Chapitre 8

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Il est 8h00, heure locale lorsque j'ouvre péniblement les yeux. Ils sont tout collés et j'ai l'impression de m'arracher les cils à chaque battement. La soirée de la veille me revient péniblement en tête quand je m'assoie sur mon lit. J'ai comme un poid sur les épaules, une angoisse sous jacente qui me flanque une trouille bleue. Il va falloir que j'affronte mon frère ce matin et je ne suis pas sûr d'en avoir envie. Merde je ne veux pas me faire engueuler. Je pourrais rester dans mon lit, confortablement installée dans mon cocon. Je pourrais même commander des trucs à grignoter au room service et attendre que nous prenions notre vol demain matin! C'est une bonne idée ça ... sauf que je devrais affronter sa fureur dans l'avion, ce qui risque de ne pas être une bonne idée. Après tout ici, si la conversation dérape je pourrais me sauver tandis que dans l'avion ça n'est pas envisageable. Et puis je n'ai jamais eu l'habitude de fuir mes problèmes.

Je cherche quand même un peu de courage supplémentaire en me rallongeant sous ma couette, mais rien n'y fait, je n'arrive plus à fermé les yeux. Je me lève donc en traînant les pieds et file prendre une douche. Je sais que j'en ai déjà pris une hier mais j'ai besoin de me détendre les muscles avant l'affrontement avec le chef.

Au bout d'une demi heure je suis prête. Coiffure, maquillage, vêtements, tout est OK. Avant d'enfiler mes chaussures j'essaie d'appeler Valentin. Comme d'habitude je tombe sur sa messagerie. Cette fois je décide de laisser un message :

-Vous êtes bien sur le répondeur de Valentin Lazard. Je ne peux pas vous parler pour le moment alors laissez moi vos coordonnées ainsi que la raison de votre appel et je vous recontacterais. Au revoir.

Très austère, exactement comme lui.

-Val, c'est Charlie. J'aurais aimé parler à Romy donc s'il te plaît rappelle moi. Je sais qu'il est 14h45 chez toi donc tu as le temps de me rappeler après la sieste de Romy.

Je n'aime pas le supplier. Je ne veux pas qu'il sente que l'absence de ma fille m'affecte autant. Je suis sur qu'il serait capable de l'utiliser contre moi et ça hors de question. Mais aujourd'hui je m'en fou j'ai besoin d'entendre la voix de ma fille, c'est vital pour moi.

-J'attends ton appel. Merci.

Je raccroche au bord des larmes. J'ai besoin de parler à quelqu'un qui m'aime et qui n'a pas envie de m'envoyer bouler. Il faut que je trouve une personne qui me mette de bonne humeur. Presque 15h00 chez nous, mes frères doivent être au travail du coup je n'essaye même pas de les joindre. Je tente d'appeler Emma, ma meilleur amie. Elle me répond à la deuxième sonnerie.

-Je ne suis pas sur d'avoir envie de te parler. Je ne suis même pas sure d'avoir encore envie d'être ton amie Charlie MOREAU.

-Aïe, laisse moi deviné : tu as découvert que j'étais à New-York et t'es en pétard parce que c'est pas moi qui te l'ai dis.

-Tu trouves ça drôle ? Vraiment ? Moi non. C'est ton little bro' qui m'a ouvert la porte et en slip par dessus le marché. Il m'a balancé "Elle est pas là ma frangine alors tu peux rentrer chez toi". Et la je lui répond genre "quoi ? mais non elle m'a rien dit, je le saurais je suis sa meilleure amie" et lui me répond "désolée poupée mais elle est partie hier avec le roi et la reine". Du coup je lui dis "Quoi quel roi et qu'elle reine? Ah tu veux dire Ashton et Maya ? Non elle ne ferais jamais ça!". Et lui il me balance "Et ba si ! Alors retourne chez toi espèce de squatteuse" et là il me claque la porte sur le nez. Non mais tu te rends compte ?

Emma et Knox n'ont jamais été bons amis. Je crois que mon petit frère n'a pas aimé se faire éconduire par la jolie brune totalement exubérante. Depuis il est distant et un brin méchant avec elle. Je suis désolée pour Emma qu'elle soit tombée sur lui, et je le suis encore plus de ne pas lui avoir dit moi même pour mon petit voyage improvisé. Mais j'éclate quand même de rire après sa petite tirade. Il faut dire que son imitation de Knox est particulièrement drôle. Ça me fait tellement du bien de l'entendre, elle à toujours eu la capacité de me changer les idées.

-Euh t'as pas compris quand je t'ai dis que c'étais pas drôle ?

Je l'imagine avec sa petite moue boudeuse et mon rire ce fait encore plus sonore.

-Merci Emma, j'avais besoin de rire. En fait je crois que j'avais besoin de toi. J'aimerais que tu sois là avec moi en ce moment.

Elle sent le trémolo dans ma voix et souffle exagérément fort.

-Balance MOREAU qu'est-ce qu'il se passe ?

Elle me connait par coeur. Nous avons toujours eu ce lien un peu spécial qui nous permet de savoir quand l'autre ne va pas bien. C'est un espèce de radar surnaturel ou un truc du genre. J'aime à penser qu'elle est la soeur que je n'ai jamais eu, celle que j'ai choisis. On se comprend sans se parler et ça c'est précieux. Je la connait depuis plus de 15 ans. On a tout vécu ensemble, de la fuite de mes parents à la mort prématurée de son papa adoré. Chaque larme, chaque chagrin, nous l'avons partagé ensemble. Aujourd'hui encore, nous sommes un soutient indéfectible l'une pour l'autre. Et c'est exactement ce dont j'ai besoin à l'instant T.

-Oh pleins de trucs. Je croyais avoir enfin arrangé les choses avec mon grand frère et j'ai finalement fait une grosse bêtise hier soir à une fête de bourges. Du coup je vais me faire défoncer par Ashton dans les heures qui viennent, donc j'ai besoin d'une oreille amicale qui serait largement en mesure de me redonner le sourire, et qui aurait la capacité de me faire croire que tout va bien se passer.

-Mince ça a pas l'air marrant ton histoire. Tu sais quoi ? C'est le Karma. Si tu m'en avais parlé je t'aurais déconseillé d'y aller et rien de tout ça ne se serait passer. Là tu ne m'as rien dis et tu te trouves dans une situation des plus embêtante. Bien fait pour toi.

-Emma je ...

Elle ne me laisse pas le temps de finir ma phrase et me coupe la parole :

-OK pardon Cha, je ne voulais pas être méchante avec toi, ni t'engueuler. Je ne suis pas en colère contre toi. Je suis juste jalouse. J'aurais trop aimé venir avec toi, et j'aurais pu botter les fesses de ton cher frère.

Un petit silence s'installe. Il est salvateur et nous permet à toute les deux d'inspirer un grand coup.

-Bon mais raconte c'est quoi cette grosse bêtise ?

-Et bien en fait j'ai eu une discussion vraiment, mais vraiment très gênante avec Julian, qui est le nouvel associé de mon frère. Et j'étais vraiment en colère contre lui. Julian hein, pas mon frère. J'ai accidentellement renversé un plateau plein de verres de champagne sur moi et ils ont fini par s'éclater par terre. Ashton m'a engueulé devant une salle remplie de pète-cul donc je me suis sauvée de la soirée comme une gamine. Julian m'a récupéré dehors, on a discuté et je suis allée me coucher. Sauf que la j'ai peur d'aller prendre mon petit déj et de le voir.

-Julian ?

-Non pas Julian, Ashton. Il va me mettre une brasse et on va encore s'engueuler. Et rien que d'y penser j'en ai le cafard.

-Et Julian ? Il est comment ? Célibataire ? Canon ? Pourquoi je n'entends ce prénom qu'aujourd'hui ?

Mais de quoi elle parle ?

-Quoi Julian ? Non mais Emma tu m'écoutes ? Je te dis que je n'ai pas envie de croiser le roi des emmerdeurs et toi tu veux des infos sur Julian ? Focus sur Ashton beauté.

-Si tu mets autant d'énergie à ne pas en parler c'est qu'il y a pleins de choses à en dire ! Tu rentres quand ? Que je puisse te soutirer des infos sous la torture ?

Mince elle a vu juste. Je la déteste.

-Bon OK miss pénible, il est carrément prétentieux et il parle comme un vicomte. Je ne sais pas s'il est célibataire et je m'en fou royalement. Quand à savoir si il est canon, je dois dire qu'il est vraiment très craquant.

Un coup à ma porte me fait sursauté. Ashton vient directement me chercher ici. Il a surement peur du scandale. Merde, ça sent pas bon pour mes fesses.

-Bon on vient de frapper à ma porte et ça doit surement être Ash donc je te laisse et je te rappel un peu plus tard dans la soirée. Ca te va ?

-Non, je veux plus de détail, sur la soirée, sur Julian, sur...

Autre coup à ma porte. Je me dirige vers elle et ne laisse pas Emma terminé sa phrase.

-Pas le temps. Ne me déteste pas. Je dois y aller. Je t'aime.

Je ne suis pas sur qu'elle apprécie que je lui raccroche au nez. Pas grave, je me ferais pardonner en lui offrant un éclair à la pistache, ses préférés. Encore un coup, c'est bon j'ai compris j'arrive!

En ouvrant la porte, je tombe des nu en découvrant qui s'est acharné dessus. Il est de dos et m'offre une vue particulièrement attrayante sur son arrière train. Je n'avais vu que le côté face pendant la soirée mais je dois dire que le côté pile est très bien aussi. Malheureusement il se retourne beaucoup trop tôt et me prive de ce spectacle "muy caliente". Non non trop sexy pour un samedi matin de déprime. Je relève les yeux et croise les siens. Il a l'air calme et serein, comme si c'était totalement normal qu'il se retrouve là, juste devant la porte de la chambre de mon hôtel.

-Julian ? Qu'est-ce que vous faites là ?

-Vous en avez mis du temps.

Il est gonflé. Je ne suis pas à son entière disposition non plus.

-Excusez moi mais j'étais en pleine conversation téléphonique.

-Oh! Un petit ami peut-être ?

-Non, une meilleure amie. Mais de toute façon ça ne vous regarde pas.

-Vous avez raison, pardonnez moi cette intrusion dans votre vie privée. Vous êtes prête ?

Pourquoi je devrais être prête ? Ne me dites pas que c'est lui qui doit m'amener jusqu'à Ashton pour un procès en bonne et due forme. Non, mon frère n'aurais jamais envoyer un sbire, il préfère traiter en direct. Du coup, je me demande ce qui m'attends.

-Prête pour ...

-Ashton ne vous à rien dit ? Il m'avait pourtant assuré vous avoir envoyez un message.

Je regarde mon téléphone et effectivement j'avais trois textos d'Ash.

Ne peux pas t'emmener voir la ville aujourd'hui.
Je reste avec Maya toute la journée.

Julian s'occupera de toi.
Soit gentille avec lui.

On se parle ce soir au diner.

Ses petits ordres ont le don de me faire sortir de mes gonds. Et puis quoi encore ? Je ne suis pas son enfant. Je ne suis absolument pas obligée de lui obéir au doigt et à l'oeil. Et pourquoi a-t-il demandé à Julian de s'occuper de moi. Je suis grande, je peux bien sortir toute seule faire le tour de la ville. Je ne suis pas si débile que ça après tout. Bon ... d'un autre côté c'est vrai que vu qu'il vit ici, il pourrait me faire découvrir des trucs sympa. Et pourquoi cette opportunité me réjouit autant ? Non je déraille là .Je le regarde, il me regarde, on se regarde.

-Ce silence est vraiment très gênant mademoiselle Moreau.

-Vous ne voulez pas arrêter d'être aussi pompeux. Appelez moi Charlie s'il vous plait. Stop avec vos mademoiselle, ça me soule.

-Vous êtes rafraichissante Charlie, même de bon matin. Je n'ai encore jamais rencontrer une femme qui soit aussi malpolie que vous. Je suis impressionné . Maintenant mettez vos chaussures, on s'en va. J'ai pour mission de vous faire visiter Time Square et de vous faire passer un bon moment alors on y va.

J'en ai rien à foutre qu'il me trouve malpolie ou vulgaire. J'ai toujours été comme ça, je ne compte pas changer juste parce que ça le chagrine. Il me regarde de haut en bas en tapant des mains.

-Aller on se dépêche.

J'enfile ma paire de converse blanche, claque la porte de ma chambre et le suit dans le couloir. Mon ventre me rappel à l'ordre et il fait comprendre à mon guide à quel point j'ai faim.

-Vous avez petit déjeuner ?

-Non pas encore.

-Parfait on s'arrêtera en chemin. Maintenant on se bouge, je n'ai absolument pas envie de passer la journée dans ce couloir.

Autoritaire comme Ashton, je comprends pourquoi ils s'entendent aussi bien tous les deux. Quand à moi, je ne suis plus vraiment sûr de vouloir de lui comme guide.

***

Nous voilà partis tous les deux en Taxi, il indique au chauffeur une adresse et nous prenons les boulevards New-Yorkais en silence. Je passe mon temps à la fenêtre exactement comme lorsque je suis arrivée ici. C'est aussi beau de jour que de nuit. Je suis fascinée par le paysage mais sans vous mentir je le suis aussi par la personne qui partage le taxi. Malgré moi, mon regard se détourne de la fenêtre pour mater en douce mon voisin. Il est vraiment beau. Le nez plongé dans son téléphone, il ne me prête absolument aucune attention. Et c'est mieux comme ça. Je préfère l'observer encore quelque secondes a la dérobée. Je me permet de détailler son profil. Son visage est très harmonieux et bien proportionné. Son nez est droit, sans aucune bosse et le bout pointe légèrement vers le bas. La peau de ses joues est lisse et à l'air vraiment douce. Aucun poil ne vient tâcher son joli teint hâlé. Je sers les points pour retenir mon envie de caresses ses pommettes hautes. Le renflement de sa bouche est parfait. Je vous avais dit que je voulais les croquer, mais en les voyant de plus près j'ai aussi envie de les caresser du bout du doigt. C'est une très bonne idée ça ! Je pourrais commencer par caresser sa bouche avec mes doigts puis remonter le long de ses joues, effleurer ses yeux magnifiques et terminer par ses cheveux. Là, je les agripperais et le ramènerais violement contre moi pour l'...

-Charlie ? Tout va bien ? Pourquoi vous avez la bouche ouverte ? Ne me dites pas que vous avez si faim que ça...

Je sursaute en l'entendant me parler et m'empresse de fermer la bouche et de détourner mon regard de cet adonis. Merde, j'ai été prise en flag.

-Pardon j'étais perdue dans mes pensées. On arrive bientôt ?

Il relève la tête pour visualiser notre position et me répond en replongeant dans la contemplation de son smartphone.

-D'ici cinq minutes environ. Tachez de ne pas me sauter dessus en attendant d'être au restaurant.

Sa petite phrase le fait ricaner. Moi je suis morte de honte. Il savait parfaitement que je l'observais, et encore une fois il s'est moqué de moi. Pourtant je ne lui en veux pas cette fois ci ! C'est bien fait pour moi, je n'avais qu'à être plus discrète. Il n'empêche, j'ai eu le temps de prendre une photo mentale de son visage pour les soirs où je serais toute seule dans mon lit. Parce que oui il avait raison, je meurs de faim. Mais je ne parle absolument pas de vraie nourriture.
Pendant le reste du trajet, je me force à ne pas le regarder dans sa direction. Pourtant, je ressens chacun de ses gestes. Son corps est un appel au crime et lorsqu'il m'effleure de son bras en rangeant son téléphone, ma peau se couvre de frissons. C'est pas vrai Charlie! voilà que tu recommence. Je ne peux pas m'intéresser à lui !! Tout d'abord parce que je l'ai rencontré hier et puis surtout parce que nous ne jouons pas dans la même cour. Je me met une gifle mentale pour me remettre les idées en place. Hors de question que je craque pour lui. Nous aurons des relations uniquement professionnelles lui et moi. De toute façon ce n'est pas comme si j'étais susceptible de l'intéresser.

Le taxi s'arrête au WestWay Diner. C'est un petit restaurant familiale tout droit sortie d'une série télé. Un vrai diner américain. J'adore. Julian glisse sa main sur mes reins pour me faire avancer et me conduire à une table vide. Il me lache et nous nous asseyons face à face. Ce contact était très agréable mais malheureusement beaucoup trop court.
Après un examen approfondi de la carte où je n'y comprends strictement rien, Julian me vient en aide et m'explique les différents plats qu'ils proposent pour le petit déjeuner. Je commande des Blueberry Blintzes. D'après Julian c'est une sorte de crêpe fourrée à la crème et aux myrtilles. J'en salive d'avance. Lui, commande un petit déjeuner typiquement américain : des oeufs brouillés, du lard grillé et des pancakes au sirop d'érable. Quand la serveuse nous apporte nos assiettes, je me demande comment il va arriver à s'enfiler tout ça sans faire une overdose. L'assiette est pleine à craquer.

-Vous avez bon appétit.

-Votre maman ne vous à jamais dit que le petit déjeuner était le repas le plus important ?

Terrain glissant play-boy.

-Non, ma très chère maman n'a pas pensé à me dispenser ce genre de conseil.

Mon ton est sec et sans appel. Julian le ressent immédiatement puisqu'il fait une légère grimace.

-Ouille ! Sujet sensible ?

-Je dirais même hors limite. On ne se connait pas assez pour que je m'épanche sur la relation mère/fille que j'entretenais avec la femme qui m'a mise au monde. Mais ne vous excusez pas. Je deviens un peu à cran quand on parle de mes parents et vous ne pouviez pas le savoir.

-J'en prends bonne note Charlie. Et vos frères ? C'est un autre sujet à ne pas aborder ?

-Non ! Le seul problème quand je parle d'eux c'est que je suis incapable de m'arrêter. Vous n'allez pas apprécier m'entendre blablater sur les jumeaux et Knox.

-Et quand est-il d'Ashton ?

-C'est compliqué. A vrai dire Ashton est compliqué.

Je prends une grosse bouchée de ma crêpe, c'est délicieux. Je ferme les yeux et savoure ce mélange de fruits et de crème, ce qui ne m'empêche pas de continuer mon petit récit.

-En fait Ashton a dû mettre sa vie privée entre parenthèse pour nous élever les garçons et moi quand on s'est retrouver sans parents.

-Je vous en pris Charlie ne parlez pas la bouche pleine. Je n'ai aucune envie de savoir ce qu'il s'y passe à l'intérieur.

Je glousse comme une dinde, avale mon morceau et poursuit :

-Il a été notre papa de substitution pendant des années. Je crois que malheureusement aujourd'hui que ce rôle lui colle encore à la peau et il n'arrive plus à s'en défaire. Du coup il est sévère et impatient avec nous. Encore aujourd'hui, les garçons cherchent par tous les moyens son approbation. Le problème c'est qu'Ashton est trop exigeant et qu'il est difficile de le satisfaire. Knox et Jayden sont en colères contre lui parce qu'il ne leur donne pas assez d'attention et qu'il ne passe presque plus de temps avec eux. C'est plus facile de réagir comme ça pour mes frères parce que ça leur permet d'extérioriser leurs souffrances. Andrew lui est plus réservé, il ne se met pas souvent en colère et préfère garder tout à l'intérieur. Il est la voix de la sagesse et arrive à voir le bon côté chez n'importe qui. C'est lui qui m'aide à les raisonner quand ils s'énervent trop après Ash.

Il me regarde avec une drôle de tête. Je l'avais prévenu, quand je commence je ne peux pas m'arrêter.

-Et vous ?

Mince j'aurais préféré que l'on continu à parler des garçons.

-Moi ? Je chercher juste à avoir son amour, c'est tout ce dont j'ai besoin.

-Mais vous devez forcément déjà l'avoir. C'est votre frère après tout et il vous a engagé pour vous aider, parce qu'il ne supportait plus de vous voir vous dépêtrer avec un salaire de misère pour élever votre fille. Il a même inventé tout un stratagème pour vous forcer à accepter.

Cette dernière remarque me trouble. Je ne savais pas que mon frère partageait ses petits secrets avec Julian. Ils doivent être beaucoup plus proche que je ne le pensais. C'est étrange que nous n'ayons jamais entendu parlé de ce mec auparavant. Ash garde sa vie vraiment très privée, même avec nous. Encore une facette de mon frère dont nous sommes totalement exclus ...

-Comment vous êtes au courant ? Il vous en a parlé ?

-Evidemment. Il m'a même demandé des conseils pour savoir comment il devait s'y prendre.

-Alors c'est vous qui lui avez donner l'idée de mentir en parlant de son ancienne secrétaire ?

Il termine son assiette avant de reposer son dos contre la banquette. Il avait terminé son petit déjeuner pendant que je monopolisais la parole.

-Oui entre autre.

Je me demande bien de quoi il parle. Mais je préfère aborder un autre sujet.

-Vous avez l'air proche de mon frère. Vous vous connaissez depuis longtemps ?

Il acquiesce par un hochement de tête avant de me répondre :

-Oui, ça fait presque six ans. En fait on s'est connu pendant nos dernières années d'études.

-Vous avez fait toutes vos études sur Paris ?

Deuxième hochement de tête.

-Je n'en savais rien. A vrai dire, avant jeudi dernier je n'avais jamais entendu parler de vous alors... désolée d'être aussi curieuse mais je me demande pourquoi il a caché votre amitié auprès de sa famille.

-Je crois que ça tient en un seul mot : VALENTIN.

Il termine sa phrase en croisant les bras et en guettant une réaction de ma part. Je suis un peu gêner qu'Ashton lui ai parlé de lui, parce que ça veut forcément dire qu'il lui a parlé de moi et de notre relation. Surtout qu'il est au courant que j'ai une fille donc Ashton a vraiment du tout lui raconter.

-Alors il se confit à vous?

-Ça vous pose un problème ?

Oui.

-Non, bien sur que non. Je suis bien contente qu'il puisse se confier à quelqu'un puisqu'il ne veux plus le faire avec nous.

Cette pensée me brise le coeur. Je fais mine que tout va bien en souriant à Julian. Il ne doit pas savoir que ça me touche autant. Je sens bien qu'il n'est pas dupe car ses yeux se pose sur moi et ils sont compatissants. Un vibrement interrompt notre jeux de regard. Je pose les yeux sur mon téléphone. Valentin. Je m'empresse de répondre. Julian lève un sourcil. Je me lève en prenant mon téléphone et m'excuse poliment auprès de lui. Je décroche en me dirigeant vers la sortie.

-Val, Salut.

-Tu voulais parler à Romy ? Elle vient juste de se réveiller.

J'ouvre la porte et sors du restaurant pour poursuivre la discussion.

-Oui, merci de m'avoir rappeler Valentin.

-Ouais. Je te la passe.

-Attends, tu te souviens que tu me la déposes à la maison lundi matin cette fois ? Tu peux passer à l'heure que tu veux, ça serait juste plus pratique pour moi que tu me donnes un ordre d'idée. Je ne sais pas à quelle heure tu commences ...

-Je te la dépose vers 9h00.

Même si Romy me manque vraiment je dois dire que cet horaire m'arrange. Je vais arriver tard dimanche soir et comme Ashton m'a donné la matinée, je suis contente de pouvoir dormir un peu plus longtemps le matin et profiter de la petite avant de l'emmener chez la nounou.

-Ok ! Oui c'est parfait.

Plus personne ne parle pendant quelques minutes lorsque j'entends à l'autre bout du fil :

-Coucou Maman !

Explosion de joie dans mon coeur. Entendre sa voix me fais planer comme si j'étais sur un petit nuage. Tous mes soucis et mes peines s'évaporent en entendant ce joli petit mot. Maman.

-Mon poussin ! Comment tu vas ? Tu t'amuses bien chez papa ?

Ma jolie princesse me raconte en détail la semaine avec son père et m'explique qu'aujourd'hui elle et Valentin vont passer la journée au parc avec les animaux. Ça me fait du bien de l'entendre me raconter tout ça. J'ai toujours envier la facilité qu'ont les enfants à s'émerveiller de tout et de rien. J'aimerais retrouver cette innocence quelques fois. Mais je suis une grande personne, et les grandes personnes n'ont plus le droit à cette innocence ...

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