7 - Mon aïeule

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Pendant les deux années qui suivirent, je travaillerai avec Thérèse, quittant mon domicile avec mon petit garçon et notre beagle. Mon mari me rejoindra les week-ends et s'en retournera vers son lieu de travail chaque lundi matin. Ce fut une période de grands bonheurs. Thérèse m'accordait toute sa confiance, je faisais le maximum pour être le plus efficace possible. Je connaissais parfaitement toutes les tâches à accomplir, qu'elles relèvent du ménage, de la préparation de la salle à manger qui pouvait accueillir plus de cinquante personnes ou encore de celle des plateaux des petits déjeuners à monter en chambres, de l'accueil de la clientèle, de l'ouverture ou de la fermeture de l'hôtel, de l'aide à apporter en cuisine, j'étais polyvalente et efficace. En période creuse nous allions faire les boutiques et nous aimions nous rendre dans les salons de thé y consommer une douceur accompagnée de thé ou d'un bon chocolat bien chaud. Nous roulions en 2CV, une vieille voiture qui affichait des kilomètres au compteur car elle avait pratiquement fait le tour du monde. Nous mettions sur nos genoux une serviette en éponge pour nous protéger des gouttes d'eau qui s'échappaient de la bâche élimée. Ces moments de liberté partagés dans la joie d'être ensemble et le plaisir de se faire plaisir seront et resteront les meilleurs moments que je pus vivre à cette époque.

Vint l'heure où ma grand-mère renouvela sa proposition de me garder à ses côtés pour me remettre la pension de famille. Mais mes parents s'y opposèrent fermement au motif que j'abandonnais mon époux (alors que lui-même ne s'en plaignait aucunement) qu'il leur donnait entière satisfaction dans l'entreprise, qu'ils comptaient sur sa précieuse collaboration et que le fait de rester à demeure à plus de 100 kilomètres de lui l'amènerait à vouloir se rapprocher de moi et donc à devoir quitter l'entreprise. Par ma faute ils devraient se priver de ses services, comme à mon habitude je foutais le bordel et de surcroît mon mari pourrait faire constater le fait que j'avais quitté le domicile conjugal ! Malheureusement mon mari ne les démentit pas, et qui ne dit mot consent ! Alors avec ma grand-mère nous ne ferons pas le poids, et je devrai une nouvelle fois obtempérer et réintégrer le domicile conjugal.

Effondrée, ma grand-mère plongea rapidement dans la dépression, sa santé se dégrada au point qu'elle ne put continuer son activité. Sous la pression quotidienne de ma mère, elle accepta de remettre son hôtel en gérance, et pire, de quitter son lieu de vie pour intégrer celui de ma mère qui lui promit de prendre soin d'elle. Mais cette promesse ne sera pas tenue. Mes parents avaient investi dans la construction d'une villa et ma mère ne se voyait pas d'accueillir sa propre mère dans l'appartement qui appartenait à sa belle-mère ! Aussi, la veille de l'arrivée de ma grand-mère, elle m'intima d'accueillir ma grand-mère le temps que sa maison soit terminée, il ne devait s'agir que de quelques mois. Décontenancée, privée de l'avis de mon conjoint qui était sur la route, inquiète car je n'avais pas de quoi nourrir une bouche supplémentaire il me fallait réfléchir vite et me décider. J'adorai ma grand-mère, je ne savais pas comment elle allait vivre cette réorientation, j'étais acculée par nos propres dettes, je n'avais aucune idée de la manière dont j'allai aborder cette nouvelle situation, mais j'ai accepté 0et je ne le regretterai pas. Ma grand-mère restera avec nous 15 ans durant.

Un peu désorientée, ma grand-mère fit néanmoins bonne figure. Elle s’installa dans la chambre que j’avais libérée et sut prendre sa place dans notre couple. Mon mari n’était pas là de la semaine, ce qui simplifia son intégration. Bien qu’elle participât à l’achat des denrées alimentaires elle prit rapidement conscience de nos difficultés financières. Au bout de deux mois de présence elle m’encouragea à trouver un travail pour, non seulement améliorer notre quotidien mais aussi pour gagner mon indépendance et prendre ma revanche sur la vie. D’un commun accord j’irai travailler et elle s’occupera de notre fils pendant mes absences.

Ma mère, quant à elle, s'inscrira dans le déni, ne voulant jamais reconnaître ce qu'elle m'avait demandé de faire. Elle s'accordera à vouloir faire croire à qui voulait l'entendre que nous avions, ma grand-mère et moi comploté dans son dos sans lui demander son avis ! Je n’avais plus qu’à assumer et surtout ne pas m’en plaindre.

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