MA MAISON
MA MAISON
Ma maison, c'est tout un univers, avec des portes, des arches, des ponts vers mes mondes passés et à éclore, des passages, des tunnels menant des uns aux autres, un genre de labyrinthe inter-spatio-temporel.
Ses fenêtres sont les yeux de mon âme donnant sur ces paysages, des jardins sauvages, des chemins sinuant sans contraintes, bordés de fleurs multicolores, couverts de blancheur glacée parfois, sous la lune blafarde.
Ma maison a des parfums de cire et de miel, des senteurs de bois de santal et de roses, de tartes aux pommes. Elle brille de reflets moirés, doux comme les plumes flottant dans ses courants d'air.
J'aime à me laisser bercer par les grincements de ses boiseries quand le vent donne l'assaut, les craquements de ses lames de parquet, de ses marches d'escalier, l'écho d'un luth oublié.
Quelle est envahissante la fraîcheur de ses tomettes rouges sous mes pieds nus qui déambulent dans son grand silence paisible au plus profond de l'été.
Et la délicieuse douceur de ses tapis épais posés sur ses dalles comme des prairies qui absorbent l'écho de mes pas !
Ensorcelante est la danse gracieuse de ses voilages vaporeux, dans le soleil.
Confort de l'épaisse protection de ses double rideaux... des robes lourdes armures contre les rigueurs des saisons. Dans cette maison, je suis comme un papillon dans son cocon.
Mais elle est aussi le domaine de ce chat qui la fait vivre avec moi. Elle lui offre mille territoires et repères, et maints nids secrets d'où il observe de ses yeux brillants et verts. Et des replis du temps où, roulé en boule, il pense à ses multiples vies.
Dans la cheminée, les braises dessinent des tableaux mouvants où j'aime perdre la notion du temps, et me retrouver dans mon intemporelle grotte, telle un ventre rond. Dans cette maison, il y a des clairières, des ruisseaux joyeux et des sentiers à peine tracés, et aussi mon bon chien qui veille sur mon sommeil.
Et mon « Linavire »* toujours à quai, prêt au départ pour m'emmener vers d'autres présents, des réalités oniriques dont les parfums et les musiques m'enivrent...
Cette maison est mienne, est moi. Nous partageons nos énergies, nos chants et nos sentiments colorés comme des vitraux anciens et des larmes d'ambre liquide. Nous nous appartenons mutuellement...
*lit-navire
MAZARIA, à Bugarach, le dimanche 02,02,2020.
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