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Il était une fois une tour. Aussi haute qu'elle pût l'être, faite de pierre, elle ne laissait ni les rayons du soleil, ni la lumière de la lune traverser ses murs. Enfermée durant sept ans au dernier étage, la belle Méline s'ennuyait.

Autrefois, au sein de son château, elle était la fille du Roi George II, la princesse la plus belle que le monde ait connu. Ses cheveux d'or, longs, lisses et soyeux, rendaient toutes les femmes jalouses. Ses yeux, d'un bleu profond, flamboyant, rendaient chaque homme qui croisait son regard irrémédiablement amoureux.

Alors qu’elle avait eu l’âge requis pour que l’on vienne lui faire la cour, le roi avait accepté que les princes de tous horizons se rendent au château. Elle y avait rencontré le beau Louis de Cherbourg, un homme au charme tel qu’il fallait être fou – en l’occurrence folle – pour ne pas tomber sous son charme. C'était un homme quelque peu prétentieux, mais d'une beauté parfaite. Méline, conquise et amoureuse, lui avait offert son cœur. Comme le voulait la tradition, il lui avait demandé, le soir même, sa main, mais le Roi l'avait promise à un autre, bien plus riche, bien plus influent. Mécontente de cette décision, elle ne l'avait pas écouté, et s'était enfuit du château pour retrouver Louis dans les jardins de la cour. Furieux, le Roi George avait immédiatement fait construire une haute tour dans laquelle il l’avait l'enfermé, et lui avait prévenu qu'il ne reviendrait que sept années plus tard, lorsqu'elle serait en mesure de comprendre ce qui serait le mieux pour elle.

Ainsi, les années s'écoulèrent et Méline se retrouva petit à petit oubliée entre ces pierres. Les vivres, qui furent apportés pour sa survie étaient épuisés, ainsi, elle comprit que ces années de prison arrivaient à leur fin.

Au dehors, la guerre avait éclaté entre son château et celui de la contrée voisine, mais la tour était si bien insonorisée que Méline n’entendait pas le moindre son. Cependant, lorsqu’un boulet de canon mal lancé atterrit sur le haut de la tour en détruisant la moitié du toit, la princesse, le cœur battant et la poussière dans les yeux, se pencha pour découvrir le paysage que la guerre avait laissé. C’est avec une immense tristesse qu’elle découvrit son château en ruine, dévasté, qui autrefois avait été si beau et imposant, à l’image de sa famille. A ce jour, il n’en restait plus rien, et leur blason au lys doré se consumait encore par le feu de la bataille. Une larme coula sur sa joue de poupée, mais elle fût bien obligée de l’essuyer rapidement. La rancœur, bien qu’elle ait tenté de l’enfouir ces sept années passées était toujours présente et le temps pressait. Il lui fallait trouver un moyen de sortir d’ici. De ses fines mains frêles, elle agrippa les pierres de la tour et descendit doucement, s’échappant de sa prison.

Il faisait incroyablement beau, ce jour-là. Le soleil illuminait le paysage et le ciel était d’un bleu semblable aux iris de Méline, qui appréciait à l’instant le contact de ses pieds nus sur le sol verdoyant. Ravie d’être enfin libérée, elle se mit à chanter, haut et fort, courant vers la rivière. L’eau était un peu froide, bien que précieuse à ses yeux. Elle lava ses cheveux dorés, se baigna quelques heures, puis décida de se rendre au village le plus proche afin de trouver à manger.

Elle marcha jusqu’à la tombée de la nuit, armée de son courage et de sa témérité. La pleine lune, ronde, était presque aussi belle que Méline. Même les étoiles semblaient fêter son retour. Au loin, un château se dessinait. Il n’était pas aussi grand que celui dans lequel elle avait vécu, mais il avait le mérite d’être encore entier. Le beau prince Louis n’avait jamais quitté son cœur ni son esprit. Elle se rappelait encore ses cheveux bien coiffés et son visage lisse.

Les villageois les plus proches se demandaient qui était cette belle femme à la robe tachetée qui errait dans leur rue, car pas un instant ils n'avaient reconnu Méline. Ils refusèrent son accès aux portes du château, mais bien heureusement, un homme croisa sa route. Habillé d’une chemise ainsi que d’un tablier, il avait de la farine sur le visage et la chevelure ébouriffée. Il la guida jusqu’aux cuisines, puis lui offrit un emploi. Méline n’était pas bonne cuisinière, elle qui n’avait jamais mis les mains à la pâte ! Pourtant, il lui fallait travailler pour manger. Les autres hommes étaient tant attirés par son visage angélique que beaucoup avait été déconcentrés, mais celui qui se faisait appeler Amaury a fait abstraction de sa beauté et lui enseigna l’art de la pâtisserie.

Ainsi, Méline apprit à faire des gâteaux. Chocolat, fruits, lait et œufs ! Les ingrédients faisaient désormais partie de sa vie. Appréciée pour sa gentillesse exemplaire, elle se fit beaucoup d'amis. Jamais elle ne révéla son véritable prénom, sans quoi elle se ferait certainement renvoyer de la cuisine, se retrouvant alors de nouveau promise à un homme qu’elle n’aimerait pas. Pour le personnel, elle était Mathilde, nom emprunté à son ancienne servante.

Si le temps s’écoulait à une vitesse folle, le prince Louis ne quitta pas une seule fois ses pensées. Bientôt, une nouvelle se répandit dans tout le château, jusque dans le village : Un prince, d’une beauté irréelle, allait venir jusqu'ici pour épouser la mystérieuse princesse Célénia, que ses parents cachaient au sein de leur demeure. La rumeur répandait qu’après une longue romance épistolaire, ils allaient se voir pour la première fois. Pourtant, jusqu’au mariage, les domestiques se devaient d’être à l’affût ! Tout devait être parfait, jusqu’au jour J. Les couturières se tuaient à la tâche tandis que les cuisiniers devaient créer un buffet digne de la royauté. Cependant, pour nourrir la princesse Célénia sans que quiconque ne puisse la voir jusque-là, la reine ordonna qu’un seul cuisinier se rende dans sa chambre deux fois par jour pour lui apporter le repas et les échantillons de gâteau de mariage, afin que celle-ci donne son avis. Amaury, trop occupé à diriger le personnel, décida d’envoyer Méline pour cette tâche.

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