Chapitre 12

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Je suis totalement jet-laguée. Ma nuit à été courtes, je n'ai pas réussi à fermé l'œil. Entre le décalage horaire et mon esprit tourmenté par Julian, j'ai eu du mal à m'endormir. Je me suis réveillée épuisée mais aussi totalement excitée. Aujourd'hui, je retrouve ma petite tornade. Elle m'a tellement manqué pendant cette semaine que je suis pressée de pouvoir la serrer dans mes bras à nouveau. Il est 7h30 lorsque je sort de mon lit et file dans la douche. L'appartement est calme, je soupçonne les garçons de dormir encore. Les jumeaux ne travaillent pas le lundi matin et Knox ne se lève jamais avant 10h. Enfin, sauf quand Romy décide d'aller lui sauter dessus. Il ronchonne toujours quand elle fait ça mais je sais que c'est uniquement pour le plaisir de râler. En vrai il affectionne particulièrement ce moment, il finit par la chatouiller jusqu'à ce qu'elle n'en puisse plus et se sauve en courant. Je pars me préparer en faisant le moins de bruit possible.

Une fois prête, je me dirige dans la cuisine pour prendre mon petit dej. Andrew est déjà assis à table. Je lui embrasse le sommet du crâne et pars me préparer un thé à la machine. Je n'arrive pas à retenir mon bâillement lorsque je lui demande s'il a bien dormi. Il se retourne sur sa chaise pour me regarder.

-Mieux que toi on dirait.

-C'est vrai que je serais bien restée une heure ou deux de plus.

-C'est le problème Ashton qui te tracasse ?

-Tu ne vas pas t'y mettre toi aussi. Ash n'est pas un problème, il est juste un peu trop paternaliste ! Il essaye de bien faire, tu le sais aussi bien que moi. Et puis je te rappel que tu es mon seul allié quand il s'agit de le défendre alors je t'en pris, reste de mon côté sur ce coup.

-Après ce que tu nous as raconté hier, je ne suis pas sur d'être capable de le défendre encore. Et je pense que tu ne le devrais pas non plus Cha.

-On en a assez discuté hier, tu as eu ta chance de donner ton avis comme les autres et tu as choisis de te taire. Ça me soule de devoir encore ressasser ça. Je suis de bonne humeur, je retrouve Romy dans quelques minutes alors s'il te plaît ne viens pas gâcher mon petit déjeuner.

Il hausse les épaules et retourne mettre le nez dans son bol de céréales.

-Excuse moi, tu sais que je suis à cran chaque fois que je dois revoir Valentin. Désolée de t'avoir parler comme ça...

Je lui passe la main dans les cheveux et l'embrasse sur la joue, le sourire aux lèvres.

-T'es pas trop fâché contre moi ?

Il sourit lui aussi et me caresse tendrement le menton.

-Tu sais bien que je suis incapable d'être fâché contre toi.

-Dieu soit loué ! Surtout que j'ai des choses à te raconter. Des choses dont je ne pouvais pas parler à table hier soir.

-Là, tu m'intéresse ... laisse moi deviner : ce Julian, il te plaît c'est ça ?

-Comment tu sais ? Enfin non je veux dire, pourquoi tu dis ça ?

-S'il te plaît ne m'insulte pas, tu sais que tu ne peux rien me cacher. Tes yeux se sont mis à briller quand tu as parlé de lui hier. Alors j'en ai déduit que tu avais dû éprouver un truc lors de votre rencontre.

-Ne t'emballe pas non plus Roméo. Je le trouve charmant et extrêmement attirant c'est vrai, mais je ne compte pas le demander en mariage non plus.

Il éclate de rire.

-J'espère bien. Bon alors, va y raconte. Il est comment ? Il va me plaire ?

-Oh que oui. Il est grand, un physique d'athlète, cheveux noirs, bouche pulpeuse, yeux ... indescriptiblement beaux et particulièrement envoûtants. Oui je crois qu'il te plairait, beaucoup !

-Cent pour cent hétéro ?

-Aucune idée ! Mais je peux mener mon enquête si tu veux ...

-Non je te le laisse. J'ai suffisamment à faire en ce moment avec Louis.

-Il est revenu d'Afrique celui la ?

-Depuis mardi, mais je ne l'ai su que samedi matin quand il est venu toquer à la porte.

-Ouille. Et comment tu vas ?

-Joker.

Nous passons encore une bonne demi heure à parler de Louis. Il était tellement choqué de son retour qu'il en a oublié de me demander plus d'informations sur Julian. Je sais qu'il ne va pas manqué de me faire passer un interrogatoire en bon et du forme, mais visiblement, le retour de son ex le perturbe plus que mon pseudo coup de cœur. Moi aussi d'ailleurs. Louis est le seul homme qu'Andy s'est autorisé a aimer . Ça lui a brisé le cœur quand il a décidé de partir il y a un an et demi pour faire de l'humanitaire en Afrique. Depuis, Andy est passé par pas mal de stades pour faire le deuil de cette relation et je l'ai souvent ramassé à la petite cuillère. On s'est soutenu mutuellement tous les deux quand nos couples se sont effondrées, nous laissant seuls et malheureux. Il a été mon meilleur allié quand les autres étaient incapable de me consoler malgré leurs efforts. Ça à pris beaucoup de temps et nous avons engloutis des tonnes de crème glacée mais au final, on a réussit à s'en sortir. Même si nous avons des séquelles irréversibles l'un comme l'autre. Moi concernant mon estime de soi et lui a développé le syndrome de l'abandon. Pour guérir, il s'est jeté à corps perdu dans les coups d'un soir, et moi j'ai fais une croix sur ma vie amoureuse. Je ne sais pas qui à la meilleure technique puisque nous ne sommes pas vraiment heureux ni l'un ni l'autre.

En parlant de bonheur, Valentin m'envoie un message pour me dire qu'il est en bas et qu'il m'attend pour me déposer Romy. Il n'ose plus monter à la maison depuis que Jayden lui a mis une raclée, un jour ou il m'avait fait pleurer tellement il avait été odieux. Nous étions dans le salon en train de discuter du divorce et ses remarques blessantes avait eu raison de moi. Malheureusement pour lui, Jayden avait tout entendu. Il était entré dans une colère noire et s'était jeté sur lui, le menaçant même de le tuer s'il osait à nouveau me reparler comme ça un jour. Depuis, il vaut mieux pour tout le monde que le transfert de Romy d'un parent à l'autre se passe loin de la maison.

Je m'éclipse rapidement pour rejoindre ma fille. Elle m'attend bien sagement à côté de son papa mais court à ma rencontre lorsqu'elle m'aperçoit. Elle saute dans mes bras et je la serre le plus fort que je puisse, je m'imprègne de son odeur, je passe la main dans ses cheveux blonds. Un éclat de bonheur vient faire pétiller mon coeur.

-Maman, tu as beaucoup manqué à moi tu sais.

-Tu m'as manqué aussi ma grenouille.

Je la redresse contre mon flan et observe son visage.

-Comment tu vas trésor. C'était chouette chez papa ?

-Oui ! On a vu les zanimaux. Y avait même une vache avec son petit chevau.

-On dit un veau Romy.

Valentin se tient devant la voiture avec le sac rempli des affaires de notre enfant. Dans son costard haut de gamme, je le trouve trop prétentieux. En plus, vieillir lui va mal, sa barbe se couvre de poils blanc avec le temps. Pourtant il n'a que 31 ans. On dirait un jeune vieux. J'imagine que j'aurais trouvé ça charmant si nous étions encore mariés.

-Bonjour Valentin. Comment tu vas ?

En vérité je m'en fiche, mais je suis obligé de rester courtoise pour Romy.

-Bien merci. Et toi ?

-Super. Comment s'est passé la semaine ?

-Très bien. J'ai pu avoir des jours de congés alors j'en ai profiter pour passer du temps avec elle. Tu sais que notre fille est épuisante ? C'est un vrai moulin à parole, comme sa mère.

-C'est même pas vai ce qu'est ce que tu dis papa, ayette de di des bêtises.

Je la réprimande gentiment.

-Romy comment tu parles à papa ?

Elle baisse les yeux, honteuse.

-Padon papa.

-C'est bon ma chérie. Dis tu pourrais aller jouer dans la voiture de papa cinq minutes ? Il faut que je parle à maman s'il te plaît.

Mon cœur se serre. Je ne sais pas encore ce qu'il va m'annoncer mais je crains le pire. Il ne veut jamais me parler seul à seul d'habitude. Romy accepte et je la dépose par terre pour qu'elle puisse entrer dans la voiture de son père.

-Romy s'est plainte de son ventre vendredi soir et samedi matin. J'étais à deux doigt de l'emmener à l'hôpital mais finalement tout s'est arrangé en fin de matinée.

Quoi ? Notre fille souffre d'une maladie génétique liée à son tube digestif. Elle risque l'ulcère de l'estomac et d'autres complications si sa digestion ne se fait pas correctement. Nous sommes tout le temps sur le qui-vive depuis sa naissance. Elle s'est faite opérée quelques heures a peine après que je l'ai mise au monde et depuis nous devons surveiller constamment son alimentation et l'état de son ventre. Selon les symptômes, nous devons nous rendre immédiatement à l'hôpital pour qu'ils puissent la prendre en charge le plus vite possible et ainsi éviter une nouvelle opération. Je suis hors de moi qu'il m'est caché une chose pareil et qu'il ait attendu ce matin pour m'en parler.

-Et c'est seulement maintenant que tu m'en parles ? Tu aurais pu me le dire au téléphone. Qu'est-ce qu'il t'a pris de me cacher un truc pareil Valentin. T'es complètement inconscient!

Je me transforme en vrai lionne quand il s'agit de la santé de ma précieuse petite poupée. Je ne fais confiance à personne lorsqu'il est question de sa maladie.

-Calme toi Charlie, j'ai géré. C'est ma fille aussi je te rappel. Et puis qu'est-ce que tu aurais pu faire d'où tu étais ? C'est pas comme si tu pouvais nous rejoindre en urgence. De toute façon comme je te l'ai dis tout c'est arrangé.

Je sais qu'il a raison mais ça ne suffit pas à me rassurer bien au contraire. Je m'en veux d'être parti aussi loin. Et s'il lui était arrivé quelque chose ?

-Tu as appelé son chirurgien ?

-Oui, j'ai téléphoné au service spécialisé et ils m'ont donné des conseils. Il faudra que tu prennes rendez vous assez rapidement pour qu'il puisse contrôler son état mais il n'y a rien d'alarmant. En revanche j'aimerais être présent pour le prochain rendez-vous. Tu n'as qu'à choisir quand. J'arriverais à me libérer, peu importe la date et l'heure.

Première nouvelle, il n'a jamais pu le faire auparavant. Je suis contente qu'il s'intéresse enfin à la maladie de sa fille. Si le seul prix à payer pour qu'il s'implique un peu plus c'est de devoir le supporter pendant les rendez-vous alors soit. Je suis prête, voir même reconnaissante. Ce n'est pas facile de gérer cette saloperie toute seule et même si nous devons être plus souvent ensemble, je ne suis pas contre un peu plus de soutien. Et je pense que Romy sera contente elle aussi d'avoir son père lors des rendez-vous avec son chirurgien. Ce n'est jamais une partie de plaisir.

-Très bien.

Son regard n'arrête pas d'alterner entre moi et un point derrière. Il y a quelque chose qui le perturbe et je n'ai pas le temps de lui demander qu'il me pose lui même la question.

-Il y a un type qui nous observe depuis cinq minutes, tu le connais ?

Je me retourne pour voir de qui il parle. Julian ce tient là, en bas de mon immeuble, à a peine trois mètres de nous. Il nous regarde avec attention, des éclats sombres viennent marbrer le clair de ses yeux. Je suis étonnée de le voir ici mais je n'ai pas le temps de m'en occuper, je dois d'abord éloigner Val d'ici ! Je me retourne vers lui pour lui répondre.

-C'est Julian. Je l'ai rencontré à New-York ce week-end.

-Tu t'es ramener un Américain ? Tu n'as trouvé que ça comme souvenir de voyage ? Tu ne pouvais pas te contenter d'un truc à coller sur ton frigo ou d'un tee shirt « I love New-York » comme tout le monde ?

-Très drôle. Figure toi que c'est le nouvel associé d'Ashton et un de ses amis proches.

-Sérieux ? Et tu l'as déjà mis dans ton pieu celui là ? Parce que je suis certain que ton frère ne va pas être content cette fois ci. Remarque la première fois que tu t'es tapé un de ses copains il était pas ravi non plus. Je doute que cette fois il te laisse l'épouser ou lui faire un mioche.

Ça voix est mauvaise, je n'aime pas du tout le ton qu'il emploi. On dirait qu'il est jaloux. De toute façon en quoi ça le regarde ? Ça fais belle lurette qu'il n'a plus son mot à dire concernant ma vie amoureuse.

-Non je ne l'ai pas mis dans mon pieu et je ne compte pas le faire. J'ai déjà fait la connerie avec toi je n'ai pas envie de recommencer une deuxième fois.

Son regard s'assombrit. Il prend le même air que la fois ou il m'a balancé toutes ses horreurs au visage.

-C'est ça que j'ai été pour toi ? Une connerie ?

Je n'avais absolument aucune envie d'avoir cette conversation maintenant. Après tout depuis le divorce, on ne s'adressait la parole que pour échanger à propos de Romy. Et ça me suffisait amplement. Je souffle en lui répondant.

-Non Valentin. Enfin pas au début... je ne regrette rien si tu veux tout savoir. Excepté la fin de notre histoire et tes remarques blessantes.

Je ne sais même pas pourquoi je lui répond avec honnêteté, il ne le mérite pas. Ma réponse à l'air de le soulager pourtant. Mince ce n'était pas le but. Il se rapproche de moi pour me prendre la main.

-On pourrait peut être en reparler autour d'un dîner ? Ce soir ? On pourrait même y aller tous les trois avec Romy, qu'est-ce que tu en penses ? Je crois que j'ai des excuses à te faire, depuis le temps.

Il débloque sévère la. Qu'est-ce qui lui prend ? J'arrache ma main de la sienne. Rien à foutre de ses excuses, de toute façon elles arrivent trop tard.

-Sérieusement Valentin ? Non. Je suis désolée, on s'est déjà tout dit. Les seules conversations que j'ai envie d'avoir avec toi dorénavant ne concerne que notre fille. Et uniquement elle. Le reste ne te regarde plus.

Ses yeux s'enflamme d'un seul coup.

-C'est lui qui te donne autant de confiance pour que tu me rejette comme ça ? Sans même écouter ce que j'ai à te dire ? Tu devrais pourtant te douter que jamais il ne voudra s'afficher avec quelqu'un comme toi. Moi c'est different. Tu es la mère de ma fille alors je veux bien te reprendre. Mais lui, rien ne l'oblige à vouloir te sauter.

Ces mots me touchent en plein cœur et me blessent. A son sourire, je sais qu'il croit avoir gagné. Sauf que cette fois je ne vais certainement pas me laisser faire. Je lui répond en baissant la voix pour ne pas que Romy nous entende.

-T'as plutôt intérêt à la fermer, Lazard. C'est toi qui a bousillée toutes tes chances et personne d'autre. N'oublie pas pourquoi je t'ai quitté.

Cette conversation m'énerve et n'a absolument aucune utilité. Je me penche dans sa voiture.

-Tu viens mon poussin, on rentre à la maison.

Romy sort sans oublier de klaxonner. Les voisins vont être contents.

-Fais un gros bisous et un câlin à papa. Tu le revois dans deux semaines pour le week-end.

-À ce propos, j'aimerais reprendre un rendez vous avec le juge des affaires familiales. Je voudrais qu'on mette en place une garde partagée.

Choc brutal. Quoi ? Hors de question. Il ne pense pas à m'enlever la petite ? Jamais je ne le laisserais faire. Devant mon air abasourdit il sourit en coin et part embrasser sa fille. Après un gros câlin il me la tend et elle vient se loger dans le creux de mon cou comme à son habitude. Je n'ai toujours pas prononcer un mot quand Valentin monte dans sa voiture et s'en va. Je suis sans voix. Bien sûr je savais que ce jour pouvait arriver et que malheureusement je ne pourrais rien faire contre ça. Mais merde c'est trop tôt ! Je ne suis pas prête à la partager une semaine sur deux ! Romy gigote dans mes bras et je suis obligée de la déposer par terre. Je lui prend la main, nous dirige devant la porte de notre immeuble ou je remarque que Julian m'attend sagement. Il a les mains dans les poches de son pantalon et une sacoche en cuir portée sur l'épaule. Il est sexy comme toujours, mais la légère brise matinale qui lui ébouriffe les cheveux le rend presque sauvage. Son regard est concentré sur nous, ses traits paraissent un peu crispés.

-Bonjour Charlie. Tout va bien ?

Il suit des yeux la voiture de Valentin qui s'éloigne sur le boulevard.

-Je peux savoir ce que vous faites là ? Je croyais que nous n'étions condamner à nous croiser qu'au travail ?

-C'est une pure coïncidence je vous jure. Visiblement votre appartement se trouve entre mon hôtel et la bouche de métro. Je ne comptais pas m'arrêter mais je vous ai vu vous énerver contre cet homme alors je me suis dis qu'il fallait que je reste là, au cas où ...

-Vous avez tout entendu ?

Merde, le malaise. Lui aussi fait la grimace.

-Beaucoup trop à mon goût.

Ma fille me tire par la manche de mon pull.

-Maman ? Maman ? C'est qui lui ?

Je la prend dans les bras pour qu'elle puisse être à notre hauteur.

-Romy ne soit pas impoli s'il te plaît, maman t'as déjà expliquée qu'on ne doit pas montrer du doigt. Je te présente Julian. C'est un ami de tonton Ash et le nouveau patron de maman.

-C'est pu tonton qui te commande au tayalle ?

-Bonjour Mademoiselle Romy. Tu es aussi charmante que ta maman. Tu as aussi hérité de sa répartie à ce que je vois !

-Qu'est-ce que vous voulez, la pomme ne tombe jamais bien loin de l'arbre. Qu'est-ce qu'on dit chérie ?

-Bonjou'.

-Vous voulez monter pour prendre un café ? Je ne dépose Romy chez sa nounou que dans une heure. Nous pourrions aller au travail ensemble. Je sais que mon frère ne viendra pas au bureau ce matin. A moins que vous n'ayez un rendez-vous. Ou que vous ne vouliez pas monter, enfin c'est comme vous voulez.

Je ne sais absolument pas ce que je raconte. Il doit me prendre pour une folle. Et puis qu'est-ce qui m'a pris de l'inviter à la maison ? Les garçons sont là et ils vont se poser des questions si je fais monter Julian d'aussi bonne heure. Mon dieu, pourvu qu'il refuse ma proposition.

-Avec plaisir pour le café. J'avais prévu d'aller m'imprégner des lieux avant de commencer à travailler, donc je peux largement reculer d'une heure ou deux. Je n'ai rendez vous avec votre frère qu'en début d'après-midi.

Merde.

-Parfait.

Je passe devant pour ouvrir la porte de notre immeuble et pose Romy pour qu'elle puisse appeler l'ascenseur. Une fois monté dans le petit habitacle, je fuis Julian du regard. La proximité que nous offre l'ascenseur suffit à me remémorer la soirée au bar, lorsqu'il a approché son corps du mien. Rien que d'y penser mes poils se hérissent. Je me concentre tant bien que mal sur ma fille qui dévisage notre invité surprise. Une fois arrivé au bon étage, Romy court pour ouvrir la porte et cri pour annoncé a ses oncles qu'elle est arrivée.

-Elle est pleine de vie !

-C'est le moins que l'on puisse dire.

Nous rions tous les deux jusqu'à ce que je tombe nez à nez avec un Jayden tout juste réveillé, en slip, en train de bailler au corneille.

-Déjà réveillé marmotte ?

Il frotte vigoureusement ses cheveux châtains d'une main et montre Julian de l'autre.

-C'est lui Captain America ?

Knox apparaît aux côtés de notre frère, en slip lui aussi. Seul ses tatouages permettent de cacher un peu plus de peau. Putain mais personne ne porte de pantalon dans cette famille ? J'espère qu'il va se montrer plus poli que Jay en tout cas.

-Mais non Captain America est blond tête de noeud. Lui ça doit être Iron Man.

Ou pas.

-Les garçons je vous en prie ...

Heureusement, Andy apparaît avec la petite dans les bras. Il tend à notre invité sa main libre et le salue poliment.

-Enchanté, je m'appel Andrew. Le débile qui me ressemble c'est Jayden et l'autre débile s'appelle Knox. Vous devez être Julian ?

Jay et Knox lui font un doigt d'honneur au même moment. Parfois je me demande si ce ne sont pas eux les jumeaux tellement leurs comportement est similaire.

-Bon, maintenant que les présentations sont faites vous pourriez peut être enfiler un pantalon ? S'il vous plaît ?

Je les supplie du regard. Pitié je dois les éloigner de lui, sinon il va penser qu'on est une bande de sauvages, et s'il en parle à Ashton, on est foutu. J'imagine le scandale s'il apprend que ses frères se sont comportez comme des animaux devant son précieux nouvel associé.

-Je vous laisse venir avec moi ? Je vais nous préparer un café.

Les garçons le suivent des yeux. Même si leurs regards n'est pas hostile, je sens que la présence d'un autre mâle les dérangent... Comme je vous le disais : de vrais animaux.

J'installe Julian sur le canapé. C'est étrange de le voir assis chez moi, dans mon cadre de vie. C'est très personnel un appartement. Il y a un peu de nous dans chaque objet disposés, un peu de nos voyages, de nos passions et surtout un max de photos de familles. Il y a aussi les affaires personnelles qui traînent un peu par ci et par la. Je le vois regarder partout autour de lui. Je suis intimidée de le voir ici, j'espère secrètement que la déco va lui plaire comme ça il aura peut être envie de revenir.

N'importe quoi, il faut vraiment que j'arrête de fantasmer c'est absurde. Pourquoi est-ce qu'il aurait envie de revenir ? Il me l'a dit en bas c'est une coïncidence !

-Je vous laisse vous installez confortablement pendant que je vous prépare votre café. Vous voulez du sucre ou du lait dedans ?

-Non merci, je prendrais mon café noir s'il vous plait.

Il sourit timidement en jetant un coup d'oeil sur la revue de voiture qui repose sur le canapé. Les garçons on tendance à tout laisser trainer, de la revue spécialisée au chaussettes sales. Je lui lance un dernier regard en m'éloignant pour aller dans la cuisine. Les garçons m'attendent debout près de la table ou nous prenons le petit déjeuner. Je sens que je vais passer un sale quart d'heure.

-Vous voulez un café vous aussi ?

Knox ne répond pas à ma question et préfère m'interroger sur la présence de Julian chez nous.

-Tu nous expliques ?

-Quoi donc Knoxy ?

-Le costard cravate dans le salon, il a pas les moyens de se payer un café en terrasse ?

-Ne sois pas grossier je t'en prie . Pour tout vous avouer il m'a surprise en train de parler avec Valentin. La conversation a été corsé et le ton est monté entre nous. Par pure coïncidence Julian s'est trouvé sur le trottoir au moment ou Val élevait la voix. Il a juste voulu s'assurer que nous allions bien, et par pure politesse je l'ai invité à boire un café.

J'ai l'impression de réciter mon texte. J'ai en face de moi trois têtes complètement incrédules. Jay se fait le porte parole de mon trio infernal.

-Pure coïncidence mon cul. Cha enfin ! Tu ne peux pas être naïve à ce point quand même ?

-Vous comptez me casser les pieds de bon matin les gars ?

-Tout va bien avec Valentin ?

Andy vient me prendre la main. En baissant la tête, je lâche un immense soupir. Je ne savais pas que j'avais retenu ma respiration depuis un moment.

-Charlie ...

Knox et Jay ont l'air de s'inquiéter eux aussi. Je n'ai absolument pas envie de leur raconter mon altercation avec Val. Enfin pas tout de suite. Je préfère attendre que perfect-boy ne soit plus dans les parages.

-Oui c'est bon, ça ira. Alors café ?

Je tente comme je peux de détourner leur attention mais ils ne sont pas dupes. Je sais que j'aurais à tout leur raconter un jour ou l'autre, ils me laissent juste choisir le moment. Enfin, pour l'instant.

Jay et Andy vont se préparer pour partir au garage pendant que je m'occupe en cuisine. Quand à Knox, il s'enferma dans sa chambre et mis la musique à fond. Un vrai adolescent celui la ! De mon côté, lorsque tout est OK, je me dirige dans la pièce ou m'attend mon invité. Je le retrouve en grande conversation avec ma tornade. Je ne sais pas encore ce qu'ils se racontent mais la discussion a le mérite de faire sourire ma fille. Elle adore quand une grande personne s'intéresse à elle et lui parle comme si elle était son égale. En repensant aux dernier propos de Valentin mon coeur se sert. Je l'aime tellement. Je ne supporterais pas de ne l'avoir qu'une semaine sur deux. Ça serait beaucoup trop dure pour moi. Il faut à tout pris que je fasse changer Valentin d'avis. Je suis prête à lui laisser plus si c'est ce qu'il veut mais pas autant.

-Maman ? Tu viens ?

Sa question me sort de mes pensées et je m'avance pour mettre le plateau sur la table basse. En le posant, un peu trop brusquement, je renverse le verre de jus de pomme que j'avais préparer pour Romy. Mince. Julian se met à rigoler lorsque ma fille me gronde.

-Maman, tu as fais une bétise. C'est pas gave tu sais on va nettoyer.

-Décidément Charlie ! Je crois qu'il serait mieux pour tout le monde que vous vous teniez loin des plateaux.

-Très drôle, mais je suis convaincue que vous pourriez faire mieux question blague !

Une fois la catastrophe épongée, nous savourons ensemble notre boisson.

-De quoi parliez vous avant que j'arrive tous les deux ?

-De toi maman.

-J'en ai plus appris en quelques minutes avec elle que toutes les discussions que nous avons pu avoir Ash et moi.

-Mais bien sur ! Elle a presque trois ans Julian. Et même si je reconnais qu'elle parle extrêmement bien pour son âge, elle n'est pas encore en mesure de dévoiler mes petits secrets.

-Ne la sous estimez pas.

Je suis offusquée. Sous estimer ma fille ? Moi ? Il manque pas d'air de me dire un truc pareil.

-Laissez-moi vous en dire un, de petit secret : je n'ai jamais rencontré quelqu'un à qui j'ai à ce point envie de tordre le cou. Vous êtes un spécimen rare M. Wright. Et croyez moi, ce n'es pas un compliment, j'ai quatre frères je vous rappel.

-J'ai un secret moi aussi, je suis ravie de vous inspirer ce genre de sentiment mademoiselle Moreau. Les femmes qui n'osent pas me rentrer dedans commencent à m'ennuyer sévèrement. C'est très agréable d'avoir du répondant pour une fois.

Nous finissons notre café en parlant de la pluie et du beau temps. Je lui raconte un peu comment nous en sommes arrivé à vivre ensemble. Lorsque je suis partie habiter avec Valentin, ils sont restez quelques temps dans la maison ou nous vivions avant. Mais comme les derniers souvenirs de nos parents se trouvaient la bas, ils ont préférés partir chacun de leur côté. A force de toujours dormir les uns chez les autres pour X ou X raison, ils ont décidé de retrouver un lieu ou chacun aurait sa chambre, mais ou ils pourraient à nouveau partager un espace commun. Ils ont finis par dégoter ce sublime appartement. Lorsque que je me suis séparé de mon mari, il me fallait un point de chute. Les garçons ne voulaient pas que je me retrouve seule avec la petite, surtout avec la maladie de Romy. Les jumeaux ont donc décidé de faire chambre commune pour nous permettre d'avoir un espace à nous. Lorsque Ashton à déménagé, je leur ai proposé de récupérer la chambre pour qu'ils puissent à nouveau retrouver un peu d'intimité. Mais un soir, en revenant de chez la nounou, j'ai découvert l'ancienne chambre d'Ashton transformé en un royaume de poupées. Ils avaient tous mis la main à la patte pour que notre little princess puisse grandir dans un environnement rempli de rose et de paillettes. J'ai été tellement émue qu'en découvrant leur surprise, j'ai pleuré comme une madeleine. Ce souvenir nous fais rire tous les deux. Romy, que cette conversation n'a pas réellement intéressé, fait des aller retour entre sa chambre et le salon, nous interrompant joyeusement pour montrer à Julian ses nouvelles peluches. A un moment, elle l'a même attrapé par la main et l'a tiré pour lui faire découvrir la petite maison qu'elle leur avait construite avec tonton Jay. Le pauvre, il avait passer un temps fou dans le garage, après le travail, pour répondre parfaitement aux exigences de notre petit tyran. Lorsque je suis rentrée dans la chambre après avoir débarrasser au salon, j'ai découvert Julian, assis à même le sol, en train de raconter une histoire sur Monsieur l'ours qui était amoureux de mademoiselle la girafe. C'est un spectacle vraiment attendrissant, Romy regarde avec adoration Julian qui bouge les peluches en fonction de son histoire. Elle est totalement sous son charme, et moi aussi. Je suis pourtant obligé de les interrompre, l'heure tourne et je dois déposer ma fille chez sa nounou avant d'aller moi même au travail.

-Tu vas revenir Juyan ?

-JU.LI.ANE chérie. Je ne suis pas sur qu'il ...

Il m'interrompt avant la fin de ma phrase.

-Si ta maman et tes oncles sont d'accord, je reviendrais avec plaisir. Après tout, nous n'avons pas terminé l'histoire. Et moi je veux savoir si Gigi va enfin tomber amoureuse d'Ourson.

Elle se jette dans ses bras pour le remercier. Il est un peu surpris par tant de démonstration affective mais il lui rend tout de même son étreinte. Lorsqu'il se redresse à ma hauteur, je le pointe du doigt.

-Ne comptez pas sur moi pour vous faire un câlin.

-J'ai arrêté de croire que je pourrais un jour vous rendre docile ma petit Charlie.

Je lui tire la langue, j'espère que Romy ne m'a pas vu. Le regard que me lance Julian n'a pas de prix. Ces yeux brillent d'une lueur que je ne saurait expliquer. Je crois que je vais creuser un peu plus pour savoir ce qu'il se passe réellement entre lui et moi. J'ai besoin de découvrir si tous les signes que je croient apercevoir sont réels ou est-ce qu'ils sortent tout droit de mon imagination.

****

Julian et moi partons ensemble déposer Romy chez sa nourrisse. Elle lui fait encore un câlin pour lui dire au revoir sans oublier de lui faire promettre de venir la voir le plus vite possible pour terminer l'histoire. Je remarque en partant que Nina, la nounou, mate ouvertement les fesses du perfect-boy. C'est une jolie petite métisse, j'espère qu'elle n'est pas le genre de Julian. Mais pourquoi je pense à ça ? Je ne peux pas être jalouse quand même. Je le connais à peine et il ne s'est rien passé entre nous.

Nous prenons le métro pour rejoindre le futur bureau de mon nouveau patron. La conversation est fluide et il me fait beaucoup rire. J'aime bien discuter avec lui. Nous n'avons pas toujours le même avis mais il prend en compte chacun de mes arguments lorsque nous sommes en opposition. C'est plaisant d'avoir quelqu'un avec qui discuter pour aller au travail. Qui sait, nous pourrions nous y rendre tous les deux le temps qu'il se trouve un appartement. Je n'oubli pas qu'il m'a dit que son hôtel se trouvait proche de chez moi.

Arrivés devant le bâtiment, je lui montre du doigt les fenêtres qui nous appartiennent, puis nous montons côte à côte dans l'escalier. Lorsque j'ouvre la porte du cabinet, je suis surprise de voir Ashton assis sur mon bureau un dossier à la main. Il dévisage d'abord Julian qui ne bouge plus, puis me lance un regard interrogateur.

-Je peux savoir ce que tu fais ici si tôt ?

Et lui alors ? Il m'avait pourtant dit qu'il ne viendrait pas avant 14h00 ! Même Julian me l'a confirmé ce matin.

-Bonjour Ashton ! C'est toujours un plaisir de te savoir de si bonne humeur un lundi matin. Je suis bien rentré hier et Valentin m'a ramené Romy ce matin ! Elle t'embrasse d'ailleurs , elle m'a dit que tonton Ash lui manquait et qu'elle était pressé de venir nous voir au travail.

Je fais exprès de ne pas répondre à sa question tout de suite. Je sais pertinemment que ma remarque ne lui plait pas. En bon papa qu'il est, il n'aime pas que je lui réponde.

-Et c'est aussi mon bureau je te rappel. Tu te souviens ? C'est toi qui m'a demandé de venir travailler avec toi !

-Je t'avais pourtant donné ta matinée il me semble.

Lui non plus ne me répond pas. Il ne préfère surement pas rajouter de l'huile sur le feu.

-Effectivement, mais la nounou fêtais l'anniversaire du petit Arthur, tu sais celui qu'elle garde avec Romy ! Alors elle m'a demandé si ça ne me dérangeait pas de la poser un peu avant le repas.

-Et Julian ? Comment ça se fait que tu arrive avec lui ?

Je lui jette un coup d'oeil pour voir si il a une réponse qui ne fâchera pas Ashton. Visiblement il à les même attente me concernant.

-Pure coïncidence.

Décidément, cette histoire de coïncidence est une parfaite excuse. Heureusement Julian vient à mon secours.

-Bonjour Ash.

Après une accolade pleine de testostérones, ils partent tous les deux s'enfermer dans le bureau d'Ashton. Je ne les ai revu qu'une heure plus tard, au moment ou ils m'ont gentiment demandé d'aller leur chercher des sandwichs à la boulangerie d'en bas. Bien sûr ! Je suis secrétaire et maintenant livreuse de bouffe. Et puis quoi encore ? Il vont me demander de leur masser les pieds à la fin de la journée ? Bon d'un autre côté j'ai faim moi aussi, c'est d'ailleurs la seule et unique raison pour laquelle je m'exécute.

Sur le chemin qui me ramène à la maison, j'essaie de ne pas trop me réjouir du fait que je vais voir Julian tous les jours à partir de maintenant. J'ai passé un bon moment à l'observer lorsque nous discutions tous les trois de notre future collaboration. J'ai malheureusement appris que Julian aura droit lui aussi à sa secrétaire personnelle. Je suis dégoutée, moi qui aurais adoré pouvoir me rendre dans son bureau pour lui apporter un café, un document, une agrafeuse ... J'aurais même été jusqu'à lui chercher son repas tous les jours, si ça me permettais d'avoir accès à son bureau plus souvent. J'ai peur de cette dernière pensée. Je ne le connais que depuis quelques jours et déjà je m'imagine attraper sa crinière pour le renverser en arrière et lui rouler la plus grosse pelle de sa vie. Je ne sais plus qui je suis, il faut m'exorciser ce n'est pas possible ! Jamais de ma vie je n'ai pensé à ce genre de chose. Je ne suis pas comme ça d'habitude, à vrai dire je n'ai jamais été comme ça. Pas même avec Valentin. Il faut que je me calme, que je respire et surtout que j'arrête mon délire . Reviens sur terre ma grande, n'oublie pas qui tu es et surtout à quoi tu ressembles ! Val me l'a bien fait remarqué tout à l'heure : un homme comme Julian ne peux pas penser à moi de façon ... arf je n'arrive même pas à le dire ... sexuelle. Jamais il ne voudra coucher avec moi ! Jamais ! Et je m'en moque, je suis bien toute seule, je n'ai pas besoin d'un homme pour être heureuse. J'ai ma fille, mes frères ... et c'est déjà pas mal. Pas vrai ? J'essaye tant bien que mal de me convaincre mais c'est peine perdue. Si je n'avais pas tous ces souvenir du week end qui venait me hanter ça serait quand même plus facile de le sortir de mon esprit. J'espère ne pas fantasmer trop souvent au bureau, sinon c'est sûr : Ashton va me virer !

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