Samedi 9 janvier, en soirée.

3 minutes de lecture

Le commissariat central de la Nouvelles-Orléans reflétait à lui seul toute la flamboyance de la ville. De hautes colonnes d'un blanc éclatant servaient d'ossature à une façade ocre du plus bel effet. Le perron, de toute beauté, semblait fait pour accueillir des calèches rutilantes et des couples en tenue de soirée. Haut de deux étages, le bâtiment arborait un toit en terrasse aux gardes-fous ouvragés, qui outre quelques réceptions chères au maire de la ville, voyait défiler des dizaines de policier lors des pauses déjeuner.

Dumont s'était vu attribuer pour la durée de son séjour un bureau temporairement innocupé. Il ne put s'empêcher de noter que le local était plus grand et bien plus luxueux que son propre bureau, qu'il partageait d'ailleurs avec Aubrac. Un jour, pensait-il, la Nouvelles-Orléans ravirait probablement à Bâton-Rouge le statut de capitale de la colonnie. C'était ici que tout se passait, c'était aussi ici que transitaient les biens et les personnes entre la métropole et le sud de la Nouvelle-France. Il claqua la langue contre son palais et embrassa les lieux du regard. Celà ne lui déplairait finalement pas de se voir muter ici. La Nouvelle-Orléans c'était la musique, la fête, les filles. La vie quoi.

Il s'empara du combiné et demanda à la standardiste de lui passer Bâton-Rouge. La mise en ligne fut rapide et bientôt, une voix retentit au bout du fil.

— Inspecteur-principal Aubrac, j'écoute ...

— C'est moi, boss. Dumont.

— Dumont ! Alors, des nouvelles de la Van Der Steen ?

Dumont fit une grimace, anticipant la réaction de son patron.

— Pas bonnes en tous cas. Envolée.

— Comment ça envolée ?

— Disparue quoi. Je sais où elle s'est rendue, je vous le donne en mille.

— ...

— Au Consulat d'Allemagne. Elle y a passé toute la soirée, apparament en bonne compagnie. Elle en est sortie très tard, mais elle n'est jamais arrivée à son hôtel.

Aubrac mit un temps avant de répondre.

— On est que samedi. Elle est forcément quelque part.

— Ça c'est sûr. Mais ça craint, patron.

Il déballa ce qu'il avait découvert. Le sous-vêtement retrouvé devant l'hôtel, sa visite chez l'attaché économique allemand, le pavillon, le sang, les instruments de torture.

— Merde, fit Aubrac.

Il ajouta, après un nouveau silence :

— Faut qu'tu la r'trouves. D'une façon ou d'une autre, elle est mêlée à cette affaire. Mais même si elle est clean, on risque d'avoir Paris et les Affaires Internes sur le dos si on perd une Divisionaire ici.

— Ouais, j'avais compris. Et vous boss, du neuf ?

— J'ai retrouvé la Mama Colonel.

Au moins une bonne novelle, pensa Dumont. Aubrac enchainait.

— Elle n'a aucune idée d'où pourrait être la petite Blanche. J'ai tendance à la croire. Elle se fait un sang d'encre pour sa nièce.

— Et pour la poupée ?

— Elle a tout nié en bloc. Elle prétend que ce n'est pas son oeuvre, que quelqu'un l'aurait mise là en son absence. Sa porte ne ferme pas. Mais là j'la sens pas. Pas sûr qu'elle nous dise la vérité.

Au final, ils n'étaient pas beaucoup plus avancé, se dit Dumont. Les deux policiers échangèrent encore quelques mots avant de raccrocher.

Il prit ensuite la peine d'appeler le Maison de Ville pour confirmer son arrivée, qu'il devinait tardive. En outre, il n'était pas exclu que son séjour se voie quelque peu prolongé. Il ne pouvait pas retourner bredouille chez Aubrac. L'inspecteur-adjoint se leva, s'approcha de la haute fenêtre à croisillons. Dehors il faisait déjà nuit noire. Son regard se perdit au loin.

Dans quel pétrin es-tu donc diable allé te ficher, madame la Commissaire ?

Annotations

Versions

Ce chapitre compte 2 versions.

Vous aimez lire J. Atarashi ?

Commentez et annotez ses textes en vous inscrivant à l'Atelier des auteurs !
Sur l'Atelier des auteurs, un auteur n'est jamais seul : vous pouvez suivre ses avancées, soutenir ses efforts et l'aider à progresser.

Inscription

En rejoignant l'Atelier des auteurs, vous acceptez nos Conditions Générales d'Utilisation.

Déjà membre de l'Atelier des auteurs ? Connexion

Inscrivez-vous pour profiter pleinement de l'Atelier des auteurs !
0