4 - Une adolescence perturbée

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Au mois d'octobre de cette année-là, en 1975, un drame familial vint secouer notre famille désunie. Ma marraine Justine, alors âgée de 28 ans s'est noyée en mer méditerranée, alors qu'elle était partie en vacances avec son mari et des copains en Corse. Elle laissait 2 enfants, une petite fille Amélie de 4 ans dont je suis la marraine et un petit garçon Chris de 2 ans. Ce fût pour moi une véritable épreuve, car j'étais très proche de ma marraine, elle était ma seule confidente, celle qui savait mais ne disait rien, celle qui me rassurait, me rendait complice de ses rencontres tenues secrètes avec celui qui deviendra son époux, celle qui me gâtait en me donnant des vêtements, pour que je ne ressemble pas à une souillon, celle qui me comprenait et savait me dire les mots qui m'apaisaient et me réconciliaient avec moi-même. Sa disparition me fut une véritable épreuve. Si ma mère pleura beaucoup je pleurais autant, en cachette car je me faisais réprimander par René qui se moquait de mes pleurnicheries. Le corps fut rapatrié par bateau, dans un cercueil plombé et personne de la famille ne put la revoir. Les circonstances de son décès resteront un grand mystère, qui perdurera des années durant, et je pense qu'il persiste encore à ce jour. J'ai entendu beaucoup de versions, suicide, accident, meurtre...Aucune enquête, à ma connaissance n’a été diligentée. Nous devrons tous nous contenter de la version donnée par son mari, seul témoin survivant de ce drame. Pendant les vacances de Toussaint qui suivirent ce triste évènement, je dus me rendre en la demeure de Justine pour garder les enfants. Mon oncle, sportif, bras armé du médecin, d'une notoriété assurée m'impressionnait. Il ne parlait jamais du drame, ni devant moi ni devant les enfants. Ce furent des moments difficiles, les enfants étaient perturbés, réclamant leur maman à hue et à dia et moi qui ne savait quoi leur dire. Les vacances terminées, mes tantes firent le nécessaire auprès de ma mère pour que je quitte les lieux, au motif que ce n'était pas à une gamine de 17 ans de jouer à la garde-chiourme. Je n'étais pas à ma place, mais de cela j'en avais pris l'habitude. Sans résister, Je suis revenue au domicile parental, et j'ai repris mon cursus scolaire. C’est à cette période que j'ai connu mon premier flirt avec un fils d'ouvrier qui se prédestinait à la vocation de juriste ; il était brillant, mais voilà, fils d'ouvrier ! Notre relation n'y survivra pas !

Entre ma vie de lycéenne, les vacances scolaires passées à travailler chez mes grands-parents, mes entraînements intensifs en bassin, le deuil traumatique de ma marraine dont je ne me remettais difficilement et la rupture avec mon copain ont fini par avoir raison de ma santé. Je suis tombée sérieusement malade dans l'hiver de mes 18 ans en 1976, Je fis une grave anémie qui me fera interrompre ma scolarité et mon activité sportive pendant plus de 5 mois et me contraindra à faire ma convalescence à l'hôtel, chez ma grand-mère. A la fin juin, je ratai mon bac de fort peu, ratant les matières professionnelles notamment la sténo et la dactylo, mais obtenant tout de même le certificat de fin d'études secondaires qui me permettra quelques mois plus tard d'avoir mon premier emploi de secrétaire de direction dans une entreprise de travaux publics. A la fin juin, comme habituellement, je me rendis chez mes grands-parents travailler pendant les vacances estivales. Dans le courant du mois de juillet, mon grand-père, qui ne se remit jamais de la perte de sa fille et qui avait découvert l'infidélité de son gendre, fit un AVC et ferma définitivement les yeux. La pension de famille comptait une cinquantaine de pensionnaires, des familles et des curistes qui avaient réservé pour un séjour de plusieurs semaines à plusieurs mois. Impossible de fermer les portes, Par nécessité je dus remplacer pépé aux fourneaux, soutenue par Joséphine, une de mes tantes, et je soutins du mieux que je pus ma grand-mère jusqu'à la fin de la saison ce qui ne se fit pas sans heurts, mes oncles et tantes ne voyant pas d'un bon œil mon intrusion dans les affaires familiales. Comme nous nous entendions bien, ma grand-mère émis le vœu que je reste avec elle. Elle me proposa un contrat d'apprentissage pour ensuite me remettre la gérance de l'hôtel. Comme nous pouvions nous y attendre, tous s'y opposèrent craignant que je grignote une partie de leur héritage. Je dus donc, à contre-cœur, réintégrer le domicile parental en septembre et recommencer mon année de terminal pour obtenir le baccalauréat, le fameux sésame !! J'avais 18 ans, alors majeure, j'aurai pu refuser, m'imposer, et bien non, j'ai encore obtempéré ! Ma majorité me conférait un certain aplomb. Il devint plus difficile à ma mère de me malmener car je lui tenais tête et nos empoignades devinrent violentes à un point qui m'aurait fait commettre le pire. Cette prise de conscience me fit comprendre que je devais prendre mon autonomie, quitter ce foyer maltraitant et mener ma vie. Je recherchai activement un emploi, n'importe lequel aurait fait l'affaire, et sans le dire à mes parents, j'abandonnais mes études. C'est ainsi que je tins mon premier emploi de secrétaire de direction dans une entreprise de BTP. J'y resterai 8 mois au bout desquels, suite à un refus de mon employeur de m'accorder une augmentation de salaire, qui m'aurait permis de prendre définitivement mon indépendance en louant un studio, j'irai travailler comme ouvrière, dans une fromagerie, qui n'existe plus depuis longtemps. Je profiterai de ce nouveau travail pour entamer une formation à distance de guide touristique.

Mais voilà, entretemps j'ai rencontré celui qui allait devenir mon époux.

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