Chapitre 17

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JULIAN

C'est la quinzième fois que je relis la même page. Je dois absolument me concentrer parce que ce compte rendus est très important pour la suite de la procédure. Mais rien n'y fait. Chaque fois que je termine une phrase, je suis incapable de me souvenir du début. Mais qu'est-ce qui m'arrive bordel ? C'est drôle, je me pose la question comme si je ne connaissais pas déjà la réponse. Je laisse tomber la feuille sur mon bureau, je ne vais pas m'acharner, de toute façon je n'arriverais à rien pour l'instant. Enfin pas tant que je serais dans cet état. Je m'adosse plus confortablement à mon fauteuil, mets les pieds sur le bureau et desserre ma cravate. J'ai l'impression qu'elle me coupe la respiration. A moins que ce ne soit plutôt ELLE qui me coupe la respiration. Je me frotte le visage et les cheveux énergiquement, comme si ça pouvait me remettre les idées en place. Mais lorsque je ferme les yeux, ce sont les siens qui apparaissent. Il y a quelque chose de différent des autres filles dans son regard, comme une sorte de fragilité ou un truc dans le genre. La première fois que j'ai croisé son regard de biche apeuré , j'ai eu envie de l'enfermer dans une cage pour la protéger de tout et de tout le monde. Mais il y a aussi quelque chose que je n'arrive pas à décrypter encore. Peut être une forme de candeur mélangée à de l'abnégation pure. Ce qui n'enlève rien à son sale caractère. C'est une effronté doublée d'une chieuse ! Elle est capable de remettre à sa place n'importe qui si elle se sent attaquée, sans oublier qu'elle met toujours son nez partout. Elle sait tout sur tout le monde, une vraie commère. Enfin, uniquement lorsque le sujet concerne une autre personne parce que lorsqu'il s'agit d'elle, elle est totalement à l'ouest. Parfois elle n'est même pas capable de voir un éléphant au milieu d'un couloir. Mais peu importe, ça la rend charmante et attirante. D'ailleurs j'adore sa façon de flirter sans le vouloir. Elle à cet air tellement innocent quand elle fixe mon regard et qu'elle me balance ses petites punshline ! Mon dieu que c'est sexy ! Et je ne vous parle pas des petits cris qu'elle poussent quand elle prend du plaisir. Rien que d'y penser ma queue réagit à la seconde. Je ne suis plus un adolescent pourtant ! Je ne devrais pas bander juste en me remémorant les quelques minutes ou j'ai pu la sentir, la pénétrer et la faire jouir. Bon il faut dire que j'ai sacrément pris mon pied moi aussi. Ça faisait longtemps que je n'avais pas ressentis tous ses petits picotements dans ma colonne vertébrale. Putain mais qu'est-ce qui m'arrive. J'ai l'impression de penser comme une gonzesse. Ressaisis-toi Julian merde ! Des bruits dans le couloir me sortent de mes pensées. J'entends le rires de nos deux secrétaires puis une porte claquer. Je suis enfin seul. Ashton est partis plus tôt pour retrouver Maya. Je devrais rentrer moi aussi, prendre une bonne douche bien froide et arrêter de me torturer l'esprit avec tout ça. J'ai vraiment joué les enfoirés tout à l'heure. Quel con, à peine finis je l'ai viré de mon bureau en me servant de son frère comme excuse. Moi qui voulait jouer les gentlemans, c'est raté. Elle doit me détester maintenant. Est-ce que je devrais rattraper le coup ? Il faut que je lui parle c'est sûr mais pour lui dire quoi ? "J'ai adoré nos deux partis de jambes en l'air mais il ne se passera jamais rien de plus que ce que j'ai décidé. Par contre si tu veux recommencer, juste pour prendre ton pied, c'est quand tu veux !". J'espère que ma mère ne me voit pas de là haut, elle aurait honte. Elle m'a appris à respecter les femmes quoi qu'il arrive et j'ai l'impression d'avoir fais tout l'inverse avec Charlie. Comme si j'avais merdé sur toute la ligne. Si je pouvais, je recommencerais tout depuis notre rencontre. Je recommencerais même bien avant ... Ça m'aurait éviter d'avoir à affronter tout ce merdier. La porte d'entrée s'ouvre avec violence et celle de mon bureau ne tarde pas à claquer contre le mur. Une tornade blonde se tient dans l'embrasure. Elle me fixe avec un regard dure qui vient assombrir les beaux reflets brun-doré de ses yeux. 

-Charlie ? Tu n'es pas partis en même temps que Nadine ?

-Si, mais je lui ai dis que j'avais oublié quelque chose à mon bureau, alors j'ai fais demi tour et me voilà.

-Et tu as trouver ce que tu cherchais ?

Elle hoche la tête.

-En fait j'étais venu pour voir si tu n'avais pas laisser trainer tes couilles quelque part ce matin. Ça m'aurait embêter que tu les perdent définitivement après qu'on est fait l'amour toi et moi. Tu pourrais en avoir besoin un jour pour avoir des enfants.

Elle est tellement spontané quand elle à quelque chose à dire, j'adore ça. Ça me plait qu'elle n'ai pas de filtre et qu'elle dise toujours haut et fort ce qu'elle pense. Elle ne s'en rend sûrement pas compte, mais ça la rend puissante. J'aime les femmes qui n'ont pas peur des mots, même si je dois dire qu'elle m'a surpris plus d'une fois avec sa vulgarité.

-Tu ne devrais pas t'en faire pour mes partis génitales, je crois qu'elles sont bien accrochées.

-Tu en es certain ?

C'est à mon tour d'hocher la tête. Un rire m'échappe et je baisse les yeux. Elle vient de me rappeler que j'ai fais preuve d'une lâcheté à toute épreuve ce matin. Et je n'ai pas fais mieux le reste de la journée. Je n'avais aucun rendez-vous, comme je lui ai fais croire. En fin de matinée je me suis barré dans le restaurant ou on était allé tous les deux et j'y suis resté trois heures. Trois putains d'heures ou je n'ai pas réussi à me sortir les images de ses hanches qui claquaient contre les miennes.

-C'est pas l'impression que j'ai eu quand tu m'as gentiment demander de sortir de ton bureau après qu'on est fait l'amour.

-Il est vrai que je me suis conduit comme un rustre ce matin. J'en suis désolé Charlie, j'ai dérapé et je n'aurais pas dû. Ton frère aurait pu nous surprendre et ça aurait été dramatique, surtout pour toi. Par contre laisse moi juste rétablir les faits : nous n'avons pas fais l'amour, nous avons baisé, nuance.

Je comprend dans son regard qu'elle vient officiellement de me classer dans la catégorie "gros enfoiré". Mais je ne peux pas la laisser employer ce terme. "Faire l'amour". Ça n'a rien à voir avec ce que nous avons fais. Si un jour je venais réellement à lui faire l'amour, nous seront entièrement nu et dans un endroit un peu plus confortable qu'un lavabo ou un bureau.

-De mieux en mieux. Je voulais juste qu'on puisse discuter un peu toi et moi alors dis moi juste si tu comptes m'insulter encore, parce que dans ces cas là je préfère partir. J'ai déjà eu à faire a un connard de premier choix dans le passé, c'est pas pour me retrouver confronter à son frère jumeaux. Oh et puis je me barre. Je pensais pouvoir avoir une conversation d'adulte à adulte mais je préfère laisser tomber. J'ai déjà entendus les pires horreurs à mon sujet, je n'ai pas besoin de t'entendre en remettre une couche.

Elle se retourne et tente de se lancer pour sortir de mon bureau. Mais je la rattrape. Il est hors de question qu'elle s'éloigne après ce qu'elle vient de me dire.

-Ne t'avise pas de me comparer à Valentin. Je ne t'ai jamais rien promis moi. De plus, je croyais avoir été clair la dernière fois. Je ne suis pas du genre "petit ami".

-Non toi tu es plutôt du genre "je me sers la ou il y a à bouffer et après je pars sans payer l'addition !". Mais tu as raison, tu as été clair, je ne suis pas ton genre. Enfin je ne suis pas le genre de femme à qui tu  as laissé une chance dans le passé. Mais je m'en doutais. Je n'ai sans doute pas le physique des tops modèles que tu dois te taper habituellement.

Elle ne pourrait pas avoir plus raison. C'est vrai qu'elle ne ressemble pas aux femmes au physique parfait que j'ai pu fréquenter, et si je n'avais pas cette épée de Damoclès au dessus de la tête je ne l'aurais probablement jamais touchée. Mais si elle savais pourtant qu'elle possède une chose qui me plaît encore plus qu'un corps de rêve : le mordant d'une lionne combiné à l'âme d'un ange.

-Il faut absolument que tu arrêtes de te dénigrer autant. C'est vrai qu'il n'y a rien de comparable entre toi et mes conquêtes précédentes mais tu ne devrais pas douter autant de ton charme et de ta sensualité.

-Tu te fou de ma gueule ? Tu te rends compte que tout ce que tu fais est absolument tordu ? Tu me baise et tu me repousse tout de suite après ! Et chaque fois que je te laisse l'opportunité de me remballer une bonne fois pour toute tu en remets une couche pour me ramener vers toi ! Mais attend, c'est moi la plus tordue au final !! Parce que je tombe dans le panneau à chaque fois.

Je sens toute forme de rébellion s'échappée de son corps lorsque ses épaules s'affaissent et que sa tête penche en avant. Son petit rire est totalement dénué de bonheur.  Elle baisse les bras. C'est moi le connard dans l'histoire et elle finit quand même par se sentir coupable. C'est admirable et totalement agaçant.

-Je devrais laisser tombé, tourner la page de ces jolis moments que tu m'as offerts. Je devrais me contenter de ces beaux souvenir et de m'estimer chanceuse. C'est pas tous les jours qu'une fille avec un physique comme le mien arrive à chopper un mec comme toi !

Cette fois s'en ai trop. Mon sang commence à bouillir, je ne sais pas encore ce qui va sortir de ma bouche et j'ai peur d'aller trop loin mais je n'en peux plus de l'entendre se descendre à tout bout de champ.

-Non tu as raison, mais ça n'a rien a voir avec ton physique. Tu veux la vérité ? Je n'aime pas les pleurnichardes qui pense que l'univers leur en veut parce qu'elle n'ont pas la chance de faire du 34. J'ai aussi du mal avec les femmes qui ne peuvent s'empêcher de dire des gros mots à chacune de leurs phrases. Et c'est vrai que tu manques cruellement de savoir vivre parfois. C'est pour ça que je ne comprend absolument pas pourquoi je n'arrive pas à te sortir de ma tête.

Je vois dans son regard qu'elle semble perdue. Merde j'en ai trop dit ? C'est trop tard de toute façon, cette fois ci je ne compte pas revenir en arrière.

-Mais encore ...

C'est fou à quel point elle a besoin d'être rassurée, elle ne comprend absolument aucun sous entendu et ça me fait  éclater de rire. Mais c'est totalement nerveux. J'attrape l'arrière de mon crâne de mes deux mains. Je sens son regard glisser sur le tissu de la chemise qui me colle à la peau. Ma bite commence à se réveiller. Il me suffit d'un regard, un seul putain de regard de sa part pour avoir envie de la prendre immédiatement. C'est officiel mesdames et messieurs, elle me tient par les couilles !

-Tu es une putain d'emmerdeuse Charlie. Je t'ai fais comprendre que tu me plaisais, beaucoup même. Je t'ai aussi expliqué que je n'envisageais aucune relation. Mais ce que tu n'as pas l'air de comprendre, c'est que ça n'a rien a voir avec toi. Crois moi quand je te dis que tu possèdes le genre de charme qui me fait bander comme un cerf. Mais tu ne dois rien espérer avec moi. Tu comprends la nuance maintenant ?

Je jure que si elle recommence avec son auto apitoiement je la saute ici, à même le sol. Et chaque coup de boutoir lui fera comprendre la réalité des mots que je viens de prononcer.

-T'as dis des gros mots. C'est la première fois que je t'entends dire des gros mots.

Cette femme n'a de cesse de me surprendre. Et de mieux en mieux, elle se met à glousser maintenant. Une vraie gamine.

-C'est tout ce que tu retiens de ce que je viens de te dire ?

Je ne peux pas m'empêcher de rire à nouveau. Cette fille commence à me rendre fou !

-T'es pas possible Charlie.

-Moi je ne suis pas possible ? Regarde plutôt la réalité en face monsieur le Perfect Bastard. Tu n'arrêtes pas de souffler le chaud et le froid. Tu me demandes de te croire lorsque tu dis que tu me trouves attirante et en même temps tu me repousses. Tu me donnes les deux meilleurs orgasmes de ma vie pour ensuite te comporter comme un enfoiré. Je n'ai jamais connu que Valentin, alors excuse moi d'être un peu perdue lorsqu'il s'agit de sexe sans attache.

Elle est à bout de souffle. Pourtant ça ne l'empêche pas de continuer à me crier dessus. Je dois être dingue parce que la manière dont elle m'engueule m'excite encore plus que son regard lubrique de tout à l'heure.

-Si tu veux juste baiser ? Ok pas de problème, c'était cool ce qu'on a fait mais ça ne me suffit pas. Les coups d'un soir, ou d'un matin, peu importe, c'est pas mon genre. Alors il suffit que tu me le dises tout simplement : « Charlie, c'était cool, mais je ne compte plus jamais te toucher ou te faire croire que j'ai envie de toi». Tu vois c'est pas si compliqué et ça m'aiderais vraiment à passer à autre chose.

Sa voix tremble, elle à l'air au bord des larmes.

-Je suis du genre à m'attacher tu sais, et je ne veux pas que tu joues avec moi. Alors je te laisse la possibilité de mettre un terme définitif à ce qui s'est passé entre nous, ici et maintenant, si c'est vraiment ce que tu veux. Plus de flirt, plus de jeux et surtout plus de partie de jambe en l'air.

Elle baisse la tête, et tout ses muscles se crispent. J'ai horreur d'être celui qui la met dans cet état. Pourtant c'est exactement là ou je devais la conduire ... Est-ce que ça lui suffira ? Non bien sur que non, il faut que j'aille plus loin, je le sais.

-Je n'ai pas envie de m'éloigner de toi. J'aimerais qu'il y est une autre possibilité mais tu sais que ce n'est pas possible.

La sonnerie de son téléphone nous coupe dans notre conversation. Lorsqu'elle voit qui cherche à la joindre, elle s'excuse avant de décrocher.

-C'est mon frère, Andrew. Je dois répondre.

Elle s'éloigne de quelques pas en me tournant le dos. Ce qui me laisse tout le temps de mater ses jolies fesses rondes et bombées. Il faut que je regarde ailleurs et rapidement, je suis déjà en train de m'imaginer mordre la chaire pulpeuse de son cul.

-Oui allo ? Tout va bien ? ... OK pas de soucis, j'arrive le plus vite possible ... Oui, oui d'accord. A tout de suite, je t'aime.

Elle raccroche et remet son téléphone dans son sac. Sans me regarder, elle se dirige vers la porte et commence à sortir de mon bureau. Arrivé au montant elle retrouve enfin la parole.

-Je dois aller récupérer Romy, les jumeaux ont besoin de retourner au garage. Bonne soirée Julian, à lundi.

J'acquiesce sans dire un mot. Il faut pourtant que je la rattrape, je ne doit pas la laisser partir comme ça.

-Charlie attend ! On se voit demain du coup ? Je pourrais terminer l'histoire à Romy. Si je passais vous prendre vers 15h00. On pourrait aller au parc. Je crois qu'il y en a un pas très loin de votre appartement ...

Elle souffle. Je sens qu'elle a envie de me rejeter mais j'ai prononcer le mot magique. Romy. Je sais qu'elle est du genre à tout faire pour le bonheur de son enfant. Même si elle doit passer du temps avec l'antéchrist.

-Je ... Oui d'accord. 15h00 ça me va. Appel moi quand tu es en bas, nous descendrons.

Cette fois je la laisse partir. Il faut que je décide dans quelle direction va s'orienter la suite. Je m'en veux, elle ne mérite pas ça. Mais ai-je vraiment le choix de toute façon ?

*****

Il est 15h11. Je lui ai envoyer un message il y a onze minutes pour lui faire savoir que j'étais en bas. Je n'ai pas eu de réponse alors j'attend la, devant sa porte, comme un con depuis onze longues minutes. Je suis venu à pied depuis mon hôtel. Il faut vraiment que je pense à me trouver un appartement. L'hôtel c'est pratique pour les repas et le service blanchisserie mais ça ne peut pas durer éternellement. Je pourrais chercher par ici. Le quartier est plutôt sympathique. Il a pleins de petits commerces et ce n'est pas si loin du travail. La porte d'entrée claque ce qui me sort immédiatement de mes pensées. Je me redresse vivement de la voiture sur laquelle je m'étais adossé en les attendant.

-Juyan !!

Une petite tête blonde se plante juste devant moi, les deux pieds bien encrés par terre, les mains sur les hanches et le regard perçant. Le portrait craché de sa mère !

-Tu es venu pour me raconter l'histoire ? Parce que j'ai pris les deux peluses. Alors tu dois me raconter l'histoire.

-Romy, et si tu commençais par lui dire bonjour ? Peut être que ça lui donnerais envie de te faire plaisir. Tu sais bien qu'on ne fait pas plaisir aux bébés impolis.

-Je suis pas un bébé maman. Je suis un gande fille moi.

-Romy, qu'est-ce que je viens de te dire ?

Un sourire se dessine sur le doux visage de la petite poupée et elle s'élance pour s'accrocher à mes jambes.

-Bonjour Juyan !!

Je ne m'attendais pas à une telle démonstration de tendresse et ça me pince le coeur. Après une petite caresse dans les cheveux je l'a décroche pour m'agenouiller à son niveau.

-Tu es prêtes pour la suite de l'histoire ? J'espère que tu n'as pas oublié le début jeune fille.

Elle hoche la tête pour me faire comprendre qu'elle s'en souvient parfaitement. Elle porte une jolie petite blouse fleuris dans des tons blanc jaune bleu et vert, sous un petit blouson en jean clair et en bas, un legging bleu marine avec des baskets blanches. Ses deux petites couettes lui donnent un air de charmante petite canaille. Elle est tellement gracieuse qu'on a envie de lui offrir les étoiles et la lune sur un plateau. Mes yeux se redresse jusqu'à sa maman et mon cœur arrête de battre pendant une fraction de seconde. Sa robe légère est dans le même tissu que le haut de sa fille et elle porte elle aussi un blouson en jean et des baskets blanches. Ses cheveux sont relevés en un chignon négligés et son maquillage est un peu plus léger que d'habitude. Ne me demandez pas comment je peux m'arrêter sur ce genres de détails, ni pour la mère ni pour la fille, moi même je ne suis pas certain de connaître la réponse.

-Charlie, tu es venue ?

Sérieux mec ? Évidemment qu'elle est venue puisque tu tiens la main de sa fille dans la tienne !

-Euh oui. Désolé pour le retard. Il fallait que je finisse quelque chose d'urgent.

-Maman elle a mis du temps à choisir nos vêtement. Je voulais mettre une robe de princesse mais maman et a dit qu'on doit ete habillés pareille ! Alors on a changé pleins de fois de vêtements et elle a passé du temps dans la salle de bain, tonton Andy, il ayettait pas de se moquer d'elle. Il a même dit que maman elle ...

-Bon on y va ? On est pas descendue pour rester sur le trottoir quand même !

Charlie attrape la main de sa fille qui fait la moue de ne pas avoir pu terminé sa phrase. Et moi je souris comme un gros niais au spectacle qui s'offre à moi. L'après midi promet d'être intéressante. Lorsque Charlie se retourne pour me parler, je ravale aussitôt mon sourire. Un de ses sourcils se dresse.

-Tu nous suis ou tu comptes rester devant ma porte tout l'après midi ? J'ai promis à Romy d'aller faire un tour au parc avec toi et de goûter la bas. Ça te conviens ? J'ai tout apporter.

Je n'avais pas vu le panier qu'elle tenait dans la main gauche. Je les rattrape en trottinant et lui prend le panier des mains.

-Un vrai gentleman ne laisse jamais porter les sacs à une dame.

-La féministe qui est en moi pourrait te frapper pour oser ce genre de réflexion totalement rétrograde mais j'avoue qu'il est beaucoup trop lourd pour que je refuse. Alors merci.

Cette réflexion me fait sourire, cette femme est extraordinaire de spontanéité et de naturel. Nous partons en direction du parc côte à  côte sans contact ni regard. Le chemin se fait sans la moindre seconde de silence. Romy est une vraie pipelette. Elle ne manque ni de mémoire ni de vocabulaire. Elle me raconte les fois où elle a pris ce chemins avec ses oncles. Quand Knox à l'habitude de la prendre sur ces épaules et de courir jusqu'à l'entrée du parc. Quand les jumeaux, en la tenant chacun par une main, la fond décoller jusqu'aux nuages. Quand sa maman, qui à oublié le goûter, s'arrête avec elle dans sa pâtisserie préférée pour lui offrir son croissant à la confiture. Quand elle me raconte cette histoire et grâce au clin d'œil de Charlie, je comprends qu'elle fait exprès d'oublier le goûter, sûrement pour faire plaisir à sa petite fille. Et il vrai que rien que de parler de se croissant, Romy à les yeux qui brille. Arrivez devant le portail, Romy lâche la main de sa maman et commence à courir en direction des balançoires.

-Juyan tu viens me pousser ?

-Le mot magique ?

-S'il te pait ...

-Désolée , tu n'es pas obligé d'y aller. Je peux le faire.

-Non, non je m'en occupe. Après tout c'est à moi qu'elle a demandé !

-Merci. Je vais nous installer un coin pour le goûter. Rejoigniez moi quand elle t'aura épuisé.

Sur ce, elle me prend le panier des mains et pars sur l'herbe pour nous trouver un petit endroit tranquille. Je me lance en direction de Romy qui n'arrête pas d'hurler mon prénom. Nous passons plus d'une heure dans les jeux, entre la balançoire, la cabane, le toboggan... Ça faisait longtemps que je ne m'était pas autant amusé. Elle m'a demandé plusieurs fois de lui faire faire l'avion  et je me suis exécuté juste pour voir ses yeux pétiller et entendre son adorable rire. Si c'était ma fille, je crois que je passerais ma vie à essayer de la faire sourire et de faire briller ces yeux ! Elle est tellement expressive que je suis en train de devenir accros à ses réactions. Dans la cabane, nous partageons un moment très personnel. Elle m'explique sa « petite maladie ».

-Quand je suis sortie du ventre de ma maman, y avait un petit morceau qui fonctionnait pas dans mon ventre à moi. Alors le médecin il me l'a enlevé. Et maintenant sa va mieux. Mais des fois je dois retourner à l'hôpital parce que ça marche pas très bien quand même. Maman elle a toujours peur quand je vais à l'hôpital. Elle fait dodo à côté de moi et elle reste tout le temps avec moi mais des fois elle pleure. Et moi aussi je pleure quand je suis à l'hôpital parce qu'ils me font des soins et ça me fait pleurer. Mais mon papa il pleure jamais lui. Tu sais il est pas toujours gentil avec ma maman. Tu le connais mon papa ?

-Non ma puce, pas encore. Mais j'aimerais beaucoup discuter avec lui un jour.

Comment un tel connard à pu donner la vie à une merveille comme Romy ? Elle doit tout tenir de sa maman.

-Je sais pas si maman elle sera très contente. Elle veux pu qu'il monte à la maison. On peut retourner au toboggan ?

Son cerveau doit fonctionner à mille à l'heure. Elle change de conversation en une fraction de seconde si bien que je n'arrive pas toujours à suivre. Mais peu importe, elle m'entraîne par la main jusqu'au toboggan ou elle fait une dizaine de descentes avant que Charlie nous fasse de grands signes de la main. Quand Romy la remarque, elle court se jeter dans les bras de sa maman qui l'attrape au vol et lui fait un énorme câlin. Charlie lui chuchote quelque chose à l'oreille et Romy court cette fois ci dans la direction et finit par m'attraper par la main.

-Viens, maman elle a préparé le goûter. Tu vas pouvoir me dire la suite de l'histoire.

Si un jour vous m'aviez dit qu'un petit ange, haut comme trois pommes me mènerait par le bout du nez, je vous aurais traité de fous et me serais barrer en me marrant. Pourtant aujourd'hui c'est exactement ce qui se passe.

-Aller Juyan, assis toi sur la couverture à côté de moi. Tiens maman elle a fait du gâteau exeprè pour le goûter.

De sa petite main elle me tend une énorme part de gâteau.

-Il est au citron, c'est le préféré de Romy. Tiens prends une serviette. Ne te forces pas si tu n'en veux pas je ne me vexerais pas, promis.

-J'adore le citron. Et je dois dire qu'elle m'a affamé à courir de partout. Il faut la suivre, c'est un sacré numéro votre fille.

-Héritage maternel je suppose.

Me dit-elle en me faisant un clin d'œil. Oui, je suis entièrement d'accord, telle mère, telle fille.

Après un goûter gargantuesque, puisque j'ai été obligé de reprendre deux fois du gâteau le tout arrosé au jus de pomme, Romy à fouillé dans le panier et en a sortis ses deux peluches, héroïnes privilégiées de notre histoire. Romy s'est installée confortablement entre les jambes de sa maman et m'écoutait avidement raconter l'histoire incroyable de gigi la girafe et monsieur nounours. La petite criait, sautait, dansait entre les caresses de Charlie dans ses cheveux. Si je devais donner la définition du bonheur, je décrirais cette scène. Les regards échangés avec Charlie, doux ou hilare et les réactions de Romy, tendres et drôles. Lorsque l'histoire se finis, par un mariage heureux entre les deux protagonistes de notre histoire, je suis tout engourdis. Je ne sens plus mon postérieur et mon dos commence à me lancer. Mais j'ai passé le meilleur moment de ma vie.

-Il est l'heure de rentrer à la maison petit monstre.

-Pas encore !! On peut aller au toboggan Juan ?

-Non mon ange. Il est temps de rentrer le soleil se couche et je ne t'ai pas pris de veste plus chaude. Et puis c'est l'heure du bain !!

-Juyan tu peux venir avec nous ? J'ai un bateau de pirate dans ma baignoire, on pourra faire une histoire avec mes personnages !

-Romy, je pense que nous avons assez pris de temps à Julian. Il doit rentrer chez lui aussi. Si il veut, on pourra le revoir une autre fois !

-OUIIIIIIIIIIIIII. Tu veux bien Juyan ?

-Avec plaisir petite tornade.

Je lui pince délicatement le bout du nez. Je n'ai jamais trop été attiré par les enfants avant, mais je sens que cette petite fille va chambouler mon monde. Sur le chemin du retour, personne ne parle. Romy n'arrête pas de bailler.

-Maman, tu me portes ?

-Viens par la mon trésor.

Charlie installe confortablement la petite dans ses bras, et je dois dire que c'est le spectacle le plus touchant que je n'ai jamais vu. Sa petite tête est enfoncée dans le cou chaud de sa mère, et Charlie lui chuchote des mots doux dans l'oreille. Je me sens chanceux d'être le spectateur de toute cette tendresse. Lorsque nous arrivons en bas de l'immeuble des filles, beaucoup trop tôt à mon goût, Romy se redresse pour me saluer de la main. J'ai l'impression que l'après midi l'a achevée.

-Qu'est-ce qu'on dit Romy ?

-Au revoir.

-À très bientôt princesse. Il faudra que tu trouves d'autre peluche si tu veux une nouvelle histoire.

-Oui. J'en ai pleins d'autres à la maison. Tu veux les voir ?

-Il est tard ma puce. Merci beaucoup pour cette après-midi, Romy à passé un super moment grâce à toi.

-J'espère que toi aussi.

Elle acquiesce d'un signe de tête. Ça me suffit. Les mots n'ont pas besoin d'être prononcé pour être compris.

-Tu lui envoie un bisous qui vole ?

Romy se redresse et porte sa main à sa bouche, dépose un petit bisous et le fait voler dans ma direction. Je l'attrape et le dépose sur ma poitrine, là où se trouve mon cœur, et ça les fait rire toutes les deux. Charlie me salut de la tête et elles disparaissent toutes les deux derrière la porte d'entrée. Je ne sais pas combien de temps je reste la, debout comme un piquet au milieu du trottoir. Je crois bien que j'aurais aimé que la journée ne se termine pas.

C'est en fermant la porte de ma chambre d'hôtel que je m'aperçoit que j'ai oublié de lui rendre son panier. Il faudra donc que je la revois en dehors du travail pour lui donner. Peut être que je pourrait les revoir la semaine prochaine? Sauf que Romy sera sûrement chez son père. Ou alors un soir dans la semaine ? Je pourrais les inviter à dîner ? Putain non. Je dois les laisser tranquille. Je ne dois pas faire parti de leur vies. Elles pourraient se méprendre sur mes intentions. Charlie pense vraiment que je suis parfait. Elle me l'a déjà dit plusieurs fois. Elle m'appel même PERFECT BOY ... Elle ne se rend pas compte à quel point elle à tort. C'est elle qui est parfaite. Parfaitement imparfaite. Moi je ne suis qu'un imposteur, doublé d'un menteur, triplé d'un sombre connard.

*****

J'enfile mon bas de survêt après une douche brûlante qui n'a pas eu l'effet escompté. Je pensais que l'eau chaude m'aurait engourdit l'esprit mais j'avais tort. Je n'ai pas pu m'empêcher de me refaire le film de cette aprem. J'étais heureux putain. J'ai apprécié chaque moment sans même penser à ce que j'allais devoir faire plus tard. Je suis foutu. Il faut que j'avance dans mes projets sinon je vais me brûler les ailes. Je sais pertinemment que je ne pourrais pas y échapper. L'enjeu est beaucoup trop grand et je risque de perdre beaucoup trop gros. Bien plus gros que si je n'exécute le plan de départ. Il faut que j'arrête de les voir immédiatement. Non il faut que j'arrête de voir Romy immédiatement. Ça serait un dommage collatéral beaucoup trop immonde. Je décide d'aller courir à la salle de sport de l'hôtel. Un peu d'exercice ne me fera pas de mal surtout après la tonne de gâteau que je viens de manger. Au bout d'une heure à me donner à fond sur le tapis roulant je suis épuisé. Du coup, directement à la douche à nouveau. Normalement  après tout ça je devrais pouvoir dormir sans me poser de question. Demain sera un autre jour après tout et chaque souvenir seront bien derrière moi.

Affalé dans mon lit, la télé allumé je ressemble à un zombie. Il est 22h00. Je n'ai pas envie de manger ni de dormir. Mon téléphone est serré dans ma main. Je ne sais pas quoi faire. Est-ce que je dois aller boire un verre dehors et trouver une petite nana à m'envoyer ? Non il est trop tard je travail demain. Pfffff menteur que je suis. L'heure tardive ne m'a jamais empêché d'aller draguer dans les bars. Combien de fois je suis allé au travail sans avoir dormi plus de 3 petites heures ? La vérité c'est que je ne pense qu'à une certaine petite blonde. C'est plus fort que moi, je décide lui envoyer un message.

J : J'ai passé une excellente après-midi

en votre compagnie mesdames.

Romy est formidable, même si elle

est aussi épuisante que sa maman.

Je ne tarde pas à avoir la réponse et le MMS que je reçois me fais sourire jusqu'aux oreilles. Sur la photo je vois Romy endormis sur le canapé, la tête et le buste étalés sur l'assise et les jambes qui pendent dans le vide. Elle à l'air de s'être endormis profondément dans cette position. Comme si elle n'avais pas eu le temps de s'installer confortablement avant que le sommeil ne l'emporte. La légende qui accompagne la photo me fais éclater de rire cette fois ci "Je me demande qui est le plus épuisant". Romy. Cette petite fille est extraordinaire. Sa maladie ne l'a pas rendue fragile, au contraire. Ça l'a rendue forte et extrêmement mure pour son âge. J'ai été impressionné qu'elle me raconte les détails de "sa petite maladie". Ça se voit aussi qu'elle à grandit entourée d'amour et de bienveillance. Enfin, au moins du côté de Charlie. Je ne sais pas ce qu'elle a entendu pour me dire que son papa n'était pas toujours gentil avec sa mère. Mais rien que le fait de savoir qu'elle ait pu assister à une dispute me donne envie de frapper quelque chose. Valentin. Rien que de prononcer ce nom dans ma tête me rend fou. Il y a quelque temps, Ashton m'a tout raconté sur ce qu'il s'était passé. Les insultes, le harcèlement morale, les petits coups en douce... Ce type est un minable, une vraie merde. Comment a-t-elle pu être un jour amoureuse de lui ? Le coeur à ses raison hein ? Mais à cause de ce fils de pute, elle se déteste profondément. Mais elle est responsable aussi d'un côté, elle n'aurait jamais dû lui laisser l'opportunité de l'atteindre. Qu'est-ce que je raconte. Toute cette histoire me met tellement en colère que je dis n'importe quoi ! Bien évidemment qu'elle n'est responsable de rien. Que le fautif est cette sombre merde mais bordel elle aurait pu mieux se protéger quand même ! Mon portable vibre à nouveau dans ma main.

C : Tu t'es endormis ?

J : Non. Et toi ?

C : Oui profondément, c'est d'ailleurs
mon corps astral qui t'envois
ce message, banane!

J : OK. Question bête pas vrai ?

C : Tellement...

J : J'ai passé une très belle après-midi.

C : Romy aussi.
Elle n'a pas arrêter de parler
de toi dans le bain.
Elle a même inventé une
histoire pour te la raconter.

J : Elle est merveilleuse.

C : Je sais.

J : Toi aussi.

C : ...

J : Je sais que je ne devrais pas te dire ça.
Mais j'ai terriblement envie de toi.

C : Tu ne devrais pas effectivement.
Mais c'est bon de savoir que tu
ressens la même chose que moi.

Putain. Il faut que j'arrête ça tout de suite. Mais qu'est-ce qui me prend?

J : Tes frères sont à la maison ?

C : Oui.

J : Rejoints moi à mon hôtel
Laisse les s'occuper de Romy.

C : Non.

J : Pourquoi ?

C : Nous savons tous les deux
comment ça va se terminer.

J : Et ? Tu viens de me dire que tu en avais envie aussi

C : Je ne suis pas un chewing-gum
que tu mâches et que tu recraches.

J : Tu préférerais être une glace que je lèche ?

C: Tu te lance dans l'humour ?

J : Viens me faire taire.

C : Dans tes rêves PERFECT BOY.

J : Les plus fous...

C : Je vais dormir.
À lundi monsieur.

J : Bonne nuit mademoiselle.

Je suis foutue.

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