Fable liminaire
Dans le lointain, une route se forme
Faite d'un pont sur des gouffres énormes.
Son bois est ferme. Il respire l'automne
Où feuilles choient, mais le tronc ne s'étonne.
Là, passant d'un pas lent et certain à la fois,
Consulte d'un oeil vif oubliant son effroi
Un homme.
Cet homme,
Lançant de partout ses échos
Qui donnent aux rochers une bouche, et des mots,
Cet homme a traversé ; et derrière son ombre
Hésite encor, fait usage de nombres...
"Combien me reste-t-il à parcourir ?"
Dit-elle à l'homme, et l'homme de sourire :
"Ma jolie, guère beaucoup. Vois-tu, le pont s'arrête
Où le chemin prend fin : c'est la dernière crête."
L'ombre s'avance, et recule, et se pâme :
"C'est trop, dit-elle, et j'en porte le blâme :
Tu veux que j'emprunte une route,
Et moi, je m'en remets au doute."
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