaissez-vous les faits ?

- (Dorian) Pas de chance n’est-ce pas ? Plusieurs de ces personnes ont décidé de porter plainte contre vous malgré ce qu’ils encourront comme blâmes à reconnaître les accusations portées contre elles.

- (Gérôme) Qui était votre victime cette fois-ci ? Le dénommer Florian De Bierne ?

- (Alain le plus jeune) Non !

- (Patrick le plus âgé) Ne dis plus rien !

Dorian frappe de la main sèchement sur son bureau, ce qui les fait sursauter.

- Très mauvaise solution croyez-moi !

- (Gérôme) Mon collègue a raison, les preuves sont assez accablantes et votre entêtement à vouloir nier ne fera que renforcer la peine que vous encourez. Je ne saurais trop vous conseiller de poursuivre dans cette voie. Aussi je répète une dernière fois ma question, qui était votre prochaine victime ?

Alain d’une voix tremblante.

- Le directeur.

Voyant que son comparse est prêt à tout lâcher, le plus âgé soupire et décide de tout avouer, en espérant ainsi avoir la clémence d’un éventuel jugement en apportant ses aveux à la police.

- Nous avons été mandatés pour vérifier certaines histoires rapportées récemment au Conseil de l’Ordre sur le jeune De Bierne, comme quoi il aurait des capacités exceptionnelles à l’exercice de la chirurgie. Notre mission étant d’en savoir plus quant à l’exactitude de ces dires et de faire un rapport circonstancié sur ce que nous découvrirons sur ce jeune homme.

Dorian voit que l’homme hésite à poursuivre.

- Et donc ??

Le dénommé Patrick reprend alors ses explications.

- Ce que nous avons découvert va beaucoup plus loin que nous l’imaginions, ce garçon non seulement correspond aux notes rapportées sur lui mais en plus en est aidé par toute la hiérarchie de l’hôpital qui va à l’encontre de toutes les règles de déontologie.

- (Gérôme) Vous avez donc trouvé là une nouvelle occasion de vous faire de l’argent en ayant l’intention de faire chanter le directeur, je me trompe ?

- (Alain livide) C’était la dernière fois !! Nous avions décidé d’arrêter nos conneries après coup et de nous faire oublier, Patrick se doutait que quelqu’un pourrait finir par vendre la mèche et nous avions décidé qu’ensuite nous ne ferions plus que notre boulot.

- (Dorian) Ce n’est pas de chance pour vous alors ?

- (Gérôme) Maintenant vous allez devoir assumer vos actes, vous pensiez vraiment vous en sortir aussi facilement ? Si c’est le cas vous êtes les deux gars les plus naïfs que je connaisse !

Alain la voix chevrotante de panique.

- Qu’est ce qui va nous arriver maintenant ?

- (Gérôme sentencieux) La prison je pense, comme vous devez bien vous en doutez !

Il les laisse mariner un petit moment, quand il juge que c’est le bon moment son visage devient plus clément et d’une voix confidentielle, il leur dit :

- À moins que !!!

2eme année 1er semestre : (89/100) (Paris/Afrique) (suite)

« Dispensaire »

Patrice et Camille ont le même mouvement de recul quand ils se retrouvent nez à nez avec l’homme qui vient d’entrer dans le bureau du père Antoine.

L’allure générale du personnage aurait donné des sueurs froides à bon nombre d’individus se croyant courageux, l’image des films qu’ils regardaient dans leur jeunesse se retrouvant soudainement en chair et en os devant leurs yeux.

Okoumé en chef Massaï arbore tous les parements de sa condition de chasseur, il est quasiment nu devant eux, seul un étui pénien cache son sexe à la vue des regards.

Un simple morceau de bambou creux attaché par une liane fine autour de ses reins dans lequel son pénis est enfermé en ne laissant apparaître que ses bourses pendantes, le reste du corps couvert de peintures représentant les symboles de sa tribu et de sa charge.

Un carquois rempli de flèches empennées, un arc dans le dos ainsi qu’une lance impressionnante tenue en main et une impression de puissance dans son regard acéré, termine de décrire l’homme qui a occasionné ce mouvement de recul de la part des deux Européens.

Un jeune garçon entre à son tour, lui est nu car il n’a pas encore l’âge pour porter les attributs d’un homme, seul une lance plus petite est entre ses mains, l’air farouche du jeune garçon montre la détermination et la fierté qu’il a de suivre l’adulte qui est sans doute son père.

Le père Antoine montre un visage épanoui par le plaisir de les voir quand il vient les serrer dans ses bras, ce simple geste suffit à changer radicalement les traits des deux personnages et à leurs yeux brillant de plaisir, ils comprennent tout le respect et l’amour qu’ils éprouvent pour le vieil homme qui parait si menu face à eux.

- Okoumé ! Akim ! Quelle joie de vous voir mes enfants !

Okoumé d’une voix douce en parfait contraste avec sa carrure impressionnante.

- Nous aussi mon père.

Akim dont les yeux fouillent tout l’espace autour de lui.

- Kinou n’est pas là ?

Il n’a pas terminé sa phrase qu’un long feulement résonne dans le dispensaire, le jeune mâle entre dans la pièce et se jette sur l’enfant qui lui tend les bras en recevant ses deux pattes avant sur ses épaules sans broncher.

La panthère lèche avidement le visage de l’enfant qui rit aux éclats en redevenant le temps de ce moment privilégié le petit garçon qu’il est encore, gommant toutes les expressions guerrières qu’il s’était données juste avant l’apparition de l’animal.

Camille éberluée ne loupe rien de cette scène pour le moins inhabituelle, Akim caresse à deux mains le pelage soyeux de la panthère qui se comporte comme un gros chat appréciant visiblement les gratouilles du gamin.

- (Akim) Kinou mon beau, tu as encore grandi dis donc.

- Rrrrrr !!!!

- Mais oui tu es le plus beau.

- Rrrrrr !!!!

Le père Antoine laisse alors l’enfant avec la panthère dans leurs effusions de retrouvailles, il reprend la parole pour présenter le couple d’invités à celui qu’il considère et considérera toujours comme son fils.

- Okoumé ! Je te présente les deux personnes qui sont envoyées pour ramener Kinou en Europe, auprès du garçon que tu as ramené ici il y a très longtemps. Ils souhaiteraient que vous les emmeniez jusqu’à la clairière où a eu lieu l’accident afin d’essayer d’en comprendre tous les mystères, je compte sur toi pour qu’ils reviennent en bonne santé de cette journée.

- (Okoumé) Vous pouvez mon père, nous serons rentrés avant la nuit.

Le père Antoine en souriant.

- Tu sais très bien que je ne les aurai confiés à personne d’autre.

Okoumé se tourne vers le couple d’hommes blancs.

- Vous devrez faire exactement ce que je vous dirai, ne touchez à rien une fois que nous serons sur place sans que je vous en donne l’autorisation. Il vous faudra être très prudent avec elle.

- (Patrice surpris) Elle ?

Okoumé montre du doigt la jeune panthère.

- Sa mère ! Elle sera là, soyez en sûr !!... Elle est toujours là.

Un frisson d’angoisse parcourt le couple, l’idée d’un tête-à-tête avec un tel animal leur donne soudainement une poussée de sudation qui n’échappe pas au puissant guerrier.

- Elle saura pourquoi vous êtes venu et ne vous fera rien, il vous suffira d’écouter ce que je vous dirai de faire en vous abstenant de toute initiative personnelle.

Il remarque les holsters derrière leurs vestes de brousse, ses yeux se plissent en comprenant de quoi il s’agit.

- Il faudra laisser ici vos bâtons de feu, elle ne vous fera aucun mal et je m’assurerai de votre protection pendant le trajet.

- (Camille) Nos bâtons de feu ? Je ne comprends pas ?

- (Le père Antoine) Okoumé parle de vos armes, le mieux serait de les laisser ici.

Patrice déboucle son holster bientôt suivit par Camille.

- Vous avez sans doute raison, une pulsion malencontreuse pourrait aller à l’encontre de notre mission.

Voyant qu’ils sont prêts à les suivre, Okoumé et son fils se retournent, puis sortent de la pièce en n’entendant apparemment pas le gloussement de Camille à la vue de la magnifique paire de fesses musclée du guerrier.

2eme année 1er semestre : (90/100) (Aix) (Premier Pont de Novembre)

Aurélien, Guillaume et Florian, attendent avec fébrilité que le train entre en gare d’Aix en Provence.

Les quatre jours qu’ils vont y passer, étaient attendus avec la fièvre de retrouver leurs amoureux respectifs.

Aurélien est invité chez Chloé tout comme Guillaume l’est chez Léa, alors que Florian rentre chez ses grands-parents.

Bien sûr ils ont prévu de passer leurs journées en commun mais pour les soirées comme par miracle personne n’en parle, sachant bien que le peu de temps qu’ils ont à être ensemble sera privilégié pour chaque couple.

Enfin pour les deux premiers car Florian espère bien en passer une partie avec Éric et Raphaël, qui lui manquent terriblement eux aussi.

L’arrivée en gare se fait enfin et à peine le train s’est-il arrêté, qu’ils sont déjà les pieds sur le quai à se presser vers la sortie en n’emmenant chacun qu’un léger sac à dos comme bagage.

Florian sait que Thomas ainsi qu’Éric ne seront disponible qu’un peu plus tard après la fin de leurs derniers cours, aussi n’est-il pas étonné de ne voir les attendre que Raphaël et Léa, accompagnée de son père et de son oncle.

Guillaume a le cœur qui fait un bond dans sa poitrine en apercevant sa dulcinée, qui déjà court vers lui pour se jeter dans ses bras en tremblant du plaisir partagé de se revoir enfin depuis ces longues semaines d’éloignement.

Raphaël se retient d’en faire autant malgré l’énorme envie qu’il a d’imiter sa jeune copine et de serrer son alter ego dans ses bras lui aussi, une certaine retenue l’empêche d’exprimer ainsi son réel plaisir à revoir son ami.

Florian pour sa part n’a pas de honte à imiter Léa et accélère son pas pour enlacer « Raphi » dans une étreinte amicale teintée d’un réel désir d’être en contact avec le beau rouquin qu’il aime véritablement, même si ce n’est pas avec la même intensité que son Thomas.

Il se détache avec difficulté de Raphaël pour embrasser à leurs tours Léa, André et Alain, qui eux ont suivi avec un petit sourire amusé ces retrouvailles émouvantes.

Guillaume monte directement dans la voiture du père de Léa avec sa chérie, tandis qu’Aurélien et Florian montent dans celle d’Alain avec Raphaël.

Dix minutes plus tard, Aurélien est déposé devant chez Chloé qui les attendait déjà avec impatience sur le seuil de la maison de ses parents.

Elle serre dans ses bras avec une petite larme de joie son chéri en se pendant ensuite au cou de Florian avec une tendresse née d’une amitié de toujours et d’un reste d’amour duquel jamais elle n’arrivera à se défaire entièrement.

Rendez-vous est pris pour qu’ils se retrouvent le lendemain, Raphaël avec Florian et Alain repartent jusque chez les De Bierne où Maryse et Michel les attendent également avec impatiences, assis l’un contre l’autre sur le petit banc de pierre devant leur pas-de-porte.

Florian sent les larmes de joie poindre sous ses yeux comme à chaque retour à Aix à la vue de ses grands-parents, il sort de la voiture avant même que celle-ci ne soit entièrement arrêtée en courant vers eux pour les enlacer tendrement.

L’émotion est perceptible pour l’homme et son passager encore dans l’auto, ils attendent quelques instants avant d’en sortir afin de ne pas briser ce moment magique entre tout de ce jeune garçon enlaçant avec amour ce couple de vieillards manifestement aussi émus que lui.

Alain les yeux brillants.

- Ce gosse est vraiment adorable.

Raphaël dans le même état.

- C’est pour ça qu’on l’aime autant, cette famille est devenue aussi la mienne tu sais.

Alain porte son regard sur le jeune homme et sourit.

- Je m’en suis rendu compte Raphaël, mais n’en oublie pas tes parents pour autant.

- (Raphaël) Bien sûr que non, nous restons ici ce week-end mais nous partons les voir avec Éric au prochain.

Alain lui ébouriffe les cheveux d’une main amicale.

- Éric est bien tombé avec toi

Il hésite mais aimerait en avoir le cœur net.

- Thomas et Florian aussi à ce que j’ai cru comprendre.

Raphaël capte le regard interrogateur mais amical d’Alain.

- Tu ne le savais pas ?

- J’avais cru le comprendre mais je n’en étais pas sûr.

Raphaël en lui rendant son sourire, qu’il lui a vu poindre en prononçant ces dernières paroles.

- Ça peut paraître bizarre comme situation, même pour moi parfois mais je ne nous décrirai pas mieux que comme deux couples qui s’aiment très fort et qui partagent des moments intenses ensemble.

- Seulement quand vous êtes tous ensemble ?

Raphaël comprend bien le sens de la question.

- Oui seulement à ce moment-là.

- (Alain) Alors quand « Flo » n’est pas là, « Thom » …

Raphaël termine sa phrase en hochant affirmativement sa tête.

- …. L’attend !! Éric et moi ne sommes que des amis pour Thomas quand Florian est absent.

Alain avec un sourire épanoui.

- Je suis fier de mon fils tu sais.

- (Raphaël ému) Nous aussi.

Il rit soudainement.

- Mais ce soir nous serons tous les quatre Hi ! Hi ! Et ton fils va se transformer en un magnifique papillon Hi ! Hi ! Et nous l’aimons encore plus quand ça arrive.

2eme année 1er semestre : (91 / 100) (Aix) (Premier Pont de Novembre) (suite)

Il est temps pour eux de descendre de voiture et de rejoindre les trois personnes toujours enlacées sur le banc, Alain embrasse Maryse et Michel, puis remonte en voiture pour parcourir les quelques dizaines de mètres nécessaire pour se garer près de chez lui et retrouver son foyer.

Raphaël monte discrètement dans sa chambre pour les laisser se retrouver et profiter de cet instant privilégié, il met un CD dans le lecteur et s’allonge sur le lit, le visage rayonnant d’avoir retrouvé son ami et de pouvoir enfin passer quelques jours tous ensemble avec lui.

Son sexe se déplie petit à petit en montrant par là même le sens que prennent ses pensées, il relève la tête pour fixer d’un œil ironique son entrejambe en soupirant d’amusement par la déformation évidente constatée au niveau de sa braguette.

Son esprit part alors dans des souvenirs de plaisirs extrêmes qu’il a connu à l’occasion de la dernière visite de Florian, son corps frémit en repensant aux moments d’extases et de pur bonheur de leurs quatre corps imbriqués les uns aux autres, les laissant au final pantelant et sans force à tenter d’en reprendre le contrôle, avant de repartir de plus belle jusqu’à des strates de jouissance peu communes.

Il est tellement pris dans ses souvenirs qu’il n’entend pas Florian entrer dans la chambre, celui-ci remarque tout de suite le trouble de son ami en imaginant sans difficulté où l’ont emmené ses pensées.

Le corps alangui de Raphaël le trouble et l’émeut au plus haut point, un sourire à la fois tendre et carnassier, marque alors son visage.

Ses yeux d’un vert profond deviennent insondables sous l’envie qu’il a de ce garçon au corps sublime offert à eux sans pudeur.

Il reste un long moment à le dévorer du regard, son sexe dressé à lui faire mal dans sa prison de toile jusqu’à ce qu’il reprenne conscience du lieu et du moment qui n’est pas encore celui des épanchements amoureux.

- Je t’ai manqué à ce point-là ?

Raphaël fait un bond sur le lit et se redresse confus de s’être laissé aller à ce point pour s’être fait surprendre de la sorte.

Ses yeux captent le bas-ventre de son ami dans un état manifestement aussi troubler que le sien, ils remontent ensuite vers le visage de Florian et frémissent sous l’impact du regard de braise que celui-ci pose sur lui.

- Devine ? Mais j’ai l’impression de ne pas être le seul.

Florian referme la porte en s’approchant lentement sans détacher ses yeux de ceux de Raphaël pour venir s’allonger près de lui sur le lit, la chaleur de leurs corps une fois en contact et malgré les vêtements faisant barrage, leur envoie des sensations inouïes qui les obligent un instant à fermer les yeux pour reprendre un certain contrôle d’eux-mêmes.

- Éric va bien ?

- Oui et il est aussi impatient que moi de te revoir tu sais.

Je mets l’image de mon beau brun en arrière-plan dans mon esprit.

- Et moi donc !

- On reste ensemble ce soir ?

- Je veux !!

Raphaël passe le dos de sa main sur la joue de son ami.

- Tu nous as trop manqué « Flo ».

Je capture une nouvelle fois son regard dans le mien.

- Vous aussi !! Thomas ça va ?? comment supporte-t-il notre éloignement ?

- C’est dur pour lui, il fait comme si tout allait bien mais ce n’est qu’une façade. Tu lui manques trop ça se voit, nous essayons le plus possible de lui changer les idées mais nous n’y arrivons pas à chaque fois et souvent il préfère s’enfermer chez lui pour rester seul dans sa chambre.

- Pourtant je pensais qu’il avait accepté d’être un peu plus avec vous deux.

- Tu veux parler de l’autre fois, quand tu as eu Éric au téléphone ?

- Oui !

- Même pas ! Une fois tous les trois dans sa chambre, il s’est senti gêné et il nous a demandé de le laisser seul. Tu sais Florian ! Je ne crois pas qu’il soit prêt à faire quoi que ce soit sans toi, même le truc le plus soft comme ce que nous avions l’intention de faire ce jour-là.

- Pourtant il savait bien que j’étais d’accord.

- Je le sais bien, mais c’est Thomas que veux-tu ? Et Thomas t’aime trop et même avec nous il aurait l’impression de te tromper, tu sais « Flo » ? Il ne faudrait pas qu’un jour il t’arrive quelque chose parce que je ne suis pas sûr du tout qu’il pourrait s’en remettre.

Les sons ont du mal à sortir de ma gorge.

- C’est pareil pour moi et je ne préfère pas y penser.

Cette conversation nous amène un long frisson d’angoisse qui remet nos libidos au repos total, nous nous en apercevons.

Un immense éclat de rire vient nous remettre un peu de baume au cœur quand nous nous regardons à nouveau.

- (Raphaël) Comme ça n’arrivera pas, il faut mieux penser à autre chose de plus plaisant. Cette conversation est un vrai tue l’amour, j’ai la queue qui s’est transformé en clito tout d’un coup Hi ! Hi !

2eme année 1er semestre : (92/100) (Aix) (Premier Pont de Novembre) (suite)

Je regarde ma braguette.

- Moi c’est pareil.

Raphaël reste un moment figé à regarder la déformation encore bien apparente, bien que mon sexe soit au repos et part alors dans un fou rire mémorable, son corps tressaute alors que ses jambes se replient sous son ventre de douleur.

Ses yeux s’inondent de larmes, sa respiration se coupe au point qu’il commence à m’inquiéter grave.

- Mais arrête !!! Qu’est-ce que j’ai dit encore ?

Raphaël hoquette et repart de plus belle les yeux fixés sur mon entrejambe, la douleur que lui occasionne son fou rire le fait se tordre dans tous les sens.

Je le prends à pleine main, pour le secouer suffisamment pour qu’il se calme et retrouve ses esprits.

- Calme-toi « Raph », Qu’est ce qui te prend ?

Entre deux rires énormes.

- C’est toi !

- Mais enfin qu’est-ce que j’ai dit de si désopilant pour te mettre dans cet état ?

Raphaël tente de s’expliquer avec difficulté entre deux éclats de rire.

- J’imaginais la tête Hi ! Hi ! Du gars qui Hi ! Hi ! Aurait une femme Hi ! Hi ! Avec un Hi ! Hi !

Il montre la bosse de ma braguette.

- Clito pareil Hi ! Hi !

Comprenant enfin où il veut en venir, j’éclate de rires à mon tour en m’imaginant la scène.

Nous partons alors dans un délire phénoménal, à mon tour je me tords de douleur et un fou rire en entraînant un autre nous nous retrouvons très vite dans un état lamentable, les visages rougis et ravagés par les larmes, poussant des couinements de gorets et nous tordant sur le lit, jusqu’à ce qu’une voix étonnée retentisse dans la chambre.

- Eh bien ! Je vois que vous ne vous ennuyez pas vous deux.

- Après ça ils iront nous dire que nous leur manquons !

Éric et Thomas sont tous les deux dans l’encadrement de la porte à découvrir avec étonnement le spectacle que nous leur donnons.

Il nous faut quand même un assez long moment pour retrouver un semblant de sérieux et que le calme finisse par revenir dans la chambre.

Nous nous asseyons sur le lit en évitant de nous regarder car c’est sûr que le cas contraire nous referait partir en live, quelques hoquets nerveux ponctuent notre retour à la raison en montrant bien toutefois la fragilité et la précarité de notre calme apparent.

- (Éric amusé) Apparemment ils ne nous attendaient pas de sitôt.

Je jette un bref regard vers Raphaël, qui repart d’un coup en lâchant un rapide.

- Ils n’attendaient pas de clito Hi ! Hi !

Et c’est reparti pour un tour sous le regard ahuri de nos deux copains qui ne comprennent rien évidemment à ce qui nous arrive, ils prennent alors la décision la plus sage qui est celle de nous séparer.

Thomas me prend par la main en m’aidant à sortir de la chambre alors que je ne m’en sens absolument pas la force, le fou rire me transperce les abdominaux en me pliant en deux sous l’effet de la douleur fulgurante qui les contracte pire qu’une crampe.

Mon calme revient petit à petit, mais j’en ressens une nouvelle fois la précarité dès que j’entends les petits cris que pousse encore Raphaël dans la chambre.

Malgré tout comme toutes bonnes choses ont une fin, je retrouve un semblant de sérieux et surtout la joie d’être dans les bras de Thomas qui me serre contre lui depuis qu’il nous a séparés.

La voix d’Éric sort de la chambre

- Comment il va le tien ?

- Mieux et le tien ?

- Ça va aussi, mais dis donc ce n’était pas du chiqué.

- On dirait oui ! Tu penses qu’on peut revenir dans la chambre ?

- Oui c’est bon ! Du moins ça a l’air !

Thomas me regarde intensément en m’essuyant le visage avec le dos de sa main, il m’entraîne alors avec lui.

Je regarde mes pieds en avançant en sachant très bien que si je capte le regard de « Raph », je vais repartir en vrille.

Raphaël tourne le dos à ses amis et s’est accoudé à la fenêtre qu’il a ouverte en grand pour respirer à pleins poumons l’air vivifiant de cette fin d’après-midi.

Malgré tout Éric et Thomas voient bien aux fréquents tressautements de ses épaules, que pour lui aussi ce n’est pas gagné d’avance.

Thomas me fait asseoir sur le lit et s’installe près de moi, son bras enserrant mes épaules pendant que son autre main me frotte gentiment le haut de la cuisse.

- Ça va « Flo » ?

D’une petite voix, presque un couinement.

- Voouuiii !

Éric voit les épaules de Raphaël tressautées rapidement, il les attrape fermement des deux mains et tente de le calmer car il sent bien que son copain n’en a pas encore fini, qu’il ne manque pas grand-chose pour lui déclencher à nouveau un irrépressible éclat de rire.

- Emmène « Flo » dehors « Thom » ! L’air frais devrait lui faire du bien, on se retrouve tout à l’heure quand ils auront retrouvé leur calme.

2eme année 1er semestre : (93/100) (Paris/Afrique) (suite)

Patrice et Camille ne sont pas habitués à marcher dans la jungle et ils ont du mal à suivre le rythme des deux Massais, l’humidité de l’air ambiant trempe leurs vêtements alors que leurs respirations se font sifflantes.

Okoumé s’en aperçoit, il profite d’un endroit suffisamment dégagé pour laisser passer un rayon de soleil pour faire une halte.

La pose est la bienvenue pour les deux Français qui s’affalent au sol et s’allongent sur un épais tapis de feuilles mortes.

Patrice observe Okoumé qui ne semble même pas essouffler par la marche.

- C’est encore loin ?

- (Okoumé) Une fois encore la distance que nous venons de parcourir.

- (Camille) Oh… non !!!

- (Okoumé) Nous allons bientôt croiser une piste de chasse, ce sera ensuite plus facile pour vous d’avancer.

- (Patrice) Tu parles super-bien notre langue Okoumé ?

- (Okoumé) Grace au père Antoine j’ai appris la langue de l’homme blanc, Akim et mes autres enfants l’ont apprise eux aussi.

Camille qui n’arrive pas à détacher ses yeux du corps musclé à l’allure fier du guerrier.

- Il faudrait peut-être mieux repartir, si nous attendons trop nous n’aurons plus assez de temps pour nos investigations.

Patrice soupire en se relevant.

- Tu as raison, ok c’est bon. Mais où est Akim ?

Okoumé les yeux brillants de fierté.

- Il doit être déjà avec « Kinou » dans la clairière à nous attendre.

- (Camille surprise) Déjà !! Mais comment peut-il y être arrivé aussi vite ?

Okoumé visiblement amusé.

- La bonne question serait plutôt pourquoi sommes-nous aussi longs ?

Patrice comprend bien la moquerie qui le pique au vif dans sa fierté.

- Bon ! Eh bien alors ne traînons pas plus !

La marche se fit en silence sur un rythme plus soutenu, mais c’est complètement lessivés qu’ils arrivent aux abords de la clairière pas loin d’une heure plus tard.

Les rires de l’enfant résonnant à leurs oreilles, leurs faisant comprendre qu’ils étaient enfin arrivés à destination.

Camille est juste derrière Okoumé et aperçoit la première l’aspect surnaturel de la trouée végétale que le guerrier appelle clairière, elle ne peut s’empêcher de pousser un cri de surprise à la vue de tous ses arbres dévastés et figés comme par un cataclysme écologique.

- Oh !!!! Mais où sommes-nous ?

- (Okoumé) Là où j’ai trouvé l’enfant aux cheveux de feu.

Patrice regarde à son tour, il sursaute lui aussi.

- Mais qu’est-ce qu’il s’est passé ici ?

- (Okoumé) L’oiseau de fer s’est abattu ici avec les pierres du ciel, ils ont tout détruit.

Patrice pas rassuré, sort de son sac un appareil électronique qu’il met en route pour en diriger l’antenne vers la clairière.

Les bips-bips bip longs qu’émet le détecteur le rassurent et il le range en soupirant, visiblement plus serein.

- C’est déjà une bonne chose, il n’y a pas de radioactivité anormale.

Camille regarde attentivement les arbres marqués chacun différemment, comme si un sculpteur fou s’était amusé à les taillader et à les déformer pour leurs donner cet aspect lugubre et hors du temps.

- Ses arbres sont-ils comme ça depuis l’accident ?

- (Okoumé) Non, ça leur est arrivé au fil des étés. treize étés exactement après que j’ai ramené l’enfant roux au père Antoine, ensuite presque chaque été quelques arbres ont été atteints mais ce n’est que depuis l’été dernier que tout s’est accéléré sans que rien ne puisse l’expliquer.

Camille sort une petite caméra et pendant quelques minutes elle filme l’ensemble des lieux, sans oublier de faire des gros plans sur certains arbres aux allures plus bizarre que d’autres.

Patrice remarque les pierres éparpillées sur le sol ou rien ne pousse autour, un tas un peu plus resserré qu’ailleurs attire son attention.

Au centre de ce tas, il remarque des ossements ainsi qu’un restant de fourrure animal qui termine de pourrir et s’étonne de ne pas y voir d’insecte ou de larve à l’intérieur.

Okoumé le voyant s’approcher de trop près, le met en garde.

- Arrêtez !! Ne vous approchez pas plus de cet endroit !! Et surtout ne touchez pas à ses pierres du ciel !!

Patrice se fige sur place au ton inquiet du guerrier.

- Pourquoi ?

Okoumé sonde la lisière de la forêt.

- Parce qu’elle ne vous le permettra pas !! Elles ne l’ont jamais permis !!

Patrice observe tout ce qui se passe autour de lui, il voit Camille figée comme lui et les yeux fixés sur Akim et Kinou qui ont stoppé leurs jeux et restent statufiés, leurs regards pointés vers un point précis entre deux énormes arbres.

- Qui ça, elle ?

Comme si elle avait compris que c’est elle le sujet de la conversation entre les deux hommes, la femelle sort alors de sa cachette et s’avance vers eux en grondant.

Okoumé dépose ses armes devant lui et s’avance vers elle, les mains bien écartées du corps en signe de paix.

- Ne bougez plus ! Attendez que ce soit elle qui vienne vers vous !

Patrice et Camille suent en abondance, une frayeur viscérale les prend aux tripes devant la puissance que dégage la panthère.

Les yeux de la bête les fixent avec l’assurance du prédateur devant sa proie, ses iris d’un vert si pur hypnotisent le couple qui commence à croire leur dernière heure arrivée.

Okoumé s’avance alors avec précaution et vient s’asseoir à mi-chemin entre eux sur la souche où chaque lune depuis ses dix-huit étés, il y a déjà passé tant d’heures à attendre immobile.

L’animal qui doit bien faire ses quatre-vingts kilos de muscles s’avance alors à son tour pour venir s’allonger à ses pieds, sans quitter des yeux les deux nouveaux venus.

Un ronronnement sort alors de sa gorge, Okoumé comprend qu’elle les accepte près d’elle et pose alors sa main entre les deux oreilles de l’animal pour la caresser.

- Vous pouvez approcher maintenant, elle sait qui vous êtes et pourquoi vous êtes venus.

2eme année 1er semestre : (94/100) (Reims) (Mathis)

Mathis sort de la gare et arrive sur le parking où il cherche des yeux Damien qui lui a dit l’attendre à cet endroit, c’est la première fois qu’il voyage aussi loin et surtout seul, il est bien content de ne pas s’être perdu dans Paris.

Les indications de Florian lui ont été très utiles, mais il respire quand même mieux une fois arrivé à bon port.

Damien arrive à pas de loup derrière lui et en profite pour l’admirer sans être vu, son cœur s’accélère rien qu’à la pensée de le prendre dans ses bras pour serrer ce corps élancé et nerveux tout contre lui.

Ses mains viennent se poser en bandeau sur ses yeux, faisant sursauter Mathis qui en pousse un petit cri de surprise.

- Un bisou si tu me reconnais beau blond.

Mathis revenu de sa surprise, sourit.

- Voyons voir ! J’ai le droit à combien d’essais ?

- Un seul !

- Wouah !! Alors il ne va pas falloir que je me plante, serait-ce un beau jeune homme que je connais ?

- Tu chauffes !

- Qui m’aime autant que je l’aime ?

- Tu brûles !

- Intelligent ? Doué ?

- Tu te consumes Hi ! Hi !

- Florian ???

Damien la lâche et lui met une claque sur les fesses.

- Salop !!!

Mathis se retourne en se massant le fessier avec un énorme sourire format banane aux lèvres, il contemple celui qui est dans ses pensées chaque jours et chaque nuits depuis les presque deux mois qu’ils ne se sont pas vus.

Damien est dans le même état d’esprit, il admire lui aussi ce garçon blond magnifique dont il a la chance d’être le petit copain et qui rayonne devant lui comme un soleil.

Il y a beaucoup trop de monde autour d’eux pour qu’ils puissent s’épancher comme ils le voudraient, ils se contentent donc des quatre bises traditionnelles sur les joues qui les émeuvent déjà beaucoup.

Damien d’une voix douce.

- Tu m’as manqué tu sais ?

Mathis les yeux brillants.

- Toi aussi « Dami ».

- Alors ne perdons pas de temps ! Allons à la maison, nous y serons plus tranquilles.

Mathis suit alors Damien en papotant tout le long du trajet, ne s’arrêtant qu’une fois le long du canal pour saluer un homme jeune au visage d’ange cloué sur son fauteuil roulant et prenant l’air sur une des péniches amarrées à temps plein.

Celles-ci servant d’habitations à des familles voulant se démarquer du tout un chacun des autres habitants de la ville.

- (Mathis curieux) C’est qui ?

- Un ami.

- Il s’appelle comment ?

- Je n’en sais rien figure toi.

- Hein ???

- En fait nous avons pris l’habitude de nous saluer à force de passer par ici, Florian a été le premier à le remarquer et depuis nous nous faisons des petits coucous à chaque fois que nous passons dans le coin quand il est sur sa péniche.

- C’est marrant votre histoire, vous n’avez jamais eu envie de vous arrêter et de lui parler ?

- Je ne crois pas non ! C’est devenu un point de repère et de ralliement pour nous quand nous sortons en centre-ville, je crois bien que personne ne s’est jamais fait cette remarque.

- En tous les cas il a l’air cool, dommage qu’il soit handicapé.

- Oui dommage !

Après cet intermède, ils reprennent leur route et arrivent quelques minutes plus tard devant la résidence où habitent les Viala.

Mathis découvre pour la première fois la zone résidentielle.

- Plutôt sympa comme quartier.

- Oui je trouve aussi, je m’y plais beaucoup mieux que du temps où nous habitions en banlieue parisienne. Les gens sont plus sympas et nous nous y sommes fait récemment quelques bons copains, tu verras quand je te les présenterai.

- Cool !

***/***

Annie entend la porte s’ouvrir et reste un moment stupéfaite quand elle voit apparaître le jeune garçon, l’ayant pris sur le coup pour Thomas.

Elle réalise très rapidement sa méprise et sourit au beau blond que son fils tient amoureusement par la taille.

- Tu ne renieras pas ton cousin, j’ai bien cru un instant que c’était lui qui entrait.

Mathis avec un grand sourire qui lui donne encore plus de ressemblance avec Thomas.

- Je prends ça pour un compliment.

Annie en hochant la tête.

- Tu peux oui.

- (Damien) Il n’y a pas que « Flo » qui a le droit d’avoir le plus beau garçon de la terre comme petit copain.

Mathis tourne la tête vers lui.

- Tu as raison « Dami », moi aussi.

Annie ne peut s’empêcher de rire en voyant le visage de son plus jeune fils s’empourprer de confusion au compliment qu’il vient de se prendre en pleine face sans s’y attendre.

- Rien à dire ! Tu sais parler aux hommes toi Hi ! Hi !

2eme année 1er semestre : (95/100) (Aix) (Premier Pont de Novembre) (suite)

C’est Éric qui redescend le premier rejoindre ses deux copains, laissant Raphaël dans la chambre avec sa promesse qu’il ne tardera pas à les retrouver en bas.

Il s’approche de Florian et le prend dans ses bras pour l’accueillir enfin comme il en avait envie depuis tout à l’heure.

L’étreinte tout comme celle avec Raphaël un peu plus tôt, est loin d’être dénué de tendresse et d’amour, quand les deux garçons se séparent leurs sourires ne les trompent pas eux non plus.

Tout comme la bosse déformant outrageusement leurs braguettes, ce qui fait rire intérieurement Thomas qui en a suivi la progression fulgurante.

- (Thomas) Bon ! Eh bien nous allons y aller maintenant Florian, je n’ai pas encore eu l’occasion de te le dire mais nous sommes tous les deux invités à manger chez mes parents.

- (Éric surpris) Ah bon !! Je croyais qu’on passerait la soirée ensemble tous les quatre ?

- (Thomas) Comment ça ? On n’a jamais parlé de ça il me semble ?

Éric fait triste mine.

- C’est sûr mais ça me paraissait évident, pas à toi ? Et toi « Flo » ? Tu en penses quoi ?

Thomas ne me laisse pas le temps de répondre.

- Et puis, j’aimerais avoir mon copain un peu pour moi si ce n’est pas trop demandé.

- (Éric déçu) Bien sûr, c’est normal ! On se voit demain alors ?

- (Thomas) Pourquoi demain ?

Éric est visiblement dépité.

- Quand alors ?

Je commence à ne plus rien comprendre du fait que je pensais bien moi aussi rester avec mes amis, je comprends bien sûr que Thomas ait envie d’être seul avec moi mais de l’entendre être aussi radical dans ses paroles me gêne terriblement.

- (Thomas) Je n’en sais rien, après le dîner si « Flo » est d’accord.

Je regarde Thomas amusé.

- A quoi tu joues là ?

Thomas retrouve un grand sourire moqueur.

- Juste je voulais voir sa tête Hi ! Hi ! Bah non banane ! Vous êtes aussi invités tous les deux, par contre les deux prochaines heures avant le repas « Flo » n’est rien qu’à moi tout seul.

Éric qui respire d’un coup beaucoup mieux.

- Et il trouve ça drôle je suis sûr ? Putain !! J’y ai cru à ses conneries en plus ! Le con !

Thomas lui tire la langue, amusé par sa petite plaisanterie.

- Tu vas voir ce soir toi !!

Raphaël qui vient de les rejoindre.

- Des promesses ? Hum ! J’adore !

- (Thomas) Allez Florian ! Tu viens ? Sinon avec eux deux ça va partir tout de suite en sucette Hi ! Hi !

Nous laissons nos deux amis pour rejoindre la chambre de Thomas et nous y enfermer à double tour.

Les vêtements volent dans la pièce, nous nous retrouvons très vite justes en slip allongé sur le lit à nous faire face.

L'abandon total se lit dans ses yeux quand les miens viennent se poser dessus, ses lèvres s’entrouvrent dans l’attente du baiser que je ne manque pas de lui donner.

Nos corps s’avancent pour entrer en contacts, nos mains caressent nos reins dans une parfaite réciprocité qui nous amène des sensations de plaisirs qui nous avaient trop manqué depuis la dernière fois que nous nous étions serrés ainsi l’un contre l’autre.

Le sexe de Thomas bat doucement contre le mien et sa peau douce comme la soie m’arrache des gémissements que je n’arrive pas à contrôler, il les accentue par des petits coups de reins virils démontrant son envie de prendre l’ascendant sur moi.

Thomas étant habituellement peu prédisposé à prendre la main dans nos relations intimes, c’est avec une forte excitation que je me laisse faire quand je le sens passer au-dessus de moi pour prendre mes genoux qu’il positionne sur ses épaules.

***/***

Après ces quelques brèves et intenses minutes qui ont suivis ses retrouvailles jusqu’à la conclusion évidente qui ne pouvait se terminer autrement que par un plaisir commun fulgurant, les deux amants restent un long moment à se câliner et profiter d’une de ces occasions si rares pour le moment de pouvoir être ensemble.

La tendresse et l’amour transcendantal qu’ils éprouvent l’un pour l’autre ressortent de leurs moindres gestes, regards et de petits mots doux qu’ils se murmurent à l’oreille pour qu’ils ne s’adressent qu’à eux, dans l’intimité de leur passion et de leur couple.

2eme année 1er semestre : (96/100) (Thillois) (Sébastien) (suite)

Marc ronchonne dans sa chambre, il ne peut pas quitter Reims ce week-end prolongé parce qu’il a pris beaucoup de retard en cours et qu’il doit mettre le turbo pour essayer de tout rattraper avant de ne plus pouvoir s’en sortir.

Flavien avec Carole l’aide du mieux qu’ils peuvent et petit à petit Marc sent revenir le moral en apercevant le bout du tunnel.

« Toc ! Toc ! »

Marc relève la tête et voit entrer Flavien tout souriant.

- Ça te dit de faire un break ?

- Pour aller où ?

- Voir Sylvain et les deux « Seb » !

Marc sourit instantanément à son ami.

- Ok ! Juste le temps de mettre un pull.

- On t’attend à la voiture, magne ton « gros » popotin ma poule.

Flavien descend pour rejoindre Carole qui termine de s’habiller chaudement dans l’entrée.

- Alors ?

- Il arrive !

- Et ???

- Tu avais raison chérie, il doit y avoir un truc qui se prépare. Tu aurais vu ses yeux quand j’ai parlé des deux « Seb », c’était comme si tu appuyais sur l’interrupteur Hi ! Hi !

- Sylvain était pareil avec mon Frère, alors tu penses bien que je ne pouvais pas passer à côté.

Flavien en soupirant.

- J’espère juste que tout ça se terminera bien.

- Tu penses à Alexie et Arnault ?

- Oui justement !!

- Peut-être que ce ne sera pas plus mal en fin de compte.

- Je ne sais pas, je trouvais que c’était très fort entre eux trois. Après ça je pouvais imaginer une rupture, mais certainement pas venant de Marc et là je tombe sur le cul.

- (Carole amusée) Tu vas vite à les mettre ensemble, qui te dis que ça se fera d’abord ? Si ça se trouve il n’y a rien du tout et on se met le doigt dans l’œil jusqu’au coude.

Flavien retrouve le sourire et embrasse sa chérie.

- Tu as raison, il faut toujours que je m’emporte. De toute façon ne sont pas mes affaires, j’ai ma chérie et je n’ai pas envie du tout d’en avoir une autre en même temps, alors leurs histoires compliquées qu’ils se les gardent.

Carole lui met une claque sur le torse.

- Encore heureux dis donc !!

Une descente d’escalier à toute vitesse les font lever les yeux sur Marc, surpris une fois arriver en bas de les voir encore là.

Du coup tout s’accélère, les voilà bientôt en route pour le village où habite Sylvain avec sa famille.

Ils arrivent pile poil au moment où André s’apprête à emmener Sébastien à sa séance de kiné, Marc ne peut détacher ses yeux du jeune handicapé qu’il entend discuter avec André d’une voix légère et musicale, lui faisant avoir des frissons dans le dos.

Sébastien entend les portes de l’auto claquées, il se tourne d’un geste vif sur une de ses roues pour voir qui arrive.

Son visage accentue alors d’une magnifique façon le sourire qu’il avait déjà sur les lèvres.

- Ça va les gars ?

- (André) J’emmène Sébastien à sa séance de kiné, les garçons sont dans leur chambre. (Clin d’œil) Pensez à frapper avant d’entrer parce que c’était plutôt bruyant là-haut il n’y a pas si longtemps que ça, si vous voyez ce que je veux dire.

Flavien lui fait une grimace amusée.

- Ils n’en ont jamais assez ces deux-là, en plus toujours en échappement libre à ce que je vois ?

Carole le regarde avec adoration.

- Niveau bruitage tu n’as rien à leur envier chéri.

André jette un coup d’œil à sa montre.

- Ce n’est pas que je m’ennuie avec vous les enfants mais si on continue nous allons être en retard, allez « Seb » ! Monte dans la voiture que je range ton fauteuil dans le coffre.

- (Marc) Attends !! Je viens t’aider !!

Sébastien allait refuser gentiment, il hésite un instant puis en souriant.

- Si tu veux, merci !

Marc le prend alors comme il l’a vu faire par Flavien, André récupère le fauteuil pendant qu’il installe Sébastien avec une extrême douceur sur la banquette arrière.

La sensation des bras du jeune homme autour de son cou fait trembler Marc qui termine rapidement d’installer son ami, celui-ci le lâche avec regret et ses yeux entrent en contact un bref instant avec ceux du beau brun qui les baissent aussitôt pour ne pas montrer son trouble.

- Merci « Marco » !

- Pas de quoi, n’hésite pas si tu as besoin.

André les regarde depuis le début et s’amuse de les voir si gauche.

- Tu peux venir avec nous si tu veux ?

- (Marc) Avec plaisir, comme ça je pourrai te tenir compagnie et le temps passera plus vite.

- (André) En voiture alors sinon pour le coup on va vraiment être à la bourre.

Toute la durée du parcours ils n’entendirent que le bruit du moteur, André jette de temps en temps un coup d’œil dans le rétroviseur et s’amuse du manège qu’il voit derrière lui, Marc et Sébastien n’arrêtant pas de se dévisager en douce par des petits regards en coin qui reviennent rapidement vers la route dès que l’un d’eux s’aperçoit que l’autre le fixe.

La main de Sébastien est posée négligemment sur la place centrale près de celle de Marc, un coup de frein un peu plus brutal que la normale et elle vient se serrer sur la sienne.

Chacun savoure ce moment le temps que dure le contact, Sébastien retire sa main avec regret et la repose où elle était précédemment, les deux garçons se tournent alors l’un vers l’autre avec chacun un petit sourire timide sur les lèvres.

De longues secondes passent ainsi jusqu’à ce que la main de Marc à son tour recouvre celle du jeune handicapé, leurs sourires un instant figés par l’incertitude s’accentuent alors et illuminent leurs visages pendant que sous une pression lente, leurs doigts se nouent les uns dans les autres.

2eme année 1er semestre : (97/100) (Reims) (Mathis) (suite)

Mathis sourit à Annie.

- Ah oui ? Tu trouves ?

- (Annie amusée) C’est ce qui te différencie de ton cousin, Thomas est plus réservé et timide, alors que toi tu me parais être un garçon plein de répondant.

- (Mathis inquiet) Et ce n’est pas bien ?

- Je n’ai pas dit ça ! C’est juste que malgré une exceptionnelle ressemblance, tu as ta personnalité propre qui est différente de celle de Thomas.

- (Damien impatient) M’man ! Je peux emmener Mathis rangé ses affaires dans la chambre ?

- Bien sûr où ai-je la tête, j’ai préparé celle d’Aurélien. Les draps sont propres, j’ai fait un peu de place dans l’armoire pour que tu puisses y ranger les tiennes.

Annie contente de son petit effet sourit, elle voit bien aussitôt la tête que font les deux garçons ainsi que le bref coup d’œil désolé qu’ils se lancent.

- Un problème les garçons ? C’était bien ce qui était convenu ? Non ?

- (Damien boudeur) Heu ! Oui m’man !

Elle les regarde s’éloigner avec Mathis traînant lamentablement son sac à dos dans le salon, elle s’amuse beaucoup à les voir ainsi et soupire en repartant dans sa cuisine pour préparer le repas.

Damien emmène son copain vers la chambre du fond et le fait entrer en le suivant.

- Eh bien ! Tu parles d’une tuile !

- Ne t’en fait pas « Dami », on trouvera bien un moyen de passer un peu de temps ensemble quand tes parents dormiront.

- Je sais bien mais ce n’est pas cool, j’espérais qu’ils seraient d’accord pour qu’on dorme ensemble. Je n’aime pas l’idée de faire des trucs dans leurs dos.

- Va lui parler alors ! Je suis sûr qu’elle comprendra, elle est sympa ta mère.

Damien pas vraiment chaud pour une telle demande à ses parents.

- On verra ça ce soir après le dîner, je ne pense pas que ce soit le bon moment pour l’instant.

Mathis comprend la gêne de son copain.

- Je peux aller lui en parler si tu veux ?

Damien le regarde et sourit.

- Non ! C’est à moi de m’assumer, je suis certain que tu le ferais mais je préfère que ça vienne de moi tu comprends ? Fais chier merde !!! Avec « Flo » et « Thom » ils ne font pas autant de simagrées.

Mathis voyant que son ami commence à s’énerver, change de sujet de conversation.

- En tous les cas, elle est cool la piaule « d’Aurel » ! Tu me montres la tienne que je vois ton antre ? Hi ! Hi !

Ils ressortent de la chambre en y laissant le sac à dos de Mathis et Damien après quelques pas, ouvre en grand la sienne pour la montrer à son ami.

- Ta ! Ta ! Voilà ma caverne ! Oups !!!

Mathis voit bien la surprise de Damien, il regarde curieux par-dessus son épaule l’intérieur de la pièce.

- C’est vide ?

Damien regarde le tas de cartons entreposé sur la moquette.

- Je ne comprends pas ? Ce n’était pas comme ça tout à l’heure !

Il file en vitesse dans la cuisine pour interroger sa mère, suivit par Mathis qui se demande bien ce que veut bien vouloir dire toute cette histoire.

Damien se plante devant sa mère, les yeux reflétant son entière incrédulité.

- M’man ? Qu’est ce qui se passe ? Ma chambre est vide ?

Annie s’essuie les mains en souriant à son fils, elle voit bien que l’effet de surprise est total.

- Ah c’est vrai ! J’avais oublié de te prévenir, tu vas devoir partager le lit d’Aurélien avec Mathis ce soir. Ta nouvelle chambre ne sera livrée que demain matin, nous n’avons pas pu avoir une livraison plus rapide quand nous avons été t’en acheter une nouvelle avec ton père et ce matin il a tenu à enlever tous les meubles.

- Une nouvelle chambre ?

- Eh bien oui quoi, tu ne voulais quand même pas que nous vous mettions à deux dans un lit d’une personne ? Et puis il était temps d’en changer, tu n’es plus un enfant et nous avons profité que tes frères soient absents pour changer les meubles de vos chambres.

- Nos chambres ?

Annie s’amuse visiblement et voit que Mathis aussi maintenant qu’il a compris.

- C’est pareil dans celle de Guillaume et de Florian, tu n’as qu’à aller voir si tu ne me crois pas.

Pendant que Damien file rapidement vérifier que ce n’est pas des cracs, Mathis s’approche d’Annie pour lui faire une grosse bise sur la joue.

- Merci !

Annie regarde le garçon et comprend alors que ses doutes envers lui lors de leur première rencontre n’étaient absolument pas fondés, Mathis même s’il n’est pas comme Thomas mérite tout autant que son cousin à être connu et apprécié à sa juste valeur, elle le serre dans ses bras et lui dit avec chaleur.

- Bienvenu chez nous « Mat », j’espère que tu t’y sentiras comme chez toi.

Mathis les yeux embués d’émotion, l’embrasse une deuxième fois.

- Aucun doute le dessus, merci.

2eme année 1er semestre : (98/100) (Thillois) (Sébastien) (suite)

Jordan accueille le jeune homme avec un grand sourire, les séances de rééducation qu’il lui donne depuis quelques jours lui ont fait apprécier son esprit ouvert et son extrême gentillesse.

La présence quotidienne de sa famille ou d'un ami auprès de Sébastien, lui fait énormément plaisir à lui aussi car il est trop souvent confronté à des familles beaucoup plus indifférentes que celle qui l’entoure et le soutient, avec un immense amour dans le regard et dans les petits gestes d’affection sans cesse renouveler qu’ils ont avec lui.

Cet après-midi-là, il est accompagné d’André et d’un autre jeune homme qu’il lui semble avoir déjà vu sans pouvoir se rappeler à quelle occasion.

Étant lui-même en couple avec un homme depuis de nombreuses années, il comprend tout de suite qu’entre les deux garçons quelque chose est en train de se passer et il ne peut s’empêcher d’en sourire, ils ne sont pas sans lui rappeler comment ils étaient Greg et lui au tout début de leur relation.

- Prêt pour ta deuxième séance de la journée ?

Sébastien sort de ses pensées ou un beau brun lui tenait tendrement la main.

- Hein ! Ah ! Heu oui bien sûr docteur.

- « Dan »

- (Sébastien surpris) Comment ?

- Tu peux m’appeler « Dan », nous allons passer six mois à nous voir tous les jours alors tu peux remballer tes « docteurs », d’accord ?

- Heu ! Oui bien sûr.

Jordan lui sourit en le soulevant de son siège pour l’allonger sur la table de soins, il lui ôte ses chaussures ainsi que son pantalon et le laisse un instant en slip, le temps d’aller chercher ses produits de massage.

***/***

Bien sûr Marc ne rate rien et ne peut s’empêcher d’admirer le garçon, il commence à prendre réellement conscience du trouble qu’il ressent en sa présence et tout un tas de questions viennent maintenant à son esprit.

« Pourquoi cette attirance alors qu’il a déjà quelqu’un dans sa vie ? Où tout cela peut-il le mener ? Doit-il arrêter de le voir ? Doit-il en parler avec Alexie et Arnault ? Est-ce juste un désir de sexe à cause du manque de la présence de ses amis ? »

Sébastien tourne vers Marc un regard scrutateur et légèrement inquiet, il voit bien que son copain est troublé et qu’il y a beaucoup de choses qui tournent dans sa tête.

Lui aussi se pose des questions et ça depuis la première fois qu’il a vu Marc, jusqu’à maintenant son orientation sexuelle ne s’était pas imposée à lui avec autant de force que depuis qu’il est arrivé à Reims.

Il pensait rester handicapé toute sa vie, il ne se faisait donc pas trop d’illusion quant à avoir une petite amie et encore moins un petit ami.

Bien sûr il avait eu la curiosité comme tout adolescent de savoir comment c’était fait une fille, ses premiers émois s’étaient passés dans la solitude de sa chambre en allant visiter des sites spécialisés qu’il avait découverts par un moteur de recherche sur internet

Voir des couples faire « l’amour », c’est du moins ce qu’il croyait qu’ils faisaient jusqu’à maintenant mais depuis qu’il pense à Marc il n’en est plus vraiment sûr et certaines caresses bien précises, lui ont donné l’idée de les reproduire sur son corps.

Quelle n’a pas été sa surprise quand son sexe sous ses caresses a commencé à lui envoyer des ondes de bien-être et quand il a accéléré le rythme, a fini par le faire crier de jouissance en déversant cette liqueur laiteuse qui s’est rependue sur son ventre alors qu’il croyait mourir de plaisir.

Depuis il s’est adonné régulièrement à ce petit jeu, il a appris qu’il s’appelait masturbation et en est devenu un adepte, Sébastien sourit en se disant qu’il en est même devenu un spécialiste et que la “secouée” du bâton n’a plus aucun mystère pour lui.

***/***

Jordan revient et voit le garçon détendu et souriant, il ne connaît bien sûr pas les pensées qui l’ont amené à un tel air épanoui et pense tout naturellement que c’est dû à la présence de son ami à côté de lui.

Il le retourne sur le ventre pour commencer ses exercices d’échauffement, le voir fixer le grand brun béatement lui amène un petit rire de sympathie qui fait porter le regard de Sébastien sur lui l’air surpris

- (Jordan) C’est beau l’amour !

Marc l’entend prononcer cette petite phrase, il comprend alors comme dans un flash la justesse de ses quelques mots.

Il capte le regard du beau garçon aux cheveux bouclés lui mangeant la moitié des yeux allongé sur la table et un immense sourire illumine son visage, très vite accompagné par celui de Sébastien qui lui amène une énorme bouffée de chaleur dans tout le corps et lui fait appréhender les difficultés que ne vont pas manquer d’occasionner ce nouvel état de fait.

Marc déjà comprend qu’il va lui falloir faire un choix et que celui-ci n’ira pas sans conséquences, pourtant son cœur apparemment l’a déjà fait et c’est en soupirant que ses yeux reprennent en otage ceux de celui qui vient de le lui prendre.

2eme année 1er semestre : (99/100) (Aix) (Premier Pont de Novembre) (suite)

Alain d’une voix forte.

- Thomas !! Florian !! À table !! Éric et Raphaël sont arrivés !! Ils vous attendent en bas !!

C’est très dur pour les amoureux de quitter le lit douillet dans lequel ils sont tendrement enlacés, ils se bécotent encore quelques secondes avant de soupirer pour enfin se lever.

Remettre leurs vêtements est une réelle épreuve pour les deux garçons qui auraient préféré et de loin, passer un long moment encore dans les bras l’un de l’autre tant ils étaient bien comme ça.

- (Thomas) Vivement qu’on soit vraiment ensemble, tu me manques trop tu sais ?

- Bientôt « Thom », je te le promets !! Dès que j’ai mon doctorat et toi ta licence, plus rien ne pourra nous séparer aussi longtemps.

- Oui mais combien de temps encore ? Trois ans ? Quatre ? Il ne s’en est passé qu’un et pour moi ça me semble déjà une éternité.

Je lui dépose un baiser sur les lèvres.

- Sois patient, pense qu’après tu devras me supporter pour le reste de notre vie.

Thomas avec un petit sourire en coin.

- Tant que ça ?

J’ai un frisson qui me parcourt le corps.

- J’ai comme un drôle de pressentiment tu sais, celui que je ne vivrai peut-être pas aussi vieux que mes grands-parents.

Thomas ouvre grands ses yeux avec une expression d’horreur.

- Ne redis jamais une chose pareille, tu m’entends !!! Le jour où tu ne seras plus là ce sera mon dernier à moi aussi je te le jure !!

- Je le sais Thomas, je le sais !!

Un beau jeune homme blond le visage ravagé par une tristesse subite attrape un autre beau jeune homme roux tout aussi troublé que lui et le serre très fort contre lui, le corps tressautant d’une immense détresse.

- Pourquoi tu dis ça « Flo » !!! Pourquoi tu parles de la mort !!! Qu’est-ce que tu en sais ??

Je me secoue et me détache de lui en tentant un pauvre sourire.

- C’est écrit je le sens Thomas, mais rassure-toi ce n’est pas encore pour maintenant, ça je le sens aussi et il nous reste de nombreuses années à passer et puis la mort n’est que le terme naturel d’une vie tu devrais le savoir.

Thomas une énorme boule dans l’estomac.

- Promets-moi que nous ne parlerons plus jamais de ça « Flo » ! Nous sommes jeunes et notre vie n’en est qu’à son début, alors promet le moi s’il te plaît.

- Promis « Thom »! Allez ! Rejoignons les autres, ils vont commencer à se poser des questions Hi ! Hi !

Pendant qu’ils sortent de la chambre et descendent l’escalier, Florian laisse passer son ami devant lui et le regarde avec une infinie tristesse car ce qu’il ressent, il le sait n’est pas aussi éloigné que Thomas voudrait qu’il le soit et qu’il a bien voulu lui le lui laisser entendre pour le rassurer mais l’aura de mort autour de lui est des plus précise et surtout des plus rapprochée dans le temps.

Chassant ses pensées morbides de son cerveau, il se secoue et reprend une expression plus détendue pour rejoindre ceux qu’il aime.

Alain, Évelyne, Éric et Raphaël, les voient arriver et ressentent eux aussi le malaise des deux garçons, malgré l’effort qu’ils font pour ne pas le laisser paraître.

Ne connaissant pas bien entendu le sujet de leur dernière conversation, ils se font chacun une tout autre idée de la raison de cette triste mine qu’ils leur voient marquer leurs visages.

- (Éric) Qu’est-ce qu’il se passe les gars ? Vous vous êtes engueulés ?

Thomas dans un souffle.

- Bien sûr que non !

- (Alain) Vous venez de vous retrouver alors profitez-en, je sais que la séparation vous est difficile mais il ne faut pas qu’elle vous fasse déprimer.

- (Évelyne) Chassez moi cette tristesse les garçons, elle n’a pas lieu d’être vous le savez aussi bien que moi. Un jour pas si lointain vous pourrez vivre ensemble et ce que vous vivez en ce moment, beaucoup l’ont vécu avant vous et beaucoup d’autres le vivront après vous.

Thomas me regarde et sourit enfin, visiblement rassuré par les paroles non dénuées de bon sens de ses parents.

- C’est con je sais, mais je n’y peux rien.

Je lui rends son sourire et efface d’un coup toutes mes idées noires.

- Vous savez quoi ? Eh bien j’ai faim !

Le repas délicieux comme à chaque fois, nous remet la gaieté au cœur et mes amis s’en aperçoivent également, Raphaël ôte avec précaution sa chaussure et son pied tel un escargot, remonte lentement le long de ma jambe.

Une excitation monte doucement dans tout mon corps et mon cerveau commence à chauffer grave d’envie, quand son pied arrive enfin au but qu’il s’est donné, Raphaël me regarde fixement, amusé en sentant l’énorme barre qu’il masse maintenant avec conviction et d’une façon lascive qui déclenche comme à chaque fois quand nous sommes tous les quatre ensemble, un son de gorge presque inaudible mais qui a le don de les mettre dans tous leurs états.

Alain et Évelyne n’y sont pas insensibles eux non plus et commencent à s’envoyer des œillades dignes d’adolescents qui découvrent leurs envies primaires.

Alain ressent très bien la tension au niveau de son entrejambe et y passe la main pour remettre en place la chose d’une exceptionnelle dureté qu’il tient maintenant entre ses jambes, un regard lubrique vers sa femme qui elle aussi sent bien l’humidité soudaine au sein de son intimité et répond à son regard par une œillade coquine, qui en dit long sur ses envies soudaines et ses intentions.

Thomas les observe et comprend qu’eux aussi ne sont pas insensibles loin de là aux phéromones que Florian envoie dans la pièce.

- Hum !! Les gars nous ferions bien d’y aller, j’ai l’impression que mes parents ont envie d’un peu d’intimité.

Les quatre garçons se lèvent en riant, mais surtout de telle façon que le couple d’adulte n’ait pas une vue directe sur leurs braguettes prêtes à craquer.

2eme année 1er semestre : (100/100) (Paris/Afrique) (suite)

Les heures passent rapidement pour Patrice et Camille, la fouille de la clairière leur a apporté autant d’émerveillements que de questions.

Rien ne peut expliquer ses arbres tourmentés qui les cernent d’une aura presque écrasante et qui restent pour eux une énigme indéchiffrable.

La carlingue de l’avion encore visible malgré la végétation luxuriante qui la recouvre, révèle quelques secrets restés là depuis tant d’années.

Il semble que personne ne s’en soit approché depuis que les corps ont été enlevés par la brigade de police s’étant rendu sur les lieux après le crash.

Camille se penche sous un pan de l’aile arrachée qu’elle a retrouvé quelques mètres plus loin, elle en ressort avec un sac couvert d’humus mais protégé de la chaleur et de la pluie par l’énorme voilure.

Elle le secoue pour en retirer la végétation accrochée dessus et le ramène jusqu’à un tas d’objets hétéroclites déjà récupérés dans la carlingue béante.

Ils s’assoient alors tous les quatre sous les yeux perçants de « Kinou » et de sa mère allongés pas très loin d’eux et commencent à faire l’inventaire de ce qu’il faudra remettre en place pour l’occasion d’une prochaine visite spécifique pour les ramener.

Un attaché-case en cuir rempli de papiers complètement détruits et illisibles est mis de côté, une valise contenant quelques vêtements d’adultes et de bébé leur amène une grosse bouffée de tristesse à la pensée du terrible destin de leurs propriétaires, du moins pour les parents de Florian.

L’ouverture du sac à dos qu’a ramené Camille leur amène les larmes aux yeux, les couches, les boîtes de lait en poudre et le biberon, ainsi qu’une poupée en chiffon représentant un petit lapin déclenchent une véritable crise de larmes à la jeune femme.

Patrice retourne le sac et un médaillon en or avec sa chaîne tombe sur le sol, il le ramasse et l’ouvre, découvrant à l’intérieur une photo du jeune couple qui devait être sûrement les parents de leur ami.

Le sourire épanoui des deux visages montre combien ils devaient s’aimer, Patrice referme le médaillon d’un geste sec et le range dans une de ses poches.

- Pour Florian ! Il sera sans doute content de l’avoir en souvenir de ses parents.

Camille allait répondre quand un silence soudain les fait redresser la tête et regarder autour d’eux, bizarrement alarmés.

- (Camille) Qu’est ce qui se passe ? Ce n’est pas normal ce silence.

- (Okoumé) Ce n’est pas le silence qui est anormal, c’est le grondement que nous entendions jusque-là. Je l’avais déjà souvent remarqué, mais au fil des ans j’ai l’impression qu’il est devenu plus proche.

La panthère comme si elle comprenait les paroles du guerrier se lève et regarde vers l’endroit d’où provenait le bruit de fond auquel ils n’avaient pas fait attention depuis leur arrivée.

Un grognement sourd sort de sa gorge, sa tête se tourne vers eux en semblant vouloir

leurs faire comprendre qu’un danger est associé au son.

Ils tendent l’oreille en attendant que celui-ci reprenne, mais force est de constater au bout de plusieurs longues minutes qu’il ne revient pas.

- (Okoumé) C’est terminé pour aujourd’hui, il s’arrête toujours avant que je ressente le besoin de repartir.

Patrice les sourcils froncés cherchant à comprendre à quoi ils ont à faire.

- Tu es sûr ?

- (Okoumé) Oui !

- (Camille) C’est bizarre quand même, maintenant que j’y repense on aurait dit un bruit de machines.

Patrice regarde son amie en hochant la tête.

- Maintenant que tu me le dis, il faudra revenir pour vérifier ça. Dis-moi Okoumé ? À combien d’ici est la ville la plus proche ?

- La ville ?

- Oui, tu sais là où il y a beaucoup de monde avec des maisons comme celle du père Antoine ?

- (Akim) Là où il y a des hommes blancs comme vous ?

- C’est ça oui, là où il y a aussi des hommes blancs ?

Okoumé tend le bras à l’opposé d’où venait le bruit.

- Loin très loin par-là à plusieurs lunes de marches.

- (Camille) Lunes ?

- (Patrice) Des mois, nous dirons donc à plusieurs centaines de kilomètres. Le père Antoine pourra nous renseigner sur ce point.

- (Camille curieuse) Qu’est-ce que tu veux aller faire là-bas ?

- (Patrice) Louer un hélicoptère pour voir un peu ce qui se passe, tu ne croyais tout de même pas que nous irions à la recherche de ses machines ou quoi que ce soit d’autre à pieds ?

- (Camille) Tu as raison, quelle imbécile de ne pas y avoir pensé.

- (Patrice amical) Mais non ! Juste que tu étais encore perturbée par tout ça, je pense qu’il est temps de rentrer.

Okoumé regarde où en est le soleil sur l’horizon.

- Tes paroles sont sages si nous voulons arriver au dispensaire avant la nuit.

Le groupe s’apprête à repartir, la panthère pousse un long feulement et s’éloigne d’eux lentement, puis d’un bond disparaît à leurs vues.

« Kinou » la regarde s’éloigner et revient vers eux, Akim le caresse et part avec lui rejoindre son père et le couple d’hommes blancs qui les attendent à l’orée de la clairière.

La nuit commence à tomber quand ils arrivent enfin complètement exténués en vue du dispensaire, le père Antoine les voit arriver et respire enfin, rassuré en constatant qu’ils sont tous là et les accueille les bras ouverts, libéré d’un énorme poids sur les épaules.

Fin du tome 4 (à suivre tome 5 « Sébastien »)

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